Ministère des Enseignements BURKINA
FASO
Secondaire, Supérieur et de la
Recherche Scientifique
Unité-Progrès-Justice
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la
Santé (UFR/SDS) Section Pharmacie
Année Universitaire 2006-2007 Thèse n° 045
Etude du risque de toxicité lié aux
prescriptions médicamenteuses chez la femme enceinte:
enquête pharmacoépidémiologique dans les formations
sanitaires de la Commune Urbaine de Ouagadougou
Thèse : Présentée et
soutenue publiquement le jeudi 31 mai 2007 par :
Kaboré Lassané Pour l'obtention du
grade de Docteur en Pharmacie (Diplôme d'Etat)
Jury
Directeur de thèse
Président : Pr Ag. Théophile L.
Tapsoba
Pr Innocent Pierre Guissou Membres
:
Co-directeur Pr Ag. Blandine
Thiéba/Bonané
Dr Moussa Ouédraogo Pr Ag. Laurent
Ouédraogo
Dr Moussa Ouédraogo Dr Clotaire Nanga
LISTE DES RESPONSABLES ADMINISTRATIFS DE L'UFR/SDS
Directeur Pr Mamadou SAWADOGO
Directeur Adjoint Pr Arouna OUEDRAOGO
Coordonnateur de la section Médecine Pr Arouna
OUEDRAOGO
Coordonnateur de la section Pharmacie Pr Mamadou SAWADOGO
Directeur des stages de la section Médecine Pr Ag. Alain
BOUGOUMA
Directeur des stages de la section Pharmacie Pr Ag. Jean Baptiste
NIKIEMA
Directeur des stages de l'UFR SDS (Bobo-Dioulasso) Pr Ag. Blami
DAO
Secrétaire Principal
M. Olivier Leperson SANWIDI
Chef du Service Administratif, Financier et Comptable M.
Hervé Ollo TIOYE
Responsable de la Scolarité Mme Clotilde HIEN / ZONGO
Responsable de la Bibliothèque Mme Mariam TRAORE /
SALOU
Secrétaire du Directeur Mme Juliette DIARI / KAZONGO
Secrétaire du Directeur Adjoint Mme Céline PARE /
COMPAORE
Liste des enseignants de l'UFR/SDS
I ENSEIGNANTS PERMANENTS
1) Professeurs titulaires
GUIGUEMDE T. Robert Parasitologie
SOUDRE B. Robert Anatomie Pathologique
GUISSOU I. Pierre Pharmacologie & Toxicologie
SONDO K. Blaise Santé Publique
DRABO Y. Joseph Médecine Interne/Endocrinologie
LANKOANDE Jean Gynécologie-Obstétrique
ILBOUDO P. Daniel Gastro-entérologie
TRAORE Adama Dermatologie - Vénérologie
OUOBA Kampadilemba Oto Rhino Laryngologie
SAWADOGO Mamadou Biochimie
OUEDRAOGO Arouna Psychiatrie
2) Maîtres de Conférences
Agrégés
OUEDRAOGO K. Raphaël Orthopédie
TALL François Housséini Pédiatrie
KABORE B. Jean Neurologie
KAM K. Ludovic Pédiatrie
WANDAOGO Albert Chirurgie Pédiatrique
LENGANI Adama Néphrologie
SANOU Joachim Anesthésie-Réanimation
TAPSOBA Théophile L. Biophysique - Médecine
Nucléaire
AKOTIONGA Michel Gynécologie-Obstétrique
BOUGOUMA Alain Gastro-Entérologie
CISSE Rabiou Radiologie
DAO Blami Gynécologie - Obstétrique
OUANGO G. Jean Gabriel Psychiatrie
OUEDRAOGO Rasmata / TRAORE Bactériologie-Virologie
SANO Daman Chirurgie Viscérale
ZABSONRE Patrice Cardiologie
TRAORE Si Simon Chirurgie Viscérale
NIAKARA Ali Cardiologie
KABRE Abel Neuro-Chirurgie
MILLOGO Athanase Neurologie
NIKIEMA Jean Baptiste Pharmacognosie
YE Diarra / OUATTARA Pédiatrie
OUEDRAOGO Nazinigouba Anesthésie / Réanimation
SANGARE Lassana Bactériologie-Virologie
NACRO Boubacar Pédiatrie
DAO Maïmouna / OUATTARA ORL
OUEDRAOGO T. Laurent Santé Publique
LOUGUE Claudine Léonie / SORGHO Radiologie
OUEDRAOGO Martial Pneumo-Phtisiologie
NIAMPA Pascal Antoine Dermatologie Vénérologie
MEDA Nonfounikoun Ophtalmologie
SOME Issa Touridomon Chimie Analytique
OUEDRAOGO Lucie Valérie Adélaïde / NEBIE
Cardiologie
SEMDE Rasmané Pharmacie Galénique
GOUMBRI Olga M. / LOMPO Anatomie Pathologique
OUEDRAOGO Théodore Anatomie Humaine
BONANE / THIEBA Blandine Gynécologie-Obstétrique
3) Maîtres-Assistants
TRAORE Abdoulaye Santé Publique
TRAORE Lady Kadidiatou Parasitologie
TOURE Boubakar Gynécologie - Obstétrique
KARFO Kapouné Psychiatrie
TRAORE Antoinette / BELEM Pédiatrie
KAMBOU Timothée Urologie
BAMOUNI Y. Abel Radiologie
ZOUBGA Z. Alain Pneumo-Phtisiologie
SAMANDOULOUGOU K. André Cardiologie
BANDRE Emile Chirurgie générale et digestive
SAWADOGO Apollinaire Gastro-Entérologie
DABOUE M. D. Arsène Ophtalmologie
BAMBARA Moussa Gynécologie-Obstétrique
BARRO Fatou / TRAORE Dermatologie Vénérologie
MILLOGO Françoise Danielle /TRAORE
Gynécologie-Obstétrique
SERME Abdel Karim Kader Gastro-Entérologie
ZOUNGRANA O. Robert Physiologie Humaine
SANOU Idrissa Bactériologie-Virologie
DA S. Christophe Traumatologie
KABRE Elie Biochimie
NACOULMA W. C. Eric Hématologie
SAKANDE Jean Biochimie
SIRANYAN Sélouké Psychiatrie
OUEDRAOGO Vincent Médecine du travail
ZANGO Barnabé Urologie
KAFANDO Eléonore Hématologie
OUEDRAOGO Z. Theodore Santé publique
4) Assistants
OUEDRAOGO Dieudonné Chirurgie maxillo-faciale
KAFANDO Hamado Chirurgie
COULIBALY Sheick Oumar Parasitologie
SAWADOGO B. Adrien Maladies Infectieuses
TIENO Hervé Médecine Interne
KOUETA Fla Pédiatrie
DAO Lassina Pédiatrie
SANOU Assita / LAMIEN Anatomie Pathologique
SOMBIE Arsène Gastro-Entérologie
MEDA Nicolas Santé Publique
5) Enseignants à temps plein
OUEDRAOGO Hamadé Anesthésie-Réanimation
THIOMBIANO Rigobert Maladies Infectieuses
OUEDRAOGO Moussa Pharmacologie
II. ENSEIGNANTS VACATAIRES
OUEDRAOGO Jean Bosco Parasitologie
SOURABIE Seydou Biochimie
BANGAGNE Lansandé Gestion
PARE Boyo Emile Anglais
GUIRA Idrissa Statistiques
KARANTAO Mahamadou Bibliographie
KINI Félix Chimie
THIOMBIANO Adama Législation
OUEDRAOGO Cécile Anglais
LOMPO Marius Pharmacologie
OUATTARA Badioré Galénique
OUEDRAOGO Sylvain Pharmaco-Toxicologie
RAMDE W. Norbert Médecine Légale
TRAORE Aristide Pharmaco-Toxicologie
TRAORE Sidiki Chimie Analytique
TAPSOBA Sylvestre Nutrition
TRAORE Amadou Pharmacie Vétérinaire
DEDICACES
Je dédie ce travail :
A Allah le Tout-puissant, le Très
Miséricordieux
A ma mère
Je mesure à sa juste valeur ce que je représente
pour toi. Quelle que soit la longueur de la nuit, le soleil finit par se lever.
Merci pour ton soutien, tes prières et ta patience. Je suis heureux de
t'offrir ce travail. Longue vie à toi !
A mon père
Me voici au bout du tunnel ! Tu as toujours accordé une
grande importance à mes études. Ce travail est une
récompense à tes nombreux efforts. Longue vie à toi.
A mes frères et soeurs
Soyons solidaires pour toujours. Recevez ce travail en toute
fraternité. A mon oncle Lassané
Tu as beaucoup fait pour moi. Tu as toujours été un
père pour moi. Reçois ce modeste travail. Longue vie à
toi.
A Monsieur Lassé Félix
Ouédraogo
Je me suis toujours demandé ce qui se serait passé
si le chemin du petit écolier que j'étais n'avait pas
rencontré le vôtre. Vous êtes un vrai pédagogue.
Recevez ce modeste travail.
A Armelle Bi-Ilani. Merci pour ton
soutien et ton assistance. Je formule le voeu que nous bâtirons ensemble
notre avenir.
A Adama Guira
Tu es en train de passer des moments très difficiles. Ta
touche a sans doute manqué à ce travail. Meilleure santé.
Je suis de coeur avec toi.
A mon grand-père Yabré Kaboré
(in memoriam)
Cela aurait été un bonheur pour moi de te voir
assister à l'aboutissement de ce travail. Hélas ! Repose en
paix.
A Bernard Ouédraogo (in
memoriam)
Tu nous as quittés très tôt. Je ne
réalise toujours pas que tu n'es plus parmi nous. Cher oncle, repose en
paix.
A NOS MAITRES ET JUGES
A notre maître et directeur de
thèse, le Professeur Innocent Pierre Guissou Professeur titulaire
de Pharmacologie-Toxicologie à l'UFR/SDS ; Chef du département
des Sciences Pharmaceutiques Appliquées à l'UFR/SDS ; Chef du
département Médecine Pharmacopée
Traditionnelle/Pharmacie (ME.PHA.TRA/PH) à l'IRSS (CNRST) ; Chef
du département Pharmacie hospitalière et Laboratoires au CHU/YO
; Chevalier de l'Ordre National ; Chevalier des Palmes
Académiques. Cher maître, nous sommes très
sensibles à l'honneur que vous nous faites en acceptant de diriger
cette thèse. Malgré vos responsabilités et occupations
multiples, vous nous avez accordé le temps pour la réalisation
de ce travail. Nous avons eu le privilège de bénéficier
de vos enseignements à différents moments de notre cursus.
Nous gardons de vous l'image d'un homme de sciences rigoureux, appliqué
et attaché au travail bien fait. Tout au long de cette étude,
nous avons été permanemment animés par le souci de
produire un travail à la hauteur de vos attentes. Cher maître,
veuillez recevoir à travers ces mots, l'expression de notre
profonde reconnaissance.
A notre maître et président de jury, le
Professeur Agrégé Théophile Lincoln
Tapsoba Maître de Conférences Agrégé de
Biophysique et de Médecine Nucléaire à l'UFR/SDS
; Président du Conseil National de l'Ordre des Médecins du
Burkina. Cher maître, c'est un grand honneur que vous nous
faites en acceptant de présider le jury de notre thèse
malgré vos multiples occupations. Nous avons eu le privilège
de bénéficier de vos enseignements au cours de notre
formation. Votre humilité, votre humanisme et vos qualités
pédagogiques suscitent notre admiration. Veuillez recevoir à
travers ces mots, cher maître, l'expression de notre profonde
gratitude.
A notre maître et juge, le Professeur
Agrégé Blandine Thiéba/Bonané Maître de
Conférences Agrégé de
Gynécologie-Obstétrique à l'UFR/SDS. Cher
maître, c'est un grand honneur que vous nous faites en acceptant de juger
ce travail. Certes, nous n'avons pas eu le privilège de
bénéficier de vos enseignements au cours de notre formation,
mais nous avons pu nous apercevoir de votre humilité et de votre
rigueur scientifique à l'occasion du séminaire sur la
méthodologie de la recherche. Veuillez recevoir ici, cher
maître, l'expression de notre plus haute considération.
A notre maître et juge, le Professeur
Agrégé Laurent Ouédraogo Maître de
Conférences Agrégé de Santé Publique à
l'UFR/SDS ; Coordonnateur du Programme National de Prévention de la
Transmission Mère- Enfant (PTME) du VIH. Cher
maître, malgré vos multiples occupations, vous avez accepté
de juger ce modeste travail. Vous avez participé à sa
réalisation par vos judicieux conseils sur
l'approche méthodologique. Nous avons eu le privilège de
bénéficier de vos enseignements au cours de notre
formation. Votre modestie, vos qualités pédagogiques et vos
connaissances scientifiques forcent notre admiration. Veuillez recevoir
à travers ces mots, cher maître, l'expression de notre profond
respect.
A notre maître et juge, co-directeur de
thèse, le Docteur Moussa Ouédraogo Enseignant à
temps plein en Pharmacologie à l'UFR/SDS. Cher maître,
vous n'avez pas hésité un instant lorsque nous vous avons
approché pour co- diriger ce modeste travail. Votre
disponibilité, votre modestie, votre attachement au travail bien fait et
votre humanisme sont autant de qualités qui ont facilité la
réalisation de ce travail. Nous vous en sommes infiniment
reconnaissants. Puisse ce travail être à la hauteur de vos
attentes. Tous nos voeux de succès et de prospérité
dans votre carrière d'enseignant. Veuillez recevoir ici, cher
maître, l'expression de notre considération distinguée.
A notre maître et juge, le Docteur Clotaire
Nanga Pharmacien responsable du Centre de Documentation et d'Informations
sur le Médicament (CEDIM) au Ministère de la
Santé. Cher maître, c'est un grand honneur que vous
nous faites en acceptant de juger ce modeste travail malgré vos
multiples occupations. Au cours de notre cursus académique, nous
avons bénéficié de vos enseignements en
Pharmacologie. Veuillez agréer cher maître, l'expression de
notre profonde reconnaissance.
NOS REMERCIEMENTS
A Boukary Ouédraogo. Merci pour ton aide
combien précieuse dans la collecte des données.
A Adama Ouédraogo. Je ne peux pas oublier
ce que tu as fait et continues de faire pour moi. Ce travail est aussi le tien.
Merci.
A mon ami Adama Wya. Merci pour tes judicieux
conseils. J'espère que nous avancerons toujours la main dans la main.
A mon ami Bakary Sanou. Merci pour ton
amitié et ton appui multiforme dans la réalisation de ce
travail.
A Idrissa Kabré. Merci pour ta
contribution à l'aboutissement de ce travail. Restons solidaires.
A Lassané Tiemtoré et à Alexis
Nacoulma. Merci pour votre amitié. A Gnoumou Yolo
Marcellin. Merci pour le soutien
A tous mes promotionnaires de faculté, en
particulier Diallo, Manly, Alphonse, Cyprien, Lompo, Haoua, Natacha, Josiane,
Soumeya, Tabouré, Tanga, Ould, Adams, Isdine, Martin, Khamel,
Sourabié, Ollo, Diomandé. Merci pour votre contribution
à la réalisation de ce travail.
A Couldiati Marc Ounténi. Courage pour la
suite des hostilités. Merci Marc.
A «Mister». Toi et moi nous sommes
devenus des frères. Ce travail est le nôtre. Merci pour ce que tu
fais pour moi.
A Moussa et Issaka Kaboré. Merci pour
votre soutien.
A mes amis Ahmed Yaogo, Souleymane Fofana et Adama
Zida, internes des Hôpitaux du Burkina. Courage et bonne chance
pour le nouveau cursus que vous venez d'emprunter. Merci pour
votre amitié.
A Zénabo Traoré. Tu es une
secrétaire exemplaire. Merci pour tout. A Harouna
Ouédraogo et Adelphe Sanou. Merci.
Au Docteur Abdoulaye Koanda. Merci pour
l'encadrement reçu aussi bien à la Banque de Sang qu'à la
Pharmacie Hospitalière.
Aux Docteurs Christine Damase-Michel et Marco De Santi.
Merci pour la documentation. Aux amis de l'AEEDP.
Merci.
Aux amis de `'la Cité»
:Valéan, Aboubacar, Paré et Sabané. Restons ensemble.
A tous mes enseignants du Primaire, du Secondaire et de
l'Université. Merci pour la formation
reçue.
Aux familles Diello à Ouagadougou et
Ouédraogo à Bobo-Dioulasso. Merci pour tout.
A tous les agents de santé qui ont pris part
à notre enquête. Merci pour l'accueil et la
collaboration.
A toutes les femmes enceintes qui ont accepté se
prêter à notre enquête. Je vous dis merci.
A tous ceux qui ont contribué à la
réalisation de ce travail à un moment ou à un autre.
Merci.
«Par délibération,
l'Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Santé a
arrêté que les opinions émises dans les dissertations qui
lui seront présentées doivent être
considérées comme propres à leurs auteurs et qu'elle
n'entend leur donner aucune approbation.»
SOMMAIRE
Sommaire
SOMMAIRE XVIII
SIGLES ET ABREVIATIONS XXI
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX XXII
1. INTRODUCTION 1
2. ENONCE DU PROBLEME 3
3. GENERALITES 6
3.1. RAPPELS SUR LES STADES DE DEVELOPPEMENT DU PRODUIT DE
CONCEPTION 7
3.1.1. Le développement précoce 7
3.1.1.1. Première semaine: transport de l'ovule dans la
trompe 7
3.1.1.2. Deuxième semaine 7
3.1.2. La période embryonnaire 8
3.1.3. La période foetale 8
3.2. PATHOLOGIES ET GROSSESSE- ELEMENTS DE TRAITEMENT
MEDICAMENTEUX 9
3.2.1. Troubles fonctionnels au cours de la grossesse
9
3.2.1.1. Troubles fonctionnels majeurs 9
3.2.1.2. Troubles fonctionnels mineurs 10
3.2.2. Pathologies générales non infectieuses
et grossesse 10
3.2.2.1. Anémies et grossesse 10
3.2.2.2. Hypertension artérielle 11
3.2.2.3. Diabète gestationnel 12
3.2.2.4. Epilepsie 13
3.2.2.5. Asthme 13
3.2.3. Pathologies infectieuses et grossesse 14
3.2.3.1. Infections urinaires 14
3.2.3.2. Infections vaginales gravidiques 14
3.2.3.3. Infections materno-foetales 15
3.2.4. Les malformations congénitales 19
3.2.4.1. Définitions 19
3.2.4.2. Etiologies 19
3.3. SURVEILLANCE DE LA GROSSESSE : LA CONSULTATION PRENATALE
(CPN) 20
3.4. UTILISATION DES MEDICAMENTS CHEZ LA FEMME ENCEINTE 22
3.4.1 Pharmacocinétique chez la femme enceinte
22
3.4.1.1. Résorption 22
3.4.1.2. Distribution des médicaments 23
3.4.1.3. Biotransformation des médicaments 25
3.4.1.4. Excrétion rénale 25
3.4.2. Iatrogénies médicamenteuses chez la
femme enceinte 26
3.4.2.1. Risques pour la mère 26
3.4.2.2. Risques pour le futur enfant 26
3.4.3. Classification des médicaments selon le risque
potentiel sur la grossesse. 28
3.4.3.1. La classification de la Food and Drug Administration
(FDA), USA 29
3.4.3.2. La classification Farmaceutiska Specialiteter i Sverige
(FASS), Suède 30
3.4.3.3. La classification de l'Australian Drug Evaluation
Committee (ADEC),
Australie 30
3.4.3.4. La classification Teratogen Information System (TERIS)
31
Sommaire
3.4.3.5. La classification de l'European Medicines Agency (EMEA),
Union
|
Européenne
|
31
|
3.4.4. Prescription de médicaments chez la femme
enceinte
|
31
|
3.4.4.1. Procédure de la prescription
médicamenteuse en pharmacothérapie
|
31
|
3.4.4.2. Attitude de prescription chez la femme enceinte
|
32
|
3.4.5. Surveillance du traitement médicamenteux chez
la femme enceinte
|
33
|
4. OBJECTIFS DE L'ETUDE
|
36
|
4.1. OBJECTIF GENERAL
|
37
|
4.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES
|
37
|
5. MATERIEL ET METHODES D'ETUDE
|
38
|
5.1. CADRE DE L'ETUDE
|
39
|
5.1.1. Le cadre général de l'étude : la
ville de Ouagadougou
|
39
|
5.1.2. Les formations sanitaires enquêtées
|
39
|
5.2. TYPE D'ETUDE
|
41
|
5.3. POPULATIONS D'ETUDE
|
41
|
5.4. PERIODE D'ETUDE
|
41
|
5.5. ECHANTILLONNAGE
|
41
|
5.5.1. Choix des formations sanitaires
|
41
|
5.5.2. Recrutement des femmes enceintes
|
42
|
5.5.3. Recrutement des agents de santé
|
42
|
5.6. DEROULEMENT DE L'ETUDE
|
42
|
5.6.1. Enquête chez les femmes enceintes
|
42
|
5.6.2. Enquête chez le personnel de santé
|
43
|
5.7. ANALYSE DES DONNEES
|
43
|
5.7.1. Analyse des prescriptions collectées
|
43
|
5.7.2. Analyse statistique
|
44
|
5.8. CONSIDERATIONS ETHIQUES ET DEONTOLOGIQUES
|
44
|
5.9. DEFINITIONS DE TERMES
|
44
|
6. RESULTATS
|
46
|
6.1. ENQUETE CHEZ LES FEMMES ENCEINTES
|
47
|
6.1.1. Caractéristiques de la population
étudiée
|
47
|
6.1.1.1. Caractéristiques socio-démographiques
|
47
|
6.1.1.2. Caractéristiques obstétricales
|
49
|
6.1.1.3. Réalisation de l'échographie chez les
femmes enceintes enquêtées
|
50
|
6.1.1.4. Habitudes de consommation à risque chez les
femmes enceintes
|
51
|
6.1.2. Motifs de consultation des femmes enceintes dans les
FS
|
51
|
6.1.2.1. Motifs de consultation en rapport avec l'âge de la
grossesse
|
51
|
6.1.2.2. Les Consultation prénatales
|
52
|
6.1.3. Les prescriptions médicamenteuses reçues
par les patientes
|
54
|
6.1.3.1. Fréquence de prescription de médicaments
chez les femmes enceintes .
|
..55
|
6.1.3.2. Nombre d'ordonnances médicales et
médicaments reçu par les patientes.56
6.1.3.3. La qualification du prescripteur 58
6.1.3.4. Aspects pharmacologiques des prescriptions
médicamenteuses 58
6.1.3.5. Aspects réglementaires et pharmacographiques des
ordonnances
médicales 60
6.1.4. Les médicaments prescrits aux femmes enceintes
62
6.1.4.1. Données générales sur les
médicaments prescrits 62
6.1.4.2. La répartition des médicaments prescrits
selon l'âge de la grossesse 62
6.1.4.3. La voie d'administration des médicaments
prescrits 63
6.1.4.4. Les familles thérapeutiques des
médicaments prescrits 64
6.1.4.5. Répartition des médicaments en fonction de
l'information relative à leur utilisation pendant la grossesse 65
6.1.4.6. Répartition des médicaments prescrits
selon la contre-indication et l'âge de
la grossesse 66
6.1.4.7. Les médicaments contre-indiqués prescrits
67
6.1.5. Effets indésirables potentiels associés
à la prise de médicaments chez les femmes enceintes 70
6.2. ENQUETE CHEZ LE PERSONNEL DE SANTE 72
6.2.1. Caractéristiques socio-professionnelles des
agents de santé 72
6.2.2. Sources d'informations des prescripteurs sur la
prescription de médicaments chez la femme enceinte 73 6.2.3.
Eléments de connaissances des agents sur l'utilisation de
médicaments chez la
femme enceinte 73
7. DISCUSSION 75
7.1. L'APPROCHE METHODOLOGIQUE 76
7.2. ANALYSE DES RESULTATS OBTENUS 77
7.2.1. Caractéristiques des femmes enceintes
enquêtées 77
7.2.1.1. Caractéristiques socio-démographiques
77
7.2.1.2. Caractéristiques obstétricales 78
7.2.2. Motifs de consultation et prise en charge
médicamenteuse 79
7.2.3. Les prescriptions de médicaments 80
7.2.3.1. Caractéristiques des ordonnances
médicales 80
7.2.3.2. Les médicaments prescrits 82
7.2.3.3. Respect de la contre-indication médicamenteuse
chez la femme enceinte 83
7.2.4. Eléments de pharmacovigilance chez la femme
enceinte 85
7.2.4.1. Les habitudes de consommation à risques chez les
femmes enceintes 85
7.2.4.2. Les effets indésirables de médicaments
chez les femmes enceintes 85
7.2.4.3. L'échographie chez les femmes enceintes
enquêtées 86
7.2.5. Enquête chez le personnel de santé
87
7.2.5.1. Caractéristiques socio-professionnelles du
personnel de santé 87
7.2.5.2. Sources d'informations du personnel sur les
médicaments 87
7.2.5.3. Prescripteurs et connaissance de médicaments chez
la femme enceinte 87
8. CONCLUSION 91
9. SUGGESTIONS 93
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 95
RESUME 102
SUMMARY 104
ANNEXES 106
Sigles et abréviations
AA Accoucheuse Auxiliaire
AINS Anti-inflammatoire Non
Stéroïdien
AMM Autorisation de Mise sur le Marché
CEDIM Centre de Documentation et d'Information
sur le Médicament CHU-YO Centre Hospitalier
Universitaire Yalgado Ouédraogo
CISSE Centre d'Information Statistique et de
Surveillance Epidémiologique
CM Centre Médical
CMA Centre Médical avec Antenne
Chirurgicale
CPN Consultation prénatale
CSPS Centre de Santé et de Promotion
Sociale
CUO Commune Urbaine de Ouagadougou
DCI Dénomination Commune
Internationale
DGPML Direction Générale de la
Pharmacie, du Médicament et des Laboratoires
DS District Sanitaire
FDA Food and Drug Administration
FS Formation Sanitaire
GNP Guide National de Prescription
HTA Hypertension artérielle
IAM Interaction médicamenteuse
IMC Indice de Masse Corporelle
INSD Institut National de la Statistique et de
la Démographie
j jour
Kg Kilogramme
L litre
ME Maeuticien d'Etat
mg milligramme
ng nanogramme
OMS Organisation Mondiale de la Santé
PV/VIH Personne vivant avec le VIH
RCP Résumé des
Caractéristiques du Produit
SA Semaine d'Aménorrhée
SP Sulfadoxine-Pyriméthamine
SFE Sage-femme d'Etat
SMI Santé Maternelle et Infantile
SNC Système Nerveux Central
TPI Traitement Préventif Intermittent
UI Unité Internationale
VDRL Veneral Disease Research Laboratory
VIH Virus d'Immunodéficience Humain
Liste des figures et tableaux
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Développement
précoce 7
Figure 2 : Période embryonnaire
8
Figure 3 : Risques médicamenteux
pour le futur enfant en fonction de l'âge de la grossesse
28
Figure 4 : Répartition spatiale
des formations sanitaires enquêtées 40
Figure 5: Répartition des
médicaments prescrits suivant l'âge de la grossesse 63
Figure 6: Voies d'administration
des médicaments prescrits 64
Figure 7: Familles
thérapeutiques des médicaments prescrits 65
Figure 8: Répartition des
médicaments prescrits en fonction des données relatives à
leur utilisation au cours de la grossesse 66 Figure
9: Répartition des médicaments prescrits
selon la contre-indication et l'âge de la
grossesse 67
Figure 10: Répartition des
médicaments contre-indiqués selon l'âge de la grossesse
69
Figure 11 : Voies d'administration des
médicaments contre-indiqués 70
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I: Etiologies des
malformations congénitales 19
Tableau II : Caractéristiques
socio-démographiques des femmes enceintes 48
Tableau III : Caractéristiques
obstétricales des femmes enceintes 49
Tableau IV : Facteurs potentiels de
réalisation de l'échographie 50
Tableau V. Habitudes de
consommation à risque chez les femmes enceintes 51
Tableau VI : Motifs de consultation des
patientes selon l'âge de la grossesse 52
Tableau VII : Répartition des
femmes selon le nombre de CPN et l'âge de la grossesse 53
Tableau VIII : Plaintes retrouvées
chez les patientes 53
Tableau IX : Pathologies associées
aux CPN 54
Tableau X : Fréquence de
prescription de médicaments chez les patientes selon l'âge de la
grossesse. 55 Tableau XI : Fréquence de
prescription de médicaments chez les patientes selon le district
sanitaire 56 Tableau XII : Nombre
moyen de médicaments par ordonnance médicale et selon le
district
sanitaire 57 Tableau XIII : Nombre
moyen de médicaments par ordonnance et selon l'âge de la
grossesse 57
Tableau XIV : Interactions
médicamenteuses identifiées 58
Tableau XV : Répartition des
prescriptions contre-indiquées selon le district sanitaire, l'âge
de la grossesse et la qualification du prescripteur 59 Tableau
XVI : Aspects réglementaires et pharmacographiques des
ordonnances médicales
61
Tableau XVII : Médicaments
contre-indiqués prescrits 68
Tableau XVIII : Effets
indésirables de médicaments notifiés chez les femmes
enceintes 71
Tableau XIX : Caractéristiques
socio-professionnelles des agents de santé 72
Tableau XX : Proportions d'agents qui
prescriraient les médicaments proposés en fonction de la
période de la grossesse 74
1. INTRODUCTION
Introduction
La prescription médicale est un acte
spécialisé qui consiste à donner un ordre formel et
détaillé d'administrer un traitement jugé
nécessaire à une personne ou à un animal [26]. Elle doit
être un acte très raisonné, pesant les avantages et les
inconvénients du traitement pour le patient, étudiant les
alternatives efficaces et veillant au bon déroulement de toute la
chaîne d'évènements qui suivent la rédaction de
l'ordonnance jusqu'à la prise effective des médicaments [12].
Dans la pratique, la prescription médicale revêt
deux volets à savoir :
- la prescription de médicaments et/ou de mesures
hygiéno-diététiques ; - la prescription des examens
paracliniques et biologiques.
La prescription de médicaments est une étape de
la démarche pharmacothérapeutique qui consiste à
l'exploitation des propriétés pharmacologiques d'un
médicament donné pour le traitement d'une pathologie chez un
malade précis. C'est un acte matérialisé par la
rédaction de l'ordonnance médicale qui est un document
médico-légal, écrit, daté et signé par un
prescripteur autorisé et qui instaure un traitement approprié
à un malade précis. L'ordonnance médicale est
nécessaire pour l'obtention des médicaments par le patient et
pour l'administration du traitement. Ce document est la propriété
du patient.
Au Burkina Faso, dans le cadre du plan stratégique pour
une maternité à moindre risque [67], les femmes enceintes sont
suivies dans les formations sanitaires à travers les consultations
prénatales (CPN) au cours desquelles elles bénéficient de
soins de santé, aussi bien préventifs que curatifs. Dans cette
perspective, ces femmes reçoivent souvent des prescriptions de
médicaments dans le cadre de leur prise en charge médicale.
Ces prescriptions qui sont le plus souvent l'apanage du
personnel paramédical peuvent s'avérer problématiques
compte tenu du contexte particulier de la femme enceinte. En effet, au cours de
la grossesse, le produit de conception constitue un compartiment
pharmacocinétique supplémentaire du fait du passage
transplacentaire des médicaments.
Ainsi, la prescription de médicaments chez la femme
enceinte peut comporter des risques pour le couple mère-enfant.
Aussi nous est-il paru nécessaire de mener une
étude sur les prescriptions de médicaments chez la femme enceinte
dans la Commune Urbaine de Ouagadougou (CUO).
Cette étude devrait permettre de dégager le
risque de toxicité médicamenteuse en rapport avec ces
prescriptions et de faire des propositions à même de contribuer
à l'amélioration de la santé de la mère et de
l'enfant au Burkina Faso.
2. ENONCE DU PROBLEME
Le Burkina Faso est un pays en développement
caractérisé par un niveau socioéconomique bas et une
situation sanitaire marquée par l'insuffisance des infrastructures et
des ressources humaines.
Les taux de morbidité et de mortalité restent
élevés dans le pays. En particulier, les taux de mortalité
maternelle et infantile estimés respectivement à 484 pour 100 000
naissances vivantes et à 81 pour 1000 [65] constituent un défi
aux objectifs du millénaire pour le développement.
Au regard de cette situation, le personnel paramédical
(sages-femmes, infirmier, etc.) bénéficie dans le cadre de la
prise en charge des patients d'une dérogation aux dispositions du code
de la Santé Publique portant sur les compétences de prescription
de médicaments [6].
L'extension des prérogatives de prescription au
personnel non médecin a contribué à une utilisation non
rationnelle du médicament avec des prescriptions médicamenteuses
désordonnées, comme l'ont rapporté Millogo en 1989
à Ouagadougou [59] et Zongo en 1993 à Bobo Dioulasso [99]. Ces
prescriptions irrationnelles, sources potentielles de risques sanitaires pour
les populations n'épargnent pas la femme enceinte. Zoungrana a
rapporté en 1993 que sur 700 ordonnances médicales
destinées à des femmes enceintes, 172 d'entre elles soit 24,6 %
comportaient au moins un médicament contre-indiqué [100]. Krause
et collaborateurs (1999) ont également rapporté à
l'occasion d'une étude sur les prescriptions en milieu rural au Burkina
Faso incluant 21 femmes enceintes, des prescriptions contreindiquées
concernant 7 d'entre elles [50].
Les prescriptions irrationnelles chez la femme enceinte sont
d'autant plus préoccupantes que les risques portent non seulement sur la
mère mais aussi et surtout sur le futur nouveau-né à
différents stades de son développement in utero. En
effet, la femme enceinte et son enfant sont solidaires sur les plans
métabolique et physiologique par le biais du placenta, si bien
qu'à l'exception des grosses molécules comme l'héparine et
l'insuline, tout médicament administré à la mère
peut avoir des répercussions immédiates ou lointaines sur
l'embryon, le foetus ou le nouveau-né [73]. Historiquement, on se
souvient encore des dommages occasionnés par la thalidomide avec
près de 10 000 enfants sévèrement malformés
à la naissance [15 ; 27].
Au delà des risques toxiques, les prescriptions
irrationnelles posent des problèmes économiques aux patients et
à l'Etat par leurs caractères onéreux.
Au Burkina Faso, il n'existe pas de pharmacovigilance
organisée, ni de centre de renseignements sur les agents
tératogènes. Les investigations sur l'utilisation des
médicaments chez la femme enceinte sont peu fournies. L'étude la
plus récente remonte à celle de Zoungrana (1993). Dans un
contexte marqué par l'évolution des connaissances et
des structures de prise en charge des femmes enceintes, nous
nous proposons une évaluation de la situation une dizaine
d'années plus tard. Ainsi, une étude sur les prescriptions de
médicaments chez les femmes enceintes dans la Commune Urbaine de
Ouagadougou (CUO) devrait permettre d'explorer les risques potentiels y
relatifs, et de proposer des solutions pour une utilisation plus rationnelle et
plus sécurisée du médicament chez la femme enceinte au
Burkina Faso.
3. GENERALITES
3.1. Rappels sur les stades de développement du
produit de conception
3.1.1. Le développement précoce
3.1.1.1. Première semaine: transport de l'ovule
dans la trompe
La fécondation d'un ovule par un spermatozoïde
intervient 6 à 12 heures après l'ovulation aux environs du
14ème jour du cycle menstruel. Le zygote résultant
subit durant son transport vers l'utérus, des divisions ou
segmentations. Le déplacement du zygote dans la trompe dure 48 à
72 heures et c'est une morula qui atteint après trois jours la
lumière de l'utérus pour s'y transformer en blastocyste. Au
5ème ou 6ème jour de son
développement, le blastocyste entre en contact avec la muqueuse
utérine qui est alors à la fin de la phase
sécrétoire [23].
3.1.1.2. Deuxième semaine
Le blastocyste pénètre dans la muqueuse et vient
en contact avec le sang de la mère à la fin de la
2ème semaine. Il peut y avoir alors un saignement
d'implantation qui correspond à la date normale des règles.
Dès le 7ème jour, les gonadotrophines
chorioniques humaines (HCG) sont fabriquées par le trophoblaste et
peuvent alors être mises en évidence par le test immunologique de
grossesse [23]. La figure 1 donne une représentation schématique
du développement précoce.
Figure 1 : Développement
précoce [23]
3.1.2. La période embryonnaire
Elle consiste pendant la 3ème semaine
post-ovulatoire (p.o.) à la formation des annexes de l'embryon, le sac
vitellin et la cavité amniotique qui assureront des fonctions de
nutrition de l'embryon. Le disque embryonnaire, les îlots sanguins et le
coeur se mettent en place. A la 4ème semaine, l'embryon
développe la forme de son corps par dépliage du sac vitellin et
s'enferme dans l'amnios [23].
La 5ème-8ème semaine
correspond à la période embryonnaire proprement dite. Le placenta
se délimite et les villosités choriales
dégénèrent sur sa face embryonnaire. Les organes se
différencient, c'est l'organogenèse.
A partir de la 8ème semaine, l'embryon devient
un foetus.
La figure 2 donne une représentation schématique de
la période embryonnaire.
Figure 2 : Période embryonnaire
[23]
3.1.3. La période foetale
La période foetale se caractérise par la croissance
et la maturation du foetus. L'âge de la grossesse est donné en
semaines d'aménorrhée (SA) [23].
De 11 à 14 SA, la caduque ovulaire et la caduque
pariétale fusionnent. La lumière
de l'utérus se ferme. L'amnios et le chorion se
réunissent. La cavité choriale disparaît.
De 15 à 18 SA, le foetus se déplace
librement dans le liquide amniotique. Le sexe
peut être déterminé. L'utérus
dépasse la symphyse.
De 19 à 22 SA, commencent les premiers mouvements
de l'enfant. Le rythme cardiaque devient audible.
De 23 à 26 SA, le fond de l'utérus se
trouve à la hauteur de l'ombilic. La position du foetus se stabilise.
De 27 à 40 SA, l'utérus s'incline et
son sommet devient plus interne à 3-4 semaines avant l'accouchement. La
descente de l'abdomen peut être utilisée pour confirmer ou
calculer la date de l'accouchement.
3.2. Pathologies et grossesse- Eléments de
traitement médicamenteux
Nous traitons dans ce chapitre de quelques pathologies qui
peuvent soit compromettre le bon déroulement de la grossesse, soit
exposer la grossesse aux effets toxiques des médicaments utilisés
dans la prise en charge de celles-ci.
Ces pathologies comprennent des troubles fonctionnels (majeurs ou
mineurs), des pathologies infectieuses et des pathologies non infectieuses.
3.2.1. Troubles fonctionnels au cours de la grossesse
3.2.1.1. Troubles fonctionnels majeurs
- Les métrorragies
Les métrorragies du début de grossesse ou du
1er trimestre concernent 25 % des grossesses. La moitié de
ces grossesses connaît une interruption avant terme. Ces
métrorragies évoquent le plus souvent une menace d'avortement ou
d'accouchement prématuré, une grossesse extra-utérine en
dehors de toute lésion du col utérin ou d'avortement
provoqué.
Les métrorragies du 2ème trimestre sont
plus fréquentes. Elles mettent en jeu le pronostic vital maternel. Elles
sont évocatrices de mort foetale in utero, de malformation
foetale, de môle hydatiforme et de placenta prævia.
Les métrorragies du 3ème trimestre
peuvent évoquer un hématome retroplacentaire, un placenta
prævia ou une rupture utérine. Toute métrorragie au
3ème trimestre impose une hospitalisation d'urgence [87].
- Les douleurs abdomino-pelviennes
Elles peuvent avoir un caractère aigu ou non. Les
douleurs aigues peuvent avoir une localisation pelvienne en début de
grossesse ou être d'origine utérine en fin de grossesse. Dans tous
les cas, les douleurs aigues les plus fréquentes sont les contractions
utérines témoignant d'une menace d'accouchement
prématuré ou d'une menace d'avortement. Les douleurs sans
caractère aigu sont le plus souvent à type de contraction
utérine rythmée, apparaissant en fin de journée. Elles
s'accompagnent d'un durcissement de l'utérus [87].
3.2.1.2. Troubles fonctionnels mineurs
- Les vomissements gravidiques
Ils sont très fréquents, surtout en début
de grossesse. Leur traitement ne doit pas être systématique sauf
si celui-ci s'impose. Il faut privilégier les
antiémétiques dont l'innocuité a été
prouvée, par exemple le métoclopramide.
- Les brûlures d'estomac
Une femme sur deux s'en plaint dans la 2ème
moitié de grossesse. Le traitement repose sur des mesures
hygiéno-diététiques. Les anti acides comme l'hydroxyde de
magnésium peuvent être prescrits.
- La constipation
Elle est banale, sans gravité. Elle justifie
l'instauration d'une alimentation riche en résidus. Les laxatifs doivent
être évités ; à défaut les utiliser sur une
durée brève.
- Les crampes du mollet
Elles sont un symptôme très banal. La vitamine B1 et
le magnésium sont le plus souvent prescrits.
3.2.2. Pathologies générales non
infectieuses et grossesse
3.2.2.1. Anémies et grossesse
L'anémie chez la femme enceinte est
déterminée par un taux d'hémoglobine inférieur
à 11g/dl. L'augmentation des besoins en fer et en acide folique pendant
la grossesse peut entraîner différentes sortes d'anémies
:
- anémie hypochrome et hyposidérémique par
carence en fer ;
- anémie mégaloblastique par carence en acide
folique, plus rare et s'observant chez les multipares dans la deuxième
moitié de la grossesse ;
- mixte associant une carence martiale à une carence
folique.
Dans tous les cas, les grossesses suivies d'allaitement
prolongé, la gémellité, les grossesses
répétées ou rapprochées, les infections urinaires,
la malnutrition sont des facteurs favorisant les anémies.
L'anémie est associée à un risque accru
d'accouchement prématuré et à une augmentation de la
morbidité et de la mortalité foeto-maternelles.
La prévention de la carence peut être
assurée par l'administration systématique de fer et d'acide
folique dès la fin du 1er trimestre de la grossesse [60]. Le
traitement martial consiste en l'administration per os de sel ferreux
à raison de 100 mg par jour. Les indications du fer injectable sont
exceptionnelles.
L'acide folique quant à lui sera administré
à raison de 15 à 20 mg par jour [88 ; 94].
3.2.2.2. Hypertension artérielle
La Société Européenne d'Hypertension
définit l'hypertension artérielle chez la femme enceinte par une
pression artérielle systolique >140 mmHg ou une
pression artérielle diastolique > 90mmHg. L'HTA associée
à la grossesse demeure une cause majeure de morbidité et de
mortalité foetale et maternelle, aussi bien dans les pays
développés que dans les pays en développement [75].
L'hypertension pendant la grossesse n'est pas une entité
singulière. Elle peut en effet présenter les variantes suivantes
[42 ; 74 ; 75 ; 94] :
- L'hypertension artérielle
chronique
Elle complique 1 à 5 % des grossesses. Elle se
définit par une tension artérielle supérieure ou
égale à 140/90mmHg avant la conception ou apparaissant dans les
20 premières semaines de la grossesse. Elle persiste habituellement
jusqu'à 42 jours postpartum.
La prise en charge médicamenteuse de l'HTA chronique au
cours de la grossesse fait appel à des médicaments dont
l'innocuité a été prouvée ou pour lesquels il
existe un recul dans l'utilisation, afin de préserver la grossesse. Les
adrénolytiques centraux (méthyldopa, clonidine) sont les plus
utilisés. Les bêtabloquants (labétalol) sont
utilisables. Les vasodilatateurs (hydralazine, prazosine) sont utilisés
en urgence hypertensive. Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion et les
antagonistes de l'angiotensine II (sartans) posent de sérieux
problèmes surtout à partir du deuxième trimestre [97].
Le traitement tiendra également compte de la baisse
naturelle de la pression artérielle à la fin du premier trimestre
de la grossesse.
- L'hypertension artérielle
gravidique
C'est une hypertension artérielle qui survient avec la
grossesse après 20 semaines et qui associe ou non une
protéinurie. Elle est circonstancielle. L'hypotrophie et la mort
foetales constituent les risques pour le futur enfant.
- La prééclampsie ou toxémie
gravidique
Il s'agit d'une HTA gravidique associée à une
protéinurie significative, supérieure à 300 mg/L ou
à 500 mg /24H. Les oedèmes qui étaient initialement
cités par certains auteurs dans la définition de la
prééclampsie sont maintenant exclus à cause de leur manque
de spécificité. Les premières manifestations sont toujours
tardives et apparaissent après 24 semaines. Le risque foetal de type
hypotrophie ou mort foetale est très élevé. La mère
risque
des complications à type d'hématome
rétroplacentaire, d'éclampsie et de coagulation intra vasculaire
disséminée.
Le traitement médicamenteux de la toxémie
gravidique fait appel à des antihypertenseurs centraux comme la
méthyldopa, la clonidine et/ou à des vasodilatateurs comme
l'hydralazine.
- L'hypertension chronique avec
prééclampsie surajoutée
Il s'agit d'une HTA chronique qui se complique de
protéinurie chez une femme enceinte.
- L'hypertension anténatale non
classée
C'est une hypertension avec ou sans manifestations
systémiques. Si la tension artérielle est connue au cours de la
grossesse après 20 semaines, elle est réévaluée
à 42 jours postpartum et deux situations peuvent se présenter
:
* Si la tension artérielle se normalise, l'hypertension
est reclassée comme étant une HTA gravidique avec ou sans
protéinurie.
* Si la tension artérielle ne se normalise pas,
l'hypertension est reclassée comme étant une HTA chronique,
antérieure à la grossesse [75].
3.2.2.3. Diabète gestationnel
Il s'agit d'un diabète survenant au cours de la
grossesse entre la 24ème et la 28ème SA. Il
affecte 2 à 4 % des femmes enceintes. Les facteurs de risque de
diabète gestationnel sont :
- l'âge > 40 ans ;
- IMC > 25Kg/m2 ;
- les antécédents obstétricaux de mort
foetale in utero ou de macrosomie ; - les antécédents
familiaux.
Les risques liés au diabète gestationnel se situent
à deux niveaux:
* Pour la mère, l'apparition d'un diabète
transitoire au cours de la grossesse constitue un facteur de risque
ultérieur de diabète. On estime en effet que 10 à 60 % des
femmes qui ont eu un diabète gestationnel développent un
diabète de type 2 dans les 20 prochaines années [53]. Le risque
d'HTA gravidique est également augmenté.
* Pour l'enfant, il existe un risque de mort foetale
périnatale, de macrosomie (chez 20 % des foetus de mère ayant un
diabète gestationnel) exposant à un
traumatisme obstétrical et à l'asphyxie
périnatale. Enfin, l'hypoglycémie néonatale est
fréquente et résulte de l'hyperinsulinisme foetal.
La prise en charge du diabète gestationnel est
multidisciplinaire, diabétologique et obstétricale.
Les moyens thérapeutiques utilisables sont les mesures
diététiques, l'activité physique et
l'insulinothérapie. Les antidiabétiques oraux actuels sont
contre-indiqués au cours de la grossesse [53 ; 94].
3.2.2.4. Epilepsie
Chez la femme enceinte épileptique, les crises durant
le premier trimestre sont associées à un risque accru de
malformations congénitales. Une étude de cohorte a trouvé
12 % d'anomalies congénitales chez des enfants nés de
mères épileptiques traitées et ayant
présenté une crise comitiale contre 4 % chez des enfants
nés de mères épileptiques traitées n'ayant pas
présenté de crises. Les crises comitiales au cours de la
grossesse sont également associées à des taux
élevés de mortalité foetale et maternelle.
La maladie épileptique en elle-même est
associée à un risque de malformations congénitales de 2
à 3 % et ces chiffres sont 2 à 3 fois plus élevés
lorsque la mère a reçu un traitement antiépileptique
[33].
Les quatre principaux anticonvulsivants (barbituriques,
phénytoïne, carbamazépine et valproate de sodium) sont
responsables d'un syndrome anticonvulsivant chez le foetus. Des malformations
plus graves incluent le spina bifida et des cardiopathies
congénitales.
Chez les enfants de mères épileptiques
traitées par le valproate de sodium et la carbamazépine on a
observé une augmentation de la prévalence des anomalies de
fermeture du tube neural [33 ; 41 ; 69].
Cependant, d'une manière générale les
bénéfices d'un traitement approprié pendant les crises
l'emportent sur les risques potentiels.
Enfin, la supplémentation en acide folique pendant la
grossesse a montré un intérêt dans la prévention des
anomalies de fermeture du tube neural dues aux antiépileptiques [39 ;
96].
3.2.2.5. Asthme
Une femme enceinte sur 100 serait asthmatique. Cette affection
peut se révéler ou s'aggraver au cours de la grossesse. Au
contraire, une régression de la broncho constriction est quelquefois
observée. Le taux de mortalité foetale et périnatale est
anormalement élevé
dans la descendance des mères asthmatiques mal
contrôlées. En outre, les enfants sont souvent de poids faible et
prématurés. Le score d'Apgar peut être abaissé.
L'asthme n'est pas un facteur tératogène
prédisposant, en dehors des périodes d'alcalose et
d'hypoxémie [78]. Il convient de ne pas interrompre un traitement
antiasthmatique justifié chez une femme enceinte [33 ; 70 ; 78].
Le traitement antiasthmatique pose peu de problèmes. Les
médicaments prescrits
avant la conception peuvent être poursuivis, en gardant
cependant à l'esprit que :
- les corticoïdes par voie générale sont les
médicaments les moins sécurisants ; - les bêtastimulants
perturbent le déroulement de la grossesse.
3.2.3. Pathologies infectieuses et grossesse
3.2.3.1. Infections urinaires
Les infections urinaires sont relativement fréquentes
au cours de la grossesse avec une prévalence de 5 à 10 % suivant
les auteurs. Le germe le plus souvent en cause est Escherichia coli
(80 % en cas d'infection initiale).
Les infections urinaires de la femme enceinte exposent
classiquement l'enfant à quatre risques principaux : l'avortement tardif
ou l'accouchement prématuré, l'hypotrophie foetale, la souffrance
foetale voire la mort foetale in utero et l'infection
néonatale.
Le traitement efficace et précoce des infections
urinaires permet d'éviter les complications. Il fait appel à des
mesures hygiéno-diététiques telles que les boissons
abondantes, les mictions fréquentes, l'hygiène
périnéo-vaginale et à des antibiotiques notamment les
pénicillines du groupe A et les céphalosporines [88].
3.2.3.2. Infections vaginales gravidiques
- Trichomonase vaginale
Elle peut être une cause de gêne importante pour
la femme enceinte infectée mais les infections foetales à
Trichomonas vaginalis sont très rares car le parasite ne
s'étend pas au delà du col. Le traitement spécifique
utilise le métronidazole à partir du 2ème
trimestre de la grossesse par voie locale à raison d'un ovule par jour
pendant 7 à 10 jours [87].
- Candidoses vaginales
Les vulvo-vaginites fongiques constituent les plus
fréquentes des infections vaginales gravidiques. Candida
albicans est responsable de ces infections dans 80 % des cas.
L'existence d'une vulvo-vaginite fongique maternelle lors de
l'accouchement entraîne une augmentation des taux des infections
fongiques néonatales.
Le traitement utilise des médicaments comme la
nystatine ou l'amphotéricine B par voie locale (vaginale) et/ou orale.
Ces deux produits ont en effet une action locale car très faiblement
résorbés. Les traitements locaux par certains
dérivés imidazolés (éconazole, miconazole,
isoconazole) ont été utilisés mais avec un risque inconnu
pour le foetus [87].
- Autres infections
D'autres agents infectieux notamment des bactéries peuvent
également être responsables d'infections vaginales gravidiques.
C'est le cas de Gardnerella vaginalis [87].
3.2.3.3. Infections materno-foetales
- L'infection à VIH
Le risque de transmission du VIH d'une mère
infectée à son enfant varie entre 25 et 45 % dans les pays en
développement. Cette transmission est beaucoup plus marquée en
fin de grossesse, au moment de l'accouchement et au cours de l'allaitement
maternel. La prise en charge médicale et psychosociale doit tenir compte
de l'état spécifique de la femme enceinte. Toute prise
médicamenteuse doit tenir compte du risque tératogène
surtout au cours du premier trimestre de la grossesse.
Chez la femme enceinte, l'évolution de la grossesse
peut être compromise par des avortements spontanés en rapport avec
une augmentation de la virémie au cours des deux premiers mois. Le
foetus peut en outre être infecté au cours de l'évolution
de la grossesse. Au stade SIDA, on peut avoir des complications à type
de fausse couche, de travail prématuré, et de faible poids de
naissance.
Au Burkina Faso, la Névirapine est utilisée dans la
prévention de la transmission mèreenfant de l'infection par le
VIH1 d'après le schéma thérapeutique suivant :
* à la mère : dès le début du travail
ou l'expulsion : prise unique de 200mg ;
* au nouveau-né : prise unique de 2mg/Kg dans les 72
heures suivant la naissance.
En cas d'infection par le VIH2 ou mixte, l'Azidothymidine
(AZT) est utilisé à raison de 300mg deux fois par jour par voie
orale au cours des quatre dernières semaines de la grossesse [68].
- Le paludisme
La grossesse, par des mécanismes non encore
élucidés, entraîne une diminution des défenses
immunitaires humorales et cellulaires. Cela se traduit par une augmentation de
la fréquence et de la gravité des accès palustres chez les
femmes enceintes prémunies des zones impaludées. Les accès
palustres sont plus fréquents au cours du second trimestre de gestation
et chez les primigestes. Leur gravité est plus marquée au cours
du troisième trimestre, durant le travail ou dans les suites
immédiates de couches.
L'influence du paludisme sur la grossesse est plus difficile
à apprécier en zone d'endémie du fait de la coexistence
d'autres affections et des carences nutritionnelles. Le paludisme semble
responsable de mort foetale in utero, d'avortements, d'accouchements
prématurés, de mortinatalité et de souffrance foetale. Le
parasite, par son action hémolytique, aggrave l'anémie gravidique
; l'hyperthermie due à la libération de pigment malarique dans le
sang circulant peut déclencher prématurément le travail.
La séquestration des hématies dans le placenta, responsable en
partie d'anémie et d'anoxie foetales, pourrait être l'un des
mécanismes physiopathologiques à l'origine du faible poids
à la naissance d'enfants nés de mères impaludées.
Enfin, la possibilité d'un passage transplacentaire du plasmodium est
à l'origine du paludisme congénital [10 ; 36 ; 88].
Au Burkina Faso, le nouveau protocole de traitement du paludisme
adopté en 2005 préconise chez la femme enceinte [62]:
i) en prophylaxie, l'association
Sulfadoxine-Pyriméthamine remplace la chloroquine
devenue peu efficace à la suite d'apparition de souches
résistantes de Plasmodium. Le schéma thérapeutique
consiste en une prise unique per os de 3 comprimés dès
l'apparition des mouvements foetaux, à partir de 16 SA. La prise est
renouvelée avant le 8ème mois de grossesse tout en respectant un
délai d'au moins un mois avec la première prise. Au premier
trimestre, on recommande l'utilisation de moustiquaires
imprégnées d'insecticides ;
ii) en traitement curatif, les sels de quinine par voie orale
sont prescrits à la posologie de 8mg/kg de quinine base toutes les 8
heures pendant 5 à 7 jours, dans le paludisme simple. Pour le paludisme
grave il est recommandé une perfusion de sels de quinine à la
posologie de 20 mg/kg en dose de charge puis 10mg/kg toutes les 8 heures dans
du soluté glucosé à 5 %.
- La toxoplasmose
La toxoplasmose est une affection cosmopolite due à
Toxoplasma gondii. Si le plus souvent elle passe inaperçue, au
cours de la grossesse le risque majeur est le passage transplacentaire qui
expose l'enfant à la toxoplasmose congénitale avec comme
conséquences :
* hydrocéphalie ou microcéphalies dans 50 % des cas
;
* des convulsions dans 50 % des cas ;
* un retard psychomoteur ;
* des signes oculaires à types de microphtalmie, de
strabisme et de choriorétinites ;
* parfois l'avortement.
Au cours des trois premiers mois de la grossesse, l'infection
est rare, mais grave pour l'embryon et le foetus. Durant le dernier trimestre,
la transmission de la toxoplasmose à l'enfant est fréquente. Les
lésions sont moins sévères et apparaissent au cours de la
première année de vie. Le diagnostic de la toxoplasmose est
surtout immunologique. Le sérodiagnostic comprend la recherche des IgG
qui apparaissent 8 jours après l'infection et des IgM qui apparaissent
rapidement et restent présents pendant 1 à 2 mois. Chez les
femmes enceintes non immunisées, une séro-surveillance s'impose
tous les mois. Des mesures hygiéno-diététiques doivent
être prises afin d'éviter une infestation au cours de la
grossesse.
Le traitement de la toxoplasmose repose sur la spiramycine car
bien tolérée. L'association à la pyriméthamine est
plus efficace, mais dans ce cas il faut associer systématiquement
l'acide folinique du fait de la toxicité hématologique de la
pyriméthamine [21].
- La rubéole
Elle est due à un virus du genre Rubivirus et sa
transmission se fait par voie aérienne. Chez la femme enceinte la
rubéole peut provoquer :
* une embryopathie caractérisée par des
malformations atteignant le coeur, les yeux, avec une cataracte parfois
bilatérale, l'appareil auditif avec une surdité, le crâne
et l'encéphale ;
* une foetopathie avec une anomalie sanguine (purpura
thrombopénique), une atteinte du foie, de la rate et des os. La
rubéole suscite l'apparition d'anticorps et confère une
immunité définitive d'où l'intérêt de la
vaccination et du sérodiagnostic.
La vaccination contre la rubéole est
contre-indiquée au cours de la grossesse [21].
- L'infection à Herpès Simplex Virus
(HSV)
Chez la femme enceinte le problème important que pose
l'infection à HSV est celui de la transmission possible de l'agent
infectieux à son enfant.
Durant les 20 premières semaines de la grossesse, un
avortement spontané suivrait la primo-infection dans 25 % des cas. En
l'absence d'avortement le virus pourrait causer soit
une mort in utero, soit des séquelles visibles
à la naissance : choriorétinites, cataractes,
microcéphalies ou hydrocéphalies.
Après la 20ème semaine il n'y aurait
plus de risque de transmission transplacentaire [94].
- L'infection à Cytomégalovirus
(CMV)
Diverses études ont conclu à l'existence de 1
à 2 % de primo-infections durant la grossesse parmi les femmes enceintes
non immunes. Parmi ces cas, 40 % des futurs enfants seraient infectés et
entre 5 et 10 % d'entre eux seraient atteints cliniquement [77 ; 94].
- L'infection par le Virus
Zona-Varicelle
Les risques encourus par le foetus ou le nouveau-né
suite à une résurgence virale c'està-dire le zona, sont
nuls pour le futur enfant. La varicelle en début de grossesse est en
revanche préoccupante puisque le passage transplacentaire du virus peut
être responsable d'hypoplasie des extrémités, d'atrophie
corticale et de retard mental. Une varicelle congénitale est possible si
la mère contracte l'infection dans les 17 jours qui
précèdent l'accouchement.
Il n y a pas de traitement spécifique de la varicelle. Une
hygiène corporelle rigoureuse évite les complications [10 ;
94].
- La syphilis
Le tréponème pâle serait capable de
traverser la barrière placentaire à n'importe quel stade de la
grossesse. Le risque de contamination foetale est quasi nul avant le
3ème ou 4ème mois de gestation. Après cette
période le risque est fonction de la phase de syphilis maternelle. Par
exemple, au cours de la syphilis secondaire, la contamination foetale est
présente dans plus de 90 % des cas. Les conséquences possibles de
la contamination foetales sont :
* l'accouchement prématuré ou l'avortement tardif
;
* la mort foetale in utero avec macération foetale ou la
mort périnatale ; * la syphilis néonatale.
Les médicaments utilisés chez la femme enceinte
sont identiques à ceux de l'adulte en dehors de la grossesse à
savoir pénicilline G 1 million UI par jour pendant 15 jours et en cas
d'allergie, l'érythromycine à raison de 2 g par jour pendant 15
jours [30 ;87].
3.2.4. Les malformations congénitales
3.2.4.1. Définitions
Les malformations congénitales sont des anomalies
morphologiques marquantes présentées au moment de la naissance.
On distingue :
- les malformations congénitales
majeures qui sont des tares physiques causant une perturbation
fonctionnelle notable. Elles nécessitent une intervention
médicale ou chirurgicale ;
- les malformations congénitales
mineures, anomalies physiques bénignes nécessitant
parfois des soins médicaux [23].
3.2.4.2. Etiologies
Le tableau suivant donne les différentes causes de
malformations congénitales majeures et leur fréquence [31].
Tableau I: Etiologies des
malformations congénitales [31]
Causes Fréquence
Multifactorielles/inconnues
Génétiques (syndromes malformatifs)
Condition maternelle
Infections maternelles (infectons virales,
toxoplasmose)
Déformations mécaniques
|
65 % 25 % 4 %
3 %
1 à 2 %
|
Médicaments, produits chimiques, radiations, <1 %
hyperthermie
3.3. Surveillance de la grossesse : la consultation
prénatale (CPN)
Dans les pays en développement
caractérisés par des revenus économiques faibles et une
mortalité maternelle très importante, l'intérêt de
la CPN réside dans le fait qu'elle peut contribuer significativement
à une réduction du taux de mortalité maternelle. En effet,
sur la base de plusieurs travaux, il est aujourd'hui établi qu'une CPN
bien conduite contribue à la réduction de la mortalité
maternelle par le dépistage et le traitement des facteurs de risque
[9].
Entre autres on a montré que :
- les décès par hémorragie du post-partum
pourraient connaître une baisse de 16 % grâce à la
prévention de l'anémie maternelle ;
- les décès par hématome
rétroplacentaire pourraient connaître une baisse de 10%
grâce au dépistage et au traitement des HTA gravidiques ;
- la prévention des toxémies gravidiques
permettrait d'éviter 20 % des éclampsies ;
- tous les cas de décès dus au paludisme peuvent
être évités.
Pour atteindre ses objectifs, la CPN comprend dans son contenu 4
composantes qui sont :
* Identifier les femmes dont les pathologies
préexistantes représentent un danger pour la grossesse
(hypertension chronique, diabète, malnutrition, etc.) ;
* Identifier les femmes dont la condition constitue un risque
pour la grossesse (âge, histoire obstétricale, etc.) ;
* Détecter précocement et traiter les pathologies
à même de mettre en danger la grossesse
(prééclampsie, anémie, infection urinaire, etc.) ;
* Sensibiliser les femmes enceintes et leur famille aux
conditions sanitaires pouvant mettre la grossesse en danger (tabac, alcool,
infections sexuellement transmises, etc.).
Au Burkina Faso, selon les normes de services de Santé de
la Reproduction, 3 CPN sont obligatoires au cours de la grossesse soit une
visite par trimestre [66].
- La première CPN
Elle a pour but la confirmation de la grossesse, le
dépistage des facteurs de risques, le traitement des affections
courantes de la femme enceinte, la vaccination (si nécessaire), la
prophylaxie anti palustre et la supplémentation martiale.
- La deuxième CPN
Elle a pour but le suivi de l'évolution de la
grossesse, le dépistage des facteurs de risques, le traitement des
affections courantes de la femme enceinte, la vaccination (si
nécessaire), la prophylaxie anti palustre et la supplémentation
martiale.
- La troisième CPN
Elle consiste à poursuivre la surveillance de
l'évolution de la grossesse, à rechercher des facteurs de risques
à ce stade de la grossesse, à juger du pronostic de
l'accouchement, préparer la femme à l'accouchement et à la
référer en cas de besoin sans oublier la vaccination, la
prophylaxie anti palustre et la supplémentation martiale.
Au cours de la CPN un interrogatoire complet permet de
repérer les facteurs de risque ; il comporte les éléments
suivants :
- Etat civil ;
- Age ;
- Date des dernières règles ;
- Histoire du début de la grossesse ;
- Antécédents médico-chirurgicaux et
obstétricaux ;
- Ethnie ;
- Mode de vie (statut socioéconomique, alcool, etc.)
La consultation comporte un examen général,
physique et gynécologique ; des examens complémentaires :
albumine, sucre, VDRL, groupe sanguin rhésus,
électrophorèse de l'hémoglobine [66].
Les CPN sont souvent suivies de prescriptions de
médicaments chez la femme enceinte. Le terrain gravidique est
très particulier au regard des modifications physiologiques et/ou
métaboliques qui ont cours, mais aussi à la sensibilité du
foetus vis-à-vis des médicaments.
3.4. Utilisation des médicaments chez la femme
enceinte
3.4.1 Pharmacocinétique chez la femme enceinte
Les modifications physiologiques et métaboliques dues
à la gestation vont avoir des répercussions sur la
pharmacocinétique et, éventuellement la pharmacodynamie des
médicaments. L'étude de ces modifications tient également
compte de la présence d'un compartiment pharmacocinétique
supplémentaire constitué par le foetus et ses annexes (liquide
amniotique et placenta).
3.4.1.1. Résorption
- Résorption
gastro-intestinale : le temps de vidange gastrique et le
temps de transit intestinal sont souvent majorés de 30 à 50 %
chez la femme enceinte. Ceci est en rapport avec la forte concentration
plasmatique en progestérone qui réduit la motilité et le
péristaltisme intestinaux. La sécrétion gastrique acide
est abaissée de 40 % de même que l'activité peptique, alors
que la sécrétion du mucus est favorisée. Par ailleurs, le
flux sanguin gastro-intestinal est augmenté. L'augmentation du pH
gastrique modifie l'ionisation des médicaments. Les médicaments
bases faibles seront non ionisés, donc mieux résorbés. La
résorption gastro-intestinale des médicaments apparaît
ainsi variable chez la femme enceinte.
Par exemple, la résorption des médicaments comme
la riboflavine, l'hydrochlorothiazide, la spironolactone, la
carbamazépine est augmentée alors que celle de
l'érythromycine, et du phénobarbital est diminuée.
- Résorption
intramusculaire : elle dépend des flux sanguins
régionaux et de la perfusion des tissus périphériques.
Chez la femme enceinte ces flux sanguins sont augmentés en raison d'une
vasodilatation générale et de la diminution des
résistances périphériques. Cependant en fin de grossesse,
le flux sanguin peut être nettement ralenti au niveau des membres
inférieurs par la présence d'oedèmes.
- Résorption pulmonaire : le
volume respiratoire par minute et la ventilation sont augmentés au cours
de la grossesse. La vitesse d'équilibration des gaz et des substances
solubles dans les liquides alvéolaires est
accélérée. Les particules des aérosols
médicamenteux (bronchodilatateurs, anesthésiques)
pénètrent rapidement à travers l'arbre respiratoire
jusqu'aux alvéoles, améliorant ainsi la résorption des
médicaments administrés par cette voie. Le débit sanguin
pulmonaire est majoré de 30 %. Ainsi, l'éthanol, le chloroforme
et l'halothane par inhalation pulmonaire atteindront très vite des
concentrations tissulaires élevées.
- Autres niveaux de
résorption : l'augmentation des débits
sanguins régionaux favorise la résorption des médicaments
au niveau cutané et muqueux. La résorption au niveau de la
muqueuse vaginale devient plus importante [79].
3.4.1.2. Distribution des médicaments
- Chez la mère
La grossesse s'accompagne d'une modification des
paramètres hémodynamiques, de la quantité de
protéines plasmatiques et du volume liquidien [11 ; 24 ; 79].
Les modifications hémodynamiques sont marquées
par une perturbation des débits sanguins. Ce qui pourrait changer la
cinétique de distribution des médicaments dans l'organisme. Le
débit cardiaque et le débit rénal surtout au cours du
premier trimestre, augmentent d'environ 50 %. Le débit de perfusion de
l'utérus augmente progressivement tandis que le débit
hépatique n'est pas modifié.
La modification qualitative et quantitative des
protéines plasmatiques affecte la liaison des médicaments aux
protéines. La concentration plasmatique de l'albumine baisse
progressivement au cours de la grossesse de 5 à 10 g par litre. La
concentration plasmatique des á1, á2 et â
lipoprotéines s'élève en fin de grossesse alors que celle
des á1 glycoprotéines (auxquelles se lient des substances
basiques) diminue pendant la grossesse. Ainsi, la liaison d'un
médicament aux protéines plasmatiques est perturbée chez
la femme enceinte. La fraction libre plasmatique est en général
plus importante, entraînant une augmentation de la diffusion tissulaire,
une majoration du métabolisme et/ou de l'excrétion du
médicament [79].
Enfin, la grossesse s'accompagne de modifications des volumes
liquidiens. Le volume plasmatique augmente de presque 50 %, celui des globules
rouges de 18%. Ceci entraîne une dilution des globules rouges et une
diminution relative de la concentration en hémoglobine.
L'expansion des espaces liquidiens au cours de la grossesse
modifie la distribution des médicaments hydrosolubles en particulier. La
composition corporelle se modifie : les graisses s'accumulent principalement
sous forme de dépôts sous-cutanés. La surcharge lipidique
est de 3 à 4 kg et peut atteindre 10 kg en fin de grossesse.
L'accumulation des graisses explique l'augmentation du volume de distribution
des substances liposolubles et la rémanence de médicaments
anesthésiques en période post anesthésique.
- Transfert placentaire des
médicaments
Le passage transplacentaire des médicaments s'effectue
suivant des mécanismes de transport actif ou de diffusion passive. Les
propriétés physico-chimiques des médicaments, en
particulier le pKa, la liposolubilité et le poids moléculaire
ainsi que le pH du milieu jouent un rôle déterminant dans ce
processus. Les substances dont le poids moléculaire est inférieur
à 600 Daltons, traversent plus rapidement. La liposolubilité
devient le facteur déterminant en cas de poids moléculaire
limite. Plusieurs études de la littérature montrent que de
très nombreux médicaments sont capables de traverser la
barrière placentaire.
Plusieurs facteurs influencent le transfert placentaire des
médicaments [29 ; 79]. Ce sont notamment:
* l'âge de la grossesse : la vitalité foetale, la
diminution de l'épaisseur de la membrane placentaire et la surface
d'échange augmentent constamment jusqu'au terme de la grossesse ;
* la liaison aux protéines plasmatiques : la fraction
libre du médicament est seule diffusible ;
* les débits sanguins maternels et foetaux ;
* le pH du milieu : il existe en effet un gradient de pH entre
les circulations maternelle et foetale si bien que les médicaments bases
faibles ont un transfert favorisé vers le foetus.
- Distribution dans l'unité
foetoplacentaire
Le liquide amniotique représente un compartiment variable
au cours de la grossesse. Les médicaments et leurs métabolites
parviennent dans le liquide amniotique :
* soit par un transport direct à travers l'amnios et le
chorion, la peau et les
muqueuses foetales en début de grossesse
* soit par l'intermédiaire de l'urine foetale en fin de
grossesse.
Le liquide amniotique constitue donc un compartiment profond
dans lequel les médicaments parviennent avec un retard
considérable, et où ils peuvent s'accumuler lentement.
La distribution des médicaments dans l'unité
foetoplacentaire peut être influencée par le rapport Albumine
foetale/Albumine maternelle qui s'élève progressivement avec
l'âge gestationnel et l'hémodynamique foetoplacentaire.
La distribution des médicaments au niveau des tissus
foetaux est le plus souvent sélective et dépend de la nature des
organes foetaux concernés [79].
3.4.1.3. Biotransformation des médicaments
- Métabolisme maternel
L'activité métabolique hépatique est
augmentée pendant la grossesse. La fraction de médicament offerte
en métabolisme hépatique dépend de la liaison du
médicament aux protéines plasmatiques, du débit sanguin
hépatique et de la clairance hépatique intrinsèque. Les
hormones sont en général des inhibiteurs compétitifs de
certaines oxydases microsomales. La progestérone semble stimuler
l'activité des microsomes hépatiques. Elle induit le
métabolisme de la phénytoïne, de l'acide valproïque et
de la carbamazépine. Les oestrogènes favorisent la
rétention biliaire intra hépatique et prolongent le temps de
séjour dans l'organisme de certains produits comme la rifampicine
[79].
- Métabolisme placentaire
Seules certaines formes de cytochrome P450 existent au niveau
placentaire. Des réactions d'acétylation et de glycylconjugaison
ont été mises en évidences dans le placenta. Mais en
général les médicaments y sont faiblement
biotransformés [79].
- Métabolisme foetal
Le foie foetal contient un très grand nombre d'enzymes
mais qui sont souvent immatures. L'activité enzymatique est
estimée à 2 % de celle de l'adulte. Le métabolisme extra
hépatique est très faible. La biotransformation par le foie
foetal a peu de répercussions sur les concentrations plasmatiques
maternelles. Cependant, il est à craindre une accumulation de
métabolites actifs ou de produits toxiques qui seraient à
l'origine d'effets tératogènes [79].
3.4.1.4. Excrétion rénale
Le débit sanguin rénal s'élève
tout au long de la grossesse et double à la 26ème SA.
La filtration glomérulaire passe de 100 à 170 mL par minute. La
clairance de la créatinine s'élève de 50 %. La
sécrétion tubulaire n'est pas modifiée.
L'élimination rénale des médicaments est donc très
augmentée chez la future mère, d'autant plus que les
modifications de la liaison aux protéines plasmatiques et l'expansion
liquidienne sont en faveur d'une excrétion rénale accrue [79].
Les capacités d'excrétion rénale du foetus
sont faibles et l'élimination est pratiquement dépendante de la
mère.
3.4.2. Iatrogénies médicamenteuses chez la
femme enceinte
3.4.2.1. Risques pour la mère
Les modifications pharmacocinétiques induites par la
grossesse peuvent entraîner une baisse des concentrations sanguines de
certains médicaments. On peut ainsi assister au
déséquilibre d'un traitement médicamenteux
préalablement instauré chez la mère. Ce
déséquilibre, s'il aboutit à une reprise de la maladie de
fond, peut être préjudiciable à la mère, et par voie
de conséquence pour le futur enfant [94].
3.4.2.2. Risques pour le futur enfant
Le risque de toxicité médicamenteuse encouru par le
futur enfant dépend de la période de la grossesse correspondant
à l'exposition.
- Période préimplantatoire J0
-J12
C'est une période pendant laquelle l'oeuf, encore
formé de cellules indifférenciées et multipotentes, a peu
d'échanges avec l'organisme maternel : on parle de la «loi du tout
ou rien» qui se traduit par une absence d'effets toxiques pour l'oeuf ou
au contraire une fausse couche très précoce pouvant passer
inaperçue [19 ; 73 ; 89].
- Période embryonnaire
J13-J60
C'est la période d'organogenèse. La mise en
place des organes se déroule selon un calendrier très
précis. C'est la période où le risque
tératogène médicamenteux est plus élevé.
L'embryon est exposé à des malformations qui surviennent par des
mécanismes dits généraux ou particuliers [78].
Les mécanismes généraux peuvent
impliquer :
· une action au niveau des cellules foetales (actions sur
l'ADN, l'ARN messager, les ribosomes et le système enzymatique) ;
· une action chez la mère par modification du
métabolisme (glycémie, cholestérolémie, etc.) ;
· une action directe sur l'embryon par accumulation de
métabolite toxique. Les mécanismes particuliers font
intervenir des facteurs pouvant favoriser la survenue de
tératogenèse médicamenteuse parmi lesquels nous pouvons
retenir :
· les facteurs génétiques dont le rôle
tératogène a été mis en évidence chez
l'animal.
· les facteurs maternels :
> l'âge : le risque est plus élevé chez
les femmes d'âge inférieur à 16ans ou supérieur
à 35 ans,
> l'état nutritionnel ;
> le stress ;
> les maladies (diabète, épilepsie, HTA,
etc.).
- Période foetale (J 61-
Fin)
C'est une période de maturation et de croissance des
organes en place. Les effets délétères d'une exposition
médicamenteuse ne seront pas forcément visibles à la
naissance mais pourront être révélés plus
tardivement. Les anomalies qui vont résulter d'une exposition à
un agent tératogène à cette période seront plus
fonctionnelles qu'anatomiques [19 ; 73 ; 78 ; 89].
Les manifestations des atteintes sont fonction du système
affecté :
* Système nerveux central : syndrome gris
(chloramphénicol), syndrome de sevrage (benzodiazépines),
convulsions (théophylline, isoniazide), retard de développement
(antiépileptiques) ;
* Système cardiovasculaire : fermeture
prématurée du canal artériel (AINS), hémorragies
néonatales (barbituriques, anticoagulants oraux), bradycardie
(bêtabloquants) tachycardie (bêtastimulants) ;
* Système endocrinien : hypothyroïdie (lithium,
iode) ;
* Squelette : retard de développement (cyclines) ;
* Organes de sens : ototoxicité (aminosides).
- Période périnatale
Les effets observés sont dus à la rupture de
l'unité materno-placento-foetale au moment de l'accouchement et à
l'immaturité du système enzymatique du nouveau-né. On peut
observer [19 ; 73 ; 89] :
* une toxicité néonatale par accumulation :
hypotonie, sédation, troubles de la succion avec les
benzodiazépines ;
* un syndrome de sevrage à la naissance après
exposition prolongée aux benzodiazépines et aux opiacés
entre autres.
La figure 3 montre la nature du risque médicamenteux pour
le futur enfant en fonction de l'âge de la grossesse.
Figure 3 : Risques médicamenteux
pour le futur enfant en fonction de l'âge de la grossesse (D'après
ENNEZAT PV. 2005)
3.4.3. Classification des médicaments selon le
risque potentiel sur la grossesse.
Différents systèmes de classification
regroupent les médicaments suivant des catégories au regard du
risque foetal inhérent à leur emploi. Ces classifications sont
basées sur l'expérience humaine et parfois sur les
résultats de l'expérimentation animale. Leur but est de fournir
des informations aux professionnels de la santé sur l'utilisation des
médicaments chez la femme enceinte. Elles peuvent également
être utilisées lors des études
épidémiologiques pour évaluer l'utilisation des
médicaments au cours de la grossesse. Certaines de ces classifications
présentent des différences considérables entre elles sur
la catégorisation des médicaments [1 ; 3 ; 13 ; 22 ; 31 ; 54 ;
55].
3.4.3.1. La classification de la Food and Drug
Administration (FDA), USA
Cette classification comprend les catégories suivantes
:
Catégorie A
Ce sont des médicaments pour lesquels les
études en clinique humaine ne montrent pas d'augmentation du risque de
malformation chez le foetus lors d'exposition au premier trimestre de la
grossesse. Aucun risque n'a été mis en évidence lors
d'exposition durant les deux derniers trimestres. Ex. Acide folique.
Catégorie B
Ce sont des médicaments pour lesquels, soit les
études chez l'animal ne montrent pas de risque foetal mais les
études en clinique humaine font défaut ; soit les études
chez l'animal ont montré un effet délétère sur le
foetus mais l'effet n'a pas été confirmé à la suite
d'études réalisées chez la femme enceinte au cour du
premier trimestre. Aucun risque n'a été mis en évidence
lors d'exposition au cours des deux derniers trimestres. Ex. Amoxicilline,
Erythromycine.
Catégorie C
Pour ces médicaments, soit les études en
clinique humaine font défaut et les études chez l'animal ont
montré des effets toxiques du médicament sur le foetus, soit les
données animales et humaines font défaut. Ces médicaments
ne seront prescrits que si le bénéfice pour la mère
justifie le risque pour le foetus. Ex. Ciprofloxacine.
Catégorie D
Ce sont des médicaments pour lesquels les
études en clinique humaine ont montré des effets toxiques du
médicament sur le foetus (tératogène, foetotoxique ou
autre) mais le bénéfice pour la mère peut
nécessiter une administration de ce type de médicament en
dépit du risque. Ex. Cyclines, Aminosides, Iode.
Catégorie X
Dans cette catégorie, les études en clinique
humaine ont montré des effets toxiques du médicament sur le
foetus (tératogènes, foetotoxique ou autre) et le risque chez la
femme enceinte prédomine toujours le bénéfice. Ces
médicaments sont contre-indiqués chez la femme enceinte ou
susceptible de l'être. Ex. Dihydroergotamine, Isotrétinoïne,
Misoprostol, Thalidomide, Diéthylstilbestriol.
3.4.3.2. La classification Farmaceutiska Specialiteter i
Sverige (FASS), Suède
Catégorie A
Ce sont des médicaments utilisés chez un grand
nombre de femmes enceintes sans preuve d'augmentation du taux de malformation
ou autres effets néfastes sur le foetus. Catégorie
B1
Pour ces médicaments, on dispose seulement d'une
expérience limitée en clinique humaine, mais on n'a pas
constaté une augmentation du taux de malformations et les études
chez l'animal sont rassurantes.
Catégorie B2
On dispose seulement d'une expérience limitée
en clinique humaine avec ces médicaments, mais on n'a pas
constaté une augmentation du taux de malformations et les études
chez l'animal sont insuffisantes.
Catégorie B3
On dispose seulement d'une expérience limitée
en clinique humaine avec ces médicaments, mais on n'a pas
constaté une augmentation du taux de malformations et les études
chez l'animal ont mis en évidence une augmentation de la
fréquence de survenue des dommages foetaux.
Catégorie C
Les médicaments de ce groupe sont susceptibles de
provoquer des effets pharmacologiques adverses chez le foetus humain ou le
nouveau-né.
Catégorie D
Les médicaments de ce groupe sont à l'origine de
malformations ou de dommages irréversibles sur le foetus humain.
3.4.3.3. La classification de l'Australian Drug
Evaluation Committee (ADEC), Australie
Catégories A, B1, B2, B3, C et D
Elles sont similaires aux définitions de la
classification FASS.
Catégorie X
Ce sont des médicaments présentant un haut risque
de dommages permanents chez le foetus et contre-indiqués chez la femme
enceinte.
Généralités 3.4.3.4. La
classification Teratogen Information System (TERIS)
C'est un système de classification qui range les
médicaments dans des groupes à partir de consensus obtenus sur la
base de plusieurs opinions indépendantes de tératologistes
cliniciens expérimentés. Le système se base uniquement sur
les données disponibles en clinique humaine. Le risque
tératogène est classé en « Aucun
», « Peu probable », «
Minimal », « Faible », «
Modéré », «
Elevé » ou «
Indéterminé ».
3.4.3.5. La classification de l'European Medicines
Agency (EMEA), Union Européenne
C'est la plus récente des classifications. Elle divise
les médicaments en dix catégories [55].
3.4.4. Prescription de médicaments chez la femme
enceinte
3.4.4.1. Procédure de la prescription
médicamenteuse en pharmacothérapie
La prescription médicamenteuse est l'aboutissement d'une
démarche rationnelle visant à apporter une solution idoine au
problème posé par un patient.
Cette démarche appelée
pharmacothérapeutique est une méthode
thérapeutique basée sur l'usage rationnel des médicaments
en thérapeutique. Elle implique le médecin, le pharmacien,
l'équipe soignante et le patient [71].
L'utilisation rationnelle du médicament chez un patient
impose différentes étapes qui consistent à [71]:
- Définir exactement le
problème du patient. Le médecin pose le
diagnostic (interrogatoire, examen clinique, examens paracliniques) et
identifie le terrain (caractéristiques physiologiques, biologiques,
antécédents pathologiques, itinéraire
thérapeutique, habitudes, comportements du patient);
- Spécifier les objectifs
thérapeutiques. Le médecin définit alors les
buts du traitement (aboutissement visé par le traitement) et les
objectifs du traitement c'est-à-dire les moyens permettant de corriger
les anomalies ou de combler les attentes du patient;
- Décider du traitement de prédilection qui peut
être médicamenteux (pharmacothérapie) ou non. Dans le
cas d'un traitement médicamenteux, le choix des
médicaments de prédilection ou
appropriés est porté sur des médicaments dont les
propriétés (efficacité,
innocuité) conviennent au mieux au terrain et s'opposent
à la physiopathologie ou aux caractéristiques (gravité) du
problème.
- Réaliser le traitement à travers (i) la
prescription d'ordonnance médicale
(validée et exécutée par le pharmacien) et/ou de mesures
hygiéno-diététiques, (ii) informer le malade
(auto-administration) et/ou l'équipe soignante sur les modalités
d'administration des médicaments et les manifestations potentielles
d'effets indésirables ; (iii) suivre et surveiller le traitement
(efficacité, effets indésirables, précautions
d'emploi).
- Arrêter le traitement sur des critères de
guérison ou de sevrage. En cas de résolution partielle ou nulle
du problème il faut opérer de nouveaux choix.
Le pharmacien dans cette démarche veillera avec le
médecin à la sécurité d'utilisation et à
l'optimisation de l'efficacité thérapeutique des
médicaments retenus. En effet il peut appuyer l'équipe clinique
dans le choix des médicaments de prédilection. Dans cette
perspective, il assure la dispensation des médicaments à
l'officine. L'activité de dispensation comprend les étapes
suivantes:
- l'accueil du patient, vérification des
éléments de l'ordonnance et le recueil d'informations sur la
pathologie et le terrain
- la validation de l'ordonnance (vérification de la
régularité réglementaire, de la qualité technique
et de l'adéquation avec le problème du patient),
- la délivrance des médicaments
- et le conseil au patient.
En cas d'inadéquation ou de non-conformité de
la prescription médicamenteuse, le pharmacien émet une opinion
pharmaceutique orale ou écrite à l'intention du prescripteur avec
des suggestions. L'attitude du pharmacien peut aller jusqu'à une
opposition à l'exécution de l'ordonnance médicale.
3.4.4.2. Attitude de prescription chez la femme
enceinte
La femme enceinte constitue un terrain particulier en
matière de pharmacothérapie au regard de la sensibilité du
produit de conception aux médicaments. Ainsi, la prescription de
médicaments chez la femme enceinte obéit à une certaine
attitude visant à prendre en charge la patiente tout en
préservant la grossesse.
L'attitude optimale réalise un compromis entre d'une
part l'indication au traitement, et d'autre part l'importance du risque que
celui-ci fait courir au foetus et à la mère. Dans la pratique,
deux situations peuvent se présenter :
- une femme traitée au long cours (cardiopathies,
diabète, épilepsie, maladies rhumatismales, pathologies
psychiatriques, etc.) désire une grossesse ;
- un traitement médicamenteux s'avère
nécessaire chez une femme enceinte (infections, douleurs, etc.).
Dans l'une ou l'autre de ces situations, la question qui se pose
est comment envisager une thérapeutique maternelle efficace, la moins
nocive possible pour le futur enfant.
Dans tous les cas, le respect des principes suivants peut aider
dans la démarche [31 ; 33 ; 40 ; 58 ; 72 ; 78 ; 96] :
· La prescription médicamenteuse sera
évitée au premier trimestre de la grossesse dans la mesure du
possible ;
· Si possible opter pour les traitements non
médicamenteux ;
· La mère est prioritaire et si un traitement
s'avère potentiellement délétère pour le foetus
mais vital pou la mère, il doit être prescrit après
discussion ;
· Tout agent prescrivant un médicament à une
femme en âge de procréer devra avoir en tête
l'éventualité d'une grossesse ;
· En général, la notion de
tératogénicité dépend du médicament, de la
dose administrée, de la voie d'administration, de la durée du
traitement et surtout de l'âge de la grossesse ;
· On préférera aux nouveaux
médicaments ceux bénéficiant d'un recul quant à la
sécurité de leur utilisation pendant la grossesse ;
· Pour un médicament donné, on prescrira la
dose minimale efficace possible et pour une durée de traitement la plus
courte possible ;
· On préférera les médicaments
à un seul principe actif bien connu par rapport aux médicaments
comportant plusieurs principes actifs ;
· Expliquer la prescription à la patiente et la
rassurer afin qu'elle adhère au traitement ;
· Ne pas oublier que les données de la
littérature sur le risque médicamenteux sont peu nombreuses,
parfois contradictoires et pouvant être mises à jour à la
faveur des résultats issus de nouvelles études
épidémiologiques ;
· Enfin, toute exposition médicamenteuse
problématique devrait être déclarée aux centres de
pharmacovigilance afin d'alimenter les données sur la question.
3.4.5. Surveillance du traitement médicamenteux chez
la femme enceinte
Les femmes enceintes recevant un ou des médicaments
comportant un risque foetotoxique potentiel doivent être sous
surveillance clinique et/ou paraclinique. La
surveillance paraclinique repose sur la réalisation d'un
certain nombre d'examens comprenant entre autres les explorations suivantes
[78] :
- Dosage plasmatique des
médicaments
Il est nécessaire dans le cas d'un traitement avec les
substances à marge thérapeutique étroite comme les
anticonvulsivants, la théophylline et ses dérivés, le
lithium et la digoxine. Les dosages plasmatiques seront
répétés tout au long de la grossesse et au cours de
l'accouchement.
- Dosage des
alphafoetoprotéines
Ces protéines élaborées par le foie
foetal en abondance disparaissent, sauf pathologie particulière
après la naissance. Leur dosage peut être effectué au cours
de la grossesse après prélèvement du liquide amniotique.
Les taux maximum sont de 26000 ng par millilitre entre 10 et 20 SA ; 7100 ng
par millilitre entre 21 SA et 24 SA ; puis de 1400 ng par millilitre entre 25
et 30 SA. A terme, la valeur normale tombe à 230 ng par millilitre. Une
élévation significative des taux des alphafoetoprotéines
peut orienter vers des malformations du tube neural, à une souffrance
foetale, une mort in utero ou plus simplement une
gémellité.
- L'échotomographie
C'est l'examen prioritaire. Il permet de détecter de
nombreuses malformations.
Chez les femmes « à haut risque », il importe
de ne pas attendre les examens systématiques trop tardifs. Certaines
malformations comme celles des membres sont détectées entre 15 et
20 SA.
- Amniocentèse tardive
Le but est de déceler une anomalie chromosomique au
caryotype foetal. Il permet également d'évaluer la
maturité pulmonaire foetale. Cet examen comporte un risque non
négligeable (avortement, infections, etc.) et devrait être
réservé aux grossesses à risque comme celles
exposées à un traitement antinéoplasique.
- La foetoscopie
Elle permet le prélèvement de liquide
amniotique, de sang foetal, de peau foetale ; on peut aussi diagnostiquer
certaines maladies sanguines et faire un caryotype tardif. Elle est de
réalisation particulièrement délicate.
- L'embryoscopie
Elle peut être réalisée dès
l'âge de 7 à 10 SA et permet entre autre la biopsie du
trophoblaste.
NOTRE ETUDE
4. OBJECTIFS DE L'ETUDE
Objectifs de l'étude
4.1. Objectif général
Notre étude avait comme objectif général
:
Evaluer le risque de toxicité lié aux prescriptions
médicamenteuses reçues par les femmes enceintes dans les
formations sanitaires de la Commune Urbaine de Ouagadougou.
4.2. Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques visés par l'étude
étaient les suivants :
1. Décrire le profil des femmes enceintes reçues
en consultation dans les formations sanitaires.
2. Déterminer les motifs de consultation des femmes
enceintes dans les formations sanitaires.
3. Analyser la qualité réglementaire et
pharmaceutique des prescriptions médicamenteuses reçues par les
femmes enceintes.
4. Répertorier les effets indésirables potentiels
des médicaments auprès des femmes enceintes.
5. Mesurer les connaissances des agents de santé sur
l'utilisation de médicaments chez la femme enceinte.
L'atteinte de ces objectifs permettra de faire des propositions
pour une utilisation rationnelle des médicaments chez la femme
enceinte.
5. MATERIEL ET METHODES D'ETUDE
5.1. Cadre de l'étude
5.1.1. Le cadre général de l'étude :
la ville de Ouagadougou
Ouagadougou est la capitale politique du Burkina Faso. C'est
également le chef-lieu de la Province du Kadiogo et de la Région
du Centre.
La CUO comprend 30 secteurs répartis entre 5
arrondissements à savoir Baskuy, Bogodogo, Boulmiougou, Nongremassom et
Sigh Noghin (Annexe 3). Il faut noter qu'en plus des 30 secteurs urbains, la
commune englobe également un certain nombre de villages.
L'ensemble de la commune est administré par le Conseil
Municipal avec à sa tête le Maire Central.
La ville de Ouagadougou a une population estimée
à 1.008.314 habitants en 2006. Le niveau d'alphabétisation y est
de 61,6 % [82]. Selon les statistiques de l'INSD (2003), 19,9 % des populations
urbaines du Burkina Faso vivent en dessous du seuil de pauvreté
estimé à 82 672 F CFA par adulte.
Au plan sanitaire, Ouagadougou est le chef-lieu de la
Région Sanitaire du Centre qui est découpée en 4 districts
sanitaires (DS). Les infrastructures sanitaires de la Région du Centre
sont pour l'essentiel situées dans la CUO. Elles se composent de 2 CHU,
4 CMA, 7 CM, 61 CSPS, 17 dispensaires, 1 maternité, 175 formations
sanitaires (FS) privées, 17 FS confessionnelles, 37 dépôts
pharmaceutiques privés et de 101 officines pharmaceutiques
fonctionnelles [65].
5.1.2. Les formations sanitaires enquêtées
Notre enquête a concerné 32 FS dans la CUO. Ces
FS offraient toutes des soins prénatals aux femmes enceintes au moment
de notre enquête. La liste des FS enquêtées est jointe en
annexe (Annexe 4). Au plan administratif, les FS enquêtées
relèvent de la Direction Régionale de la Santé du Centre
qui comprend les districts sanitaires (DS) de Kossodo, Paul VI, Pissy et du
Secteur 30, tous basés à Ouagadougou.
Ces 4 DS comprennent également des FS périurbaines
et rurales, mais nous avons circonscrit notre étude aux FS urbaines de
ces DS.
La figure 4 donne une répartition spatiale des FS
enquêtées, positionnées par leurs coordonnées
GPS.
Figure 4 : Répartition spatiale
des formations sanitaires enquêtées
Chaque DS regroupe des secteurs appartenant à au moins
un arrondissement de la ville car le découpage en DS ne correspond pas
exactement au découpage en arrondissements (Figure 5). Ainsi :
- le DS de Kossodo regroupe les secteurs 13, 23, 24, 25, 26 et 27
relevant de l'arrondissement de Nongremassom ;
- le DS de Paul VI regroupe les secteurs 20, 21 et 22 relevant de
l'arrondissement de Sigh Noghin ;
- le DS de Pissy regroupe les secteurs 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9,
10, 11, 12, 16, 17, 18 et 19 relevant des arrondissements de Baskuy et de
Boulmiougou ;
- le DS du Secteur 30 regroupe les secteurs 14, 15, 28, 29 et 30
relevant de l'arrondissement de Bogodogo.
5.2. Type d'étude
Nous avons mené une enquête
pharmacoépidémiologique de type transversal à visée
descriptive et comparative.
5.3. Populations d'étude
Notre étude a porté d'une part sur les
femmes enceintes reçues en consultation ambulatoire
dans les formations sanitaires publiques et confessionnelles et d'autre part
sur les agents de santé (prescripteurs de
médicaments) qui offraient des prestations de soins à
ces femmes.
5.4. Période d'étude
La collecte des données s'est déroulée sur
une période de deux mois, allant du 09/10/06 au 07/12/06.
5.5. Echantillonnage
5.5.1. Choix des formations sanitaires
Nous avons retenu systématiquement toutes les
formations sanitaires publiques et confessionnelles qui offraient des soins
prénatals aux femmes enceintes dans la CUO au moment de notre
enquête. Ainsi, une liste exhaustive de 32 FS a
été constituée pour l'étude (Annexe 4).
La liste des FS dans chaque district a été obtenue
auprès du responsable du Centre d'Information Statistique et de
Surveillance Epidémiologique (CISSE) du district.
N'ont pas été inclus dans l'étude :
- les FS privées ;
- le Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo
(CHU-YO).
Bien que disposant d'une unité de SMI, le CHU-YO n'a pas
été inclus dans notre étude pour les raisons suivantes
:
· c'est un centre d'excellence et de
référence au plan national ;
· de plus, c'est une structure autonome qui ne
relève d'aucun DS sur le plan administratif alors que nous avons voulu
regrouper les FS par DS à des fins de comparaison.
5.5.2. Recrutement des femmes enceintes
Toute femme enceinte ayant été reçue en
consultation le jour de notre passage dans chacune des FS retenues a
été incluse dans l'étude quel que soit le motif de la
consultation (CPN de routine ou autre demande de soins).
En procédant ainsi, 378 femmes enceintes
ont constitué notre échantillon d'étude.
5.5.3. Recrutement des agents de santé
Ont étés inclus dans notre étude les agents
de santé qui étaient chargés de la consultation
prénatale le jour de notre passage dans les FS.
Ont été exclus de l'étude :
- les agents qui étaient d'astreinte ou qui descendaient
de garde ;
- les agents qui n'étaient pas chargés de
consultations ;
- les agents bénéficiant d'un congé ou d'un
arrêt de travail, le jour de notre passage dans leur FS.
Au total 120 agents de santé ont fait
l'objet de notre enquête.
5.6. Déroulement de l'étude
5.6.1. Enquête chez les femmes enceintes
Une fiche d'enquête de 2 pages a servi de support de
collecte des informations (Annexe 1).
La fiche comprend quatre parties à savoir :
- les caractéristiques sociodémographiques et
obstétricales des patientes ; - le(s) motif(s) de consultation ;
- un volet pharmacovigilance ;
- la prescription reçue le jour de l'enquête.
Nous avons réalisé un pré-test du
questionnaire dans trois FS choisies au hasard avec une première version
de la fiche d'enquête. Ceci nous a permis d'élaborer une version
définitive et d'estimer la durée d'administration du
questionnaire à une patiente à environ 5 minutes. Nous avons
mené une enquête transversale à un passage dans chaque FS
retenue pour l'étude.
L'enquête s'est déroulée par interview
directe des femmes enceintes au fur et à mesure que celles-ci
finissaient avec la consultation.
L'enquête a été réalisée dans
la matinée, moment de la journée où les femmes sont
reçues en consultation prénatale dans les FS.
L'ordre de passage dans chaque FS a été
déterminé le jour même par un tirage aléatoire et ce
au fur et à mesure du déroulement de l'enquête.
L'enquête a été menée par
nous-même, assisté d'un autre enquêteur qui a
été au préalable formé sur l'administration du
questionnaire.
5.6.2. Enquête chez le personnel de santé
Cette partie de l'étude s'est déroulée dans
les mêmes conditions et à la même période que
l'enquête chez les femmes enceintes.
Dans chaque FS, c'est en fin de matinée, après
la consultation et l'enquête chez les femmes enceintes que nous
sollicitons le personnel pour l'entretien. Pour ce faire ils devaient remplir
en notre présence la fiche d'enquête prévue à cet
effet.
Ladite fiche d'enquête (Annexe 2) qui a également
fait l'objet du pré test comprend trois parties :
- les caractéristiques socioprofessionnelles ;
- les sources d'information sur la prescription chez la femme
enceinte ;
- des éléments de connaissances des agents sur le
sujet « médicaments et grossesse ».
5.7. Analyse des données
5.7.1. Analyse des prescriptions collectées
- Recherche d'interactions
médicamenteuses
Nous avons utilisé la base de données
numérisée du Vidal Expert (version 2005) pour rechercher
d'éventuelles interactions entre les médicaments prescrits par
requête informatique.
- Recherche de contre-indications
médicamenteuses.
Les documents suivants ont été utilisés
pour juger de l'éventuelle contre-indication de chacun des
médicaments prescrits chez les patientes enquêtées:
· la base de données numérisée du
Vidal Expert;
· le Guide National de Prescription (VIDAL Concepts)
12ème édition [73] ;
· les publications scientifiques relatives à
l'utilisation de certains médicaments pendant la grossesse.
5.7.2. Analyse statistique
Les données ont été saisies sur
microordinateur à l'aide du programme informatique Epi Info 3.2.2. du 22
mars 2004. L'analyse statistique de nos résultats a été
réalisée à l'aide des programmes informatiques Epi Info
3.2.2. et Epi Info 6.04. Les graphiques ont été construites
à partir du logiciel Excel 2003.
Nous avons utilisé le test du Chi deux
(÷2) pour la comparaison de proportions et le test ANOVA
(analyse de variances) pour la comparaison de moyennes. Le seuil de
significativité de ces deux tests a été fixé
à 5 %.
5.8. Considérations éthiques et
déontologiques
Nous avons demandé et obtenu des autorisations
d'enquête auprès des autorités administrative (Maire de la
CUO) et sanitaire (Directeur Régional de la Santé du Centre)
avant le début de l'étude (Annexe 6). Par ailleurs, les
données ont été recueillies en tout anonymat, avec le
consentement éclairé des participants et dans le respect des
règlements des structures sanitaires et du personnel qui y travaille.
5.9. Définitions de termes
- Médicament
Selon le Code de Santé Publique du Burkina, on entend par
médicament
« toute substance ou composé
présentée comme possédant des propriétés
curatives ou préventives à l'égard des maladies humaines
ou animales, ainsi que tout produit pouvant être administré
à l'homme ou à l'animal, en vue d'établir un diagnostic
médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions
organiques»[6].
- Agent tératogène
C'est un agent qui provoque des malformations ou des
monstruosités chez le foetus. - Contre-indication
médicamenteuse
Selon le dictionnaire Garnier Delamarre [28], c'est une
circonstance qui empêche d'appliquer le traitement qui semblerait d'abord
approprié à la maladie.
La contre-indication peut être relative ou absolue.
- Interaction médicamenteuse
Nous entendons par interaction médicamenteuse la
conséquence de l'administration simultanée ou
différée de plusieurs médicaments à un même
malade. Il peut en résulter une modification à type de synergie,
de potentialisation ou d'antagonisme sur la
pharmacodynamie et/ou la pharmacocinétique de ces
médicaments, entraînant des effets bénéfiques ou
indésirables.
- Patiente
Dans notre étude le terme «patiente»
désigne la femme enceinte reçue en consultation. -
Prescription médicamenteuse
Pour nous les termes « prescription
médicamenteuse» et « ordonnance médicale» sont
interchangeables. Par abus, nous utiliserons souvent les termes «
prescription » et « ordonnance » respectivement en lieu et place
des termes « prescription médicamenteuse» et « ordonnance
médicale».
-
Pharmacoépidémiologie
La pharmacoépidémiologie est l'application des
connaissances et des méthodes épidémiologiques à
l'étude de l'usage des médicaments et de leurs effets,
désirables ou non, au sein d'une large population d'individus.
6. RESULTATS
6.1. Enquête chez les femmes enceintes
La première partie de notre enquête a
concerné les femmes enceintes reçues en consultation
prénatale dans les formations sanitaires. Au total 378 femmes
enceintes ont été enquêtées à
travers 32 FS réparties entre 4 districts sanitaires : Kossodo, Paul VI,
Pissy et Secteur 30 (Figure 5).
Les informations recueillies chez ces femmes enceintes ont
donné après analyse les résultats suivants en rapport avec
les différents objectifs de l'étude.
6.1.1. Caractéristiques de la population
étudiée
6.1.1.1. Caractéristiques
socio-démographiques
Les caractéristiques socio-démographiques des
femmes enceintes enquêtées sont décrites dans le tableau
II.
Tableau II : Caractéristiques
|
socio-démographiques des femmes enceintes
|
Résultats
|
|
|
Caractéristiques socio-
démographiques
|
|
Districts sanitaires
|
|
|
Kossodo n (%)
|
Paul VI n (%)
|
Pissy n (%)
|
Secteur 30 n (%)
|
Total n (%)
|
P
|
Effectifs
|
52 (13,8)
|
59 (15,6)
|
130 (34,4)
|
137 (36,2)
|
378 (100)
|
|
Age moyen
|
25,4
|
24,9
|
24,6
|
24,8
|
24,8
|
0,83
|
Tranches d'âge 16-20
|
11 (21,2)
|
14 (23,7)
|
44 (33,8)
|
41 (29,9)
|
110 (29,1)
|
0,43
|
21-25
|
17 (32,7)
|
18 (30,5)
|
35 (26,9)
|
46 (33,6)
|
116 (30,7)
|
|
26-30
|
14 (26,9)
|
19 (32,2)
|
27 (20,8)
|
25 (18,2)
|
85 (22,5)
|
|
31-35
|
7 (13,5)
|
8 (13,6)
|
18 (13,8)
|
16 (11,7)
|
49 (12,9)
|
|
36 ou +
|
3 (5,8)
|
0 (0)
|
6 (4,6)
|
9 (6,6)
|
18 (4,8)
|
|
Statut marital
|
|
|
|
|
|
|
Mariée
|
38 (73,1)
|
44 (74,6)
|
81 (62,3)
|
96 (70,1)
|
259 (68,5)
|
0,06
|
Union libre
|
11 (21,2)
|
15 (25,4)
|
35 (26,9)
|
36 (26,3)
|
97 (25,7)
|
|
Célibataire
|
3 (5,8)
|
0 (0)
|
14 (10,8)
|
5 (3,6)
|
22 (5,8)
|
|
Niveau d'instruction
|
|
|
|
|
|
|
Primaire
|
18 (34,6)
|
9 (15,3)
|
39 (30)
|
32 (23,4)
|
98 (25,9)
|
|
Secondaire
|
9 (17,3)
|
13 (22)
|
35 (26,9)
|
29 (21,2)
|
86 (22,8)
|
|
Supérieur
|
1 (1,9)
|
1 (1,7)
|
2 (1,5)
|
2 (1,5)
|
6 (1,6)
|
|
Alphabétisée
|
10 (19,2)
|
5 (8,5)
|
6 (4,6)
|
12 (8,7)
|
33 (8,7)
|
|
Non alphabétisée
|
14 (26,9)
|
31 (52,5)
|
48 (36,9)
|
62 (45,3)
|
155 (41)
|
|
Profession
|
|
|
|
|
|
|
Fonctionnaire
|
2 (3,8)
|
1 (1,7)
|
8 (6,2)
|
5 (3,6)
|
16 (4,2)
|
0,16
|
Commerçante
|
4 (7,7)
|
3 (5,1)
|
14 (10,8)
|
15 (10,9)
|
36 (9,5)
|
|
Femme au foyer
|
35 (67,3)
|
43 (72,9)
|
78 (60)
|
104 (75,9)
|
260 (68,8)
|
|
Secteur informel
|
8 (15,4)
|
8 (13,6)
|
17 (13,1)
|
6 (4,4)
|
39 (10,3)
|
|
Autres
|
3 (5,7)
|
4 (6,2)
|
13 (10)
|
7 (5,1)
|
27 (7,7)
|
|
Profession du conjoint
|
|
|
|
|
|
|
Fonctionnaire
|
9 (18,4)
|
17 (29,3)
|
28 (24,8)
|
34 (25,4)
|
88 (24,9)
|
0,71
|
Commerçant
|
11 (22,4)
|
12 (20,7)
|
30 (26,5)
|
28 (20,9)
|
81 (22,9)
|
|
Cultivateur
|
15 (30,6)
|
11 (19)
|
17 (15)
|
24 (17,9)
|
67 (18,9)
|
|
Secteur informel
|
9 (18,4)
|
12 (20,7)
|
27 (23,9)
|
39 (29,1)
|
87 (24,6)
|
|
Autres
|
5 (8,4)
|
6 (10,3)
|
11 (9,8)
|
9 (6,7)
|
31 (8,7)
|
|
6.1.1.2. Caractéristiques
obstétricales
Nos résultats montrent que 37,3% des patientes
étaient des primigestes. La gestité moyenne était de 2,4.
Par ailleurs, 45% des patientes étaient au 3ème
trimestre de grossesse. Le tableau III décrit les
caractéristiques obstétricales des femmes enceintes
enquêtées.
Tableau III : Caractéristiques
obstétricales des femmes enceintes
Caractéristiques obstétricales
|
|
|
Districts sanitaires
|
|
|
Kossodo n (%)
|
Paul VI n (%)
|
Pissy n (%)
|
Secteur 30 n (%)
|
Total n (%)
|
P
|
Effectifs
|
52 (13,8)
|
59 (15,6)
|
130 (34,4)
|
137 (36,2)
|
378 (100)
|
|
Gestité 1
|
16 (30,8)
|
20 (33,9)
|
59 (45,4)
|
46 (33,6)
|
141 (37,3)
|
0,32
|
2 à 4
|
32 (61,5)
|
32 (54,2)
|
58 (44,6)
|
74 (54)
|
196 (51,9)
|
|
5 ou +
|
4 (7,7)
|
7 (11,9)
|
13 (10)
|
17 (12,4)
|
41 (10,8)
|
|
Gestité moyenne
|
2,6
|
2,6
|
2,2
|
2,4
|
2,4
|
0,19
|
Parité 0
|
17 (32,7)
|
23 (39)
|
66 (50,8)
|
51 (37,2)
|
157 (41,5)
|
0,32
|
1
|
12 (23,1)
|
10 (16,9)
|
23 (17,7)
|
35 (25,5)
|
80 (21,2)
|
|
2 à 4
|
21 (40,4)
|
22 (37,3)
|
36 (27,7)
|
43 (31,4)
|
122 (32,3)
|
|
5 ou +
|
2 (3,8)
|
4 (6,8)
|
5 (3,8)
|
8 (5,8)
|
19 (5)
|
|
Parité moyenne
|
1,4
|
1,5
|
1,0
|
1,4
|
1,3
|
0,11
|
Nombre d'avortement 0
|
44 (84,6)
|
49 (83)
|
114 (87,7)
|
121 (88,3)
|
328 (86,8)
|
|
1
|
8 (15,4)
|
9 (15,2)
|
13 (10)
|
15 (11)
|
45 (11,9)
|
|
2
|
0 (0)
|
1 (1,8)
|
3 (2,3)
|
1 (0,7)
|
5 (1,3)
|
|
Age de la grossesse
1er trimestre
|
7 (13,5)
|
10 (16,9)
|
28 (21,5)
|
19 (13,9)
|
64 (16,9)
|
0,008
|
2ème trimestre
|
23 (44,2)
|
12 (20,3)
|
44 (33,8)
|
65 (47,4)
|
144 (38,1)
|
|
3ème trimestre
|
22 (42,3)
|
37 (62,7)
|
58 (44,6)
|
53 (38,7)
|
170 (45)
|
|
6.1.1.3. Réalisation de l'échographie
chez les femmes enceintes enquêtées
Afin d'explorer les possibilités de détection
d'éventuelles malformations congénitales, nous avons
recherché la réalisation de l'échographie chez les femmes
enceintes enquêtées. Il est ressorti que 47
femmes soit 12,4 % de l'ensemble avaient subi au
moins un examen d'échographie au moment de notre enquête.
Nous avons recherché les facteurs potentiels qui
pourraient influer sur la réalisation de cet examen
complémentaire.
Les résultats sont présentés au tableau
IV.
Tableau IV : Facteurs potentiels de
réalisation de l'échographie.
Facteurs potentiels
|
|
Au moins une échographie faite
|
|
Oui
n (%)
|
Non n (%)
|
Total
n (%)
|
P
|
Profession
|
|
|
|
|
Fonctionnaire
|
6 (37,5)
|
10 (62,5)
|
16 (100)
|
0,0003
|
Commerçante
|
10 (27,8)
|
26 (72,2)
|
36 (100)
|
|
Femme au foyer
|
25 (9,6)
|
235 (90,4)
|
260 (100)
|
|
Secteur informel
|
2 (5,1)
|
37 (94,9)
|
39 (100)
|
|
Autres
|
4 (14,8)
|
23 (85,2)
|
27 (100)
|
|
Profession du conjoint
|
|
|
|
|
Fonctionnaire
|
15 (17)
|
73 (83)
|
88 (100)
|
0,02
|
Commerçant
|
17 (21)
|
64 (79)
|
81 (100)
|
|
Cultivateur
|
3 (4,5)
|
64 (95,4)
|
67 (100)
|
|
Secteur informel
|
8 (9,2)
|
79 (90,8)
|
87 (100)
|
|
Autres
|
3 (9,7)
|
28 (90,3)
|
31 (100)
|
|
District sanitaire
|
|
|
|
|
Kossodo
|
9 (17,3)
|
43 (82,7)
|
52 (100)
|
0,33
|
Paul VI
|
10 (16,9)
|
49 (83,1)
|
59 (100)
|
|
Pissy
|
15 (11,5)
|
115 (88,5)
|
130 (100)
|
|
Secteur 30
|
13 (9,5)
|
124 (90,5)
|
137 (100)
|
|
Age de la grossesse 1er trimestre
|
1 (1,6)
|
63 (98,4)
|
64 (100)
|
0,01
|
2ème trimestre
|
19 (13,2)
|
125 (86,8)
|
144 (100)
|
|
3ème trimestre
|
27 (15,9)
|
143 (84,1)
|
170 (100)
|
|
6.1.1.4. Habitudes de consommation à risque chez
les femmes enceintes
Nous nous sommes intéressés à certaines
habitudes de consommation pouvant constituer un risque pour la grossesse.
Ainsi, la consommation de café, d'alcool et de tabac a été
recherchée. Il ressort de l'enquête que 36% des
femmes consomment du café au moins occasionnellement durant la
grossesse, tandis que la proportion de femmes consommant de l'alcool à
la même fréquence était de 13,4%. Dans
notre série nous n'avons pas noté de consommation tabac. Les
résultats sont présentés au tableau V.
Tableau V. Habitudes de
consommation à risque chez les femmes enceintes
Habitudes de consommation
|
|
|
|
|
Districts sanitaires
|
|
|
Kossodo n (%)
|
Paul VI n (%)
|
Pissy n (%)
|
Secteur 30 n (%)
|
Total* n (%)
|
Alcool**
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Jamais
|
44
|
(88)
|
45
|
(80,4)
|
107(87,7)
|
114 (87,7)
|
310
|
(86,6)
|
Occasionnelle
|
3
|
(6)
|
6
|
(10,7)
|
4 (3,3)
|
6 (4,6)
|
19
|
(5,3)
|
<1 verre/jour
|
3
|
(6)
|
5
|
(8,9)
|
8 (6,6)
|
8 (6,2)
|
24
|
(6,7)
|
1verre/jour ou +
|
0
|
(0)
|
0
|
(0)
|
3 (2,5)
|
2 (1,5)
|
5
|
(1,4)
|
Café/thé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Jamais
|
32
|
(64)
|
38
|
(67,9)
|
74 (60,7)
|
85 (65,4)
|
229
|
(64)
|
Occasionnelle
|
6
|
(12)
|
5
|
(8,9)
|
8 (6,6)
|
11 (8,5)
|
30
|
(8,4)
|
<1tasse/jour
|
8
|
(16)
|
9
|
(16,1)
|
31 (25,4)
|
21 (16,2)
|
69
|
(19,3)
|
1tasse/jour ou +
|
4
|
(8)
|
4
|
(7,1)
|
9 (7,4)
|
13 (10)
|
30
|
(8,4)
|
Tabac
|
0
|
(0)
|
0
|
(0)
|
0 (0)
|
0 (0)
|
0
|
(0)
|
*Le nombre de répondants est de 358
**Il s'agissait surtout de la bière locale (dolo) et
rarement des alcools forts
6.1.2. Motifs de consultation des femmes enceintes dans les
FS
6.1.2.1. Motifs de consultation en rapport avec
l'âge de la grossesse
Les motifs de consultation retrouvés chez les femmes
enceintes étaient d'une part les CPN de routine et d'autre part les
demandes de soins curatifs consécutives à des plaintes de
santé.
Parmi les femmes consultant pour CPN on peut distinguer les CPN
simples et les CPN associées à des pathologies
diagnostiquées à la faveur de la consultation de routine.
Le tableau VI dresse les motifs de consultation des femmes
enceintes dans les FS enquêtées.
Tableau VI : Motifs de consultation des
patientes selon l'âge de la grossesse
Age de la
grossesse Motifs de consultation
Consultation pour CPN avec CPN simple Total
plaintes pathologies
associées
n (%) n (%) n (%) n (%)
1er trimestre
|
26
|
(40,6)
|
22
|
(34,3)
|
16
|
(25)
|
64
|
(16,9)
|
2ème trimestre
|
18
|
(12,5)
|
47
|
(32,6)
|
79
|
(54,9)
|
144
|
(38,1)
|
3ème trimestre
|
15
|
(8,8)
|
43
|
(25,3)
|
112
|
(65,9)
|
170
|
(45)
|
Total
|
59
|
(15,6)
|
112
|
(29,6)
|
207
|
(54,8)
|
378
|
(100)
|
Age de la grossesse versus motifs de consultation :
÷2 ; P<0,001
6.1.2.2. Les Consultations prénatales
Mises à part les 59 patientes ayant consulté pour
plaintes, les autres au nombre de
319 (84,4 %) ont consulté pour une CPN associée ou
non à une pathologie.
Une proportion importante des femmes (41,7 %) était
à leur première CPN et le
nombre moyen de CPN par patiente a été de 1,9.
Nous nous sommes intéressés au nombre de CPN selon
l'âge de la grossesse. Les résultats sont présentés
au tableau VII.
Résultats Tableau
VII : Répartition des femmes selon le nombre de CPN et
l'âge de la grossesse
CPN Age de la grossesse
|
|
|
|
|
|
1er trimestre n (%)
|
2ème trimestre n (%)
|
3ème trimestre n (%)
|
Total n (%)
|
P
|
Nombre de CPN
|
|
|
|
|
|
1
|
38 (28,6)
|
85 (63,9)
|
10 (7,5)
|
133 (41,7)
|
|
2
|
0 (0)
|
39 (39,4)
|
60 (60,6)
|
99 (31)
|
|
3
|
0 (0)
|
1 (1,5)
|
66 (98,5)
|
67(21)
|
|
4
|
0 (0)
|
1 (5)
|
19 (95)
|
20 6,3)
|
|
Nombre moyen de CPN
|
1,0
|
1,3
|
2,6
|
1,9
|
< 0,0001
|
6.1.2.3. Nature des plaintes et des pathologies
associées aux CPN
- Nature des plaintes ayant motivé une
consultation chez les patientes
Le tableau VIII présente les plaintes qui ont
été responsables de consultation dans
les FS.
Tableau VIII : Plaintes retrouvées
chez les patientes
Nature des plaintes Type Fréquences
n (%)
Gynéco-obstétricale Leucorrhées, douleurs 17
(29)
pelviennes
Parasitaire Paludisme* 28 (47,5)
Respiratoire Toux, rhume 7 (12)
Digestive Nausées et vomissements
gravidiques, constipation 5 (8,5)
Autres 2 (3)
Total 59 (100)
*Il s'agit d'un diagnostic du paludisme basé sur la
symptomatologie recueillie auprès de la patiente
- Nature des pathologies associées aux
CPN
Les pathologies associées aux CPN de routine sont dans
l'ensemble assimilables aux plaintes retrouvées chez les patientes.
Elles sont présentées au tableau IX.
Tableau IX : Pathologies associées
aux CPN
Nature des plaintes Type Fréquences
n (%)
Gynéco-obstétricale Leucorrhées, douleurs 74
(66)
pelviennes
Parasitaire Paludisme* 10 (9)
Respiratoire Toux, rhume 8 (7)
Digestive Nausées et vomissements 6 (5,5)
gravidiques, constipation
Neurologique Céphalées 8 (7)
Autres** 6 (5,5)
Total 112 (100)
* Il s'agit d'un diagnostic du paludisme basé sur la
symptomatologie recueillie auprès de la patiente **Sont
regroupées dans « autres » les pathologies relatives aux
autres systèmes (urinaire, dermatologique, sphère ORL etc.)
6.1.3. Les prescriptions médicamenteuses
reçues par les patientes
Nous nous sommes intéressés aux prescriptions
médicamenteuses (ordonnances médicales) reçues par les
femmes le jour de notre enquête. Certaines d'entre elles n'ont pas
reçu de prescription.
6.1.3.1. Fréquence de prescription de
médicaments chez les femmes enceintes
Sur les 378 femmes enceintes enquêtées,
282 (soit 74,6%) ont reçu au moins une
ordonnance médicale contre 96 (soit 25,4%) n'ayant reçu aucune
prescription de médicaments.
Nous avons recherché l'influence de l'âge de la
grossesse et du district sanitaire sur la fréquence de prescriptions
médicamenteuses (réception d'ordonnance médicale) chez les
patientes. Les résultats sont présentés aux tableaux X et
XI.
Tableau X : Fréquence de
prescription de médicaments chez les patientes selon l'âge
|
de la grossesse.
|
|
|
Age de la grossesse
|
|
Prescription reçue
|
|
|
Oui
|
Non
|
Total
|
|
n (%)
|
n (%)
|
patientes n (%)
|
1er trimestre
|
57 (89,1)
|
7 (10,9)
|
64 (16,9)
|
2ème trimestre
|
116 (80,6)
|
28 (19,4)
|
144 (38,1)
|
3ème trimestre
|
109 (64,1)
|
61 (35,9)
|
170 (45)
|
Total
|
282 (74,6)
|
96 (25,4)
|
378 (100)
|
Fréquence de prescription versus âge de la grossesse
: ÷2 ; P=0,0001
Résultats Tableau
XI : Fréquence de prescription de médicaments chez
les patientes selon le
district sanitaire
|
|
|
|
|
|
Districts sanitaires
|
|
|
Prescription reçue
|
|
|
|
Oui n (%)
|
|
Non n (%)
|
Total patientes n (%)
|
Kossodo
|
33
|
(63,5)
|
19
|
(36,5)
|
52
|
(13,8)
|
Paul VI
|
49
|
(83,1)
|
10
|
(16,9)
|
59
|
(25,6)
|
Pissy
|
94
|
(72,3)
|
36
|
(27,7)
|
130
|
(34,4)
|
Secteur 30
|
106
|
(77,4)
|
31
|
(22,6)
|
137
|
(36,2)
|
Total
|
282
|
(74,6)
|
96
|
(25,4)
|
378
|
(100)
|
Fréquence de prescription versus district sanitaire :
÷2 ; P=0,08
6.1.3.2. Nombre d'ordonnances médicales et
médicaments reçu par les patientes
Au total 282 femmes enceintes ont reçu au moins une
ordonnance médicale. Quatre d'entre elles en ont reçu deux ; ce
qui porte à 286 le nombre total d'ordonnances
collectées. Le nombre de médicaments par ordonnance variait de 1
à 7.
Quarante neuf (49) ordonnances soit 17% du total
contenaient 4 médicaments ou plus.
Nous nous sommes intéressés au nombre moyen de
médicaments par ordonnance médicale selon le DS et le trimestre
de la grossesse.
- Nombre moyen de médicaments par ordonnance
médicale et selon le DS Le tableau XII donne le nombre
moyen de médicaments par ordonnance et selon le DS.
Tableau XII : Nombre moyen de
médicaments par ordonnance médicale et selon le district
sanitaire
|
|
|
|
|
|
|
|
Prescriptions
|
|
|
Districts sanitaires
|
|
|
Kossodo n (%)
|
Paul VI n (%)
|
Pissy n (%)
|
Secteur 30 n (%)
|
Total n (%)
|
P
|
Nombre d'ordonnances
Nombre de médicaments
Nombre moyen de médicaments
|
33 (11,5) 71 (10,5) 2,2
|
49 (17,1) 134 (19,9) 2,7
|
93 (32,5) 223 (33) 2,4
|
111 247 2,2
|
(38,1) (36,6)
|
286 (100) 675 (100) 2,4
|
0,07
|
- Nombre moyen de médicaments par ordonnance
médicale et selon l'âge de la grossesse
Le tableau XIII donne le nombre moyen de médicaments
par ordonnance médicale et selon l'âge de la grossesse. La moyenne
la plus élevée (2,8 médicaments par ordonnance
médicale) a été observée chez les
patientes se trouvant au 1er trimestre de leur grossesse.
Tableau XIII : Nombre moyen de
médicaments par ordonnance et selon l'âge de la grossesse
Prescriptions Trimestre de la grossesse
1er trimestre 2ème trimestre 3ème trimestre Total
P
n (%) n (%) n (%) n (%)
Nombre
d'ordonnances 59 (20,6) 122 (42,7) 105 (36,7)
286 (100)
Nombre de
médicaments 163 (24) 284 (42) 228 (34)
675 (100)
Nombre moyen
de médicaments 2,8 2,3 2,1 2,4
0,01
6.1.3.3. La qualification du prescripteur
Dans les formations sanitaires enquêtées, deux
catégories d'agents assuraient la prise en charge des femmes enceintes,
donc les prescriptions : ce sont d'une part les Accoucheuses Auxiliaires (AA)
et d'autre part les Sages-femmes et Maeuticiens d'Etat (SFE/ME).
Ainsi, dans notre étude, 139 ordonnances
médicales soit 48,6 % ont été émises par des AA et
138 soit 48,2 % par des SFE/ME. Pour 9 ordonnances soit 3,2 %, la qualification
du prescripteur n'a pas pu être identifiée.
6.1.3.4. Aspects pharmacologiques des prescriptions
médicamenteuses
- Prescriptions et interactions
médicamenteuses
L'analyse des prescriptions a permis d'identifier 5
ordonnances médicales qui comportaient des interactions
médicamenteuses, soit 1,75 % de l'ensemble.
Le tableau XIV décrit les interactions
médicamenteuses identifiées.
Tableau XIV : Interactions
médicamenteuses identifiées
N° Type d'association Conséquences
prévisibles de
l'interaction
1 Métoclopramide+Diazépam
Risque de neurosédation par
2 Métoclopramide+Cyproheptadine association de deux
sédatifs du SNC
3 Métopimazine+ Cyproheptadine
4 Métronidazole+Consommation
d'alcool
5 Charbon végétal +médicaments à
visée
systémique
|
Effet antabuse
Diminution de la résorption donc de la
biodisponibilité des médicaments
|
- Prescriptions et contre-indication
médicamenteuse
Sur les 286 ordonnances analysées, nous en avons
dénombrées 43 (soit 15 %) qui
contenaient au moins un médicament contre-indiqué chez la femme
enceinte au regard du trimestre de la prescription.
Les 43 contre-indications enregistrées
se composaient de 37 contre-indications relatives et de 6 contre-indications
absolues, soit des proportions respectives de 86% et 14%.
Nous avons recherché une éventuelle relation
statistique entre la prescription contreindiquée et certaines variables
à savoir : le DS, l'âge de la
grossesse et la qualification de l'agent
prescripteur. Les résultats sont présentés dans
le tableau XV.
Tableau XV : Répartition des
prescriptions contre-indiquées selon le district sanitaire, l'âge
de la grossesse et la qualification du prescripteur
Variables Prescriptions
Prescriptions Total des prescriptions P
contre-indiquées
|
n (%)
|
n
|
|
District sanitaire
|
|
|
|
Kossodo
|
0 (0)
|
33
|
0,01
|
Paul VI
|
8 (16,3)
|
49
|
|
Pissy
|
21 (22,6)
|
93
|
|
Secteur 30
|
14 (12,6)
|
111
|
|
Total
|
43 (15)
|
286
|
|
Age de la grossesse 1er trimestre
|
10 (16,9)
|
59
|
0,86
|
2ème trimestre
|
17 (13,9)
|
122
|
|
3ème trimestre
|
16 (15,2)
|
105
|
|
Total
|
43 (15)
|
286
|
|
Qualification du
prescripteur*
|
|
|
|
AA
|
23 (16,5)
|
139
|
0,23
|
SFE/ME
|
16 (11,6)
|
138
|
|
Total
|
39 (14)
|
277
|
|
*Pour 9 prescriptions la qualification du prescripteur n'a pas pu
être identifiée.
6.1.3.5. Aspects réglementaires et
pharmacographiques des ordonnances médicales
Nous avons regroupé sous forme de tableau la
répartition de certaines variables qui concourent à la
qualité de l'ordonnance au plan réglementaire et
pharmacographique. Les résultats sont présentés au tableau
XVI.
Tableau XVI : Aspects
réglementaires et pharmacographiques des ordonnances
médicales
|
|
|
|
Variables évaluées
|
|
|
Etat
|
|
|
Présent n (%) *
|
Absent n (%)
|
Identité du prescripteur
|
|
|
|
|
Nom et Prénom
|
8
|
(2,8)
|
278
|
(97,2)
|
Qualification***
|
21
|
(7,3)
|
265
|
(92,7)
|
Identité de la patiente
|
|
|
|
|
Nom et Prénom
|
89
|
(31,1)
|
197
|
(68,9)
|
Adresse
|
2
|
(0,7)
|
284
|
(99,3)
|
Age
|
6
|
(2,1)
|
280
|
(97,9)
|
Authenticité de la
prescription**
|
|
|
|
|
Date
|
232
|
(81,1)
|
54
|
(18,9)
|
Cachet
|
278
|
(97,2)
|
8
|
(2,8)
|
Signature
|
175
|
(61,2)
|
111
|
(38,8)
|
Iconographie
|
|
|
|
|
Lisibilité
|
275
|
(96,2)
|
11
|
(3,8)
|
Schéma thérapeutique
|
|
|
|
|
Forme galénique
|
165
|
(57,7)
|
121
|
(42,3)
|
Dosage
|
129
|
(45,1)
|
157
|
(54,9)
|
Posologie
|
274
|
(95,8)
|
12
|
(4,2)
|
Moment de prise
|
23
|
(8)
|
263
|
(92)
|
Durée du traitement
|
34
|
(11,9)
|
252
|
(88,1)
|
*Pourcentage par rapport au total de 286 ordonnances
médicales reçues par les patientes. **Pour notre étude le
nom de la structure de prescription a été confondu au cachet
***La qualification dont nous faisons état au 6.1.3.4. a
été identifiée à posteriori auprès de
l'agent prescripteur au cas où la prescription ne la mentionnait pas
6.1.4. Les médicaments prescrits aux femmes
enceintes
6.1.4.1. Données générales sur les
médicaments prescrits
Le nombre total de médicaments prescrits (lignes de
prescription) a été de 675. Ces 675
médicaments ont été prescrits à 282 femmes
enceintes à travers 286 ordonnances sur un total de
378 patientes reçues consultations. Quatre femmes ont
reçu deux prescriptions.
En regroupant les médicaments prescrits selon leur
dénomination, les 675 lignes de prescription correspondaient à
120 médicaments différents.
Dans 36,7 % des cas les médicaments
étaient composés d'au moins deux principes
actifs.
La prescription sous la dénomination commune
internationale (DCI) a concerné 46 % des
médicaments tandis que 18 % des médicaments ne
figuraient pas sur la Liste Nationale des Médicaments Essentiels du
Burkina Faso (LNME) [64].
Les médicaments les plus prescrits ont
été l'association Fer+Acide folique (19 %), la Chloroquine (8,9
%), le Spasfon® (5,5 %), l'association
Sulfadoxine+Pyrimethamine (4,6 %) et la Quinine (3,7 %).
Le nombre moyen de médicaments par ordonnance
médicale a été de 2,4. Le nombre moyen de
médicaments par consultation a été de
1,8.
6.1.4.2. La répartition des médicaments
prescrits selon l'âge de la grossesse
La figure 5 montre la répartition des médicaments
prescrits selon le trimestre de la grossesse.
3ème trimestre (228) 34%
2ème trimestre (284) 42%
1er trimestre (163) 24%
Figure 5: Répartition des
médicaments prescrits suivant l'âge de la grossesse Les nombres
entre parenthèses correspondent aux fréquences absolues.
6.1.4.3. La voie d'administration des
médicaments prescrits
La figure 7 donne les voies d'administration des
médicaments prescrits.
La voie d'administration la plus utilisée dans
l'étude a été la voie orale (81 % des
médicaments).
Voie d'administration
Parentérale
Percutanée
Vaginale
Rectale
Autres
Orale
0,15
0,7
3,1
6,5
8,4
81
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Proportion (%) de médicaments
prescrits
Figure 6: Voies d'administration
des médicaments prescrits
6.1.4.4. Les familles thérapeutiques des
médicaments prescrits
Nous avons classé les médicaments par familles
thérapeutiques conformément à la classification du GNP
(VIDAL® Concepts 12ème édition) [73].
Les médicaments prescrits se répartissent ainsi entre 15
familles différentes. La figure 7 donne la répartition
des médicaments par familles pharmacothérapeutiques.
Families
Métabolisme/Nutrition
Anti-inflammatoires
Gastro-Entérologie
Antispasmodiques
Neuropsychiatrie
Dermatologie
Pneumologie
Parasitologie
Gynécologie
Hématologie
Infectiologie
Antalgiques
Cardiologie
Hémostase
Autres
0,2
0,3
0,3
0,4
0,4
0,6
1,8
2,1
3,6
4,7
5,9
9,8
10,8
24,6
31,6
0 5 10 15 20 25 30 35
Proportion (%) de médicaments prescits
Figure 7: Familles
thérapeutiques des médicaments prescrits
6.1.4.5. Répartition des médicaments en
fonction de l'information relative à leur utilisation pendant la
grossesse
En se basant sur les données se rapportant à
l'utilisation des médicaments pendant la grossesse, nous les avons
classés suivant les 4 groupes ci-après :
- Médicaments non contre-indiqués ;
- Médicaments pour lesquels on ne dispose pas de
données suffisantes concernant l'innocuité de leur utilisation
pendant la grossesse ;
- Médicaments à contre-indication relative ;
- Médicaments à contre-indication absolue.
La figure 9 donne la répartition des médicaments
selon ce regroupement.
Résultats
Absolument
contre- indiqués
Relativement
contre- indiqués
Insuffisance de données
Non contre-indiqués
Information
1
6
16
77
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Proportion (%) de médicaments
prescrits
Figure 8: Répartition des
médicaments prescrits en fonction des données relatives à
leur utilisation au cours de la grossesse
6.1.4.6. Répartition des médicaments
prescrits selon la contre-indication et l'âge de la grossesse
La figure 9 donne la répartition des médicaments
prescrits selon leur éventuelle contre-indication aux différents
âges de la grossesse.
Proportion (%) de medicaments prescrits
40
20
30
10
0
1er iestre
e trimestr
è2ème triestre
trimestr 3èe
3ème trimestre
trimest
1,8
22,4
2,5
39,5
Age de la grossesse
Contre -indiqués Non contre -indiqués
2,5
31,3
Figure 9: Répartition des
médicaments prescrits selon la contre-indication et l'âge de la
grossesse
6.1.4.7. Les médicaments contre-indiqués
prescrits
- Tableau descriptif des médicaments
contre-indiqués.
Le tableau XVII donne une répartition des 46
médicaments contre-indiqués chez les femmes enceintes
dans notre enquête. La liste détaillée de ces
médicaments est donnée à l'annexe 5.
Tableau XVII : Médicaments
contre-indiqués prescrits
Groupe/Famille Molécules
Fréquence
(n) Nitro-5-Imidazolés
Métronidazole 2
Benzimidazolés Albendazole, Mébendazole, 15
Flubendazole
Antalgiques Noramidopyrine (NOVALGIN®) 7
Anti-inflammatoires Ibuprofène, Diclofénac 4
Anti-histaminiques Cyproheptadine, 7
Chlorphéniramine
Prométhazine
Antiseptiques iodés Povydone iodée
(BETADINE®) 6
Benzodiazépines Clorazépate
(TRANXENE®) 1
Antibiotiques Ciprofloxacine 1
Antipaludiques Dihydroartémisinine + 1
Pipéraquine Phosphate
(DUO COTECXIN®)
Antifongiques Fenticonazole (LOMEXIN®) 1
Vitamines Rétinol (PLENYL®)* 1
Total 46
*Il s'agit de vitamine A à dose élevée,
supérieure à 5000 UI/j.
- Répartition des médicaments
contre-indiqués suivant l'âge de la
grossesse
La figure 10 donne la répartition des
médicaments contre-indiqués selon le trimestre de la grossesse.
Il y avait autant de médicaments contre-indiqués au
2ème qu'au 3ème trimestre.
(17) 37% 2 ème
vtrimestre
(17) 37% 3ème trimestre
(12) 26% 1er trimestre
Figure 10: Répartition des
médicaments contre-indiqués selon l'âge de la grossesse.
Les nombres entre parenthèses correspondent aux fréquences
absolues.
- La voie d'administration des médicaments
contre-indiqués
Quatre voies d'administration étaient concernées
par la contre-indication médicamenteuse, dominées par la voie
orale (71 %). La voie d'administration des médicaments
contre-indiqués est représentée à la figure 11.
Résultats
Vole d'administration
Parentérale
Percutanée
Vaginale
Orale
7
9
13
71
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Proportion (%) de médicaments prescits
Figure 11 : Voies d'administration des
médicaments contre-indiqués
6.1.5. Effets indésirables potentiels
associés à la prise de médicaments chez les femmes
enceintes
Nous avons recherché auprès des femmes enceintes
enquêtées des effets indésirables associés à
la prise de médicaments au cours de la grossesse. Ainsi les femmes
interrogées ont rapporté des effets indésirables qui
concernaient 9 médicaments.
Au total, 86 effets indésirables
associés à ces 9 médicaments ont été
recensés et décrits au tableau XVIII.
Résultats Tableau
XVIII : Effets indésirables de médicaments
notifiés chez les femmes enceintes
Médicaments
|
Effets indésirables associés
|
Type*
|
Fréquence (n)
|
Chloroquine/Resochine®
|
Nausées
|
A
|
3
|
|
Vomissements
|
A
|
6
|
|
Prurit
|
A
|
32
|
|
Douleurs abdominales
|
A
|
2
|
|
Insomnie
|
A
|
1
|
|
Bourdonnements
|
A
|
1
|
|
d'oreilles
|
A
|
1
|
|
Vertiges
|
|
|
Fer+Acide
folique/Folifer®
|
Nausées
|
A
|
3
|
|
Vomissements
|
A
|
6
|
|
Vertiges
|
B
|
1
|
|
Epistaxis
|
B
|
1
|
|
Sensation d'odeur de
|
B
|
2
|
|
sang
|
B
|
1
|
|
Photosensibilité
|
B
|
1
|
|
Anorexie
|
|
|
Fer, Acide folique,
|
|
|
|
Vitamines, minéraux
|
|
|
|
(Ranferon®)
|
Nausées
|
A
|
2
|
Paracétamol
|
Nausées
|
A
|
2
|
Aspirine
|
Vomissements
|
A
|
1
|
Quinine
|
Prurit
|
A
|
3
|
Métronidazole
|
Anorexie
|
A
|
1
|
Cyproheptadine
|
|
|
|
(Très-Orix®)
|
Vomissements
|
B
|
1
|
Dihydroartémisinine
|
|
|
|
Pipéraquine Phosphate
|
|
|
|
(Duo Cotecxin®)
|
Bouffées de chaleur
|
B
|
1
|
Total
|
|
|
86
|
*Le type A correspond à un effet indésirable
décrit dans le résumé des caractéristiques du
produit commercial (RCP), donc prévisible tandis que type B concerne des
effets indésirables non décrits dans le RCP, donc non
prévisibles.
6.2. Enquête chez le personnel de
santé
6.2.1. Caractéristiques socio-professionnelles des
agents de santé
La deuxième partie de notre enquête a
concerné les agents de santé qui offraient des prestations de
soins aux femmes enceintes dans les FS enquêtées.
Au total 120 agents ont été concernés par
notre enquête.
Le personnel est majoritairement de sexe féminin. Le sexe
masculin était représenté seulement avec 4 agents soit 3,3
% de l'ensemble.
Les caractéristiques socio-professionnelles du personnel
sont décrites dans le tableau XIX.
Tableau XIX : Caractéristiques
socio-professionnelles des agents de santé
Caractéristiques socio-
professionnelles
|
|
|
Districts sanitaires
|
|
|
Kossodo n (%)
|
Paul VI n (%)
|
Pissy n (%)
|
Secteur 30 n (%)
|
Total n (%)
|
P
|
Effectifs
|
21 (17,5)
|
26 (21,6)
|
37 (30,8)
|
36 (30)
|
120 (100)
|
|
Qualification
|
|
|
|
|
|
|
AA
|
16 (76,2)
|
17 (65,9)
|
19 (51,4)
|
23 (63,9)
|
75 (62,5)
|
0,28
|
SFE/ME
|
5 (23,8)
|
9 (34,6)
|
18 (48,6)
|
13 (36,1)
|
45 (37,5)
|
|
Age moyen
|
38,9
|
38,8
|
43,5
|
41
|
40,9
|
0,07
|
Ages
<36 ans
|
6 (28,6)
|
5 (19,2)
|
6 (16,2)
|
14 (38,9)
|
31 (25,8)
|
0,12
|
36 ans ou +
|
15 (71,4)
|
21 (80,8)
|
31 (83,8)
|
22 (61,1)
|
83 (74,2)
|
|
Nombre moyen d'années de service
|
13,2
|
13
|
17,5
|
14,5
|
14,9
|
0,11
|
Agents ayant reçu une formation dans les 5
dernières années*
|
10 (47,6)
|
2 (7,7
|
4 (10,8)
|
6 (16,7)
|
22 (18,3)
|
|
*Il s'agit là d'une formation en rapport avec la prise en
charge médicamenteuse de la femme enceinte.
Résultats
6.2.2. Sources d'informations des prescripteurs sur la
prescription de
médicaments chez la femme enceinte
Nous avons cherché à identifier les sources
d'informations des prescripteurs sur les médicaments en
général et leur utilisation chez la femme enceinte en
particulier.
Il est ressorti que la majorité des agents
(91,7 %) utilisent des documents pour la prescription chez la
femme enceinte notamment le dictionnaire Vidal et des algorithmes [63]. 98,3 %
des agents affirment être visités par les
délégués médicaux et 95 %
affirment utiliser les informations données par les
délégués médicaux dans le cadre de la prescription
chez la femme enceinte.
Parmi les 120 agents enquêtés, seulement 4
(3,3 %) connaissent l'existence d'un centre d'information sur
les médicaments (CEDIM) au Burkina Faso. Dix neuf (19) agents
(15,8 %) ignorent l'existence d'une liste nationale des
médicaments essentiels au Burkina Faso.
D'autres sources d'informations ont été
citées par les agents, à savoir les revues
(10%), les média (7,5 %) et l'Internet (4 %).
6.2.3. Eléments de connaissances des agents sur
l'utilisation de médicaments chez la femme enceinte
Afin d'explorer d'éventuelles difficultés
qu'auraient les agents dans la prise en charge médicamenteuse de la
femme enceinte, nous leur avons soumis une liste de 10 médicaments afin
qu'ils se prononcent si au regard de l'âge de la grossesse, ils
pourraient les prescrire ou non.
Les résultats ainsi obtenus sont consignés dans le
tableau XX.
Tableau XX : Proportions d'agents qui
prescriraient les médicaments proposés en fonction de la
période de la grossesse (n =120 agents)
Médicaments
|
|
Périodes de la grossesse
|
|
|
1er trimestre n (%)
|
2ème trimestre n (%)
|
3ème trimestre n (%)
|
PARACETAMOL
|
117 (97,5)
|
114 (95)
|
114 (95)
|
ASPIRINE
|
27 (22,5)
|
38 (31,7)
|
12 (10)
|
FANSIDAR
|
6 (5)
|
109 (90,8)
|
62 (51,5)
|
VOGALENE
|
118 (98,3)
|
114 (95)
|
113 (94,2)
|
IBUPROFENE
|
24 (20)
|
51 (42,5)
|
19 (15,8)
|
VITAMINE A
|
13 (10,8)
|
19 (15,8)
|
17 (14,2)
|
METHERGIN
|
0 (0)
|
0(0)
|
0(0)
|
CARBOCYSTEINE
|
96 (80)
|
99 (82,5)
|
97 (80,8)
|
COTRIMOXAZOLE
|
15 (12,5)
|
51 (42,5)
|
40 (33)
|
DOXYCYCLINE
|
3 (2,5)
|
11 (9,2)
|
10 (8,3)
|
7. DISCUSSION
7.1. L'approche méthodologique
Nous avons mené une étude transversale à
passage unique sur une période de deux mois dans le but d'explorer le
risque de toxicité médicamenteuse inhérent aux
prescriptions médicamenteuses reçues par les femmes enceintes
dans la CUO. De par son caractère ponctuel, notre étude n'a pas
permis de suivre l'évolution des grossesses jusqu'à terme afin de
vérifier à posteriori la survenue d'effets
tératogènes.
Notre étude dans son second volet s'est
intéressée au personnel de santé. Selon notre
démarche, seuls les agents qui étaient en service le jour de
notre passage dans les FS étaient interviewés. Ainsi, les autres
agents absents pour une raison ou une autre (garde, congés, repos, etc.)
étaient d'office exclus de l'étude.
Les données ont été collectées du
09/10/06 au 07/12/06, période qui correspond à une transition
entre la saison hivernale et la saison sèche. A cette période,
l'incidence du paludisme demeure élevée. Une telle situation a pu
induire une fluctuation saisonnière de la nature et du nombre des
prescriptions.
Dans la plupart des cas, les médicaments ont
été prescrits aux patientes sur la base des symptômes
rapportés par celles-ci. Ce faisant, le caractère non
étiologique des diagnostics qui ont guidé le choix des
médicaments par les prescripteurs ne permet de se prononcer
objectivement sur l'adéquation de ces médicaments avec les cas
présentés par les patientes. De plus nous ne disposions pas
d'informations sur certaines caractéristiques des patientes, notamment
l'état fonctionnel des organes d'épuration que sont les reins et
le foie. Cette situation ne nous a pas permis d'explorer d'éventuels
risques de toxicité en
rapport avec les posologies prescrites.
Nous avons voulu évaluer le risque de toxicité
des médicaments à travers l'analyse des prescriptions
médicamenteuses dans les FS périphériques. Cependant, la
prescription n'est ni la dispensation, ni la consommation effective de
médicaments. Cela soulève deux questions qui pourraient donner
une lecture différente du risque médicamenteux :
i) La question de l'observance thérapeutique
Si elle est faible, cela pourrait conduire à une
surestimation de l'exposition.
ii) La question du délai entre la prise effective du
médicament et la prescription médicamenteuse
Un retard dans le démarrage du traitement
entraînerait une consommation du médicament à une
période différente de celle de la prescription du point de vue de
l'embryogenèse. Or l'ampleur et la nature du risque médicamenteux
sont fonction de la période d'exposition [78].
Notre étude n'a pas examiné les vaccins qui sont
également des médicaments.
Par ailleurs, la nature périphérique des FS
enquêtées ne permet pas la prise en compte du risque
médicamenteux lié à la prise en charge de pathologies
chroniques et/ou de PV/VIH.
En revanche, notre étude a couvert toute la ville de
Ouagadougou et pris en compte systématiquement toutes les femmes se
présentant à la consultation prénatale lors de notre
passage dans chacune des FS enquêtée. Cette démarche nous a
permis de minimiser le biais lié à la sélection des
patientes.
D'autre part, en s'intéressant uniquement aux
prescriptions reçues le jour même de la consultation par les
femmes enceintes, notre étude a eu l'avantage d'éviter le biais
de mémorisation qui entache les résultats de certaines
enquêtes rétrospectives [18 ;35].
7.2. Analyse des résultats obtenus
7.2.1. Caractéristiques des femmes enceintes
enquêtées
7.2.1.1. Caractéristiques
socio-démographiques
Ces caractéristiques nous permettent de mieux
connaître le profil des femmes enceintes reçues en consultation
prénatale dans les FS.
L'âge moyen des patientes dans notre étude a
été de 24,8 ans avec un écart-type de
5,7. Nous avons noté des extrêmes de 16 et 46 ans.
La moyenne d'âge ne diffère pas significativement
d'un DS à l'autre (P = 0,83). La tranche d'âge 21-25 ans
était la plus représentée, soit 30,7 % de
l'ensemble.
Les patientes de moins de 18 ans ont constitué 6,3
% des femmes enquêtées, tandis que les femmes de plus de
35 ans représentaient 4,8 %. Ces deux catégories
de patientes
sont connues pour être à risque plus
élevé de complications de la grossesse, parmi lesquelles les
malformations foetales [78].
La majorité des patientes est mariée
(68,5 %) et près du quart (25,7 %) vit
en union libre (concubinage). Par ailleurs, 68,8 % des
patientes sont des femmes au foyer et leurs conjoints sont surtout
fonctionnaires, commerçants, ou exercent d'autres métiers dans le
secteur informel.
Le niveau d'instruction des femmes enquêtées
apparaît faible dans l'ensemble. En effet, près de la
moitié des femmes (49,7%) n'a jamais été
scolarisée et seulement 8,7 % ont été
alphabétisées. Un faible niveau d'instruction chez les femmes
enceintes pourrait être source d'ignorance des manifestations
physiologiques de la grossesse et de la notion de médicaments
tératogènes. Ces femmes pourraient ainsi s'adonner à
l'automédication ou être confrontées à des
difficultés dans l'observance des traitements qui leur sont
prescrits.
7.2.1.2. Caractéristiques
obstétricales
Le nombre moyen de grossesse (gestité) par patiente a
été de 2,4 avec un maximum de 8 grossesses.
Les patientes primigestes ont constitué 37,3 %
de la population étudiée. Dix-neuf femmes enceintes
(soit 5 %) étaient de grandes multipares avec une
parité au moins égale à 5. Ces deux sous-groupes de femmes
enceintes, chez qui les grossesses sont considérées comme
étant à risque [9], constituent ainsi une part importante dans
notre série (42,3 %).
Le nombre moyen de grossesse apparaît homogène entre
les DS (P = 0,19).
Cinquante femmes enceintes soit 13,2 % avaient
un antécédent d'avortement parmi lesquelles 5 avaient chacune un
antécédent de 2 avortements.
Dans tous les DS, on observe une prédominance des
patientes se trouvant au deuxième et troisième trimestre de
grossesse. Celles qui sont au premier trimestre de grossesse ont
constitué 16,9 % de l'ensemble des femmes
enquêtées. La faible proportion de femmes au premier trimestre
d'aménorrhée pourrait être due au fait que les femmes ont
tendance à déclarer leur grossesse et donc à consulter une
fois que celle-ci est apparente.
7.2.2. Motifs de consultation et prise en charge
médicamenteuse
Trois motifs de consultation ont été
notés chez les femmes enceintes, à savoir les consultations pour
plaintes, les CPN motivées par une pathologie et les CPN simples. Le
motif de consultation apparaît lié à l'âge de la
grossesse (P<0,001). En effet, la majorité des
femmes au premier trimestre de grossesse ont consulté essentiellement
pour des plaintes (avec ou sans CPN) tandis que les femmes au deuxième
et troisième trimestre ont consulté surtout pour une CPN
simple.
Nous avons noté, comme cela était attendu, une
augmentation du nombre moyen de CPN avec l'âge de la grossesse
(P<0,0001). Toutefois, nous avons observé un
décalage des CPN dans le temps: la majorité des femmes au
deuxième trimestre de grossesse était à leur
première CPN et la majorité des femmes au troisième
trimestre était à leur deuxième CPN. De surcroît
nous avons rencontré 10 femmes enceintes au troisième trimestre
qui étaient à leur première CPN. Il ressort ainsi de nos
résultats un manque d'assiduité des patientes aux CPN alors que
les normes de services de santé de la reproduction préconisent 3
visites prénatales au cours de la grossesse à raison d'une visite
par trimestre [66]. La non assiduité aux CPN pourrait entraîner
chez les femmes enceintes un non respect des mesures prophylactiques et un
recours à l'automédication, les exposant ainsi à des
risques plus élevés de complications de la grossesse.
Les plaintes étaient dominées par les
pathologies gynéco-obstétricales (douleurs
pelviennes, leucorrhées prurigineuses) et le paludisme.
Dans tous les cas, il s'agissait d'un diagnostic de
présomption. Ces motifs de consultation ainsi que le diagnostic
non étiologique retrouvés lors des CPN avaient été
rapportés par Zoungrana en 1993 à Ouagadougou [100] et par
Vangeenderhuysen et collaborateurs en 1994 à Niamey [93].
S'agissant de la prise en charge médicamenteuse, 31,6 %
des prescriptions étaient à visée curative, 42,2 %
à visée préventive et le reste des prescriptions contenait
à la fois des médicaments préventifs et curatifs. Ainsi
une majorité (68,4 %) des ordonnances médicales
reçues par les patientes mentionnait au moins un médicament dans
le cadre de la prophylaxie antipalustre ou antianémique. Cependant, nous
avons observé en dépit du changement de protocole du traitement
du paludisme [62], une présence notoire de la prescription de
chloroquine à tous les trimestres de la grossesse ; en effet 29
% des prescriptions mentionnaient la chloroquine ou une
spécialité pharmaceutique à base de chloroquine.
7.2.3. Les prescriptions de médicaments
7.2.3.1. Caractéristiques des ordonnances
médicales
- Qualité réglementaire et
pharmacographique des ordonnances médicales
Au plan réglementaire, les prescripteurs dans leur
majorité ne s'identifient pas sur leur prescription : 2,8 %
des ordonnances portaient le nom du prescripteur et 7,3 %
en précisaient la qualification. Cela rend impossible tout
contact avec le prescripteur si besoin l'était, par exemple pour les
besoins de la dispensation à l'officine. D'autre part, l'ordonnance
médicale en tant que document médico-légal engage les
responsabilités du prescripteur, d'où toute l'importance d'une
identification correcte de celui-ci.
Dans 68,9 % des cas, la prescription n'a pas
mentionné le nom de la patiente et il était exceptionnel qu'une
prescription mentionne l'adresse ou l'âge de la femme. Il se pose ainsi
un problème de traçabilité des prescriptions
médicamenteuses.
L'authentification de la prescription était bonne dans
l'ensemble puisque dans plus de 80% des cas, les prescriptions
comportaient la date et le cachet et 61,2 % des prescripteurs
ont signé sur leur prescription.
Dans l'ensemble, il apparaît que la plupart des
prescripteurs n'accordent guère de l'importance à l'entête
de l'ordonnance où doivent être mentionnées
l'identité du prescripteur et celle de la patiente. Ils
préfèrent passer directement au corps de l'ordonnance pour y
lister les médicaments. Nos résultats corroborent ceux de
Compaoré et collaborateurs [17].
- Qualité pharmaceutique des ordonnances
médicales
Au total 286 ordonnances médicales ont été
prescrites à 282 patientes sur un total de 378 patientes reçues
en consultation.
Le nombre de médicaments par ordonnance variait de 1
à 7.
Une polymédication avec au moins 4 médicaments
prescrits a concerné 17 % des ordonnances. Ceci est en
contradiction avec les principes de prescription chez la femme enceinte qui
préconisent de prescrire le moins possible de médicaments
à la fois [33 ; 96].
Le nombre moyen de médicaments par
consultation a été de 1,8 dans notre
étude. Il est proche de celui trouvé par Compaoré et
collaborateurs en 2000 qui était 1,9
[17].
Le nombre moyen de médicament par ordonnance a
été de 2,4 dans notre étude. Il est
comparable à celui de Zoungrana qui a trouvé le même
chiffre en 1993 à Ouagadougou
[100] et à celui de Hérique et collaborateurs
qui ont trouvé une moyenne de 2,1 en 2000 dans le
Département de l'Aube en France [38].
Il existe une relation statistiquement significative entre le
nombre moyen de médicaments par ordonnance médicale et
l'âge de la grossesse (P= 0,01). La moyenne la plus
élevée (2,8 médicaments par ordonnance) a
été observée chez les femmes au premier trimestre de
grossesse. Ainsi, le premier trimestre correspond à la période de
plus grande exposition aux médicaments dans notre étude.
Zoungrana avait fait le même constat en 1993 [100]. Or, cette
période de la grossesse est connue pour être la plus sensible aux
médicaments eu égard à l'organogenèse en cours [18
; 19 ; 33 ; 58; 72 ; 73 ; 78 ; 89 ; 96].
Au plan adéquation des prescriptions d'avec le terrain
gravidique, cinq ordonnances médicales comportaient des
interactions médicamenteuses (IAM) mais aucune interaction majeure n'a
été observée. Cette faible proportion de prescriptions
comportant des IAM (moins de 2%) ainsi que le caractère
mineur des IAM identifiées (interactions à prendre en compte)
pourraient s'expliquer par une certaine tendance à la standardisation
des prescriptions dans les FS périphériques (CSPS). De toute
évidence, la prise en compte des interactions médicamenteuses
contribue à la qualité des prescriptions.
Par ailleurs, 15% des ordonnances contenaient
au moins un médicament contre-indiqué chez la femme enceinte.
Parmi elles, 3 ordonnances avaient 2 médicaments contre-indiqués.
Le pourcentage de prescriptions contre-indiquées dans notre étude
est inférieur à celui trouvé par Zoungrana en 1993 qui
était de 24,6 % [100]. Cette différence pourrait
s'expliquer d'une part par une amélioration de la qualité de la
prescription avec le temps. D'autre part, dans notre approche, nous avons
considéré à part l'ensemble des médicaments pour
lesquels on ne dispose pas de données chez la femme enceinte, soit
16% du nombre total de médicaments prescrits. D'aucuns
diraient qu'ils sont contre-indiqués.
L'analyse des prescriptions contre-indiquées montre que
celles-ci sont plus ou moins uniformément réparties aux
différents âges de la grossesse (P = 0,86) (tableau XVI). Par
ailleurs, nous n'avons pas trouvé de lien statistiquement significatif
entre prescriptions contre-indiquées et qualification de l'agent
prescripteur (P = 0,23) (tableau XVI). En revanche il existe une relation
apparente entre prescriptions contre-indiquées et DS (P =
0,01). Ce résultat pourrait être attribué à
une différence dans les habitudes de prescription ou à une
différence de mise à niveau des agents d'un district sanitaire
à l'autre.
Au plan modalités de prise des médicaments
(schéma thérapeutique), il ressort que seulement
8% des ordonnances médicales comportaient le moment de
prise des
médicaments par rapport aux repas. Or, le moment
d'administration peut influencer considérablement la cinétique
des médicaments et par voie de conséquence, leurs effets
pharmacologiques. Par ailleurs, moins de 12% des prescriptions
ont précisé la durée du traitement. La non
précision de la durée du traitement peut être à
l'origine d'une prise du médicament au delà du temps requis pour
le traitement, ce qui pourrait potentialiser leurs effets toxiques.
L'analyse des ordonnances médicales a montré
deux catégories de personnel, les accoucheuses
auxiliaires et les sages-femmes et maeuticiens d'Etat, commises à la
tâche de prescription médicamenteuse dans les FS. Ces
catégories de personnel ont totalisé un nombre de prescriptions
comparable (48,6% versus 48,2%). Ceci met à nu le
problème des ressources humaines dans nos FS. En effet, les accoucheuses
auxiliaires, agents dits de
première ligne, n'ont pas été
outillées lors de leur formation pour prescrire des
médicaments.
7.2.3.2. Les médicaments prescrits
L'ensemble des ordonnances médicales analysées
totalise 675 lignes de prescription de médicaments. La chloroquine
(8,9%) et l'association Sulfadoxine-Pyriméthamine
(4,6%) sont parmi les médicaments les plus
fréquemment prescrits. Le rang occupé par la chloroquine
témoigne d'une certaine lenteur dans la mise en route des
recommandations du nouveau protocole de prévention du paludisme chez la
femme enceinte, notamment le Traitement Préventif Intermittent (TPI)
intervenu en 2005 [62] et dont le délai d'application avait
été fixé à Juin 2006 (avant le début de
notre étude). L'application de ce protocole doit permettre de faire face
aux échecs thérapeutiques liés à la
résistance du Plasmodium falciparum à la chloroquine
[46].
L'échec de la couverture prophylactique antipalustre au
moyen de la chloroquine peut favoriser l'automédication et partant
potentialiser le risque toxique des médicaments chez la femme
enceinte.
Il en est de même de la non prise en compte du
coût des médicaments dans les prescriptions au regard des
caractéristiques socio-économiques des patientes
enquêtées (Tableau II). En effet 18 % des
médicaments prescrits ne figurent pas sur la LNME [64] et 54 %
des médicaments étaient prescrits en dénomination
commerciale. Cette situation pourrait s'expliquer par le marketing pressant des
délégués médicaux.
Du point de vue présentation pharmaceutique des
médicaments prescrits, 36,7% d'entre eux étaient
des associations d'au moins deux principes actifs. En dehors des
associations
telles que sulfadoxine-pyriméthamine et fer/acide
folique dont l'intérêt est indiscutable, de tels
médicaments composés amplifient l'exposition
médicamenteuse au cours de la grossesse.
Les médicaments prescrits se repartissent entre 15
familles différentes. On remarque une prédominance des
antiparasitaires (31,6%), des antianémiques
(24,6%), des médicaments gynécologiques,
(10,8%) et des antispasmodiques (9,8%). Les
médicaments anti-infectieux ont représenté 4,7 %
de l'ensemble des médicaments prescrits.
En comparant nos résultats avec ceux issus d'autres
études, il se dégage une différence dans la consommation
médicamenteuse chez la femme enceinte :
- Zoungrana a trouvé en 1993 à Ouagadougou une
prédominance des antibiotiques et des antalgiques [100] ;
- Hérique et collaborateurs dans le département de
l'Aube (France) ont trouvé en 2000
une prédominance des vitamines/minéraux et des
antalgiques/antipyrétiques [38] ;
- Damase-Michel et collaborateurs ont trouvé en 1995
à Toulouse (France) une
prédominance des médicaments utilisés en
Hématologie et en Cardiologie [18] ;
- Lacroix et collaborateurs ont trouvé en 1996 en
Haute-Garonne (France) une
prédominance du fer et des médicaments du tractus
gastro-intestinal [51].
Les différences observées sont probablement
imputables aux contextes épidémiologiques
et, dans une certaine mesure, aux habitudes de consommation
médicamenteuse.
7.2.3.3. Respect de la contre-indication
médicamenteuse chez la femme enceinte
Notre étude montre que 46
médicaments sur les 675 étaient contre-indiqués
soit un taux de 7% (Annexe 5). Par ailleurs, pour 16 %
des médicaments prescrits, l'innocuité au cours de la
grossesse n'est pas établie.
Parmi les médicaments contre-indiqués, 6
avaient une contre-indication absolue et étaient
composés de 4 antiseptiques iodés, 1 Anti-inflammatoire non
Stéroïdien et un cas de rétinol prescrit à forte dose
(>5000 UI/Jour) dans la spécialité PLENYL®.
La majorité des médicaments
contre-indiqués était constituée de
benzimidazolés (32%), d'antalgiques
(15%), d'antihistaminiques anti H1 (15%) et
d'antiseptiques iodés (14%) (Tableau XVIII).
En considérant la voie d'administration des
médicaments, 16% des médicaments
contreindiqués étaient des médicaments topiques,
administrables par voie percutanée ou par voie vaginale. La
difficulté de prescription chez la femme enceinte est souvent
contournée par le
recours aux médicaments topiques, porteurs d'une fausse
image d'innocuité chez les professionnels de santé [38].
Cependant, ces médicaments topiques exposent à de réels
risques d'autant plus que la grossesse potentialise la résorption
systémique des médicaments [56 ; 79 ; 98]. Ainsi, les
antiseptiques iodés administrés par voie locale peuvent
être à l'origine de dysthyroïdies foetales [38 ; 78 ; 98].
La proportion de 15% d'ordonnances médicales comportant
au moins une contreindication, suggère une exposition importante des
femmes au risque toxique des médicaments. En effet une extrapolation de
ce résultat donne une exposition de 113 grossesses sur 1000
au risque toxique dans les FS de la CUO.
Néanmoins, les médicaments reconnus comme
toxiques au cours de la grossesse ne font pas l'unanimité. Une
controverse existe autour de la prohibition de certains médicaments chez
la femme enceinte. Selon une étude menée par Addis et
collaborateurs [1], sur 286 médicaments classés par 3
systèmes différents (Suède, Australie et USA) en fonction
du risque tératogène, il ressort que seulement 61
médicaments (soit 26%) étaient rangés
dans des catégories correspondant au même degré de risque.
Cette étude met en évidence des divergences dans
l'appréciation du risque tératogène d'un pays à
l'autre. En outre, les informations concernant l'utilisation des
médicaments chez la femme enceinte sont souvent très parcellaires
voire inexistantes du fait de l'exclusion des femmes enceintes aux essais
cliniques pour des raisons évidentes d'éthique. Les études
chez l'animal quant à elles ne sont pas toujours transposables à
l'homme [22 ; 35]. Dans une étude conduite par Lo et Friedman aux USA,
il ressort que sur 468 médicaments approuvés par la Food and Drug
Administration (FDA) entre 1980 et 2000, le risque tératogène est
resté indéterminé pour 91,2 % des substances
étudiées [54].
Le manque d'informations fiables peut entraîner un
retrait à tort de certains médicaments de la liste des
médicaments disponibles pour la prise en charge d'une pathologie
donnée chez la femme enceinte. L'inverse serait une exposition de la
femme enceinte avec des médicaments non appropriés du fait de la
non documentation de leur risque tératogène.
Pour Saulnier [78], il faut trouver un juste équilibre
entre l'obligation de moyens à laquelle on est soumis et le
célèbre principe primum non nocere.
Les différences qui caractérisent les approches
méthodologiques rendent difficile la comparaison brute du degré
d'exposition d'une étude à l'autre. En fait, seule la comparaison
des résultats d'études utilisant des méthodes
différentes permet d'apporter des informations fiables sur les
différents aspects de l'exposition des femmes enceintes aux
médicaments [18 ; 52]. Toutefois, il faudrait garder en vue les
différences des caractéristiques
épidémiologiques des zones d'études. Dans
une étude transversale, Hérique et collaborateurs [38] ont
trouvé dans le département de l'Aube (France), une proportion
5,6 % de médicaments contre-indiqués. Cette
valeur est inférieure à la notre qui est de 7 %.
Dans une approche prospective, Zoungrana (1993) à Ouagadougou trouvait
une valeur de 10,9 % [100]. Schirm et collaborateurs (2003)
dans une étude cas/témoins notaient 10
% de médicaments contre-indiqués dans les prescriptions
destinées aux femmes enceintes aux Pays-Bas [80]. Dans une approche
longitudinale Susan et collaborateurs (2004) aux USA,
rapportaient une valeur de 8,4 % [86].
7.2.4. Eléments de pharmacovigilance chez la femme
enceinte
7.2.4.1. Les habitudes de consommation à
risques chez les femmes enceintes
Nos résultats montrent que 36 % des
femmes consomment du café au moins occasionnellement au cours de la
grossesse alors que la proportion de femmes consommant de l'alcool à la
même fréquence était de 13,4 % (Tableau
V).
Si la caféine à dose usuelle ne semble pas poser
de problème chez la femme enceinte [49], il n'en est pas de même
pour l'éthanol qui traverse librement la barrière placentaire.
L'éthanol est particulièrement toxique pour les cellules
cérébrales et peut entraîner des anomalies neurologiques
graves chez l'enfant ou des faibles poids à la naissance. Les
connaissances actuelles ne permettent pas de déterminer un seuil en
dessous duquel la consommation d'alcool est sans danger chez la femme enceinte.
Ainsi, pour certains auteurs, mieux vaut éviter toute prise d'alcool
pendant la grossesse [57 ; 90].
7.2.4.2. Les effets indésirables de
médicaments chez les femmes enceintes
Notre enquête a permis de répertorier un certain
nombre d'effets indésirables potentiels associés à des
médicaments pris au cours de la grossesse. Les effets
indésirables les plus fréquents ont été :
- le prurit associé à la chloroquine
(8,4%)
- les vomissements associés à la chloroquine
(1,6%)
- les vomissements associés au fer/acide folique
(1,6%).
Certains effets indésirables (au nombre de
8) étaient « inattendus » c'est-à-dire
non décrits dans le RCP des médicaments concernés. Ils
sont pour la plupart associés à la prise du fer/acide folique.
Dans l'ensemble nous n'avons pas recueilli d'effet
indésirable grave. Toutefois, il nous était difficile
d'établir formellement l'imputabilité des effets
indésirables répertoriés. De plus, nous ne savons pas si
les médicaments concernés ont été utilisés
conformément à l'indication de l'Autorisation de Mise sur le
Marché (AMM).
Pour ces raisons, nous pensons que les effets
indésirables ont pu être majorés, d'autant plus que les
vomissements, très souvent associés à des
médicaments par les femmes, pourraient être simplement liés
à l'état gravide surtout en début de grossesse.
Dans tous les cas, ramenés à leurs
réelles proportions, ces effets indésirables vont poser le
problème de l'observance du traitement par les patientes. En effet,
selon une étude menée au Mali en 2004, la compliance à la
chimioprophylaxie avec la chloroquine a été de
36% [4]. Dans la même étude, 6%
des femmes se sont plaintes de prurit lié à la chloroquine
(versus 8,4% dans notre étude).
7.2.4.3. L'échographie chez les femmes
enceintes enquêtées
Le taux de réalisation de l'échographie chez les
femmes enceintes était de 12,4 %. L'échographie
constitue un moyen de diagnostic précoce d'éventuelles
malformations foetales dues ou non à des médicaments. On estime
en effet que 3 échographies réalisées respectivement
à la 12ème SA, 22ème SA, et
32ème SA peuvent permettre de détecter environ 65 %
des malformations [90].
Nos résultats montrent que le taux de
réalisation de l'échographie était lié à la
profession des femmes (P = 0,0003), à celle du
conjoint (P = 0,02), et à l'âge de la
grossesse (P = 0,01) (tableau IV). En revanche, la réalisation
de cet examen n'apparaît pas associée au district sanitaire. (P =
0,33). Ceci suggère que dans la plupart des FS
périphériques, les prestataires de soins ne prescrivent pas
systématiquement l'échographie. L'explication pouvant être
l'absence de plateau technique et/ou de personnel qualifié pour la
réalisation de cet examen dans ces FS, mais aussi le coût
élevé de l'examen (6000 - 10000 F CFA).
7.2.5. Enquête chez le personnel de santé
7.2.5.1. Caractéristiques
socio-professionnelles du personnel de santé
Cent vingt agents de santé ont pris part à notre
enquête. Nous avons dénombré parmi eux 75
AA (62,5%) et 45 SFE/ME (37,5%). C'est un personnel
féminin à 96,6 %, ce qui est une caractéristique
du personnel des services de SMI au Burkina Faso. La moyenne d'âge a
été de 40,9 ans avec un écart-type de
7,9. Des extrêmes de 22 et 61 ans ont été observés.
Cette moyenne ne varie pas significativement avec le DS (P = 0,07). Soixante
quinze pour-cent des agents avaient au moins 36 ans.
En moyenne, le nombre d'années de service a
été de 14,9 ans avec un écart-type de
8,2. Les extrêmes ont été 1 et 35 ans de services. La
durée moyenne de service apparaît uniforme à travers les DS
(P = 0,11).
Par ailleurs, nos résultats montrent que seulement
18 % des agents ont reçu une formation en rapport avec
la prise en charge médicamenteuse des femmes enceintes lors des 5
dernières années.
7.2.5.2. Sources d'informations du personnel sur les
médicaments
La majorité des agents enquêtés
(95%) utilise comme source d'informations les brochures
commerciales des visiteurs médicaux dans la prescription chez la femme
enceinte. Notre étude rejoint ainsi celle de Zoungrana [100] et celle de
Compaoré et collaborateurs [17] qui ont respectivement trouvé la
même source d'information chez les prescripteurs. Par ailleurs, nous
avons observé dans certaines FS des interruptions intempestives des
consultations par les visiteurs médicaux à des fins de promotion
de leurs produits auprès des prescripteurs. Cette situation a sans doute
sa part de responsabilité dans les insuffisances observées au
niveau des prescriptions. Selon le Guide pratique OMS, les sources commerciales
insistent volontiers sur les caractéristiques favorables des produits,
tout en passant partiellement ou totalement sous silence les défauts
[71]. Selon ce Guide, les données de la littérature confirment
que le praticien est un prescripteur d'autant plus médiocre qu'il se
satisfait d'informations à vocation commerciale.
7.2.5.3. Prescripteurs et connaissance de
médicaments chez la femme enceinte
Nous avons voulu évaluer l'attitude du personnel
vis-à-vis de la prescription de certains médicaments chez la
femme enceinte. La démarche a consisté à les amener
à se prononcer
sur 10 médicaments dont la prescription est plus ou moins
problématique chez la femme enceinte.
- Connaissances sur le Paracétamol
Le paracétamol ne semble pas poser de problème chez
les prescripteurs puisque 97,5 % d'entre eux le prescrivent au premier
trimestre, 95 % au deuxième et troisième trimestre. Effectivement
la littérature s'accorde à dire que le paracétamol est
l'antalgique de choix chez la femme enceinte [49 ; 73 ; 78].
- Connaissances sur l'Aspirine (acide
acétyle salicylique)
Au troisième trimestre de grossesse, 10 agents (soit 12
%) prescriraient l'aspirine contre 22,5 % et 31,5 % des agents qui la
prescriraient respectivement au premier et deuxième trimestre. La faible
proportion d'agents qui prescriraient l'aspirine au troisième trimestre
suggère que certains agents sont avisés de la contre-indication
de l'aspirine au troisième trimestre de grossesse. En effet, l'acide
acétyle salicylique, à l'instar des autres AINS peut
entraîner à partir du sixième mois de grossesse [16 ; 73 ;
78 ; 81] :
* une augmentation du risque d'hémorragie néonatale
par inhibition de la fonction plaquettaire ;
* un risque de fermeture prématurée du canal
artériel avec hypertension primaire néonatale par inhibition des
prostaglandines.
*un allongement de la durée de la grossesse par inhibition
de la synthèse des prostaglandines impliquées dans la
motricité utérine.
- Connaissances sur le Fansidar®
(Sulfadoxine-Pyriméthamine)
Le Fansidar est le médicament préconisé
dans le TPI du paludisme chez la femme enceinte. Il est prescrit à
partir du deuxième trimestre de grossesse (16ème SA)
selon les directives nationales [62]. Le Fansidar® s'est
montré tératogène chez l'animal [73], ce qui justifie son
utilisation à partir du 2ème trimestre de
grossesse.
Dans notre étude, 6 agents soit 5 % le
prescrivent au premier trimestre ce qui est contraire aux recommandations en
vigueur.
- Connaissances sur le
Vogalène®
Cet antiémétique est bien admis par les
prescripteurs au regard des proportions de 98,3%, 95 % et 94 % d'entre eux qui
se sont prononcés pour sa prescription respectivement au premier,
deuxième et troisième trimestre. Si la
tératogénicité de ce médicament
(métopimazine) n'a pas été prouvée, pour beaucoup
d'auteurs, le traitement médicamenteux des nausées et
vomissements gravidiques si tant est qu'il se justifie, devrait faire appel
à des
molécules bénéficiant de plus de recul
(doxylamine, pyridoxine, dimenhydrinate, métoclopramide) [2 ; 5 ; 8 ; 32
; 44 ; 61 ; 83 ; 85].
- Connaissances sur l'Ibuprofène
L'Ibuprofène tout comme l'acide acétyle
salicylique est contre-indiqué chez la femme enceinte à partir du
sixième mois de la grossesse compte tenu des raisons
précédemment évoquées (voir Aspirine). Dans notre
étude, 19 agents soit 15,8 % prescrivent l'Ibuprofène au
troisième trimestre.
- Connaissances sur la Vitamine A.
Les agents qui se sont prononcés pour la prescription
de la Vitamine A (Rétinol) ont constitué 10,5 %, 15,8 % et 14,2 %
respectivement au premier, deuxième et troisième trimestre. D'une
manière générale les compléments nutritionnels
devraient être prescrits uniquement en cas de carences
avérées.
Le rétinol s'est avéré
tératogène sur plusieurs espèces animales. Chez l'homme,
quelques cas d'effets tératogènes ont été
rapportés [20 ; 73]. Toutefois, il existe une controverse autour de la
tératogénicité de la Vitamine A chez l'homme avec des
études contradictoires [20].
- Connaissances sur le
Methergin®
Aucun agent sur les 120 ne prescrit le
Methergin® (Méthylergométrine) à aucun
trimestre de la grossesse. Effectivement, ce médicament
dérivé de l'Ergot de Seigle est indiqué dans les
hémorragies de la délivrance et du post-partum de par ses
propriétés vasoconstrictrices [73].
- Connaissances sur la Carbocystéine
Selon le Vidal [73], la carbocystéine peut être
prescrite si nécessaire comme fluidifiant bronchique chez la femme
enceinte. Dans notre étude, la proportion d'agents qui prescrivent la
carbocystéine a été de 80 %, 82,5 % et 80,8 %
respectivement au premier, deuxième et troisième trimestre. La
connaissance de cette molécule est donc bonne dans l'ensemble.
- Connaissances sur le Cotrimoxazole
(Sulfaméthoxazole -Triméthoprime)
Ce médicament s'est montré tératogène
chez l'animal. D'autre part, son utilisation en fin de grossesse expose
à un risque d'ictère nucléaire chez le nouveau-né
[73].
Chez le personnel enquêté, 12,5 % prescrivent le
cotrimoxazole au premier trimestre contre 40 % au troisième.
Compte tenu de ces risques potentiels, d'autres alternatives
sont à privilégier dans l'antibiothérapie chez la femme
enceinte, notamment les macrolides, les pénicillines et les
céphalosporines [20 ; 24 ; 78].
- Connaissances sur la Doxycycline.
Les Cyclines d'une manière générale
exposent le nouveau-né à une atteinte des bourgeons dentaires et
du squelette à partir du deuxième trimestre de la grossesse [20 ;
24 ; 25 ; 78 ; 81]. Au premier trimestre, 2,5 % des agents prescrivent la
doxycycline. Aux deuxième et troisième trimestre qui sont des
périodes critiques, plus d'agents la prescrivent avec respectivement 9,2
et 8,3 % de l'ensemble.
Les 6 derniers mois de la grossesse constituent une
contre-indication absolue à l'administration de la doxycycline [73].
L'analyse des réponses des agents enquêtés a
permis d'identifier les médicaments qui semblent leur poser plus de
problèmes. Il s'agit de :
- Association Sulfadoxine - pyriméthamine
(Fansidar®) au premier trimestre de grossesse ;
- Aspirine et Ibuprofène au troisième trimestre de
grossesse ;
- Cotrimoxazole au premier et troisième trimestre de
grossesse ;
- Vitamine A (Rétinol) sur toute la durée de la
grossesse ;
- Doxycycline au deuxième et troisième
trimestre.
Une actualisation des connaissances sur l'utilisation des
médicaments chez la femme enceinte devrait être permanente.
8. CONCLUSION
Conclusion
L'accessibilité aux soins de santé demeure un
problème au Burkina Faso. L'insuffisance des ressources humaines
grève la qualité et la disponibilité des soins de
santé. Si des efforts ont été consentis dans la mise
à disposition de médicaments génériques moins chers
pour les malades, les moyens de suivis de la sécurité
d'utilisation des ces médicaments sont quasi inexistants. En effet il
n'y a pas de pharmacovigilance organisée au niveau national. Cette
situation est préoccupante pour les populations vulnérables en
particulier les femmes enceintes.
C'est dans ce contexte que nous avons entrepris
d'étudier le risque de toxicité lié aux prescriptions
médicamenteuses chez la femme enceinte dans les formations sanitaires
périphériques de la Commune Urbaine de Ouagadougou.
Cette étude montre que dans les formations sanitaires
enquêtées, un personnel non médecin composé
d'accoucheuses auxiliaires, de sage -femmes / maeuticiens d'Etat a
été l'auteur de toutes les prescriptions médicamenteuses
reçues par les femmes enceintes.
Les ordonnances médicales remises aux patientes
respectaient peu la qualité réglementaire et pharmacographique.
L'identification du prescripteur ou de la patiente faisait défaut sur
plus de 2/3 des ordonnances médicales.
Une moyenne de 2,4 médicaments par ordonnance
médicale a été observée. Par ailleurs, les
médicaments prescrits étaient des compositions de plusieurs
principes actifs dans 1/3 des cas, et des médicaments à
dénomination commerciale dans plus de la moitié des cas.
Les principales situations à risques pour la femme
enceinte ont été (i) une exposition plus importante aux
médicaments durant le premier trimestre de grossesse (période de
l'organogenèse), (ii) la prescription de médicaments
contre-indiqués retrouvés dans 15 % des ordonnances
médicales émises soit 7 % de l'ensemble des médicaments
prescrits, (iii) la prescription de médicaments ne
bénéficiant pas de recul dans leur utilisation chez la femme
enceinte (16 %).
Chez les prescripteurs, des difficultés concernant la
manipulation de certaines molécules chez la femme enceinte, notamment
les Anti-inflammatoires non stéroïdiens, les Cyclines, la vitamine
A et le cotrimoxazole ont été relevées. Ce qui vient
confirmer le constat de la non diversité des sources d'informations
médicales des prescripteurs.
Prescrire d'une manière générale est loin
d'être un acte banal de routine. Prescrire chez la femme enceinte est un
exercice encore plus difficile car il y a là deux vies en jeu.
Seul un raisonnement au cas par cas, fondé sur des
connaissances scientifiques actualisées est gage d'une prescription
rationnelle et sécurisée chez la femme enceinte, à
même de transcender la problématique de la prescription aveugle ou
de la non prescription.
9. SUGGESTIONS
Suggestions
Au vu des résultats de notre étude, nous pensons
qu'il est nécessaire d'adopter un certain nombre de mesures et d'actions
allant dans le sens de la rationalisation et de la sécurisation de
l'utilisation des médicaments chez la femme enceinte au Burkina Faso.
Nous suggérons ainsi :
- Aux décideurs politiques
· D'oeuvrer à la création et à
l'organisation de la pharmacovigilance au Burkina Faso ;
· De renforcer en personnel qualifié les ressources
humaines dans les formations sanitaires ;
· De planifier un recyclage régulier des agents
de santé dans les formations sanitaires en prenant en compte
l'évolution des connaissances en matière de thérapeutique
médicamenteuse ;
- A la Direction Générale de la
Pharmacie, du Médicament et des Laboratoires
(D.G.P.M.L.)
· D'oeuvrer à l'élaboration d'un code
éthique et déontologique des pratiques commerciales dans le
secteur pharmaceutique au Burkina Faso.
- Au Centre de Documentation et d'Informations sur
le Médicament (CEDIM)
· D'élaborer et de mettre à la disposition
des formations sanitaires un Guide de Prescription de Médicaments
spécifique à la femme enceinte.
- Aux agents de santé
· De sensibiliser les femmes enceintes sur les dangers de
l'automédication et de la consommation d'alcool ;
· D'adopter un esprit critique vis-à-vis des
informations véhiculées par les délégués
médicaux.
- Aux chercheurs
· De poursuivre les investigations sur le risque
médicamenteux chez la femme enceinte par des études
épidémiologiques appropriées.
- Aux pharmaciens d'officine
· D'améliorer le système de dispensation en
prenant systématiquement en compte l'éventualité du risque
médicamenteux chez la femme enceinte.
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RESUME
Résumé
Année : 2006-2007
Auteur : Kaboré Lassané.
E-mail :
lassane.kabore1@yahoo.fr
Titre : Etude du risque de
toxicité lié aux prescriptions médicamenteuses chez la
femme enceinte : enquête pharmacoépidémiologique dans les
formations sanitaires de la Commune Urbaine de Ouagadougou.
Résumé
Depuis la jurisprudence due à la thalidomide,
l'utilisation d'un médicament chez la femme enceinte suscite toujours
des interrogations.
Afin d'explorer le risque médicamenteux chez la femme
enceinte, nous avons mené une enquête transversale à un
passage dans 32 formations sanitaires de la Commune Urbaine de Ouagadougou du
09/10/06 au 07/12/06.
Au total 378 femmes enceintes ayant reçu 286 ordonnances
médicales après une consultation prénatale et 120
prescripteurs ont été enquêtés grâce à
une interview par questionnaire écrit. Les résultats de cette
étude montrent que :
- La prescription chez les femmes enceintes est assurée
exclusivement par un personnel paramédical dans les formations
sanitaires enquêtées ;
- Le nombre de médicaments par ordonnance médicale
variait de 1 à 7 avec une moyenne de 2,4 ;
- La fréquence de prescription et le nombre moyen de
médicaments par ordonnance sont plus importants au 1er
trimestre de grossesse ;
- 86 effets indésirables non graves associés
à la prise de médicaments, notamment la chloroquine, ont
été rapportés par les patientes ;
- 15 % des ordonnances de médicaments comportaient au
moins un médicament contre-indiqué au regard de l'âge de la
grossesse ;
- 7 % des 675 médicaments étaient
contre-indiqués alors que pour 16 % des
médicaments il n y a pas assez de données chez la
femme enceinte ;
- Une part non négligeable des médicaments
contre-indiqués était des médicaments
topiques ;
- Il ressort aussi que certains médicaments
contre-indiqués au cours de la grossesse ne sont pas bien connus des
prescripteurs.
Ces résultats traduisent la nécessité
d'entreprendre des actions à l'endroit du système de santé
afin de contribuer à la rationalisation de l'utilisation de
médicaments chez la femme enceinte au Burkina Faso.
Mots-clés. Risque de
toxicité, Prescriptions médicamenteuses, femme enceinte,
enquête
pharmacoépidémiologique, Ouagadougou.
SUMMARY
Summary
Year: 2006- 2007
Author: Kaboré Lassané.
E-mail:
lassane.kabore1@yahoo.fr
Title: Drug prescriptions
and toxic risk during pregnancy: a pharmacoepidemiological survey in the health
care centres of Ouagadougou Urban District.
Summary
Since the jurisprudence due to thalidomid, the use of a drug
during pregnancy always arouses questioning.
To explore the risk of drug use during pregnancy, we led a
cross-sectional study with one visit in 32 health care centres of Ouagadougou
Urban District from 09/10/06 to 07/12/06.
A total of 378 pregnant women who received 286 prescriptions
after an antenatal consultation and 120 health care agents (drug prescribers)
were interviewed by a written questionnaire. The results of the survey show
that:
- Drug prescription to pregnant women is exclusively insured by a
paramedical staff in the investigated centres;
- The number of drugs by prescription varied from 1 to 7 with an
average of 2.4;
- The frequency of prescription and the average number of drugs
by prescription where more important during the first trimester of
pregnancy;
- 86 non serious adverse effects associated with drugs,
especially chloroquin have been reported by the patients;
- 15 % of prescriptions where concerned by at least one
contraindicated drug for pregnancy;
- 7 % of 675 prescribed drugs were contraindicated while for 16 %
of drugs, no sufficient data were available about safe use in pregnancy;
- An important part of contraindicated drugs was topical
agents;
- It also emerges that certain contraindicated drugs during
pregnancy are not well known from drug prescribers.
These results suggest the necessity to undertake actions
regarding health policy in order to rationalize drug use during pregnancy in
Burkina Faso.
Keywords. Toxic risk, drug
prescriptions, pregnancy, pharmacoepidemiologcal survey, Ouagadougou.
ANNEXES
Annexe 1 : Fiche d'enquête patientes
Annexe 2 : Fiche d'enquête
prescripteurs
Annexe 3 : Carte de situation de la ville de
Ouagadougou
Annexe 4 : Liste des formations sanitaires
enquêtées
Annexe 5 : Liste des médicaments
contre-indiqués
Annexe 6 : Autorisation d'enquête
Annexe 1 : Fiche d'enquête
patiente
FICHE D'ENQUETE PATIENTES
Date Fiche n° _____FS DS de____ ___Enquêteur
I. RENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR LES PATIENTES
1.1. Age
1.2. Niveau d'instruction
- Scolarisée Niveau : - Primaire
/___/ Secondaire /___/ Supérieur /___/ - Non scolarisée :
- Alphabétisée : Oui /___/ Non /___/
1.3. Profession
-Ménagère / / -Commerçante /___/ -
Salariée/___/ - Etudiante/___/ -Elève /___/ -
Autre /___/
Préciser
1.4. Situation matrimoniale
- Mariée /___/ - Concubinage /___/ -Célibataire
/___/ - Autres /___/
Préciser
1.5. Profession du conjoint (mariée ou
concubinage)
1.6. Si pas de conjoint, bénéficiez-vous
d'un soutien financier de la part d'une autre personne ?
- Oui /___/ Profession de la personne Non /___/
1.7. Antécédents
gynéco-obstétriques
- Gestité - Parité - Nombre d'enfants vivants
- Nombre d'avortements: spontané____ provoqué
____
1.8. Terme de la grossesse : -T1 /___/ -T2 /___/
-T3 /___/ (T=trimestre) 1.9. Avez-vous fait l'échographie
?
-Oui /___/ Période(s) : -T1 /___/ -T2 /___/ -T3 /___/
-Non /___/
II.MOTIFS DE CONSULTATION
2.1. CPN : Oui /___/ Non /___/
(Si non passer à la question 2.2)
2.1.1. Quantième CPN : 1 /___/ 2
/___/ 3 /___/
2.1.2. Pathologies associées (plaintes ou
diagnostic clinique) :-Oui /___/ -Non /___/ + Si Oui, préciser
type :
a. Gynéco
obstétriques
-Leuco /___/ -Métro /___/ -CU /___/ - DP /___/ -Autres
/___/ Préciser
b. Autres pathologies
-Pul /___/ -D /___/ -CV /___/ -N /___/ -H /___/ -U /___/ -Para
/___/ - Autres/___/Préciser
2.2. CONSULTATION POUR PLAINTES
2.2.1. Nombre de CPN antérieures
2.2.2. Nature des plaintes
a. Gynéco
obstétriques
-Leuco /___/ -Métro /___/ -CU /___/ - DP /___/ -Autres
/___/
Préciser
b. Autres pathologies
-Pul /___/ -D /___/ -CV /___/ -N /___/ -H /___/ -U /___/ -Para
/___/ -Autres/___/ Préciser
Leuco=leucorrhées ; Métro=métrorragie ;
CU=contraction utérine ; DP=douleurs pelviennes
Pul=pulmonaire ; D=digestive ; CV=cardiovasculaire ;
N=neurologique ; H=hématologique ; U=urinaire ; Para=parasitaire
III.TRAITEMENT EN COURS : Oui /___/
(préciser) Non /___/ (Si non aller
au IV)
-Automédication /___/ -Prescription /___/
-Traditionnel /___/
Médicaments
IV.PHARMACOVIGILANCE
4.1. Pensez-vous que la grossesse vous
interdit la prise de certains médicaments ? - Oui /___/ -Non
/___/ -Ne sait pas /___/
4.2. Depuis le début de votre grossesse avez-vous
déjà rencontré un problème après avoir pris
des médicaments ?
-Oui /___/ Médicament Type de problème
-Non /___/
4.3. Prise d'autres
substances
4.3.1. Tabac (cigarette) Oui
/___/ quantité Non /___/
4.3.2. Alcool Oui /___/ type
quantité Non /___/
4.3.3. Café Oui /___/
quantité Non /__j
I. ORDONNANCE EMISE
5.1. Qualification du prescripteur
5.2. Aspects réglementaires-
pharmacographiques
- Identification du prescripteur
(Nom Prénom
Qualification Signature)
N/___/ P/___/ Q/___/ S/___/ - Identification de la
patiente (Nom Prénom Age
Adresse)
N/___/ P/___/ Adr/___/ Age/___/ - Identification de la
prescription (Date Cachet
Lisibilité) :
D/___/ C/___/ L/ /
- Schéma thérapeutique
(Forme, Dosage, Posologie,
Moment de prise, durée du
Traitement)
F/___/ D/___/ P/___/ M /___/ T/___/
5.3. Médicaments prescrits
N°
|
Désignation
|
Posologie
|
T
|
Famille
|
01
|
|
|
|
|
02
|
|
|
|
|
03
|
|
|
|
|
04
|
|
|
|
|
05
|
|
|
|
|
06
|
|
|
|
|
07
|
|
|
|
|
08
|
|
|
|
|
Annexe 2 : Fiche d'enquête
prescripteurs
Fiche Prescripteurs
Date Fiche n° _____ FS DS de_ _____ Enquêteur
Merci de bien vouloir remplir en tout anonymat
le présent questionnaire I. INFORMATIONS GENERALES SUR LES
PRESCRIPTEURS
1.1. Age 1.2.Sexe : F /___/ M /____/
1.3. Qualification
-Médecin / / -Sage-femme /___/ -Maeuticien /___/ - I.D.E.
/___/
-I.B. /___/ -Accoucheuse /___/ -AIS /___/ -Autres
/___/ 1.4. Nombre d'années de service
II.RECYCLAGE DES CONNAISSANCES
2.1. Avez-vous déjà
bénéficié de formation sur la prescription chez la femme
enceinte (en dehors de la formation à l'école de la
santé)?
-Oui /___/ -Non /___/
· . Si Oui préciser :
· Type : -Atelier /___/
-Séminaire /___/ -Autres (préciser)
· Années(s)
III. SOURCES D'INFORMATION SUR L'UTILISATION DES
MEDICAMENTS CHEZ LA
FEMME ENCEINTE
3.1. Pour la prescription chez la femme enceinte, vous
vous aidez de documents
-Oui /___/ -Non /___/
3.2. Si Oui, de quels documents disposez- vous
?
- Dictionnaire Vidal /___/ Année -GDT/Algorithmes
/___/
-Autres documents /___/ Nommer 3.3. Si non quelles
sont vos raisons ?
-Il n' y a pas de documents disponibles /___/ -La prescription
est bien maîtrisée /___/ 3.4. Etes-vous visité(e)
par des délégués médicaux ?
-Oui /___/ -Non /___/
· . Si Oui
- Préciser la fréquence (par
ex.quotidien, hebdomadaire...)
-Les informations qu'ils vous transmettent vous
servent-elles dans la prescription chez les femmes enceintes ?
-Oui /___/ -Non /___/
3.5. Avez-vous connaissance d'un centre d'information sur
les
médicaments au Burkina ?
-Oui /___/ Nommer -Non /___/
3.6. Connaissez vous un document d'information sur les
médicaments publié au Burkina ?
- Oui /___/ Nommer -Non /___/
3.7. Au Burkina Faso il existe une liste nationale des
médicaments
essentiels
- Oui /___/ - Non /___/ -Je ne sais pas /___/
3.8. Avez-vous d'autres sources
d'informations sur la prescription de médicaments chez la femme enceinte
?
-Oui /___/ -Non /___/
+ Si Oui préciser :
-Internet /___/ Revues /___/ Média /___/ Autres/___/
préciser
IV. GROSSESSE ET PRESCRIPTION DE MEDICAMENTS
4.1. Si vous devez prescrire un médicament
à une femme enceinte, quelle nformation vous paraît indispensable
?
Votre réponse :
4.2. Le placenta se comporte comme une barrière
vis-à-vis de tout médicament administré pendant la
grossesse.
-Vrai /___/ -Faux /___/
4.3. Quel est d'après vous le stade de la
grossesse où les médicaments sont
le plus à risque ?
-1re trimestre /___/ -2ème trimestre
/___/ -3ème trimestre /___/
-Pourquoi ?
4.4. Parmi les médicaments suivants, quels sont
ceux que vous pouvez prescrire selon l'âge de la grossesse ? (Cocher dans
la case correspondante)
|
1er
trimestre
|
2ème
trimestre
|
3ème trimestre
|
Paracétamol
|
|
|
|
Aspirine
|
|
|
|
Fansidar
|
|
|
|
Vogalène
|
|
|
|
Ibuprofène
|
|
|
|
Vitamine A
|
|
|
|
Méthergin
|
|
|
|
Carbocysteïne
|
|
|
|
Cotrimoxazole
|
|
|
|
Doxycycline
|
|
|
|
Annexe 3 : Carte de situation de la
ville de Ouagadougou
Annexe 4 : Liste des formations
sanitaires enquêtées
Liste des formations sanitaires enquêtées
(Commune Urbaine de Ouagadougou)
District Sanitaire
|
Formations Sanitaires
|
KOSSODO
|
1. Centre Médical Schiphra
2. CSPS Secteur 26
3. CSPS Secteur 25
4. CSPS Secteur 27
5. CSPS Secteur 23
6. Dispensaire/SMI Croix-Rouge
|
PAUL VI
|
7. CMA Paul VI
8. CSPS Secteur 21
9. CSPS Secteur 20
10. CSPS Secteur 22
|
PISSY
|
11. CM Samandin
12. CM Gounghin
13. CM Urbain
14. CMA Pissy
15. CSPS Secteur 3
16. CSPS Secteur 8
17. CSPS Secteur 12
18. CSPS Secteur 10
19. CSPS Secteur 18
20. CSPS Secteur 19
21. CSPS Secteur 16
22. CSPS Pogbi
|
SECTEUR 30
|
23. CM Saint Camille
24. CM AMA
25. CSPS Secteur 15
26. CSPS Secteur 28
27. CSPS Secteur 29
28. CSPS Trame d'Accueil Secteur 28
29. CSPS Secteur 30
30. CSPS Nongtaba
31. Dispensaire/SMI Nomwendé
32. CSPS Juvénat Filles
|
|
Annexe 5 : Liste des médicaments
contre-indiqués
Médicaments
|
Fréquence (n)
|
Voies d'administration
|
Périodes
de contreindication*
|
Références
|
Albendazole
|
7
|
Orale
|
T1, T2, T3
|
[10 ; 73; 76]
|
Chlorphéniramine
|
2
|
Orale
|
T3
|
[44 ; 73 ;78]
|
Ciprofloxacine
|
1
|
Orale
|
T1, T2, T3
|
[14 ;24 ;78 ;81 ;91]
|
Clorazépate
|
1
|
Orale
|
T3
|
[73 ; 78]
|
Cyproheptadine
|
3
|
Orale
|
T1, T2, T3
|
[73]
|
Diclofénac
|
1
|
Orale
|
A partir du 6ème mois
|
[73 ; 78 ; 81]
|
Fenticonazole
|
1
|
Percutanée
|
T1
|
[73]
|
Flubendazole
|
1
|
Orale
|
T1, T2, T3
|
[10 ;73 ;76]
|
Ibuprofène
|
1
|
Orale
|
A partir du 6ème mois
|
[73 ;78 ;81]
|
Mébendazole
|
7
|
Orale
|
T1, T2, T3
|
[10 ;76 ;78]
|
Métronidazole
|
2
|
Orale
|
T1
|
[10 ;37 ;84]
|
Noramidopyrine
|
7
|
Orale/parentérale
|
T1, T2, T3
|
[7 ;73]
|
Povydone iodée
|
6
|
Percutanée/vaginale
|
T2, T3
|
[38 ; 73 ;78 ;98]
|
Prométhazine
|
1
|
Orale
|
T3
|
[44 ; 73]
|
Rétinol
|
1
|
Orale
|
T1, T2, T3
|
[20 ;73 ;81]
|
Brustan®
(Ibuprofène, Paracétamol)
|
2
|
Orale
|
A partir du 6ème mois
|
[73 ;78 ;81]
|
Chéricof®
(Chlorphéniramine, Dextrométorphane, Phenyéphrine)
|
1
|
Orale
|
T1, T2, T3
|
[73]
|
Duo Cotecxin®
(Dihydroartémisinine, Pipéraquine)
|
1
|
Orale
|
T1
|
[96]
|
*T=Trimestre
Annexe 6 : Autorisation
d'enquête
« Je jure en présence des maîtres de l'UFR, des
conseillers de l'Ordre des pharmaciens et de mes condisciples :
D'honorer ceux qui m'ont instruit dans les préceptes de
mon art et de leur témoigner ma reconnaissance en restant fidèle
à leur enseignement ;
D'exercer, dans l'intérêt de la santé
publique, ma profession avec conscience et de respecter non seulement la
législation en vigueur, mais aussi les règles de l'honneur, de la
probité et du désintéressement ;
De ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs
envers le malade et sa dignité humaine.
En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes
connaissances et mon état pour corrompre les moeurs et favoriser des
actes criminels.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle
à mes promesses.
Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes
confrères si j'y manque. »
|