5.2- Pratiques des clients : une
résistance à leur traitement
Tableau 1 : Répartition des alcooliques selon le
sexe
Sexe
|
Nombre de répondants
|
Proportion en pourcentage
|
Garçons
|
5
|
62,5
|
Filles
|
3
|
37,5
|
Total
|
8
|
100
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
A la lumière du tableau 1, les 62,5%
représentent les garçons qui sont alcooliques ; les 37,5%
représentent les filles alcooliques à l'APAAC. Le pourcentage des
garçons est supérieur à celui des filles. La
surconsommation d'alcool entre les deux sexes est disproportionnée, les
garçons boivent plus de boissons alcoolisées que les filles. Cela
s'explique par la disparité entre les deux sexes dans notre
société et la perception sociale vis-à-vis des filles qui
boivent de l'alcool.
L'explication de l'usage abusif d'alcool par ces individus
peut se trouver dans l'étiologie de l'alcoolisme tels que : les
expériences de l'enfance comprenant l'autoritarisme des parents et
enfants élevés par les parents buveurs, enfants battus,
l'échec d'ordre professionnel, l'influence des amis. A ceux-ci peuvent
s'ajouter la recherche d'une certaine satisfaction par ces clients en chassant
le stress, la timidité, la peur et pour retrouver l'estime de soi. Au
cours de cette enquête six (6) d'entre eux ont répondu qu'ils
vivent avec des buveurs d'alcool, cinq (5) ont des amis consommant de boissons
alcoolisées. Ces données sur les causes évoquées
sont exactes. Toutefois le chômage n'est pas une cause évidente
parce qu'il y a six (6) d'entre eux qui font une activité qui rapporte
de l'argent et ils sont alcooliques. Rechercher les causes s'inscrit dans le
cadre d'un diagnostic en Travail social et permet d'avoir une première
idée sur le problème du client.
Tableau 2 : Répartition des alcooliques selon
l'âge
Groupe d'âge
|
Nombre de répondants
|
Proportion en pourcentage
|
15 - 25 ans
|
2
|
25
|
25 - 35 ans
|
2
|
25
|
35 - 45 ans
|
2
|
25
|
45 ans et +
|
2
|
25
|
total
|
8
|
100
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
Pour ce tableau, les 25% représentent l'âge de
chacun des groupes soit deux (2) alcooliques ou clients par groupe. C'est un
partage équitable des huit (8) clients. On peut déduire qu'il
n'y a pas un groupe d'âge pour lequel le risque de faire une consommation
excessive des boissons alcoolisées est plus élevé.
L'individu peut être alcoolique à n'importe quel âge.
L'alcoolisme est un phénomène qui touche simultanément les
adolescents et les adultes. Ces données recueillies sur l'âge des
clients renforcent la classification de Fouquet qui montre que le début
précoce de la consommation commence vers l'âge de dix huit ans.
Cet âge se trouve dans la première tranche d'âge de ce
tableau. Les consommateurs de tranche d'âges différents ont le
même risque d'être alcoolique. Cela signifie qu'il n'y a pas un
groupe où la consommation est plus élevée. Contrairement
au tableau précédent où le nombre de garçons
alcooliques est légèrement supérieur à celui des
filles. Les données de ce tableau montrent une équité en
nombre des alcooliques suivant des tranches d'âges différents.
Cela signifie qu'il n'y a pas un groupe d'âge qui est moins touché
par rapport à un autre. Toutes les catégories doivent être
senssibilisées par les méfaits de l'alcool.
Graphe 3 : Répartition des alcooliques selon le
statut matrimonial
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
A la lumière du graphe 3, les 25% représentent
les alcooliques qui sont célibataires, les 37,5% représentent
ceux qui sont mariés, les 12,5% représentent un alcoolique
placé, les 12,5% représentent un alcoolique divorcé et les
12,5% représentent un alcoolique veuf.
L'écart n'est pas trop grand entre les
différents statuts matrimoniaux des clients à l'APAAC. Toutefois
les mariés sont plus à consommer de boissons alcoolisées.
Donc la consommation ne se fait pas en fonction du statut matrimonial des
individus. Elle est plutôt liée aux difficultés de la vie
quotidienne, des types de relations développées avec
l'environnement et la famille.
Le pourcentage des personnes mariées qui fait une
surconsommation d'alcool est plus élevée que les autres statuts
matrimoniaux. Cela s'explique par le fait que les couples ayant des enfants ont
des responsabilités envers ces derniers et doivent être capables
de répondre aux besoins de leur famille ; dans le cas contraire ils
peuvent s'adonner à l'alcool pour oublier leur problème. Il est
important de voir leur niveau d'étude.
Graphe 4 : Répartition des alcooliques selon le
niveau d'étude
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
Selon ce graphe, les 12,5% représentent seulement un
(1) alcoolique qui fait son étude primaire, 25% représentent les
alcooliques qui font leur étude secondaire et 25% représentent
ceux qui font leur étude universitaire. Il y a trois alcooliques parmi
les huit qui n'ont aucun niveau d'étude, cependant ils sont des
professionnels. Les alcooliques se répartissent de façon
inéquitable en ce qui concerne leur niveau d'étude. Il y a
égalité entre ceux qui ont le niveau secondaire et universitaire.
Il y a plus de clients alcooliques qui ont ces deux niveaux. On peut
déduire que le niveau d'étude n'est pas un facteur pouvant
diminuer et empêche le risque d'être alcoolique. Malgré il y
a d'entre eux qui sont universitaires, ils ne peuvent pas contrôler face
à l'alcool. D'après ces données, les individus qui ne font
aucune étude sont plus faciles à consommer de l'alcool en
excès que ceux qui ont au moins un niveau primaire.
Tableau 5 : Les professions et activités des
alcooliques
Profession et activités
|
Nombre de répondants
|
Proportion en pourcentage
|
Comptable
|
2
|
25
|
Commerçante
|
1
|
12,5
|
Gestionnaire
|
1
|
12,5
|
Total
|
4
|
50
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
D'après ce tableau, les 25% représentent les
comptables qui sont alcooliques, les 12,5% représentent une
commerçante qui est alcoolique et l'autre 12,5% représente un
gestionnaire qui est alcoolique. Les 50% des alcooliques ont une profession et
mènent une activité. L'autre moitié n'a pas de profession.
Ceux qui ont une profession, un emploi ou qui font du commerce, boivent de
l'alcool en excès pour des raisons divers : pour chasser le stress,
pour se détendre, pour combattre la fatigue, le stress et pour avoir
plus d'énergie pour faire leur travail. Parmi les huit (8) alcooliques
il y a quatre (4) d'entre eux qui n'ont ni aucune profession ni aucune
activité rapportant de l'argent. Autrement dit, ils ne travaillent pas.
La consommation d'alcool en excès est un remède aux
problèmes de la vie quotidienne. En comparant les données de ces
deux derniers tableaux, il y a trois clients qui sont illettrés et
quatre qui font partie de la population inactive. Un support financier se
révèle indispensable dans l'encadrement de ces clients. Il faut
les aider à répondre à certains besoins
élémentaires pour qu'ils puissent sortir de leur situation
d'alcoolisme.
Graphe 6 : Répartition des alcooliques selon la
religion
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
En observant ce graphe, les 62,5% représentent les
alcooliques qui sont de religion catholique, les 37,5% représentent ceux
qui sont de religion protestant. Sur le plan religieux les alcooliques se
répartissent en deux : catholiques et protestants. Toutefois le
pourcentage d'alcooliques de religion protestant est inférieur à
ceux qui sont catholiques. Parmi ces derniers certains ne vont jamais à
l'église, d'autres rarement. Le faible pourcentage des protestants
s'explique par le fait que cette religion est plus contraignante que la
religion catholique. Pour celle-ci la consommation de l'alcool en excès
n'est pas un péché tandis que dans l'autre il est interdit aux
fidèles de faire l'usage de l'alcool. Donc les 37,5% commettent une
désobéissance par rapport aux principes du protestantisme. Les
individus, qu'ils soient catholiques ou protestants, peuvent devenir
alcooliques. Les protestants qui font une surconsommation d'alcool sont en
dissonance sociale. Pour Festinger il y a « dissonance
sociale » quand les attitudes et les croyances ne correspondent pas
aux comportements exprimés. La personne éprouve de la dysharmonie
intérieure qu'elle cherche habituellement à éliminer
(Cormier Dollard : p. 126). La religion des personnes est importante pour
le diagnostic, pour l'histoire de vie en travail Social qui sont des techniques
utilisées pour résoudre un problème. En plus de la
religion, la zone de provenance des alcooliques n'est-il pas nécessaire
pour les prendre en charge ?
Tableau 7 : Répartition des alcooliques selon la
zone de provenance
Zone de provenance
|
Nombre de répondants
|
Proportion en pourcentage
|
Delmas
|
2
|
25
|
Pétion-ville
|
2
|
25
|
Lalue
|
1
|
12,5
|
Nazon
|
1
|
12,5
|
Martissant
|
1
|
12,5
|
Carrefour
|
1
|
12,5
|
Total
|
8
|
100
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
A La lumière du septième tableau, le premier
25% représente les alcooliques qui viennent de Delmas, le second 25%
représente les clients qui sont originaires de Pétion-Ville, les
12,5% désignent un alcoolique natif de Lalue, les 12,5%
représentent un autre qui est originaire de Nazon, les 12,5%
représentent un client natif de Martissant, les 12,5 représentent
un alcoolique qui est originaire de Carrefour. Les alcooliques proviennent des
zones différentes, mais toutes ces zones font partie de la région
métropolitaine. La plupart d'entre eux viennent de Delmas et de
Pétion-Ville, ces zones ont le même pourcentage. Cela peut
s'expliquer par la proximité de ces communes avec l'APAAC qui situait
à Delmas 60. Il est plus facile pour les alcooliques qui habitent dans
ces zones de fréquenter cette association. Parmi ces alcooliques il n'y
a pas un seul individu qui est originaire d'une zone rurale. Donc les
personnes originaires du milieu urbain ont plus de chance à devenir
alcoolique que celles qui viennent d'un milieu rural. L'environnement du
premier milieu exerce une influence considérable sur les individus.
Généralement les night club, les discothèques sont
situées dans les villes. Pour les autres zones, les individus sont plus
éloignés de l'APAAC c'est ce qui fait qu'il y a un plus faible
pourcentage par rapport aux zones proches.
Les zones de provenance des alcooliques sont très
importantes dans le modèle d'intervention en Travail Social, l'individu
n'est pas considéré comme un être isolé, on doit
tenir compte de son environnement qui peut être son milieu de vie, sa
famille si l'on veut apporter un changement réel. Dans ce modèle
on agit à la fois sur le client et sur son environnement. Si on ne tient
pas compte de l'environnement du client il est difficile de l'aider à
trouver une alternative à son problème. Le lieu d'origine ne
constitue pas tout son environnement, il faut voir les lieux
fréquentés par les alcooliques.
Tableau 8 : Répartition des alcooliques selon les
différents lieux de fréquentation
Lieu de fréquentation
|
Nombre de répondants
|
Bal
|
7
|
Disco
|
1
|
Veille funéraire
|
2
|
Communion
|
3
|
Mariage
|
6
|
Restaurant
|
1
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
Selon les données de ce tableau, sept (7) alcooliques
ont l'habitude d'aller au bal et dans d'autres endroits, un (1) allait au
disco, deux (2) ont des pratiques d'aller dans les veilles funéraires,
trois (3) clients ont l'habitude d'aller dans les communions, six (6) dans les
mariages et un (1) seul au restaurant. Un seul client fréquente
plusieurs lieux. Ces différents lieux incitent l'alcoolique à
boire. Sept (7) alcooliques sur huit (8) aiment aller au bal, six (6) vont dans
les mariages. On peut dire que le bal et le mariage sont les lieux les plus
fréquentés par la majorité de ces clients. Ces derniers
vont à ces endroits pour se détendre, oublier leurs
problèmes. Le fait d'aller dans les communions, les mariages et les
veilles funéraires sont culturel dans notre société.
Connaître ces informations sur le client se révèle utile
pour faire son traitement dans le sens qu'on doit prohiber les clients de
fréquenter ces lieux pour qu'ils ne continuent pas à faire un
usage abusif des boissons alcoolisées.
Tableau 9 : Encadrement des clients à
l'intérieur de l'institution
Encadrement à l'intérieur de l'APAAC
|
Nombre de répondants
|
Conseil des intervenants
|
8
|
Rendez-vous
|
8
|
Rencontre avec la famille du client
|
2
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
D'après les données du tableau au numéro
9, huit (8) clients reçoivent des conseils de la part des intervenants,
tous les huit (8) ont des rendez-vous, deux (2) parmi les huit (8) ont
répondu que les intervenants ont des rencontres avec leurs familles.
On donne à tous les clients des rendez-vous, ils ont
reçu des conseils de la part des intervenants mais ces derniers ont des
rencontres avec la famille de deux d'entre eux seulement. Les intervenants ont
ignoré l'environnement immédiat de la plupart des clients ;
ils ne considèrent pas l'alcoolique comme un élément
faisant parti du sous-système familial. Pour eux l'alcoolisme est
considéré comme problème individuel centré sur
l'individu.
Les conseils font parti du counselling comme champs
d'intervention en Travail social. Le
Counselling consiste à donner des conseils aux
individus, groupes et communautés qui sont en difficultés.
Les intervenants ne font pas de rencontre avec la famille de
la plupart des clients. Il n'y a pas de communication, d'interaction entre les
intervenants et les parents ou famille des alcooliques. La famille est mieux
placée pour donner des informations qui peuvent être utiles dans
le processus de traitement. L'environnement immédiat des clients doit
impliquer dans la prise en charge si les intervenants voulaient apporter de
véritables changements au problème de la surconsommation
d'alcool.
Tableau 10 : Répartition des alcooliques selon la
nature des relations sociales
Nature des relations sociales
|
Nombre de répondants
|
Fouettage
|
5
|
Parents autoritaires
|
6
|
Soumission parentale
|
6
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
A la lumière du tableau dix, parmi les huit (8)
alcooliques il y a cinq (5) qui ont été fouetté par leur
parent dès leur enfance, puis il y a six (6) d'entre eux qui ont des
parents autoritaires et six (6) qui soumettent à leur parent. Parmi ces
derniers trois (3) obéissent quelque fois et les autres soumettent
toujours. Certains clients ont des parents autoritaires, ils sont
obéissants.
D'autres sont battus et ont des parents autoritaires et ne
soumettent pas toujours à ces derniers.
Le fouettage des enfants, l'autoritarisme parental peut
être à l'origine de la surconsommation d'alcool chez les clients.
Ils entraînent des relations disharmonieuses, conflictuelles entre les
clients et les parents ou amis. Le niveau de relation entre eux est très
faible et il n'y a presque pas d'interaction au sein de leur famille, les
parents ne prennent pas du temps pour parler avec les enfants et les donner des
conseils.
L'autoritarisme des parents empêche une relation
harmonieuse entre parents et enfants. Cette relation repose sur des rapports de
force en battant les enfants et en les exigeant une obéissance aveugle.
Une telle relation entraîne tôt ou tard des réactions
diverses de la part des enfants parmi lesquelles la prise de surdose d'alcool.
Ils boivent pour se libérer du joug des parents inflexibles.
Tableau 11 : Encadrement extra-institutionnel des
alcooliques
Encadrement de l'alcoolique à l'extérieur de
l'APAAC
|
Nombre de répondants
|
Proportion en
Pourcentage
|
Conseil des parents
|
3
|
37,5
|
Visite à domicile
|
2
|
25
|
Total
|
5
|
62,5
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
Il se révèle utile de tenir compte de
l'encadrement reçu par les clients dans leur prise en charge. Les 37,5%
représentent les clients qui reçoivent des conseils de la part
des parents, les 25% représentent ceux que les intervenants ont
visité. Il n'y a plus de clients qui ne trouvent pas de conseils et qui
ne sont pas visités. Le pourcentage de clients qui est encadré
est inférieur à la moitié de ce qui se trouve à
l'APAAC. La visite à domicile est très importante en Travail
Social, elle fait parti de l'accompagnement social qui se situe dans une
approche holistique de la personne.
Malgré l'encadrement des clients par les intervenants
sociaux, certains comportements restent inchangés. Ils continuent
à fréquenter les lieux où la consommation d'alcool se
révèle importante pour la réalisation de la
cérémonie. Ces lieux les donnent envie de boire.
Les relations qui existent entre les clients et ses proches
se trouvent à l'origine de leur alcoolisation. La plupart d'entre eux
ont battu par leurs parents durant leur enfance. A cela s'ajoute
l'inflexibilité, l'autoritarisme à outrance de certains parents.
Pour libérer de ces contraintes familiales, ils s'adonnent à
l'alcool. D'où l'absence d'interaction au sein de la famille.
Certains clients subissent l'influence des parents, amis qui
sont de grands consommateurs de boissons alcoolisées. L'influence des
proches, la fréquentation des lieux de consommation d'alcool, les
relations disharmonieuses développées avec leur entourage
constituent une résistance au traitement des clients. En dépit de
nombreux efforts consentis par les intervenants de l'APAAC pour aider les
clients à sortir de leur situation d'alcoolique, la majorité
d'entre eux n'arrive pas à s'abstenir ou boire plus
modérément l'alcool.
|