7. DISCUSSION
7.1. L'approche méthodologique
Nous avons mené une étude transversale à
passage unique sur une période de deux mois dans le but d'explorer le
risque de toxicité médicamenteuse inhérent aux
prescriptions médicamenteuses reçues par les femmes enceintes
dans la CUO. De par son caractère ponctuel, notre étude n'a pas
permis de suivre l'évolution des grossesses jusqu'à terme afin de
vérifier à posteriori la survenue d'effets
tératogènes.
Notre étude dans son second volet s'est
intéressée au personnel de santé. Selon notre
démarche, seuls les agents qui étaient en service le jour de
notre passage dans les FS étaient interviewés. Ainsi, les autres
agents absents pour une raison ou une autre (garde, congés, repos, etc.)
étaient d'office exclus de l'étude.
Les données ont été collectées du
09/10/06 au 07/12/06, période qui correspond à une transition
entre la saison hivernale et la saison sèche. A cette période,
l'incidence du paludisme demeure élevée. Une telle situation a pu
induire une fluctuation saisonnière de la nature et du nombre des
prescriptions.
Dans la plupart des cas, les médicaments ont
été prescrits aux patientes sur la base des symptômes
rapportés par celles-ci. Ce faisant, le caractère non
étiologique des diagnostics qui ont guidé le choix des
médicaments par les prescripteurs ne permet de se prononcer
objectivement sur l'adéquation de ces médicaments avec les cas
présentés par les patientes. De plus nous ne disposions pas
d'informations sur certaines caractéristiques des patientes, notamment
l'état fonctionnel des organes d'épuration que sont les reins et
le foie. Cette situation ne nous a pas permis d'explorer d'éventuels
risques de toxicité en
rapport avec les posologies prescrites.
Nous avons voulu évaluer le risque de toxicité
des médicaments à travers l'analyse des prescriptions
médicamenteuses dans les FS périphériques. Cependant, la
prescription n'est ni la dispensation, ni la consommation effective de
médicaments. Cela soulève deux questions qui pourraient donner
une lecture différente du risque médicamenteux :
i) La question de l'observance thérapeutique
Si elle est faible, cela pourrait conduire à une
surestimation de l'exposition.
ii) La question du délai entre la prise effective du
médicament et la prescription médicamenteuse
Un retard dans le démarrage du traitement
entraînerait une consommation du médicament à une
période différente de celle de la prescription du point de vue de
l'embryogenèse. Or l'ampleur et la nature du risque médicamenteux
sont fonction de la période d'exposition [78].
Notre étude n'a pas examiné les vaccins qui sont
également des médicaments.
Par ailleurs, la nature périphérique des FS
enquêtées ne permet pas la prise en compte du risque
médicamenteux lié à la prise en charge de pathologies
chroniques et/ou de PV/VIH.
En revanche, notre étude a couvert toute la ville de
Ouagadougou et pris en compte systématiquement toutes les femmes se
présentant à la consultation prénatale lors de notre
passage dans chacune des FS enquêtée. Cette démarche nous a
permis de minimiser le biais lié à la sélection des
patientes.
D'autre part, en s'intéressant uniquement aux
prescriptions reçues le jour même de la consultation par les
femmes enceintes, notre étude a eu l'avantage d'éviter le biais
de mémorisation qui entache les résultats de certaines
enquêtes rétrospectives [18 ;35].
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