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Enclavement et développement des zones rurales d' Afrique subsaharienne: recherche bibliographique

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par Adong Tchoou NOYOULEWA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en géographie 2006
  

Disponible en mode multipage

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Université de Lomé

TOGO

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

(FLESH)

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Formation Doctorale

Société - Environnement - Aménagement

ENCLAVEMENT ET DEVELOPPEMENT

DES ZONES RURALES

D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE :

Recherche bibliographique

MÉMOIRE POUR L'OBTENTION DU diplôme d'ÉTUDES APPROFONDIES

Option: GÉOGRAPHIE RURALE

Présenté et soutenu par : Sous la direction de :

NOYOULEWA Tchoou Adong Mr. AKIBODE Ayéchoro Professeur Titulaire en

Géographie rurale

Septembre 2006

A tous les miens,

qu'ils le soient par naissance ou devenus par affection,

je dédie ce mémoire !

REMERCIEMENTS

L'aboutissement d'un travail comme celui-ci ne peut être effectif qu'avec la participation de plusieurs personnes. Au risque de friser l'ingratitude, il convient alors de remercier tous ceux qui ont mis du leur pour d'une part participer à notre formation tout au long de l'année et d'une autre ceux qui nous ont, à travers conseils et soutiens de tout genre, permis de rédiger ce mémoire.

Notre première intention va au Professeur AKIBODE Ayéchoro, maître d'ouvrage de la formation doctorale en Géographie. Vous avez pris sur vous l'initiative de former une génération d'hommes travailleurs et capables de s'assumer. Et comme on juge l'arbre à la saveur de ses fruits, soyez convaincu que sur les routes du monde nous ferons en sorte que l'abnégation et la culture de l'excellence que vous nous avez inculqué durant ces jours sous-tendent toutes nos actions.

A Monsieur OLADOKOUN Wonou, Maître-assistant en Géographie, nous préférons ne pas dire merci puisque tous nos faits et gestes en matière d'étude et de recherche seront envers lui des actes de reconnaissance et de remerciement.

A Messieurs ALOKO-N'GUESSAN Jérôme, Directeur de Recherches en Géographie à l'Université de Cocody (Côte d'Ivoire), GNONGBO Tak, Maître-assistant en Géographie à l'Université de Lomé, un merci sincère pour vos multiples enseignements et conseils.

Aux Communautés des Frères du Sacré-Coeur de Lomé et d'Atakpamé, au corps professoral du Collège Saint-Albert-Le-Grand d'Atakpamé, merci pour ce que vous fûtes, ce que vous êtes et ce que vous serez pour nous et pour les jeunes dont l'éducation vous est confiée.

A nos aînés dans la recherche : Dieudonné ADJOUSSI, Yves SOKEMAWU et Edinam KOLA, merci pour l'attention et la disponibilité que vous nous accordez. Merci à vous aussi, camarades de promotion pour cette famille que nous avons créée. A tous, nous souhaitons beaucoup de courage et du succès dans la recherche.

A tous ceux dont nous avons croisé la route un jour de notre vie et qui pour nous sont des amis. Merci pour votre amitié, votre assistance, votre attention et votre amitié.

SOMMAIRE

Introduction générale........................................................................... .........1

Première partie : BIBLIOGRAPHIE SIGNALETIQUE ET ANALYTIQUE 5

Chapitre 1 : BIBLIOGRAPHIE SIGNALETIQUE 5

1.1. LES OUVRAGES METHODOLOGIQUES ET EPISTEMOLOGIQUES EN

GEOGRAPHIE 6

1.2. ELEMENTS D'ANALYSE DE TROIS ESPACES GEOGRAPHIQUES FORTEMENT

IMBRIQUES ET AUX REALITES DIVERSES: AFRIQUE SUBSAHARIENNE,

TOGO, PLATEAU EST.............................................................................8

1.3. LES DIVERSES ACCEPTIONS DU MONDE RURAL: SON AMENAGEMENT ET

SON DEVELOPPEMENT........................................................................ 11

1.4. ZONES RURALES ENCLAVEES FACE AU DEFI DU DEVELOPPEMENT...... 16

Chapitre 2 : BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE 21

2.1. APPROCHE CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE

GEOGRAPHIQUE DE L'INSERTION SPATIALE DES SOCIETES: UN DEFI QUASI

INEXISTANT...... .............................................................................. 22

2.2. DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE A L'EST DE LA REGION DES PLATEAUX AU

TOGO: ELEMENTS D'ANALYSE DE TROIS ESPACES GEOGRAPHIQUES

FORTEMENT IMBRIQUES ET AUX REALITES DIVERSES......... ..................26

2.3. LE MONDE RURAL: SA DEFINITION, SON AMENAGEMENT ET LES

CONTOURS DE SON DEVELOPPEMENT................................................ 31

2.4. LA QUESTION DE L'ENCLAVEMENT EN ZONES RURALES ET SES

IMPLICATIONS SOCIOCULTURELLES ET ECONOMIQUES..................... ....37

Deuxième partie : SYNTHESE ET ANALYSE THEMATIQUE DE LA

BIBLIOGRAPHIE 40

Chapitre 3 : ENCLAVEMENT ET DEVELOPPEMENT DANS LES ZONES

RURALES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE : Synthèse thématique 41

3.1. QUELLES APPROCHES CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE POUR

ETUDIER L'INSERTION SPATIALE DES SOCIETES DANS LES RESEAUX ?.....42

3.2. ET SI LES ZONES RURALES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE ETAIENT

INAPTES AU DEVELOPPEMENT  53

3.3. L'ENCLAVEMENT : SES CAUSES ET SES MANIFESTIONS 55

Troisième partie : PROJET DE THESE 62

Chapitre 4 : QUELLE ZONE D'ETUDE POUR QUELLE APPROCHE

METHODOLOGIQUE ? 64

4.1. LE PLATEAU EST, UNE ZONE DE PLAINE A FAIBLE DENSITE HUMAINE......66

4.2. APPROCHE CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE.............................. 69

4.3. PLAN PROVISOIRE DE LA THESE......................................................... 84

Conclusion générale........................................................................... ...... 90

CHRONOGRAMME DES ACTIVITES FUTURES............................................. 93

ANNEXES.............................................................................................. 94

LISTES DES TABLEAUX, PHOTOS ET FIGURES

Liste des tableaux :

Tableau n°1 : Synthèse des éléments du milieu naturel dans le Plateau Est............... 30

Tableau n°2 : Bilan vivrier des préfectures de l'Est-Mono et de l'Ogou.................. 70

Liste des photos :

Photo n°1 : Etat du pont en construction sur le fleuve Mono entre Elavagnon

et Nyamassila......................................................................... 72

Photo n° 2 : Radier servant d'ouvrage de franchissement sur la rivière Ogou.............  73

Photo n°3 : Piste rurale à Ogou dans l'Est-Mono.............................................. 74

Photo n°4 : Etat actuel d'une piste rurale à Landa dans l'Est-Mono......................... 74

Liste des figures :

Figure n°1 : Grille d'appréciation de la dichotomie enclavement/désenclavement à

travers un espace rural................................................................ 50

Figure n°2 : Identification du niveau d'enclavement des localités de la zone d'étude..... 52

Figure n°3 : Situation géographie de la zone d'étude........................................ ... 65

Figure n°4 : Etat actuel des infrastructures de communication dans la zone

d'investigation....................................................................... .. 76

RESUME

L'analyse des questions de l'aménagement et du développement des zones rurales permet d'évoquer l'enclavement comme un frein à tout épanouissement économique et par ricochet socioculturel. L'approche bibliographique de la problématique de l'enclavement lié au développement dans les contrées rurales d'Afrique subsaharienne, met un accent sur la méthodologie de l'étude de l'insertion spatiale des sociétés et sur les grands concepts s'y attachant avant de présenter brièvement ses implications au triple plan social, culturel et économique. Aux dimensions multiples, l'enclavement, sa perception et son étude exigent une démarche, celle-là même qui est perçue à travers le plan provisoire puis le chronogramme qui découlent du projet de thèse proposé et qui s'inscrit essentiellement dans le Plateau Est togolais.

Mots clés : Développement - Enclavement - Monde rural - Disparités régionales - Flux - Réseaux - Bassins de production - Pôles de distribution - Désenclavement.

ABSTRCACT

The analysis of fitting out and development questions in the rural areas refer to hemmed-in position as a check of social, cultural and economic flowering. The bibliographical approach of hemmed-in position problematic report to development in the rural areas of sub-Sahara Africa, insists particularly on study methodology of spatial insertion of societies and on the main concepts, before present briefly the social, cultural and economic impacts of the phenomena of hemmed-in position. With its lot of dimensions, the hemmed-in position, its perception and its study impose a method which is perceptible through the provisory plan and the chronogram that are issue of the thesis draft hereby proposed and which is essentially take place in the east of Plateaux region in Togo.

Key words: Development - Hemmed-in position - Rural area - Regional disparities - Flow - Network - Production basin - Distribution poles - Opening up.

INTRODUCTION Générale

La sédentarisation de l'homme depuis le Néolithique a introduit dans sa vie une nouvelle forme de mise en valeur des potentialités naturelles qui l'entourent. Ainsi, quand il se met à gratter la terre et à y faire pousser les plantes de son choix, on parle de la naissance de l'agriculture qui sera, plusieurs siècles plus tard, un des moteurs ou mieux le véritable moteur de ce qui a pris le nom de Révolution Industrielle dans l'Europe du XVIIIe siècle. C'est elle qui fit passer les européens de leurs ateliers et champs familiaux à des structures beaucoup plus importantes notamment les usines et les fermes agricoles avant d'en arriver à des marchés dont l'aire d'influence n'a plus rien de commun avec les villages ou même les pays. On a donc pu parler de la révolution agricole, celle des transports et même de la révolution commerciale avec la naissance des bourses de valeurs.

Ce sont toutes ces conditions réunies qui entraînèrent l'intensification des échanges entre les nations et entre les continents avec pour corollaire des rapports de domination des uns sur les autres. Et, tandis que la vie des uns, les européens en l'occurrence, connaissaient des mutations intenses pour atteindre l'étape de consommation de masse synonyme de la phase de développement selon les mots de Rostow W. (1962), les autres, colonisés et exploités, furent assimilés à la force productive des richesses destinées au vieux continent. A la veille des indépendances, la situation quoique différente d'un Etat à l'autre n'était guère meilleure faisant penser à la phase traditionnelle ou à celle de la mise en place des conditions de démarrage comme décrites par le même auteur.

C'est pourquoi la question du développement est restée depuis les indépendances des pays d'Afrique surtout au sud du Sahara la première préoccupation autant des dirigeants locaux que celle des partenaires au point où on a pu parler des partenaires au développement. La primauté de cette préoccupation s'est traduite par la recherche des voies et moyens pour faire parvenir ces pays à une étape différente de celle qui est la leur et qui se caractérise essentiellement par une indigence en tout point de vue qu'on a nommé le sous-développement. En effet, c'est dans ces pays dits sous-développés que les problèmes d'accès aux besoins humains de base comme se nourrir, se soigner, s'éduquer se posent avec acuité.

S'il est plus facile d'accepter les inquiétudes relatives à la santé et à l'éducation dont les moyens et le système d'organisation sont importés d'Europe et d'ailleurs, ce qui paraît moins évident et difficile à concevoir, c'est quand on se rend compte que plus de 60% de la population de cette zone, celle-là qui vit du travail de la terre et qu'on qualifie de rurale, ne parvient pas à nourrir convenablement toutes les bouches et moins encore à atteindre un niveau de jouissance matérielle proportionnel à tous les efforts fournis pour mettre en valeur la terre. Il se pose alors la question de la rentabilité du travail agricole surtout dans les zones rurales. Des thèses s'affrontent pour expliquer ce retard pris par les pays africains en général et le monde rural en particulier étant entendu que les milieux urbains présentent tout une autre figure même si celle-ci n'est pas plus enviable.

Si pour certains le monde rural et ses paysans font les frais d'une nature peu clémente, d'autres, les plus nombreux d'ailleurs associent les problèmes ruraux à des causes humaines. On notera ainsi le rapport défavorable prix intrants/produits provoqué par la détérioration des termes de l'échange, le manque de diversification des spéculations, l'intérêt de plus en plus accru des pouvoirs publics aux cultures de rente génératrices de valeurs ajoutées, ... Outre ces conceptions qui foisonnent de part et d'autres et qui portent chacune en elle sa part de vérité, il s'avère important aujourd'hui plus que par le passé de poser la question qui permettrait de savoir comment les produits récoltés peuvent-ils profiter au monde rural s'ils ne parviennent aux points de distribution pour être vendus.

En effet, à en croire Yesguer H. (s.d.)1(*), « tout lieu géographiquement défini est plus ou moins enclavé et est potentiellement accessible à partir de tous les autres lieux, à condition de franchir les entraves qui s'y opposent ». Le monde rural et ses populations en Afrique au sud du Sahara et au Togo se trouvent dans la quasi-totalité des cas dans une situation d'éloignement, d'isolement, et d'inaccessibilité aux services quotidiens centralisés dans les villes, et très mal desservis par les systèmes de transport et de communication. Les effets induits par cette situation se perçoivent au triple plan social, culturel et économique (Noyouléwa A. 2005) et mettent certaines contrées dans un état inapte au développement. La question de l'accessibilité des zones rurales paraît alors au grand jour et doit faire l'objet d'une attention particulière pour qui s'intéresse à la question du développement du monde rural quand on sait que tout développement surtout quand il se veut durable doit partir des richesses locales. Quelle est la nature de l'enclavement rural du Plateaux Est togolais ? Quelles en sont les conséquences sur ceux qui y vivent et leurs activités ? Comment conçoivent-ils cet isolement et par quel moyen peut-on en sortir ? Bref, comment les zones rurales d'Afrique subsaharienne doivent-elles concevoir leur développement face à l'enclavement dont elles font l'objet ?

Loin de vouloir répondre à ces interrogations, le présent travail se veut une collection des ouvrages relatifs à la problématique enclavement/développement que nous voulons percevoir à travers le sujet que nous avons intitulé : Enclavement et développement des zones rurales d'Afrique subsaharienne.

Il sera question, à partir des thématiques comme la définition du monde rural, les enjeux du développement en Afrique, la question de l'enclavement en zone rurale et ses implications socioculturelles et économiques, de recenser les écrits qui s'y rapportent avant d'en faire une analyse critique précédée bien sûr d'une synthèse thématique. Dès lors, nous pourrons d'ores et déjà présenter les articulations principales de ce qui fera l'objet des travaux de notre thèse sans omettre de prévoir un chronogramme y affairant.

PREMIERE PARTIE

BIBLIOGRAPHIE SIGNALETIQUE

ET

ANALYTIQUE

CHAPITRE 1

BIBLIOGRAPHIE SIGNALETIQUE

La bibliographie signalétique comme l'indique son nom présente les ouvrages de toute nature recensés comme ayant un trait avec le thème traité. Comme tel, cette partie sera consacrée à travers les points cardinaux qui suivent à la recension des ouvrages que les uns et les autres ont écrit et dont le titre, le résumé ou le contenu nous permet de les lier à l'analyse de la question du développement des zones rurales enclavées en Afrique subsaharienne. Il s'agit :

· De l'aspect conceptuel, méthodologique et épistémologique d'une étude géographique,

· Des éléments d'analyse de trois espaces géographiques fortement imbriqués et aux réalités diverses,

· Des différentes acceptions faites du monde rural, son aménagement et son développement,

· Des approches de la question de l'enclavement des zones rurales en Afrique subsaharienne.

1.1. LES OUVRAGES METHODOLOGIQUES ET EPISTEMOLOGIQUES EN GEOGRAPHIE 

1. ANDRE Y. et al. (1989): Représenter l'espace, l'imaginaire spatial à l'école. Anthropos, Paris, 213 p.

2. ANGIO (d') R. (2000) : Quatre leçons sur la géographie. Texte de communication, Paris, 15 mars 2000 sur le thème : « Rendre amoureux de la géographie même un historien ! » 32 p.

3. BAILLY A. et FERRAS R. (2001) : Eléments d'épistémologie de la géographie. Paris, Armand Colin, 192 p.

4. BONNAMOUR J. (1993) : Géographie rurale : Position et méthode. Masson, Paris - Milan - Barcelone - Bonn, 135 p.

5. BRAND D. et DUROUSSET M. (2002) : Dictionnaire thématique histoire - géographie. 6ième édition, Sirey, Paris, 559 p.

6. BRUNET R. (1967) : Les discontinuités en géographie. CNRS, Paris, 117 p.

7. BRUNET R., FERRAS R., THERY H. (1993) : Les mots de la géographie, Dictionnaire critique. Montpellier, Reclus, 518 p.

8. CABANNE C. (1984) : Lexique de géographie humaine et économique. Dalloz, Paris, pp. 80- 120.

9. DECADE, (1984) : Cartographie et développement : mémento de cartographie à l'usage de la planification et de l'aménagement. Ministère des relations extérieures, de la coopération et du développement, Paris, 181 p.

10. Di MEO G. (1991) : L'homme, la société, l'espace. Anthropos, Paris,

11. DIALLO S. (2000): Arc View GIS 3.2a et applications Maps Geosystems. Ouagadougou, 186 p.

12. FEBVRE M., GIORDAN A. (1994) : Maîtriser les méthodes de travail. Neuchâtel : Delachaux et Niestlé (Techniques et méthodes pédagogiques), 207 p.

13. GEORGE P. (1974) : Dictionnaire de géographie. PUF, Paris, 448 p.

14. GEORGE P. (1978) : Précis de géographie rurale. PUF, Paris, 351 p.

15. GEORGE P. et VERGER F. (1996) : Dictionnaire de la géographie, PUF, Paris, p. 158.

16. GNON-KONDE A. et al. (1995) : Lexique de géographie. Les classiques africains, Paris, 70 p.

17. GOUROU P. (1971) : Leçons de géographie tropicale. Paris, 323 p.

18. GRAWITZ M. (1999) : Lexique des sciences sociales. Dalloz, Paris, 423 p.

19. GUMUCHIAN H. et MAROIS C. (2000) : Initiation à la recherche en géographie : Aménagement, développement territorial, environnement. Montréal, PUM & Anthropos, éd. Economia, 425 p.

20. HAGGETT P. (1973) : L'analyse spatiale en géographie humaine. Armand Colin, Paris, 390 p.

21. JOLY F. (1976) : La cartographie. PUF, Paris, 175 p.

22. LEVY J. et LUSSAULT M. (2003) : Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés. Paris, Belin, 1034 p. (Article sur l'enclavement : pp. 309 - 310).

23. MANOUKIAN B. (2002) : Quand le géographe regarde le paysage. Texte de communication, Paris, 30 mai 2002 sur le thème : « L'enseignement de la géographie en sixième. » 10 p.

24. MICROSOFT Corporation, (2000) : Encyclopédie Encarta, Version 2000, CD ROOM.

25. MILHAUD O. (2004): Epistémologie de la géographie in L'encyclopédie de la géographie de ROBIC Marie-Claire, pp. 37-55.

26. PLOT B. (1986) : Ecrire une thèse ou un mémoire en sciences humaines. Ed. Champion, Paris, 295 p.

27. RAYMOND H. et LEGOTIEN H. (1973) : Les méthodes d'enquête par sondage en milieu rural africain. In « Technique et développement africain », pp. 16 - 28.

28. REMY G. (1964) : Une étude de terroir en Afrique Noire : Méthodes et techniques in Ecole pratique des hautes études - Sorbonne VI Section : Sciences économiques et sociales d'études africaines, Volume VI, Paris, pp. 122 - 129.

29. RITTER C. (1859) : Die Erkunde im Verhältnis zur Natur und Geschichte des Menschen / La Géographie dans ses relations avec la nature et l'histoire de l'humanité, Berlin, 155 p.

1.2. ELEMENTS D'ANALYSE DE TROIS ESPACES GEOGRAPHIQUES FORTEMENT IMBRIQUES ET AUX REALITES DIVERSES : AFRIQUE SUBSAHARIENNE, TOGO, PLATEAU EST.

1.2.1. L'Afrique subsaharienne

30. ACCT, (1989) : Contribution aux études ethnobotaniques et floristiques en République populaire du Bénin, Paris, 895 p.

31. BESSOLES B. (1977) : Géologie de l'Afrique : le craton ouest africain. Mém. BROM n°88, 402 p.

32. SAUTTER G. et PELISSIER P. (1964) : Pour un atlas des terroirs africains, structure type d'une étude de terroir. L'homme, Paris IV, pp. 25 - 65

33. CHEVEAU J-P. et RICHARD J. (1983) : Bodiba en Côte d'Ivoire, du terroir à l'Etat : Petite production paysanne et salariat agricole dans le village de Gban. ORSTOM, Paris, 117 p.

34. DIDIOT B. et CORDELLIER S. dir. (2005) : L'état du monde : annuaire économique géopolitique mondial 2005. La découverte, Paris, pp. 88 - 194, chap. 3 : L'Afrique.

35. DUMONT R. (1980) : L'Afrique étranglée. Paris, 188 p.

36. ELA J-M. (1982) : L'Afrique des villages. Karthala, Paris, 83 p.

37. ELA J-M. (1990) : Quand l'Etat pénètre la brousse : la riposte des paysans à la crise. Karthala, Paris, 268 p.

38. GOUROU P. (1982) : Terre de Bonne Espérance : le monde tropical. Plon, Paris, 117 p.

39. ISNARD H. (1964) : Géographie de l'Afrique tropicale et australe. PUF, Paris, Que sais-je ? 125 p.

40. MERLIN P. (1991) : Espoir pour l'Afrique Noire. Présence africaine, Paris, 96 p.

41. TEIGA M. B. (2005) : Bénin, magnificences du nord-ouest. Première édition, Presse du Midamar, Cotonou, 58 p.

1.2.2. Le Togo

42. ABBI P. (2002) : Contribution à l'étude géomorphologique de l'espace compris entre les préfectures de la Binah, de Doufelgou et de la Kozah (Togo). Mémoire de Maîtrise de Géographie, Université de Lomé, 130 p. + annexes.

43. AKPAGNA K. et BOUCHET P. (1994) : Etat actuel des connaissances sur la flore et la végétation du Togo. In Acta Botanica, société botanique de France, Paris, pp. 367-372

44. ALI S. (1996) : Dimori, village de la plaine du Katcha, un terroir N'caan (Bassar). Mémoire de Maîtrise de Géographie, Université du Bénin, 188 p. + annexes.

45. ATTIGNON H. (1964) : Géographie du Togo. Lomé, 90 p.

46. BETEMA B. (1992) : Nima, un terroir Kotokoli (centre Togo). Mémoire de maîtrise de Géographie, Université du Bénin, 186 p. + annexes.

47. CORNEVIN R. (1969) : Histoire du Togo. Berger Levrault, Paris 554 p.

48. CORNEVIN R. (1973) : Le Togo. PUF, Que sais-je ? Paris, 126 p.

49. ADDRA T. C. et al., (1987) : Atlas du développement régional du Togo, Editogo, Lomé, 207 p.

50. DJIMINGRA M. (1983) : Un terroir Kabyè : Mandela, Nord Togo. Mémoire de Maîtrise de Géographie, Université du Bénin, 158 p.

51. Editions J. a. (2006) : Fiche signalétique du Togo. Hors série n°12.

52. FRANCOIS Y. (1995) : Le Togo. Karthala, Paris, 188 p.

53. GAYIBOR N. L. (dir.) (2005) : Histoire des Togolais. Presse de l'UL, Lomé, 2 volumes, 1650 p.

54. J.A. (2006) : L'état de l'Afrique 2006, H.S. n°12, Paris, pp. 177 - 200.

55. LUCIEN-BRUN B. (1974) : La colonisation des Terres Neuves du Centre-Togo par les Kabyè et Losso, Université de Paris I, 300 p.

56. PILLET-SCHWARTZ A. N. (1987): Les migrations rurales des Kabyè et des Losso. ORSTOM, Lomé, 391 p.

57. PIRAUX M. (1977): Togo today, Ed. J.a., Paris, 239 p.

58. POKO Y. (1999): Soumdina, un terroir Kabyè au Nord-Togo. Mémoire de Maîtrise de Géographie, Université du Bénin, 108 p. + annexes.

59. SAUVAGET C. (1971) : Boua, village de Koudè, un terroir Kabyè (Togo septentrional). Thèse de 3è cycle, ORSTOM, Paris, 72 p. + cartes.

60. WAGBE L. (1987) : Le terroir de Kalang'na en pays Bassar (Nord Togo). Mémoire de Maîtrise de Géographie, Université du Bénin, 161 p.

1.2.3. L'Est de la région des Plateaux

61. ABOTCHI T. (1995) : « L'immigration des Ehoué du Bénin dans la plaine du Togo : le cas du Haho oriental » in les Cahiers d'Outre-Mer, n°192, pp. 453-475.

62. ABOTCHI T. (1997) : Dynamisme économique et évolution du milieu rural dans l'est de la région des Plateaux. Thèse de Doctorat de Géographie et Gestion des espaces, Université de Bordeaux 3, 377 p.

63. ABOTCHI T. (1998) : « Réussite économique et mutations sociales d'une communauté d'immigrants : Les Ehoué du Haho oriental et du Moyen-Mono au Togo » in Annales de l'Université du Bénin, série Lettres, Tome XVIII, Lomé, pp. 72-107.

64. APA/13 : Atakpamé : Service de la démographie, mouvement des populations ; émigration, colonisation des terres du sud du territoire par les Kabrais-Losso et les Dahoméens (1924-1963).

65. CORNEVIN R. (s.d.): « Les Ehoué d'Akplaoué dans l'Est-Mono togolais » in Les migrations internationales de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, CNRS, Paris, pp. 227-239.

66. Direction de la Planification et de la Programmation, (1994) : Monographie des cinq régions économiques du Togo, pp. 1-13

67. KLASSOU K. S. (1996) : Evolution climato-hydrologique récente et ses conséquences sur l'environnement. L'exemple du bassin versant du Mono (Togo - Bénin). Thèse de Doctorat de Géographie et Gestion des espaces, Université de Bordeaux 3, 467 p.

68. N'KERE K. (2005) : Le système de commercialisation des engrais et son impact sur la production vivrière dans la région de l'Est-Mono, Mémoire de maîtrise de géographie, Université de Lomé, 123 p.

69. OLADOKOUN W. (2000) : La dimension sociale et économique de la culture cotonnière au Togo : L'exemple de l'Est de la région des Plateaux. Thèse de Doctorat de Géographie, Université de Lomé, 512 p.

70. PAUVERT J. C. (1956) : Le peuplement immigré de l'Est-Mono. ORSTOM ; Lomé, 54 p.

71. TALLEC M. (1986) : Etude de la diversité des systèmes de production dans la région de Notsè au Togo, Mémoire ENSSA/ESAT, CIRAG/IRAT, Dijon, Montpellier, Kolocopé (Anié), 135 p.

72. SAMLABA Y. (1986) : L'influence économique des régimes fonciers sur des systèmes productifs agricoles : Région des Plateaux (Togo). Mémoire de Maîtrise de Géographie, Université du Bénin, 98 p.

1.3. LE MONDE RURAL : SES DIFFERENTES ACCEPTIONS, SON AMENAGEMENT

ET SON DEVELOPPEMENT

73. ABOTCHI T., AFLOU D. et AKIBODE A.K. (1999) : Crise de l'espace agricole et développement rural au Togo : cas du canton de Kpekplemé, Centre d'études et de recherches sur les mutations en milieu rural et sur les risques en agriculture (CERMRA), Université du Bénin, 20 p.

74. ATANGANA N. (1978) : Problématique du développement en Afrique tropicale. Etudes et documents africains, CLE, Yaoundé, 103 p.

75. BADIBALAKI A. K. (1984) : Essai d'analyse de la production de maïs et de sorgho-mil au Togo. Institut des techniques de planification, Alger, 108 p.

76. BARRERE M. (1990) : Terre, Patrimoine commun - La science au service de l'environnement et du développement. Ed. La découverte, Paris, 196 p.

77. BARRIER C. (1990) : Développement rural en Afrique de l'ouest soudano-sahélien. Premier bilan de l'approche gestion des terroirs villageois. In « Les Cahiers de la recherche-développement », n° 25, CIRAD, 94 p.

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CHAPITRE 2

BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE

La présentation d'une bibliographie analytique fait penser comme le précise le dictionnaire Larousse à une analyse du contenu des ouvrages indiqués plus haut dans la bibliographie signalétique. Cet exercice bien souvent difficile permet de faire un bilan des connaissances sur la question étudiée afin de pouvoir parfaire le cadre conceptuel et méthodologique de la recherche effectuée puisque « une recherche documentaire bien faite permet de réaliser une analyse fouillée et critique des travaux déjà effectués sur le sujet d'étude » (Gumuchian H. et Marois C. 2000, page 123).

Mais à ce stade de notre travail, il n'est pas possible de faire une présentation exhaustive des ouvrages indiqués plus loin. Il sera ainsi question de quelques documents (ouvrages, articles,...) sélectionnés selon deux critères qui nous ont paru importants. D'une part la disponibilité du document et d'une autre sa pertinence par rapport au stade de la recherche. Les autres seront consultés par la suite durant tout le temps que durera la réalisation des travaux de la thèse.

En tout état de cause, nous aborderons cet aspect de notre travail en nous inspirant des thématiques tel qu'elles ont été présentées dans la précédente partie. Ainsi, après avoir présenté la quasi inexistence de « querelles épistémologiques en géographie » qui aurait pu rendre complexe la définition d'une approche conceptuelle et méthodologique singulière et rencontrant l'approbation de tous dans le cadre d'un travail de recherche dans cette discipline, nous présenterons les éléments de l'analyse de l'espace géographique dans lequel se déroule l'étude. Du Plateaux Est à l'Afrique subsaharienne en passant par le Togo dans son ensemble, l'évidence de trois espaces géographiques imbriqués l'un dans l'autre avec des réalités physiques, humaines et économiques diverses se dégagera. C'est à la suite que suivra la définition du monde rural, son aménagement et les contours de son développement avant de clore cette section par la problématique centrale de notre sujet : l'enclavement en zone rurale. Il s'agit dans cette ultime partie de présenter les perceptions des uns et des autres sur les implications sociales, culturelles et économiques du phénomène de l'isolement des campagnes d'Afrique subsaharienne.

2.1. APPROCHE CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE GEOGRAPHIQUE DE L'INSERTION SPATIALE DES SOCIETES : UN DEFIS QUASI INEXISTANT

La géographie, étude de l'espace, de son organisation et de son fonctionnement ou mieux science de l'organisation et de la différenciation de l'espace (Gumuchian H. et Marois C 2000) est la science qui depuis des siècles s'est intéressée aux nombreux problèmes des sociétés. De ce fait, elle a, durant les époques, changé d'objet central. Ainsi elle est passée de la science du dessin de la terre à celle des territoires (Brunet R. 1990). Dans cette logique, quand Ritter C. énonce au XIXième siècle que la géographie est une discipline empirique à la recherche d'hypothèses et de lois (Ritter C. 1859), il n'a pas plus raison que Claval P. qui avance que c'est la science de l'organisation de l'espace qui ne se limite pas à la description mais à la recherche de l'explication (Claval P. 1993). Quoi qu'il en soit, la véritable préoccupation de la géographie de nos jours reste le bien-être ou mieux encore les questions synonymes de celles des sociétés desquelles sont issues les géographes. C'est d'ailleurs pourquoi à travers le temps, les questions de l'espace ont pris de l'ampleur dans les études géographiques au point où on a pu parler, pour emprunter les mots d'un géographe contemporain d'« une science sociale ayant comme objet central l'espace et/ou le territoire qui n'a pas renoncé pour autant à prendre en compte, tant en matière de réflexion que d'action, les faits naturels constitutifs du territoire », (Bertrand G.1992).

Eu égard à cette orientation, la géographie doit s'intéresser aux faits naturels en se laissant imposer une approche méthodologique et des outils qui autrefois pouvaient paraître inappropriés pour un géographe. De cette volonté d'appréhender la complexité socio-spatiale sur la base des concepts centraux énoncé par Bertrand G. (1992) (Géosystème, territoire, paysage) naît une démarche méthodologique appropriée.

Comment les géographes abordent-ils les études des questions spatiales ? Y a-t-il une approche dominante qui se dégage de toutes celles qui ont été proposées ? Peut-on parler d'une unité conceptuelle et méthodologique en matière d'analyse des faits spatiaux ? La question de l'enclavement relève-t-elle de l'analyse de l'insertion spatiale des sociétés ? Doit-on nécessairement entreprendre son analyse selon la dichotomie enclavement/désenclavement ?

La question de la démarche méthodologique et de l'approche conceptuelle dans l'analyse de la question de l'enclavement qui elle-même s'inscrit dans la réflexion sur l'insertion spatiale des sociétés (Debrie J. & Steck B. 2001) requiert à tous égards une singularité qui, aux dires des uns et des autres semble donner naissance à une nouvelle façon de concevoir et d'étudier l'espace en géographie. Il est question en effet d'aborder la problématique enclavement/développement selon une approche qui fait appelle à une tendance singulière de la géographie ; tendance qui a prévalue depuis la fin des années 70 et au début des années 80 avec pour point de mire le courant humaniste selon lequel toute géographie repose sur des représentations, des codes et des langages « qui valorisent certains caractères du réel plutôt que d'autres et qui se meuvent dans les limites parfois étroites de la pratique sociale ... », (Bailly A. et Béguin, 1993).

Ainsi, la géographie au XXIième siècle apparaît comme un ensemble de facettes caractérisé par « une spécialisation disciplinaire, un intérêt constant pour les méthodes et les techniques tant quantitatives que qualitatives, (...) par une géographie dite active à la recherche de nouvelles thématiques, proposant même des solutions en matière de gestion de l'espace par exemple » (Schaefer F. K. 1953). La polémique positiviste qui a donné naissance à ce courant trouve ses origines dans la visée nomothétique des années 50 aux Etats-Unis où Schaefer F. K. dénonce « l'exeptionalisme » d'une géographie qui doit avoir une méthode spécifique parce que discipline « intégratrice » ou « science de synthèse aux objets relevant de l'unicité, à l'opposé des sciences systématiques » (Schaefer F. K. 1953).Il reconnaît donc volontiers qu'expliquer les phénomènes que l'on décrit revient toujours à les reconnaître comme la manifestation de lois, la science n'étant pas tant intéressée par les faits isolés que par les schémas qu'ils révèlent. En géographie, conclut-il, « les principales variables qui produisent des trames sont bien entendu spatiales ».

C'est aussi dans ce sens qu'abonde Bunge W. quelques années plus tard quand il oppose à la conception idiographique une méthodologie scientifique et sa « norme de l'explication ». La «new geography» dont il fait état repose désormais sur une base « quantitative et théorique » tout en s'appuyant sur un langage mathématique et des recherches théoriques avec des méthodes hypothético-déductives et la modélisation (Bunge W. 1962). La géographie pour lui a pour objet la recherche de lois proprement spatiales.

Il découle de cette approche facilement attribuable aux anglo-saxons la prise en compte ou mieux encore l'attention de plus en plus grande accordée à certains concepts et à certaines interrogations. De ce point de vue, la distance, la situation ou la localisation (où ? pourquoi ici et pas là ?), la (dis)continuité spatiale, les formes focalisent la réflexion et fait naître des modèles de l'analyse spatiale (locational analysis de Scheafer F. K. 1953) et des théories de localisation (location theories de Bunge W. 1962) pour aboutir à la théorie des lieux centraux qui devient le modèle de cette nouvelle géographie qui s'intéresse non plus aux lieux exclusivement mais désormais à l'espace. Pour cette science de l'interaction spatiale, la terre devient un cadre neutre livré à la technique et le géographe peut l'aménager ; c'est le space management aux USA, l'aménagement du territoire en France et le Raumordung en Allemagne.

On se rend bien compte que la nouvelle définition de la géographie qui dans la plupart des cas évolue avec les préoccupations de la société de laquelle sont issus les géographes impose une exigence scientifique et tend à s'apparenter aux sciences expérimentales en cherchant des lois selon le dispositif suivant : théorie / hypothèse et modèle / mesure / test statistique. Ce renversement de méthode et de perspective est tel que l'on a employé les expressions de « nouvelle géographie » et de « révolution quantitative ». On assiste dans un premier temps à la ruée des géographes sur des modèles de localisation plus ou moins anciens en vue de les tester en les appliquant aux réalités contemporaines. Les modèles de Von Thünen (1827), de Weber A. (1909) de Christaller W. (1933) sont revisités et rassurent d'une valeur quantitative certaine encore valable dans les années 60. D'ailleurs, ils donnent lieu à de nouvelles recherches et propositions théoriques. On peut ainsi citer la géographie de Brunet R. qui analyse et illustre les modes de production et d'organisation de l'espace (Encyclopédie Encarta 2003).

Toutefois, cette unité relative semble se compromettre dès lors que certains y apportent d'autres analyses géographiques. Ainsi, en réaction à la géographie soucieuse d'établir des lois ou d'expliquer des régularités dans l'organisation de l'espace, de nouveaux courants apparaissent. D'une part, le courant culturel montre le rôle et la place des valeurs humaines dans la différenciation de l'espace et ses usages (Claval P. 1993) alors que d'une autre, naît une géographie dite « radicale » à laquelle s'ajoute la géopolitique remise à jour par Yves Lacoste. Celle-ci analyse les divisions territoriales et les problèmes frontaliers, les conflits liés à la présence de groupes sociaux et culturels distincts, politiquement dominants ou dominés. Cependant, loin d'en constituer un obstacle, ces critiques renforcent les acquis du passé tout en les enrichissant des faits issus du vécu quotidien des contemporains. La dimension conceptuelle et méthodologique s'enrichit également puisque le paradigme de l'espace est intimement lié à celui de l'homme comme élément d'une société elle-même appartenant un complexe plus global. Et lorsque l'on associe la préoccupation de localisation comme énoncée plus haut à celle de relation entre les sociétés qui forme cet ensemble globalisant, il est difficile d'ignorer la place combien déterminante de la question de l'insertion spatiale des sociétés.

L'analyse de la question de l'enclavement devra légitimement se baser sur celle de l'inscription spatiale des sociétés (Debrie J. & Steck B. 2001). Dès lors, l'utilisation des concepts affilés à cette notion ne peut plus faire l'objet d'un débat, encore moins celle de la démarche méthodologique y attenant levant du coup l'existence d'un défis conceptuel et méthodologique qui, la plupart du temps divise les chercheurs en géographie. Notre réflexion sur l'accessibilité des zones rurales en Afrique subsaharienne nous renvoie donc à une considération sérieuse de la question de l'aménagement du territoire, rural surtout, dans cette partie du monde et nous oblige à l'instar de beaucoup de chercheurs contemporains à inscrire le débat dans une dimension qui nous permette de prendre en compte l'étude de quelques réseaux de transport, de télécommunication de même que leur intégration dans des réseaux plus importants (Aloko-N'guessan J. 2000, Debrie J. 2005, Debrie J. & Steck B. 2001, Lombard J. 2002, Yesguer H. s.d.) afin de parvenir en dernière analyse à la compréhension de la dynamique de l'enclavement à travers le couple continuités - discontinuités dans les réseaux qui éloignent ou au contraire rapprochent les ensembles spatiaux.

Mais au-delà des querelles méthodologiques et conceptuelles inexistantes, toute étude géographique se déroule dans un environnement qu'il est nécessaire de bien cerner par des éléments qui permettent son analyse et qui à terme permettent de dégager les nombreuses implications socio spatiales. L'Est des Plateaux, le Togo et l'Afrique subsaharienne ; quels éléments d'analyse ?

2.2. DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE A L'EST DE LA REGION DES PLATEAUX AU TOGO : ELEMENTS D'ANALYSE DE TROIS ESPACES GEOGRAPHIQUES FORTEMENT IMBRIQUES ET AUX REALITES DIVERSES

De toutes ses caractéristiques, la prise en compte de la dimension de l'espace est celle qui distingue la géographie des autres sciences humaines. Ainsi, explicitement ou implicitement, le géographe dans sa démarche met un accent sur la localisation et la position relative du phénomène étudié (Gumuchian H. et Marois C. 2000). Sans rapport avec la démarche méthodologique choisie, le concept central qui se dégage de toute recherche en géographie est celui de l'espace géographique en dépit du fait que la manière de l'aborder peut différencier d'un chercheur à l'autre. C'est dans cette logique qu'un exposé et une analyse des éléments qui font des trois espaces que sont l'Afrique subsaharienne, le Togo et à une échelle réduite l'Est de la région des Plateaux devient une nécessité de premier rang. Quelles réalités physiques et humaines personnalisent les zones géographiques sus évoquées ? Comment s'imbriquent-elles à partir de ces éléments pour constituer des entités distinctes des autres ? En quoi conditions physiques et faits humains se conjuguent pour définir la dualité enclavement/désenclavement dans l'environnement étudié ? Comment passer d'une zone aussi régionale comme l'Afrique subsaharienne et un secteur aussi restreint comme l'est de la région des Plateaux au Togo pour circonscrire une étude?

« Si l'on excepte ce qui, au nord du Tropique du Cancer, appartient au monde méditerranéen, avec ses populations de race blanche et de civilisation musulmane, l'Afrique apparaît comme un continent homogène dont l'unité résulte de l'étroite insertion dans un milieu naturel tropical, d'une humanité noire souvent proche de ses origines. C'est le climat qui constitue le trait dominateur de ce vaste ensemble géographique. Le relief n'intervient, de-ci, de-là, que pour ajouter des nuances » page 5. Cette phrase introductrice de l'étude du milieu géographique africain de Isnard H. (1964) porte en elle toutes les réponses aux interrogations relatives à l'étude des caractéristiques du continent noir.

En effet, l'Afrique subsaharienne est un vaste territoire africain situé au sud du Sahara. A y voir de près, sa perception se fait sous le double plan physique et humain.

Au littoral découpé, l'Afrique subsaharienne est constituée d'un socle Précambrien aplani, ouvert sur des cuvettes : Niger, Tchad, Kalahari, ... Les principales montagnes se trouvent sur les pourtours oriental et austral. Cette région est un rift, gigantesque fossé tectonique jalonné de volcans (Kilimandjaro qui culmine à 5895 mètres) et de lacs (Malawi, Tanganyika). Le dispositif des milieux se calque sur la répartition des pluies. Entièrement située en zone chaude, l'Afrique au sud du Sahara connaît une succession des domaines désertiques (Kalahari), steppique, de savanes (autour du golfe de Guinée et du bassin du Zaïre) et de forêts denses dans les régions équatoriales toujours chaudes et humides. L'Est aux conditions plus complexes, échappe à une catégorisation aussi systématique. De grands fleuves (Nil, Congo, Niger, Zambèze, ...) prennent naissance en Afrique humide. Ces quatre grands types de milieux présentent des spécificités socio-économiques et historiques singulières.

Les savanes constituent des espaces ouverts, propices aux échanges autant qu'aux activités agropastorales. Là, s'épanouirent autrefois royaumes et empires ; là, une paysannerie laborieuse et des commerçants avisés constituent le socle de la vie sociale et économique. L'univers de la forêt dense, quant à lui, avec ses faibles densités humaines et ses horizons bornés n'a connu dans le passé que des sociétés acéphales. Troisième type, les hautes terres caractéristiques de l'est du continent combinent pour l'agriculture les sols volcaniques et les atouts de l'altitude qui certes sont des potentialités mais qui n'hésitent pas à se retourner contre les hommes lorsque ceux-ci se trouvent être confrontés au surpeuplement comme c'est le cas pour les territoires à densités humaines élevées de la crête du Congo-Nil (Rwanda, Kivu, ...) (Didiot B. & Cordellier S. dir. 2005, p.88). Le complexe désertique du Kalahari offre son cadre aux populations Bochiman dont le quotidien est issu des ressources pastorales, activité qui développe chez ces peuples des visées à intérêts divergents avec les agriculteurs plus au sud. D'ailleurs la récurrence des conflits en est un témoignage. Que dire alors du Togo ?

Le Togo est un bas pays (altitude maximale 984 m à Agou) d'Afrique de l'ouest flanqué de hauteurs à l'ouest (monts Togo) et au centre. Il s'allonge du sud au nord sur environ sept cent kilomètres entre le 6 et 11° de latitude nord alors qu'il n'est large que d'une cinquantaine de kilomètres entre 0 et 1°6' de longitude Est. Le Togo s'ouvre sur le Golfe de Guinée par une plage sableuse à lagune dont l'accès est rendu difficile par la barre. Le sud et les hauteurs sont sous l'influence d'un climat humide à quatre saisons (forêt dense guinéenne) alors qu'au nord et au centre, il s'agit plutôt d'un climat à variance soudanienne avec deux saisons qui s'alternent : c'est le domaine de la savane (ACCT, 1989).

A l'instar de la plupart des pays africains, le Togo n'est ni une entité ethnique, ni géographique proprement dite mais résulte d'une création artificielle du colonisateur (Gayibor N. L. dir. 2005). Dans cette veine, il n'est pas surprenant d'y rencontrer une multitude d'ethnies (Ewé, Kabyè, Nawdéba, Temberma, Ouatchi, Lamba, ...). Le Togo indépendant a une superficie de 56 600 km² avec une population qui avoisine 6 millions d'âmes en 2006 soit une densité de 86 hab./km². La population rurale représente 64,8% alors que celle des moins de 15 ans est de 43,9%. Les taux d'alphabétisation et de scolarisation sont respectivement de 53 et 66% et l'espérance de vie à la naissance est de 50 ans. Quant à l'indice de développement humain, il est de 0,512 plaçant le Togo au 143ième rang sur 177 pays. Le PIB par habitant est de 380 $/hab. et on prévoit que le Togo comptera 13 millions d'habitants en 20502(*).

Sur le plan administratif, le Togo est divisé depuis l'arrêté n°81/9 du 23 juin 1981 portant réorganisation du territoire national en cinq régions économiques (Maritime, Plateaux, Centrale, Kara et Savanes) qui connaissent des sorts différents en ce qui concerne la répartition de la population. Ainsi, la région Maritime qui porte Lomé, la capitale est la plus peuplée avec près de 40% de la population totale sur 11% du territoire national. Qu'en est-il de celle des Plateaux qui apparaît comme la deuxième de part son étendue et qui contient la zone de notre étude ?

La région des Plateaux, couvre 30% de la superficie du Togo (16 800 km²) et abrite environ 25% de sa population. Elle est située entre le 6°38' et 8°22' latitude Nord puis le 0°31' et 1°39' de longitude Est et comprise entre les régions Maritime au sud, la région Centrale au nord, la république du Bénin à l'est et le Ghana à l'ouest. La trame d'occupation de l'espace conçue sur la base des données du recensement général de la population de 1981 montre une forte concentration humaine dans les zones de montagnes (Kloto, Akposso, Litimé) avec des densités pouvant atteindre 200 hab./km²3(*) alors que les préfectures de l'Ogou, de l'Est-Mono sont faiblement peuplées. A ce jour, cette situation n'a pas beaucoup changé et on note une concentration humaine dans la partie occidentale de la région surtout le long de la ligne Atakpamé - Kpalimé et dans la circonscription de Badou - Tomégbé. Cette concentration humaine témoigne sans aucun doute d'une prospérité économique de la zone basée autrefois sur l'économie de plantation. Quant à la partie Est, elle présente de forts contrastes avec sa voisine. Sur quoi se fonde ce contraste et quels sont les traits caractéristiques de l'Est de la région des Plateaux ?

Le vocable « Est de la région des Plateaux » que nous avons choisi pour désigner l'environnement étudié représente un espace géographique qui dégage certains traits qui permettent de l'individualiser du reste de la région. Il s'agit entre autres de la densité de population, des activités économiques, de l'état des infrastructures de communication et de télécommunication. Cet espace couvre les préfectures de l'Est-Mono et de l'Ogou. Comme ci-dessus évoqué, les densités de population y sont faibles (jusqu'à 8 hab./km² à Igbérioko en 1981). Les activités dominantes dans la zone sont agricoles ou en dérives alors qu'il est constaté une grande faiblesse du réseau routier. D'ailleurs, les traits caractéristiques de la zone étudiée se perçoivent plus aisément à travers le tableau n°1 présentant la synthèse des éléments du milieu naturel.

Tableau 1 : Synthèse des éléments du milieu naturel dans le Plateau Est

Unité géomorphologique Pénéplaine précambrienne bénino-togolaise

Localisation Est-Mono et bassin de l'Anié

Géologie Série du Dahoméen (socle), roches métamorphiques : migmatites acides et basiques, marbre dolomitique, gneiss.

Relief Relief mou et moyennement érodé. Altitude 150 à 300 mètres.

Pédologie Sols ferrugineux avec concrétions (productivité moyenne/médiocre) ou sans concrétions (bonne productivité), vertisols (Anié)

Climat Tropical humide 1000-1200 mm/an, 5 à 6 mois de saison sèche.

Hydrologie Eaux de surface importantes en saison pluvieuse, Nappe phréatique profonde. Grande difficulté pour le forage des puits.

Végétation Savane arborée ou guinéenne. Forêt galerie le long des cours d'eau ( le Mono et ses affluents).

Aptitude de la mise en valeur Zone propice aux cultures vivrières, au coton et au petit élevage. Forte potentialité de développement de la teckeraie.

Disponibilité des terres Grande disponibilité de terres quelques fois difficiles à travailler (sol hydromorphe ou écologiquement fragile).

Source : NOYOULEWA T. A. (2006), sur la base des données recueillies dans Atlas du développement régional du Togo, page 116.

Au regard des données du tableau n°1, l'est de la région des Plateaux apparaît comme une zone à forte potentialité agricole avec une disponibilité en ressources foncières qui permet une production assez élevée à l'échelle du pays. Ainsi, comme le soulignait Abotchi T., (1997), « au niveau de la satisfaction des besoins alimentaires, la population tire un avantage considérable dans le dynamisme de la production agricole. Les résultats de la production des principales cultures vivrières dépassent largement les besoins de consommation de la population, avec même de forts excédents pour le marché », page 305. En effet, avec un climat tropical humide enregistrant une pluviométrie annuelle dans l'ordre de 1200 mm, un relief très peu accidenté et une savane arborée, la zone se prête bien à l'activité agricole. Il s'y développe ainsi des cultures vivrières en quantité importante de même que celle du coton. Cette production massive qui couvre largement les besoins alimentaires des populations et produit des excédents crée ipso facto un besoin nouveau et qui s'exprime en terme d'accessibilité des marchés d'écoulement des produits. Mais pour ne pas rendre vaine toute entreprise visant à chercher des éléments pouvant fournir une réponse à cette préoccupation, il s'avère indispensable de mieux circonscrire le concept de monde rural dans le débat qui est le notre. Quelle est sa définition ? Comment les uns et les autres perçoivent son aménagement ? Quels éléments précisent les contours de son développement ?

2.3. LE MONDE RURAL : SA DEFINITION, SON AMENAGEMENT ET LES CONTOURS DE SON DEVELOPPEMENT

Définir le monde rural dans le contexte actuel marqué par des mutations intenses des sociétés n'est pas chose facile. En fait, comme l'indique Balima M. (2005), « le degré de transformation et de diversification des activités des espaces ruraux, la nature, le nombre et la vigueur d'éléments perturbateurs externes et bien d'autres (...) montre que les mutations observées en milieu rural entraînent une modernisation ou urbanisation du monde rural tandis que celles observées en milieu urbain sont désignées comme des faits de ruralisation du monde urbain », page 21. D'ailleurs, le fait que nous ayons autant de définitions qu'il y a d'auteurs qui se soient intéressés à la question est une preuve tangible de cette difficulté qui néanmoins ne saurait occulter la pertinence de dégager un ensemble de traits dont la simple évocation font penser à cet espace. Comment les auteurs abordent-ils la définition du rural et au-delà de l'espace rural ?

Le monde rural s'identifie à la campagne par opposition à la ville. Grawitz M. (1999) définit le rural comme « l'ensemble des problèmes du peuplement agricole et de l'écologie agraire » avant de lui ajouter un sens plus sociologique quand il précise que le rural « qualifie les hommes au service de la terre, conscients de leur communauté d'intérêt et de comportement », page 362. Quant à Balima M. (2005), elle évoque un certain nombre de « critères de discrimination entre l'espace rural et l'espace urbain », page 20. Ainsi, elle cite la démographie, les fonctions, la morphologie et le statut juridique comme traits référents lorsqu'il s'agit de définir l'espace rural. Kola E. (2005) lui, dit que « rural » est issu du latin « ruralis » qui signifie campagne et sert dans bien des cas comme épithète pour qualifier de façon générale tous les phénomènes qui ont trait à la campagne : exode rural, territoire rural, milieu rural, population rurale, ... avant de mentionner à titre de conclusion que « la campagne est également un concept qui s'identifie au domaine qui s'étend au-delà de la ville », page 46. Dans tous les cas, nombreux sont ceux qui, à travers leur définition laissent apparaître des éléments communs même si les termes ou mieux les concepts pour le dire diffèrent d'un auteur à un autre. C'est le cas de Cabanne C. (1984) qui pense que le rural va au-delà de la campagne et concerne forêts et espaces verts dans un espace donné. Il ressort de l'analyse des écrits de tous que le monde rural est celui qui se distingue de l'espace urbain par son bâtit discontinu, une prédominance des activités du secteur primaire notamment agricoles, et dans une certaine mesure son statut juridique et administratif. Comment s'opère l'aménagement d'un espace aussi composite ?

L'aménagement du monde rural est une question qui s'intègre de plus en plus au paradigme de développement de cet espace. Comment peut-on viabiliser les espaces ruraux en Afrique au sud du Sahara en dépit de leur retard apparent en tout point de vue ? Il s'agit pour nous de passer en revue les différentes approches relatives à la question de l'amélioration des infrastructures socio-collectives dans les zones rurales au sud du sahara. Se percevant à travers routes, centres de santé, centres culturels, écoles, ... ces infrastructures finissent par se dégager comme les coefficients d'évaluation du niveau de développement d'une localité. C'est pourquoi il est quasi impossible de départir l'analyse de la question d'aménagement et celle du développement. Ainsi, la question qui sous-tend le paragraphe qui va suivre devrait être : quels sont les contours du développement des zones rurales enclavées en Afrique subsaharienne ? Mais avant, qu'est-ce que le développement ?

Les infrastructures socio-collectives avions-nous dit, sont le coefficient d'évaluation du niveau de développement d'une localité. Cependant, il convient d'y intégrer le niveau de vie qui s'exprime à travers les indices de croissance économique. Toutefois, la préférence va de plus en plus à la considération des effets produits directement sur la vie des populations par la croissance de ces indices. Ainsi, alors que le PIB est la somme des valeurs ajoutées (valeur de la production moins la consommation intermédiaire à l'intérieur d'un pays) en une année, le PNB fait davantage référence à la nationalité des agents économiques et s'obtient en ajoutant au PIB les revenus du capital et du travail reçus du reste du monde et en soustrayant ceux versés au reste du monde. Tous ces indices s'expriment en proportion par habitant vivant sur un territoire en dollar US. Dans le cas du Togo par exemple, le PIB/hab. était de 380 $/hab. en 2005. Mais à la suite de Atangana N. (1978), nous pouvons nous interroger sur le crédit à accorder à tous ces indicateurs « qui servent à mesurer nos progrès par rapport aux sociétés avancées, tel que le PIB qui n'ont de signification réelle et ne sauraient être la motivation de nos efforts, même s'ils demeurent par ailleurs des commodités de calcul à usage international » page 99. D'ailleurs, les pays « qui ont gagné des sommes fabuleuses en vendant du pétrole se retrouvent classés parmi les pays les plus riches du monde, sans que cela ne corresponde à une croissance réelle de l'ensemble de l'économie et encore moins à leur développement », page 99. La relativité de ces indices surtout dans leur capacité à traduire la vérité sur les populations étant entendu que les richesses à l'intérieur des pays sont souvent inégalement reparties et ne se traduisent pas toujours sur la vie des hommes, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a récemment crée d'autres indices. Il s'agit de l'indice du développement humain (IDH) et celui de la pauvreté humaine (IPH). Ces derniers prennent en compte les réalités économiques, sociales et culturelles afin de mieux cerner la notion de sous-développement. L'IDH par exemple est conçu à partir de trois éléments qui sont l'espérance de vie, le niveau d'instruction (évalué par le pourcentage des adultes et le nombre moyen d'années d'études) et le revenu par habitant. Il s'exprime à partir d'une échelle fermée qui va de 0 à 10. Le Togo comme la plupart des pays en Afrique subsaharienne avait en 2005 un IDH de 0,512. Quant à l'IPH, il est construit à base du pourcentage d'individus risquant de mourir avant 40 ans, le pourcentage d'adultes analphabètes et le pourcentage d'individus n'ayant pas accès aux services procurés par l'économie (soins de santé, eau potable, ...).

Autant dire au regard de ce qui précède, que le développement est perçu beaucoup plus comme l'amélioration des conditions de vie des populations que comme l'augmentation des indices économiques. Adaptée au monde rural, que revêt la notion de développement ou mieux encore celle de sous-développement ? Dans le monde rural d'Afrique subsaharienne en particulier, il prend la forme de la satisfaction des besoins vitaux comme se nourrir, se soigner, s'éduquer, s'habiller,... Il est vrai que la satisfaction de tous ces besoins exprimés passe nécessairement par la capacité des ruraux à créer des richesses. Le travail agricole qui est l'activité principale du monde rural peut-il permettre de réunir les moyens en vue de la satisfaction de ces besoins ? Selon un rapport du PNUD (1990), « les populations pauvres ne forment pas un ensemble homogène, (...) plus d'un milliard d'individus vivent dans la pauvreté absolue dans le Tiers-monde. L'Afrique compte 24% des déshérités du monde en développement et c'est sur ce continent que la pauvreté progresse le plus rapidement, le nombre absolu de pauvres ayant augmenté de deux tiers entre 1970 et 1985. (...) ...les trois quarts des pauvres dans le monde en développement vivent dans les zones rurales même si la pauvreté tend de plus en plus à s'urbaniser (7% de progression par an à partir des bidonvilles). Enfin, les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant la pauvreté ». Qu'est-ce qui explique que la pauvreté soit plus perceptible dans le monde rural en dépit du fait que nombre de gouvernants en ont fait la « priorité des priorités économiques » en déclenchant depuis des décennies la révolution verte ?

Alors que certains lient le développement ou mieux le sous-développement des contrées rurales africaines à « un déficit d'association des paysans » bénéficiaires des nombreux projets de développement à leur conception et réduisant ces derniers à de simples exécutants, d'autres par contre font un lien entre la prospérité de ces zones et leur niveau d'équipement en infrastructures de tout genre. Cependant il ne faut pas ignorer les tenants d'une espèce de déterminisme qui expliquerait le retard de l'Afrique et surtout celle au sud du Sahara. C'est donc le climat tropical qui expliquerait le retard des pays africains. Mais à ces derniers, Gourou P. (1982) répond : « Toutes les races armées de techniques convenables sont capables de vivre sous tous les climats. (...) Encore faut-il que les tropicaux ne soient pas victimes de maladies mal soignées et d'une alimentation déficiente. Il serait désastreux que les habitants du monde tropical, qui sont presque tous pauvres et mal nourris, se laissent persuader que leur climat détermine une activité physique et intellectuelle réduite et par conséquent leur pauvreté. Une telle vue est inexacte, et démoralisante ; l'acceptation par les tropicaux de cette contre-vérité les conduirait à la résignation et leur ôterait la force nécessaire au relèvement de leur condition. » C'est d'ailleurs ce qui explique la profusion d'autres analyses sur les raisons de la stagnation dont fait preuve l'Afrique noire en dépit des efforts consacrés à son développement. Qu'est-ce qui explique alors les échecs des projets de développement rural en Afrique ?

Diverses thèses s'opposent pour expliquer ce que tous néanmoins conviennent de désigner à la suite de Fottornio E. dans un article paru dans le Monde, le 31 janvier 1968 par un « monde où la modernité voisine avec le dénuement et dont l'économie en voie de libéralisation recèle le pire et flirte avec le meilleur ». Autant certains évoquent des facteurs exogènes, d'autres s'en tiennent aux facteurs endogènes à l'Afrique.

Dans une interview accordée au journal Le Monde du 31 janvier 1968, Senghor L. S. alors Président de la République du Sénégal citait l'inégal échange comme facteur de sous-développement. « La détérioration des termes de l'échange ne cesse de s'aggraver, car les marchandises importées des pays développés voient leurs prix montés d'années en années alors que les produits exportés des pays sous-développés voient leurs prix baisser. (...) Les nations riches se sont engagées les unes vis-à-vis des autres dans une compétition visant à élever à tout prix le niveau de vie de leurs habitants et cela au détriment des pays pauvres s'il le faut... », disait-il. On comprend donc pourquoi jusqu'à ce jour, derrière le discours officiel qui fait état de l'assistance des uns aux autres, la réalité semble être exactement le contraire. D'ailleurs comment expliquer que les multiples projets dits de développement n'aboutissent que dans de rares cas ?

Ela J-M. (1982) évoque les nombreux échecs des projets de développement qui laissent la place à l'éclosion de relations conflictuelles entre dirigeants et paysans. Il met l'accent sur les sommes faramineuses investies pour développer l'Afrique mais qui finissent par n'avoir que des conséquences néfastes perçues à travers l'éclatement des groupes sociaux, les conflits d'intérêts, ... puisque des populations vivant sur un même territoire sont appelés à défendre des intérêts de natures diverses. Harrisson P. (1991) abonde dans cette même logique en relevant au terme d'une étude effectuée dans six pays africains que les rares projets de développement qui ont réussi sont ceux dans lesquels les populations ont été associées depuis leur conception. Il évoque entre autres « le miracle du maïs zimbabwéen » qui est le fait de ce qu'il appelle « les structures endogènes de développement ». S'il est unanimement reconnu que l'association des bénéficiaires des projets est un atout pour leur réussite et par ricochet au développement du monde rural, il se dégage la préoccupation de savoir exactement le rôle de ce que l'on a appelé depuis quelques décennies « l'aide public au développement » et qui paraît être la contribution des puissances occidentales au développement de l'Afrique.

Selon une étude parue en 2005 dans le compte de la Banque Française de Développement, toute l'aide publique apportée aux pays de la zone franc n'a pas crée autant de richesses dans ces pays que les revenus privés directement investis la plupart du temps par les ressortissants de ces pays en France4(*). La raison évoquée pour justifier cet état de fait est essentiellement l'inadéquation entre les prestations proposées et les problèmes réels des populations. Merlin P. (1991) en parle quand il souscrit à la thèse selon laquelle une aide pour être bénéfique ne doit venir qu'en réponse à un désir manifeste par le bénéficiaire. Ela J-M. (1990) insiste davantage sur ce concept et va jusqu'à parler de « la riposte paysanne à la crise ». Dans son livre, il montre comment des populations ou mieux encore des dirigeants, gourmands de « l'aide internationale » font l'effort d'adapter celle-ci à leurs localités. Cette dimension relève le problème de la compatibilité physique entre les projets de développement et les milieux où ils s'exercent. C'est dans ce sens que Bal P. et al. (1997) dénoncent le « copier coller » dont font l'objet certains projets de développement au Viêt-Nam. Ils évoquent entre autres des projets destinés à des zones de plaines qui finissent par être exécutés dans les montagnes. Toutefois, certains auteurs lient de façon explicite l'échec des projets de développement en Afrique subsaharienne à la prédisposition des paysans à prendre en charge les projets qui leur sont destinés. Ainsi, Belloncle G. (1985) évoque l'alphabétisation des masses paysannes comme un frein au développement du monde rural. La répercussion de la faiblesse du taux d'alphabétisation chez les ruraux dit-il, se retrouve à travers une incapacité à définir des approches susceptibles de leur permettre de maîtriser le coût de leurs activités pour définir en fin de campagne les prix de vente, un manque d'hygiène qui est souvent source de maladies aménuisant l'offre de la main d'oeuvre.

Somme toute, il est essentiel de retenir que développer un milieu en général et plus est un milieu rural est loin d'être une partie de plaisir. Il faut avant tout mettre en place certaines conditions dont la « mise à niveau des populations qui y vivent », s'assurer de l'adéquation entre le projet et les aspects physique et humain de la localité, associer enfin les bénéficiaires dès la conception du projet.

Contrairement à cette dernière thèse qui veut que le paysan d'Afrique au sud du Sahara soit instruit pour mieux gérer ses exploitations, il faut dire que toute société même traditionnelle aux dires de certains essaie par les moyens aussi rudimentaires soient-ils de subvenir à ses besoins (Abotchi T. 1997) et même de s'adapter aux conditions qui s'imposent à elle (Boserup E. 1970). De fait, les données dans lesquelles s'expriment ces besoins variant, on se rend compte que de nos jours, il est devenu impérieux que la gestion des exploitations agricoles réponde à certains critères pour être viables. Au-delà, la mutation des sociétés africaines au sud du Sahara et surtout celles de l'économie du monde impose que les produits agricoles ne servent plus que pour la subsistance de la famille. C'est d'ailleurs ce qui crée le besoin de commercialisation puisque « la nécessité d'une production massive est souvent couplée de celle des marchés d'écoulement qui permettent aux paysans de vendre leurs récoltes et d'acheter en retour des biens manufacturés » Noyouléwa T. A. (2005), page 3. L'absence, l'insuffisance ou la praticabilité saisonnière des voies de communication dans une région, bref l'enclavement d'une région soulève la question de son développement. Cette assertion s'applique-t-elle au monde rural en Afrique subsaharienne ?

2.4. LA QUESTION DE L'ENCLAVEMENT EN ZONES RURALES ET SES IMPLICATIONS SOCIOCULTURELLES ET ECONOMIQUES.

L'isolement constitue une fermeture spatiale pour la zone isolée. Il en découle très souvent des situations aussi diverses que complexes ayant fait l'objet de réflexions de ceux qui s'intéressent à l'aménagement puis au développement du monde rural.

A une échelle planétaire, Merlin P. (1991) trouve que le retard de l'Afrique sur les autres continents dans tous les domaines peut s'expliquer par l'isolement qui caractérise ses villes et ses campagnes et que si l'activité agricole est appelée à s'y développer, autant commencer à doter les bassins de production des infrastructures qui puissent permettre aux paysans d'écouler leurs produits sur des marchés pour leur faire gagner des devises. Toujours dans cette optique, l'on est amené à penser que les échanges de marchandises et d'hommes ont joué un rôle planétaire dans le développement des techniques de production (Gourou P. 1982). On comprend donc avec cet auteur comment les découvertes en Europe puis celles en Asie profitaient réciproquement à tous et pourquoi l'Afrique séparée de ces deux entités précédentes par des côtes difficiles d'accès et le Sahara est restée en marge de tout développement. Par-dessus ces considérations économiques, la prise en compte des retombées culturelles s'avère nécessaire. Dumont R. (1991) pense que la mise en place des infrastructures de communication et de télécommunication en Afrique serait un grand facteur de démocratisation des masses. Il va plus loin en affirmant que si l'on veut qu'en Afrique les paysans produisent plus, il faut d'abord leur donner les moyens de transporter leurs produits sur des marchées de commercialisation en vue de les écouler.

D'ailleurs, Yatombo T. (1994) montre qu'il ne fallait pas plus qu'un processus de désenclavement pour apporter un dynamisme dans la vie socio-économique du sous-secteur de Lotogou dans la région des Savanes au Togo. Ainsi, dit-il, dans la localité désenclavée en 1988, le nombre de planteurs de coton a connu une croissance de 88%, le taux de scolarisation est passé de 26 à 53% entre 1984 et 1991 et le nombre de marchés d'animation hebdomadaire de 03 à 07. Dans cette même veine, Segbor P. (1990) affirme que les localités situées à proximité d'un réseau routier fonctionnel important sont appelées à connaître une animation socio-économique plus intense que celles qui en sont éloignées. L'animation socioculturelle dont parle Segbor P. trouve ses manifestions diversifiées selon que l'on soit en milieu urbain ou rural. Ainsi, en milieu rural, comme l'a montré Noyouléwa T. A. (2005), les répercussions de l'enclavement sont de divers ordres. Il s'agit de celles économiques (raréfaction de la main d'oeuvre et son coût excessif, difficulté d'approvisionnement en intrants, difficultés d'accessibilité des marchés, ....), celles sociales (manque d'unités de santé, absence ou insuffisance de centres de scolarisation, ...) et de celles culturelles (absence de réseaux téléphonique, de radio ou de TV,...). Ce dynamisme économique est aussi perçu à Kpawa où d'après Tchendié P (1998), les superficies moyennes exploitées par paysan sont passées de 2,25 à 3,75 ha grâce au seul fait de la construction sur la rivière Anié entre ladite localité et Blitta. Dans le même temps, la production cotonnière a augmenté de 88% entre 1990 et 1999.

Autant dire que selon que l'on soit en milieu urbain ou rural, les transports passent pour l'élément premier dans l'ouverture des localités (Aloko-N'guessan J. 2000). Leur absence contraint le terroir, la ville ou la région à vivre dans une autarcie productrice d'effets pervers allant d'une stagnation économique (Doumengue F. 1986) à la disparition de toute une civilisation (Brisseau-Loazia J. 1975) en passant par une exclusion des réseaux fonctionnels (Debrie J. et Steck B. 2001). Dans l'un ou l'autre des cas, l'enclavement est loin de n'être qu'une absence d'infrastructures comme l'ont montré Cotten A. et Marguerat Y. (1975) dans leur analyse des réseaux de transport africains à partir des cas de la Côte d'ivoire et du Cameroun où ces deux auteurs lient les performances économiques et surtout agricoles (développement de la culture du café cacao) à une forte extension du réseau de routes pouvant ouvrir des régions entières à « la vue du monde extérieur ». Lombard J. (2005) va plus loin en faisant usage d'un vocabulaire plus actualisé. En effet, pour étudier l'état des infrastructures de communication au Sénégal et afin d'apprécier leur incidence sur la vie des peuples et celle de l'économie du pays, cet auteur parle de « continuités, discontinuité et ruptures territoriales au Sénégal ».

Par ailleurs, à l'échelle de nos petits Etats indépendants depuis peu, l'enclavement au-delà d'annihiler tout effort de développement (Noyouléwa T.A. 2005, Raballand G.et Zins M-J. 2003, Yesguer H. s.d., Yatombo T. 1994) est très souvent source d'un phénomène nouveau surtout quand il se manifeste dans des contrées frontalières : il s'agit de l'extraversion de l'économie. Damdjigle Y. (2000) montre dans son mémoire de maîtrise comment la quasi inexistence d'un parc auto due à une absence cruciale des routes à Yembour à l'ouest de la région des Savanes au Togo a entraîné le développement d'une économie tournée vers le Ghana. La manifestation de cet état de fait est que dans la plupart des cas, les échanges se font en défaveur de la localité la moins équipée (Noyouléwa 2005, Kéla A. 2001, Nyawuamé A. 1993, Kofigan E. 2004). En tout état de cause, lorsque des populations rurales sont confrontées à un problème de fermeture spatiale, il en découle presque normalement une exclusion qui, même si elle est morale les détermine à adopter des mesures adaptatives. La première de ces mesures avions-nous dit est l'extraversion de l'économie. Il faut donc ajouter qu'à l'enclavement viennent s'ajouter, pour favoriser ces échanges transfrontaliers divers facteurs. Il s'agit entre autres du fait que les frontières nationales ne sont que l'héritage du passé colonial et ne répondent à aucun critère ethnique. On remarque très souvent que des peuples entiers ou même des familles sont divisés par ces frontières comme présenté par Kéla A. (1993) dans le cas Madjatom dans la préfecture de la Binah au Togo. A cela peut s'ajouter dans une mesure l'unité monétaire (l'usage de la même monnaie de part et d'autre de la frontière) comme évoqué par Noyouléwa T. A. (2005) ou Abotchi T. (1991) dans le cas de la frontière orientale du Togo. Cependant la cohésion sociale entre les populations leur permet dans certains cas comme sur la frontière occidentale togolaise de surpasser les difficultés qui peuvent émaner de l'utilisation de devises différentes (Damdjigle Y. 2000 ; Zinsou K. épse Klassou, 1994).

Au total, toutes les études que nous avons passé en revue montrent bien comment le fait de l'isolement peut entraîner des conséquences autant sur la vie des hommes, leurs activités et par ricochet sur le développement de leur localité. Cela nous amène à dire qu'au terme de la présentation de la bibliographie signalétique qui a constitué le soubassement de l'analyse des écrits que nous avons pu consulter, l'étude de la question du développement des zones rurales enclavées en Afrique subsaharienne est loin de n'être qu'une préoccupation personnelle et nouvelle tant les écrits s'y rapportant sont anciens et pertinents même s'ils sont peu nombreux. S'il est quasi certain que tout le monde aborde cette problématique avec une aisance qui fait dire que le développement et ses nombreuses facettes reste la première préoccupation des africanistes (Merlin P. 1991), rien n'est moins évident que de tout ce qui précède il faut pouvoir faire une synthèse dans le cadre de notre étude. En quoi consiste la synthèse et l'analyse thématique de la bibliographie se rapportant à l'appréciation de l'enclavement et des problèmes de développement dans les zones rurales d'Afrique subsaharienne ?

DEUXIEME PARTIE

SYNTHESE ET ANALYSE THEMATIQUE DE LA BIBLIOGRAPHIE

CHAPITRE 3

ENCLAVEMENT ET DEVELOPPEMENT DANS LES ZONES RURALES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE : Analyse thématique de la bibliographie analytique.

L'approche bibliographique de la question de l'enclavement des contrées rurales en Afrique subsaharienne nous a permis de présenter les ouvrages recensés et qui de part leur titre, leur résumé ou leur contenu peuvent nous éclairer dans la perspective de nos travaux de thèse. Ainsi, après avoir présenté ces ouvrages, exposé les thématiques développées dans ceux que nous avons pu consulter dans ce que nous avons appelé respectivement bibliographie signalétique puis analytique, il devient nécessaire à partir des grands axes thématiques de mener une analyse synthétique à travers laquelle nous essayerons de montrer en quoi ces écrits que nous avons présentés puis consultés participent au recadrage de notre travail actuel et futur dans le débat scientifique se rapportant à notre problématique centrale.

Au terme de nos lectures, que suscitent en nous les nombreux thèmes abordés par les uns et les autres ? Quels apports et quelles insuffisances se dégagent du contenu de ces lectures ? Bref, quelle place occupe notre étude dans le contexte de la recherche actuelle en géographie ?

L'éclaircissement des différents concepts se rapportant à l'approche conceptuelle et méthodologique, la considération des principaux traits physiques et humains de l'Est des Plateaux au Togo, un pays en Afrique au sud du Sahara, la présentation de l'enclavement et des contours du développement dans les zones rurales qui en souffrent permettront de mettre en exergue tous les éléments relatifs aux réponses susceptibles d'élucider les interrogations sus énoncées.

3.1. QUELLE APPROCHE CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE POUR ETUDIER L'INSERTION SPATIALE DES SOCIETES DANS LES RESEAUX ?

En dépit de l'existence d'une méthodologie commune aux sciences humaines et plus encore aux études géographiques, il important dans le cadre de l'approche que nous menons sur les zones rurales enclavées de clarifier certains concepts afin de mieux en préciser le sens d'une part et de définir une méthodologie en parfaite adéquation avec la problématique centrale du sujet.

3.1.1. Zone rurale, zone enclavée : de la difficulté d'une définition conceptuelle à la nécessite d'une délimitation spatiale et/ou statistique

Défini comme une représentation mentale et abstraite, le concept est une construction intellectuelle des phénomènes et pratiques au monde. En tant que tel, un concept n'a de sens que dans une problématique précise et en géographie plus particulièrement, toute une série de concepts aident à comprendre le monde et ses pratiques car « la géographie, science sociale, fait appel à un certain nombre de notions et de concepts. Les concepts ne se présentent jamais isolés mais toujours en interaction, prenant leur sens au sein d'un réseau conceptuel dont la hiérarchie change avec la situation, l'éclairage que l'on veut donner, le problème que l'on pose, les hypothèses que l'on émet en un kaléidoscope recréé à chaque situation analysée » (Cours de DEA 2006, page 11). On voit donc l'importance de notre démarche qui consiste à préciser le sens que prendront certains fondamentaux dans le cadre de notre étude. Et, puisque l'étude spatiale plus que toute autre étude en géographie nécessite de nouveaux outils conceptuels, autant dire que des précisions terminologiques s'imposent. Il est essentiellement question eu égard à la polysémie et à la transdisciplinarité des concepts d'en préciser les limites statistiques ou/et spatiale en vue de distinguer d'une part le rural de l'urbain et d'une autre l'enclavé du désenclavé. Toutefois, plusieurs autres concepts entrent dans l'analyse de notre sujet.

Quels sont les concepts fondamentaux entrant dans le cadre de notre étude ? Que revêtent-ils par rapport à tout ce que nos devanciers en ont dit ? Voilà présentées les interrogations qui vont constituer le ciment du chapitre présent.

1- Aménager 

Ce verbe se dit de la préparation, de l'organisation en vue d'une utilisation précise. Dans le sens d'aménagement, le concept est entré dans le vocabulaire géographique comme action concertée en vue d'une amélioration certaine. Il a pris ses premiers sens en Europe au XVIIIième siècle et s'est vu rapidement se rapporter au territoire. On a donc pu parler de l'aménagement du territoire. C'est dans ce sens précis que nous faisons usage de ce concept pour traduire toute action pouvant consister à construire des infrastructures de communication et de télécommunication en vue du désenclavement d'un territoire. Qu'est-ce que le territoire alors ?

2- Territoire

Employé pour désigner une étendue de terre sur lequel vit un peuple, le territoire est de plus en plus perçu au-delà de son caractère physique et n'est plus qu'une simple étendue de terre. Le territoire va donc au-delà et prend la connotation de l'expression vivante des rapports entre l'homme et son milieu ou mieux du « lien intime qu'une société au fil du temps et par une somme ininterrompue d'efforts d'aménagement, noue avec l'espace » (d'Angio R. 2000). Cette conception se perçoit très bien à travers les formules « tout groupe social aménage un espace x qui devient un territoire y » ou encore « le territoire c'est le passé des hommes enraciné dans un espace ».

Dans le cadre de notre étude, par-dessus les usages que nous ferons du concept d'aménagement du territoire, nous concevrons notre analyse de l'enclavement à partir d'une considération de type nouveau. Il s'agira d'user du territoire comme un fait socioculturel qui s'intègre à la compétition économique imposée par la mondialisation et qui contraint tout espace à s'insérer dans un ensemble de relations que nous appellerons réseaux. Il en découle une orientation qui rendra le concept fécond, opératoire et qui en fera le pivot autour duquel graviterons d'autres comme le milieu géographique, le paysage ou la région, qui ne sont que des déclinaisons scalaires à travers le temps et l'échelle et auxquels s'ajouteront ceux de réseaux, théories, modèles, ... Aménager le territoire, qu'est-ce que c'est ?

3- Aménagement du territoire 

Il désigne l'ensemble des actions concertées entreprises en vue de créer un certain équilibre dans l'organisation d'un territoire. En tant que science, l'aménagement du territoire a vu le jour en Grande Bretagne à la suite de la Révolution Industrielle du XVIIIième siècle en vue de rendre les villes qui s'emplissaient de nouveaux travailleurs des industries plus belles. En France, il se formalise seulement dans les années 50 avec comme déclic l'ouvrage de Gravier J. en 1947, Paris et le désert français. Ici, il vise essentiellement à partir de l'autorité de l'aménagement du territoire rattaché au Ministère de la reconstruction d'après-guerre à réduire les disparités entre Paris la capitale nationale et les autres capitales provinciales comme Lyon, Marseille, Bordeaux ...

En Afrique, l'aménagement du territoire a vu le jour avec le fait colonial et la volonté des colons d'équiper les colonies en infrastructures devant faciliter leur pacification et leur exploitation économique. Il s'est traduit dans les faits par la construction des routes, des chemins de fer et autres infrastructures pouvant faciliter les échanges entre les régions, les pays, ... (Aloko-N'guessan J. 2001).

A l'échelle nationale, le Togo à l'instar des autres pays africains comme la Côte d'Ivoire, s'est doté de politiques d'aménagement du territoire après son indépendance. On a ainsi assisté à la répartition du territoire national en cinq régions dites économiques, à l'exécution de quelques projets à consonance régionale (FED Kara) ou nationale (construction de routes), quelques fois internationale (construction de la route Lagos, Cotonou, Lomé, Accra et du barrage de Nangbéto) dans le compte des regroupements sous-régionaux. Dans le cadre de notre étude, l'aménagement du territoire ressemble davantage au processus de désenclavement au profit des zones rurales. A quoi s'identifie le rural ?

4- Rural 

Larousse avance que rural est employé pour désigner tout ce qui est relatif à la campagne et aux personnes qui y vivent. Néanmoins, dans le contexte géographique, le sens de ce concept devient de plus en plus ambigu avec les nombreuses mutations qui s'opèrent dans le monde urbain par rapport auquel l'on perçoit la campagne. C'est d'ailleurs ce qui nous fait dire à la suite Balima M. (2005) que « de plus en plus de citadins acquièrent un patrimoine foncier rural. Les villes se ruralisent tandis que les campagnes s'urbanisent » page 21.

En fait, les définitions usuelles du rural le considèrent comme un espace s'opposant simplement à la ville. Il serait alors aux dires de Schmitt B. et Goffette-Nagot F. (2000) « un espace à faible densité de population, aux sols peu artificialisés, à forte prégnance agricole ». Autant dire que tous les auteurs s'accordent à dire que le rural se différencie nettement de ce qui est urbain par des faits autant physiques qu'humains (Balima M. 2005, Kola E. 2005, Cabanne 1984 et Grawitz M. 1999). Il se dégage alors une unanimité qui évoque entre autres éléments de réflexion des mécanismes économique, culturel et social qui rendent compte de la dispersion dans l'espace des populations et des activités. Le rural va servir tout au long de cette étude à désigner les milieux différents des villes et où s'exercent en priorité des activités agricoles. C'est d'ailleurs dans cet espace que s'inscrit notre environnement d'étude qui en dernière analyse présente un type de paysage agraire. Qu'est-ce alors un paysage agraire ?

5- Paysage agraire 

Le paysage est lui-même défini comme le « lieu soumis au regard » par Veyret Y. et Lemaître A. (1996). De cette définition, se dégage une ambiguïté qui prend forme lorsque nous considérons qu'il y aurait autant de paysages que de regards puisqu'il ne devient qu'une perception, mieux une représentation intellectuelle personnelle. C'est probablement pour lever cette ambiguïté que l'on s'attelle à lui rattacher des épithètes. On comprend alors la profusion des termes comme paysage naturel, proto-paysage, paysage agraire, ... Ce dernier concept qui nous intéresse dans le cadre de notre étude apparaît beaucoup plus comme une création humaine. Il s'agit en fait du résultat concret de l'aménagement de l'espace rural par un peuple. Son analyse prend en compte le type d'habitat, le parcellaire, le réseau de chemins, les sols, bref, c'est la photographie d'un terroir à une époque précise. Il est souvent tributaire des structures agraires qui y règnent.

6- Structures agraires 

Ce concept désigne la traduction dans les faits de la relation homme/milieu. Les structures agraires prennent en compte les formes de propriété du sol, les formes de son utilisation et les modes de faire-valoir qui y règnent. Comme tel, elles sont le cadre juridique, l'ossature dans laquelle évolue l'agriculture sur le terroir considéré. Elles sont généralement stables et durent longtemps à moins qu'une réforme ne vienne les rompre. Kola E. (2005) citant Lebeau R. (1979) avance : « Ces trois éléments : Système de culture, morphologie agraire, habitat sont l'expression d'une forme d'occupation du sol, d'une certaine conception de l'organisation du finage. On donne le nom de structure agraire à cet ensemble de liens durables et profonds entre l'homme et son sol, que traduisent les paysages ruraux. C'est une notion plus large que celles purement descriptives de l'habitat rural et de morphologie agraire, une notion essentiellement explicative. Les facteurs agronomiques, démographiques, sociologiques et économiques conduisent à la mise en place des structures agraires » page 49. Il ne subsiste alors aucun doute sur le sens que nous leur donnons dans nos travaux même si elles peuvent aussi dépendre du niveau d'enclavement de la zone d'étude. Qu'est-ce que l'enclavement ?

7- Enclavement 

Dérivé du concept enclave, ce mot trouve son origine dans le terme latin clavis qui exprime l'idée initiale de clef, de verrou ou de barre de fermeture (Debrié J et Steck B. 2001). Le dictionnaire Larousse avance qu'on dit  d'un espace « enfermé, enclos dans un autre », qu'il est enclavé. Stricto sensu donc, seuls le Vatican, Lesotho et San Marin sont des pays enclavés au monde. Mais, dans la langue française contemporaine, on utilise le mot enclavé dans son sens anglo-saxon : landlocked, « enfermé à l'intérieur des terres » puisque d'après le dictionnaire Harcourt (www.harcourt.com), en géographie, il se défini comme : « a land region, having no access to a waterway ». C'est donc l'absence d'accès à la mer qui devient le critère de définition de l'enclavement. C'est du moins le sens que lui donnent les spécialistes de la géopolitique. Pour les économistes et les géographes, « l'isolement dans lequel se trouve une aire plus ou moins étendue, souvent dans un milieu montagneux ou désertique, du fait de l'absence, ou de l'insuffisance des moyens de communication » est l'enclavement, Raballand G. et Zins M. (2003). Mais l'impact économique de l'enclavement étant difficile à évaluer, certains géographes et économistes préfèrent parler des enclavements en y ajoutant une nouvelle notion, celle de centralité. Il existerait donc d'après ces derniers, des zones enclavées mais centrales c'est-à-dire incontournables dans les échanges dans une région comme la Suisse en Europe, alors que d'autres sont considérées comme défavorisées.

Néanmoins, en dépit de la relativité du concept, nous retiendrons dans le cadre de cette étude que l'enclavement est l'absence, l'insuffisance ou la praticabilité saisonnière des voies de communication et des réseaux de télécommunication dans une zone donnée. Par ailleurs, dans la considération du problème à une échelle régionale ou nationale, nous nous rendrons compte que l'enclavement rend compte des certaines inégalités dans la mise en place des infrastructures de développement. Que sous-tendent ces disparités régionales ?

8- Disparités régionales

Concept se rattachant à l'aménagement du territoire, les inégalités régionales sont des inégalités qui se manifestent dans des échelles d'espace équivalentes par l'appréciation des valeurs économiques et sociales. Elles expriment le déséquilibre dans la répartition au sein de l'espace national des richesses, des équipements, des revenus, des niveaux socioculturels, .... (Aloko-N'guessan J. Cours DEA 2006). A travers ces mots, une nette appréciation peut se faire entre les comportements démographiques, le niveau de scolarisation, le revenu de certains milieux. De nos jours, il est plus facile de comparer les disparités de développement entre les régions côtières plus riches et celles intérieures enclavées et plus pauvres. Néanmoins, dans le cadre de notre étude, les espaces sous-régionaux ouest et est de la région des Plateaux vont constitués des éléments d'analyse et de comparaison surtout lorsqu'il s'agira de la mise en place des infrastructures de communication et de télécommunication. C'est sans doute dans l'optique de résoudre ce problème d'injustice que peut s'amorcer tout processus de désenclavement.

9- Désenclavement

C'est une conception de l'organisation de l'espace qui se rapporte à tous les efforts susceptibles d'apporter plus d'ouverture sur une zone donnée antérieurement enclavée. Il suppose la transparence spatiale qui caractérise les espaces ouverts, bien organisés en lignes et noeuds hiérarchisés et fonctionnels traversés par des flux. Lorsque l'on considère que les régions enclavées sont en marge de tout réseau fonctionnel, on comprend bien que le désenclavement vient régler le problème de leur accessibilité et du coup constitue un moteur pour leur développement. Voilà à quoi sera lié l'emploi de ce vocable tout au long de cette étude qui dans la plupart des cas se fera en lien étroit avec le binôme enclavement/désenclavement.

La mise à nu d'un certain nombre de concepts relatifs à notre sujet nous autorise dès à présent à analyser les différentes approches méthodologiques des uns et des autres sur la question de l'enclavement et le développement des zones rurales.

3.1.2. Etude de l'insertion spatiale des sociétés rurales : quelle méthodologie ?

La clarification du concept de l'enclavement auquel nous sommes parvenus nous impose une approche méthodologique singulière dans le cadre de son analyse. Perçu comme l'absence, l'insuffisance ou la praticabilité saisonnière des voies de communication et des réseaux de télécommunication dans une zone, l'enclavement s'inscrit sans nul doute dans l'analyse des unités spatiales localisées. Il est question de voir ou mieux d'étudier comment les sociétés en général et celles rurales en particulier s'inscrivent de part leur localisation dans les réseaux fonctionnels qui les entourent. Comment se prendre pour mener à bien une telle étude ? Peut-on étudier l'enclavement d'une zone donnée sans faire appel aux données inhérentes à toutes les localités avoisinantes ? Bref, quelle approche méthodologique pour l'étude de l'enclavement des zones rurales en Afrique subsaharienne, au Togo et dans l'est de la région des Plateaux ?

En octobre 2005 à Saint-Diè-des-Vosges lors du 16ième Festival International de Géographie sur le thème « Le monde en réseaux, lieux visibles, liens invisibles », Debrie J. articulait dans sa communication intitulée L'enclavement : expression géographique de la discontinuité dans les réseaux que « les différentes acceptions de la notion de l'enclavement dans des champs disciplinaires variés permettent de définir l'enclavement comme une situation de fermeture spatiale : l'enclave est un espace partiellement isolé ou fermé dans un système de relations. De la continuité ou au contraire de la discontitnuité dans les réseaux animant cette relation dépend alors ce gradient (entre ouverture et fermeture) qui définit les situations spatiales. » La suite de cette communication nous révèle ce que nous pouvons résumé en disant que les pratiques d'acteurs privés et publics dans les systèmes de transport produisent le couple continuité/discontinuité dans les réseaux qui éloignent ou au contraire rapprochent les ensembles spatiaux. Nous sommes alors emmené à dire avec le même auteur que « l'enclavement n'est alors pas un état mais bien un processus de fermeture relative se développant dans un système de distances (économique, politique et technique) ».

La polysémie du concept est évidente certes, mais il n'est pas moins vrai que le dénominateur commun de tous ses usages est « l'idée d'un isolement spatial à dépasser ou l'identification de fermeture qui doive être annulée » (Debrie J. 2005). En tout état de cause, la relecture du concept à travers les champs disciplinaires aussi variés (Géographie, géopolitique, économie, médecine ...) telle que nous l'avions présentée dans la définition des concepts ne compromet en rien son sens. En fait, l'idée initiale de fermeture, de blocage ou d'isolat (Steck B.2000 puis Debrie J. et Steck B. 2001) demeure. C'est ce qui permet d'ailleurs « de faire de l'enclavement une question de recherche : quelle clé pour ouvrir quelle porte ? ». De tout ce qui précède, l'analyse de la question de l'enclavement doit nécessairement prendre en compte la dimension des réseaux. Dans la même perspective, Doumenge F. (1986) fait état d'une approche par les typologies. Il propose une stratification des zones prises en compte par l'étude afin de parvenir à analyser « les enclavements » selon que le niveau d'enclavement. Pour Lombard J. (2005), l'étude de l'enclavement passe plutôt par une globalisation qui fait de la zone d'investigation un point appartenant à un ensemble qu'il appelle réseaux. Ainsi, dit-il, ce point peut s'inscrire dans la continuité ou la discontinuité du réseau. Nul doute donc que notre approche ne peut se départir de l'une ou l'autre que ces auteurs proposent. Comment s'y prendre donc ?

L'analyse géographique de l'enclavement passerait par une approche par les réseaux. Que sont-ils ? Les réseaux sont à priori l'ensemble constitué par les relations qui unissent dans un espace donné les différents noeuds, les noeuds eux-mêmes et les flux qui les traversent. Pour Debrie J. (2005), ce sont « les outils des projets de continuité de relation et d'ouverture. » En effet, quand on se rapporte à l'étude de l'enclavement, il est facile d'appréhender ladite relation comme traduisant le fait que l'isolement d'un territoire soit une affaire de réseaux ou mieux du manque de réseaux apte à favoriser la continuité.

De plus, étant donné que les fermetures de ces territoires sont souvent partielles et mesurées puisqu'elles s'expriment par rapport à des espaces ouverts, l'étude de l'enclavement peut s'orienter vers une recherche de quantification des données enclavantes ou désenclavantes. Ces gradients qui traduisent les facteurs perturbateurs de l'insertion spatiale d'une société géographiquement localisée dans un réseau dynamique sont dans le cas de l'enclavement des éléments perturbateurs de la mobilité entre deux entités spatiales. Saisir donc l'enclave en géographie revient à « identifier les discontinuités qui perturbent les projets et les volontés d'ouverture. Le travail de l'enclavement s'inscrit ainsi dans le champ de recherche général sur le couple continuité/discontinuité. » (Debrie J. 2005).

L'illustration de ce positionnement théorique sur l'étude de l'enclavement peut se faire à partir d'un simple réseau des transports avec la recherche des distances enclavantes ou désenclavantes. Cependant, quoique pouvant faire penser à une réduction de l'enclavement à une simple question d'absence d'infrastructures de transport facilement résumable sous la forme « je suis enclavé parce que je n'ai pas de route », cet exemple trouve son plein épanouissement dans la considération des effets pervers crées par le phénomène. La figure n°1 ci-dessous présente une grille d'analyse du phénomène de l'enclavement perçu selon la dichotomie enclavement/désenclavement à travers un espace rural.

Figure 1 : Grille d'appréciation de la dichotomie enclavement/désenclavement à travers un espace rural

DISTANCES à franchir

Réseaux de transport

Accessibilité au bassin de production : coût, temps, sécurité, capacité, fréquence

ESPACE ACCESSIBLE

ESPACE INACCESSIBLE

DISCONTINUITE

CONTRAINTES : Naturelles - Humaines

Désenclavement

Enclavement

CONTINUITE

Source : NOYOULEWA T. A. (2006) sur la base des données recueillies dans Debrie J. (2005) : L'enclavement : expression géographique de la discontinuité dans les réseaux.

La figure n°1 montre toute une gravitation de points dans un espace. La gravitation s'opère autour d'un bassin de production assimilable à une zone rurale. Logiquement, tout lieu géographique est accessible à partir de tous les autres (Yesguer H. s.d.). Dans ces conditions, plusieurs lieux forment un réseau de transport qui se matérialise à partir des distances à franchir d'un noeud à un autre. Ces distances qui évoquent l'accessibilité de la zone de production nécessitent des investissements en temps, en coût et exigent une certaine capacité, une sécurité donnée. Tous ces paramètres définissent les multiples contraintes qui peuvent exister entre deux localités et dont les diverses expressions se résument aux faits naturels ou/et humains. Si les faits naturels sont des éléments auxquels l'intelligence humaine est confrontée afin de pouvoir rendre l'endroit accessible (montagnes, cours d'eau,...), ceux humains prennent davantage le sens de l'incapacité des hommes à surmonter les premiers. Dans un cas comme dans l'autre, lorsque la société parvient à créer une transparence spatiale pouvant rendre accessible le lieu, on peut parler de désenclavement avec un rapport intrinsèque avec la continuité du réseau. Au contraire quand les contraintes subsistent, on parle de la discontinuité et l'expression concrète dans l'espace est l'enclavement. Somme toute, tous les éléments participent à rendre intelligible l'espace et à mettre en relation un espace de production (zone rurale) et d'autres espaces notamment des zones de consommation.

Au total, aucune étude portant sur l'enclavement ne peut non seulement ignorer l'aspect désenclavement mais aussi se faire sans considérer que la zone en question est un élément d'un tout qui n'est autre que le réseau dans lequel elle devrait s'inscrire si les techniques de ses populations leur permettaient de surmonter les contraintes qui perturbent leur mobilité (Lombard J. 2005). C'est d'ailleurs pourquoi l'étude présente sous la forme d'une typologie, référence faite à Doumenge F. (1986), les éléments qui apparaissent dans l'analyse du binôme enclavement/désenclavement. Dans tous les cas, nous usons des typologies existant sur le plan national pour distinguer lorsque nous considérons les marchés ceux de 1ière ou de 3ième catégorie de même que ceux locaux étant entendu que les marchés de 2ième catégorie n'existent pas dans la zone. Quant aux routes, nous en distinguons quatre types notamment les routes nationales, celles secondaires à praticabilité permanente, les routes secondaires à praticabilité saisonnière puis les pistes rurales. Des deux éléments, se dégage une nouvelle approche : celle du niveau d'enclavement des différentes localités. En nous inspirant de Doumengue F. (1986) et des données de l'Atlas du développement régional du Togo (page 135), nous opposons les zones d'enclavement supportable situées à moins de dix kilomètres de part et d'autre des routes secondaires aux zones d'enclavement excessif situées à dix kilomètres et plus desdites routes. Comme consignées sur la figure n°2, ces données nous permettent de juger dores et déjà de la viabilité économique des localités considérées.

Figure n°2 : Identification du niveau d'enclavement des localités de la zones d'étude.3.2. ET SI LES ZONES RURALES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE ETAIENT INAPTES

AU DEVELOPPEMENT ?

Les nombreuses acceptions de la notion de développement tel que présentées par les uns et les autres de même que leurs implications relèvent une multitude de causes. En effet, les facteurs qui maintiennent les contrées rurales d'Afrique au sud du Sahara de part leurs origines sont tellement divers que l'on est porté à dire que la recherche de solution aux uns n'implique pas nécessairement un décollage économique qui lui-même quand il est évident n'est pas synonyme de développement. On comprend donc pourquoi certains5(*) pensent qu'aucun développement n'est possible sur le continent noir, du moins dans son état actuel. C'est d'ailleurs ce qui justifie notre interrogation sur l'aptitude des zones rurales africaines à se développer. Et si les zones rurales d'Afrique subsahariennes étaient inaptes au développement se veut un panorama des nombreuses contraintes à l'épanouissement de ces zones en rapport étroit avec le contenu des ouvrages que nous avons présenté plus haut dans ce que nous avions intitulé : Le monde rural : sa définition, son aménagement et les contours de son développement.

3.2.1. De l'inaptitude naturelle à celle humaine

Certains africanistes qui se sont intéressés à la question du développement ont très tôt lié les conditions physiques du milieu au retard pris par le continent. Cette approche a du coup créé un courant déterministe qui veut que les africains se persuadent de leur niveau inférieur de réflexion par rapport aux autres populations du monde parce que vivant sous les tropiques. A ceux-ci s'ajoutent les tenants d'un cercle vicieux qui part de la pauvreté pour parvenir au faible revenu en considérant tour à tour la faible épargne qui entraîne un faible investissement lui-même à l'origine du peu de capital et de la faiblesse de productivité qui renvoie encore à la pauvreté. Et comme si toutes ces considérations ne suffisaient pas, Belloncle G. (1985) ajoute que l'analphabétisme massif des populations est quoi qu'on en dise « un frein au développement rural ». Somme toute, il semble acquis que l'aridité du climat et une scolarisation très faible participent au sous-développement du continent africain, surtout de ses zones rurales. N'est-ce pas ce qui justifie le déferlement sur ce continent de nombreux projets de développement ?

3.2.2. Les projets : voie royale vers le développement ?

Le déferlement sur le continent de ce que l'on a appelé à juste titre « projets de développement » depuis les indépendances n'a pas changé grand-chose à la situation agonisante des populations africaines. Les causes de ces « échecs ou mieux de ces semi réussites » (Belloncle G. 1979) sont multiples. Elles rappellent non seulement la faible scolarisation dont nous faisions part plus haut mais aussi les rapports entre assistants/assistés. Soldés dans la plupart des cas par un assujettissement des derniers, ces rapports ont fini par créer des conflits au sein des groupes sociaux (Harrisson P. 1991, Ela J-M. 1982, Merlin P. 1991). Au-delà de ces rapports conflictuels, il faut relever que dans certains cas, c'est l'inadéquation entre les projets et les besoins exprimés par les masses paysannes qui est source d'échec. D'ailleurs il ne pouvait en être autrement quand on sait que leur avis n'est presque jamais pris en compte au moment de la confection des projets, les réduisant du coup à de vulgaires exécutants (Ela J-M 1990). Cependant la réflexion mérite d'être poussée plus loin pour mieux apprécier les autres raisons du retard de croissance dans les zones rurales africaines au sud du Sahara.

3.2.3. La mondialisation de l'économie : quel avenir pour l'agriculture africaine ?

Bien que le concept soit récent, il est avéré que la mondialisation criée de nos jours sur tous les toits est plus vieille que son institutionnalisation. En effet, vu de l'Afrique au sud du Sahara, il faut dire qu'à partir du moment où les paysans africains se voient imposer certaines cultures pour approvisionner les marchés occidentaux, ils s'inscrivent sans nul doute dans un processus de mondialisation. Toutefois, il faut préciser que depuis l'époque coloniale, les données ont pris une toute nouvelle ampleur pour s'empirer aux indépendances. D'ailleurs la division internationale du travail est loin d'être un fait passé puisque, à la division internationale du travail classique qui faisait des pays pauvres des fournisseurs de matières premières, s'ajoute de nos jours une nouvelle spécialisation qui veut que ceux-ci se consacrent à la production de grande série (habillement, jouets, ...) alors que les pays riches s'occupent de la fabrication de pointe (aéronautique, télécommunication, ...).

Par ailleurs, l'agriculture qui reste au sud le seul pourvoyeur d'emplois est confrontée aux vicissitudes des circuits internationaux. A la détérioration des termes de l'échange (Senghor L.S. 1968) viennent s'ajouter les subventions faramineuses des pays riches à leurs agriculteurs qui pourtant sont appelés à compétir sur les mêmes marchés avec ceux des pays pauvres. Dans ces conditions, on se demande si ce n'est vraiment pas la fin du paysan africain ?

Il ressort de cet argumentaire que « notre époque est celle de la désillusion. Le développement est en panne, sa théorie en crise, son idéologie l'objet de doute. » (Amin S. 1979 cité par Kola E. 2005, page 52). Néanmoins, ce schéma général qui présente une Afrique en panne fait par endroit une place à des pratiques qui au moins permettent aux populations de vivre et de créer des richesses (Abotchi T. 1997). C'est dans cette quête quotidienne de leurs moyens de subsistance d'une part et de ceux de leur développement d'autre part que se créent des besoins qui s'expriment en terme de structures pouvant faciliter leur mobilité. Par rapport aux zones rurales qui passent pour être des bassins de production, le problème prend la forme de leur accessibilité afin de permettre leur approvisionnement en intrants et l'évacuation des produits agricoles vers des pôles de commercialisation qui sont des bassins de consommation. En Afrique subsaharienne, au Togo et dans l'est de la région des Plateaux, la question de l'absence, de l'insuffisance ou de la praticabilité saisonnière des infrastructures de communication de même que la faible insertion des moyens de télécommunication (TV, Radio, Téléphone, ...) dans le réseau national nous a amené à y parler d'enclavement. Comment se manifeste-t-il et quelles en sont ses implications au triple plan économique, social et culturel ?

3.3. L'ENCLAVEMENT : SES CAUSES ET SES MANIFESTIONS

L'analyse des retombées de l'enclavement sur le développement des zones rurales en Afrique subsaharienne mérite d'être précédée de la présentation des éléments susceptibles d'entraîner la fermeture spatiale.

3.3.1. Des causes diverses aux effets communs : entre éléments de la nature et possibilités humaines à aménager un territoire

Les éléments qui apparaissent comme des causes de l'isolement se présentent sous la double facette physique et structurelle.

3.3.1.1. Des faits naturels perturbateurs de la mobilité des hommes

Les éléments de la nature sont ceux qui ne sont pas nés du travail humain et qui passent pour être le fruit d'un pur hasard, mieux, d'un déterminisme. Leur appréciation à ce stade de notre étude va se faire à travers une simple énumération. En effet, l'idée d'isolat ou de fermeture qui évoque celle de l'enclavement ou de discontinuité dans les réseaux (Debrie J. 2005) doit se coupler avec la nécessité de présenter les faits qui, dans l'espace engendre cette rupture. On en distingue plusieurs.

Le relief paraît comme un élément important dans la rupture qui peut survenir dans la considération du dynamisme d'un réseau. En fait, une montagne qui se dresse entre deux localités voisines constitue un élément limitant ou même empêchant toute circulation. Noyouléwa T.A. (2005) évoque dans son mémoire de maîtrise le cas du Mont Togo qui, à la latitude de Koutougou dans l'est de la préfecture de la Kéran en plein pays Temberma constitue un obstacle pour les habitants de cette localité dans leur volonté de rallier Kantè qui n'est autre que le chef lieu de leur préfecture. Par ailleurs, l'hydrographie peut constituer une rupture de la continuité d'un réseau. Il s'agit essentiellement des cours d'eau qui se dressent entre des localités différentes. Quand le cas se présente comme entre Koutougou et Tchitchira (Noyouléwa T.A. 2005), ou entre Pagouda et Madjatom (Kela A.2001) ou entre Elavagnon et Nyamassila les populations sont contraintes de rester isolées durant toute la saison des pluies. Seulement, dans l'un ou l'autre des cas, le niveau technique de la société peut permettre de surmonter ces difficultés. A défaut, il s'agit de causes structurelles de l'enclavement. Comment s'apprécient-elles ?

3.3.1.2. L'enclavement comme une simple question d'aménagement

Lorsque des facteurs dits humains sont évoqués pour expliquer l'enclavement, il est difficile de les percevoir stricto sensu. Il faut alors faire comprendre qu'il s'agit en réalité d'évoquer les possibilités d'aménagement qui auraient pu permettre de surmonter les contraintes naturelles en vue de favoriser le développement des échanges. Dans ce contexte, l'inscription de l'absence d'infrastructures de communication (routes, rails, ponts, ...) et de celles de télécommunications (réseau de téléphonie rurale, Internet, ...) au nombre des causes de l'isolement paraît plus que justifiée. En effet, les flux de marchandises, d'hommes, d'informations ou d'argent ne peuvent exister que s'il existe dans le paysage des circuits d'échanges qui ne peuvent être que ces infrastructures. Que ce soit à Lotogou (Yatombo T. 1994), à Koutougou (Noyouléwa T. A. 2005) ou à Yembour (Damdjigle A. 2000), les infrastructures se sont présentées comme éléments incontournables dans la pratique de l'activité agricole. Mais il serait inadmissible d'en finir sans évoquer l'existence des frontières nationales comme un facteur géopolitique de l'enclavement lorsque nous nous inscrivons dans la logique selon laquelle tout territoire est appelé à évoluer à partir des liaisons qui existent entre ses localités. A quoi s'en tenir au terme de cette présentation des causes de l'isolement ou mieux encore de la fermeture spatiale des zones rurales ?

Les causes naturelles desquelles découlent celles humaines ou structurelles de même que leur expression concrète que traduisent les acceptions comme enclavement, isolement, fermeture spatiale, discontinuité dans les réseaux, sont dans la vie quotidienne des populations d'Afrique subsaharienne l'objet d'une lutte perpétuelle en vue de prendre part à la vie du monde. Il s'agit pour elles de mettre progressivement fin à une situation qui n'a que trop duré. Debrie J. et Steck B. (2001) ne disaient-il pas : « L'Afrique est enclavée par rapport à un système mondial qui la place en situation de dépendance et aux marges des grands réseaux de circulation internationale. (...) Le cadre initial d'un enclavement relatif est posé comme produit d'un système mondial évolutif qui commande la circulation, considérée ici comme instrument de lutte contre la distance et comme condition de l'interaction spatiale. » page 31. Comment se manifeste l'enclavement dans les zones rurales ?

3.3.2. Les manifestations de l'enclavement dans les zones rurales

La mise à l'écart d'une zone de production agricole par rapport aux circuits de commercialisation et d'échanges nationaux est un fait aux effets multiples. Ils se perçoivent sous le triple plan culturel, social et économique.

3.3.2.1. Les contraintes d'ordre culturel

L'expression vivante des contraintes culturelles de l'enclavement des zones rurales est la mentalité des populations qui y vivent. Elles développent très souvent des complexes d'infériorité par rapport aux autres peuples avoisinants (Noyouléwa T.A. 2005). Cela s'affirme davantage dans le cas des contrées frontalières qui finissent par se considérer comme les oubliés de la nation. Noyouléwa T.A. (2005) rapporte que le chef canton de Koutougou affirme que jamais le Préfet ne vient suivre les fêtes traditionnelles chez lui puisqu'il se contente de se rendre dans les cantons facilement accessibles. D'autre part, le fait que dans ces zones parviennent difficilement les ondes radio, télé et le réseau de téléphonie, il est quasi impossible aux populations de s'informer sur l'actualité de leur pays. Mais les manifestations de l'enclavement ne sont pas que culturelles.

3.3.2.2. Les indices sociaux victimes de l'isolement

Yatombo T. (1994) évoque que dans les années 1980, le sous-secteur de Lotogou connaissait un taux de scolarisation de 20% contre une moyenne régionale de plus de 30% alors que la couverture sanitaire était presque inexistante du fait du délabrement de la seule case de santé qui y existait. Quant au taux de déperdition scolaire, il avoisinait 40%. A Koutougou, la situation telle que décrite par Noyouléwa T.A. (2005) n'est guère meilleure. Alors que les moyennes régionale et préfectorale pour 1000 hab. de lits d'hôpital sont de 21 et 12, elle est de 0,9 dans cette localité enclavée. Quant aux infirmiers, on en dénombre 5 pour 1000 hab. dans la région de la Kara contre respectivement 3,8 et 0,9 pour la préfecture de la Kéran et pour le canton de Koutougou6(*). Les chiffres ci-dessus sont évocateurs et permettent facilement d'appréhender les contraintes sociales de l'enclavement. Qu'en est-il de celles économiques ?

3.3.2.3. Zones rurales enclavées, économie stagnante

Lorsque l'on analyse l'enclavement des contrées rurales sous l'angle des indicateurs économiques, il est facile de remarquer que tous s'imbriquent pour laisser apparaître une économie qui stagne et qui n'a point d'ouverture. Mais il faut bien pouvoir mener la réflexion sur la base des grands traits que sont le coût de la main d'oeuvre et des outils de travail, le prix de revient des intrants puis le prix de vente des produits agricoles.

Quoiqu'il en soit, il est évident qu'une zone difficilement accessible reçoit moins d'ouvriers agricoles et est confrontée à une hausse du prix des opérations culturales. En ce qui concerne les outils de travail et les intrants, la similitude s'exprime en terme de prix de revient eu égard à la distance désenclavante à parcourir pour entrer en possession de ceux-ci. Cette problématique entre dans la perception du prix de vente des produits agricoles aussi. En effet, lorsque le paysan est amené à parcourir une très grande distance pour écouler ses produits, il doit faire face à des investissements supplémentaires que le marché n'entre pas souvent dans la définition du prix aux producteurs. Au total, il ressort que quand le paysan d'une localité enclavée doit investir plus en terme d'acquisition d'intrants, d'achat du matériel agricole, de salaire agricole et du transport des produits, ce dernier est à priori défavorisé par rapport à celui qui évolue dans une économie plus ouverte. Autant dire à l'instar de Merlin P. (1991) qu'aucun développement rural n'est possible si le paysan ne peut facilement accéder au marché afin de vendre et acheter des biens manufacturés. C'est sans aucun doute cette logique qui impose un désenclavement des zones rurales enclavées en vue de leur ouverture sur des réseaux commerciaux fonctionnels.

3.3.3. Le désenclavement comme soubassement du développement des zones rurales enclavées d'Afrique subsaharienne

Le désenclavement est un processus d'aménagement du territoire par lequel on rend une localité accessible. Prenant très souvent l'image de la construction des infrastructures de communication, il peut aussi devenir la mise en place des structures en vue de permettre l'intégration de la localité au sein d'un réseau de télécommunication. Dans un cas comme dans l'autre, le désenclavement règle le problème de la discontinuité dans les réseaux, permet l'insertion spatiale des sociétés et crée un dynamisme socio-économique nouveau. Dans le cas de Lotogou par exemple, Yatombo T. (1994) remarque que la construction d'une route en 1988 a fait passé le nombre de planteurs de 911 à 1713 soit une progression de 88%, le taux de scolarisation de 26% en 1984 à 54% en 1991. Par ailleurs, à Kpawa dans la préfecture de Blitta, la construction d'un pont sur la rivière Anié ainsi que des ouvrages de franchissement pour relier cette localité à Blitta-gare a été le moteur du dynamisme agricole. Tchendié P. (1998) rapporte que les superficies moyennes y sont passées de 2,25 ha à 3,75 ha soit une augmentation de 88% avec l'introduction de la culture du coton. Ce dynamisme selon Segbor P. (1990) est tributaire du fait que les localités selon qu'elles soient loin ou proche d'un réseau de transport, leur permet d'échanger ou non les innovations avec les autres localités. C'est aussi de ce dynamisme que parlait Lombard J. (1999) lorsqu'il évoquait dans le cas du Sénégal que « les transports (dé)lient villes et campagnes », page 141.

En somme, le désenclavement est le seul moyen par lequel une société rurale précédemment enclavée retrouve sa place dans le concert des réseaux fonctionnels qui l'avoisinent. A partir de ce moment, nul doute que cette insertion dans les circuits économiques servirait à enclencher un processus de développement basé sur la rentabilisation des activités agricoles. D'ailleurs, comment pouvait-il en être autrement quand on sait que toute production massive pour être rentable doit pouvoir se vendre pour créer des revenus financiers ? Au terme de cette approche bibliographique sur l'analyse de la question de développement des zones rurales enclavées en Afrique subsaharienne, une conclusion ne s'impose-t-elle pas ?

A travers la thématique ci-dessus présentée, c'est avant tout le problème du développement de l'Afrique qui est soulevé. Il ressort des écrits que nous avons consultés que l'Afrique est en marge du bien-être. Ses populations vivent la précarité sous toutes ses formes et le milieu rural, celui là qui se distingue de la ville (Balima M. 2005, Kola E. 2005, Grawitz M. 1999) est par excellence le réceptacle des pires formes de pauvreté en Afrique (PNUD, 1990). Et pourtant, ce ne sont pas les tentatives qui ont manqué en vue d'améliorer le vécu quotidien des femmes et des hommes sur ce continent. C'est que l'on a appelé les projets de développement. Malheureusement, il ne s'agissait que de remèdes très souvent en parfaite inadéquation avec le mal africain. Aussi, les bénéficiaires de ces projets dits de développement ont-ils été convertis en de simples exécutants n'ayant à terme de mots que pour exprimer leur nostalgie quand les « assisteurs » disparaissent sans avoir rien changé (Harrisson P., 1991). Les causes de ces « échecs ou mieux de ces semi réussites » pour emprunter à Belloncle G. (1985) ses termes sont nombreuses et s'expriment en terme de non association des bénéficiaires à la conception des projets, l'inadéquation physique et humaine entre projets et lieux d'exécution, détournement de buts, ... Cependant, en plus de ces causes d'ordre extérieur, il faut ajouter celles inhérentes à la prédisposition des masses paysannes à intégrer les innovations à leur vie. C'est ce qu'ont pu, entre autres auteurs, montré Ela J-M. (1990) et Merlin P. (1991) lorsqu'ils évoquent tour à tour le faible taux de scolarisation puis la mauvaise organisation sociale en milieu rural comme frein au développement. Toutefois, avions-nous dit, certaines sociétés, mues d'une certaine technicité peuvent s'affranchir des difficultés pour créer une croissance pouvant leur permettre de faire face à des mutations internes. C'est ce que Boserup E. (1970) appelle adaptation des peuples à la pression démographique par l'intensification agricole. Dans cette veine, Abotchi T. (1997) montre qu'en dépit de la faiblesse des usages des nouvelles techniques agricoles, les populations comme celles de l'est de la région des Plateaux produisent suffisamment au point de déverser des suppléments sur les marchés. C'est justement ce besoin d'accessibilité des points de vente qui ne sont rien d'autre que des pôles de consommation pourvoyeurs de revenus pour le monde rural qui se révèle être un facteur limitant dans la volonté des paysans d'Afrique au sud du Sahara et précisément du Plateaux Est togolais à réaliser le développement de leur milieu. Lorsque les infrastructures requises pour permettre cette mobilité manquent, sont insuffisantes ou sont d'une praticabilité sélective selon les saisons, les produits agricoles ne peuvent pas être facilement commercialisés. Il en résulte une stagnation de l'économie dans ces contrées qui elle-même agit sur les données culturelles, sociales et morales. Cette situation que nous avons désignée par le vocable d'enclavement a donc des effets multiplicateurs qu'il convient d'apprécier en rapport étroit avec ses causes. Celles-ci en effet s'expriment en terme d'obstacles naturels et de possibilités humaines à surmonter ces contraintes. Voilà pourquoi nous sommes amené à penser que l'enclavement dont font l'objet les contrées rurales du Plateaux Est peut avoir des répercussions de différentes sortes sur le développement de cette zone. Quel schéma présentent les zones rurales de l'est de la région des Plateaux au Togo ?

TROISIEME PARTIE

PROJET DE THESE

Thème : Enclavement et développement dans les zones rurales du PlateAu est au Togo

La recension des ouvrages se rapportant à notre thème de recherche nous a permis d'établir la base bibliographique autour de laquelle se feront nos travaux. Ainsi, l'analyse d'un certain nombre de ces écrits nous a permis de recadrer notre travail dans le débat scientifique actuel. Il s'est essentiellement agit de dégager les grandes thématiques pouvant entrer dans l'analyse d'un problème lié au monde rural, de présenter les points de vue des uns et des autres sur ces thématiques avant de montrer en quoi ceux-ci se rapportaient à notre travail. En outre, ces lectures nous ont permis de préciser certaines terminologies afin d'offrir un carde conceptuel pouvant nous permettre de mener à bien nos recherches. La partie qui a suivie précise fort bien l'approche méthodologique propre à l'étude d'un phénomène d'insertion spatiale des sociétés : l'enclavement. C'est après que nous avons montré comment à partir de nos lectures, nous pouvons dès à présent appréhender le développement des zones rurales enclavées d'Afrique subsaharienne en dégageant d'une part les causes de cette fermeture spatiale qui crée des discontinuités dans les réseaux et d'une autre ses manifestations sur la vie et les activités des populations surtout celles qui vivent dans les préfectures de l'Ogou et de l'Est-Mono. A travers faits naturels et faiblesse des techniques humaines pour surmonter les obstacles, nous avons pu apprécier comment une localité peut se trouver exclue de tout système économique créant du coup une stagnation sur les points social, culturel, sociologique, économique, ... Cette analyse globale du phénomène d'enclavement en Afrique au sud du Sahara à partir des écrits antérieurs nous amène à présent à circonscrire cette étude à un espace géographique plus restreint afin de mieux en préciser la méthodologie, les hypothèses et objectifs dans le cadre de la thèse : c'est le projet de thèse.

Il sera question dans cette partie de présenter le cadre physique et humain de l'environnement étudié, de définir le cadre conceptuel et méthodologique qui servira à la collecte des données. C'est au terme de ces étapes que nous présenterons un plan provisoire de ce qui sera notre travail de thèse. Dans tous les cas, toutes les approches auront sans doute un goût d'inachevé d'autant plus que pendant les travaux de thèse ; travaux qui s'effectuerons selon un chronogramme qui accompagnera ce travail, des améliorations et réadaptations seront apportées.

CHAPITRE 4

QUELLE ZONE D'ETUDE POUR QUELLE APPROCHE METHODOLOGIQUE ?

Ce chapitre nous permettra de rester dans l'idée principale de ce travail en présentant de façon brève l'espace géographique dans lequel se déroule notre étude puis la méthodologie qui sera utilisée. Mais avant toute chose, une présentation générale de la région des Plateaux ne sera pas superflue.

La région des Plateaux, couvre 30% de la superficie du Togo (16 800 km²)7(*) et abrite environ 25% de sa population soit 1 222 000 hab. en 20068(*). Elle est située entre le 6°5 et 8° latitude Nord puis le 0°15 et 1°37 de longitude Est et comprise entre les régions Maritime au sud, la Centrale au nord, les républiques du Bénin à l'est et du Ghana à l'ouest. Sur le plan orographique, elle présente deux ensembles diamétralement opposés. Il s'agit d'une part des hautes terres de l'ouest (la chaîne de l'Atakora) qui culminent à 700 mètres environ regroupant les pays Akébou, Akposso, Dayes et Kloto et apparaît comme la zone où prédomine la culture de plantation. D'autre part, à l'est, se trouve la pénéplaine précambrienne ou bénino-togolaise plus vaste (12 600 km² soit les ¾ de la superficie régionale9(*)) avec des altitudes moyennes de 200 mètres. C'est dans cette dernière unité morphologique que s'insère l'environnement d'étude. Quelles en sont les principales limites ?

L'environnement qui sous-tend l'étude que nous menons sur l'enclavement des zones rurales dans l'est de la région des Plateaux au Togo couvre les préfectures de l'Est-Mono et de l'Ogou comme l'indique la figure n°3 présentant la zone d'étude. Cet espace estimé à 6 300 km² et présente de grands traits caractéristiques qu'il convient de présenter pour mieux apprécier sa place dans le contexte national.

Figure n° 3 : Situation géographique de la zone d'étude

4.1. LE PLATEAU EST, UNE ZONE DE PLAINE À FAIBLE DENSITE HUMAINE

La présentation de l'environnement étudié prendra en compte deux grands traits. D'une part les données physiques qui évalueront tour à tour le relief, le climat, les sols, la végétation et l'hydrographie puis d'autre part les grands traits humains. Cette analyse nous permettra de montrer comment conditions physiques et humaines s'imbriquent pour faire de l'Est du Plateaux une zone de forte production agricole. Qu'en est-il exactement des conditions physiques ?

4.1.1. Des conditions physiques aptes à l'activité agricole

L'est de la région des Plateaux au Togo présente des caractéristiques naturelles qui se prêtent fort bien à la pratique de l'activité agricole. Quelles sont-elles ?

4.1.1.1. Une plaine bien drainée

La zone d'étude fait partir d'un grand ensemble morphologique qui va de Lomé jusqu'aux confins de Tchaoudjo. Il s'agit de la plaine du Mono qui s'étend du 6°30' et le 9°20' de latitude Nord. Elle se subdivise en deux sous unités de part et d'autre d'une ligne imaginaire Kouvé-Tsévié. Au sud de cette ligne se dresse une formation sédimentaire recouverte de sable argileux (terres de barre) avec par endroit des zones marécageuses comme dans la basse vallée du Zio, du Haho et du Mono. Elle se termine par un escarpement de 20 m qui domine la zone côtière. A l'opposé, au nord de ladite ligne se dresse une véritable plaine légèrement inclinée du nord vers le sud dont les altitudes sont comprises entre 500 et 300 m. Cette plaine a un réseau hydrographique plus ou moins dense qui s'articule autour du Mono. En effet, outre les bassins du Zio et du Haho plus au sud, celui du Mono avec ses affluents Ogou, Anié, Amou, Amoutchou et Chra permet un véritable drainage de la plaine depuis ses limites septentrionales jusqu'aux abords de la mer. D'ailleurs, le niveau d'écoulement des eaux n'est pas étranger au climat qui y règne.

4.1.1.2. Un climat propice à l'agriculture

Située en dessous du parallèle 8° Nord, l'est de la région des Plateaux jouit d'un climat tropical de type guinéen. Quatre saisons dont deux pluvieuses et deux sèches se succèdent au cours de l'année et permet du coup aux paysans de pratiquer deux types de cultures. La grande saison des pluies va de mars à juillet alors que la petite saison sèche de septembre à octobre laissant ainsi la saison sèche ne durer que 4 à 5 mois dans l'année. Dans l'ensemble, la moyenne de température se situe autour de 27° alors que l'amplitude thermique est de 5°. Le mois le plus chaud est celui de février avec une température de 35°C tandis que le plus froid est août avec 25°. Toutes ces conditions climatiques favorisent le développement de l'activité agricole. Cependant, la qualité des sols de l'est de la région des Plateaux demeure un facteur non négligeable.

4.1.1.3. Des sols à forte potentialité agricole

A en croire Oladokoun W. (1995), « à l'est, la pénéplaine constitue une zone propice aux cultures vivrières, à l'arachide, au coton et à la canne à sucre ; elle se prête tout aussi à la foresterie portant sur les tecks, puis l'élevage des petits ruminants » page 53. Cette aptitude à l'agriculture évoquée dans cette phrase s'ajoute à disponibilité des terres dans la région et sont autant d'atouts qui font du Plateaux Est un des greniers du pays. Ce sont pour la plupart des sols ferralitiques dits terres de l'Est-Mono couvrant la zone qui va d'Isati au nord jusqu'à Nangbéto plus au sud en passant par Elavagnon, Anié, Akaba, ... Par ailleurs, on y trouve des incursions de vertisols tout autour du barrage de Nangbéto et des sols lessivés le long de la frontière béninoise entre Outivou et Afolé. En tout état de cause, les sols de la zone d'investigation apparaissent comme un atout pour le développement agricole au même titre qu'ils sous-tendent la végétation.

La végétation y étant en général une savane guinéenne avec des espèces comme l'acajou, le caïlcédrat, l'iroko le rônier et une profusion de forêt galerie le long du Mono et de ses principaux affluents, elle constitue un atout supplémentaire pour le travail de la terre. Qu'en est-il des conditions humaines ?

4.1.2. Une zone de peuplement récent et inachevé

L'appréciation des potentialités agricoles de l'environnement d'étude prend en compte outre les traits physiques, les conditions humaines. Celles-ci s'énoncent en terme de densité de population et son inégale répartition. Mais en prélude à ces précisions, il est de bon ton de revisiter l'histoire du peuplement de ce no man's land.

4.1.2.1. Un peuplement récent

4.1.2.2. Une zone de faible densité de population

4.2. APPROCHE CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE

4.2.1. Le cadre conceptuel : problématique, justification du sujet, hypothèses et objectifs

 

4.2.2. Approche méthodologique : population cible, choix des variables, collecte des données, traitement des données

Les variables sont des caractéristiques auxquelles on assigne des valeurs. Nous en avons adopté dans le cadre de notre étude deux types. D'une part les variables indépendantes. Ce sont : l'âge, le sexe, l'ethnie, le niveau d'instruction, la profession et l'état civil. La prise en compte de l'âge dans notre analyse se justifie par le seul fait que la pratique de l'activité agricole et de toute autre activité est liée à l'âge du concerné. Il sera aussi question de voir à travers l'âge des personnes interrogées leur façon de concevoir leur enclavement étant entendu que les besoins ne s'expriment pas toujours dans les mêmes termes selon qu'on soit vieux ou jeunes. Le sexe quant à lui est dans nos sociétés traditionnelles un facteur de différenciation important. Il nous a semblé utile de l'inscrire au nombre des variables indépendantes puisqu'il nous permettra de juger la division du travail dans les ménages. Par ailleurs, au-delà des ménages, les contraintes qu'impose le phénomène de l'enclavement sont diversement ressenties selon le sexe et les besoins exprimés d'autant plus que les deux sexes exercent des activités différentes. L'ethnie quant à elle est aussi une variable indépendante qui mérite une attention particulière afin de mieux apprécier les modes de gestion et d'exploitation des terres dans ce  melting pot  racial que constitue la zone d'investigation. Dans ce même ordre d'idée, considérant que la véritable appréciation des effets de l'enclavement se fait grâce à la mise à jour d'un compte d'exploitation qui prenne en compte les coûts de transports aussi bien des denrées que des intrants de même que le temps investi, le niveau d'instruction nous a paru fondamental dans la définition des variables indépendantes. C'est d'ailleurs elle qui sous-tend dans la plupart des cas la capacité du paysan à accepter ou à refuser les innovations allant dans le sens de l'amélioration de la productivité de ses parcelles. De plus, la profession exercée par une personne déterminera le questionnaire auquel il doit être soumis. Comment peut-on s'attendre à une même appréciation du phénomène de l'enclavement par un paysan, un chauffeur ou un commerçant ? Voilà autant d'éléments qui militent en faveur des choix que nous avons fait des variables indépendantes. Qu'en est-il des variables dépendantes ?

Les variables dépendantes sont celles dont l'option est liée avec d'autres. Elles méritent à leur évocation d'être expliquées par rapport aux autres pour être opératoires. Il s'agit entre autres des techniques culturales, des spéculations développées, des modes de transport et de l'état du ménage. Les techniques culturales définissent le niveau de rentabilité d'une exploitation par ménage et de celle-ci dépend le besoin de commercialisation. Il est alors certain que les ménages qui dégagent des excédents en denrées alimentaires sont celles qui ont le plus besoin d'accéder aux points de commercialisation. L'approche par le type de spéculation se justifie par le fait que les producteurs de vivriers qui doivent eux-mêmes assurer la commercialisation de leurs produits agricoles et leur approvisionnement en intrants ne sont pas confrontés aux mêmes difficultés que ceux qui produisent du coton et dont la Société Togolaise du Coton assure l'achat et le transport vers les usines d'égrenage. Quant aux modes de transport, leur disponibilité permanente ou saisonnière détermine les paysans à vendre leurs produits. Ainsi, quand les paysans s'aperçoivent qu'ils ne pourront pas avoir accès au marché à une époque de l'année, ils peuvent brader leurs récoltes au moment où ils ont plus de possibilités. En ce qui concerne l'état des ménages, c'est un indicateur important surtout que nous nous fixons pour finalité de montrer l'impact de la production agricole sur le niveau de vie des populations de même que l'effet qu'à l'isolement sur cette dernière. Ainsi, le nombre des membres d'une famille est déterminant dans les choix à opérer. Un chef de ménage qui doit scolariser un nombre élevé d'enfants est plus amené à vendre moins cher ses produits en saison des pluies sur les marchés locaux pour assurer la rentrée scolaire qu'à attendre la saison sèche pour vendre à des prix plus intéressants dans des marchés d'une échelle plus grande. Au total, toutes ces variables nous permettent de savoir à qui nous adresser avec quel type de questionnaire et dans quel but. En tout état de cause, la collecte des données reste notre dernier souci. Comment y parvenir ?

La collecte des données dans le cadre d'une recherche scientifique passe par plusieurs possibilités. C'est pourquoi nous avons souscrit à une approche selon deux axes principaux : la recherche sur la documentation préexistante et les données du terrain. La documentation préexistante est l'ensemble des sources de renseignement dont nous avons besoin pour mieux circonscrire notre sujet dans l'espace, dans le temps et dans le débat scientifique actuel. Outre les cartes, nous avons consulté de nombreux ouvrages traitant de l'aspect méthodologique d'un travail de recherche en géographie, des généralités sur le monde rural en Afrique subsaharienne, des approches conceptuelles de l'enclavement et des implications de ce phénomène sur la vie des hommes et leurs activités. Pour ce faire, nous avons parcouru plusieurs centres et bibliothèques :

· la Direction des Statistiques Agricoles, de l'informatique et de la Documentation (D.S.I.D.),

· le centre de documentation technique du Ministère du Plan,

· la Direction Générale des Statistiques et de la Comptabilité Nationale,

· la Direction Régionale de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche à Atakpamé,

· les bibliothèques universitaires notamment celle du département de Géographie, celle de la FLESH et la bibliothèque centrale,

· le Centre Culturel Français,

· le campus Numérique Francophone de Lomé où nous avons pu consulter de nombreux sites d'universités et de centres de recherches d'Afrique et d'ailleurs. Ce travail commencé dans le cadre de ce mémoire pour l'obtention du Diplôme d'Etude Approfondie notamment dans ces trois premiers chapitres se poursuivra plus intensément en vue de compléter les données relatives à la recherche bibliographique.

En ce qui concerne la collecte des données du terrain, elle va se faire de trois façons distinctes. D'abord, les entretiens avec des personnes ressources notamment les chefs de cantons et de villages, les responsables préfectoraux et régionaux des services intervenant dans l'agriculture, ... Ils se feront sur la base d'un guide d'entretien que nous aurons conçu pour la circonstance. Ensuite, l'enquête de terrain qui va consister à administrer des questionnaires à tous les acteurs des activités socio-économiques des zones identifiées sur la base de leurs données démographiques et économiques afin qu'elles soient aussi représentatives que possible. Il sera ainsi question de préparer et administrer un questionnaire aux agriculteurs, un autre aux commerçants, un troisième aux conducteurs. Le nombre et la répartition géographique de nos enquêtés seront affinés dès que nous auront achevé d'actualiser les données de population et recensé, selon la récurrence du phénomène, les villages qui constitueront notre échantillon. Enfin, nous userons de l'observation participante. Celle-ci consiste en des séjours fréquents sur le terrain afin de participer à certaines activités avec les acteurs en vue de mieux cerner les informations qu'ils nous donneront. Cette phase devra aussi nous permettre par la force du contact de lever les méfiances probables lors de l'enquête proprement dite. Somme toute, une approche de collecte de données n'excluant pas l'autre, il sera essentiellement question de rentabiliser au maximum chacune d'elle tout en faisant l'effort de limiter les effets de leurs inconvénients. A terme, les données recueillies devront faire l'objet d'un traitement.

L'analyse et le traitement des données que nous aurons recueillies sur le terrain se feront de façon mixte. En effet, certains questionnaires ayant trait à une production mentale de la part de l'enquêté seront dépouillés manuellement alors que ceux qui porterons sur des aspects plus quantifiables et qui nécessiteront des réponses sous la forme de modalités seront traités à l'aide du logiciel de statistique SPSS 10.0. Quant aux graphiques, ils seront conçus dans Microsoft Excel. Les cartes seront réalisées à partir de ArcView Gis 3.2a.

En somme la présentation ci-dessus du cadre conceptuel et méthodologique de notre travail ainsi que celle du contenu des ouvrages lus et ayant fait l'objet des premières parties de ce mémoire nous permettent d'ores et déjà d'annoncer une esquisse du plan de notre thèse. C'est donc le lieu de préciser qu'outre ce plan, l'approche méthodologique et surtout les techniques de collecte des données sont susceptibles d'être modifiées et adaptées aux réalités et difficultés que nous rencontrerons dans la poursuite des travaux en vue de la rédaction de la thèse. Quel est alors le plan provisoire de la thèse ?

4.3. PLAN PROVISOIRE DE LA THESE

INTRODUCTION GENERALE 

Cadre conceptuel : Problématique - Intérêt du sujet - Revue de la littérature - Objectifs - Hypothèses.

Cadre méthodologique : Population cible - Choix des variables - Méthodes de collecte des données - Traitement des données - Difficultés - Plan de la thèse.

Première Partie : LES CONDITIONS PHYSIQUES ET HUMAINES QUI SOUS-TENDENT L'ACTIVITE AGRICOLE

Chapitre 1 : Une plaine aux potentialités agricoles évidentes

1.1. Situation géographique

1.2. Géomorphologie et géologie

1.2.1. La pénéplaine bénino-togolaise

1.2.2. Le socle Dahoméyen

1.3. Un milieu naturel aux atouts multiples

1.3.1. Un climat propice à deux récoltes

1.3.2. Une plaine bien drainée

1.3.3. Des sols à fortes potentialités agricoles

1.3.4. Une végétation savanicole propice à la culture sur brûlis

Chapitre 2 : Une zone de peuplement récent, diversifié, inachevé et à faible densité

2.1. Une zone de peuplement récent

2.1.1. Historique du peuplement du Plateaux Est

2.1.2. L' « opération Est-Mono »

2.2. De la faiblesse de la densité humaine à l'inégale répartition des hommes

2.2.1. Des densités de population peu élevées

2.2.2. Entre absence de terre et zones vierges

2.3. La diversité de peuplement

2.3.1. Les ethnies de la pénéplaine bénino-togolaise

2.3.1.1. Les Ana et les Kpessi

2.3.1.2. Les Kabyè et Losso

2.3.1.3. Les autres peuples

2.3.2. Un peuplement aux allures inachevées

2.4. Les mouvements de la population

2.4.1. Une population extrêmement jeune

2.4.2. Un flux migratoire important vers le Nigeria

Deuxième Partie : MUTATIONS SPATIALES, AGRAIRES ET SOCIALES

Chapitre 3 : La dynamique foncière et agricole

3.1. Les pratiques foncières

3.1.1.À qui appartient la terre ?

3.1.1.1. Le contrat de bail des années 50

3.1.1.2. Une autochtonie relative

3.1.2. Le paysannat sans terres

3.1.2.1. Du congestionnement de certaines contrées

3.1.2.2. La redistribution récente à Kpessi

3.2. La dynamique agricole

3.2.1. Le système de production

3.2.1.1. Une organisation du travail agricole toujours traditionnelle

3.2.1.2. Des outils de travail encore rudimentaires

3.2.1.3. La population active agricole

3.2.2. Le parcellaire et la taille des exploitations agricoles

3.2.2.1. Une cohabitation de parcelles de forme régulière et irrégulière

3.2.2.2. Des exploitations de tailles variées

3.2.2.2.1. Les grandes exploitations

3.2.2.2.2. Les petites exploitations

3.2.3. Les itinéraires agricoles

3.2.3.1. Les activités d'avant-saison

3.2.3.2. Les activités culturales proprement dites

3.3. Les mutations dans le monde rural

3.3.1. Un paysage agraire à l'image du mélange entre plusieurs peuples

3.3.1.1. La dynamique de l'habitat rural

3.3.1.1.1. La maison traditionnelle en voie de disparition

3.3.1.1.2. L'inévitable ascension d'un habitat moderne

3.3.1.2. L'habitat rural entre dispersion et regroupement

3.3.1.2.1. Le groupement de l'habitat chez les « autochtones »

3.3.1.2.2. La dispersion de l'habitat chez les colons

3.3.2. Les innovations techniques et structurelles

3.3.2.1. La culture attelée en perte de vitesse

3.3.2.2. Une difficile mécanisation

3.3.2.3. L'incontournable valorisation de l'utilisation des intrants

3.3.3. Un monde rural désormais tourné vers les cultures vivrières

Chapitre 4 : Une panoplie de cultures sur des sols tout aussi variés

4.1. La cotonculture en pleine déprise

4.1.1. L'ère de gloire du coton

4.1.2. Les déboires des années 90

4.2. Des cultures vivrières aussi nombreuses que variées

4.2.1. Le maïs : une spécificité de l'Est-Mono ?

4.2.2. La riziculture en pleine expansion

4.2.3. Les autres spéculations

4.3. Les oléagineux et les légumineuses

4.4. De l'utilisation des sols

4.4.1. L'association des cultures

4.4.2. La rotation des cultures

Chapitre 5 : Une structure sociale fondée sur les origines

5.1. Les différentes déclinaisons de la notion de famille

5.1.1. Chez les peuples dits « autochtones » : Ifè et Kpessi

5.1.2. Chez les colons : Kabyè et Losso

5.2. Une multitude de croyance

5.2.1. La foi traditionnelle

5.2.1.1. Les Kpessi et le culte « vodou »

5.2.1.2. La profusion des « dieux » chez les Ifè

5.2.1.3. L'incubation des rites initiatiques chez les colons

5.2.2. Les religions modernes

5.2.2.1. Les premiers évangélistes catholiques et protestants

5.2.2.2. Les églises charismatiques des années 90

5.3. L'organisation administrative de la société

5.3.1. L'héritage colonial

5.3.2. La chefferie traditionnelle en question

5.3.2.1. Les chefs ethniques et claniques

5.3.2.2. Le chef canton et son autorité

Chapitre 6 : Des indices économiques assez indicateurs

6.1. Des activités économiques variées

6.1.1. La chasse, la pêche et l'artisanat : des activités de contre-saison

6.1.2. Le commerce : activité privilégiée des femmes

6.1.3. L'élevage : une simple exigence culturelle

6.1.4. L'agriculture, véritable pourvoyeuse d'emplois et de ressources

6.2. Un bilan vivrier excédentaire soubassement de la commercialisation

6.2.1. Les indices d'évaluation des besoins alimentaires

6.2.2. Une production agricole massive

6.2.3. De la nécessité de drainer le surplus vers des points de vente

Troisième Partie : LE PLATEAU-EST ENTRE OUVERTURE ET FERMETURE

Chapitre 7 : La discontinuité spatiale entre faits physiques et facteurs humains

7.1. Le bassin du Mono : obstacle avéré dans la circulation

7.1.1. Le Mono

7.1.2. L'Ogou

7.2. L'enclavement : une simple question d'aménagement du territoire

7.2.1. De l'absence d'ouvrages de franchissement

7.2.2. De l'ouverture à l'entretien des pistes rurales

7.3. L'enclavement au-delà d'une absence de routes

7.3.1. Un réseau de téléphonie rurale inadéquat

7.3.2. L'accessibilité aux médias nationaux : un véritable défi

Chapitre 8 : La commercialisation des produits agricoles : un véritable parcours de combattant

8.1. Les principaux flux des produits agricoles

8.1.1. L'orientation des flux nationaux

8.1.1.1. L'axe sud vers Lomé : une exigence commerciale

8.1.1.2. L'axe nord : la nécessité d'approvisionner les parents

8.1.2. Les flux extra territoriaux, apanage des zones frontalières

8.1.2.1. L'axe Oké - Tchetti 

8.1.2.2. Doumé : une destination de prédilection

8.2. Typologie des marchés dans la zone d'investigation

8.2.1. Anié : un marché de 1ière catégorie

8.2.2. Les marchés de 3ième catégorie : Nyamassila, Elavagnon

8.2.3. Une profusion de marchés locaux

8.3. Les voies de communication, véritables artères dans la vie de la région

8.3.1. Un réseau routier très lâche

8.3.1.1. Les routes nationales

8.3.1.2. Les routes secondaires

8.3.1.3. Les pistes rurales

8.3.2. Un réseau ferroviaire pauvre et en décadence

8.4. Les bassins de production, véritables noeuds dans les réseaux aux réalités diverses

8.4.1. Des zones désenclavées quasi inexistantes

8.4.2. Les zones d'enclavement supportable : moins de 10 km d'une piste

8.4.3. Les zones très enclavées : au-delà de 10 km d'une piste

Chapitre 9 : L'enclavement : un phénomène aux effets multiples

9.1. Les dimensions sociologique et morale

9.1.1. Un complexe d'infériorité dans les masses paysannes

9.1.2. Une unité nationale en balbutiement

9.1.3. Une exclusion du milieu des réseaux de communication

91.1.4. Une zone en pleine régression sociologique

9.2. Des indices sociaux et culturels alarmants

9.2.1. Un accès difficile aux centres de santé

9.2.2. Des infrastructures scolaires inégalement réparties

9.2.3. Une absence chronique de centres culturels

9.2.4. Une zone en marge de l'actualité nationale et internationale

9.3. L'enclavement, véritable objet de stagnation économique

9.3.1. Un coût de production à la hausse

9.3.1.1. De la difficulté d'approvisionnement en intrants

9.3.1.2. De la rareté de la main d'oeuvre à sa cherté

9.3.1.3. Du coût élevé des outils agricoles

9.3.1.4. Du coût élevé des transports

9.3.2. Une complexité dans la gestion et la commercialisation des produits agricoles

9.3.2.1. De la difficulté d'accès au marché

9.3.2.2. De la faiblesse des prix dû à un nombre réduit d'acheteurs

9.3.2.3. De contraintes liées à la conservation des produits

9.3.2.4. Du bradage des produits agricoles à la récolte

Chapitre 10 : Le désenclavement des zones rurales du Plateau est : une amorce du développement.

10.1. De nombreuses raisons pour désenclaver

10.1.1. L'impérieuse valorisation des produits vivriers

10.1.1.1. L'autosuffisance alimentaire, un défi politique de l'heure

10.1.1.2. Les vivriers : nouveaux pourvoyeurs de devises à l'Etat ?

10.1.2. L'ouverture spatiale : une preuve d'unité nationale

10.1.2.1. La fin des économies extraverties des zones frontalières

10.1.2.2. L'information, un puissant outils de l'intégration des peuples

10.1.3. Le désenclavement : pierre angulaire de toute politique agricole viable

10.1.3.1. De l'approvisionnement en intrants à la collecte des produits

10.1.3.2. De l'accessibilité paysanne aux innovations par l'information

10. 2. Les possibilités physiques d'un processus de désenclavement à long terme

10.2.1. Un véritable atout en aménagement : le bassin du Mono

10.2.2. La plaine orientale : un espace apte aux aménagements routiers

10.2.3. De la nécessité de rendre plus performants les réseaux de télécommunication et l'accès aux médias nationaux

10.3. Les initiatives à court et à moyen terme

10.3.1. La question de l'achèvement des ouvrages de franchissement : le pont de Landa sur le Mono

10.3.2. La problématique de l'entretien des infrastructures de communication

10.3.3. Le renforcement de la capacité des antennes de relais : téléphonie mobile, téléphonie fixe, radio et télévision.

CONCLUSION

CONCLUSION GENERALE

Toute étude scientifique avant d'être menée dans de bons termes exige un recadrage qui dans la plupart des cas est inhérent à la bibliographie existante. La recension et l'analyse de celle-ci, plus qu'une première phase du travail à faire est la fondation du chantier que représente la rédaction d'une thèse. C'est ce à quoi nous sommes attelé tout au long de ces pages qui passent pour être notre mémoire en vue de l'obtention du Diplôme d'Etude Approfondie. Au terme de cette approche bibliographique qui a porté sur l'enclavement et le développement des zones rurales d'Afrique subsaharienne, il est impérieux d'en relever les grands traits en guise de conclusion.

Ce travail nous a conduit, après avoir listé les ouvrages dont la simple évocation du titre, du résumé ou encore du contenu suscite en nous une réflexion en rapport avec notre sujet d'étude, à présenter à partir des thématiques allant de l'évolution épistémologique à la question de l'aménagement et du développement des zones rurales enclavées du sud, les multiples conceptions que les uns et les autres ont de l'enclavement d'une part et d'une autre de ses implications sur la vie des sociétés spatialement mal insérées. C'est ce que nous avons appelé bibliographique signalétique puis analytique.

A partir de la synthèse thématique de la bibliographie, nous avons montré comment les approches de nos devanciers nous obligeaient à concevoir ou mieux à orienter notre travail. Nous avons à cette occasion retenu qu'aucune étude du binôme enclavement/désenclavement ne peut se faire sans considérer la zone d'étude comme un élément pouvant appartenir à un ensemble dynamique et fonctionnel : les réseaux. De là, nous avons relevé et précisé le sens de certains grands concepts se rattachant à cette problématique. Il ressort de cette approche conceptuelle que les notions comme enclavement ou rural eu égard à leur polysémie et à leur transdisciplinarité méritaient une délimitation spatiale ou/et statistique pour être opératoires. Ces précisions terminologiques nous ont permis d'analyser le monde rural, celui-là qui est notre cadre d'étude. Du questionnement sur l'aptitude ou mieux l'inaptitude des zones rurales subsahariennes à se développer sont issues des réponses qui nous ont amené à appréhender la dimension des projets dits de développement puis de l'état actuel de ces contrées vis-à-vis de la mondialisation. De ce qui précède, il semble acquis que les milieux ruraux du sud vivent à l'heure de la mondialisation « la désillusion et le doute » (Amin S. 1979). Cependant, les sociétés qui y vivent, en dépit d'un statu quo technique sortent de la terre des produits autant pour leur subsistance que pour la commercialisation. C'est de cette dernière dimension que se dégage une nouvelle exigence qui prend la forme d'une nécessité d'ouverture sur les réseaux. Quand cette exigence n'est pas atteinte, on parle de l'enclavement.

Notre travail sur l'enclavement en général et sur celui du monde rural en particulier a considéré tour à tour ses causes, ses manifestations avant de se terminer sur une évocation du désenclavement comme voie royale d'un possible développement du monde rural en Afrique au sud du Sahara. C'est sur ces notes que l'approche bibliographique de l'enclavement et du développement des zones rurales en Afrique subsaharienne a pris fin tout en nous permettant de présenter l'ultime partie de notre document qui n'est autre que le projet de thèse.

La thèse que nous comptons rédiger a pour thème : Enclavement et développement des zones rurales du Plateau Est au Togo. Présenté un projet autour de ce thème nous a obligé dans un premier temps à faire une brève étude géographique de la zone d'investigation avant d'en préciser l'approche conceptuelle et méthodologique. Les éléments autant naturels qu'humains de la zone se prêtant fort bien à l'activité agricole, on comprend pourquoi le bilan vivrier avoisine les 200%12(*) par campagne agricole. Notre problématique tourne dans ces conditions autour de l'accessibilité de ces bassins de production au marché en vue de la valorisation du travail de la terre. Comment peut-on produire en masse lorsqu'on ne peut pas facilement s'approvisionner en intrants et commercialiser ses produits ? Après avoir passé en revue objectifs, hypothèses, méthodologie de collecte et de traitement des données, choix de la population cible et des variables, nous avons fini par la présentation d'un plan provisoire de la thèse en quatre parties subdivisées en dix chapitres.

Au total, ce travail même s'il porte en lui des parties ayant un goût d'inachevé - ce mémoire n'étant que la phase une d'un travail qui durera trois ans au moins - constitue la base de nos travaux à venir dans le cadre de notre thèse. C'est d'ailleurs ce qui explique que nous y joignons un chronogramme des activités futures.

CHRONOGRAMME DES ACTIVITES FUTURES

 

2006

2007

2008

2009

3è T

4è T

1r T

2è T

3è T

4è T

1r T

2è T

3è T

4è T

1r T

2è T

3è T

4è T

Poursuite de la recherche documentaire

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Synthèse des données documentaires

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Collecte des données chiffrées existantes

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Conception des questionnaires

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Visite de terrain et test des questionnaires

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dernière mise à jour des questionnaires

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Première enquête de terrain (période de soudure)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Traitement des données et actualisation des cartes

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rédaction des première et deuxième parties

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Deuxième enquête de terrain (période de récolte)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Traitement des données

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Réalisation des cartes

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rédaction des troisième et quatrième parties

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Collecte des informations complémentaires

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Derniers travaux de cartographie

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dépôt de la première version de la thèse

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Corrections et travaux finaux

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dernière version de la thèse

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

ANNEXES

QUESTIONNAIRE DESTINE AUX PAYSANS

Informations préalables :

Réf.

Questions

Modalités

Code

Passe à

Q01

Localité

 
 
 

Q02

Nom et prénom

 
 
 

Q03

Quel âge avez-vous ?

 
 
 

Q04

Quel est votre sexe ?

Masculin

Féminin

 
 

Q05

Quelle est votre situation matrimoniale ?

Célibataire

Marié(e)

Divorcé(e)

 
 

Q06

Combien de personnes avez-vous à charge ?

0

1-5

Plus de 5

 
 

Q07

Quel est votre niveau d'étude ?

Pas été

Primaire

Secondaire

Supérieur

 
 

Q08

Quelle est votre ethnie ?

Kpessi

Kabyè

Losso

Ifè

Ewé

Autre

 
 

Q09

Quelle religion pratiquez-vous ?

Animisme

Catholicisme

Protestantisme

Evangélique

Autre

 
 

Q10

Où êtes-vous né ?

Dans cette localité

Au nord Togo

Au Bénin

Au Nigeria

Autre

 

Q12

Q11

Pour quelles raisons avez-vous immigré ?

 
 
 

Données sur la pratique foncière :

Q12

Comment votre communauté a-t-elle acquis ses terres ?

Par simple occupation

Par lutte tribale

Par héritage

Par don

Par bail

Autres

 

Q14

Q13

A qui appartenaient vos terres ?

 
 
 

Q14

Y a-t-il des limites précises au domaine foncier villageois ?

Oui

Non

 

Q16

Q15

Par quoi délimitez-vous le domaine foncier villageois ?

Par des bornes

Par des arbres

Par des faits naturels

Autres

 
 

Q16

Comment avez-vous acquis les terres que vous cultivez ?

Par simple occupant

Par héritage

Par don

Par bail

Par achat

Autres

 

Q18

Q17

A qui appartenaient les terres que vous exploitez ?

 
 
 

Q18

Quel est le niveau d'appropriation de vos exploitations ?

Individuel

Familial

Clanique

Autres

 
 

Q19

La femme peut-elle disposer de la terre dans votre village ?

Oui

Non

 

Q24

Q20

Comment y accède-t-elle ?

Par héritage

Par don

Par achat

Autres

 
 

Q21

Y a-t-il des limites que la propriété foncière féminine ne doit pas dépasser ?

Oui

Non

 
 

Q22

Dans quelles proportions la femme peut-elle disposer de la terre ?

Moins de 1 ha

1 à 5 ha

Plus de 5 ha

 
 

Q23

Que peut-elle y cultivez ?

Ce qu'elle veut

Seulement des vivriers

Seulement des légumes

Autres

 
 

Q24

Pourquoi la femme ne peut-elle pas disposer de la terre ?

Par respect à nos traditions

Elle n'en n'a pas besoin

Elle ne peut pas l'exploiter

Autres

 
 

Q25

Pouvez-vous léguer vos parcelles à vos enfants ?

Oui

Non

 

Q28

Q26

Qui peut hériter de la terre ?

Tous les enfants

Seuls les enfants mâles

Autres

 
 

Q27

Comment les héritiers gèrent-ils le patrimoine foncier familial ?

Mise en valeur commune

Partage selon le nombre d'enfants

Occupation selon la capacité d'exploitation

 
 

Q28

Pourquoi les enfants n'héritent pas de vos terres ?

 
 
 

Q29

Pouvez-vous céder des parcelles de terre à des étrangers qui en font la demande ?

Oui

Non

 

Q32

Q30

A quelles conditions un étranger peut-il entrer en possession de la terre ?

Par simple demande

Présentation de boissons

Garantie d'offrir des produits en fin de campagne

En contrepartie financière

Autres

 
 

Q31

Quels usages l'étranger peut-il faire des parcelles acquises ?

Mise en valeur agricole

Construction d'habitation

Autres

 
 

Q32

Pourquoi ne pouvez-vous pas céder des terres aux étrangers ?

Par respect à la tradition

Par insuffisance des terres

Par risque de les perdre

Autres

 
 

Q33

Etes-vous autorisé à vendre la terre ?

Oui

Non

 

Q35

Q34

A combien peuvent revenir les parcelles à proportion d'un ha ?

Moins de 10 000 francs CFA

10 000 à 50 000 francs

Plus de 50 000 francs

 
 

Q35

Pourquoi la terre ne peut-elle faire l'objet de vente ?

Par respect à la tradition

Par insuffisance des terres

Autres

 
 

Q36

Existe-t-il des conflits liés à la question de la terre dans votre village ?

Oui

Non

 

Q38

Q37

A quel niveau les situez-vous ?

Entre des villages

Entre des quartiers

Entre individus

Autres

 
 

Q38

Quelle perception d'ensemble avez-vous de la terre ?

C'est un bien sacré et inaliénable

C'est un objet commercialisable

Autres

 
 

Données sur les pratiques agricoles

Q39

Depuis combien de temps exercez-vous le travail de la terre ?

Moins de 5 ans

5 à 10 ans

10 et plus

 
 

Q40

Quelle est la taille moyenne de vos exploitations ?

Moins de 1 ha

2 à 5 ha

6 à 10 ha

Plus de 10 ha

 
 

Q41

Quelles cultures pratiquez-vous dans vos exploitations ?

 
 
 

Q42

Avez-vous des préférences parmi ces cultures ?

 
 
 

Q43

Quels outils utilisez-vous dans vos champs ?

 
 
 

Q44

Assurez-vous seul l'exploitation de vos exploitations ?

Oui

Non

 

Q49

Q45

Qui d'autre participe aux activités dans vos exploitations ?

Les membres de ma famille

Les voisins

Des ouvriers agricoles

Autres

 
 

Q46

Payez-vous le travail des membres de votre famille ?

Oui

Non

 
 

Q47

Comment vous prenez-vous pour faire participer les voisins ?

Par invitation

Par entraide

Par salariat agricole

Autres

 
 

Q48

Quel traitement réservez-vous aux ouvriers agricoles ?

Payement en espèce

Partage des produits agricoles

Autres

 
 

Q49

Comment appréciez-vous le niveau de richesse de vos terres ?

Pauvres

Moyennement fertiles

Très fertiles

 
 

Q50

Comment assurez-vous la pérennité de la fertilité des terres ?

Par la jachère

Par apport d'engrais chimiques

Utilisation de l'engrais biologique

Autres

 
 

Q51

Combien de temps dure la jachère ?

1 à 3 ans

4 à 7 ans

Plus de 8 ans

 
 

Q52

Pratiquez-vous les formes culturales suivantes ?

Rotation

Assolement

Association de culture

 
 

Q53

La rotation que vous pratiquez tient sur combien d'années ?

1 à 3 ans

Plus de 4 ans

 
 

Q54

Combien de cultures pouvez-vous associer sur une même parcelle ?

Deux cultures

Trois cultures

Quatre cultures et plus

 
 

Q55

Pratiquez-vous des activités pastorales ?

Oui

Non

 

Q59

Q56

Qu'élevez-vous exactement ?

Volaille

Caprin et ovin

Bovins

Porcins

Autres

 
 

Q57

Comment vous prenez-vous pour assurer l'élevage ?

Par divagation

Par attache aux piquets

Dans des enclos

Autres formes

 
 

Q58

Utilisez-vous les excréments d'animaux dans la fertilisation de vos exploitations ?

Oui

Non

 
 

Données socio-économiques

Q59

A quoi sont destinés vos produits agricoles ?

A l'autoconsommation

A la vente

Autres

 
 

Q60

A combien évaluez-vous vos besoins alimentaires ?

Maïs

Sorgho

Niébé

Igname

Autres

 
 

Q61

A combien évaluez-vous vos récoltes annuelles pour les denrées suivantes ?

Maïs

Sorgho

Niébé

Igname

Autres

 
 

Q62

Vos récoltes couvrent-elles vos besoins alimentaires ?

Oui

Non

 

Q64

Q63

Que faites-vous des excédents que vous dégagez ?

Vente

Solidarité envers les voisins en manque

Assistance aux parents

Autres

 
 

Q64

Que faites-vous pour couvrir les besoins quand vos récoltes sont insuffisantes ?

Achat

Appel à la solidarité des voisins

Revenus des activités secondaires

Autres

 
 

Q65

A quoi servent les revenus issus de la vente de vos produits ?

Construire nos maisons

Nous soigner

Scolariser nos enfants

Autres

 
 

Q66

Assurez-vous entièrement tous ces besoins à partir des revenus issus de produits agricoles ?

Oui

Non

 

Q68

Q67

Que faites-vous alors pour combler les besoins financiers exprimés ?

Recours aux emprunts

Recours aux activités secondaires

Recours à la solidarité des voisins

Autres

 
 

Données relatives à l'enclavement et ses implications

Q68

D'où proviennent les intrants que vous utilisez dans vos exploitations ?

D'Atakpamé

D'Elavagnon

Du Bénin

 
 

Q69

Disposez-vous d'un marché dans votre village ?

Oui

Non

 
 

Q70

Où achetez-vous vos outils de travail ?

Sur place

Dans les marchés nationaux

Dans des marchés extraterritoriaux

Autre

 

Q72

Q71

Pourquoi achetez-vous vos outils ailleurs que sur votre marché ?

Ils y coûtent moins chers

Ils y sont plus solides

Autres

 
 

Q72

Où écoulez-vous vos produits agricoles ?

Sur le marché local

Sur le marché de 3ième catégorie

Sur le marché de 1ière catégorie

Au Bénin

Autre

 

Q80

Q73

Pourquoi choisissez-vous d'aller vendre ailleurs que chez vous ?

Nous n'avons pas de marché sur place

Les prix y sont plus intéressants

Autres

 
 

Q74

Comment vous rendez-vous sur les marchés voisins?

A pied

À bicyclette

À moto

En voiture

Autre

 
 

Q75

Combien de fois vous y rendez vous par semaine ?

1 fois

2 à 3 fois

 
 

Q76

Comment appréciez-vous la distance qui vous sépare du marché ?

Courte

Moyenne

Trop longue

 
 

Q77

Y a-t-il des risques à vous déplacer ainsi ?

Oui

Non

 

Q79

Q78

Quels risques courez vous dans vos déplacements ?

Accidents

Sécurité

Autres

 
 

Q79

Quelles charges supplémentaires croyez-vous endosser lors de vos déplacements vers les marchés ?

Coûts de transport

Investissements en temps

Autres

 
 

Q80

Pourquoi vendez-vous vos produits sur place ?

Les prix y sont intéressants

Il y a moins de risques

Nous ne pouvons aller nulle part d'autre

Autres

 
 

Q81

Comment appréciez-vous l'état des routes dans votre localité ?

Mauvais

Moyen

Bon

 

Q83

Q82

Quelles autres difficultés rencontrez vous du fait du mauvais état des routes ?

Evacuation des malades

Scolarisation des enfants

Autres

 
 

Q83

Qui doit prendre en charge l'entretien des routes ?

L'Etat

Nous-mêmes

Autres

 
 

Q84

Etes-vous prêt à participer aux travaux d'entretien des routes ?

Oui

Non

 

Q89

Q85

Dans quelles mesures pouvez vous participer aux efforts que nécessiterons les travaux de réfection des routes ?

Financièrement

Par notre main d'oeuvres

Autres

 

Q88

Q86

Quel est le niveau de votre participation financière ?

Moins de 1000 F

1000 à 5000 francs

Plus de 5000 francs

 
 

Q87

Qui doit gérer les fonds ainsi collecter ?

Nous-mêmes (CVD)

Le chef

Le Préfet

Autres

 
 

Q88

Combien de temps pensez-vous consacrer aux travaux d'entretien des routes ?

Moins d'une semaine

Une à quatre semaines

Plus de quatre semaines

 
 

Q89

Etes-vous optimistes sur l'amélioration prochaine de l'état des routes ?

Oui

Non

 
 

QUESTIONNAIRE DESTINE AUX TRANSPORTEURS

Informations préalables

Réf.

Questions

Modalités

Code

Passe à

Q01

Localité

 
 
 

Q02

Nom et prénom

 
 
 

Q03

Quel âge avez-vous ?

 
 
 

Q04

Quel est votre sexe ?

Masculin

Féminin

 
 

Q05

Quelle est votre situation matrimoniale ?

Célibataire

Marié(e)

Divorcé(e)

 
 

Q06

Combien de personnes avez-vous à charge ?

0

1-5

Plus de 5

 
 

Q07

Quel est votre niveau d'étude ?

Pas été

Primaire

Secondaire

Supérieur

 
 

Q08

Quelle est votre ethnie ?

Kpessi

Kabyè

Losso

Ifè

Ewé

Autre

 
 

Q09

Quelle religion pratiquez-vous ?

Animisme

Catholicisme

Protestantisme

Evangélique

Autre

 
 

Q10

Où êtes-vous né ?

Dans cette localité

Au nord Togo

Au Bénin

Au Nigeria

Autre

 

Q12

Q11

Pour quelles raisons avez-vous immigré ?

 
 
 

Données relatives à la question de l'enclavement

Réf.

Questions

Modalités

Code

Passe à

Q12

Depuis combien de temps faites vous ce travail ?

Moins de 5 ans

5 à 10 ans

Plus de 10 ans

 
 

Q13

Comment appréciez-vous l'état des routes sur lesquelles vous circulez ?

Très mauvais

Mauvais

Moyen

Bon

 

Q18

Q14

Croyez vous que le mauvais état des routes a des conséquences sur votre travail ?

Oui

Non

 
 

Q15

Quelles sont les retombées du mauvais état des routes sur lesquelles vous circulez ?

Accidents

Perte de temps

Coût plus élevé

Autre

 
 

Q16

Vous arrive-t-il de ne pas pouvoir circuler une route à cause de son mauvais état ?

Oui

Non

 
 

Q17

Que faites-vous dans le cas de l'impraticabilité d'une route ?

Rien

Contournement par d'autres voies plus praticables

Autre

 
 

Q18

Quels sont en moyenne les tarifs pratiqués dans le transport ?

Moins de 100 F/km

100 à 200 F/km

Plus de 200 F/km

 
 

Q19

Identifiez-vous d'autres obstacles dans l'exercice de votre profession ?

Oui

Non

 
 

Q20

Quels sont les autres obstacles au libre exercice du métier de conducteur ?

Barrages policiers

Redevances municipales

Insécurité

Autres

 
 

Q21

Y a-t-il selon vous des approches de solution aux différents problèmes que vous rencontrez ?

Oui

Non

 
 

Q22

Quels approches de solution proposez vous pour l'amélioration de l'état des routes ?

Construction des routes

Aménagement des routes

Construction des ponts

Autre

 
 

Q23

Que proposez vous pour résoudre les autres problèmes lié à l'exercice de votre profession ?

Suppression des barrages policiers

Diminution des barrages policiers

Suppression des redevances

Réduction des redevances

Autre

 
 

Q24

Quelles sont vos relations avec vos clients ?

Bonnes

Mauvaises

 
 

Q25

Vos passagers se plaignent-ils de certains problèmes particuliers ?

Oui

Non

 
 

Q26

Qu'est-ce qui préoccupe le plus vos passagers ?

Leur sécurité

La sécurité de leurs bagages

Le coût de transport

Autre

 
 

Q27

Seriez-vous prêts à participer aux efforts que nécessitera l'amélioration de l'état des routes ?

Oui

Non

 

Q32

Q28

Comment pensez-vous participer à ces efforts ?

Par notre main d'oeuvre

Financièrement

Autre

 
 

Q29

Quel est le niveau de votre participation financière ?

Moins de 1000 F

1000 à 5000 francs

Plus de 5000 francs

 
 

Q30

Qui doit gérer les fonds ainsi collecter ?

Nous-mêmes (syndicats)

Le chef

Le Préfet

Autres

 
 

Q31

Combien de temps pouvez-vous consacrer pour les travaux ?

Moins d'une semaine

Entre une et quatre semaines

Plus de quatre semaines

 
 

Q32

Etes-vous optimistes sur l'amélioration prochaine de l'état des routes ?

Oui

Non

 
 

QUESTIONNAIRE DESTINE AUX COMMERCANTS

Informations préalables

Réf.

Questions

Modalités

Code

Passe à

Q01

Localité

 
 
 

Q02

Nom et prénom

 
 
 

Q03

Quel âge avez-vous ?

 
 
 

Q04

Quel est votre sexe ?

Masculin

Féminin

 
 

Q05

Quelle est votre situation matrimoniale ?

Célibataire

Marié(e)

Divorcé(e)

 
 

Q06

Combien de personnes avez-vous à charge ?

0

1-5

Plus de 5

 
 

Q07

Quel est votre niveau d'étude ?

Pas été

Primaire

Secondaire

Supérieur

 
 

Q08

Quelle est votre ethnie ?

Kpessi

Kabyè

Losso

Ifè

Ewé

Autre

 
 

Q09

Quelle religion pratiquez-vous ?

Animisme

Catholicisme

Protestantisme

Evangélique

Autre

 
 

Q10

Où êtes-vous né ?

Dans cette localité

Au nord Togo

Au Bénin

Au Nigeria

Autre

 

Q12

Q11

Pour quelles raisons avez-vous immigré ?

 
 
 

Données relatives à l'enclavement et ses implications

Réf.

Questions

Modalités

Code

Passe à

Q12

Que commercialisez-vous ?

Produits manufacturés

Produits agricoles

Produits pétroliers

Autre

 
 

Q13

Où achetez-vous vos produits ?

A Anié

Dans les villages

Au Bénin

Autres

 
 

Q14

Comment assurez-vous le transport de vos produits ?

Par la tête

Par traction animale

Par vélo ou moto

Par automobile

Autre

 

Q17

Q15

Trouvez-vous l'accès à ces moyens de transport facile ?

Oui

Non

 
 

Q16

Quelles difficultés éprouvez-vous dans l'accès aux moyens de transport ?

Inexistence

Coûts élevés

Taxes élevées

Autre

 
 

Q17

Quelles sont selon vous les possibilités pour régler les problèmes auxquels vous êtes confrontés ?

Mise à disposition des moyens de transport

Réduction des taxes

Autre

 
 

Q18

Qui pensez-vous être responsable de ces opérations ?

Nous-mêmes

Les pouvoirs publics

Autre

 
 

Q19

Croyez-vous que toutes ces difficultés sont liées à l'état des routes ?

Oui

Non

 

Q 24

Q20

Que faire donc pour améliorer l'état des routes ?

Construire les ponts

Bitumer les routes

Construire de nouvelles pistes

Autre

 
 

Q20

Seriez-vous prêts à participer aux efforts que nécessiteront ces opérations ?

Oui

Non

 

Q25

Q21

Dans quelle mesure pourriez-vous y participer ?

Par notre main d'oeuvre

Participation financière

Autre

 

Q24

Q25

Q22

Combien êtes-vous prêts à engager comme frais de participation ?

Moins de 1000 F

1000 à 5000 francs

Plus de 5000 francs

 
 

Q23

Qui doit gérer les fonds ainsi collecter ?

Nous-mêmes (syndicats)

Le chef

Le Préfet

Autres

 
 

Q24

Combien de temps pouvez-vous consacrer pour les travaux ?

Moins d'une semaine

Entre une et quatre semaines

Plus de quatre semaines

 
 

Q25

Etes-vous optimistes sur l'amélioration de l'état des routes ?

Oui

Non

 
 

TABLE DES MATIERES

Dédicace.................................................................................................... i

Remerciements .......................................................................................... ii

Sommaire................................................................................................ iii

Liste des tableaux, photos et figures.................................................................. iv

Résumé................................................................................................... .. v

INTRODUTION GENERALE........................................................................1

PREMIERE PARTIE : BIBLIOGRAPHIE SIGNALETIQUE ET SYNTHETIQUE 5

Chapitre 1 : BIBLIOGRAPHIE SIGNALETIQUE 6

1.1. LES OUVRAGES METHODOLOGIQUES ET EPISTEMOLOGIQUES EN

GEOGRAPHIE 6

1.2. ELEMENTS D'ANALYSE DE TROIS ESPACES GEOGRAPHIQUES FORTEMENT

IMBRIQUES ET AUX REALITES DIVERSES: AFRIQUE SUBSAHARIENNE,

TOGO, PLATEAU EST.............................................................................8

1.2.1. L'Afrique subsaharienne 8

1.2.2. Le Togo 9

1.2.3. L'Est de la région des Plateaux 10

1.3. LE MONDE RURAL: SES DIFFERENTES ACCEPTIONS, SON AMENAGEMENT ET SON DEVELOPPEMENT........................................................................ 11

1.4. ZONES RURALES ENCLAVEES FACE AU DEFIS DU DEVELOPPEMENT...... 16

Chapitre 2 : BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE 21

2.1. APPROCHE CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE

GEOGRAPHIQUE DE L'INSERTION SPATIALE DES SOCIETES: UN DEFI QUASI

INEXISTANT...... .............................................................................. 22

2.2. DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE A L'EST DE LA REGION DES PLATEAUX AU

TOGO: ELEMENTS D'ANALYSE DE TROIS ESPACES GEOGRAPHIQUES

FORTEMENT IMBRIQUES ET AUX REALITES DIVERSES......... ..................26

2.3. LE MONDE RURAL: SA DEFINITION, SON AMENAGEMENT ET LES

CONTOURS DE SON DEVELOPPEMENT................................................ 31

2.4. LA QUESTION DE L'ENCLAVEMENT EN ZONES RURALES ET SES

IMPLICATIONS SOCIOCULTURELLES ET ECONOMIQUES..................... ....37

DEUXIEME PARTIE : SYNTHESE ET ANALYSE THEMATIQUE DE LA

BIBLIOGRAPHIE 40

Chapitre 3 : ENCLAVEMENT ET DEVELOPPEMENT DANS LES ZONES

RURALES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE : Synthèse thématique 41

3.1. QUELLE APPROCHE CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE POUR

ETUDIER L'INSERTION SPATIALE DES SOCIETES DANS LES RESEAUX ?..... 42

3.1.1. Zone rurale, zone enclavée : de la difficulté d'une définition conceptuelle à la

nécessite d'une délimitation spatiale et/ou statistique.............................. 42

3.1.2. Etude de l'insertion spatiale des sociétés: quelle méthodologie? ............... 47

3.2. ET SI LES ZONES RURALES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE ETAIENT

INAPTES AU DEVELOPPEMENT   53

3.2.1. De l'inaptitude naturelle à celle humaine 53

3.2.2. Les projets : voie royale vers le développement ? 54

3.2.3. La mondialisation de l'économie : quel avenir pour l'agriculture africaine ? 54

3.3. L'ENCLAVEMENT : SES CAUSES ET SES MANIFESTIONS 55

3.3.1. Des causes diverses aux effets communs : entre éléments de la nature et

possibilités humaines à aménager un territoire 55

3.3.1.1. Des faits naturels perturbateurs de la mobilité des hommes 56

3.3.1.2. L'enclavement comme une simple question d'aménagement 56

3.3.2. Les manifestations de l'enclavement dans les zones rurales 57

3.3.2.1. Les contraintes d'ordre culturel 57

3.3.2.2. Les indices sociaux victimes de l'isolement 58

3.3.2.3. Zones rurales enclavées, économie stagnante 58

3.3.3. Le désenclavement comme soubassement du développement des zones rurales

enclavées d'Afrique subsaharienne ................................................... 59

TROISIEME PARTIE : PROJET DE THESE 62

Chapitre 4 : QUELLE ZONE D'ETUDE POUR QUELLE APPROCHE

METHODOLOGIQUE ? 64

4.1. LE PLATEAU EST, UNE ZONE DE PLAINE A FAIBLE DENSITE HUMAINE......66

4.1.1. Des conditions physiques aptes à l'activité agricole.............................. 66

4.1.1.1. Une plaine bien drainée 66

4.1.1.2. Un climat propice à l'agriculture................................................ 66

4.1.1.3. Des sols à forte potentialité agricole 67

4.1.2. Une zone de peuplement récent et inachevé 67

4.1.2.1. Un peuplement récent 67

4.1.2.2. Une zone de faible densité de population 68

4.2. APPROCHE CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE.............................. 69

4.2.1. Le cadre conceptuel ..................................................................... 69

4.2.2. Approche méthodologique ............................................................ 79

4.3. PLAN PROVISOIRE DE LA THESE......................................................... 84

CONCLUSION GENERALE..................................................................... 90

CHRONOGRAMME DES ACTIVITES FUTURES............................................. 93

ANNEXES.............................................................................................. 94

* 1 Extrait du résumé de : YESGUER H. L'enclavement des espaces ruraux, approche comparative de l'accessibilité spatiale entre la Normandie et la Kabylie, Thèse en cours de rédaction au Centre Interdisciplinaire de Recherche en Transports et Affaires Internationales (CIRTAI), Université du Havre sur le site www.uni-duhavre.fr, page consultée le 27 mai 2006.

* 2 Voir JA (2006) : L'état de l'Afrique en 2006, HS n°12, page 200 : Le Togo.

* 3 Voir Atlas du développement régional du Togo, page 118.

* 4 Jeune Afrique, Hors Série n°12 : Etat de l'Afrique en 2006.

* 5 Ce sont ceux que l'on appelle souvent les afro-pessimistes.

* 6 D'après Noyouléwa T.A. (2005) sur la base des données de la direction régionale de la santé, page 88.

* 7 D'après les données recueillies dans Atlas du développement régional du Togo, p. 110.

* 8 D'après les projections de la Direction de la Comptabilité Générale et de la Statistique Nationale (2005), Lomé.

* 9 D'après les données recueillies dans Oladokoun W. (1995), page 48.

* 10 Ces chiffres sont issus de nos calculs sur la base des données estimatives de la Direction de la Comptabilité Générale et des Statistiques Nationales (2005), Lomé.

* 11 Selon la même source, en 1997, la région des Plateaux comptait 977 500 hab. dont 164 500 urbains et 813 000 ruraux.

* 12 D'après Atlas du développement régional du Togo, page 126.






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe