UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT
DE GEOGRAPHIE
MEMOIRE DE MAITRISE DE GEOGRAPHIE
Le role du périmètre maraîcher de
Keur Saïb Ndoye dans
l'approvisionnement du marché central de
Thiès en produits
maraîchers (légumes)
PRESENTE : PAR Monsieur THEOPHILE MARC
NDIONE
SOUS LA DIRECTION DE : Monsieur PAPA SAKHO, MAITRE
ASSISTANT
ANNEE ACADEMIQUE : 2009 - 2010
2
INTRODUCTION GENERALE
Le 20e siècle a été le
témoin d'une croissance massive des populations urbaines. En 1990, le
tiers des habitants de la planète vivaient dans des villes de plus d'un
million d'habitants. Mais la population urbaine dans les pays en
développement progresse de 3,4 % par an, et d'environ 5 % en Afrique
subsaharienne. En 2000, il y avait quelques 200 villes comptant plus d'un
million d'habitants et 21 «mégalopoles» de plus de 10 millions
d'habitants, dans les pays en développement1.
Un taux d'urbanisation qui augmente plus vite que les
infrastructures et les mécanismes institutionnels requis
caractérisent globalement le monde en développement de ces deux
dernières décennies. Cette dynamique continuera à modifier
l'équilibre entre villes et campagnes à tel point que d'ici
à l'an 2010 toutes les grandes régions du monde seront
urbanisées à plus de 35 %. La population des villes des pays les
moins avancés devrait s'accroître de 4,6 % par an, et d'ici
à l'an 2025, l'on s'attend à ce que 43 % des habitants de ces
pays soient des citadins. Les villes accueillent actuellement plus de 60
millions de personnes par an2.
Cette urbanisation conjuguée avec les effets de la
mondialisation a des répercussions sur l'approvisionnement en
denrées alimentaires dans les villes du Nord et du Sud3. Pour
résoudre ces problèmes les marchés urbains font appel aux
agriculteurs qui se localisent dans la périphérie urbaine pour se
ravitailler en produits maraîchers.
L'agriculture urbaine contribue ainsi de façon
indéniable à l'approvisionnement des villes et à
l'augmentation des produits alimentaires disponibles dans les marchés
urbains. Cette agriculture qualifiée selon les auteurs et les contextes
d'urbaine ou de périurbaine, est dominée par des productions
périssables. L'analyse des filières d'approvisionnement en
légumes et en produits animaux de différentes villes africaines
donne des éléments d'évaluation des systèmes
périurbains par rapport aux systèmes ruraux. Cette analyse montre
la complémentarité des produits périurbains et ruraux dans
les systèmes de consommation et de commercialisation.
1 Archives de documents de la FAO, 1996, Produits alimentaires
destinés aux consommateurs : commercialisation, transformation et
distribution. Produit par le département de l'agriculture
2 Idem
3 Koc Mustafa et al, 2000, Armer les villes contre la faim :
systèmes alimentaires urbains durable. CRDI- Ottawa Canada. 260 pages
La proximité de la ville apporte aux systèmes
périurbains de nombreux avantages comme un accès plus rapide au
marché des produits et des intrants, aux services, et aux savoir-faire.
Fréquemment localisé en ville ou en péri-urbain, le
maraîchage est très sensible aux dynamiques urbaines. D'un
côté, la croissance urbaine accroît les
débouchés, de l'autre, elle accentue la pression sur
l'espace.4
Le concept d'agriculture urbaine ou périurbaine reste
encore un concept flou, qui a du mal à trouver sa place5. Or
une caractéristique forte du monde d'aujourd'hui est
l'accélération de la croissance démographique dans les
zones urbaines. Ce phénomène d'urbanisation
accélérée est surtout très fort dans les pays du
sud d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique ou se trouvent les
populations les plus pauvres de la planète. Ainsi cet accroissement
rapide de la population urbaine qui a entrainé cette urbanisation
grandissante et modifié certains aspects des relations ville campagne.
Ceci pose le problème de l'approvisionnement des marchés urbains
en denrées alimentaires, notamment en produits maraîchers. C'est
ainsi qu'en réponse à l'accroissement urbain, se développe
à l'intérieur des villes africaines et à leur proche
périphérie une production agricole autoconsommée et
commercialisée. Le Sénégal n'échappe pas à
cette tendance globale avec un taux d'urbanisation de plus de 52%. Mais au
cours des trente dernières années, plusieurs facteurs sont
intervenus pour miner la capacité des marchés alimentaires
structurés à répondre aux besoins d'un nombre croissant de
citadins.
4 Broutin C, Commeat P.G, Sokona K. Mars 2005, Le
maraichage face aux contraintes et opportunités de l'expansion urbaine.
Le cas de Thies / Fandéne (Sénégal)
5 Ganry J, 2003, Comptes rendus de
l'académie d'agriculture France, 89 (4) : 57-58.Séance de
l'académie d'agriculture de France « approvisionnement vivrier des
villes du Sud : les enjeux et questions d'une agriculture de proximité
» 2003-12-17, Paris, France
PROBLEMATIQUE
1-Contexte
La ville de Thiès est la deuxième ville du
Sénégal tant au plan économique que démographique
(taux de croissance 2,8 à 3% par an) avec une population estimée
à 250000 habitants6. Elle fut naguère la
première zone d'implantation des entreprises qui
bénéficiaient ainsi d'une baisse importante de leur
fiscalité suite à une mesure incitative que le gouvernement de
l'époque avait prise en vue de décongestionner la région
de Dakar.
L'application de nouvelles politiques industrielles entre
autres et l'environnement international défavorable ont entrainé
un dépérissement des activités économiques qui a
poussé la plupart des entreprises à la faillite. Les situations
difficiles dans lesquelles se trouvent la plupart des sociétés,
principales pourvoyeuses d'emplois pour les populations de la ville, ont
renforcé les processus de paupérisation de larges couches de la
population.
Face à la rareté de l'emploi salarial, les
populations tentent de trouver des revenus dans des petits métiers
urbains et le commerce de détail ou avec les activités
maraîchères. Ainsi jusqu'ici menées à la
périphérie de la ville ces dernières s'étendent
dans un hinterland de plus en plus éloigné. Avec l'accroissement
rapide de la population urbaine, l'extension de la ville de Thiès
devient de plus en plus importante (démographiquement et spatialement).
Ceci ouvre de nouveaux débouchés pour le maraichage
péri-urbain à travers l'approvisionnement de la ville en produits
maraîchers.
C'est dans ce contexte que le maraîchage qui s'est
développé au Sénégal depuis les années 40
s'est généralisé dans la périphérie de
Thiès. C'est ainsi que le quartier de keur saïb
ndoye situé au nord-est de la ville, sur la route de Saint
Louis, voit se développer certaines activités comme le
maraîchage et l'exploitation fruitière. Ceux-ci s'effectuent dans
les cuvettes formées par l'extraction du sable, mais aussi prés
de la nouvelle station d'épuration des eaux usées. Leurs
productions qui sont généralement destinées à
approvisionner la ville de Thiès et plus particulièrement son
marché central, entrent dans le cadre des relations villes campagnes.
Donc c'est dans un contexte d'augmentation de la demande des
citadins en légumes mais
aussi face aux difficultés
économiques de la vie que se développe le maraichage dans la
6 Broutin C, Commeat P.G, Sokona K. Mars 2005, Le
maraichage face aux contraintes et opportunités de l'expansion urbaine.
Le cas de Thiès / Fandéne (Sénégal)
5
périphérie de Thiès. Ainsi à
l'instar d'autres zones péri-urbaines de la ville de Thiès, le
périmètre maraîcher de Keur Saïb Ndoye joue sa
partition dans le renforcement des relations ville et campagne à travers
son rôle de ravitailleur. L'analyse de ce dernier constitue l'objectif
principal de ce mémoire de maîtrise.
2-Justification
Le choix de ce thème de recherche fait suite à
un constat sur le fait que les études menées dans ce domaine sont
plus ou moins anciennes. Elles ne prennent pas tellement en compte l'aspect
d'approvisionnement ou ne concernent pas la localité ciblée. Mais
aussi sur les difficultés que rencontrent de plus en plus les villes en
matière d'approvisionnement face à leur expansion
démographique grandissante. Cependant certains auteurs ont eu à
faire des recherches très poussées dans ce domaine. Ayant pris
conscience de l'importance de l'agriculture urbaine, certaines
municipalités en sont venues, au cours des deux dernières
décennies à reconnaitre son importance et commencer à
travailler de concert avec les maraichers urbains plutôt contre eux.
Aujourd'hui l'agriculture péri-urbaine occupe une place de plus en plus
importante au sein du plan d'action internationale. Elle est reconnue comme
composante d'une solution globale aux problèmes causés par la
croissance débridée des villes des pays en
développement7. Dans ces pays l'approvisionnement des
marchés urbains en produits maraichers d'une manière
générale et en légume en particulier a toujours
posé d'énormes problèmes. Ainsi le développement du
maraichage péri-urbain pouvait constituer une solution à ces
problèmes d'approvisionnement. C'est dans ce cadre qu'au Centre
International de Recherche Agronomique pour le Développement
(C.I.R.A.D), des diagnostics sur l'approvisionnement des villes en
légumes et sur l'enjeu spécifique du maraichage périurbain
sont menés depuis 1988 avec des partenaires de
recherche-développement.
L'intérêt d'une telle étude réside
dans le fait qu'elle permet d'avoir une nouvelle approche de
l'approvisionnement des marchés urbains par la périphérie
grace au maraîchage. Mais aussi dans le fait qu'elle peut apporter de
nouvelles données sur l'approvisionnement de la ville de Thiès en
produits maraîchers.
7 Mougeot L. J. A, 2006 Cultiver de meilleures villes :
agriculture urbaine et développement durable_ CRDI Ottawa (canada)
6
3-Position du problème
L'activité maraîchère qui est
définie comme la production de légumes sur un espace propre, avec
apport d'intrants, est pratiquée au Sénégal depuis
longtemps. Elle a connu ces dernières années une importance
considérable par suite de l'intérêt grandissant qu'on lui
accorde, du fait de la croissance des besoins des populations urbaines. Ceci
entre dans le cadre d'une politique de diversification des activités
agricoles mais aussi pour résoudre les problèmes
d'approvisionnement des villes en produits maraîchers.
En effet les paysans des pays soudano-sahélien qui sont
depuis quelques années menacés par la sécheresse,
s'orientent de plus en plus vers des cultures d'appoint qui ne sont pas
très exigeantes en eau mais qui sont par contre rentables. Cependant les
régions connaissent de par leur situation, des fortunes diverses quant
à la rentabilité des activités maraîchères et
fruitières et quant a leur condition géographiques8.
Cette activité à savoir le maraichage généralement
pratiqué dans la zone périurbaine ou intra urbaine, sert à
approvisionner la ville en produits maraîchers essentiellement.
En effet confrontées dans les années 40 à
des difficultés d'approvisionnement en produits maraîchers, les
villes d'Afrique tropicales se sont lancées dans des programmes de
développement de l'agriculture péri-urbaine. C'est dans le but
d'analyser le rôle de ce dernier dans l'approvisionnement des villes que
ce thème d'étude et de recherche : « Le
rôle du périmqtre maraîcher de keur saïb ndoye dans
l'approvisionnement du marché central de Thiès en produits
maraîchers (légumes) », a été
initié.
Les principales causes de ce développement sont les
possibilités d'exportations (essentiellement pour le
Sénégal et le Burkina Faso) d'accroissement des ressources en
devises et l'ouverture d'important débouchés à savoir le
ravitaillement des marchés urbains de plus en plus grand.
Ce développement rapide et important a
été en général spontané. Les organismes
publics et parapublics de développement et de recherche n'ont fait pour
la plupart du temps, qu'accompagner l'extension auto-organisée des
surfaces maraîchères. Il en découle des problèmes
liés à cette évolution technique de production, mais
surtout de l'écoulement de la production, de l'organisation de la
profession et de la gestion des exploitations maraîchères.
8 Kane (A), 1973, L'exploitation maraîchère et
fruitière dans la région de Sangalkam, Mémoire de maitrise
département de Géographie, UCAD
Ce rôle d'approvisionnement consiste à la
fourniture de produits de tous sortes (ici on va s'intéresser aux
produits maraichers) dont la ville a besoin pour son alimentation. Il est
également très importante dans le cadre de la production
maraîchère, car toute production est destinée à
alimenter un marché quelque soit sa localisation.
Ainsi le maraîchage apparaît comme une
stratégique pouvant constituer un point de départ d'une grande
pertinence pour des actions en faveur de l'économie urbaine. Mais aussi
pour la promotion des campagnes environnantes et le renforcement des relations
villes campagnes à travers l'approvisionnement. Ainsi Gueye,
affirme que : « par l'importance de la
population active qui s'y occupe, des catégories socio professionnelles
bien distinctes au secteur informel, la promotion de l'activité
maraîchère, qu'il s'agisse de la production ou de la
commercialisation, semble indispensable pour résoudre les
problèmes de développement de nos régions en
général, de nos villes en particulier.»9
Cependant l'aspect d'approvisionnement dans les relations
villes campagnes à travers le maraîchage semble essentiel à
plusieurs niveaux : renforcement des liens entres villes et campagnes,
impulsion de la dynamique maraîchère, ouverture de nouveaux
débouchés pour la campagne. A partir de là, des relations
constantes peuvent exister entre la ville de Thiès et sa
périphérie qui s'est transformée en un véritable
jardin. Car elle fournit à la ville l'essentiel des produits
maraîchers dont elle a besoin.
Gependant avec la globalisation des échanges, le
développement des moyens de transport, la multiplication des
périmètres maraîchers autour de la ville de Thiès
mais aussi les difficultés de conservation de ces produits (qui sont des
denrées périssables). Le rôle du périmètre
maraîcher de keur saïb ndoye demeure t-il
jusqu'à présent capital dans l'approvisionnement du marché
central de Thiès en légumes ? Get approvisionnement
constitue-t-il l'élément principal qui dope la production dans la
zone ? Participe-t-il réellement aux transformations des conditions de
vie de la localité ?
Pour appréhender toutes ces questions, les objectifs
suivants sont fixés à ce mémoire. 4 -
Objectifs
+ Objectif général
9 Gueye M. H, 1987, « Approvisionnement de Kaolack en
produits maraichers » Mémoire de maitrise de géographie FLSH
DAKAR UCAD
8
> Appréhender l'importance du maraîchage
péri-urbain dans l'approvisionnement des citadins en légumes.
+ Objectifs spécifiques
> Identifier la nature des différents produits
maraichers qui sont acheminés vers le marché central de
Thiès en provenance de keur saïb
ndoye.
> Identifier les facteurs propices au développement de
la production maraichère à keur saïb
ndoye.
> Mesurer les transformations sociales locales liées
à cette activité maraîchère.
Pour atteindre ces objectifs nous avons mené une analyse
sur la base des hypothèses suivantes :
5- Hypothèses de travail
> Le périmètre de Keur Saïb
Ndoye représente le principal point de ravitaillement en
légume des commerçants du marché central de
Thiès.
> Le développement du maraichage dans la zone est
lié à la demande croissante du marché central de
Thiès.
> Les revenus générés grace à
cette activité contribuent à l'amélioration des conditions
de vie des populations locales.
METHODOLOGIE
1. Recherche documentaire
Dans le but d'atteindre les objectifs fixés, la
stratégie de recherche sera axée sur plusieurs méthodes de
collectes et d'analyses des données.
Les informations nécessaires à la
réalisation de ce document sont obtenues à partir des ouvrages
généraux qui traitent des questions relatives à
l'évolution des villes. Aux relations villes campagnes, au
maraîchage péri-urbain ainsi qu'à l'approvisionnement des
marchés urbains. Ces ouvrages ont permis de définir d'une
manière générale les concepts et notions relatifs au
phénomène péri-urbain, à l'approvisionnement des
villes etc.... Mais aussi consultations de thèses et mémoires
ayant porté sur la ville de Thiès ont été
effectuées. Ces derniers révèlent des données
relatives à la situation démographique, spatiale et
socioéconomique de la ville de Thiès, ainsi que sur le
maraîchage périurbain à Thiès. Enfin la
sollicitation de certains services administratifs et techniques
de la ville a été nécessaire pour l'actualisation de
certaines données ainsi que pour mieux cerner notre zone
d'étude.
En somme nous avons consulté des données
bibliographiques de différentes sources :
> Dictionnaires généraux et spécifiques
> Encyclopédies spécialisées
> Ouvrages généraux et spécifiques
> Périodiques spécialisés, revues
scientifiques > Mémoires et Thèses
> Quotidiens et hebdomadaires
> Sources Internet
Pour mener à bien le travail, l'exploitation de
certains documents en rapport avec le maraichage et l'approvisionnement a
été nécessaire. Le constat suivant a été
fait sur les cultures maraîchères qui sont
caractérisées par : une forte valeur ajouté du produit qui
est obtenu avec un niveau élevé d'intrants et une main d'oeuvre
importante sur des exploitations généralement de petite surface.
Celles-ci se sont beaucoup développées depuis les vingt
dernières années.
L'état des connaissances actuelles sur
l'approvisionnement des marchés urbains montre que l'accent n'est pas
mis sur le rôle du maraîchage péri-urbain, ou bien trop
généralisé. Or faire une analyse profonde sur le
rôle du maraîchage péri-urbain dans l'approvisionnement des
villes est nécessaire pour pouvoir appuyer ce type d'agriculture ou
non.
Cette extension du maraîchage s'est faite dans la
région sahélienne proprement dite, sous forme diverses : jardin
de case, périmètres irrigués souvent collectifs, jardin
collectifs et jardins privés ceinturant les villes. La majeur partie des
documents consultés sont certes intéressants car permettant de
faire une approche comparative de la question du maraichage
et de l'approvisionnement. Mais il semble être un peu
dépassé actuellement, d'oül'importance de ce
travail qui essayera d'actualiser et d'apporter de nouveaux
éléments dans
ce domaine. Au Sénégal malgré le
développement de cette activité maraîchère dans la
zone péri-urbaine et son rôle de plus en plus important dans
l'approvisionnement des villes. Les recherches qui lui sont consacrées
(notamment dans le département de Thiès) sont certes importantes
mais doivent aussi être améliorées et/ou
actualisées.
10
Néanmoins, durant ces vingt dernières
années, des travaux de recherches ont été consacrés
à l'approvisionnement et au maraîchage au Sénégal
par le Département de géographie de l'Université Cheikh
Anta Diop de Dakar, comme le souligne Cheikh
Ba10. Ainsi selon Diéne Dione, le
développement du maraîchage s'est fait véritablement au
Sénégal et plus particulièrement dans la région du
cap vert, dans la période difficile de 1939 à 1943. Il ajoute que
devant les difficultés de s'approvisionner en riz, les dakarois se
tournèrent peu à peu à la consommation de choux, pomme de
terre, patate douce etc..11
La collecte de toutes ces informations aussi bien quantitative
que qualitative nous a conduit à effectuer des recherches au niveau des
différents centres de documentations :
> La Bibliothèque Universitaire (BU : UCAD)
> L'Institue Fondamentale d'Afrique Noire (IFAN)
> Bibliothèque du département de
Géographie
> Le Conseil pour le Développement de la Recherche en
Sciences Sociales en Afrique (CODESRIA)
> L'Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie (ANDS),
> Bibliothèque de l'ENEA (l'Ecole Nationale d'Economie
Appliquée)
> L'Institut de Recherche pour le Développement
(L'IRD)
> ENDA/ GRAF (Enda Groupes de Recherche Action Formation) >
CDH (Centre pour le Développement de l'Horticulture)
Certaines enquêtes menées sur le terrain,
auprès des personnes ressources (producteurs), ainsi que des recherches
sur l'internet ont permis la compréhension du sujet et la
vérification des hypothèses de travail.
2. Collecte des données de terrain 2-1 :
Définition de la population à étudier
L'étude porte sur des individus (producteurs)
officiants au niveau du périmètre maraîcher de
Keur Saïb Ndoye. Celle-ci permettra de voir
d'abord la catégorie de personne qui s'active autour du maraichage ainsi
que la part des maraichers habitants la zone. Ensuite les modes d'organisations
et de pratiques de cette activité pour pouvoir déterminer de
quelle manière
10 Cheikh Bâ, «Circulation des biens et
approvisionnement des villes, le raccourci par l'agriculture
péri-urbaine et le rôle des femmes», Le bulletin de
l'APAD, n° 19, Les interactions rural-urbain : circulation et
mobilisation des ressources
11 Diéne Dione, 1983, « Le ravitaillement de
Dakar en légumes a partir des Niayes du cap vert » Mémoire
de maîtrise de géographie, FLSH Dakar 160 pages
12
participe t- elle à l'amélioration des conditions
de vie de la population locale, ainsi que les revenus
générés.
2-2 : Observation
L'observation déterminera les limites réelles
des zones d'étude, à savoir le marché central de
Thiès et le périmètre maraîcher de keur
Saïb Ndoye. Elle a permis de constater que les limites du
marché ont beaucoup évolués, il est devenu plus vaste et
plus dense. Au niveau de keur Saïb Ndoye
l'extension spatiale de la ville de Thiès a fini de transformer l'ancien
village de keur Saïb Ndoye (communauté
rurale de Fandène), en quartier de la ville de Thiès.
L'immensité du périmètre qui s'étend de
Médina Fall à Keur Saïb Ndoye jusqu'à la
communauté rurale de Fandène avec des blocs d'exploitations
séparés par des dunes plus ou moins élevées a
été observée.
Carte 1 : Localisation des sites de productions de Keur
Saïb Ndoye
2-3 : Echantillonnage
Le choix du nombre de personnes à enquêter sera
fait en fonction des sites suivants : les maraichers exerçants dans les
carrières situées sur toute la bande Sud - Quest, Sud - Est, qui
sont regroupés en deux sites (ces deux premières sites sont
appelés « camb yi12 »). Et les maraichers
situés dans la vallée au Nord - Est du quartier en face de la
station d'épuration sur la route de Fandène (zone barrage). Ce
découpage a été fait par soucis de cohérence et
dans le but de couvrir équitablement la zone d'étude. Pour ces
producteurs l'échantillon sera prélevé à partir de
la population mère définie après recensement des
exploitants. Le décompte total des producteurs de la zone a donné
259 producteurs ce qui constitue la population mère. Pour avoir le
nombre de producteur à enquêté on a pris le 1/25 des
producteurs soit 25%. Le résultat obtenus est le suivant : 259*25/100 =
64,75 soit 65 producteurs à enquêter. Ensuite un recours à
l'échantillonnage stratifié par rapport à l'importance du
nombre de maraichers dans chaque site a été effectué.
Comme l'indique le tableau suivant, la population à enquêter est
répartie disproportionnellement entre les trois sites. Cette
méthode stratifiée veille à la bonne
représentativité de chacun des sites.
Tableau No 1 : Répartition des
producteurs selon le site.
Site
|
Nombre de maraichers total
|
Nombre de maraicher à enquêté
|
Site 1
|
72
|
18
|
Site 2
|
79
|
20
|
Site 3
|
108
|
27
|
Total
|
259
|
65
|
Source : Données d'enquêtes T. M. NDIONE, 2010
Chaque site est représenté dans l'échantillon par rapport
à son nombre de maraichers dans la population totale de maraicher. Le
calcul suivant a été adopté :
- Premier site (camb yi 1), si pour 259 maraichers, 65
seront enquêtés,
Pour 72 maraichers, combien seront enquêtés ?
X=72*65/259= 18 maraichers seront interrogés.
- Deuxième site (camb yi 2), si pour 259
maraichers, 65 seront enquêtés,
Pour 79 maraichers, combien seront enquêtés ?
X=79*65/259= 20 maraichers seront interrogés.
- Troisième site (zone barrage), si pour 259 maraichers,
65 seront enquêtés, Pour 108 maraichers, combien seront
enquêtés ?
X=108*65/259= 27 maraichers seront interrogés.
12 Fortes dépressions formées par
l'attraction du sable, car certaines exploitations (sud-est et sud-ouest du
quartier) se situent dans une ancienne carrière de sable.
Au total 65 producteurs seront interrogés.
2-4 : Méthodes et techniques de recueil des
données
La collecte des données s'est faite par
l'administration de questionnaire, ce dernier a été
utilisé pour obtenir des informations précises et
cohérentes. C'est dans ce cadre que les entretiens ont été
conduits en langue ouolof et française.
Le choix des producteurs auxquels seront administrés le
questionnaire s'est fait au hasard. Suite au constat fait sur
l'indisponibilité de certains exploitants, le non alignement des
parcelles ainsi que le manque d'organisation du milieu qui rendaient difficile
voire impossible toute planification.
Ces informations permettront d'établir des statistiques
et des tableaux pour mieux appréhender l'importance du maraichage
péri-urbain dans l'approvisionnement des citadins en légumes.
Ce travail a conduit à la réaliser
d'enquêtes au niveau du périmètre maraîcher de Keur
Saïb Ndoye qui constitue la zone de production des légumes. Pour
une meilleure collecte des données sur le terrain le questionnaire a
été élaboré suivant trois grandes parties et
administré à la personne responsable qui travail dans
l'exploitation. La première partie relative à l'identification va
permettre de voir les catégories de personne qui s'adonnent au
maraichage ainsi que les caractéristiques des exploitations. La seconde
partie qui traite de la production maraichère va contribuer à
déterminer le statut des exploitants, les systèmes de production
ainsi que les circuits de commercialisation. Quant à la troisième
partie du questionnaire qui s'intéresse aux apports et à l'avenir
du maraichage, elle permettra d'apprécier les avantages, les
inconvénients, les fonctions ainsi la pérennité de
l'activité face à l'avancée du front urbain.
2-5 : Les difficultés
rencontrées
Les principales difficultés sont celles relatives aux
limites de zone d'étude. Ces difficultés ont été
rencontrées durant les phases de recensement et d'interrogation des
producteurs. Lors de la phase de la revue documentaire, il était
difficile de trouver des documents relatifs au sujet (principalement à
la zone), surtout pour les données physiques. C'est ce qui explique
l'utilisation de celles de la ville de Thiès sachant que Keur Saïb
Ndoye en fait partie. L'étape la plus contraignante a été
cependant l'administration des questionnaires. L'heure à laquelle
14
se faisaient les enquêtes (le matin) coïncide avec
celle ou les maraichers s'occupaient de leurs activités (arrosage,
remplissage des bassins, désherbage etc.....). Donc l'obligation
de repasser ou de les attendre le temps qu'ils finissent s'imposée. Le
fait que certains maraichers demandaient s'ils allaient être payé
à la fin de l'entrevu constitué aussi un handicap. Car pour
certains d'entre eux ils ne voyaient pas l'intérêt de «
perdre » du temps sans contre partie. Cependant, la partie de
l'enquête relative aux aspects financiers des exploitations s'est
révélée comme étant la plus délicate. Cela
se traduit entre autre par une rétention d'informations de la part des
maraichers. En outre, certains des maraichers ont « cachés »
les informations sur leurs revenus ou donnaient des réponses vagues,
comme s'ils sous estimaient leurs revenus. Tout ceci a contribué a
retardé le travail.
3. Le traitement et l'analyse des données
Les données recueillies après enquête ont
été répertoriées dans les fiches du questionnaire.
Chaque partie du questionnaire a fait l'objet d'un dépouillement
spécifique et les réponses ont été classées
en fonction du site et traitées avec l'aide du logiciel
Sphinx. Ce dernier a permis d'exprimer les
résultats obtenus sous forme de tableaux statistiques. Les graphiques
sont obtenus après traitement des tableaux effectués sur
Excel.
L'analyse a constitué la dernière partie de
l'élaboration du mémoire. Elle comporte trois points qui
correspondent aux trois grandes parties du mémoire.
La première partie du travail porte sur la
présentation de Keur Saïb Ndoye et sur ses systèmes de
production maraichère. Après la, présentation
l'étude des systèmes de production proprement dite
c'est-à-dire la typologie, les caractéristiques des exploitants
ainsi que l'organisation des producteurs a suivi. Ces derniers disposent pour
la majeure partie de petites exploitations et font face à certaines
contraintes. A celles-là se greffent le facteur eau. Tout ceci devrait
permettre de comprendre les modes d'exploitations dans la zone.
En seconde lieu l'analyse porte sur les cultures
maraichères et l'évolution de la production maraichère.
Dans cette partie le point a d'abord été mis sur les cultures :
les spéculations cultivés, les techniques culturales etc.....
pour voire les spéculations les plus cultivées ainsi que la
manière dont elles sont produites. Il en ressort dès lors que se
sont les denrées périssables (légumes feuilles) qui sont
les plus cultivées eu égard à la proximité du site
avec le marché central. Ces dernières sont suivies par le piment
qui est commercialisé vers des destinations beaucoup plus
éloignées. Ensuite l'intérêt a été
porté sur les acteurs et à la
tendance de la production ainsi que les difficultés
rencontrées par les maraichers. Il en résulte que ces acteurs
sont multiples avec une évolution de la production conditionnée
par plusieurs facteurs.
La troisième et dernière partie du travail
consiste en une analyse des filières d'écoulement et de la
destination de la production ainsi que des retombés
socio-économiques du maraichage. Dans un premier temps il est question
de l'écoulement de la production de l'exploitation jusqu'au
consommateur. C'est ainsi que plusieurs filières sont découverts
et une multitude d'acteurs qui participent à la vente des
récoltes. Les destinations quant à elles varient en fonction des
produits et de la quantité récoltée. Cependant seule une
infime partie des récoltes est destinée à
l'autoconsommation ce qui est peut être liée aux types de
spéculations cultivées. Puis l'importance est accordée aux
revenus des producteurs, car comme toute activité de production il est
susceptible de fournir des revenus qui peuvent varier dans ce cas ci selon les
spéculations cultivées et les moyens de productions
utilisés. Cette partie a été bouclée par une
analyse des perspectives d'avenir du maraichage à Keur Saïb Ndoye
face à l'avancée du front urbain. Après un bref
aperçu des différentes fonctions du maraichage dans la
localité.
PREMIERE PARTIE : KEUR SAÏB NDOYE ET
SES
SYSTEMES DE PRODUCTIONS MARAICHERES
16
Chapitre I : Keur Saïb Ndoye et la ville de
Thiès
La ville de Thiès a connu une fulgurante
évolution au cours de ces dernières années et cette
évolution a eu pour effet d'entrainer dans le périmètre
communal plusieurs villages de la communauté rurale de Fandène
dont Keur Saïb Ndoye. C'est ainsi que ce dernier entretien des rapports de
natures diverses qui ont marqué son évolution au sein de la ville
de Thiès.
1- Présentation de Keur Saïb
Ndoye
Administrativement ce nouveau quartier est composé de
Diakhaté 1 dit Keur saïb ndoye, de Diakhaté 2 et de Keur
Mamadou Ndiaye dit Keur Modou Ndiaye. Il est limité au nord par Diassap,
keur mbaye diakhaté, keur fara, à l'Est et au Sud - Est par la CR
de Fandène au Sud - Quest par Médina Fall et par la route
nationale no 2 (route de St Louis) à l'Ouest.
Carte 2 : Localisation de Keur Saïb
Ndoye
Comme visible sur cette carte KSN fait partir des principaux
sites maraichers qui bordent la sortie Nord - Est de la ville de Thiès,
grâce à ces différents atouts dont les sols.
18
Sur le plan pédologique la zone est constituée
principalement de trois types de sol comme le montre le graphique suivant :
> Les sols decks : sols argileux à
argilo-limoneux lourd et difficilement manipulable
vu les faibles moyens techniques dont disposent les
maraichers. Ces sols sont localisés dans les bas-fonds le long la
vallée de Fandène aux alentours du barrage. Ils sont plus
compacts, plus imperméables et riches en matières organiques donc
plus favorable à la culture du piment, de l'aubergine etc..... Ces sols
sont les plus faiblement représentés, 7 % des sols de la zone.
> Les sols diors : sont les types de sols les plus
étendus dans la zone (75 %),
constituent une texture très sablonneuse qui les rend
légers, meubles et perméables. Leur structure instable leur vaut
une grande fragilité et limite étroitement leur capacité
de rétention d'eau. Ces sols diors, très répandus
au niveau des anciennes carrières dans les périphéries Sud
- Est et Sud - Quest du quartier. Ils accueillent bien les spéculations
telles que la salade, la tomate, l'oseille de Guinée (bissap) etc.....
Du fait du lessivage actif qui s'y exerce, ces sols révèlent une
grande pauvreté en éléments minéraux utiles,
aggravés par la destruction de la matière organique et de
l'humus.
> Les sols deck-dior, quant à eux sont
argileux et suffisamment sableux pour rester
meubles lorsqu'ils se dessèchent et perméable
lorsqu'il pleut. Ils se situent sur les hautes terres qui abordent les
bas-fonds. Beaucoup moins importants que les sols diors, ils
prédominent cependant assez largement sur les sols decks (18
%).
Figure No 1 : la répartition des types
de sols à keur saïb ndoye
Source : service départemental de Thiès
Ces différents types de sols, de par leurs
caractéristiques sont plus ou moins propices au
maraichage. Les sols
diors très meubles et riche en fer, supportent bien les
légumes feuilles.
Les sols decks quant à eux sont beaucoup plus
propices à la culture des légumes fruits du fait de leur richesse
en argile et de leur grande capacité de rétention d'eau.
Le relief est plus ou moins plat dans la partie Nord à
part quelques dépressions faibles. Il devient de plus en plus
accidenté au fur à mesure qu'on s'approche des zones Est, Sud -
Est et Sud - Ouest ou l'on trouve des cuvettes, des bas fond intercales entre
différents systèmes dunaires. La localisation de KSN au niveau du
plateau de Thiès est à l'origine de multiples vallées
parmi lesquelles celle de Fandène. Cette dernière
réglemente quasiment le réseau hydrographique de la zone.
Le réseau hydrographique qui irrigue KSN est
constitué principalement de la vallée de Fandène, canal de
convergence des eaux de ruissellements s'écoulant sur le bassin versant
du plateau de Thiès. Ce petit cours d'eau temporaire, long de 15 km
entre dans la CR de Fandène au niveau du pont de la RN no2
à hauteur de Diassap et continue en passant par KSN où il est
localement ralenti. Il est alimenté par deux rivières, l'un
venant du Nord et l'autre de l'école polytechnique de Thiès. Ce
dernier bras (qui est le plus puissant) à été
canalisé dans les années 70 jusqu'au niveau de Thionakh. Ces deux
principaux affluents se rencontrent au niveau de Pognéne pour former la
vallée de Fandène. Cette vallée n'est plus ce qu'elle
était d'une part par la forte baisse de la pluviométrie dans
toute la zone sahélienne et d'autre part par la construction de
barrages. En effet, l'écoulement à été fortement
réduit (vers Fandène) à cause de ces installations
construites à hauteur de KSN, créant localement un lac temporaire
où les eaux stagnent pendant presque toute la campagne maraichère
(de novembre à juin).
20
Carte 3 : Carte de la vallée de
Fandène
En plus de cela, la zone dispose d'importantes nappes
souterraines dont les plus exploitées sont le maestrichtien et le
paléocène. La présence d'une nappe phréatique qui
affleure, constitue un atout majeur pour le développement des
activités agricoles généralement et plus
particulièrement maraichères levier économique de la
localité.
Sur le plan social KSN qui constitue une zone tampon entre la
commune de Thiès et la CR de Fandène à connu une
évolution rapide de sa population durant ces dernières
années. En effet celle-ci est passée de 676 habitants (avec 81
concessions et 86 ménages) lors du RGPH de 198813 à
plus de 1010 habitants (avec 99 concessions et 101 ménages)
d'après le RGPH de 200214. Cette évolution s'explique
d'une part par l'intégration de la localité dans la ville de
Thiès et le développement des activités
maraichères. Et d'autre part elle est liée au fait que des
fonctionnaires ayant pris leur retraite achètent des champs dans la
principale cuvette maraichères de la cité du Rail. Ces champs
sont légués à des proches ou à des « sourgas
» qui viennent s'y implanter pour les exploiter.
13 ANSD : Répertoire des localités de la
région de Thiès RGPH 1988
14 ANSD : Répertoire des localités de la
région de Thiès RGPH 2002
L'insertion de KSN dans la ville de Thiès
procède plus d'une volonté des autorités communales
à disposer des terres de la localité qu'à une logique de
développement de la zone. Ainsi celle-ci a eu pour effet une
augmentation de la pression foncière, une rivalité d'occupation
entre usage agricole et usage non agricole des ressources en terres.
La localisation de ce quartier dans la
périphérie urbaine de Thiès fait de lui aujourd'hui une
zone fortement convoité au regard des besoins en espace habitable de la
ville. Mais les exploitations maraichères semblent être à
l'abri avec leur situation au fond des cuvettes. Même si des
possibilités de remblayage ont été avancées par les
autorités communale mais elles ont été jugées trop
couteuses15.
En conclusion, KSN est une localité qui a
été rattrapé par l'évolution exponentielle de la
ville de Thiès. Il bénéficie dès lors, de par sa
proximité aussi bien des avantages et opportunités d'emplois
qu'offre la ville, que des activités rurales à savoir
l'agriculture, l'élevage, l'arboriculture, l'aviculture etc..... que
procurent la proximité de la campagne.
2 - Evolution de Keur Saïb Ndoye dans la ville de
Thiès
Le quartier de Keur Saïb Ndoye est situé à
la périphérie Est de la ville de Thiès. A l'origine ce fut
un petit village de la communauté rurale de Fandène qui voit se
développer à ses alentours une importante carrière de
sable. Mais avec l'extension rapide de la ville de Thiès elle fut
intégrée à celle-ci par décret en 1978 (méme
si l'existence de ce dernier est contesté par les habitants et que la
mairie ne nous a pas montré un document prouvant son existence).
L'absorption de KSN ainsi que des autres villages environnants
s'est faite suite à l'extension du périmètre communal
relatif à une croissance démographique de plus en plus rapide de
la ville à partir des années 30. Face à la demande
urbaine, la commune de Thiès a connu des ajustements à la hausse
sur plusieurs périodes :
· 1973, absorption par rattachement de 33 villages qui
appartenaient à la communauté rurale dans le cadre de l'extension
du périmètre communal;
· 1978, rattachement de 14 villages dont Keur Saïb
Ndoye, Keur Modou Ndiaye, Thiès None, Silmang, Thiapong, Diassap,
Pogniéne etc..... suite à un décret présidentiel
autorisant l'extension du périmètre communal,
15 Broutin C, Commeat P.G, Sokona K. Mars 2005, Le
maraichage face aux contraintes et opportunités de l'expansion urbaine.
Le cas de Thiès / Fandène (Sénégal)
22
· 1983, établissement d'un Plan Directeur
Horizon 2000 avec une proposition de nouvelles limites.
De 1.200 ha puis 3.400 ha en 1978 la commune de Thiès
couvrirait une superficie de 6.822 ha en 2000, c'est à dire deux fois
plus en moins de 30 ans. Cette explosion spatiale qui s'est manifestée
par le grignotage d'espaces à la périphérie a, au fur et
à mesure créé des frustrations chez les populations
rurales, surtout au sein de la CR de Fandène. Celles-ci voient cette
extension comme une « colonisation " de leurs terres par la «
manipulation " de procédures, de textes. En profitant de la «
supposée " ignorance des élus locaux ou en
bénéficiant, d'une certaine manière de leur
complicité ou en utilisant les pouvoirs centraux de l'Etat pour
légitimer l'illégalité.
Aujourd'hui encore, plus qu'hier les besoins en terres de la
commune sont importants. C'est pour cette raison qu'en dehors des rattachements
de villages et de régularisation de « quartiers
périphériques ", plusieurs lotissements ont été
organisés pour satisfaire la demande urbaine : c'est l'exemple de ceux
de Mbour I, Mbour II et Mbour III. Pourtant la commune de Thiès
étouffe, son extension est stoppée de part et d'autre par la CR
de Fandène qui la ceinture notamment dans ses parties Sud, Est et Quest
(forêt classée). Certains pensent cependant que l'expansion
pourrait d'une certaine manière s'effectuer dans la partie Nord mais la
difficulté réside dans le fait que cette partie est une zone
agricole et aussi une réserve foncière.
D'autres évoquent également la
possibilité de favoriser le développement de lotissements et de
terrains d'habitation dans la CR de Fandène.
La problématique centrale se trouve dans la
contestation de la communauté rurale de Fandène des limites
communales actuellement déclarées. Par conséquent il
existe une forte compétition spatiale entre les deux
collectivités locales. Cette compétition s'effectue sur les
espaces périphériques. Elle est accentuée et entretenue
par le flou qu'entoure l'identification réciproque des limites entre la
commune de Thiès et la communauté rurale de Fandène. Ce
flou entraîne une confusion qui couve des conflits permanents de
propriété, de droits d'extension, d'accès entre la commune
et la CR. Il semblerait que ni les agents communaux, ni les agents de la
communauté rurale ne parviennent à identifier de manière
précise les limites des deux entités territoriales.
D'après les populations ces divergences existent depuis très
longtemps et ont été entretenues aux dépens de la CR. Le
problème entre Thiès et Fandène est ancien mais il a
été surtout exacerbé avec le transfert des
compétences en 1996.
23
Non seulement la ville absorbe les terres agricoles des gens,
mais profite aussi du déficit d'eau provoqué par les mauvais
hivernages pour transformer les terres en zones d'habitation et occupe des
espaces de réserves de la CR.
C'est dans cette situation marquée par des relations
conflictuelles entre Thiès et les communautés rurales voisines
que s'est effectuée l'intégration de KSN dans la ville. Celle-ci
a aussi été facilitée par la proximité de KSN par
rapport aux limites de la ville qui fait qu'il soit beaucoup plus exposé
que les autres villages de la CR de Fandène. Ainsi, la
compréhension des facteurs et processus d'absorption de la
localité de Keur Saïb Ndoye par la ville de Thiès passe
obligatoirement par l'étude des relations entre ces deux entités
ThièsFandène. Cette expansion spatiale de la ville de
Thiès notée, explique d'une part l'évolution de cette
dernière et d'autre part celle des villages engloutis.
3 : Le cadre physique
- Le Climat
La ville de Thiès à l'image de toute la
région, se particularise du point de vue climatique par son appartenance
au domaine Soudano sahélien. La proximité de l'océan et sa
façade nord qui borde la grande côte, constamment balayée
par l'alizé maritime issu de l'anticyclone des Açores lui
confèrent un climat doux et favorable souvent qualifié de climat
sub-canarien avec une influence continentale.
- Les précipitations
A l'instar des autres pays sahéliens, le
Sénégal a connu une forte baisse de la pluviométrie qui
s'est traduite par une translation des isohyètes vers le sud. Les
volumes d'eau reçus ont diminué globalement et leur
répartition dans l'espace a connu une forte irrégularité.
Les causes de cette péjoration climatique pourraient être
liées aux changements globaux survenus dans le climat de la Terre, du
fait de l'effet de serre16.
. Tableau No 2 : Pluviométrie de la
décennie 2000-2009 (Station de Thiès)
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Moyenne
|
Précipitation en (mm)
|
607,9
|
584,3
|
321,1
|
426,5
|
325,7
|
530,9
|
310
|
578,1
|
644,5
|
536,3
|
486,5
|
|
Source : service départemental de Thiès
16
http://www.cse.sn/sid/biblioth/pnae/desert/descau.htm
24
Les précipitations dans la ville de Thiès
s'étalent sur quatre mois de juillet à octobre. Pendant la
décennie 2000-2009, la station de Thiès a enregistré des
précipitations variant entre 300 et 650 mm / an. La moyenne de la
décennie est de 486,5 mm. C'est en 2005 qu'on a eu le moins de
précipitation avec seulement 310 mm contrairement à
l'année 2008 qui a enregistré le plus de précipitation
avec 644,5 mm. Cette variation traduit une certaine irrégularité
interannuelle. Cette irrégularité des précipitations a
pour conséquence la baisse des rendements des cultures pluviales,
dés lors de nouvelles techniques de cultures s'imposent. Comme partout
ailleurs dans le reste du pays, la péjoration climatique n'a pas
épargné cette ville.
- Les températures
Les températures au niveau de la ville varient entre
20.3°C et 33.1°C avec une moyenne qui tourne autour de 26°C. Les
températures les plus basses sont enregistrées durant les mois de
janvier et février où, le minimum peut aller jusqu'à
16°C. Alors que les températures les plus fortes sont notées
durant les mois de mars à octobre où le mercure peut atteindre
35°C.
La proximité de l'océan, lui procure une
humidité relative moyenne de 62%. Cependant, elle demeure très
variable car l'humidité maximale se situe à 87% et la minimale
à 37%. Les mois où les teneurs en eau dans l'air sont fortes
coïncident avec la saison des pluies.
Deux types de vent circulent principalement dans la zone; il
s'agit:
· des alizés notamment l'alizé maritime en
provenance du nord qui est de secteur N-NW apportant avec lui la
fraîcheur et l'alizé maritime en provenance du sud qui
détermine la pluviométrie.
· de l'harmattan vent d'est circulant durant les mois
d'avril à juillet. Il reste très affaibli où pas du tout
perceptible au niveau de la zone littorale.
- La géomorphologie
Sur le plan géologique, la zone de Thiès est
inclue dans le bassin sédimentaire Sénégalomauritanien.
Elle présente un relief relativement plat excepté le plateau de
Thiès (105 mètres), le massif de Ndiass (90 mètres), la "
Cuesta " (65 km2 de large et 128 mètres d'altitude). Ces
formes géologiques renferment beaucoup de richesses, qui sont sous
exploitées (minerai de fer, attapulgite, etc.). Plusieurs formations
géologiques résultant des périodes du Secondaire, du
Tertiaire et du Quaternaire sont très présentes dans ce milieu.
Le modelé très varié, est formé de plateaux, de
dépressions, et de collines. Le plateau de Thiès
sur lequel la ville est érigée est
constitué d'un substrat de marne et de calcaire avec des couches
phosphatées. Une partie de ces couches riches en alumine forment des
cuirasses blanchâtres compactes, recouvertes par endroit par des
cuirasses ferrugineuses.
- Les Sols
Les sols de la région sont caractérisés
par une majorité de types ferrugineux tropicaux non lessivés.
Dont les plus répandus sont : les sols diors (70% des surfaces
cultivables) aptes à la culture de l'arachide et du mil. Les sols
decks et decks diors (25% des surfaces cultivables)
favorables à la culture du sorgho, du souna et du maïs. Les sols de
bas-fond (3 à 5% des superficies cultivables) favorables aux cultures
maraîchères. Les sols ferrugineux tropicaux faiblement
lessivés sur sable siliceux au nord et au centre
caractérisés par des concrétions ferrugineuses sur
grès plus ou moins argileux sont présents au S-E : ce sont les
sols deck. Dans la zone des Niayes, dans les dépressions, dans
les vallées asséchées et inter-dunes, les vertisols et les
sols minéraux à pseudo gley très humifères se
particularisent.
A cela s'ajoute le fait que la localité dispose
également depuis 2008 d'une station d'épuration. Celle-ci dont la
construction a démarré en 2006 sous l'égide de l'ONAS est
localisée à proximité d'un bas-fond à Keur
Saïb Ndoye. D'autant plus que depuis 2007 un projet de valorisation des
eaux usées de la STEP a été initié avec l'appui du
gouvernement et de la mairie de Thiès. Cette valorisation des eaux
usées de la STEP de Thiès nord s'inscrit dans le cadre d'une
meilleure gestion de l'écosystème par le recyclage de l'eau pour
une utilisation par les populations, et pour le maraichage.
Au vu de toute cette évolution Keur Saïb Ndoye a
souffert de sa proximité avec la ville de Thiès qui a
entrainé son changement de statut en l'absorbant. Mais cette absorption
qui s'est faite suivant un processus résultant de plusieurs facteurs a
bouleversé les habitudes des habitants de ce petit village devenu
quartier maintenant. Ainsi pour répondre à leur nouveau
rôle de ravitailleur de la ville et bien tiré profit de leur
statut de quartier, les maraichers de la zone se sont efforcés à
améliorer leurs systèmes de production maraichère.
26
Chapitre II : Des systèmes de production
maraichère adaptés aux spécificités de Keur
Saïb Ndoye
Le maraichage constituant avec la production fruitière
et florale l'horticulture est définit comme étant la culture des
légumes de manière intense et professionnelle,
c'est-à-dire dans le but d'en faire un profit (ce qui le distingue du
jardinage)17.
Le concept de système de production est utilisé
pour décrire la marche d'une unité de production aux modes de
fonctionnement analogiques (susceptibles de réagir de la même
façon à un ensemble de proposition). Mais aussi pour
désigner le type d'exploitation qui domine et qui caractérise une
région ou une zone agricole dans ce cas ci maraichère. Selon
certains auteurs et chercheurs français en science sociales, le
système de production peut être considéré comme un
ensemble de composant d'une exploitation agricole donnée. Interagissant
en tant que système (les personnes, les cultures, le bétail
etc.....) ainsi que leurs rapports socioéconomiques qu'elles ont entre
elles et avec leur environnement.
Cette définition est un peu différente de la
conception anglo-saxonne tournée vers l'expérimentation et
l'intervention. Pour la plupart de ces auteurs anglais, le terme système
de production agricole fait référence à une organisation
particulière de l'entreprise agricole (culture, élevage,
transformation des produits agricoles, etc.....). Elle est
gérée en fonction d'un environnement biophysique et
socioéconomique conformément aux objectifs, aux
références et aux ressources de l'agriculteur.
Ce concept de système de production est
différent de l'unité de production qui est définie comme
étant la cellule économique et sociale constituée par un
ensemble d'individus liés solidement au moins lors de la mise en culture
d'un champ collectif. Il est aussi différent de l'unité de
consommation qui est définie comme l'ensemble des personnes qui ont
l'habitude de prendre en commun les repas.
D'une manière générale, l'agriculture au
Sénégal est essentiellement pluviale et
saisonnière,
comme en témoigne la forte fluctuation des
productions sur les deux dernières décennies.
Dans la grande
majorité, les producteurs agricoles sont de petits exploitants ruraux,
qui
17 SMITH O, 1999, Agriculture urbaine en Afrique
de l'ouest : une contribution à la sécurité alimentaire et
à l'assainissement des villes, Ottawa, Canada, CLA, CRDI
cultivent la terre sur des régimes fonciers
traditionnels. L'état actuel de cette activité fait qu'elle ne
joue pas efficacement sa mission qui est d'assurer l'autosuffisance alimentaire
pour toute la population nationale. Cette situation de morosité en
évolution croissante, est due à différents facteurs tels
que les effets des sécheresses, la forte croissance démographique
qui exerce une grande pression sur les ressources naturelles. Ceci
équivaut à dire que l'agriculture est essentiellement
basée sur les ressources naturelles et le climat.
Cette activité se développe de plus en plus au
Sénégal avec l'objectif que s'est fixée l'état
à savoir d'atteindre l'autosuffisance alimentaire en produit agricole de
grande consommation. Pour l'aboutissement de cet objectif, plusieurs
systèmes de production maraichère sont adoptés. Parmi ces
derniers certains sont traditionnels tandis que d'autres résultent d'une
véritable stratégie de développement du maraichage. Ces
systèmes de productions peuvent variés en fonction de la zone
étudiée.
Dans le cadre de l'étude du maraichage, KSN
présente un mode de production qui a beaucoup évolué en
fonction des opportunités offerte par la ville. Le mode de production
est donc indissociable du mode d'exploitation et de la localisation de
l'activité.
La typologie des exploitations maraichères de la zone
fait apparaitre une classification des exploitations selon la taille et selon
l'origine de l'eau utilisée. Ce critère de classification semble
plus pertinent quand il s'agit de catégoriser les systèmes de
production maraichère dans la zone de Keur Saïb Ndoye eu
égard de certaines spécificités. Ici, la taille des
exploitations varie généralement suivant l'origine de l'eau
utilisée. Et que le niveau d'équipement technique était
sensiblement identique partout c'est pour cela que ce dernier critère
n'a pas été prise en compte pour la classification des
exploitations.
1- LA TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS
Elle varie d'une localité à une autre et
détermine souvent la production. Dans la zone de keur saïb ndoye
plusieurs types d'exploitations ont été identifiés et
classés en fonction de deux critères. Cette classification s'est
d'abord faite selon la taille des exploitations puis selon le mode
d'approvisionnement en eau.
- Classification selon la taille
Selon la direction de l'agriculture il y'a trois types
d'exploitations agricoles au Sénégal : les
exploitations de
types traditionnelles ou familiales, les exploitations moyennes et les
28
exploitations agro-industrielle. Mais vu les
spécificités de KSN, deux types ont été retenus :
les exploitations de types traditionnelles et les moyennes exploitations.
a- Les exploitations de types traditionnelles ou
familiales
Comme leur nom l'indique elles sont de petites tailles sur
des étendues variant entre 200 m2 et 500 m2. Elles
représentent 60 % des exploitations de la zone et utilisent
généralement l'eau des puits. Elles se retrouvent la plupart dans
les sites à l'entré du quartier (camb 1) et dans les
cuvettes situées derrière celui-ci (camb 2).
b- Les exploitations moyennes
Ce sont pour la plupart des propriétés
individuelles de taille de 500 à 2500 m2. Ces exploitations utilisent
souvent les eaux épurés de la STEP, des nappes de surface
(céanes), ou ont des motopompes pour aspirer l'eau du puits.
L'absence d'une corvée pour avoir de l'eau explique dans une moindre
mesure l'importance des superficies cultivées. Elles se retrouvent dans
la vallée (zone barrage) et accessoirement dans les cuvettes
derrière keur saïb ndoye. Elles représentent 40 % des
exploitations.
- Classification selon le mode d'approvisionnement en
eau
L'eau, facteur de production de très grande envergure
est considérée comme limitant en zone sahélienne car elle
conditionne en grande partie la production agricole indépendamment des
autres facteurs. Dans cette zone, l'eau constitue la principale contrainte face
au développement des activités maraichères. Les maraichers
s'approvisionnaient à partir des céanes et des puits.
Mais depuis la mise en place de la STEP (décembre 2007) le mode
d'approvisionnement le plus fréquent pour les maraichers les plus
proches de cette installation est les eaux épurées. Ce type de
classification parait opportun car les modes d'approvisionnements
diffèrent selon le site et la localisation de l'exploitation. En effet
trois types d'exploitations sont répertoriés selon cette
classification : les exploitations utilisant l'eau des puits ; celles utilisant
les eaux des nappes de surface (céanes) et celles utilisant les
eaux épurées de la STEP.
a- Les exploitations utilisant les eaux des
puits
Il s'agit d'exploitations qui disposent d'un puits, l'eau est
extrait du puits manuellement à
l'aide d'une poulie ou
mécaniquement à l'aide d'une motopompe. La dure corvée
que
représente l'extraction de l'eau explique la faiblesse
des superficies exploitées (photo No 1). Ces
exploitations sont localisées dans les cuvettes à l'entrée
de KSN ainsi que dans celles situées derrière le quartier. Elles
représentent 60 % des exploitations de la zone et se développent
sur des superficies d'environs 400 m2.
Photo No 1 I LILIWIIIHQtrLIQ IIIISXIMI
IIIMILX
Sources : T.M. NDIONE, 2010
b- Les exploitations utilisant les eaux des nappes de
surface (céanes)
Ces exploitations sont localisées dans la vallée
vers Fandène, où la nappe phréatique est affleurant ou
à une profondeur dépassant rarement trois mètres. Car
cette zone constitue le point de chute des eaux de pluies qui ruissellent de
Thiès vers Fandène. Vers le mois de novembre cette zone
submergée par les eaux, ainsi les maraichers s'installent pour une
campagne qui durera 6 à 7 mois. Au fur et à mesure que la saison
sèche avance le niveau de la céane baisse et les
maraichers sont obligés de creuser le fond pour avoir de l'eau. Ces
exploitations représentent 13,8 % et se développent sur des
superficies de 500 m2 à 1000 m2.
Photo No 2 : maraicher utilisant une
céane simple
Sources : T.M. NDIONE, 2010
30
c- Les exploitations utilisant les eaux
épurées de la Station d'épuration
Cette catégorie regroupe toutes les exploitations
utilisant les eaux épurées de la STEP. Ces eaux sont fournies aux
exploitants par la STEP depuis décembre 2007 à travers des
canalisations souterraines qui remplissent les céanes
connectés tous les 15 jours. Toutes les exploitations les plus proches
de la STEP reçoivent sur demande et par des canalisations les eaux
usées épurées qui remplissent leurs céanes
durant toute la campagne maraîchère (de novembre à fin
juin). Compte tenu de la disponibilité de l'eau les surfaces
exploitées sont plus importantes dans ces parcelles. Ces
dernières représentent 26,2 % des exploitations de la zone et se
développent sur des surfaces de 1300 m2 environs. Ce
pourcentage relativement faible s'explique part le fait que la STEP n'a pas
encore atteint son débit normal qui est de 9000 m3/jour,
actuellement elle ne fournit que 3000 m3/jour.
Photo No 3 : céanes
alimentée par les eaux épurées de la STEP
Sources : T.M. NDIONE, 2010
Cette classification des exploitations selon ces deux
critères permet de comprendre d'une manière
générale la pratique de l'activité maraichère. Mais
pour une plus grande compréhension l'analyse des caractéristiques
des producteurs demeure nécessaire.
32
Figure No 2 : la répartition des
exploitations selon les sources de l'eau utilisée par les exploitants
maraîchers à Keur Saïb Ndoye
Sources : Données d'enquêtes T. M. NDIONE, 2010
2- CARACTERISTIQUES DES PRODUCTEURS
Le maraichage est une activité qui nécessite une
main d'oeuvre bien soutenue dans les pays sahélien eu égard de sa
pénibilité. Cette main d'oeuvre est caractérisée
par une diversité telle qu'il a paru intéressant de
l'étudier pour mieux la comprendre. Dans la localité de KSN le
maraichage est dominé par différentes types de systèmes
d'exploitation : le métayage qui englobe le prêt de planches et le
confiage ou « mbéy séddo » (Terme wolof signifiant
littéralement cultiver pour partager, système qui consiste a un
partage de la récolte entre l'exploitant et le propriétaire de la
parcelle),
la rémunération mensuelle. La location de
parcelle annuellement et le système ou le propriétaire exploite
lui-méme sa parcelle. Pour bien caractériser cette main d'oeuvre
le profil des maraichers a été déterminé à
travers plusieurs paramètres que sont : le genre, l'âge, l'ethnie,
la situation matrimoniale et le niveau d'instruction.
a- Répartition par sexe
Les résultats du recensement national de l'agriculture
au Sénégal de 1998-1999 montraient une part notable des femmes
dans cette activité. Mais les enquêtes effectuées en 2010
dans la zone de KSN montrent que le maraichage est une activité
pratiqué par une population constituée exclusivement d'homme. Il
en résulte que dans toute la zone étudiée la population
féminine est nulle. Ainsi la tendance est à la baisse très
soutenue de la part des femmes dans cette activité si l'on se
réfère au RNA de 1998. Au niveau des trois sites
enquêtés la part des hommes est égale à 100% de la
population interrogée. (cf figure no 5)
Figure No 3 : la répartition des
maraichers selon le sexe
Sources : Données d'enquêtes T. M. NDIONE, 2010
Cette absence des femmes s'explique d'une part par la force
physique que nécessite la pratique du maraichage pour l'entretien des
exploitations dont ne disposent pas les femmes. D'autre part le maraichage
exige une présence quasi permanente dans les exploitations (du matin au
soir) pour l'entretien et la surveillance enfin d'éviter les ravages si
l'on sait la vulnérabilité des ces cultures. Or en zone rurale et
semi rurale les femmes sont les principales responsables des activités
domestiques, donc elles ne peuvent pas respecter une présence constante
dans les exploitations.
L'analyse de ce critère montre que dans la zone de KSN
le maraichage est et reste l'affaire des hommes. Cependant cette main d'oeuvre
ne concerne pas toutes les tranches d'age de la population ce qui permet de
parler du critère âge.
b- Répartition par âge de la population
maraichère
Il est apparu après analyse que la gente masculine
constitue la principale et unique source de main d'oeuvre du maraichage
à KSN. Cependant la répartition de cette dernière selon
l'age peut différer en fonction du site.
En effet dans le premier site d'enquête (camb
1), 9 sur les 18 maraichers de l'échantillon sont âgés de
30 à 40 ans. Ils constituent les adultes et représentent 50% des
producteurs sur ce site. Ils sont suivis par les jeunes de 20 à 30 ans
qui représentent un effectif de 5 maraichers sur les 18 soit 28%. Ce
groupe de jeune précède les adultes âgés de 40
à 50 ans qui représentent 17% des maraichers qui sont à
l'entrée de KSN. Sur ce site la part des adolescents (moins de 20 ans)
et des adultes âgés de plus de 50 ans est très
insignifiante. En effet, aucun producteur
34
âgé de moins de 20 ans n'a été
recensé, mais aussi il est très rare de rencontrer des maraichers
âgés de plus de 50 ans qui sont certes présent mais peu
nombreux 1 sur les 18 maraichers.
Dans le second site d'enquête (camb 2), la
situation est tout autre car ici 11 des 20 maraichers de la localité
sont âgés de 20 à 30 ans soit (55%) contrairement au
premier site où ils ne représentent que 28%. Ils
représentent ici donc plus de la moitié des producteurs. Ils sont
suivis par les adultes de 30 à 40 ans puis de 40 à 50 ans ces
deux classes enregistrent au total 40% (8 des 20 maraichers) avec une forte
baisse de la part des adultes de 30 à 40 ans comparé au camb
1. La part des producteurs de 40 à 50 ans qui est égal
à 15% correspond à la situation au niveau du site 1. Mais aussi
la part des producteurs âgés de 50 ans et plus est nul (0
producteur).
La troisième zone qui est la zone du barrage
(située dans la vallée de Fandène) qui constitue
dernière zone d'étude est dominée par les producteurs de
20 à 30 ans, 13 des 27 producteurs soit 49%. Ce pourcentage est presque
identique à celui du précédent site (camb 2). Ces
jeunes sont suivis par les adultes de 30 à 40 ans et 40 à 50 ans
ces deux classes enregistrent les mêmes effectifs (5 effectifs sur les 27
pour chaque classe). Contrairement aux sites précédents les
adolescents occupent une place plus ou moins importante 8% des producteurs.
C'est ici également qu'il y a le plus de producteurs âgés
de plus de 50 ans, 2 producteurs sur les 27 soit 7%.
Figure No 4 : la répartition des
maraichers selon l'âge
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
D'une manière générale les jeunes (20 -
30 ans) occupent 45% des effectifs des producteurs de KSN. Cette
prédominance s'explique d'une part par le chômage qui sévit
dans la zone péri-urbaine de Thiès et qui poussent les jeunes
(plus touchés par ce phénomène) à se tourner vers
le maraichage quasiment seule opportunité fiable. D'autre part cette
situation s'explique par le faite que la force physique que demande la pratique
du maraichage est beaucoup plus présente chez cette classe d'age que les
autres. Ces jeunes sont suivis par les adultes de 30 - 40 ans qui regroupent
30% des producteurs, puis par ceux de 40 - 50 (17%). Dans toute la zone ce sont
les adolescents et les âgés de plus de 50 ans qui occupent les
plus faibles pourcentages 4% pour chacune des ces classes. Ces deux classes
regroupent six producteurs sur les 65 de l'échantillon (voire figure
no 6). Cette faiblesse peut s'expliquer par le mode d'accès
à la terre qui est un peu difficile pour les adolescents vu leur jeune
âge. Pour les plus de 50 ans leur faiblesse s'expliquerait peut
être par le fait que la dureté de l'activité ne permet pas
une pratique jusqu'à un certain âge avancé.
Toutefois il est à signaler que dans tous les sites
étudiés, les enfants de moins de 10 ont été
trouvés mais n'ont pas fait l'objet d'enquête car ne faisant pas
partie de la population cible. Ils effectuent les petits travaux, font les
commissions, s'occupent du désherbage manuel, de l'arrosage, de la
cueillette et du ramassage etc.... Mais ces deux dernières
activités sont cependant beaucoup plus effectuées par les femmes
bien n'étant pas productrices.
Elles s'activent de manière considérable dans la
cueillette et le ramassage.
Ainsi on peut tirer la conclusion suivante : la population
s'exerçant au maraichage dans la zone de KSN est constituée
majoritairement de jeune et exclusivement d'hommes, cache cependant une
diversité ethnique.
c- Répartition selon l'ethnie
A la suite de cette analyse il apparait nettement que l'ethnie
majoritaire dans l'ensemble de la zone est les wolofs (64,6 %), suivies par les
sérères (20 %), viennent loin derrière les peulhs, les
diolas, les soninkés et les bambaras (ces deux dernières ethnies
sont regroupées dans la catégorie autres ethnies) (cf figure
no 7).
Figure No 5 : la répartition des
maraichers selon l'ethnie
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
La population maraichère de la zone renferme plusieurs
ethnies variant d'un site à un autre. Dans le premier site
étudié (camb 1), se trouve cinq ethnies dont les wolofs
sont majoritaires (66,9 %), ceci s'explique d'une part par le fait que cette
ethnie est majoritaire au sein du quartier et dans les quartiers environnants.
Et d'autre part par le fait que le maraichage dans la zone étant
généralement une activité familiale, ainsi la
l'appropriation des terres se fait par héritage ce qui fait qu'elles
restent aux mains de l'ethnie majoritaire. Ces wolofs sont suivis par les
sérères qui viennent en deuxième position avec 16,6 %. Les
diolas et les peulhs totalisent chacun 5,5 %. Une ethnie
étrangère est retrouvée sur ce site : les bambaras qui
représentent 1 producteur sur les 18 de l'échantillon.
Au niveau du site 2 (camb 2) les tendances du premier site se
confirme avec une domination des wolofs (60 %), suivis de loin par les
sérères 20 %. Les peuhls viennent en troisième position
avec 10 %, soit une légère hausse comparée au
camb 1. Sur ce site l'absence des diolas contrairement au site
précédent est observée. Les peuhls partagent cette
troisième place avec les soninkés qui marquent leur
présence avec 10 %. Ces dernières sont originaires pour la
plupart de la sous région (Guinée, Cote d'Ivoire, Mali) venues
pour fuir souvent la guerre ou l'instabilité économique dans leur
pays. Ils louent des terres ou sont employés comme « sourgas
»18 et sont souvent exploités par des
propriétaires conscients du fait qu'ils sont en pays étranger et
donc dépourvus de toutes les connaissances et des réalités
du pays.
Dans la zone du barrage, la domination des wolofs se poursuit.
Sur ce site ils représentent 67 % des producteurs. Ils sont suivis par
les sérères 22 % qui enregistrent une hausse par rapport aux deux
premiers sites visités. Les peulhs viennent en troisième position
avec 7 % soit une baisse de 3 % par rapport au camb 2. Les diolas
ferment la marche avec 4 % seulement des
18 Travailleur engagé dans les exploitations pour une
duré bien déterminée et selon différentes
modalités de rémunérations.
36
effectifs. Mais les autres ethnies sont absentes sur ce site.
C'est dans ce site que se trouve la majeure partie des exploitations utilisant
les céanes et les eaux usées épurées de la
STEP. Donc ces maraichers sont plus ou moins exemptés de la
corvée que constitue l'extraction de l'eau. Ce qui explique le fait que
ce site soit largement occupé par les autochtones et les
sérères des villages proches et l'absence ou la faiblesse des
autres ethnies.
La domination des wolofs sur l'ensemble des sites s'explique
par le fait que Keur Saïb Ndoye fut fondé par eux, ce sont les
premiers à se lancer dans le maraichage dans la zone, suivi en cela par
les sérères. L'importance de ces derniers s'explique par la
proximité des villages sérères de Fandène. Toutes
les autres ethnies sont venues tardivement attirées par le
développement du maraichage avec une demande de la main d'oeuvre de plus
en plus importante.
L'analyse de la diversité ethnique des producteurs de
KSN est un paramètre très important pour comprendre la
composition de la population maraichère. Après ceci l'analyse du
niveau d'instruction s'impose.
d- Niveau d'instruction des producteurs
Sur 65 producteurs à Keur Saïb Ndoye seul le quart
(24,6 %) a fréquenté l'école française (Cf.
figure n° 8). Parmi ces 24,6% (soit 16 producteurs), les 13 ont
arrêté leurs études au primaire et les 3 restants au moyen
secondaire. Dans l'ensemble des trois sites aucun producteur n'a atteint le
cycle supérieur. Les analphabètes sont au nombre de 38 soit 58,4
%. Si l'on y ajoute les 17 % ayant reçu l'enseignement coranique le
résultat atteint 75,4 %. L'effectif plus ou moins important des
producteurs ayant fait le cycle primaire est lié à la
présence d'une école primaire dans le quartier. Mais aussi
à la proximité de ce dernier avec le centre ville siège de
nombreux établissements scolaires.
Figure No 6 : la répartition des
maraichers à Keur Saïb Ndoye selon le niveau
d'instruction
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
Le taux élevé d'analphabétisme est
lié au fait que l'instruction en français dans le monde semi
rural n'a pas atteint le niveau escompté par les autorités en
terme d'éducation. Pour la plupart des familles rurales, l'école
occidentale est source de perdition et de perte de temps autant pour les
garçons que pour les filles. A cet effet les parents
préfèrent amener leurs enfants avec eux dans les champs et avoir
une bonne main d'oeuvre, ou les envoyer à l'école coranique que
de les laisser fréquenter l'école française.
Cette analphabétisme constitue un risque car ces
maraichers analphabètes ne pouvant pas lire peuvent se tromper sur le
dosage et le mode d'utilisation des engrais. Ceci peut conduire à des
risques de pollution de la nappe phréatique (qui affleure), et à
des complications sanitaires liées à la consommation des produits
cultivés.
e- Situation matrimoniale des maraichers
D'emblée, dans toute la zone d'étude l'effectif des
mariés domine tous les autres situations matrimoniales.
Au niveau de Camb 1, 66,6 % des maraichers
enquêtés sont mariés, 27,9 % sont des célibataires
et 5,5 divorcés. Ceci résulte sans doute du fait que sur ce site
plus de 50% des maraichers sont des adultes de plus de 30 ans, à cela
s'ajoute le fait qu'en milieu rural et semi rural, les hommes ont tendance
à se marier des qu'ils ont une source de revenu. L'importance des
célibataires est liée à la présence de jeune de
moins de 20 ans sur ce site.
Sur le site de Camb 2, 55 % maraichers
interrogés sont mariés, suivis par les célibataires
40
%. Sur ce site y'a pas de divorcé par contre il y'a 5 % de veufs.
Ici méme s'il est vrai que les
jeunes de 20 à 30 ans sont
beaucoup plus nombreux, lié au fait que son exploitation a
démarré
38
beaucoup plus tardivement que les autres. Il n'en demeure pas
moins que la moitié d'entre eux soit des mariés.
Figure No 7 : la répartition des
maraichers selon la situation matrimoniale
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
Le site du Barrage présente presque les mêmes
tendances avec 66,6 % de mariés, 33,4 % de célibataire par contre
il n'ya pas de divorcé, ni de veuf contrairement aux sites
précédents.
Il apparait nettement après analyse que plus de la
moitié des maraichers (63%) dans toute la localité de KSN sont
mariés contre un tiers de célibataires (34 (Cf. figure
no 9).
Dans l'analyse de la figure des classes d'age les jeunes de 20
à 30 ans étaient beaucoup plus nombreux suivis par les adultes de
30 à 40 ans. Ainsi bien que cette population maraichère soit
composée majoritairement de jeunes et d'adultes ; il n'en demeure pas
moins que plus de sa moitié sont des mariés. Ceci s'explique part
le fait que même si KSN fait parti de la ville, ses habitants gardent les
habitudes des ruraux qui veulent que les jeunes se marient très
tôt afin d'éviter les dérives et d'être
responsables.
3- ORGANISATION DES PRODUCTEURS
L'enquête menée dans la zone de KSN
révèle l'absence de toute structure d'organisation de la part des
producteurs. Alors que face à l'évolution des techniques de
cultures, à la recherche de nouveaux partenaires, à
l'augmentation de la pression foncière, une bonne organisation des
maraichers demeure nécessaire pour une modernisation et une sauvegarde
de la pratique maraichère.
En effet pour Khar
Diakhaté19, un producteur de la zone, cette absence
d'association ou de GIE s'explique très bien : « personne ne
veut laisser sa parcelle même temporairement pour aller s'occuper de
documents, des démarches administratives nécessaires ou diriger
une association qui financiqrement n'apporte pas grand-chose ». Cette
absence de coordination de la part des maraîchers entrave parfois la
distribution des eaux usées épurées de la STEP. Car pour
bénéficier de ces eaux il faut faire une demande et sachant que
la STEP n'a pas atteint son volume maximal de production ce qui fait que tout
le monde ne peu pas bénéficier de ces eaux : se pose alors le
problème de leur répartition. Ce phénomène ne
milite pas en faveur du développement de l'activité
maraichère. Cette absence de structure d'organisation des maraichers
s'explique par le niveau d'instruction en français faible, les querelles
de leaderships entre les maraichers habitant KSN et ceux venant des autres
localités. Toujours selon Khar Diakhaté :
« ici la seule forme d'organisation qui existe est lorsqu'un
producteur tombe malade les autres s'organisent pour entretenir son
exploitation jusqu'à son retour. On forme un groupe qui va se charger
d'entretenir la parcelle de la personne absente apr~s que chacun d'entre nous
ai déjà fait le nécessaire dans sa propre
exploitation ». Mais cette forme d'organisation relève
beaucoup plus d'une solidarité entre producteur que d'une organisation
professionnelle. Cette manque d'organisation fait qu'il n'ya aucune
coordination entre les actions des producteurs, chacun adopte son propre
calendrier cultural, ses propres méthodes, chacun se débrouille
individuellement pour vendre sa récolte. Et ce manque de coordination
fait qu'ils sont exposés à des risques de surproduction d'une
meme spéculation sur une même période et dans ces
conditions ils subissent le dicta des commerçants qui profitent de leur
désorganisation.
En définitive, l'évolution de Keur Saïb
Ndoye a été entrainée par l'évolution de la ville
de Thiès. Mais aussi la pratique et le développement du
maraichage n'ont été possibles que grâce á la
situation géographique du quartier (point de chute des eaux de
ruissellement), á ses caractéristiques physiques avec ses sols
propices au maraichage. Mais également á l'existence d'un
marché de consommation (marché de Thiès) et á la
présence de la STEP des cuvettes formées par l'extraction du
sable. La réunion de tous ces éléments a poussé les
autochtones du quartier á se lancer dans le maraichage. Cette population
maraichère composée majoritairement d'hommes jeunes et d'adultes
wolofs, fut enrichie au cours des années par des personnes venant
d'ethnies et d'horizon diverses. Cette activité
caractérisée
19
Producteur rencontré au niveau de notre second site
d'enquête, qui fait partie des rares disposant d'un groupe
électrogène
40
par une diversité de l'origine de l'eau utilisée
est cependant gangrenée par un manque
d'organisation des producteurs.
Mais ces derniers ont mis en place des systèmes de
production
adaptés au milieu pour faire des cultures maraichères suivant
plusieurs éléments.
DEUXIEME PARTIE : CULTURES MARAICHERES,
ECOULEMENT
DE LA PRODUCTION ET REVENUS DES
PRODUCTEURS
42
CHAPITRE I : LES CULTURES MARAICHERES
Ces dernières années sont marquées par un
accroissement sensible de l'intérêt porté aux cultures
maraîchères dans certaines régions de l'Afrique de l'Ouest.
Cet accroissement est düen grande partie aux efforts accomplis
par les gouvernements en vue d'équilibrer la nutrition
des populations, de ravitailler les grandes villes. Mais
également au fait que l'exportation de légumes vers les pays
étrangers présente un intérêt économique
certain. Il est de tradition que les paysans africains fassent pousser, en
mélange avec leurs cultures vivrières habituelles, quelques
légumes comme la tomate, le gombo, les aubergines. Ces légumes
sont principalement utilisés par leurs producteurs pour la consommation
familiale et les excédents sont écoulés sur les
marchés locaux. Peu à peu, cependant, les modes de cultures ont
évolué sous l'influence de la pression démographique, de
l'augmentation de la demande, de l'urbanisation croissante et d'une incitation
à la culture industrielle. C'est ainsi que les cultures
maraichères se sont installées (constituées principalement
de légumes de types africains ou européens) aux abords des
grandes villes (Dakar, Abidjan, Bobo-Dioulasso) vers lesquelles s'amorce,
d'autre part, un transport de légumes depuis l'intérieur. La
pratique des cultures maraîchères au Sénégal
constitue une activité très ancienne. Les premiers jardins
potagers ayant été créés dans la presqu'île
du Cap Vert dès le début du XIX' siècle20. A
l'origine orientée essentiellement vers la satisfaction des besoins de
la capitale, la principale zone de production est la région des
niayes21, le long de l'océan, qui
bénéficie de conditions pédo-climatiques très
favorables. Par la suite, des ceintures maraîchères se sont
développées à proximité des principales villes du
pays. Il est donc normal dans ces conditions que le gouvernement du
Sénégal se préoccupe de développer les cultures
maraichères. Au point que dans son 6ème Plan de
Développement Economique et Social 1981-1985, il considère le
secteur maraîcher comme un des secteurs prioritaires. En effet, ces
cultures permettent : de diversifier rapidement la production agricole,
d'améliorer l'équilibre nutritionnel de la population. Mais aussi
d'augmenter les revenus des agriculteurs, d'améliorer les conditions de
vie du monde rural et de réduire le déficit de la balance des
paiements. Mais les cultures maraîchères sont une
spéculation difficile et délicate tant dans leur production que
dans le cheminement des produits après la
récolte22.
20 Pagès J. 1995. Les systèmes de culture
maraîchers dans la vallée du fleuve Sénégal.
Pratiques paysannes, évolution : Nianga, laboratoire de
l'agriculture irriguée en moyenne vallée du
Sénégal. Paris : ORSTOM, p.171-187. Nianga, laboratoire de
la culture irriguée, 1993-10-19/1993-10-21, (Saint-Louis,
Sénégal).
21 Idem
22 C.D.H, 1986, Les cultures maraîchères au : Bilan
des activités de 1972-1985 du CENTRE POUR LE DEVELOPPEMENT DE
L'HORTICULTURE
Cette agriculture maraichère pratiquée à
la périphérie de la ville, fournit 60% des légumes
consommés en ville23. C'est dans cette
méme optique que la ville de Thiès voit se développer dans
ses alentours des activités maraichères qui deviennent de plus en
plus importante. Dans la zone de KSN le maraichage est pratiqué toute la
saison sèche dans la vallée (zone barrage), ainsi que dans les
cuvettes. Cependant, l'importance du maraichage d'hivernage constitue de plus
en plus une stratégie de réponse aux difficultés
liées à la disponibilité de l'eau durant toute la saison
sèche.
Dans cette zone comme partout au Sénégal ou le
maraichage s'est développé, les cultures maraichères sont
caractérisées par une très grande diversité aussi
bien sur le plan des techniques culturales que des spéculations
produites.
1- Les techniques culturales
Le maraichage est une activité
caractérisée par une diversité de techniques culturales
dans les pays sahéliens vu les nombreux paramètres :
pédologiques, hydrographique, moyens utilisés,
disponibilité de l'eau etc....
Elles reposent essentiellement sur les techniques d'exhaure,
les méthodes d'irrigation, les moyens utilisés et la
fertilisation des sols. La maîtrise des itinéraires techniques
dans la production maraichère est à promouvoir même si d'un
site à un autre ou d'un type d'exploitation à un autre, il existe
des différences. Ainsi, selon la spécialité du site de
production, les connaissances se limitent à l'augmentation des
rendements par l'accroissement des surfaces conditionné également
par l'exhaure et les méthodes d'irrigation. Ici dans la zone de KSN, les
techniques utilisées ne sont pas très modernes certes mais
très diverses.
- Le mode d'irrigation
Le mode d'irrigation : est une opération consistant
à apporter artificiellement de l'eau aux cultures permettant leur
développement normal en cas de déficit. Le plus répandu
est le mode d'irrigation manuelle par arrosoir qui est utilisé à
100 % dans la zone. En effet seuls deux maraichers sur les 65 de
l'échantillon (soit 3 %) ont une motopompe. Mis à part ces deux
producteurs tous les autres qui utilisent l'eau des puits pratiquent une
exhaure manuelle à l'aide d'une poulie. Mais le constat est que la
motopompe est destinée à faire sortir l'eau du puits, de la
mettre dans des bassins et non pour arroser les cultures. La suprématie
de ce mode d'irrigation s'explique par le fait que les superficies
exploitées par chaque maraicher en
23 Niang S, Girardet A.G, Sall A, octobre 2006, Agriculteur en
eau trouble, agriculture urbaine bulletin no 33
44
moyenne 799 m2, ne sont pas de grandes tailles. Ces
petites exploitations renferment une diversité de système et de
techniques de cultures. Avec en réalité une stratégie
visant à saisir toutes les occasions de vendre et à
réduire les risques liés à la production d'une ou de deux
cultures seulement, vu la fluctuation des cours. Ainsi il n'est pas rare de
voire une association de culture sur une méme planche d'environ 7,5
m2 (5m longueur x 1.5m largeur) : association salade et chou ;
tomate et salade ; oignon et salade.
- Les moyens utilisés
Les moyens utilisés par ces maraichers exploitant des
domaines relativement petits, sont de petit matériel agricole de binage,
de désherbage, d'émondage, de sarclage et de repiquage. La
formation des planches se fait avec l'aide de houe et de râteau. Ces
planches sont destinées à accueillir des spéculations tels
que la salade, le chou, le persil, la menthe etc..... Les autres
spéculations tels que le piment, les aubergines (douce et amère),
sont repiquées après avoir quitté la
pépinière, dans des trous d'environ 40 cm de diamètre,
dont le sable a été retourné et mélangé avec
du fumier ou de l'engrais. Le désherbage se fait également
à la main ou à l'aide d'une houe. La lutte phytosanitaire et les
modes d'utilisation des engrais sont des plus précaires surtout au
niveau des petites exploitations. Le problème est d'autant plus alarmant
que les connaissances sur les rémanences des produits utilisés
sont quasi nulles (vu le manque de scolarisation élevé). Et les
délais d'attente pour la dégradation de ces produits
utilisés sont largement déterminés par les
opportunités sur le marché. Les techniques de fertilisation sont
mal maîtrisées parfois surtout en ce qui concerne l'utilisation
des engrais minéraux et des produits phytosanitaires
particulièrement chez les petits producteurs. En ce qui concerne la
gestion de l'eau, (voire dans la première partie du mémoire
chapitre II, 1-2).
L'analyse de cette partie montre que l'utilisation de
techniques culturales modernes n'est pas encore effective à KSN.
L'absence totale de machine ou du maraichage de table, ou méme d'autre
matériel de nouvelle génération dans la pratique du
maraichage est à mettre en rapport avec l'absence d'organisation des
maraichers. Mais ces techniques de cultures aussi traditionnelles soit elles
cachent par contre une grande diversité dans l'utilisation des intrants
pour le développement des cultures.
2- Les facteurs de productions
2-1 : Le fondier
Il est considéré comme un facteur de production,
c'est-à-dire un élément physique de l'unité
d'exploitation qui lui permet de se reproduire. Le foncier (terre) occupe la
première place dans la pratique le maraichage.
Tableau No 3 : Répartition de la
superficie des exploitations en m2
Superficie (en m2)
|
Nombre de fois cité
|
Fréquence
|
Moins de 400
|
04
|
6,2%
|
400 - 800
|
39
|
60%
|
800 - 1200
|
02
|
3.1%
|
Plus de 1200
|
20
|
30,8%
|
Total
|
65
|
100%
|
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
Dans cette zone les exploitations maraichères sont de
petites à moyennes tailles avec des superficies comprises entre 300 et
2500 m2. En effet, 66,2 % des maraichers ont des exploitations
allant de 300 à 800 m2, alors que 33,9 exploitent des
superficies de 800 à 2500 m2. La taille moyenne des
exploitations est plus ou moins faible 799,23 m2, ce qui explique
l'absence de la pratique de la jachère dans la zone qui est source
d'appauvrissement des sols. Pourtant l'importance de la jachère dans le
processus de restauration de la fertilité des sols n'est pas inconnue
des maraichers. Par conséquent, les superficies totales correspondent
aux superficies cultivables et cultivées. Ainsi même si des
maraichers souhaitaient étendre leur exploitation à la suite de
la disponibilité de l'eau ou d'une augmentation de la demande des
populations, cette volonté d'extension déboucherait surement sur
des conflits fonciers car y'a plus d'espace libre.
Concernant le statut foncier de ces maraichers
c'est-à-dire sur qu'elle base ils occupent et exploitent les parcelles,
les réponses suivantes ont été obtenu :
46
Figure No 8 : La répartition des
maraichers selon leur statut foncier
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
A keur Saïb Ndoye, 54% des maraichers affirment etre
propritaire de leur parcelle et 46% occupent leur exploitation sur la base de
différentes modalités. Ces dernieres sont la location (21% des
maraichers) et le métayage (25% des maraichers).
Sur les 35 maraichers qui affirment etre propriétaire,
27 d'entre eux l'ont eu par héritage (soit 77,15%), et les 8 restants
par achat (soit 22,85). Les prix d'achat varient entre 100000f et 250000f cfa
pour des superficies comprises entre 500 et 1900 m2.
S'agissant de la location des parcelles celle-ci se fait
généralement annuellement et les prix avancés sont compris
entre 10000f et 30000f CFA pour les mêmes superficies citées
précédemment. (Cf. figure no11).
Figure No 9 : La répartition des
maraichers locataires de parcelle selon les prix
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
2-2 : Les intrants
Ils sont considérés comme l'ensemble des
données qui entrent dans le cadre d'une production, se sont les
semences, les fertilisants et les équipements. Dans le cadre de ce
mémoire, l'accent est mis sur les semences et les fertilisants. Car le
maraichage qui se développe dans la zone utilise de petites
exploitations ne nécessitant pas beaucoup d'équipements. En ce
qui concerne les quantités de semences des différentes
spéculations l'absence de données nécessaires a
compliqué le travail. Mais selon Faye M.C (2009)24 qui a
travaillé dans le secteur, une légère augmentation de la
quantité de semence a été notée sur les maraichers
ayant accès aux eaux épurées de la STEP. Toutefois cette
petite augmentation de la quantité des semences ne concerne que
certaines spéculations : persil, aubergine douce et chou. Toujours selon
elle cette légère augmentation de la quantité des semences
par une portion des maraichers s'explique par la disponibilité des eaux
usées épurées. En effet ces derniers espèrent
accroitre leur production en augmentant les semences cumulées aux eaux
épurées contenant des éléments fertilisants.
Pour les fertilisants, deux types sont généralement
utilisés dans la zone : il s'agit de l'engrais organique et de l'engrais
chimique.
> Dans cette zone l'engrais organique le plus
utilisé est le fumier de cheval, de boeuf etc.... Ce type de fumier
provenant des enclos des animaux est très utilisé ici, du
début de la plantation jusqu'à la récolte. Les maraichers
sont ravitaillés par des charretiers qui acheminent le fumier dans les
champs à défaut de 2000 franc CFA par charge. Ce prix jugé
trop chère par 56,9 % des maraichers, connait des fluctuations selon la
période et la position de l'exploitation et varie entre 1500 et 3000
franc Cfa. Ce qui pousse les producteurs à allier les fertilisants
organiques et chimiques.
> Pour ce qui est des fertilisants chimiques, les plus
utilisés par les maraichers de la zone sont : l'urée et le
NPK25 qu'ils appellent « Alam ». ces fertilisants sont
utilisés selon les types de cultures. Celles à fleures tels que
la salade, le persil, le bissap nécessite beaucoup plus d'urée
car elle permet un bon développement du feuillage. Par contre le NPK qui
favorise un développement végétatif est utilisé en
grande quantité pour les cultures à fruits tels que le piment,
les aubergines (douce et amère) etc.... La aussi les prix sont
jugés trop chères par prés de 60 % des producteurs. La
quantité totale d'urée
24 FAYE M. C, 2009, Evaluation des effets
socioéconomiques de l'épuration biologique de la STEP de Keur
Saïb Ndoye sur les exploitations agricoles des villages riverains,
Mémoire de fin d'étude ENEA. 82 pages
25 Les lettres N P K sont les symboles chimiques des trois
principaux constituants atomiques des engrais : N = Azote, P = Phosphore, K =
Potassium
48
ou de NPK utilisée par chaque exploitant dépend
des types de spéculations cultivées. Cependant il est difficile
de connaitre les quantités totale de fertilisant utilisés car ces
maraichers évoluent dans l'informel et ne répertorient pas
très souvent les quantités qu'ils utilisent pour chaque
spéculation. Mais d'après leur estimation c'est le NPK qui est le
plus utilisé car les spéculations ayant besoin de ce produit
même s'ils ne sont pas en tête des produits les plus
cultivés, occupent cependant beaucoup plus d'espace.
En résumé, l'utilisation aussi bien des engrais
chimiques qu'organiques par les producteurs conduits au bon
développement des cultures. D'après nos enquêtes 100 % des
maraichers utilisent des engrais organiques et 84,6 % d'entre eux les combinent
avec les engrais chimiques. Cependant le taux d'analphabètes très
élevé au sein des producteurs fait qu'il existe un réel
risque sanitaire lié à la non maîtrise des dosages de ces
fertilisants chimiques. Mais avec l'appui de l'ONG RODALE INTERNATIONAL qui
initie les maraichers à la pratique du maraichage biologique, 15,4 % des
maraichers affirment ne pas avoir recours aux engrais chimiques l'espoir est
peut être permis. Ces différents types de fertilisants
précités sont utilisés sur une diversité de
spéculation.
3- Les principales spéculations
cultivées
Les systèmes de productions maraichères
péri-urbaines à Thiès sont très diversifiés
en termes de spéculations produites. Cependant cette diversification
semble suivre une logique de spécialisation en fonction de la typologie
des sols, du site, de la taille des exploitations et des moyens
utilisés. Ainsi dans les zones dépressionnaires situées au
Sud- sud -- Ouest et au Sud -- sud - Est de KSN (camb yi 1 et 2)
caractérisées par leur exigüité, des sols ferrugineux
tropicaux peu ou pas lessivés. Et soumis aux contraintes hydriques
particulières dans la zone, dominantes les cultures telles que la
salade, le persil, la menthe, le bissap etc..... La menthe joue un rôle
important notamment en apport financier substantiel permettant le financement
en intrants divers et des besoins quotidiens des exploitations grâce
à sa facilité de production. Ce dernier aspect fait qu'on la
retrouve quasiment dans 40 % des exploitations. Dans 92 % des exploitations de
ces deux sites la salade est majoritaire.
Au niveau des sols decks et deck diors
localisés respectivement dans la vallée et les hautes terres
qui bordent celle-ci, se développent principalement les cultures
suivantes : le piment, l'aubergine douce, le diaxatou, le chou etc..... Ces
cultures poussent sur ces sols plus compacts et bénéficient de
leur humidité du fait de leur capacité de rétention d'eau.
En dehors de ces spéculations citées se retrouvent
également d'autres cultures occupant de très faibles
superficies. L'autre aspect remarqué dans la zone et
qui mérite d'être signalé aussi bien au niveau des sols
diors, decks et deck-diors c'est l'intégration de
l'arboriculture dans le maraichage. Avec une production essentiellement
constituée de mangues, d'agrumes, etc..... En effet 63,1 % des
maraichers de la zone ont des arbres fruitiers dans leur exploitation.
Photo No 4 : Importance de
l'exploitation fruitière
Sources : T.M. NDIONE, 2010
D'une manière générale neuf types de
légumes ont été identifiés et peuvent être
classés en deux grandes catégories :
> Les légumes feuilles : salade, persil, menthe,
bissap etc..... Ces spéculations sont produites
généralement durant toute la saison sèche car ne
supportant pas trop les eaux de pluies.
> Les légumes fruits : piment, aubergines (douce et
amère), tomate etc. ..... Leur
production dans la vallée connait un arrêt total du
fait de l'impraticabilité du site.
Tableau No4 : Les principaux types de
légumes
Feuilles
|
Fruits
|
Salade ; Menthe ; Persil ; Chou ; Bissap
|
Piment ; Aubergine douce ; Diaxatou, Gombo
|
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
Il apparait à la lumière de cette analyse que la
production maraichère est très diversifiée en termes de
spéculation. Parmi cette dizaine de spéculations les plus
cultivées sont : la salade, la menthe, le piment, le persil etc.... Mais
les spéculations tels que la salade, la tomate sont susceptibles
d'être consommées crues, ce qui accroit le risque sanitaire
lié à l'utilisation des
50
eaux usées même si elles sont traitées.
Cependant toutes ces spéculations ne sont pas produites dans la
même période. En effet, le choix des maraichers dépend de
la demande du marché et des conditions physiques qui prévalent
dans la zone.
Malgré leur statut de petits exploitants les maraichers
de keur saïb ndoye essaient tant bien que mal d'apporter des innovations
dans leurs pratiques maraichères, méme s'il est vrai que beaucoup
de chose reste à faire pour une forte évolution de la
production.
CHAPITRE II : LA PRODUCTION MARAICHERE : REPARTITION,
EVOLUTION
La production maraichère constitue le résultat
final de l'ensemble des facteurs de productions. Au Sénégal le
développement des cultures maraichères péri-urbain s'est
accompagné d'un accroissement important des connaissances de la
production. Cette production qui dépend de plusieurs facteurs est
composée comme tantôt signalée par les légumes
feuilles et fruits, et dominée par la salade, le piment, la menthe
etc... Les principaux sites de production ont déjà
été identifiés. Il s'agit des cuvettes situées sur
toute la partie allant du Sud - Est vers le Sud - Quest du quartier ainsi que
de la zone du barrage situé au Nord - Est de KSN dans la vallée
de Fandène. Cette production est cependant assurée par
différentes personnes qui travaillent selon plusieurs statuts.
1- Les acteurs de la production
Parmi les 65 maraichers enquêtés 41,5 % d'entre
eux affirment qu'ils étaient dans d'autres secteurs d'activités
que certains d'entre eux n'ont pas totalement délaissés. Ces
derniers se définissent comme des maçons, des chauffeurs, des
laveurs de voitures, des marchands ambulants présent dans le maraichage
soit parce qu'ils n'ont plus d'emploi. Soit parce qu'ils veulent de quoi
acheter du matériel (maçon, marchands ambulants) ou de quoi payer
les frais afférents à l'obtention du permis de conduire (laveurs
de voiture). Les autres qui étaient soit des élèves ou des
dans de petits métiers instables, ont préférés se
reconvertir dans le maraichage. Ce choix s'explique selon les
intéressés par plusieurs raisons dont l'existence d'un potentiel,
les revenus générés et surtout par le fait qu'ils ont
grandi dans l'environnement du maraichage, car étant issus pour la
plupart de famille ayant pratiqué le maraichage. Signalons au passage
que 65,8 % des maraichers de la zone habitent à KSN, 26,51 % Viennent
des quartiers et villages environnants (Médina Fall, Fandène,
Kawsara, Keur Mbaye Diakhaté, Thiallé etc.....) et 7,69 % sont
issue de milieux lointains.
52
Figure No 10 : la répartition des
maraichers selon leur lieu de résidence
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
De méme des fonctionnaires à la retraite ou non,
s'active aussi dans le maraichage grâce à l'utilisation des
saisonniers (30,8 %) communément appelés « sourgas ».
L'utilisation de ces derniers se fait suivant différents modes.
> I 'eP Sloi : le saisonnier est
employé et rémunéré en espèces
mensuellement. Celui qui l'engage met à sa disposition le champ, le
matériel, les intrants et est propriétaire de la production. Il
est aussi son logeur dans la plupart des cas et s'occupe de sa nourriture.
> Le confiage ou « mbéy
séddo » : tout est mis à la disposition du
« sourga »qui se charge de produire. A la récolte, les
contractants se partagent de façon équitable les recettes
après déduction ou non des charges par le propriétaire.
> Le prêt de planches : Le «
surga » peut y mener ses propres cultures, mensuelles. Pour cela
il faut être sûr de disposer d'assez d'eau. Il travaille pour son
employeur puis pour lui. Cette méthode permet au maraîcher de ne
pas dépenser d'argent pour le travail, le « surga »
se rémunérant sur la vente des produits des planches qu'il
exploite pour son compte.
Dans la zone de keur saïb 18,5 % des producteurs
utilisaient comme mains d'oeuvre leurs enfants ou leurs frères et dans
ces condition il été difficile voire impossible pour nous de
connaitre les méthodes de rémunération. Cependant pour les
43,1 % des producteurs restants, soit ils exploitent eux-mémes leur
champs sans aide extérieure, soit ils n'ont pas souhaités
répondre à cette question.
La journée de travail des maraichers varie de 4 à
15 heures de temps. En effet les maraichers
vont aux champs au plutôt
vers 5 heurs du matin et au plus tard à 10 heures. Ils rentrent au
plutôt vers 12 heures et au plus tard vers 21 heures. Ces
maraichers établissent par la suite un calendrier cultural selon
différents critères.
2- Répartition des cultures selon les
différentes périodes de l'année D'après
les enquêtes, la production de légumes à KSN est fonction
des conditions écologiques (permettant un bon rendement) et commerciales
(possibilité d'écoulement des produits). Cette production est
largement influencée par la demande sur le marché. Ce qui fait
que les maraichers essaient d'adapter leur calendrier cultural aux
réalités de ce dernier. Tout en occultant pas le facteur
écologique pour pouvoir tirer le maximum de profit de leur
activité. De ce fait, il est fréquent de voire plusieurs cultures
adoptées à la même période par la plupart des
maraichers.
Tableau No5 : Calendrier cultural
Mois Légumes
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Salade
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Menthe
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|
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|
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|
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Piment
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|
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|
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|
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Persil
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|
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|
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Aubergines
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|
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|
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|
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Chou
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|
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Bissap
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Oignon
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|
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|
|
|
|
Gombo
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
Légende :
Salade
Menthe
Piment Chou Gombo
Aubergines
Persil
ignon
Bissap
Ce tableau montre nettement que hormis les aubergines, le chou,
le gombo, toutes les autres
spéculations ne sont pas cultivées
ou bien en très faible quantité durant l'hivernage. Car
les
mois en blanc ne signifient pas forcément un arrêt total de
leur production mais peuvent
54
correspondre à une baisse drastique due notamment
à plusieurs facteurs. En effet selon les maraichers interrogés la
culture de la salade, de la menthe et du persil est fortement réduite
durant l'hivernage car ces derniers ne supportent pas les eaux de pluies. En
outre la salade et la menthe sont aussi des cultures qui ne se
développent pas très bien en période de fraicheur
(décembre - février). L'arrêt de la culture du piment
durant l'hivernage est par contre lié à l'occupation du site ou
il est cultivé en grande partie (Nord de KSN, zone barrage) par les eaux
de ruissellement. La pratique du maraichage sur ce site est impossible car les
eaux stagnent ici avec des hauteurs atteignant parfois deux mètres.
Quant aux aubergines elles sont cultivées toute l'année car ces
spéculations sont très résistantes, méme une forte
baisse de leur production est enregistrée durant l'hivernage liée
aux mémes raisons que pour le piment. La culture du chou et du gombo est
pratiquée d'avril à octobre, car ne supportant pas la fraicheur.
Idem pour le bissap qui en plus de cela n'est pas cultivé pendant
l'hivernage car subissant la concurrence du bissap cultivé sous la
pluie. Toutes ces spéculations connaissent cependant différentes
fréquences de récoltes. La salade dure un mois après avoir
quitté la pépinière, le piment et les aubergines sont
récoltés chaque semaine et parfois même deux fois dans la
semaine. La menthe et le persil sont coupés à chaque quinzaine
pour leur permettre de retrouver un feuillage normal. Cependant des
spéculations comme le chou et l'oignon dure beaucoup plus longtemps (3
à 4 mois),ainsi les maraichers sont obligés d'avoir recours aux
cultures à cycle court pour disposer à tout moment de revenus
monétaires.
D'une manière générale le calendrier
cultural du maraichage dans la zone de KSN est fortement influencé par
les conditions physiques mais aussi par la demande du marché. Mais
malgré ces contraintes physiques, les maraichers font des cultures de
contre saison, car ces dernières apportent beaucoup plus d'argent. A
cela s'ajoute la diversification des cultures sur une même période
pour éviter les surproductions et avoir tout le temps quelque chose
à vendre.
3- L'évolution de la production
maraichère
Durant ces deux dernières décennies, la
production maraichère a connue un grand essor au Sénégal,
ou elle est perçue comme une alternative pouvant permettre aux
producteurs de trouver des revenus et aux marchés de se ravitailler en
légumes frais. Cette production évolue cependant selon les zones
de la vallée du fleuve jusqu'aux Niayes de Dakar en passant par Mboro et
les cuvettes de KSN etc...., la tendance de la production n'est pas la
méme.
D'après les données d'enquêtes, la
production maraichère connait une forte évolution dans la zone de
keur saïb grâce à plusieurs facteurs. En effet 92,3 % des
maraichers interrogés affirment avoir noté une croissance de leur
production sur ces trois dernières années. Seuls 7,7 % disent ne
pas avoir constaté une évolution positive de leurs
récoltes. Cependant cette croissance de la production est liée
à plusieurs éléments. Parmi les maraichers ayant
constatés une croissance, 61,4 % d'entre eux pensent que c'est
liés à l'augmentation de la demande, car il est évident
qu'on produit plus si on est sur de trouver des acheteurs. Ensuite 31,6 %
d'entre eux considèrent que cette croissance est due à la
disponibilité de l'eau avec la présence de la STEP. La
quasi-totalité des maraichers ayant donnés cette réponse
sont alimentés en eaux par la station. Les 7 % restants lient cette
croissance de la production à d'autres facteurs comme la
disponibilité de la main d'oeuvre bon marché etc..... Fait
important à relever cette évolution de la production ne s'est pas
accompagnée d'une augmentation des superficies cultivées. Ces
dernières sont restées pratiquement les mêmes durant toutes
ces deux dernières années du fait que tout l'espace cultivable
est déjà exploité, que ça soit au niveau du barrage
ou dans les carrières. Ainsi sur des superficies plus ou moins
réduites les maraichers de keur saïb ont réussi à
augmenter leurs productions. Notamment grace à leur volonté de
satisfaire une demande de plus en plus croissante d'une part et d'autre part
à l'utilisation des eaux usées épurées. En effet
ces eaux étant disponible, les maraichers gagnent du temps et
dépensent moins d'énergie pour s'approvisionner en eau, donc
peuvent intensifier et diversifier leurs productions. Cependant l'absence d'une
structure d'organisation des producteurs fait qu'il est difficile d'avoir un
tonnage des produits récoltés durant ces dernières
années. Mais pour la salade, les récoltes tourne autour de 175
pieds par planche car elle est cultivée dans des planches de
7,5m2 environ (5 pieds de salades sur la largeur et 25 pieds sur la
longueur).
Figure 11 : Facteurs favorables au développement
du maraichage à Keur Saïb Ndoye
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
56
A la lumière de ces résultats disons que le
développement de la production maraichère à keur saïb
est lié à la forte demande de la population de la ville de
Thiès ce qui confirme notre première hypothèse de
recherche, méme s'il est vrai que ce n'est pas l'unique raison. De la
production à la consommation de ces produits, beaucoup de
paramètres et d'acteurs interagissent, ce qui pousse à analyser
le mode d'écoulement des légumes.
4- Les difficultés rencontrées par les
maraichers
Elles sont diverse et peuvent se résumer comme suit :
la principale difficulté est relative à l'eau surtout pour les
maraichers utilisant les céanes simples et les
puits. Les céanes sont confrontés
à un assèchement vers les mois d'avril-mai-juin (cf Photo
No 5). Tandis que 90 % des maraichers utilisant les puits
disent rencontré des problèmes liés à la baisse du
niveau de l'eau en période forte chaleur. La détérioration
des conditions climatiques dans la zone sahélienne durant ces
dernières années combinée à l'intensification de la
pratique du maraichage font que la nappe phréatique s'appauvrit
d'année en année. Les autres problèmes rencontrés
par ces maraichers sont les dégâts causés par les parasites
principalement sur le piment, les aubergines, le chou etc..... La cherté
des intrants, le manque de matériels modernes, le manque d'encadrement,
d'assistance technique et de financement affectent aussi l'activité. En
effet ces maraichers sont laissés à eux méme et ne
bénéficient quasiment d'aucune aide des structures agricoles ou
des autorités locales. Tous ces difficulté font qu'ils
éprouvent d'énormes difficultés de la semence et la
récolte, mais surtout au début de la campagne maraichère.
Ces problèmes de manque d'encadrement et de financement risquent de
perdurer vu le manque d'organisation des maraichers, car il est beaucoup plus
facile pour les structures d'appui et les partenaires au développement
de travailler avec des associations, des G.I.E etc....
Il est nécessairement qu'ils s'organisent s'ils veulent
recevoir des financements, des séances de formation de la part des
autorités et des acteurs du développement (ONG, projet etc.....),
enfin de booster le maraichage à keur saïb ndoye. Ainsi l'avenir du
maraîchage dépend aussi de la capacité d'organisation de
ces producteurs péri-urbains.
Photo No 5 : Céane
asséchée
Source : T.M NDIONE 2010
La pratique du maraichage à KSN se caractérise
en gros par une diversité de techniques culturales marquées par
l'utilisation de l'arrosage manuelle, de matériel rudimentaire. Mais
aussi par une large gamme de spéculations cultivées
réparties en deux grands groupes les légumes feuilles et les
légumes fruits. Ceux-ci se développent avec l'apport des engrais
(chimiques et organiques) qu'ils reçoivent. Les maraichers de la zone
sont originaires de KSN dans leur grande majorité et utilisent une main
d'oeuvre variée rémunérée selon différentes
manières. Ils adoptent un calendrier cultural bien établi pour
mieux tirer profit du milieu. C'est ainsi qu'ils ont enregistré une
évolution significative de leur production liée à de
nombreux facteurs dont celui de la demande de plus en plus importante en
provenance du marché central de Thiès. Mais tout ceci
s'accompagne de certaines difficultés. Pour mieux comprendre
l'activité maraichère à KSN, l'étude de
l'écoulement des produits ainsi que des revenus des producteurs semble
nécessaire.
58
CHAPITRE III : L'écoulement des produits : des
exploitations au marchécentral de Thiès
A leur production, les légumes suivent un trajet de
l'exploitation aux mains des consommateurs en passant par différentes
étapes. L'étude de ce trajet permettra d'évaluer le
dynamisme de la filière d'écoulement des produits maraichers
à keur saïb. Au terme de ceci ressortira les acteurs de la
commercialisation, les circuits de commercialisation ainsi que la destination
de la production.
1- Les acteurs autour de la commercialisation
C'est dans cette phase de commercialisation que les rapports
citadins - ruraux s'établissent régulièrement. Car le
commerce amplifie les liaisons entre le producteur de KSN et le
commerçant ou consommateur de la ville de Thiès. Les produits
passent par un circuit d'intermédiaire pour atteindre le citadin
consommateur. La vente de ces produits ne répond pas à une
structuration préétablie. Elle est monopolisée par les
coxeurs et les bana-banas
très rusés mais incontournables dans la chaine
d'écoulement. Plusieurs catégories d'acteurs sont
impliquées dans la filière de commercialisation des produits
maraichers.
Les producteurs constituent le
premier maillon de la chaine. La plupart d'entre eux rencontrent
d'énormes difficultés liées au stockage des produits
récoltés (parce que périssable), ce qui fait qu'ils sont
obligés de les écouler très vite. Ces producteurs
travaillent généralement avec deux types de partenaires pour la
commercialisation, il s'agit des coxeurs et des
bana-banas. Mais parfois
ils traitent directement avec les consommateurs qui viennent vers eux.
Les coxeurs sont des
intermédiaires entre les producteurs et
bana-banas qui occupent une position centrale dans la
filière de commercialisation. Ils interviennent dans la
régulation au sein du marché car ils acceptent les produits
quelle que soit la situation sur le marché. Leur rôle consiste
à trouver des clients bana-banas pour les
producteurs ou à acheter eux la marchandise aux mains des producteurs
pour la revendre. Ces coxeurs sont souvent au niveau
du marché central (Thiès) et leur intervention diminue parfois
fortement le prix de vente des producteurs. Ils vendent comptant ou à
crédit selon l'état du marché et interviennent dans la
fixation des prix.
Les bana-banas assurent la vente des
produits en gros (pour les petits revendeurs) ou en
détail (pour les
consommateurs) dans le marché. Ces bana-banas
s'approvisionnent auprès
des producteurs ou des
coxeurs. Cependant l'idéal pour les
commerçants et les producteurs,
serait de travailler en étroite collaboration et sans
intermédiaire. Mais le constat montre que les
coxeurs occupent une place presque incontournable
dans la filière de commercialisation.
Ces acteurs autour de la commercialisation sont issus pour la
plupart de keur saïb pour les producteurs et du marché central de
Thiès pour les coxeurs et les
bana-banas. Cependant certaines femmes de la localité se
transforment occasionnellement en revendeuses de détails et
amènent les récoltes de leurs maris ou fils au marché
central de Thiès pour les écouler.
2- Les circuits de commercialisations
Schéma 1 : Ecoulement des produits de
l'exploitation aux consommateurs
Bana-banas
Détaillants
Consommateurs
Consommateurs
Producteurs
Coxeurs (au
marché central
de
Thiès)
Bana-banas
Détaillants
Une fois récoltés les produits sont vendus tout
de suite et ceci dans toute la zone d'étude. Cette vente se fait dans
les exploitations elles mêmes ou dans les marchés (central de
Thiès, de Thiaroye). L'essentiel des
bana-banas se trouve au marché central. Ainsi
le marché central constitue le lieu d'approvisionnement
privilégié des autres marchés.
60
Les produits empruntent plusieurs circuits d'écoulement de
l'exploitation aux consommateurs, parmi ces chaines les plus connus sont les
suivantes (cf. schema No 1):
> La première chaine part de l'exploitation vers les
marchés (central de Thiès) une fois sur place ces produits sont
confiés à des coxeurs qui les vendent
à des bana-banas et ces derniers à des
détaillants avant qu'ils n'atteignent le consommateur.
> La seconde chaine va toujours de l'exploitation vers les
coxeurs des marchés qui vendent aux
bana-banas qui ravitaillent directement les
consommateurs.
> La troisième chaine, les
bana-banas se ravitaillent dans les exploitations
pour revendre aux détaillants qui approvisionnement les
consommateurs.
> La quatrième chaine est la plus courte car les
consommateurs se ravitaillent directement auprès des producteurs.
Cependant cette chaine est peu développée comparer aux autres.
D'une manière générale, deux grands
circuits de commercialisations sont identifiés en fonction des produits
et de la quantité produite. Il s'agit des circuits courts et des
circuits longs.
Pour les premiers qui sont les plus souvent utilisés,
il s'agit de la vente directe ou à un intermédiaire. Ces circuits
englobent la troisième et quatrième chaine décrites
ci-dessus et concernent le plus souvent les produits tels que la salade, le
persil, la menthe (denrées périssables supportant moins le
transport). Ainsi ces légumes feuilles utilisent les filières
courtes avec pas ou peu d'intermédiaires. Les autres spéculations
à savoir les légumes fruits utilisent aussi ces circuits lorsque
les récoltes ne sont pas très grandes.
Pour les circuits longs, ils sont le plus souvent
utilisés pour des spéculations comme le piment, les aubergines
car ils se conservent mieux et supportent plus les longs trajets. Ces circuits
englobent la première et seconde chaine décrite
précédemment. Trois ou quatre intermédiaires interviennent
le plus souvent dans la distribution : producteur, coxeurs,
banabanas, détaillant.
En période de surproduction les
bana-banas attendent que les maraîchers
viennent les trouver alors qu'en période de faible production les
bana-banas se déplacent vers les champs pour
continuer leur activité. C'est l'occasion pour eux de nouer des
relations avec les maraîchers. Le même phénomène est
observé pour le piment en période de surproduction entre les
coxeurs et les bana-banas :
les coxeurs se déplacent vers les
bana-banas pour vendre la marchandise qui leur est
confiée et qu'ils ne peuvent pas refuser. En période de
pénurie les
bana-banas doivent se déplacer
et trouver les coxeurs car la demande étant
supérieure à l'offre.
C'est à partir du marché central de Thiès
que viennent s'approvisionner les autres commerçants des autres
marché de la ville de Thiès. Cependant il est difficile d'avoir
les chiffres exacts en termes de quantité de légumes qui arrivent
dans le marché en provenance de KSN. Ceci est lié au fait que les
légumes débarquent de manière désordonnée et
que chaque producteur s'occupe d'écouler ses propres récoltes ou
les confient aux coxeurs. Mais selon les
témoignages recueillis auprès de certains
bana-banas et coxeurs, 90
à 95% des légumes produits à KSN arrivent au marché
central de Thiès. Ceci permet d'affirmer que KSN constitue le principal
point de ravitaillement de légume de la ville Thiès, mais aussi
que cette dernière joue un rôle principal dans le
développement du maraichage à keur saïb. Les
commerçants de Thiaroye sont ravitaillés par les producteurs de
KSN en période de surproduction. Mais la part des légumes qui
débarque à Thiaroye en provenance de KSN est presque
insignifiante, car ce marché dispose d'une zone d'approvisionnement
beaucoup plus proche : les Niayes de pikine.
3- La destination de la production
Dans la zone de keur saïb la production n'est pas
autoconsommée, elle est destinée entièrement à la
commercialisation. Méme s'il est vrai qu'au cours des enquêtes
qu'une infime part est prélevée par le propriétaire ou le
locataire avant la vente pour les besoins domestiques. En effet, il arrive que
des femmes viennent chercher certains légumes dans le champ de leur mari
pour le repas du jour ou en emportent avec elles après la cueillette,
puisque c'est dans cette activité de la production qu'on les retrouve.
Toutefois cette partie de la récolte consommée est insignifiante
comparée à celle vendue sur place ou au niveau du marché
central. Cette commercialisation de la production totale peut s'expliquer par
l'exploitation de petits périmètres maraichers dans la zone.
Cependant elle a permis de voir le double caractère de la production
maraichère : satisfaction des besoins domestiques et accumulation de
revenus financiers après la vente.
Sur la destination de la récolte des légumes
feuilles, tous les maraichers interrogés affirment traiter avec des
bana-banas venant du marché central de
Thiès. En effet ces bana-banas viennent
directement dans les champs acheter la salade, le persil ou la menthe qu'ils
acheminent au marché central où ils seront redistribués
à l'intérieur du marché et vers les autres marché
de la ville (le marché central principal marché de la ville de
Thiès joue un rôle
Légumes fruits seulement en cas de surproduction
Marché de Thiaroye Marché central
de
Thiès
Keur Saïb Ndoye
Légumes feuilles et
Fruits en toutes
périodes
62
de distributeur pour les marché secondaire de la
ville). Ces trois spéculations plus le bissap ne sont vendues que dans
les exploitations et par planche du fait de leurs difficultés de
conservation. Les maraichers préfèrent laisser les bana-banas ou
les consommateurs venir les cherchés.
Pour le piment cultivé par 47,69 % des maraichers et
l'aubergine douce 32,3 %, ces maraichers affirment qu'ils transportent
eux-mémes les produits jusqu'au marché de Thiès ou au
marché de Thiaroye (lorsque la production est très importante) ;
où ils sont vendus ou confiés à des
coxeurs. Par contre lorsque les récoltes sont
faibles les maraichers préfèrent
attendre les bana-banas dans les
champs, car selon eux il n'est pas rentable d'aller
jusqu'àThiaroye ou au marché Thiessois pour vendre
juste quelques kilogrammes.
D'après toujours les résultats des
enquêtes, 67,69 % maraichers cultivent la salade, 55,38 le persil, 36,9 %
la menthe (ces producteurs ne produisent pas uniquement une seule
spéculation et 3 à 5 spéculations peuvent se retrouver
dans une même exploitation). Sachant que prés de 98 % de cette
production est acheminée par les producteurs ou les
bana-banas en direction du marché central de
Thiès ; on peut affirmer que la majeure partie des légumes
cultivés à keur saïb sont écoulés dans ce
marché. Ce qui confirme la seconde hypothèse d'étude qui
disait que : La majeure partie des légumes cultivés à keur
saïb ndoye sont écoulés vers le marché central de
Thiès.
Schéma No 2 : Destination des
récoltes selon les spéculations
63
En effet seul le piment (cultivé par 47 % des
maraichers) et les aubergines sont parfois écoulés vers d'autres
marché plus précisément Thiaroye et ceci ne se fait qu'en
période de surproduction (voire schéma No 2).
Cependant ces flux de légumes vers Thiaroye sont très faibles
voire insignifiants. La majeure partie des légumes feuilles vendus au
marché central de Thiès proviennent de la zone d'étude. Le
méme constat a été fait par MOUSTIER26 dans
différentes villes du Sud : « La part de jardins situés
dans la ville et dans la périphérie proche représente 80 %
de l'approvisionnement en légumes feuilles pour Brazzaville, 100 % pour
Bangui ; 90 % pour Bissau et Antananarivo ». Il n'existe pas de flux
de légumes feuilles vers Dakar car elle à ses propres lieux de
production péri-urbaines en plus de sa proximité avec les Niayes.
Cependant selon certains maraichers des commerçants viendraient de Louga
et de Touba pour se ravitailler, car la culture des produits maraichers
n'étant pas très développés dans ces centres
urbains.
En somme la commercialisation des légumes est
assurée par une multitude, d'acteurs qui font passer les récoltes
par différents circuits. Ces derniers peuvent être courts
(légumes feuilles) ou longs (légumes fruits). Les légumes
feuilles sont pris dans les exploitations par les
banabanas puis vendus dans leur quasi totalité
au marché central de Thiès. Cette vente procure des revenus aux
producteurs et vu la diversité des acteurs, des circuits de
commercialisation, il serait intéressant d'analyser les revenus
tirés du maraichage.
4- Les problèmes liés à
l'écoulement de la production
Les problèmes liés à l'écoulement des
produits sont nombreux mais les plus saillants sont ceux en rapport avec le
transport et le manque de moyens de conservation.
Les difficultés liées au transport concernent
surtout les filières longues pour les produits comme le piment, les
aubergines. Le transport de ces produits vers des villes comme Dakar ou Touba
pose d'énormes problèmes quand on sait que les maraichers ne
disposent pas souvent de moyens financiers nécessaires au transport des
récoltes vers ces sites éloignés. Même si la vente
s'effectue à des prix souvent favorables. Ces maraichers sont donc
obligés d'avoir recours aux taxis clandos qui desservent keur saïb
jusqu'à la gare routière de Thiès avant de prendre un
autre véhicule en partance pour d'autres villes.
26 MOUSTIER, P., (1999), Complémentarité entre
agriculture urbaine et agriculture rurale,
http://www.idrc.ca, site du
CRDI
64
A coté de ces problèmes liés au transport
se pose la question de la conservation des produits une fois
récoltés. Dans toute la zone de keur saïb il n'existe aucun
hangar aménagé pour conserver les récoltes juste pour
quelques jours. C'est ce qui explique qu'en cas de mévente ou de surplus
de production, les maraichers n'ont d'autre alternative que de bazarder leurs
récoltes. En effet faute de moyens de stockage, ils sont souvent
obligés de se plier aux exigences aléatoires du marché et
des bana-banas intéressés par le
profit. La mise en place d'un local de conservation s'impose donc d'autant plus
des rumeurs faisant état de difficultés de conservation du persil
arrosé à l'eau épurée de la STEP commence à
s'élever, mais ils restent à vérifier.
En somme, l'écoulement des produits passent par
plusieurs acteurs et filières de l'exploitation aux consommateurs. Les
légumes cultivés à keur saïb sont destinés
pour leur grande majorité à approvisionner le marché
central de Thiès en dépit du fait que certaines
spéculations continuent jusqu'à Dakar. L'écoulement de ces
produits est cependant confronté à certains problèmes,
néanmoins les producteurs en tirent des revenus plus ou moins
considérables.
CHAPITRE IV : Les aspects financiers, sociaux et
l'avenir du maraichage a Keur Saïb Ndoye
L'agriculture maraichère pratiquée à la
périphérie des villes bien que discrètement
représentée vis-à-vis de l'ensemble des activités
des secteurs secondaires et tertiaires, joue un rôle important dans
l'économie péri-urbaine. Elle constitue pour ces acteurs un
secteur d'emploi et de revenu.
1- Les revenus tirés des différentes
spéculations
Les prix des spéculations ne sont pas fixes. Les
variations des prix des spéculations ou fluctuations saisonnières
dépendent de plusieurs facteurs parmi lesquels la production. Si les
maraichers produisent les mêmes cultures durant la même
période, il est évident que ces derniers seront disponible en
grande quantité sur le marché donc seront vendus à bas
prix. Ce qui réduit considérablement les revenus des maraichers
durant cette période. Alors que s'ils diversifient ou alternent les
cultures de sorte que ces dernières ne se retrouvent pas en même
temps sur le marché, celle-ci seront limitées et vendues à
bon prix, donc plus de revenus pour les producteurs. Ainsi mis a part les
facteurs de productions, une moyenne des bons et bas pris de chaque
spéculation a été calculée afin d'avoir une
idée beaucoup plus précise sur les revenus des maraichers.
On remarque sur ce tableau que les revenus tirés des
spéculations ne sont pas les mêmes selon qu'on soit en
période de bas ou bon prix. Les spéculations sont
hiérarchisées dans ce tableau par ordre de rentabilité. En
effet les revenus provenant des spéculations comme la salade, le persil,
le piment, la menthe sont beaucoup plus élevés que les autres. En
d'autres termes, ces spéculations sont beaucoup plus rentables. Ceci
s'explique par l'importance des superficies qu'elles occupent (2 ou 3 d'entre
elles sont citées par les maraichers comme faisant partie des
principales spéculations cultivées), et d'autre part par leur
prix de vente. Ce prix peut atteindre 1500 à 2000f Cfa/kg pour le
piment, 3000f Cfa/planche pour la salade, le persil, la menthe et 250 à
350f Cfa/kg pour les aubergines. Toutes les autres spéculations
restantes sont marquées par la part faible qu'elles occupent dans les
superficies et par des prix de vente variant entre 125 et 500f Cfa/kg. Donc ces
dernières sont beaucoup moins rentables.
66
Tableau No 6 : Moyenne des prix des
différentes spéculations en FCFA
Prix (en fcfa)
|
Bon prix
|
Bas prix
|
Moyenne
|
Salade/ planche
|
3000
|
2000
|
2500
|
Piment/kg
|
6000
|
800
|
3400
|
Persil/planche
|
3000
|
2000
|
2500
|
Aubergine douce/kg
|
250
|
100
|
175
|
Menthe/ planche
|
3000
|
2000
|
2500
|
Diaxatou/kg
|
350
|
150
|
250
|
Chou/kg
|
600
|
300
|
450
|
Oignon/kg
|
150
|
100
|
125
|
Gombo/kg
|
250
|
150
|
200
|
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
N.B : Le bissap n'est pas noté ici car connaissant une
variation des prix selon les maraichers
Dans ces petites exploitations de KSN, ce n'est pas l'aspect
technique qui est primordial, mais plutôt le bénéfice
social à tirer du lopin de terre. Certains maraichers rencontrés
disent avoir opté pour le maraichage comme activité primaire
à cause des gains qu'elle procure, méme dans l'absence totale de
mécanisation ou d'organisation de la filière. Quelle que soit
l'importance de l'offre, le maraichage procure annuellement des revenus
monétaires relativement confortables.
2- Les apports financiers du maraichage 2-1 : Les
revenus mensuels des maraichers
Il est très difficile de connaitre les revenus mensuels
exacts tirés du maraichage, ceci du fait que le secteur baigne dans
l'informel total. Et aussi comme cela a été dit un peu plus en
haut, les maraichers étaient très réticents quand il
s'agissait de répondre aux questions relatives aux aspects financiers.
Mais également du fait que les maraichers estiment leurs revenus en
termes de campagne : campagne piment, campagne salade etc..... C'est pour cela
que les données
financières obtenues ici sont tirées
auprès de certains producteurs après estimation des recettes par
campagne et comparaison avec les données tirées d'autres sources.
Le graphique suivant décrit les revenus mensuels des producteurs
après déduction des charges.
Figure No 12 : la répartition des
revenus mensuels des maraichers
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
Ce tableau montre d'une manière générale
que les revenus mensuels tirés du maraichage varient de moins de 100000f
Cfa à 200000f Cfa. En effet la majorité des maraichers
enquêtés précisément 55,4 % affirment que les sommes
qu'ils tirent de cette activité s'élève à moins de
100000f Cfa/mois. Ils sont suivis par ceux qui ont un revenu variant de 100000
à 150000f Cfa, ces derniers constituent 13,8 % de l'échantillon.
Une faible part des maraichers dépasse cependant la barre des 150000f
Cfa/mois, seule 3,1 % des maraichers. Ces derniers sont pour la plupart ceux
disposant de grande surface utilisant l'eau de la STEP ou ayant une motopompe.
Ces résultats peuvent cependant varier du fait de l'importance des non
réponses, 27,7 % des maraichers n'ont pas souhaités
répondre à cette question alors que leur réponse aurait
certainement une incidence sur le résultat global.
2-2 : La rentabilité du maraichage
Dans la zone de keur saïb, le maraichage constitue la
principale source de revenu du 2/3 des maraichers enquêtés. Cette
activité comme toute autre activité est susceptible de fournir
des revenus et les personnes (maraichers) qui s'y adonnent aspirent à
tirer profit de ce travail de longue haleine. Se référant aux
résultats obtenus lors des enquêtes 64,6 des producteurs
maraichers jugent l'activité rentable. Car selon eux, méme s'il
est vrai que le maraichage
68
constitue une activité pénible, il n'en demeure
pas moins qu'elle soit rentable. Ils ajoutent qu'après vente des
récoltes et déduction des frais (semences, fertilisant, salaire
des employés etc....), ils leur restent de l'argent pour subvenir
à leurs besoins personnels. A cotés de ces maraichers certains
(13,8 %) soutiennent que le maraichage n'est du tout rentable, ils le pratique
faute de trouver un autre travail et d'autres (21,5 %) également qui
n'ont pas souhaités répondre à cette question comme nous
le montre graphique suivant.
Figure No 13 : La rentabilité du
maraichage
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010
3- Les apports du maraichage dans la zone
Le maraichage constitue la principale activité
pratiquée à KSN sur laquelle la plupart de la population tire
leurs revenus. Qu'ils soient producteurs, employés, bana-banas etc....
ces acteurs essaient de tirer profit de cette activité. Ces profits sont
analysés ici pour les producteurs en termes d'amélioration de
leur situation économique et sociale avec la pratique du maraichage,
ainsi que des réalisations faite grâce aux revenus
générés par celui-ci.
3-1 : L'amélioration de la situation
économique et sociale des maraichers
Cette partie de l'enquête aussi n'a pas été
facile car certaines réponses étaient vagues. En
effet
à la question de savoir s'ils avaient notés une
amélioration de leur situation économique et
sociale avec la
pratique du maraichage, certains maraichers répondaient par «
niongui sant
yalla27 ». Et vu la conception
sénégalaise de ce terme on a jugé prudent de le classer
dans la catégorie des non réponses et ces derniers
représentent 24,6% des réponses comme l'indique le tableau
suivant. Néanmoins 66,2 % des maraichers interrogés affirment
avoir constatés une amélioration de leur condition de vie avec la
pratique du maraichage. Cependant 9,2 % d'entres eux disent ne pas constater
une amélioration.
Tableau No 111[ 11;P SDct11dX11P
DLDIWDTe11IXL11l'Dmélioration de la situation économique et
sociale des maraichers
Amélioration de votre situation
économique et sociale avec la pratique du maraichage
|
fréquence
|
Part relative
|
Non réponse
|
16
|
24,6%
|
Oui
|
43
|
66,2%
|
Non
|
06
|
9,2%
|
Total
|
65
|
100%
|
Ces résultats confirment donc notre affirmation vu que
la majeure partie des maraichers (65,8 %) habite keur saïb et que plus de
la moitié sont d'avis que la pratique du maraichage améliore
leurs conditions de vie. En effet Pour la plupart d'entre eux c'est grace au
maraichage qu'ils entretiennent leur famille, arrivent à subvenir
à leurs besoins et économisent de l'argent pour invertir dans
d'autre secteurs.
A la lumière de ces résultats la
troisième hypothèse d'étude qui disait que : les revenus
générés grâce à cette activité
contribuent à l'amélioration des conditions de vie des
populations locales, est vérifiée.
3-2 : Les réalisations faites grâce aux
revenus tirés du maraichage
La première vocation du maraichage péri-urbain
vise moins l'autoconsommation que le ravitaillement des marchés urbains.
Les revenus maraichers jouent un rôle déterminant dans
l'équilibre économique de l'unité de production. Ils
permettent la couverture des besoins de consommation courants (besoins
alimentaires, habillement, dépenses de santé et
d'éducation etc....) mais également le financement du capital de
production et l'investissement dans d'autres secteurs d'activités. Ici
à keur saïb, les réponses qui revenaient le plus souvent
pour les maraichers de plus de 40 ans étaient la prise en charge de la
famille, la construction de chambre en dur, l'élevage de bovin et d'ovin
etc.... Pour les jeunes de moins de 30 ans le
27
Terme ouolof signifiant littéralement nous rendons
grâce à Dieu
70
maraichage constitue un tremplin pour économiser de
l'argent pour investir dans le commerce en ville, pour payer les frais relatifs
à l'obtention d'un permis de conduire, investir dans l'aviculture. A cet
effet l'aviculture connait ces dernières années un
développement important dans la zone. Tandis que d'autre jeune affirment
leur volonté d'acheter un taxi clando ou d'émigrer en Europe
s'ils économisent assez d'argent.
Donc pour la plupart de ces jeunes qui s'activent dans le
maraichage cette activité n'est qu'un passage avant une probable
reconversion vers d'autres secteurs d'activités.
4- Fonctions et avenir du maraichage à keur
saïb
Dans cette partie l'intérêt est porté sur
l'étude du rôle ou l'importance des activités
maraichères dans la zone mais aussi l'avenir du maraichage face à
l'avancé du front urbain.
4-1 : Les fonctions du maraichage à keur
saïb
Ces fonctions sont nombreuses mais retenons celles
économiques et social ainsi qu'a celles alimentaires. Comme tantôt
signalé la majeur partie des maraichers interrogés habitent le
quartier et que pour 83,1 % d'entre eux cette activité constitue la
principale, voir l'unique source de revenu par conséquent son
caractère économique apparait a ce niveau. Ces maraichers n'ont
pas ou peu d'autres opportunités d'emploi et de revenu. Ces revenus
qu'ils tirent du maraichage dont la moyenne mensuelle tourne autour de 100000f
Cfa servent à satisfaire les besoins fondamentaux des populations
locales qui s'activent autour du maraichage. A cela s'ajoute le fait que
certains exploitants emploient des surgas venant soit
de keur saïb ou des villages environnants qui trouvent dans cette
activité une source de revenu pendant la saison sèche. Avec comme
objectif final la constitution d'un petit capital pour démarrer une
activité dans le commerce ou dans le transport. Le maraichage fait
également intervenir un nombre important d'intermédiaire
(bana-banas,
détaillants) habitant la zone. Il offre ainsi aux femmes et jeunes non
scolarisés du quartier une opportunité d'emploi, jouant par la
même occasion une fonction sociale.
A coté de ces fonctions, y'a aussi une fonction
alimentaire. Car qu'elle soit destiné à l'autoconsommation ou
à l'approvisionnement de la ville, la destination finale des produits
c'est leur consommation dans les ménages. Ces producteurs maraichers
jouent un rôle important dans l'approvisionnement en légumes
feuilles de Thiès. Ceci s'explique en partie par la proximité du
site qui fait qu'il est très facile pour les producteurs d'aller en
ville écouler leurs récoltes ou pour les
bana-banas d'accéder
aux exploitations pour se ravitailler.
Cependant cette fonction d'approvisionnement est fortement
concurrencée par la zone des Niayes, c'est pour cela que les
maraichers de keur saïb se sont spécialisés dans les
produits qui ont un avantage comparatif par rapport à ceux de la zone
des Niayes.
4-2 : L'avenir du maraichage face à
l'avancée de la yille de Thiès L'épuisement des
réserves foncières de la ville de Thiès fait que celle-ci
se tourne de plus en plus vers les zones péri-urbaines pour
répondre aux besoins en demandes de parcelles à usage
d'habitations. Dans ces conditions les maraichers de keur saïb sont sous
la menace d'une expropriation car étant plus proche de la ville. Mais
malgré cela 61,5 % des maraichers interrogés disent ne pas se
sentir menacer par l'expansion urbaine. Ils avancent comme argument : pour ceux
qui sont dans le site du barrage que la zone est inhabitable car inondable,
elle constitue le point de chute des eaux de ruissellements. Tandis que ceux
qui sont dans les carrières (camb yi 1 et 2), évoquent
la profondeur des cuvettes qui constituerait un frein pour toute tentative de
construction d'habitations. Dans ces conditions ces maraichers on une certaine
sécurité foncière. Mais selon certaines autorités,
si l'extension de la ville continue vers l'Est, le comité de gestion des
terres, rattaché à la mairie peut décider de lotir ces
espaces maraichers et construire des routes pour y accéder. D'autres
avaient méme préconisé de remblayer les cuvettes, mais
cette solution demande un financement. Le bitumage de la route Thiès -
Fandène qui passe par keur saïb pourrait accélérer
les constructions dans la zone, car les populations trouveraient des terrains
moins chers avec un accès facile à la ville. C'est ce qu'a peut
être sentis 38,5 % des maraichers qui affirment avoir des soucis quant
à la pérennité de leur activité face à
l'avancée du front urbain. Selon eux l'augmentation du rythme de
construction des maisons, des petites fermes avicoles, d'auberges etc..... ne
présage pas de lendemains meilleurs pour leur activité.
En conclusion, la plupart des maraichers se sont
adaptés aux contraintes de l'urbanisation de la ville en exploitant des
zones plus difficilement constructible (carrières, bas-fond). Tandis que
d'autres comptent sur la plantation d'arbres fruitiers pour espérer au
moins avoir un dédommagement considérable en cas d'expropriation.
Pour l'instant donc, le maraichage à de beaux jours devant lui à
keur saïb malgré la pression foncière de plus en plus forte.
D'ailleurs prés de 80 % des maraichers considèrent cette
proximité de la ville comme un réel avantage, car elle constitue
un débouché pour écouler les récoltes, une
possibilité facile de ravitaillement en intrants dans les magasins en
ville, mais aussi possibilité d'aller en ville pour se renseigner sur
les tendances et les prix sur le marché.
72
CONCLUSION
Au terme de nos enquêtes auprès des maraichers,
des discussions avec certaines autorités locales et d'autres acteurs qui
s'activent dans le domaine du maraichage. Tout ceci a permis
d'appréhender l'importance du maraichage péri-urbain dans
l'approvisionnement des citadins en légume.
En effet les hypothèses 1 et 2 ont été
confirmées même si note une petite nuance dans la nature des
légumes et les facteurs qui boostent la production dans la zone. Sur la
destination des produits, les enquêtes révèlent que les
commerçants qui vendent des légumes au marché central se
ravitaillent pour la plupart à keur saïb pour les légumes
feuilles principalement. Pour la seconde hypothèse, les résultats
ont montraient une augmentation de la demande de ces trois dernières
années. Cette hausse de la demande a boosté la production,
méme s'il est vrai que le facteur eau n'est pas étranger à
ce développement notamment avec la présence de la STEP. Le
rôle de cette dernière mérite que sa capacité de
rejet d'eaux épurées soit renforcée pour soulager les
producteurs et donner un nouveau départ au maraichage.
L'hypothèse 3 quant à elle a été confirmée
sans nuance. Il apparait après analyse que les revenus
générés grace au maraichage contribuent à
l'amélioration des conditions de vie des populations locales
(satisfaction des besoins fondamentaux et l'investissement dans d'autres
secteurs d'activités).
En outre, le maraichage péri-urbain à
Thiès, secteur en plein essor, subit d'énormes difficultés
liées à l'accès à l'eau, au financement, à
l'encadrement et au manque d'organisation des producteurs. Face à ces
problèmes, les producteurs doivent s'engager à s'organiser pour
recevoir l'appui d'ONG, de partenaires au développement, des
autorités locales. Quant à ces dernières, elles doivent
intégrer la préservation ainsi que leur développement de
ces espaces maraichers dans la planification urbaine vu leur rôle dans
l'approvisionnement du marché central de Thiès en légumes.
Ainsi, le maraîchage péri-urbain apparait comme une
activité spécifique dans cette zone, en termes de production, de
commercialisation et de consommation. Il a un fort impact sur l'emploi et
l'alimentation en ville, en particulier pour les populations aux
possibilités d'emploi limitées (jeunes sans emploi, femmes peu
qualifiées, migrants), comme il a été expliqué dans
la deuxième et troisième partie de ce mémoire. Le manque
d'organisation des producteurs qui rend difficile la quantification des
produits écoulés vers le marché mérite cependant
une attention plus grande. Mais il est aussi nécessaire d'approfondir
les recherches dans ce secteur pour mieux développer le maraichage
périurbain
en vue d'une plus grande utilité pour les villes. Vu
l'importance du rôle du maraichage périurbain dans le
ravitaillement des citadins en produits maraichers qu'elles sont les
stratégies à développer pour pérenniser cette
activité ?
74
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FALL A, S, GUEYE O, 2003, Le foncier dans
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partenaire n 06, 17 P GANRY J. 2003. Comptes rendus de
l'académie d'agriculture de France, 89 (4) : 57-58. Séance
de l'Académie d'Agriculture de France "Approvisionnement vivrier des
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MBAYE. A, et Al, 1998, vers une gestion
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MOUSTIER P., et MBAYE A, 1999, «
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PAGES J. 1995. Les systèmes de culture
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Pratiques paysannes, évolution : Nianga, laboratoire de
l'agriculture irriguée en moyenne vallée du
Sénégal. Paris : ORSTOM, p.171-187. Nianga, laboratoire de
la culture irriguée, 1993-10-19/1993-10-21, (Saint-Louis,
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SMITH O.B, et Al, (éd), 2004,
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Travaux et Documents De Géographie
Tropicale, n°7, 1972, La croissance urbaine dans les pays
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VENNETIER P, (dir), 1972, La croissance
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des villes, Paris CNRS. Travaux et documents de géographie tropicale,
n°7, 278 pages.
76
Thèses et Mémoires
BA A, 2007, « Les fonctions reconnues
à l'agriculture intra et périurbaine (AIPU) dans le contexte
dakarois ; caractérisation, analyse et diagnostic de durabilité
de cette agriculture en vue de son intégration dans le projet urbain de
Dakar » (Sénégal), Dakar, Paris : UCAD : ENGREF
DIENG C.N, 1999, « Relations ville campagne
: processus de domination et de contrôle de l'espace par la ville :
l'exemple de Mboro », mémoire de D.E.A Dakar département de
géographie UCAD.
DIONE D, 1983, « Le ravitaillement
de Dakar en légumes a partir des Niayes du Cap vert »,
mémoire de maitrise de géographie FLSH Dakar 160 p.
FAYE M. C, 2009, « Evaluation des effets
socioéconomiques de l'épuration biologique de la STEP de Keur
Saïb Ndoye sur les exploitations agricoles des villages riverains »,
Mémoire de fin d'étude ENEA. 82 pages.
KANE A, 1973, « L'exploitation
maraîchère et fruitière dans la région de Sangalkam
». Mémoire de maitrise département de géographie,
UCAD.
GUEYE M.H, 1987, « Approvisionnement de
Kaolack en produit maraîchers », mémoire de maitrise de
géographie FLSH Dakar UCAD.
MBEUGONE J. P, 2005, «
Problématique du développement durable de l'agriculture urbaine
et périurbaine dans la ville de Dakar et environs : cas des Niayes de
Pikine Nord », Mémoire de fin d'étude, ENEA. 91 pages.
NDAO S, 2006, «Etude sur les enjeux de la
valorisation des eaux usées de la STEP Thiès Nord» Rapport
de stage préprofessionnel, ENEA. 30 pages.
NGINGUE M, 1992, « Les cultures
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approche raisonnée des itinéraires techniques ».
Dossier documentaire, Mémoire de fin d'étude, Ecole Normale
supérieure d'enseignement technique et professionnel, UCAD, Dakar,
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Webographie
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Produits Alimentaires Destinés aux Consommateurs: Commercialisation,
Transformation et Distribution ». Produit par le département
de l'agriculture, 21
P. www.fao.org
BA C, «Circulation des biens et
approvisionnement des villes, le raccourci par l'agriculture
péri-
urbaine et le rôle des femmes», Le
bulletin de l'APAD, n° 19, Les interactions rural-urbain
:
circulation et mobilisation des ressources, [En ligne],
mis en ligne le : 12 juillet 2006. URL :
http://apad.revues.org/document429.html.
Consulté le 15 avril 2009.
KERDAVID M, 2007, Projet de valorisation
des eaux usées traitées de la STEP Thiès Nord pour
l'agriculture et pour l'élevage : état des lieux et
perspectives, Document de restitution du stage effectué avec l'ONG
Enda Graf Sahel dans la structure Enda
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www.ecocite.org
MOUSTIER P, (1999),
Complémentarité entre agriculture urbaine et agriculture
rurale,
http://www.idrc.ca, site du
CRDI
MOUSTIER P et al, 1999, Agriculture
périurbaine en Afrique subsaharienne Montpellier, France,
Colloque
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rurales urbaines en Afrique de l'Ouest et Centrale, In Les interactions rural
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Bulletin n°19, p7 à 19.
SECK P.A, 1989. « L'approvisionnement de
Dakar et la filière des légumes frais au
Sénégal ». Thèse de Doctorat en Analyse et
Politique Economiques Agricoles. Université de Bourgogne. INRA-ISRA
SNRECH S, 1997, Croissance démographique et
développement urbain : Impact sur l'offre et la
demande alimentaire, Rome, Italie, FAO, 15p
www.fao.org
78
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE 1
|
|
|
PROBLEMATIQUE
|
|
3
|
1-Contexte
|
|
3
|
2-Justification
|
|
4
|
3-Position du problème
|
|
4
|
4- Objectifs
|
|
6
|
5- Hypothèses de travail
|
|
7
|
METHODOLOGIE
|
|
7
|
1-Recherche documentaire
|
|
7
|
2-Collecte des données de terrain
|
|
9
|
3-Le traitement et l'analyse des données
|
|
13
|
PREMIERE PARTIE : KEUR SAÏB NDOYE ET SES SYSTEMES DE
PRODUCTIONS MARAICHERE
|
15
|
|
CHAPITRE I : Keur Saïb Ndoye et la ville de
Thiès
|
|
16
|
1 : Présentation de Keur Saïb Ndoye
|
|
16
|
2 : Evolution de Keur Saïb Ndoye dans la ville de
Thiès
|
|
20
|
3 : Le cadre physique
|
|
22
|
- : Le climat
|
|
22
|
- : Les précipitations
|
|
22
|
- : Les températures
|
|
23
|
- : La géomorphologie
|
|
23
|
- : Les sols
|
|
24
|
CHAPITRE II : Des systèmes de productions
maraichère adaptés aux spécificités à Keur
Saïb
Ndoye 25
1. TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS 26
- Classification selon la taille 26
- Classification selon le mode d'approvisionnement en eau 27
2. CARACTERISTIQUES DES PRODUCTEURS 30
a. Répartition par sexe 30
b. Répartition par âge de la population
maraichère 31
c. Répartition selon l'ethnie 33
d. Niveau d'instruction des producteurs 35
e. Situation matrimoniale des maraichers 36
3. ORGANISATION DES PRODUCTEURS 37
DEUXIEME PARTIE : CULTURES MARAICHERES, ECOULEMENT DE LA
PRODUCTION ET REVENUS DU MARAICHAGE A KEUR SAÏB NDOYE 40
CHAPITRE I : Les cultures maraichéres
41
1. Les techniques culturales 42
Le mode d'irrigation 42
Les moyens utilisés 43
2. Les facteurs de productions 44
2-1 : Le foncier 44
2-2 : Les intrants 46
3. Les principales spéculations cultivées 47
CHAPITRE II : La production maraichére
50
1. Les acteurs de la production 50
2. Répartition des cultures selon les différentes
périodes de l'année 52
3. L'évolution de la production maraichère 53
4. Les difficultés rencontrées par les maraichers
55
CHAPITRE III : L'écoulement des produits : des
exploitations aux marché central de Thiès 57
1. Les acteurs autour de la commercialisation 57
2. Les circuits de commercialisations 58
3. La destination de la production 60
4. Les problèmes liés a l'écoulement de la
production 62
CHAPITRE IV : Les aspects financiers , sociaux et
l'avenir du maraichage à Keur Saïb Ndoye 64
1. Les revenus tirés des différentes
spéculations 64
2. Les apports financiers du maraichage 65
2-1 : Les revenus mensuels des maraichers 65
2-2 : La rentabilité du maraichage 66
3. Les apports du maraichage dans la zone 67
3-1: L'amélioration de la situation économique et
sociale des maraichers 67
3-2: Les réalisations faites grâce aux revenus
tirés du maraichage 68
4. Fonctions et avenir du maraichage à keur saïb
69
4-1: Les fonctions du maraichage à keur saïb 69
4-2: L'avenir du maraichage face a l'avancé de la ville de
Thiès 70
CONCLUSION 71 BIBLIOGRAPHIE
73
80
TABLE DES MATIERES 77 ANNEXES
80
LISTE DES ILLUSTRATIONS
GRAPHIQUES
Figure 1 : la répartition des types de sols à keur
saïb ndoye 17
Figure 2 : la répartition des exploitations selon les
sources de l'eau utilisée par les exploitants
maraîchers à Keur Saïb Ndoye 30
Figure 3 : la répartition des maraichers selon le sexe
31
Figure 4 : la répartition des maraichers selon l'age 32
Figure 5 : la répartition des maraichers selon l'ethnie
34
Figure 6 : la répartition des maraichers à Keur
Saïb Ndoye selon le niveau d'instruction 36
Figure 7 : la répartition des maraichers selon la
situation matrimoniale 37
Figure 8 : La répartition des maraichers selon leur statut
foncier 45
Figure 9 : La répartition des maraichers locataires de
parcelle selon les prix 45
Figure 10 : la répartition des maraichers selon leur lieu
de résidence 51
Figure 11 : Facteurs favorables au développement du
maraichage à Keur Saïb Ndoye 54
Figure 12 : la répartition des revenus mensuels des
maraichers 66
Figure 13 : La rentabilité du maraichage 67
TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition des producteurs selon le
site......................... 11
Tableau 2 : Pluviométrie de la décennie 2000-2009
(Station de Thiès) 22
Tableau 3 : Répartition de la superficie des exploitations
en m2 44
Tableau 4 : Les principaux types de légumes 48
Tableau 5 : Calendrier cultural maraicher à Keur Saïb
Ndoye....................................52
Tableau 6 : Moyenne des prix des différentes
spéculations en FCFA 65
Tableau 7 : Impact du maraichage sur l'amélioration de la
situation économique et sociale
des maraichers 68
SCHEMAS
Schéma 1 : Ecoulement des produits de l'exploitation aux
consommateurs 58
82
Schéma 2 : Destination des récoltes selon les
spéculations 61
CARTES
Carte 1 : Carte 1 : Localisation des sites de productions de Keur
Saïb Ndoye 10
Carte 2 : Carte 1 : Localisation de Keur Saïb Ndoye
16
Carte 3 : Carte 1 : Carte de la vallée de Fandène
............................................. 19
PHOTOS
Photo 1 : Maraicher entrain de puiser de l'eau 28
Photo 2 : Maraicher utilisant une céane simple
28
Photo 3 : céanes alimentée par les eaux
épurées de la STEP 29
Photo 4 : Importance de l'exploitation
fruitiere..................................................... 48
Photo 5 : Céane asséchée 56
ANNEXES
84
THEME : « Le rôle du
périmètre maraîcher de keur saib ndoye dans
l'approvisionnement du marché
central de Thiès en produits
maraîchers (légumes) »
Site : ~~~~~~ No de la
parcelle : ...............
I_CARACTERISTIQUES DE L'ENQUETE
I_1 : Identification de
l'enquêté
Nom : .................. Prénoms :
........................... Age :
|
|
- Sexe :
1.
Masculin
2. Féminin
- Situation matrimoniale
|
1.
|
marié
|
|
|
2.
|
divorcé
|
|
|
|
|
|
|
3.
|
célibataire
|
|
|
4.
|
veuf
|
|
|
- Ethnie
|
|
|
|
|
1.
|
wolof
|
|
|
2.
|
sérère
|
|
|
3.
|
peulh
|
|
|
4.
|
diola
|
|
|
|
|
|
|
5.
|
autres ............
|
(a préciser)
|
|
- Est- vous né à Keur saib ndoye ?
1. oui
2. non
- Si non, quel est votre lieu de naissance (préciser la
localité) ?
(Localité) : ...................
- Quelle est
votre site? ............................
- Pourquoi avez-vous choisi pour destination la localité
?
I_2 : Caractéristiques
professionnelles
- Exerciez-vous une activité auparavant ?
1. oui
2. non
Si oui laquelle ?
- Pourquoi avez-vous choisi le maraichage ?
- Depuis combien de temps pratiquez-vous le maraichage ?
1. moins d'un an
2. 1 à 5
3. 6 à 10
4. 11 à 15
5. plus de 15 ans
- Êtes-vous membre d'une association de producteurs ? 1-oui
2- non
- Exercez vous une autre activité
génératrice de revenus en plus du maraichage ?
Si oui laquelle et Depuis quand ? ~~~~~~~~~~~~~~~.
Pourquoi ? ~~~~~~~~~~~~~~~~~
- Avez-vous fréquenté l'école ? 1. Oui 2.
Non
86
Si oui jusqu'ou ?
1. primaire
2.
moyen secondaire
3. université
4. arabe
II_PRODUCTIONS MARAICHERES
II_1 : Statut d'exploitation
- Quel est le statut foncier de votre exploitation ?
1. propriétaire
2.
locataire
3. métayage
- Quelle est la superficie de votre exploitation en m2 ?
~~~~~~.m2
. Si propriétaire. Comment vous êtes vous
procuré cette parcelle ?
1- achat 2- héritage
. Si par achat. Combien l'avez-vous acheté ?
. Depuis quand ?
. Si locataire. Combien la louez-vous par an ?
. Si métayer, Quelles en sont les modalités ?
II_2 : Systèmes de productions
- D'oi provient l'eau que vous utilisez ?
1.
puits
2. céane
3. branchement SDE
4. Step
- Avez-vous parfois des problèmes d'approvisionnement en
eau, si oui lesquels ?
- Quels sont les moyens utilisés pour l'arrosage ?
1.
arrosoir
2. motopompe
- Avez-vous des arbres fruitiers dans votre exploitation?
1.
oui
2. non
Si oui citez en trois (préciser le nombre de pieds)
Arbres Nombre
- Quelles sont les 3 principales variétés de
légumes que vous cultivez ?
1.
2.
3.
- Quelle est la fréquence de vos récoltes ?
1. journalière
2.
hebdomadaire
3. mensuelle
4. trimestrielle - Qui est ce qui détermine votre choix
cultural ?
- Utilisez vous des fertilisants dans votre exploitation ?
1.
88
oui
2. non
.Si oui quelle sont leur nature ?
1. organique
2. chimique
.D'oi proviennent ils ?
1. usine
2. magasin au niveau du marché de Thiès
3. enclos d'animaux
4. déchets urbain
5. autres ............... a préciser
.Comment trouvez-vous les prix ?
1. abordables
2. chères
3. trop chères
II_3 : Modes de production, acteurs et
commercialisation
- Êtes-vous assister par d'autres personnes dans votre
travail ?
1. oui
2. non
.Si oui combien sont-ils ? ~~~~~~~personnes
- Quelle est la nature des liens avec ces personnes ?
1. épouse
2. fils / fille
3.
frère
4. neveu
5. employé
6. métayer
7. autres à préciser~~~~~~
.Si employés combien gagnent-ils par mois ?
~~~~~~~~~~. F CFA
.Si métayers quelles sont les modalités ?
- Avez-vous des partenaires, si oui qui sont-ils ?
1. Banque
2. Caisse d'épargne et de crédit
3. ONG
4. municipalité
5. projet
6. Non
. Depuis quand ?
. Dans quel cadre ?
. Si non. Les avez-vous sollicités ? 1- oui 2- non
- A combien s'élève vos bénéfices
par mois ?
1. moins de 100000
2. 100000 à 150000f
3. 150000 à 200000f
4. Plus de 200000f
- Avez- vous notez une augmentation de la demande ces 5
dernières années ? 1. Oui 2. Non
.Si oui a quoi est- elle dû selon vous ?
- Quelle est la place de la femme dans la production et la
commercialisation ?
II.4 : Destination de la production
- Quel est le lieu de vente de vos récoltes ?
1.
90
exploitation
2. marché central
3. marché thiaroye (Dakar)
4. autres à
préciser.....................
- A qui vendez- vous votre production ?
1. bana-bana
2. coxeur
3. commerçant local
4. consommateur
5. restaurants / hôtel
6. autres a préciser.
........................................
- Quel lien entretenez-vous avec l'acheteur ? 1-simple lien de
vente 2- conjoint 3- parent
- D'oi viennent-ils ?
1. marché central
2. des quartiers environnants
3. autre localité (a préciser) ...............
III_APPORTS ET AVENIR DU MARAICHAGE
III.1 Avantages et contraintes du maraichage
péri-urbain
- Les recettes issues du maraichage arrivent- elles à
couvrir vos besoins mensuels ?
1.
oui
2. non - Avez-vous noté une amélioration de votre
situation économique et sociale avec la pratique du maraichage ?
1.
oui
2. non
- Si oui, quelles sont les réalisations que vous avez pu
faire grâce au maraichage ?
- Quels sont les principaux problèmes auxquels vous
êtes confronté ?
1.
...............................................................................
2.
...............................................................................
3.
...............................................................................
III.2 : Pression urbaine
- Vous sentez vous menacé par l'expansion urbaine
grandissante ?
1.
oui
2. Non - Pourquoi ?
- Quels sont les avantages liés à la
proximité de la ville ?
- Quels sont les inconvénients liés à la
proximité de la ville ?
III.3 : Avenir du maraichage dans la
zone
- Avez-vous l'intention de poursuivre l'activité dans les
années a venir ?
1- oui 2- non
- Pourquoi ?
. Si non. Dans quelle activité envisagez-vous de vous
recycler ?
- Comment percevez-vous le rôle de la STEP ?
- Qu'attendez-vous des autorités locales ?
92
Domination de la salade dans les sites 1 et 2
Une pépinière de salade dans le site camb
yi 2
94
Maraicher à l'oeuvre dans le site 1
Maraicher dans une céane dans la zone du
barrage
Importance du piment et de l'aubergine dans le site 3 (zone
barrage)