CHAPITRE III : RELATION ENTRE DEVELOPPEMENT FINANCIER
ET CAUSALITE EPARGNE-INVESTISSEMENT EN ZONE UEMOA
L'objectif de ce chapitre est de déterminer le sens de
causalité d'une part entre le crédit et l'investissement
domestique et d'autre part entre épargne et investissement dans les pays
de l'UEMOA et de mettre en évidence la relation entre le niveau de
développement financier et la causalité
épargne-investissement.
Le chapitre est structuré en deux sections. La
première est consacrée à l'investigation
économétrique pour la détermination du sens de
causalité entre les variables d'intérêts. Des tests
préliminaires ont été aussi réalisés pour
éviter d'avoir des régressions fallacieuses. Dans la
deuxième section de ce chapitre, nous avons essayé de mettre en
évidence la relation entre le niveau de développement financier
et la causalité épargne-investissement dans la zone UEMOA.
SECTION 1 : CAUSALITE ENTRE EPARGNE ET INVESTISSEMENT :
UNE ANALYSE EMPIRIQUE APPLIQUEE A LA ZONE UEMOA
Pour savoir entre les idées néoclassique et
keynésienne soulevées par la revue de littérature
précédente, laquelle prévaut en zone UEMOA, on
procède à une analyse économétrique sur le sens de
causalité entre épargne, crédit à l'économie
et investissement dans chaque pays de ladite zone. Cette analyse fondée
sur des estimations économétriques (II) passe d'abord par une
analyse descriptive et économique des variables (I).
I-Tendances d'épargne et d'épargne et
d'investissement dans l'UEMOA : Une analyse descriptive et économique
des données
Il s'agit ici, à partir des graphiques, de
déceler les grandes tendances de l'épargne et de l'investissement
intérieurs dans la zone UEMOA23. On essaye de dégager
les spécificités, de niveau et d'évolution des variables
retenues dans les pays de l'UEMOA. Ensuite, montrer s'il existe une
corrélation entre les variables d'épargne et d'investissement
intérieurs. Ainsi, on
23 UEMOA signifie hors mis la
Guinée-Bissau du fait de sa récente intégration dans
l'union (2 mai 1997) et du manque de données de longue période
pour le pays.
analyse les évolutions des variables au niveau sous
régional et au niveau des pays pris individuellement.
I-1-L'UEMOA, une zone structurellement en besoin de
financement
Dans cette étude on opte de travailler avec les
données agrégées. Cette option se justifie par le fait que
les pays de l'UEMOA sont de petits pays ouverts et peuvent par
conséquent bénéficier des capitaux étrangers.
L'épargne domestique comprend aussi bien l'épargne publique que
privée et l'investissement intérieur comprend également
l'investissement public et privé. L'étude n'a pas fait la
distinction à cause du manque de données macroéconomiques
dans les pays en développement et ceux de l'Afrique en particulier.
Le graphique 5 illustre l'évolution des variables
épargne, investissement intérieurs et le solde courant de l'UEMOA
de 1975 à 2005 en zone UEMOA. L'épargne intérieure
représente la capacité de financement et l'investissement le
besoin de financement. Le solde courant peut être définie comme la
balance interne. Il décrit le gap entre épargne et investissement
intérieurs d'après l'analyse d'identité comptable. Il est
utilisé ici comme référence dans l'analyse.
Graphique 5: Evolution des variables
épargne, investissement intérieurs et solde courant de l'UEMOA en
% du PIB de 1975 à 2005.
en %
-10
-20
20
30
10
0
Evolution des variables epargne,investissement
interieurs et solde courant de l'UEMOA
Taux d'investissement interieur(%PIB) Taux d'epargne
nationale(%PIB) Solde courant (%PIB)
Source : construit à partir des données
de ADI 2010.
On peut ainsi observer que la zone UEMOA est
caractérisée par un déficit structurel d'épargne
nationale par rapport à l'investissement : l'épargne étant
toujours inferieure à l'investissement. La balance intérieure
réagit également au déficit entre épargne et
investissement car depuis 1975 elle est déficitaire. Malgré la
libéralisation financière entamée depuis les années
1990, les pays de la zone n'ont pas encore pu mobiliser assez
d'épargne
pour financer l'investissement. De plus l'épargne et
l'investissement présentent une évolution presque stationnaire
depuis les années 90. Cette situation explique l'endettement trop
important des pays de l'UEMOA. L'épargne intérieure
n'étant pas suffisante pour financer l'investissement intérieur,
certains pays sont obligés de faire appel aux capitaux étrangers
pour financer leur investissement. La chute des taux d'épargne et
d'investissement au cours des années 1980 s'explique par les crises
bancaires et de la dette qu'a connu la zone au cours de ces périodes.
Enfin sur la période 1975 à 2005, on remarque que
l'évolution de l'épargne et de l'investissement est
parallèle car lorsque l'épargne baisse, l'investissement baisse
également et vice versa. L'analyse de la matrice de la
corrélation partielle entre les variables indique une relative forte
corrélation positive entre l'évolution de l'investissement et
celle de l'épargne. Cela traduit le fait que l'investissement et
l'épargne intérieurs évoluent dans le même sens en
zone UEMOA.
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