La prise en charge psychosociale des alcooliques à l' Association pour la Prévention de l'Alcoolisme et des Accoutumances Chimiques (APAAC).( Télécharger le fichier original )par Angelo Barthold Université d'état d'Haà¯ti (UEH) - Licence en service social 2009 |
Faculté des Sciences Humaines Département Service Social Sujet : La prise en charge psychosociale des alcooliques à l'Association pour la Prévention de l'Alcoolisme et des Accoutumances Chimiques (APAAC). Directeur : Nelson SYLVESTRE Mémoire préparé par Angelo BARTHOLHD pour l'obtention d'une licence en Service Social Promotion Octobre 2002- Juillet 2006 INTRODUCTION
L'alcool rentre dans la fabrication de nombreuses boissons alcoolisées que l'on consomme en Haiti et que l'on sert dans presque toutes les cérémonies à caractère social. Cela fait partie de nos rituels. Sa consommation n'est pas un problème en soi, mais la difficulté survient lorsque les consommateurs en font une surconsommation sans le savoir. Partout sur la terre sa consommation est élevée, mis à part les pays islamiques où l'usage de l'alcool est interdit a-t-il dit Dollard dans son livre intitulé Toxicomanie : style de vie. L'alcoolisme s'achemine vers un fléau mondial. En Haiti il se fait remarquer au niveau de tous les groupes sociaux tant dans des familles aisées que dans des familles pauvres ; chez les gens éduqués ou peu éduqués ; il se manifeste également chez les personnes de catégories professionnelles différentes : les paysans, les ouvriers. Ce fléau touche tous les individus sans distinction de sexe et d'âge. L'alcoolisme est très répandu dans la société haïtienne. Il touche tous les consommateurs qui font une consommation immodérée des boissons alcoolisées. Une telle consommation est la cause de nombreux décès. Ils boivent de l'alcool en toute circonstance et pour des motifs différents. Certains le consomment pour son effet euphorisant, anti-dépresseur tandisque d'autres le prennent pour un remède, un tranquilisant aux maux de l'existence humaine. Ces effets recherchés dans l'alcool poussent de nombreux consommateurs à une consommation plus fréquente et augmente à chaque fois leur dose. Il arrive un moment où les consommateurs ne peuvent plus s'abstenir des boissons alcoolisées, c'est-à-dire ils deviennent dépendants de ces boissons. Au fil du temps, ils commencent à développer des troubles comportementaux nuisibles pour leur entourage. La consommation abusive d'alcool a aussi des répercussions sur la santé de ceux qui le prennent.Tenant compte de tous ces méfaits de l'alcool, il est important de prendre en charge les alcooliques. En Haïti la seule institution qui s'occupe des toxicomanes est l'APAAC. Elle les prend en charge et favorise leur adaptation à la société. Dans cette étude les problèmes des consommateurs sont cernés dans une perspective systémique qui met l'accent sur l'environnemen du sujet. La relation qu'ils développent avec son milieu de vie, sa famille et ses amis sont indispensables pour leur aider à trouver une alternative au problème de la surdose d'alcool. Des raisons mutilples me poussent à choisir ce sujet. L'alcool est utilisé à des fins diverses dans la société haïtienne. On offre les boissons alcoolisées dans toutes les cérémonies importantes de la vie quotidienne (baptême, mariage, communion...). Toutefois l'usage abusif de ces boissons n'est pas sans conséquence sur les consommateurs. Beaucoup d'entre eux ont ignoré les effets nocifs de l'alcool sur l'organisme humain. La plupart des individus qui vivent dans la deuxième section communale de Torbeck, fait une consommation excessive de l'alcool plus précisément le « tafia ». Cela a retenu beaucoup l'attention des notables de la zone. A force de boire, ils perdent leur contrôle et deviennent dépendants de cette boisson. L'alcool sert de l'alimentation aux individus qui sont négligés à cause de leur ivrognerie, parfois ils ne peuvent même vaquer à leurs activités respectives. Il y a un fait qui a beaucoup retenu mon attention, à l'âge de quatorze ans, en revenant de l'école on a observé une vielle dame flottant sur la rivière dénomma l'Acul. Cette dame était morte parce qu'elle a été ivre en revenant de marché et elle tomba dans la rivière peu profonde. De plus quand j'étais en classe de seconde, le co-directeur de mon établissement était mort à cause d'une intoxication (cirrhose du foie) par suite d'une longue période de consommation excessive d'alcool. Ce travail a une portée académique où l'on fait obligation aux étudiants ayant bouclé le cycle d'étude de remettre un mémoire pour obtenir leurs licences. Le problème de l'alcool est passé sous silence, alors qu'il continue à tuer beaucoup de consommateurs. Un tel travail va permettre de faire une réflexion en profondeur sur la situation des alcooliques. Et cette réflexion peut contribuer à l'enrichissement du Travail Social et informe tout le monde sur les méfaits de l'alcool. En se référant à l'objet d'étude du Travail Social qui est : les problèmes sociaux vécus prioritairement par les classes défavorisées. Les alcooliques se trouvent aux prises à des problèmes sociaux, ils sont victimes d'exclusion et de marginalisation. Travailler sur un tel thème est important parce qu'il va permettre à tous ceux qui ignorent et qui réfléchissent sur le problème des alcooliques de prendre conscience de l'existence réelle de ce problème d'une part, puis contribuer à l'enrichissement de la discipline d'autre part. Ce sont tous ces motifs qui me portent à faire choix d'un tel thème. Ce travail se réalise sur la base des objectifs suivants : · Faire ressorti les difficultés d'adaptation chez les alcooliques à l'APAAC. · Expliquer les causes de l'alcoolisme chez les clients de l'APAAC A l'heure actuelle, l'alcool est l'une des drogues dont l'usage soit licite sans condition, voire même encouragé, pour toutes les catégories. Son usage est contrôlé de quelque façon ou bien doit être fait sous ordonnance médicale selon Dollard1(*). L'alcool est connu partout dans le monde, et ses matières premières sont innombrables. En essayant de faire une historicité de ce produit, on se réfère à Jean Luc Bellanger2. Pour ce dernier il est impossible de fixer une date même approximative de l'apparition de l'alcool, une des dates les plus anciennes nous vient d'Egypte, où une bière d'orge était consommée déjà environ trois mille ans avant notre ère. D'après Sournia3, la consommation d'alcool est donc selon toute vraisemblance antérieure à l'agriculture et à la sédentarisation des peuplades vouées à la cueillette et à la chasse. C'est apparemment le miel qui a fourni au monde le premier éthanol buvable. La plupart des peuples du monde ont découvert l'usage des boissons alcoolisées sur tous les continents. A part de quelques exceptions près, cette alcoolisation généralisée de l'espèce humaine a suscité des conduites collectives de caractère festif. Depuis très longtemps les individus font usage des boissons alcoolisées même avant Jésus Christ. Pour parodier Sournia l'alcool est un produit culturel, il fait parti de la vie sociale des groupes. Le groupe découvre une nouvelle solidarité en consommant de l'alcool, l'individu n'est pas seul devant ses hantises d'homme. L'alcool a été consommé par l'homme très tôt dans son histoire. Les observations archéologiques portent à soutenir que la vigne a été utilisée à l'état sauvage dans le Sud-est asiatique, il y a environ neuf mille ans. Toutefois les aborigènes australiens, les populations de plusieurs îles du pacifique et les autochtones de l'Amérique du Nord ont ignoré les boissons fermentées. L'arrivée des colonisateurs européens les a initiés. On retrace des récits évoquant l'alcool, sous forme de bière ou de vin dans les pays du bassin de la Méditerranée, en Asie, en Inde, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. On attribua une origine divine aux boissons fermentées. Les Veda, l'Ancien Testament, l'Iliade et l'Odyssée de même que les Chroniques des Premiers voyageurs en Amérique du Sud établissent cette association. Les boissons fermentées, le vin et le pulque mexicain sont mis en relation avec les idées de la vie, d'immortalité, de connaissance, d'alliance, d'amour, de sagesse et de vérité selon Nadeau.4(*) Le vin revêt d'un caractère religieux pour certaines Eglises du christianisme où on l'utilise comme symbole du sang de Jésus Christ. D'après les points de vue des différents auteurs cités plus hauts, on ne peut pas dire exactement à quel moment précis l'alcool a fait son apparition dans le monde. La date de son apparition se diffère d'une société à l'autre et même aussi d'un continent à l'autre quel que soit le type de boissons alcoolisées consommées. Cependant, de façon unanime ils ont admis que l'alcool a vu le jour dans la période située avant Jésus Christ. La consommation d'alcool en tant que telle ne pose pas de problème, celui-ci réside dans la fréquence et la quantité de boissons alcoolisées consommées. Son usage abusif engendre des souffrances physiques et morales d'après Dollard5 Cela sous tend qu'il affecte l'organisme humain et entraîne des troubles comportementaux chez l'individu alcoolique. En ce sens la consommation excessive d'alcool n'a-t-elle pas des effets néfastes sur les consommateurs ? Dollard ajoute que l'abus d'alcool a des répercussions sur l'organisme humain. Parmi toutes les drogues, il reste celle la plus en usage, et qui engendre le plus de difficultés mentales et morales. L'alcool tue six fois plus que les drogues illicites. Dans tous les pays occidentaux, l'alcoolisme représente la toxicomanie majeure en raison du nombre de personnes qui sont victimes par les méfaits sociaux de toutes sortes et aussi par les souffrances physiques qu'il entraîne, a-t-il dit Burhig6(*). Il veut dire par souffrances physiques que l'alcool a causé la mort à de nombreuses personnes soit à l'état d'ivrogne : accident et intoxication (foie, poumon). Ces souffrances s'accompagnent aussi d'une dépendance physique chez les alcooliques affectant leur santé, manifestée de diverses façons soit par des tremblements, soit par des atteintes d'organes et perte d'équilibre (cirrhose du foie, cancer des poumons). Les traditions et les opinions courantes ont créé plusieurs fausses croyances sur les effets physiologiques de l'alcool. Ce produit ne rend pas plus actif, au contraire il ralentit le fonctionnement du cerveau, diminue les perceptions et les réactions. Il brûle l'estomac, ce qui provoque une crampe, donnant l'illusion d'avoir faim. Les personnes âgées qui en consomment sont plus sensibles à ses effets, car leur circulation sanguine, leurs reins, et leur foie est plus lent à éliminer l'alcool, et leur organisme contient moins d'eau pour diluer l'alcool. Boire de l'alcool7(*) durant une longue période attaque l'appareil digestif et peut provoquer des maux comme : Le cancer de la gorge et de la bouche, les ulcères d'estomac. Toute consommation abusive des boissons alcoolisées entraîne inévitablement des conduites anormales chez le sujet qui boit. Pour Sournia, celui qui boit trop commet une transgression, et comme l'ivrogne ébranle les hiérarchies par ses plaisanteries irrespectueuses et ses violences, il menace l'ordre et bafoue la loi, brave les interdits sexuels et méprise les contraintes familiales qui constituent le fondement de toute société. Il accumule les transgressions, dès lors il est coupable et mérite d'être puni. Cependant Sournia n'a pas mis l'accent sur les motifs poussant l'alcoolique à boire une forte dose jusqu'à arriver à transgresser les normes sociales. Pour combattre ces violations, il proposa une solution répressive, à savoir la punition (emprisonnement). Ces attitudes adoptées par l'alcoolique sont un refus de l'autorité familiale et étatique. De son point de vue on comprend que l'alcoolique est en quête de sa liberté, de son autonomie ; pour les trouver il faut qu'il se libère des contraintes familiales, des normes en vigueur dans la société en manifestant des comportements anti-sociaux. Tout ceci permet de dire que l'alcoolique est un anti-conformiste c'est-à-dire ses réactions sont tout à fait contradictoires aux normes familiales et sociales. Sournia n'a pas indiqué les moyens de prévenir les attitudes anti-sociales de l'alcoolique, ni les moyens de sa prise en charge. Contrairement à Sournia, Gervais8 sans doute voit dans l'alcoolisme une conduite d'intégration sociale, néanmoins qui devient à la longue un facteur de marginalisation. L'alcool est un lubrifiant social, c'est l'expression magique indispensable à l'expression de convivialité. On le sert dans toutes les grandes cérémonies de la vie quotidienne (Baptême, mariage, anniversaire de naissance, communion...). Il souligna le caractère dangereux de la consommation répétée d'alcool au sens qu'il finit par modifier le comportement du sujet alcoolique et du même coup il évoque le caractère festif de ce produit. Tous ces auteurs n'ont pas famille). La nature des relations familiales avec les alcooliques n'est-elle pas déterminante dans leur processus de traitement ? L'environnement familial joue un rôle important dans les habitudes de consommation d'alcool. Le comportement alcoolique n'est donc plus pensé comme une pathologie individuelle en terme intrapsychique, mais il est comme un problème d'interaction au sein du groupe. Ainsi l'alcoolique n'existe pas indépendamment du système de relation dans lequel il a vécu d'après Bernard9(*). Pour corroborer le point de vue de ce dernier, il est intéressant de voir l'approche de Satir10 pour qui la famille est un système. De son point de vue un système qui fonctionne présente six caractéristiques : · Une raison d'être ou but · Des éléments essentiels (Travailleurs sociaux disposant leur savoir faire au service des clients). · Un ordre de fonctionnement (principes, valeurs, connaissances qui comptent pour les travailleurs sociaux, mais diffèrent pour les familles). · Un moyen pour démarrer le système · Le pouvoir ou les moyens de maintenir le niveau d'énergie afin que les éléments fonctionnent. · Des moyens de comparer avec les changements provenant de l'extérieur. Le pouvoir ou les moyens de maintenir le niveau d'énergie afin que les éléments fonctionnent. Des moyens de composer avec les changements provenant de l'extérieur. Dans l'approche Satirienne, l'accent est mis sur la tâche, la compétence et la responsabilité du travailleur social dans les services sociaux d'une part, sur la tâche et la responsabilité des familles d'autre part. L'accomplissement de ces tâches, de ces responsabilités ne peut se réaliser sans une interaction entre les membres de la famille et les travailleurs sociaux. Enfin on peut en déduire que toute absence d'interaction débouche nécessairement sur l'exclusion de l'alcoolique. Les avis des auteurs autour du phénomène alcoolisme sont partagés. Certains courants ont considéré l'alcoolisme comme une maladie. Quel est le fondement de ce discours ? Le terme maladie pour Suissa1(*)1 a toujours été associé à un déséquilibre de l'homéostasie de la personne et historiquement inscrit dans une vision médicale et organique du corps, Il poursuit pour dire le fait de croire que l'alcoolisme est une maladie universellement soutenue par les institutions publiques, les centres privés de traitement et les groupes Alcooliques Anonymes (AA). Ces groupes nourrissent l'idée que l'alcoolisme est une maladie irréversible. Il situera son approche en premier lieu, dans l'évolution historique du concept de maladie ainsi que ses principaux fondements actuels dans le mouvement des AA, et en second lieu il se refera aux variables culturelles et sociales pour analyser et expliquer un contre discours de la maladie ou le changement social serait plus propre à une responsabilisation des personnes vivant des problèmes de dépendance ou d'abus d'alcool. Le fondement de ce discours trouve son explication dans certaines théories telles que : la théorie de la personnalité héritée et celle de l'acétaldéhyde. En ce qui concerne la première, l'hérédité en alcoolisme et dans les troubles mentaux est souvent présentée comme la dernière découverte scientifique. Des recherches effectuées prouvent que l'alcoolisme n'a rien d'héréditaire. D'autres résultats montrent que les individus développent des habitudes régulières de consommation sans avoir un parent alcoolique. Cela sous tend que l'individu ne naît pas alcoolique. Autrement dit l'alcoolisme n'a rien d'inné. La seconde stipula que l'alcoolique ne métaboliserait pas correctement l'alcool. Cette tendance est surtout défendue par Milam et Ketchman (1981). L'alcoolisme étant complètement déterminé biologiquement. Cette approche a été depuis mise partiellement en veilleuse, après qu'aucune recherche n'ait pu démontrer une concentration anormale d'acétaldéhyde chez les sujets ayant but l'alcool. En analysant ces deux théories on se heurte à des difficultés de taille, la première considère l'alcoolisme comme une maladie tandis que la seconde voit en elle un déterminisme biologique. Considérer l'alcoolisme comme une maladie héréditaire et rendre l'alcoolique responsable de son mal, n'ignore-t-on pas l'influence de son environnement ? Quelques auteurs ont considéré l'alcoolisme comme une maladie ; pour reprendre Jellineck « l'alcoolisme est une maladie progressive » et que seule l'abstinence protège l'alcoolique de la folie ou de la mort. » André Boudreau, fondateur de l'Office de Prévention et de Traitement de l'Alcoolisme et des Toxicomanes (OPTAT) soutenait l'idée de ce dernier en affirmant que : l'alcoolisme est la maladie du buveur excessif qui a définitivement perdu le contrôle de ses consommations. C'est une maladie incurable puisque le consommateur ne pourra plus jamais boire modérément et que pour lui la seule force de modération c'est désormais l'abstinence totale. On ne guérit pas l'alcoolisme, du moins de l'état actuel des connaissances, et la personne qui s'est arrêtée de boire, peut reprendre sa maladie exactement là où elle l'avait laissé quinze ou même vingt ans plus tard. Considérer l'alcoolique comme un malade revient à nier les valeurs socio-familiales nécessaires à l'équilibre entre l'individuation et la socialisation (Lesseman : 1989). Il continue pour dire que nous assistons à une disparition des structures affectives de base. Le concept de maladie mine les standards légaux et moraux dans la mesure où il réduit considérablement des individus à contrôler leurs comportements. Ce qui est frappant dans la théorie de maladie appliquée aux comportements déviants, c'est qu'elle milite à l'encontre des mécanismes de dysfonctionnement permanent. L'appréhension de l'alcoolisme comme étant une maladie nous renvoie directement à une approche médicale ; le consommateur est affecté au niveau de certains organes du corps. Cette approche ne permet pas de saisir l'alcoolique dans sa globalité. Si l'on veut comprendre mieux le problème des alcooliques, l'approche humaniste ne se révèle-t-il pas indispensable ? Un des figures de proue de cette théorie C. Rogers1(*)2 a dit tout organisme est animé d'une tendance à prendre sa vie en charge, en la conservant son enrichissement et possède en lui toute compétence pour résoudre ses problèmes et orienter ses conduites. L'idée rogérienne est renforcée par Dollard13 en suggérant la prise en charge de l'alcoolique par lui-même au lieu d'une institution. Elle constitue la caractéristique essentielle du traitement psychosocial. Selon eux, aucune transformation réelle n'est possible si l'alcoolique n'a pas la volonté de changer ses pratiques. Ils ont insisté beaucoup sur la potentialité du client comme facteur de changement. La potentialité suffit-elle pour modifier les attitudes des alcooliques ? Ils ont pris l'individu de façon isolée dans le système qu'il évolue sans tenir compte des autres éléments du système comme la famille, les amis, le milieu... Pour avoir une idée plus précise de l'individu vivant au sein du système, la théorie des systèmes développés par Bertalanffy est incontournable. L'idéal implicite visé par le système est l'équilibre. En parodiant Cézar 1(*)4 les relations dans un organisme psychosocial se font sous forme d'échange. Elles permettent au travailleur social d'identifier le problème des clients qui sont aux prises à des problèmes inhérents à la vie. De là le système présente un déséquilibre à cause du sujet alcoolique qui est marginalisé, inadapté par rapport au système. L'alcoolique possède-t-il toutes les compétences y compris savoir-faire et savoir être pour trouver une solution à son problème ? Il est présenté comme un ivrogne, celui qui a perdu la liberté de s'abstenir face à l'alcool et il est dénié de bon sens ; un tel individu est incapable de prendre sa vie en charge sans une intervention au préalable. Donc l'institution n'est-elle pas indispensable dans la prise en charge des alcooliques ? En se référant à la théorie des systèmes, la prise en charge est liée à la communication. Dans le système les éléments sont interdépendants, la modification de l'une entraîne celle de l'autre. Toute modification d'un élément entraîne un déséquilibre manifesté sous forme d'inadaptation. Le problème apparaît dans la relation entre l'individu et son environnement. L'individu inadapté se heurte à de nombreuses difficultés. Ce qui amène à poser la question centrale : Quels sont les facteurs qui expliquent les difficultés d'adaptation des alcooliques de l'APAAC ? Pour répondre à cette question, deux hypothèses sont formulées : 1) Les lieux fréquentés par l'alcoolique rendent difficile sa prise en charge psychosociale. 2) La nature des relations sociales entre l'alcoolique et ses proches empêche le processus de traitement. Dans la première hypothèse, lieux fréquentés est la variable indépendante. Le choix de cette variable dérive de l'observation faite sur les alcooliques. La prise en charge psychosociale est la variable dépendante, ce concept est cité par Dollard dans le travail comme caractéristique essentiel du traitement psychosocial, de plus c'est le thème du mémoire. En ce qui concerne la seconde la nature des relations sociales est la variable indépendante. Le vocable relation est utilisé par Satir, Bertalanffy comme fondamental pour le fonctionnement du système. Selon la nature des relations existant entre l'alcoolique et son environnement le processus de traitement peut-être avancé ou bloqué. La variable dépendante est le processus de traitement. Dans cette étude, on s'intéresse surtout à la prise en charge psychosociale des alcooliques. Ils sont saisis dans une double dimension : psychologique et sociale. Il est divisé en cinq chapitres : - Au premier chapitre, on présente la centration de l'intervention sur les clients et les autres sous-systèmes. La théorie humaniste, la théorie des systèmes et l'approche psychosociale servant de référence théorique pour la prise en charge psychosociale des alcooliques. La première théorie est insuffisante parce qu'elle ne tient pas compte de l'environnement du client. Pour ce on utilise la seconde qui permet de voir le client en relation avec les différents sous-systèmes. Enfin l'approche psychosociale permet de faire une comparaison entre son modèle de traitement et celui qu'on fait à l'APAAC. - Dans le second chapitre on présente l'abus d'alcool : ses causes essentielles et ses effets sur les consommateurs. - Le troisième chapitre traite de la conduite a risque et la quantité d'alcool consommé. - On présente dans le quatrième chapitre, le lien existant entre la consommation d'alcool et la violence domestique. Les recherches montrent que l'alcoolisme ne peut en aucun cas une excuse à la violence domestique. - Le cinquième chapitre, on fait la présentation de l'institution, la sélection des unités statistiques, l'analyse et l'interprétation des données recueillies pendant l'enquête réalisée sur les alcooliques de l'APAAC. Opérationnalisation des variables de l'hypothèse 1) Les lieux fréquentés par l'alcoolique rendent difficile sa prise en charge psychosociale.
2) La nature des relations sociales entre l'alcoolique et ses proches empêche le processus de traitement
* 1-CORMIER Dollard, Toxicomanie : Style de vie, Ed. du Méridien, 1993, pp. 18-22. 2- BELLANGER Jean Luc, la Stupéfiante, Histoire de la drogue, Ed. Mondiales, 1970, pp. 16-19. 3- SOURNIA Jean Charles, Histoire de l'alcoolisme, Ed. Flammarion,1986, pp. 16-22. * 4- NADEAU Louise, Vivre avec l'alcool, les Editions de l'homme, 1990, pp. 15, 16. * 5- CORMIER Dollard et al, Prévention primaire et secondaire de la toxicomanie, Edition Méridien 1991, p. 25. 6- BURHIG Martin : Réussir l'insetion, accompagner la reconnaissance sociale, Chronique sociale, 1996, pp. 102-105. * 7- APAAC, Reflexion sur l'alcool et les autres drogues, Ed. APAAC, 1997, p. 9.
* 8- GERVAIS Yves, la Prévention des toxicomanes chez les adolescents, Ed. l'Harmattant, pp. 38-40. 9- BERNARD Hillemand, l'Alcoolisme, Que sais-je ? 1999. 10- CEZAR Frantz, La prise en charge psychosociale des malades à l'HUEH : limites et enjeux, 2003. * 11- SUISSA Jacob Amon, Intervention, revue de la cooporation professionnelle des travailleurs sociaux du Québec, conséquences psychosociales de l'Alcoolisme et des Toxicomanes, No 93, Octobre 92, pp. 18-26. * 12.GODERFROID Joe, Psychologie science humaine et science cognitive, De Boeck Université, 2001, p.594. 13- CORMIER Dollard, op. cit. pp. 48-52. * 14- CEZAR Frantz , op. cit. p. 16 |
|