Faculté des Sciences Humaines
Département Service Social
Sujet : La prise en charge psychosociale
des alcooliques à l'Association pour la Prévention de
l'Alcoolisme et des Accoutumances Chimiques (APAAC).
Directeur : Nelson SYLVESTRE
Mémoire préparé par Angelo BARTHOLHD
pour l'obtention d'une licence en Service Social
Promotion Octobre 2002- Juillet 2006
INTRODUCTION
L'alcool rentre dans la fabrication de nombreuses boissons
alcoolisées que l'on consomme en Haiti et que l'on sert dans presque
toutes les cérémonies à caractère social. Cela fait
partie de nos rituels. Sa consommation n'est pas un problème en soi,
mais la difficulté survient lorsque les consommateurs en font une
surconsommation sans le savoir. Partout sur la terre sa consommation est
élevée, mis à part les pays islamiques où l'usage
de l'alcool est interdit a-t-il dit Dollard dans son livre intitulé
Toxicomanie : style de vie. L'alcoolisme s'achemine vers un
fléau mondial. En Haiti il se fait remarquer au niveau de tous les
groupes sociaux tant dans des familles aisées que dans des familles
pauvres ; chez les gens éduqués ou peu
éduqués ; il se manifeste également chez les
personnes de catégories professionnelles différentes : les
paysans, les ouvriers. Ce fléau touche tous les individus sans
distinction de sexe et d'âge.
L'alcoolisme est très répandu dans la
société haïtienne. Il touche tous les consommateurs qui font
une consommation immodérée des boissons alcoolisées. Une
telle consommation est la cause de nombreux décès. Ils boivent de
l'alcool en toute circonstance et pour des motifs différents. Certains
le consomment pour son effet euphorisant, anti-dépresseur tandisque
d'autres le prennent pour un remède, un tranquilisant aux maux de
l'existence humaine. Ces effets recherchés dans l'alcool poussent de
nombreux consommateurs à une consommation plus fréquente et
augmente à chaque fois leur dose. Il arrive un moment où les
consommateurs ne peuvent plus s'abstenir des boissons alcoolisées,
c'est-à-dire ils deviennent dépendants de ces boissons. Au fil du
temps, ils commencent à développer des troubles comportementaux
nuisibles pour leur entourage. La consommation abusive d'alcool a aussi des
répercussions sur la santé de ceux qui le prennent.Tenant compte
de tous ces méfaits de l'alcool, il est important de prendre en charge
les alcooliques. En Haïti la seule institution qui s'occupe des
toxicomanes est l'APAAC. Elle les prend en charge et favorise leur adaptation
à la société. Dans cette étude les
problèmes des consommateurs sont cernés dans une perspective
systémique qui met l'accent sur l'environnemen du sujet. La relation
qu'ils développent avec son milieu de vie, sa famille et ses amis sont
indispensables pour leur aider à trouver une alternative au
problème de la surdose d'alcool.
Des raisons mutilples me poussent à choisir ce sujet.
L'alcool est utilisé à des fins diverses dans la
société haïtienne. On offre les boissons alcoolisées
dans toutes les cérémonies importantes de la vie quotidienne
(baptême, mariage, communion...). Toutefois l'usage abusif de ces
boissons n'est pas sans conséquence sur les consommateurs. Beaucoup
d'entre eux ont ignoré les effets nocifs de l'alcool sur l'organisme
humain.
La plupart des individus qui vivent dans la deuxième
section communale de Torbeck, fait une consommation excessive de l'alcool plus
précisément le « tafia ». Cela a retenu
beaucoup l'attention des notables de la zone. A force de boire, ils perdent
leur contrôle et deviennent dépendants de cette boisson. L'alcool
sert de l'alimentation aux individus qui sont négligés à
cause de leur ivrognerie, parfois ils ne peuvent même vaquer à
leurs activités respectives. Il y a un fait qui a beaucoup retenu mon
attention, à l'âge de quatorze ans, en revenant de l'école
on a observé une vielle dame flottant sur la rivière
dénomma l'Acul. Cette dame était morte parce qu'elle a
été ivre en revenant de marché et elle tomba dans la
rivière peu profonde. De plus quand j'étais en classe de seconde,
le co-directeur de mon établissement était mort à cause
d'une intoxication (cirrhose du foie) par suite d'une longue période de
consommation excessive d'alcool.
Ce travail a une portée académique où
l'on fait obligation aux étudiants ayant bouclé le cycle
d'étude de remettre un mémoire pour obtenir leurs licences.
Le problème de l'alcool est passé sous silence,
alors qu'il continue à tuer beaucoup de consommateurs. Un tel travail va
permettre de faire une réflexion en profondeur sur la situation des
alcooliques. Et cette réflexion peut contribuer à
l'enrichissement du Travail Social et informe tout le monde sur les
méfaits de l'alcool.
En se référant à l'objet d'étude
du Travail Social qui est : les problèmes sociaux vécus
prioritairement par les classes défavorisées. Les alcooliques se
trouvent aux prises à des problèmes sociaux, ils sont victimes
d'exclusion et de marginalisation. Travailler sur un tel thème est
important parce qu'il va permettre à tous ceux qui ignorent et qui
réfléchissent sur le problème des alcooliques de prendre
conscience de l'existence réelle de ce problème d'une part, puis
contribuer à l'enrichissement de la discipline d'autre part. Ce sont
tous ces motifs qui me portent à faire choix d'un tel thème.
Ce travail se réalise sur la base des objectifs
suivants :
· Faire ressorti les difficultés d'adaptation chez
les alcooliques à l'APAAC.
· Expliquer les causes de l'alcoolisme chez les clients
de l'APAAC
A l'heure actuelle, l'alcool est l'une des drogues dont
l'usage soit licite sans condition, voire même encouragé, pour
toutes les catégories. Son usage est contrôlé de quelque
façon ou bien doit être fait sous ordonnance médicale selon
Dollard1(*). L'alcool est
connu partout dans le monde, et ses matières premières sont
innombrables. En essayant de faire une historicité de ce produit, on se
réfère à Jean Luc Bellanger2. Pour ce dernier
il est impossible de fixer une date même approximative de l'apparition de
l'alcool, une des dates les plus anciennes nous vient d'Egypte, où une
bière d'orge était consommée déjà environ
trois mille ans avant notre ère.
D'après Sournia3, la consommation d'alcool
est donc selon toute vraisemblance antérieure à l'agriculture et
à la sédentarisation des peuplades vouées à la
cueillette et à la chasse.
C'est apparemment le miel qui a fourni au monde le premier
éthanol buvable. La plupart des peuples du monde ont découvert
l'usage des boissons alcoolisées sur tous les continents. A part de
quelques exceptions près, cette alcoolisation
généralisée de l'espèce humaine a suscité
des conduites collectives de caractère festif.
Depuis très longtemps les individus font usage des
boissons alcoolisées même avant Jésus Christ. Pour parodier
Sournia l'alcool est un produit culturel, il fait parti de la vie sociale des
groupes. Le groupe découvre une nouvelle solidarité en consommant
de l'alcool, l'individu n'est pas seul devant ses hantises d'homme.
L'alcool a été consommé par l'homme
très tôt dans son histoire. Les observations archéologiques
portent à soutenir que la vigne a été utilisée
à l'état sauvage dans le Sud-est asiatique, il y a environ neuf
mille ans. Toutefois les aborigènes australiens, les populations de
plusieurs îles du pacifique et les autochtones de l'Amérique du
Nord ont ignoré les boissons fermentées. L'arrivée des
colonisateurs européens les a initiés. On retrace des
récits évoquant l'alcool, sous forme de bière ou de vin
dans les pays du bassin de la Méditerranée, en Asie, en Inde, en
Amérique centrale et en Amérique du Sud. On attribua une origine
divine aux boissons fermentées. Les Veda, l'Ancien Testament, l'Iliade
et l'Odyssée de même que les Chroniques des Premiers voyageurs en
Amérique du Sud établissent cette association. Les boissons
fermentées, le vin et le pulque mexicain sont mis en relation avec les
idées de la vie, d'immortalité, de connaissance, d'alliance,
d'amour, de sagesse et de vérité selon Nadeau.4(*) Le vin revêt d'un
caractère religieux pour certaines Eglises du christianisme où
on l'utilise comme symbole du sang de Jésus Christ.
D'après les points de vue des différents
auteurs cités plus hauts, on ne peut pas dire exactement à quel
moment précis l'alcool a fait son apparition dans le monde. La date de
son apparition se diffère d'une société à l'autre
et même aussi d'un continent à l'autre quel que soit le type de
boissons alcoolisées consommées. Cependant, de façon
unanime ils ont admis que l'alcool a vu le jour dans la période
située avant Jésus Christ.
La consommation d'alcool en tant que telle ne pose pas de
problème, celui-ci réside dans la fréquence et la
quantité de boissons alcoolisées consommées. Son usage
abusif engendre des souffrances physiques et morales d'après
Dollard5
Cela sous tend qu'il affecte l'organisme humain et
entraîne des troubles comportementaux chez l'individu alcoolique. En ce
sens la consommation excessive d'alcool n'a-t-elle pas des effets
néfastes sur les consommateurs ?
Dollard ajoute que l'abus d'alcool a des répercussions
sur l'organisme humain. Parmi toutes les drogues, il reste celle la plus en
usage, et qui engendre le plus de difficultés mentales et morales.
L'alcool tue six fois plus que les drogues illicites. Dans
tous les pays occidentaux, l'alcoolisme représente la toxicomanie
majeure en raison du nombre de personnes qui sont victimes par les
méfaits sociaux de toutes sortes et aussi par les souffrances physiques
qu'il entraîne, a-t-il dit Burhig6(*). Il veut dire par souffrances physiques que l'alcool a
causé la mort à de nombreuses personnes soit à
l'état d'ivrogne : accident et intoxication (foie, poumon).
Ces souffrances s'accompagnent aussi d'une dépendance
physique chez les alcooliques affectant leur santé, manifestée de
diverses façons soit par des tremblements, soit par des atteintes
d'organes et perte d'équilibre (cirrhose du foie, cancer des poumons).
Les traditions et les opinions courantes ont créé plusieurs
fausses croyances sur les effets physiologiques de l'alcool. Ce produit ne rend
pas plus actif, au contraire il ralentit le fonctionnement du cerveau, diminue
les perceptions et les réactions. Il brûle l'estomac, ce qui
provoque une crampe, donnant l'illusion d'avoir faim. Les personnes
âgées qui en consomment sont plus sensibles à ses effets,
car leur circulation sanguine, leurs reins, et leur foie est plus lent à
éliminer l'alcool, et leur organisme contient moins d'eau pour diluer
l'alcool.
Boire de l'alcool7(*) durant une longue période attaque l'appareil
digestif et peut provoquer des maux comme : Le cancer de la gorge et de la
bouche, les ulcères d'estomac. Toute consommation abusive des boissons
alcoolisées entraîne inévitablement des conduites anormales
chez le sujet qui boit.
Pour Sournia, celui qui boit trop commet une transgression, et
comme l'ivrogne ébranle les hiérarchies par ses plaisanteries
irrespectueuses et ses violences, il menace l'ordre et bafoue la loi, brave les
interdits sexuels et méprise les contraintes familiales qui constituent
le fondement de toute société. Il accumule les transgressions,
dès lors il est coupable et mérite d'être puni. Cependant
Sournia n'a pas mis l'accent sur les motifs poussant l'alcoolique à
boire une forte dose jusqu'à arriver à transgresser les normes
sociales. Pour combattre ces violations, il proposa une solution
répressive, à savoir la punition (emprisonnement). Ces attitudes
adoptées par l'alcoolique sont un refus de l'autorité familiale
et étatique. De son point de vue on comprend que l'alcoolique est en
quête de sa liberté, de son autonomie ; pour les trouver il
faut qu'il se libère des contraintes familiales, des normes en vigueur
dans la société en manifestant des comportements anti-sociaux.
Tout ceci permet de dire que l'alcoolique est un anti-conformiste
c'est-à-dire ses réactions sont tout à fait
contradictoires aux normes familiales et sociales. Sournia n'a pas
indiqué les moyens de prévenir les attitudes anti-sociales de
l'alcoolique, ni les moyens de sa prise en charge.
Contrairement à Sournia, Gervais8 sans
doute voit dans l'alcoolisme une conduite d'intégration sociale,
néanmoins qui devient à la longue un facteur de marginalisation.
L'alcool est un lubrifiant social, c'est l'expression magique
indispensable à l'expression de convivialité. On le sert dans
toutes les grandes cérémonies de la vie quotidienne
(Baptême, mariage, anniversaire de naissance, communion...). Il souligna
le caractère dangereux de la consommation répétée
d'alcool au sens qu'il finit par modifier le comportement du sujet alcoolique
et du même coup il évoque le caractère festif de ce
produit. Tous ces auteurs n'ont pas
famille). La nature des relations familiales avec les
alcooliques n'est-elle pas déterminante dans leur processus de
traitement ?
L'environnement familial joue un rôle important dans les
habitudes de consommation d'alcool. Le comportement alcoolique n'est donc plus
pensé comme une pathologie individuelle en terme intrapsychique, mais il
est comme un problème d'interaction au sein du groupe. Ainsi
l'alcoolique n'existe pas indépendamment du système de relation
dans lequel il a vécu d'après Bernard9(*).
Pour corroborer le point de vue de ce dernier, il est
intéressant de voir l'approche de Satir10 pour qui la famille
est un système. De son point de vue un système qui fonctionne
présente six caractéristiques :
· Une raison d'être ou but
· Des éléments essentiels (Travailleurs
sociaux disposant leur savoir faire au service des clients).
· Un ordre de fonctionnement (principes, valeurs,
connaissances qui comptent pour les travailleurs sociaux, mais diffèrent
pour les familles).
· Un moyen pour démarrer le système
· Le pouvoir ou les moyens de maintenir le niveau
d'énergie afin que les éléments fonctionnent.
· Des moyens de comparer avec les changements provenant
de l'extérieur.
Le pouvoir ou les moyens de maintenir le niveau
d'énergie afin que les éléments fonctionnent.
Des moyens de composer avec les changements provenant de
l'extérieur.
Dans l'approche Satirienne, l'accent est mis sur la
tâche, la compétence et la responsabilité du travailleur
social dans les services sociaux d'une part, sur la tâche et la
responsabilité des familles d'autre part. L'accomplissement de ces
tâches, de ces responsabilités ne peut se réaliser sans une
interaction entre les membres de la famille et les travailleurs sociaux. Enfin
on peut en déduire que toute absence d'interaction débouche
nécessairement sur l'exclusion de l'alcoolique. Les avis des auteurs
autour du phénomène alcoolisme sont partagés. Certains
courants ont considéré l'alcoolisme comme une maladie. Quel est
le fondement de ce discours ?
Le terme maladie pour Suissa1(*)1 a toujours été associé à
un déséquilibre de l'homéostasie de la personne et
historiquement inscrit dans une vision médicale et organique du corps,
Il poursuit pour dire le fait de croire que l'alcoolisme est une maladie
universellement soutenue par les institutions publiques, les centres
privés de traitement et les groupes Alcooliques Anonymes (AA). Ces
groupes nourrissent l'idée que l'alcoolisme est une maladie
irréversible.
Il situera son approche en premier lieu, dans
l'évolution historique du concept de maladie ainsi que ses principaux
fondements actuels dans le mouvement des AA, et en second lieu il se refera aux
variables culturelles et sociales pour analyser et expliquer un contre discours
de la maladie ou le changement social serait plus propre à une
responsabilisation des personnes vivant des problèmes de
dépendance ou d'abus d'alcool.
Le fondement de ce discours trouve son explication dans
certaines théories telles que : la théorie de la
personnalité héritée et celle de
l'acétaldéhyde.
En ce qui concerne la première,
l'hérédité en alcoolisme et dans les troubles mentaux est
souvent présentée comme la dernière découverte
scientifique. Des recherches effectuées prouvent que l'alcoolisme n'a
rien d'héréditaire. D'autres résultats montrent que les
individus développent des habitudes régulières de
consommation sans avoir un parent alcoolique. Cela sous tend que l'individu ne
naît pas alcoolique. Autrement dit l'alcoolisme n'a rien
d'inné.
La seconde stipula que l'alcoolique ne métaboliserait
pas correctement l'alcool. Cette tendance est surtout défendue par Milam
et Ketchman (1981). L'alcoolisme étant complètement
déterminé biologiquement.
Cette approche a été depuis mise partiellement
en veilleuse, après qu'aucune recherche n'ait pu démontrer une
concentration anormale d'acétaldéhyde chez les sujets ayant but
l'alcool.
En analysant ces deux théories on se heurte à
des difficultés de taille, la première considère
l'alcoolisme comme une maladie tandis que la seconde voit en elle un
déterminisme biologique. Considérer l'alcoolisme comme une
maladie héréditaire et rendre l'alcoolique responsable de son
mal, n'ignore-t-on pas l'influence de son environnement ?
Quelques auteurs ont considéré l'alcoolisme
comme une maladie ; pour reprendre Jellineck « l'alcoolisme est
une maladie progressive » et que seule l'abstinence protège
l'alcoolique de la folie ou de la mort. » André Boudreau,
fondateur de l'Office de Prévention et de Traitement de l'Alcoolisme et
des Toxicomanes (OPTAT) soutenait l'idée de ce dernier en affirmant
que : l'alcoolisme est la maladie du buveur excessif qui a
définitivement perdu le contrôle de ses consommations. C'est une
maladie incurable puisque le consommateur ne pourra plus jamais boire
modérément et que pour lui la seule force de modération
c'est désormais l'abstinence totale. On ne guérit pas
l'alcoolisme, du moins de l'état actuel des connaissances, et la
personne qui s'est arrêtée de boire, peut reprendre sa maladie
exactement là où elle l'avait laissé quinze ou même
vingt ans plus tard.
Considérer l'alcoolique comme un malade revient
à nier les valeurs socio-familiales nécessaires à
l'équilibre entre l'individuation et la socialisation (Lesseman :
1989). Il continue pour dire que nous assistons à une disparition des
structures affectives de base. Le concept de maladie mine les standards
légaux et moraux dans la mesure où il réduit
considérablement des individus à contrôler leurs
comportements.
Ce qui est frappant dans la théorie de maladie
appliquée aux comportements déviants, c'est qu'elle milite
à l'encontre des mécanismes de dysfonctionnement permanent.
L'appréhension de l'alcoolisme comme étant une
maladie nous renvoie directement à une approche médicale ;
le consommateur est affecté au niveau de certains organes du corps.
Cette approche ne permet pas de saisir l'alcoolique dans sa globalité.
Si l'on veut comprendre mieux le problème des alcooliques, l'approche
humaniste ne se révèle-t-il pas indispensable ?
Un des figures de proue de cette théorie C.
Rogers1(*)2 a dit tout
organisme est animé d'une tendance à prendre sa vie en charge, en
la conservant son enrichissement et possède en lui toute
compétence pour résoudre ses problèmes et orienter ses
conduites. L'idée rogérienne est renforcée par
Dollard13 en suggérant la prise en charge de l'alcoolique
par lui-même au lieu d'une institution. Elle constitue la
caractéristique essentielle du traitement psychosocial. Selon eux,
aucune transformation réelle n'est possible si l'alcoolique n'a pas la
volonté de changer ses pratiques. Ils ont insisté beaucoup sur la
potentialité du client comme facteur de changement. La
potentialité suffit-elle pour modifier les attitudes des
alcooliques ?
Ils ont pris l'individu de façon isolée dans le
système qu'il évolue sans tenir compte des autres
éléments du système comme la famille, les amis, le
milieu... Pour avoir une idée plus précise de l'individu vivant
au sein du système, la théorie des systèmes
développés par Bertalanffy est incontournable. L'idéal
implicite visé par le système est l'équilibre.
En parodiant Cézar 1(*)4 les relations dans un organisme psychosocial se font
sous forme d'échange. Elles permettent au travailleur social
d'identifier le problème des clients qui sont aux prises à des
problèmes inhérents à la vie. De là le
système présente un déséquilibre à cause du
sujet alcoolique qui est marginalisé, inadapté par rapport au
système. L'alcoolique possède-t-il toutes les compétences
y compris savoir-faire et savoir être pour trouver une solution à
son problème ?
Il est présenté comme un ivrogne, celui qui a
perdu la liberté de s'abstenir face à l'alcool et il est
dénié de bon sens ; un tel individu est incapable de prendre
sa vie en charge sans une intervention au préalable. Donc l'institution
n'est-elle pas indispensable dans la prise en charge des alcooliques ?
En se référant à la théorie des
systèmes, la prise en charge est liée à la
communication. Dans le système les éléments sont
interdépendants, la modification de l'une entraîne celle de
l'autre. Toute modification d'un élément entraîne un
déséquilibre manifesté sous forme d'inadaptation. Le
problème apparaît dans la relation entre l'individu et son
environnement. L'individu inadapté se heurte à de nombreuses
difficultés. Ce qui amène à poser la question
centrale : Quels sont les facteurs qui expliquent les
difficultés d'adaptation des alcooliques de l'APAAC ?
Pour répondre à cette question, deux
hypothèses sont formulées :
1) Les lieux fréquentés par l'alcoolique rendent
difficile sa prise en charge psychosociale.
2) La nature des relations sociales entre l'alcoolique et ses
proches empêche le processus de traitement.
Dans la première hypothèse, lieux
fréquentés est la variable indépendante. Le choix de cette
variable dérive de l'observation faite sur les alcooliques. La prise en
charge psychosociale est la variable dépendante, ce concept est
cité par Dollard dans le travail comme caractéristique essentiel
du traitement psychosocial, de plus c'est le thème du mémoire.
En ce qui concerne la seconde la nature des relations
sociales est la variable indépendante. Le vocable relation est
utilisé par Satir, Bertalanffy comme fondamental pour le fonctionnement
du système. Selon la nature des relations existant entre l'alcoolique et
son environnement le processus de traitement peut-être avancé ou
bloqué. La variable dépendante est le processus de traitement.
Dans cette étude, on s'intéresse surtout
à la prise en charge psychosociale des alcooliques. Ils sont saisis dans
une double dimension : psychologique et sociale. Il est divisé en
cinq chapitres :
- Au premier chapitre, on présente la centration de
l'intervention sur les clients et les autres sous-systèmes. La
théorie humaniste, la théorie des systèmes et l'approche
psychosociale servant de référence théorique pour la prise
en charge psychosociale des alcooliques. La première théorie est
insuffisante parce qu'elle ne tient pas compte de l'environnement du client.
Pour ce on utilise la seconde qui permet de voir le client en relation avec les
différents sous-systèmes. Enfin l'approche psychosociale permet
de faire une comparaison entre son modèle de traitement et celui qu'on
fait à l'APAAC.
- Dans le second chapitre on présente l'abus
d'alcool : ses causes essentielles et ses effets sur les consommateurs.
- Le troisième chapitre traite de la conduite a risque
et la quantité d'alcool consommé.
- On présente dans le quatrième chapitre, le
lien existant entre la consommation d'alcool et la violence domestique. Les
recherches montrent que l'alcoolisme ne peut en aucun cas une excuse à
la violence domestique.
- Le cinquième chapitre, on fait la
présentation de l'institution, la sélection des unités
statistiques, l'analyse et l'interprétation des données
recueillies pendant l'enquête réalisée sur les alcooliques
de l'APAAC.
Opérationnalisation des variables de
l'hypothèse
1) Les lieux fréquentés par l'alcoolique rendent
difficile sa prise en charge psychosociale.
Variable indépendante
|
Variable dépendante
|
Lieux fréquentés
|
Prise en charge psychosociale
|
Dimension
· Groupe d'amis alcooliques
· Night club
|
Dimension
· Encadrement de l'alcoolique à l'intérieur
de l'APAAC
· Encadrement de l'alcoolique à l'extérieur
de l'APAAC
|
Indicateurs
· Types de boissons consommées
· Quantité d'alcool bu
· Fréquence des visites
|
Indicateurs
· Counselling
· Rendez-vous
· visite domiciliaire
|
2) La nature des relations sociales entre l'alcoolique et ses
proches empêche le processus de traitement
Variable indépendante
|
Variable dépendante
|
Nature des relations sociales
|
Processus de traitement des alcooliques
|
Dimension
· Relation conflictuelle avec sa famille
· Relation harmonieuse avec les pairs
|
Dimension
· Thérapie familiale
· Psychothérapie individuelle
|
Indicateurs
· Autoritariste des parents
· Tolérance des pairs
|
Indicateurs
· Rencontre avec la famille
· Histoire sociale de l'alcoolique
|
METHODOLOGIE
C'est l'ensemble des démarches poursuivies par le
chercheur pour obtenir les données qu'il fournit. M. Grawitz :
p.564
Le propre de la méthode, dit A. Kaplan (1964), est
d'aider à comprendre au sens le plus large, non des résultats de
la recherche scientifique, mais le processus de la recherche lui même. M.
Grawitz : p.15
METHODOLOGIE
La partie méthodologique concerne l'ensemble des
procédés utilisés pour faire ce travail de recherche.
D'abord on formule le sujet, puis on passe à l'élaboration de la
problématique, la question de départ à partir de la
révision de littérature.
Révision de littérature
La littérature c'est l'ensemble des documents
écrits tels que : Les livres, les revues scientifiques, les
articles, les sites web. Pour faire ce travail on puise dans ces sources les
informations pertinentes concernant le phénomène alcoolisme. On
prend en compte le point de vue des auteurs sur le problème posé
par la consommation immodérée des boissons alcoolisées,
puis l'approche concernant la prise en charge psychosociale et les concepts
utilisés. Elle nous a permis d'élaborer la problématique
et le cadre théorique de la recherche.
Entrevues
L'entrevue porte sur les résultats qualitatifs,
l'interrogé n'est pas forcément un spécialiste dans le
domaine. Dans l'entrevue le vis-à-vis est celui qui vit dans le
domaine.
On fait des entrevues avec des personnes ressources pour
recueillir des informations pertinentes sur la question de départ et les
hypothèses de ce travail. En premier lieu on fait une entrevue avec la
coordonnatrice de l'APAAC portant sur les causes de la surconsommation
d'alcool, les ressources, le traitement des clients à l'association.
Ensuite on interroge les alcooliques qui se trouvent au Centre Hospitalier
Universitaire Psychiatrie Mars and Kline
Echantillon par quotas
Notre choix s'est porté sur l'échantillon par
quotas ; les personnes sont au nombre de huit. On a
opérationnalisé les principales variables
considérées dans la formulation des hypothèses.
Questionnaire
C'est un instrument de registre des données par lequel
on mesure les variables. Dans un questionnaire ce sont les répondants
qui impriment les réponses.
Dans le cadre de ce travail, on utilise le questionnaire pour
compléter la partie théorique du travail en allant sur le terrain
pour rencontrer les personnes ressources. Il permet aussi de trouver les
premiers éléments de réponse à la question de
départ, de motiver, d'inciter les alcooliques à parler et du
même coup de recueillir des informations pertinentes pour le
mémoire. Ce questionnaire comprend trente deux questions et il est
divisé en trois parties : La première partie
titrée « Profil sociodémographique du
client » contenant des questions portant sur l'âge, le sexe, le
statut matrimonial, la religion des clients ou alcooliques. La deuxième
partie concerne la situation des clients par rapport à l'alcoolisme et
la troisième porte sur les services offerts par l'APAAC.
CHAPITRE I : CENTRATION DE L'INTERVENTION SUR LE
CLIENT ET LES AUTRES SOUS-SYSTEMES
Dans ce chapitre, on développe les théories et
l'approche utilisée dans le cadre de ce travail. Elles constituent la
base et serviront d'orientation à cette recherche. La partie
théorique comprend deux grandes théories : la théorie
humaniste et la théorie des systèmes et l'approche
développée est la psychosociale.
1.1- Théorie Humaniste
La théorie humaniste a été
élaborée par A. Maslow (1950) et C. Rogers (1951), ces derniers
proposèrent une image stimulante de la personne et confiance dans sa
capacité de vivre la vie pleine et entière, même au prix du
changement d'attitude et de comportements bien ancrés.
Maslow a élaboré une pyramide des besoins
humains. D'après lui « il existe une hiérarchisation
des besoins.» La satisfaction des besoins se fait selon un ordre assez
rigoureux (Fèvre : 1993, p.19)
Il naît autant de la nécessité de
posséder ou de consommer certains objets pour vivre (besoins organiques)
que des expériences sociales de l'enfant et de l'univers culturel de
l'adulte. Pour lui il faut satisfaire un besoin inférieur avant de
s'occuper de celui qui est supérieur.
La pyramide est faite suivant cet ordre : besoins
organiques, de sécurité, sociaux, d'estime, de réalisation
de soi.
Pyramide de Maslow
Besoin
D'accomplissement
De
réalisation de soi
Besoin
d'estime
Statut
respect
Besoins sociaux
Appartenance,
acceptation
Besoin de
sécurité
Besoins
physiologiques : faim, soif
Source : mémoire d'Eddy SAINT PAUL sur la
prise en charge institutionnelle des personnes âgées en
Haïti, 1999.
Selon Maslow, le comportement dépend des besoins de
l'individu ayant pour principal objectif la satisfaction.
Carl Rogers est un psychologue américain (1902
-1987) ; il est l'un des représentants les plus
célèbres du courant humaniste. La thérapie centrée
sur le client constitue le fondement de sa théorie. Elle vise à
permettre au client de prendre conscience de ses sentiments véritables
afin de progresser vers son épanouissement.
En reprenant Mucheilli, dans l'Entretien de face a
face sur la relation d'aide, il donne des principes pour comprendre le
problème du client.
Pour lui l'entretien centré sur le client ou la
centration sur le client (R. Mucheilli : pp. 8-11) permet de comprendre le
problème tel que le client l'éprouve, et suppose logiquement les
principes suivants qui sont formulés ainsi :
1) Une attitude d'intérêt ouvert,
c'est-à-dire une disponibilité intégrale, sans
préjugé ni apriori d'aucune sorte, une manière
d'être et de faire qui sont un encouragement à l'expression
spontanée d'autrui.
2) Une attitude de non jugement qui permet de tout recevoir,
de tout accueillir, sans critique, ni culpabilisation, ni conseil.
3) Une attitude de non directivité, c'est-à-dire
il n'y a pas quelque chose de présupposé à chercher ou
à vérifier, et que le client a l'initiative complète dans
sa présentation du problème et dans son itinéraire.
4) Une intention authentique de comprendre autrui dans sa
propre langue de penser dans ses termes, de découvrir son univers
subjectif c'est-à-dire de saisir les significations que la situation a
pour le client.
5) Un effort continu pour rester objectif et pour
contrôler tout au long de l'entretien ce qui se passe (Roger
Muchielli : pp. 8-11).
L'approche rogérienne appelée thérapie
centrée sur le client, se fonde sur la conviction que nous avons tous en
nous de vaste moyen pour nous comprendre et de modifier nos idées sur
nous même, nos attitudes essentielles et notre comportement. Cette
thérapie est non directive. Le client dirige l'action nommant et
explorant lui-même ses problèmes. Elle permet à ce dernier
de prendre conscience de ses sentiments véritables afin de progresser
par lui-même vers son épanouissement.
C'est après un long « counselling »
(assistance psychologique au sein d'une institution sociale) et des milliers
d'heures passées à travailler dans l'intimité individu en
détresse qu'il élabore un certain nombre de convictions
personnelles à partir des principes de base de sa théorie (F.
Cézar : 2002, p. 26).
Quant au thérapeute, il reflète ou paraphrase
les émotions et les idées importantes formulées par le
client. Il aide ce dernier à ressentir les émotions
impliquées et à s'arrêter aux directions les plus
puissantes dans sa recherche de connaissance de soi. Cette thérapie
permet de familiariser avec l'alcoolique considéré comme client,
de le faire prendre conscience de sa situation et de le montrer que son
état mérite d'être changé. Elle permet aussi de voir
l'affectivité, la tristesse du client au niveau du
«counselling.» Cependant l'accent n'a pas été mis
sur l'environnement du client qui est un facteur non négligeable dans sa
prise en charge dans le développement de cette théorie. Pour cela
il faut faire appel à la théorie des systèmes pour
comprendre la relation existant entre les divers éléments du
système y compris l'environnement.
1.2-Théorie des systèmes
La Théorie des systèmes selon Hearn1(*)5, se fonde sur
l'hypothèse que la matière, dans toutes ses formes, vivantes ou
non vivantes, peut-être considérée comme des
systèmes et que les systèmes en tant que tels ont certaines
propriétés discrètes qui sont capable d'être
étudiées. Les individus, les petits groupes y compris les
familles et les organisations complexes comme les quartiers et les
communautés, les entités avec lesquelles traite
généralement le travail social peuvent être
considérés comme des systèmes avec certaines
propriétés communes. Pour lui toutes ces entités forment
le système social qu'il a défini comme la disposition des
personnes selon un certain ordre. La façon dont cette disposition se
présente est la structure sociale. Le lien entre le processus social et
la structure sociale, est constitué par la fonction. En d'autres termes
l'activité générale du système, est le produit du
fonctionnement des personnes dans une structure ordonnée. Il
considère la famille comme un système social de base.1(*)6
Hearn a insisté sur la disposition des personnes dans
la structure sociale et leur fonction, c'est-à-dire la place qu'elles
occupent dans cette structure sans pour autant mettre l'accent sur
l'interaction entre les personnes constituant cette structure.
Un système social est pour Anderson et Carter (1990),
un tout organisé, formé d'éléments qui
interagissent de façon distincte à partir de leur interaction
avec d'autres entités et qui dure pendant une certaine période de
temps1(*)7.
La théorie des systèmes a été
élaborée par Ludwig V. Bertalanffy1(*)8 qui est un biologiste, fondateur de la
théorie générale des systèmes à travers son
oeuvre « général system theory ». Dès
1937, il a présenté le concept de « système
ouvert » qui évoluera petit à petit vers la
théorie générale des systèmes. Le but de cette
théorie était de dégager les principes explicatifs de
l'univers considéré comme système, à l'aide
desquels on pourrait modéliser la réalité. « Il
y a des systèmes partout. » Cela revient à dire que
l'on peut observer et reconnaître partout des objets possédant des
caractéristiques des systèmes, c'est-à-dire des
totalités dont les éléments en interaction dynamique,
constituent des ensembles ne pouvant être réduit à la somme
de leurs parties.
Le concept de système ouvert, c'est-à-dire le
non-déterminisme est indispensable à la compréhension de
cette approche. Les systèmes ouverts ont quatre
propriétés :
1) Totalité, l'interaction des éléments
du système est très forte et une modification de l'un de ses
éléments influe sur les autres éléments. Le fameux
« Toutes choses égales par ailleurs » est exclu.
2) La non sommativité : Un système n'est
pas la somme de ses éléments. Il faut négliger les
éléments et s'intéresser à la
« gestalt » du système.
3) La rétroaction : Les réactions sont plus
complexe que le causalisme positiviste plus réducteur.
Rétroaction et circularité seront retenues comme critère
d'observation au détriment de la cause de la finalité.
4) Equifinalité : La forme active d'un
système sur son environnement est déterminée par la nature
même de la recherche et de son équilibre ici et maintenant.
En reprenant Cézar dans son mémoire, Bertalanffy
a distingué deux types de systèmes : Les systèmes
ouverts et les systèmes fermés : la famille par exemple est
un système ouvert et le moteur d'une voiture est un système
fermé. La différence entre les deux apparaît dans la
réaction spécifique au changement, un système ouvert se
prépare au changement.
Tout système ouvert présente trois
caractéristiques : structure, fonctionnement et
évolution.
- La structure se réfère à l'organisation
spatiale des éléments du système. Elle se
caractérise par : 1) des frontières qui délimitent le
système et le sépare du monde extérieur ; 2) des
éléments, qui peuvent être dénombrés,
rassemblés par espèces, et dont les interrelations
définissent ce système ; 3) des moyens rendant le
système apte à recevoir, conserver, traiter l'information ;
parmi ces éléments figurent le réseau de communication.
- Le fonctionnement renvoie à la réponse du
système grâce aux informations recueillies et traitées par
des sorties ou « out put » de conduites à des
entrées ou « input » sensoriels. Un de ses traits
distinctifs est la nature des relations qui existent entre les
différents éléments ainsi que le processus de transaction.
Un système ouvert présente toujours un échange cyclique
à deux phases qui se règle et se corrige de lui-même. Alors
que l'interaction comprend uniquement l'action d'une personne et la
réponse d'une autre, le feed-back ou rétroaction renvoie à
l'entrée dans le système des informations sur les
résultats de l'action.
La transaction consiste en un échange continu de
communication entre les individus dans un champ donné. Elle comprend
l'action d'une personne, la réponse d'une autre, les réactions
que cette réponse induit. Le travailleur social dans son intervention
doit prendre conscience des différents systèmes et sous
systèmes, des éléments en interactions et leurs
caractéristiques. Chaque activité est une
« entrée » dans le système qui sera
utilisé, intégrée ou rejetée, elle donnera lieu
à des « sorties » permettant de voir si cette sortie
est conforme au résultat escompté, à l'objectif
poursuivi.
- L'évolution est caractérisée par
l'intégration, la tension et la stabilité dynamique.
L'intégration par opposition à l'addition ; puisqu'il ne
s'agit pas de sommation mais de constitution, implique que tout changement dans
l'une des relations, des composantes du système provoque un changement
dans le système total et dans les composantes eux-mêmes.
La tension ne survient que de façon occasionnelle et
résiduelle en tant que facteur de perturbation. La source de tension est
multiple : elle peut résider dans la composition de la
matière, de l'énergie ou dans les changements
d'incompatibilité de structures ; elle peut aussi provenir du fait
que des perturbations externes obligent le système à trouver un
moyen de traiter ces perturbations. Pour les praticiens du service social, la
réduction de la tension constitue souvent un objectif de travail, mais
de l'intérêt est accordé à la possibilité de
respecter tension et conflit pour faciliter créativité,
innovation et changement social.
La stabilité dynamique, c'est-à-dire
l'équilibre dans le mouvement, résulte de la combinaison et du
réajustement de nombreux équilibres successifs. Cela signifie que
les structures et les fonctions d'un système ouvert persistent
malgré le changement des éléments du système. Pour
se maintenir, le système réagit à tout changement
provenant de l'environnement ou de ses éléments par une
série de modification d'importance égale et de sens opposé
à ce changement ; c'est ce qui est appelé homéostasie
ou résistance au changement. Mais pour vivre, le système doit
évoluer afin de s'adapter aux modifications internes et externes.
Pour Bertalanffy, l'organisme vivant maintient un
déséquilibre appelé l'état stable d'un
système ouvert et de se trouver ainsi capable de distribuer des
potentiels existants ou « tension » grâce à
une activité spontanée ou en réponse à une
émission de stimulus ; il avance vers plus d'ordre et
d'organisation.
La stabilité dynamique se caractérise par
l'équifinalité. Si l'équifinalité du comportement
des systèmes ouverts est fondée sur leur indépendance
à l'égard des conditions initiales, non seulement des conditions
initiales différentes peuvent produire le même résultat
final mais les effets peuvent avoir les mêmes causes.
Il parait évident que la théorie humaniste
élaboré par A. Maslow et C. Rogers ne permet pas de comprendre le
problème de la surconsommation d'alcool dans toute sa globalité.
Autrement dit, elle donne qu'une explication fragmentée de ce
problème. Pour avoir une compréhension complète de
l'alcoolisme la théorie des systèmes est incontournable, celle-ci
tient compte de l'apport de chaque élément et leur interaction au
sein du système.
La théorie humaniste ne permet pas de comprendre le
problème de la surconsommation d'alcool dans sa globalité.
Autrement dit elle donne qu'une explication incomplète,
fragmentée de l'alcoolisme. La théorie des systèmes donne
une explication plus complète en tenant compte des différents
éléments ainsi que le type de relation développée
au sein du système.
En faisant allusion à l'alcoolique il est un
élément du système composé de la famille,
l'institution et ses amis. Pour assurer sa prise en charge on doit tenir compte
de ces trois sous-systèmes et les types d'interaction
développés entre les éléments.
1.3- Approche psychosociale
L'approche psychosociale2(*)0 se réclame de la théorie des
systèmes que ce soit pour la collecte des données, la formulation
du diagnostic et l'élaboration du plan d'action.
Elle s'adresse à la personne en situation : Celle
qui demande de l'aide est perçue dans le contexte de ses interactions et
transactions avec son environnement. Celui-ci peut devenir la cible des efforts
du travailleur social. Elle est historiquement la première forme du
« case work » social et se caractérisa par deux
éléments principaux :
a) La prise en compte de l'aspect psychologique et social que
comporte chaque cas, c'est-à-dire la personne dans sa situation.
b) L'importance donnée à un diagnostic
évaluation à la fois sur les problèmes et les ressources,
les points forts et faibles de la personne et de la situation.
Cette approche propose un ensemble de procédés
à suivre pour arriver au traitement du client :
- Comprendre le problème du client
- Etablir un diagnostic psychosocial des forces et des
faiblesses du client et de sa situation
- Engager le client dans le traitement en structurant un plan
d'action (le travailleur social va agir sur la motivation et la
résistance du client.)
- Etablir des relations de travail entre le client et le
travailleur social (la relation se base surtout sur les attitudes personnelles
et les techniques apprises par le travailleur social.)
Etude psychosociale
Recueillir les données nécessaires et les
ordonner de façon à ce que s'engage un sens. C'est
d'établir l'étude psychosociale du cas, premier objectif de la
phase initiale.
La collecte des données reçoit son élan
et sa direction de deux sources : le désir du client de parler de
ses difficultés, le désir du travailleur social de comprendre
comment elles sont produites et quelles sont les capacités
disposées pour leur faire face. Cette approche a suggéré
de voir au-delà de ce que le client présente comme
problème et a mis l'accent sur la compréhension des causes du
problème.
Diagnostic évaluation
Le diagnostic évaluation s'appuie sur l'observation,
sur la compréhension du problème en situation. Il s'appuie aussi
sur les connaissances théoriques, médicales, psychologiques,
sociales du travailleur social, sur son expérience personnelle et
professionnelle qui lui permettent de donner leur signification aux
données recueillies.
Techniques de traitement
a) Traitement direct
Le traitement direct appelé encore
psychothérapie, dans celle-ci on agit sur l'individu
considéré comme client.
b) Traitement indirect
Dans le traitement indirect ou sociothérapie, le
travailleur social intervient sur l'environnement dans lequel se trouve le
client.
Deux modèles de traitement sont adoptés à
l'APAAC :
Ambulatoire, le patient reçoit les soins en dehors d'un
centre hospitalier et est convoqué sur rendez-vous par deux conseillers
thérapeutes.
Résidentiel : le traitement est fait dans un
centre hospitalier spécialisé où le patient reçoit
à domicile de soins au traitement approprié sous la supervision
de toute une équipe de spécialistes de différents
disciplines.
Contrairement au traitement indirect, à l'APAAC
l'accent est mis sur l'aspect psychologique, considérant l'individu
comme isolé du reste de la société, L'aspect social est
ignoré c'est-à-dire l'environnement immédiat du client ne
participe pas dans le processus de traitement. Pour cela l'APAAC suit les
étapes suivantes dans ce processus:
Ce processus passe par quatre étapes :
Thérapie individuelle, thérapie de groupe, réinsertion et
suivi.
- Thérapie individuelle : un conseiller
reçoit le client en moyenne une fois par semaine pour l'aider à
comprendre le programme des douze (12) étapes, qui constitue la base de
traitement, et à sortir de son isolement.
- Thérapie de groupe : Le client apprend, au sein
du groupe, à se sentir de plus en plus comme faisant parti
intégrante de la société dans laquelle il vit. Il apprend
à renforcer sa capacité, à faire face à l'angoisse
de l'existence, à se connaître et à s'accepter tel qu'il
est vraiment et à développer un sens de responsabilité.
- Réinsertion
Le client est reçu par un thérapeute qui prend
le temps de regarder les différents aspects de sa vie, en vue de le
réinsérer dans sa famille et dans la société.
- Suivi
Après le traitement, il y a une phase de suivi au cours
de la quelle, le client est reçu par son thérapeute pour une
évaluation, et si c'est nécessaire, une révision de
certains aspects du traitement.
Le programme de réhabilitation utilise d'autres
supports pour aider le client dans le processus de traitement tels
que :
Les réunions de groupe entre A.A basé sur le
programme des douze étapes.
Le parrainage, un ancien alcoolique aide un autre membre
à ne pas consommer de l'alcool, à se libérer du besoin de
contrôler le comportement de son entourage et à reprendre le
contrôle de sa propre vie.
Durée du Traitement
La durée du traitement est de douze mois :
thérapie de groupe (30 sessions d'une heure pendant six mois),
thérapie individuelle (environ 46 sessions d'une heure pendant six
semaines) réinsertion sociale (12 sessions d'une heure pendant six
semaines).
Au cours du traitement sont prévus des rencontres ave
les proches des clients ; une fois le traitement est terminé, le
suivi est assuré par l'assistance continuelle et régulière
aux réunions des groupes d'entraide (A.A, parents, amis des
dépendants, codépendants anonymes).
On adopte deux modèles de traitement à
l'APAAC :
Ambulatoire, le patient reçoit les soins en dehors d'un
centre hospitalier et est convoqué sur rendez-vous par deux conseillers
thérapeutes.
Résidentiel : le traitement est fait dans un
centre hospitalier spécialisé où le patient reçoit
à domicile de soins au traitement approprié sous la supervision
de toute une équipe de spécialistes de différentes
disciplines.
Depuis l'existence de l'association en 1986 jusqu'aujourd'hui,
elle reçoit mille clients dont seulement 6% sont traités. Donc le
résultat montre que le modèle de traitement indirect
utilisé par l'association se révèle inefficace parce qu'il
prend en compte uniquement l'aspect psychologique de l'alcoolique. Le
modèle adopté par l'institution ne permettent pas l'adaptation
des clients parce qu'il concerne uniquement le modèle médical qui
se relève insuffisant pour apporter une solution véritable aux
problèmes des alcooliques. L'accompagnement à domicile par les
travailleurs sociaux n'est pas fait, l'échange avec les membres de la
famille du client est manqué. Tous ces manques expliquent le faible
pourcentage de clients traités.
Technique de soutien et d'orientation
Les techniques se proposent de soutenir le client et
d'orienter son action, tirent leur force et leur importance dans la relation
établie entre le client et le travailleur social.
Le travailleur social exprime son intérêt, sa
sympathie, sa compréhension, sa confiance dans les capacités du
client.
Techniques de réflexion et de
compréhension
L'approche psychosociale accorde une grande importance
à la prise de conscience par le client, des éléments
importants concernant sa situation, sa propre personne et l'histoire de ses
conditionnements extérieurs. Les deux techniques peuvent avoir comme
résultat la diminution de l'anxiété ou l'accroissement de
la confiance en soi.
Le but de cette approche est d'alléger la souffrance et
d'améliorer le fonctionnement du système que constitue la
personne en situation.
Enfin l'approche psychosociale permet :
- D'établir une bonne relation entre le client et le
travailleur social.
- D'identifier les difficultés confrontées par
le client.
- D'échanger les informations avec le client.
- De motiver, de conscientiser le client sur son
problème.
- De le faire sentir l'importance de changer son
état.
Dans cette approche on ne conçoit pas la personne qui
reçoit de l'aide en dehors de ses interactions avec l'environnement.
Cela est ignoré dans le processus de traitement à l'APAAC. Elle
tient compte des ressources du client tandis que les intervenants de
l'association les ont niés.
PRECISON CONCEPTUELLE
Le concept est une abstraction, ce n'est pas le
phénomène lui-même et il prend sa signification du contexte
d'où il est tiré. Il peut changer de sens suivant la façon
dont il est considéré. M. Grawitz : p.385.
La conceptualisation est plus qu'une simple définition
ou convention terminologique, elle constitue une construction abstraite qui
vise à rendre compte du réel. A cet effet, elle ne retient pas
tous les aspects de la réalité seulement ce qui exprime
l'essentiel du point de vue du chercheur. R. Quivy : p.120
1.4- Précision conceptuelle
Il est important de préciser le sens de quelques
concepts utilisés tout au long du travail.
A première vue dans l'expression « prise en
charge », on voit le substantif prise qui dérive du verbe
prendre.
Selon le Dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, cette
expression a le sens de prendre quelqu'un sous sa responsabilité,
d'assurer son entretien, ses dépenses. Dans ce contexte elle a une
connotation financière.
Au sens strict la prise en charge est l'ensemble des
procédés des stratégies qu'utilise une personne, une
institution pour satisfaire les besoins de quelqu'un ou d'un groupe.
Contrairement à cette définition ; la
« prise en charge psychosociale », a-t-il écrit
Cézar, c'est le soutient porté au client sur le plan psychosocial
dans son processus de traitement, l'adjectif psychosocial est défini
dans le Dictionnaire Universel Francophone (Hachette, 1997) comme ce qui est
relatif à l'étude des interactions de l'individu dans ses
rapports avec la vie sociale. C'est cette définition qui est retenue
pour ce travail.
Dans la pratique la prise en charge psychosociale a lieu dans
deux domaines d'activités pouvant s'entrelacer : interpréter
et intervenir. Interpréter signifie, définir et expliquer les
faits sociaux. Dans le détail, il peut s'agir de décrire des
activités, d'analyser des réalisations, de caractériser
des situations, d'interpréter des opinions, de décrire
périodiquement des solutions, de faire des investigations, de
représenter les responsables...
Intervenir recouvre toutes les conduites psychologiques :
informer, motiver, conseiller, rééquilibrer (fonction du Service
Social d'après la méthode unique, modifier, élaborer,
orienter, établir des liaisons (fonction de planification sociale et
d'investigation sociale d'après la méthode unique), assister,
aider (fonction d'assistance du Service Sociale).
La prise en charge psychosociale implique une action
guidée par la connaissance des valeurs et les habiletés en vue de
l'atteinte des buts spécifiques ; elle rend compte des concepts
d'intervention sociale et de potentialisation.
L'intervention sociale est définie par Jules Perron
comme une action organisée par des méthodes et des approches
développées par le Service Social et qui vise le changement dans
la nature des interactions personnes environnements. La focalisation
étant pointée sur la relation humaine, personnelle et
collective.
La potentialisation, d'après Guitirez (1994) est le
processus visant à accroître la capacité personnelle,
interpersonnelle ou politique de façon à ce que les individus,
les familles et les communautés puissent mener des actions pour
améliorer leurs situations.
Etant donné la prise en charge porte sur les
alcooliques, il est nécessaire de faire le point sur ce concept.
L'alcoolique est une personne qui boit beaucoup d'alcool (Dictionnaire Le
Robert, 1998).
Le terme alcoolique désigne un type de
personnalité marqué par une faille psychique précoce telle
que entraîne à plus ou moins long terme la nécessité
impérieuse et irrépréhensible de boire l'alcool, ou la
contrainte d'exercer vis-à-vis de la consommation d'alcool une exclusion
radicale. (Michèle Monjauze :1999)
Plus loin il est défini par Bailly et Venisse (1994)
comme celui qui a perdu la liberté de s'abstenir de l'alcool.
Pour l'OMS, l'alcoolique est un buveur excessif dont la
dépendance à l'alcool est telle qu'il présente soit un
trouble mental décelable, soit des manifestations affectant la
santé mentale, physique, les relations avec autrui et le bon
comportement social et économique (Boudeau : 1973). La notion de
buveur excessif parait un peu ambiguë parce qu'il y a une
différence entre alcoolique et buveur excessif. Ce dernier utilise
l'alcool comme : rituel d'intégration, anxiolytique et
s'arrête quand il atteint sa dose efficace (Bailly et Venisse :
1994). L'alcoolique ne vit pas seul le plus souvent, d'où l'importance
de parler de coalcoolique. Il fait face au problème de tolérance.
Le coalcoolique2(*)1 est celui ou celle qui permet, le plus souvent tout
à fait involontairement, que l'alcoolique continue à vivre sa vie
personnelle, conjugale et professionnelle sur le même mode : la
plupart du temps le coalcoolique est le conjoint, un ascendant ou un
descendant, parfois un supérieur hiérarchique ou un
collègue. Il soigne l'alcoolique et prend peu à peu à son
compte les tâches que l'alcoolique n'est plus en état
d'assurer.
On appelle tolérance l'adaptation de l'organisme
à une substance et la nécessité pour l'alcoolisque
d'augmenter les doses pour obtenir le même effet (Maya Chami : p.
45).
Certaines approches ont considéré l'alcoolisme
comme une maladie. Elle se rapporte à toute perturbation survenue dans
une ou plusieurs parties du corps, qui se manifeste par le trouble des actes
d'un ou plusieurs appareils en entier. 2(*)2
Pour le « Taber's Cyclopedic Medical
Dictionary », par maladie il faut entendre un état
pathologique du corps qui présente un groupe de signes cliniques, de
symptômes et de découverte de laboratoire propre au dit
état, conférant aussi à cette partie de l'organisme un
caractère unique permettant de différencier d'un autre
état normal pathologique.2(*)3
L'individu alcoolique en milieu institutionnel est
appelé client en Travail Social. Le client2(*)4 est un individu qui fait face
à un problème et qui pour des raisons physiques, psychiques ou
sociales ne peut vivre sans aide permanente ou temporaire, dans la
société ou la communauté à laquelle il
appartient.
L'adaptation est définie par Monique Tremblay comme
l'équilibre ou la recherche d'équilibre entre le bien-être
interne et externe dans certaines situations données. L'adaptation
psychosociale implique donc la présence de l'adaptation à la fois
à la réalité interne et à la réalité
externe. Il s'agit d'une recherche d'équilibre entre les pulsions, les
désirs, les exigences socio-morales et les attentes environnementales.
En tant que système elle est une réalité totale qui engage
et influence la personnalité individuelle et le tissu social.
Pour qu'il y ait adaptation à un milieu social, il
faut que toutes les personnes formant ce milieu aient entre eux un certain
dénominateur commun, c'est-à-dire les normes, les modèles,
les valeurs et les symboles qui sont partagés par tous, leur permettant
de participer aux mêmes identités collectives. En d'autres termes,
l'adaptation c'est la standardisation et l'uniformisation des
conduites.2(*)5
Enfin il y a le concept de traitement qui est un terme
polysémique. Alors Dollard a donné les différentes
acceptions de ce terme dans son livre intitulé Toxicomanies :
Styles de vie. Pour lui le terme «t raitement » prend
dans son acception propre des sens divers de sorte qu'il est faux de penser,
comme le veut la croyance habituelle qui l'associe traditionnellement avec la
médecine, qu'il ne se rapporte qu'a cette discipline. Sa valeur
sémantique doit etre élargie pour répondre au sens exact
du terme. Par référence au Petit Robert, la définition
précise du terme désigne « tout comportement a
l'égard de quelqu'un et tout acte traduit ce comportement ».
Cela peut s'étendre au soin prodigué par quelqu'un
(médecine), aux procédés permettant de modifier une
matière (industrie), au déroulement systématique des
opérations appliquées a de données (informatique), a la
rémunération accordée a des employés.
En toxicomanie le terme « traitement »
parait être défini comme l'ensemble des comportements
effectués a l'égard du toxicomane, ou comme le déroulement
des interventions par laquelle on tente de l'aider, eu égard a son
problème de psychotrope. C'est cette définition qui est retenue
pour ce travail.
CHAPITRE II : ABUS D'ALCOOL: SES CAUSES
ESSENTIELLES ET SES EFFETS SUR LES CONSOMMATEURS
La détermination des causes de la toxicomanie
représente une question très complexe. Les spécialistes en
ont une opinion très divergente.
La plupart des spécialistes affirment que l'alcool
représente un moyen pour s'évader ou s'échapper
momentanément au stress, quand la tension est devenue trop forte
(intervention : 1980, p. 55).
Certains alcooliques boivent de l'alcool pour rechercher un
état de bien-être, pour oublier leurs problèmes. D'autres
associent leur consommation à des faits magiques. Elle déclenche
parfois avec un événement tragique comme la mort de l'un des
parents. Ils consomment des boissons alcoolisées pour avoir du sommeil
et éprouve du même coup un sentiment intense de plaisir.
L'alcoolisme en tant que phénomène regroupe tous
les individus qui font une consommation abusive des boissons
alcoolisées. Les causes de leur consommation sont multiples. Il est
important de chercher les diverses causes de leur alcoolisme pour pouvoir mieux
intervenir sur leur problème et aussi dans le souci d'apporter une
meilleure solution en les aidant à sortir de la situation de
dépendances physiques et psychiques.
Inévitablement la conduite alcoolique est la
conséquence plus ou moins tardive d'une cause profonde. Nombreux sont
les facteurs qui sont à l'origine de l'étiologie de
l'alcoolisme :
2.1- Facteurs environnementaux
Ces facteurs sont de deux ordres : les facteurs de
l'environnement immédiat (la famille d'origine, les amis) et ceux de
l'environnement social.
Environnement immédiat
Certains individus qui deviennent alcooliques sont issus des
familles alcooliques, cela sous-tend que l'un d'entre eux est un consommateur
d'alcool. Donc les individus ont subi l'influence de sa famille.
Environnement social
D'autres deviennent alcooliques selon les personnes qu'ils
fréquentent. Fort souvent ceux qui fréquentent les groupes de
buveurs des boissons alcoolisées
2.2- Facteurs d'ordre personnel
Les individus ayant une pauvre estime d'eux-mêmes, ont
tendance à consommer de l'alcool. Il est similaire pour ceux qui sont
aux prises à des problèmes émotionnels comme : la
peur, l'anxiété qui ont été associé avec les
débuts d'une consommation excessive (Suissa : 1992).
Nombreux sont les personnes qui ont bu d'alcool dans le but de
trouver une certaine satisfaction dans l'exécution des travaux exigeant
beaucoup d'énergie physique, d'autres pour soulager les maux de
l'existence humaine : la douleur, la souffrance et aussi pour transgresser
les normes en vigueur dans la société en bravant les interdits
sociaux (inceste, viol) ont-t-ils dit Venisse et Bailly (Dépendance et
conduite de dépendance).
2.3- Facteurs culturels
Le fait de boire des boissons alcoolisées est
lié à la culture des peuples. Il y a des cultures qui encouragent
la consommation d'alcool (sociétés viticoles, notamment la
France).
L'alcoolisation fait partie en France d'un code de politesse,
contraignant pour l'abstinent et d'un rite social global : relations
familiales, amicales et professionnelles.
Roland Barthes a écrit à ce
sujet : « Le vin est pour la nature française comme
un bien qui lui est propre, savoir boire est une technique nationale qui sert
à qualifier les français ».
Plus loin dans la revue d'intervention Bibeau et Corin
corroborent le point de vue de Suissa en expliquant que les rituels, les lois,
les valeurs de certains groupes culturels peuvent encourager un mauvais usage
des psychotropes. Pour eux, les usagers peuvent avoir les expériences
les plus diverses face à la même substance. Room (1984) a
constaté que le taux d'alcoolisme est plus élevé dans le
groupe social ou le fait de boire est évalué par la
société comme un acte marginal ou asocial.
En jetant un regard sur la société
haïtienne, on voit que la consommation d'alcool est enracinée dans
notre culture. Les associations traditionnelles (escouade, combite,
corvée) qui travaillent la terre ont utilisé le
« tafia » et ses produits dérivés (asosi,
lanni dous, bwa kochon). L'alcool se sert dans toutes les
cérémonies de la vie quotidienne (mariage, funérailles,
baptême).
2.4- Poids des publicités
Les publicités faites pour les boissons
alcoolisées : « Rhum barbancourt, kleren lakay,
guiness, prestige, wisky wattson » encouragent la consommation
d'alcool en faisant savoir que ces boissons peuvent chasser la fatigue et elles
sont bonnes pour les personnes déprimées. En Haïti la
publicité pour les psychotropes à travers les mass médias
n'est pas régentée par une loi. Les publicités donnent une
image très attrayante de la consommation d'alcool en
général et un caractère hédoniste
irrésistible à la vie. En ce sens boire de l'alcool en toute
circonstance devenait un leitmotiv. Ces publicités ne soulignent pas les
effets néfastes des boissons alcoolisées sur la vie des
consommateurs. Dans la lutte contre l'abus d'alcool, l'APAAC offre plusieurs
services aux consommateurs qui visent a les sensibiliser contre la surdose
d'alcool et sa nocivité. En ce sens l'association offre des services
diversifiés à son public cible :
a) Prévention
Elle consiste à informer, faire de la sensibilisation
pour les toxicomanes à travers des activités multiples : La
publication du livret « Réflexions sur l'alcool et les autres
drogues » et de sa version créole « yon ti koze sou
alkòl ak dwòg.» Des causeries-débats adressées
aux écoles, aux entreprises commerciales et industrielles et à
tous les groupements et associations intéressés, des
publicités passent sur les ondes de certaines stations de radios.
Recueil de poèmes, conception et distribution des matériels de
sensibilisation sur la problématique de la drogue.
b) Education
Eduquer et former des groupes spécifiques plus
restreints (écoles, parents, pairs), la formation des agents formateurs
en prévention et séminaire de formation sur la drogue.
c) Intervention
Intervention communautaire et création de
réseaux visant à améliorer le développement
d'alternatives pour une amélioration du milieu de vie dans la
perspective de limiter le recours aux substances psychotropes
d) Réhabilitation
Elle consiste à aider le client à se
réintégrer dans la société, à retrouver
considération, l'estime de soi et des autres.
En plus de ces services, l'association dispose d'un centre de
documentation et d'une vidéothèque spécialisée sur
la problématique de la drogue, où l'on peut consulter des
ouvrages, brochures, revues ou visionner des cassettes sur les divers aspects
du problème de la toxicomanie. En dépit de la sensibilisation
faite par l'association très peu de consommateurs sont touchés
par les messages contre l'abus des boissons alcoolisées.
2.5- Lieu de travail
Les facteurs physiques et psychologiques se trouvant dans le
milieu de travail peuvent être à l'origine de l'alcoolisme des
employés : le bruit, la chaleur, les émanations des
substances toxiques incitent à boire des boissons alcoolisées
afin de suppléer à la déshydratation et de permettre
à l'organisme de se récupérer. La fatigue, la monotonie
des taches routinières et l'horaire du travail créent un stress
tel que la détente n'est atteinte que par la consommation (Cormier
Dollard : p. 57).
Certains individus ont utilisé l'alcool comme
remède, anesthésie pour alléger la souffrance et soulager
la douleur (Hillemand : 1993).
Freud abonde dans le même sens en écrivant dans
son livre Malaise à la culture : « La vie telle nous est
imposée est trop dure pour nous, elle nous apporte trop de douleurs, de
déceptions, de taches insolubles. Pour la supporter nous ne pouvons pas
nous passer des remèdes sédatifs.» En ce sens l'alcool aide
les individus à s'en passer de quelques difficultés
rencontrées dans leur vie quotidienne qu'ils sont incapables de
surmonter seul.
Les recherches étiologiques sur l'alcoolisme2(*)6 ont établi sur les
facteurs psychodynamiques et socio-culturels pouvant mener à l'abus
d'alcool. Au nombre de ces facteurs, on cite en particulier les
expériences infantiles, le sentiment d'infériorité, ainsi
que la misère et les échecs d'ordre professionnels. Dans tous ces
cas la déviation en l'occurrence l'abus d'alcool apparaît comme la
réaction normale du sujet. Même si ce dernier est conscient de ces
responsabilités sociales, il peut sous la pression du groupe se livrer
à la consommation immodérée d'alcool.
La consommation des boissons alcoolisées surtout par
les adolescents s'explique par la liberté des choix des individus, qui
s'est accrue de façon extraordinaire en occident a-t-il dit Michel
Crozier. Divers mouvements sociaux, tels la liberté sexuelle, la remise
en cause du droit des femmes dans la société, le renversement des
rapports d'autorité entre les jeunes et les adultes, ont
contribué à l'effondrement du mythe de l'autorité
traditionnelle. Les valeurs morales et religieuses n'assument pas leur fonction
contraignante2(*)7. On
assiste à une fuite des valeurs traditionnelles où les enfants
acquièrent une grande autonomie trop tôt. Les parents n'ont
pratiquement pas de temps pour communiquer avec les enfants, ils sont
préoccupés par les activités de la vie quotidienne.
Les facteurs évoqués plus hauts ne sont pas
exhaustifs, mais elles sont les causes majeures qui sont à l'origine de
l'alcoolisation des personnes. Toutefois on reconnaît que :
l'influence du milieu familial, du milieu de travail, la recherche d'une
certaine satisfaction, le caractère médicamenteux de l'alcool, la
dislocation des familles, la situation de solitude, l'isolement, la frustration
et l'insatisfaction personnelle sont les causes essentielles qui sont à
l'origine de surconsommation des boissons alcoolisées chez les clients.
Quel que soit la cause de leur alcoolisation, l'alcool n'est pas sans effet sur
les alcooliques.
La consommation abusive des boissons alcoolisées
développe chez les consommateurs des complications de santé au
niveau physique, psychique et sociale. Toute affectation de santé d'un
être humain nécessite des soins. Pour apporter une solution aux
effets néfastes de l'alcool sur la vie des consommateurs, on doit
connaître les difficultés de santé qu'il engendre sur le
plan bio-psychosociale.
Les alcooliques présentent, beaucoup plus
fréquemment que les non alcooliques, des pathologies de l'appareil
digestif (du foie, du pancréas surtout, puis de l'estomac et de
l'intestin), des troubles cardiovasculaires, des cancers de foie, de
l'oesophage et du larynx, des troubles des fonctions reproductrices et
endocrines, enfin atteintes du système nerveux. L'alcool peut
entraîner la mort du consommateur, Chez l'homme normal à jeun,
l'ivresse apparaît au plus tard autour de 100 centimètres cubes
d'alcool (1 litre de vin à 10 degrés ou l'équivalent sous
quelque forme que ce soit : Apéritif, alcool de fruit etc....). Le
consommateur atteint le « coma » à partir de 270
centimètres cubes. Le risque mortel débute avec une prise
d'alcool, en une fois, de 350 centimètres cubes correspondant à
trois litre et demie de vin à dix degrés (La stupéfiante
histoire des drogues : p. 167). Tout cela c'est pour montrer les effets
dommageables de l'alcool sur les organes du corps. Une fois les organes sont
affectés, le consommateur doit être pris en charge. La prise en
charge ne suffit pas ; puisque après avoir traité il
continuer à boire de l'alcool parce qu'il fait face souvent au
problème de dépendance (L. Nadeau : p. 121).
2.6- Dépendance des alcooliques
Les alcooliques deviennent dépendants de
l'alcool ; cette dépendance s'exerce à trois
niveaux :
Au niveau psychologique
L'alcool est un produit psychotrope avec des
propriétés anxiolytiques, de desinhibition,
d'antidépression et d'euphorisant. Il est utilisé comme un liant
social par notre société. Cependant certains alcooliques vont
s'installer dans une dépendance psychologique de par la fonction
alcool-médicament.
Il est possible que la consommation quotidienne d'alcool
débouche inévitablement sur le développement d'une
dépendance psychologique par rapport à l'alcool. Elle crée
l'habitude d'avoir recours aux propriétés euphorisantes et
relaxantes du produit a-t-il écrit Nadeau.
Au niveau physique
Le consommateur dans cette phase toxicomaniaque de la maladie
commence à connaître des troubles de caractère suscitant
des réactions de son entourage ; et il soigne sa dépression
nerveuse par l'alcool. Se battant avec lui-même, il développe un
mécanisme psychique inconscient : le déni qui devient avec
le temps une véritable prison pour lui. A ce stade il est
considéré comme un malade. Il vit dans une situation
conflictuelle : conflit avec lui-même et son entourage et il a perdu
toute son autonomie.
La dépendance physique est définie par Nadeau
comme le besoin plus ou moins impérieux de consommer une certaine
quantité d'alcool pour assurer l'équilibre de l'organisme,
c'est-à-dire pour maintenir le nouvel équilibre biologique que la
dépendance physique à engendrer.
Au niveau social
Le malade entre dans une lutte ouverte avec son entourage et
les instances sociales vont le rejeter progressivement. Il se sent
persécuter par son entourage et devient une menace permanente pour ses
familiers, il connaît l'agressivité mutuelle qui engendre la
violence.
2.7 - Transgression des lois
Boire une trop grande quantité d'alcool entraîne
la perte d'équilibre du consommateur et est à l'origine de
nombreuses infractions. Lorsqu'il conduit un véhicule en état
d'ébriété ou d'ivresse, il fait des excès de
vitesse, brûle des feux rouges. Ce qui pourra entraîner des
accidents et coûte la vie non seulement à l'alcoolique mais aussi
aux personnes qui l'accompagnent.
2.8- Alcoolisation des femmes enceintes et ses
retombées
Les femmes enceintes qui font usage des boissons
alcoolisées exposent leur progéniture à des
déficiences. L'alcool est un agent tératogène pouvant
entraîner des malformations chez les foetus. A un extrême
l'observation faite sur les enfants des femmes consommant de l'alcool lors de
la grossesse nous montre : un retard mental, un retard dans leur
croissance ou une combinaison de ces manifestations.
L'alcool est un produit dangereux pour les individus qui en
consomment à l'excès. Cette substance libère ou augmente
les appétits, les passions et les désirs, tout en
réduisant la sensibilité morale. Le consommateur en état
d'ivresse risque de contracter les maladies sexuellement transmissibles parce
qu'il ne peut contrôler ses désirs sexuels. L'alcool est à
l'origine d'un grand nombre de problèmes sociaux tels que : le
crime, le viol, les foyers brisés, la violence domestique. Il
enlève à l'usager sa discipline personnelle et sa force
(Nadeau : p. 112).
Il est nécessaire pour que tous les buveurs sachent les
effets de l'alcool sur leur organisme, leur psychique et sur leur relation avec
leur entourage afin qu'ils puissent faire un usage modéré des
boissons alcoolisées. Ces effets sont parfois observables,
manifesté à travers des conduites anti-sociales, des gestes,
atteinte d'un ou des organes du corps.
En plus de ces effets à trois niveaux
précités ; l'alcool aurait aussi l'effet psychique
d'empêcher les alcooliques de se percevoir tels qu'ils sont, dans ce cas
on parle d'apsychognosie. Ils se font remarquer dans leur discours
caractérisant par la confusion et par l'absence de cohérence.
Cette confusion s'observe dans les générations
différentes, ils n'arrivent pas à dissocier leur parenté
des autres personnes en développant des relations sexuelles. Elle peut
amener à l'inceste.
Les consommateurs abandonnèrent les activités
socio-familiales. Ils passèrent plus de temps à boire avec ses
amis qu'à vacuer à leurs activités respectives. La
surconsommation des boissons alcoolisées entraîne la
détérioration de leur vie. Ils négligent fort souvent leur
corps et n'accordent pas une trop grande importance à la façon de
se vêtir (ibid: p. 169). Les effets de l'alcool sont inhérents
à la quantité de boissons consommées et le volume d'eau
corporelle ; ils peuvent être doubles :
Aigu : Au point que l'alcool peut provoquer une attitude
légère de l'excitation, la perte de la timidité, un
ralentissement des réflexes et une dépression à court
terme. Ce sont les effets à court terme de l'alcool.
Chronique : l'alcool peut causer des dommages au foie
(cirrhose, hépatite et même le cancer du foie). Il est la cause
des maladies cardiaques ou la vasodilatation des vaisseaux sanguins, de la peau
et des dommages au cerveau tels que la détérioration des tissus
du cerveau : perte de mémoire, des réactions
dépressives ou des hallucinations jusqu'au delirium tremens. Il affecte
aussi les organes sexuels et il diminue la performance sexuelle. Ces
dommages sont le fruit d'une longue durée de consommation.
La surdose d'alcool modifie indubitablement le comportement
des consommateurs en affectant leur organisme et provoque une maladie parfois
incurable. Elle change la nature des relations qu'ils entretiennent avec ses
proches. A l'état d'ivresse leur relation avec son entourage est parfois
des relations conflictuelles ou une attitude de laisser faire de l'alcoolique
qui peuvent déboucher sur son exclusion.
La détermination des causes essentielles de
l'alcoolisme ainsi que les effets de l'alcool sur les consommateurs ont une
importance majeure dans une prise en charge psychosociale. Ils permettent aux
clients de débarrasser des fausses croyances qu'ils ont eu sur les
boissons alcoolisées et montrer l'influence des publicités faites
pour ces boisons sur les consommateurs. De plus, expliquer aux clients les
complications de santé, les troubles comportementaux engendrés
par l'abus d'alcool. Par la suite il faut les aider à prendre
conscience de leur situation, et l'intérêt de changer leur
comportement.
CHAPITRE III : CARACTERISTIQUES ET CLASSIFICATION
DES ALCOOLIQUES SELON LEUR CONSOMMATION
Tous les consommateurs d'alcool ne présentent pas les
mêmes caractéristiques après avoir pris une dose. Ils se
diffèrent quant aux symptômes physiologiques et psychologiques
observés. Chacun à sa façon de réagir face à
la surdose. Les alcooliques présentent les
caractéristiques2(*)8 suivantes :
- Négligence de son apparence c'est-à-dire il ne
se baigne pas, son linge est sale
- Changement dans ses fréquentations
- Baisse de ses notes à l'école
- Disparition d'argent et d'autres objets à la maison
(radio, bijoux ou autres choses)
- Disparition de son linge et de ses souliers
- Emportement, colère facile et nécessite
toujours de se défendre.
- Dissimulation dans ses paroles et dans ses actes.
- Rentrées tardives le soir ou nuits passées
hors de la maison.
- Perte d'appétit ou de poids.
- Appétit démesuré, Insomnie
- Réveil tardif aux environs de midi
- Une soif constante l'oblige à ingurgiter des boissons
rafraîchissantes en abondance.
- Rougeur des yeux.
Il y a beaucoup d'autres signes, mais ceux qui
caractérisent le plus les alcooliques.
Selon Dollard, à côté de ces signes,
nombreux sont les critères particuliers permettant de faire une
taxonomie des alcooliques : la quantité d'alcool absorbée,
la durée de consommation, les symptômes de dépendance
physiologiques ou psychologiques, les éléments de la biographie
et de leur l'environnement. On distingue plusieurs typologies d'alcooliques
à partir de ses critères mentionnés. Pour ce travail on a
retenu la classification de Fouquet et celle de Fox et Lyon.
3.1- Classification de Fouquet
Cette classification s'appuie sur les conditions d'apparition
et d'expression de l'imprégnation alcoolique. Il distingue trois
catégories ainsi nommées et définies :
Alcoolite : Début précoce de la
consommation, vers l'âge de dix huit ans, d'où
l'établissement d'une tolérance progressive sur une longue
période sans intoxication facilement observable. Vers l'âge de 40
à 45 ans, arrivent les premiers signes de décomposition physique
et psychologique.
Alcoolose : Alternance de périodes de consommation
et d'abstinence accompagnée de troubles psychologiques d'ordre
névrotique. Ce sont surtout des buveurs solitaires de spiritueux.
Somalcoolose : Consommation clandestine de tout type
d'alcool disponible, faites de périodes d'avidité intempestive
qui rapidement le physique par l'instauration d'une dépendance
physiologique définitive.
Les suffixes « ite » et
« ose » sont ajoutés au mot
« alcool » pour en faire une maladie, ou comme il peut y
avoir inflammation des bronches.
Pour faire cette classification Fouquet a tenu compte de
l'âge, de la durée de consommation, des périodes de rupture
et de continuité et la prise de surdose d'alcool.
3.2- Classification de Fox et de Lyon
Ils ont classé également les alcooliques en
trois catégories :
Alcooliques primaires : Sujets qui utilisent l'alcool
comme un agent pharmacologique magique leur permettant de mieux se conformer
à la société.
Alcooliques secondaires : Sujets présentant
après une longue période de consommation excessive, une
symptomatologie de dépendance physique accompagnée de
complications médicales au niveau de divers organes et systèmes.
Ils se caractérisent par une vulnérabilité
psychologique.
Alcooliques symptomatiques : Individus dont la
dépendance à l'égard de l'alcool prend son origine dans
une mésadaptation sociale névrotique ou dans une maladie mentale
plus sérieuse que le fait de boire cherche à masquer.
L'alcool est un moyen d'intégration selon ces
derniers ; il permet aux individus de s'intégrer à un groupe
dans la société. La pérennité d'une surconsommation
de boissons alcoolisées entraîne la dépendance physique et
affecte plusieurs organes du corps.
Dans les deux types de classifications l'accent a
été mis sur la durée de consommation qui débouche
sur la tolérance ou la dépendance. Les auteurs ont utilisé
des appellations différentes pour classifier les alcooliques, mais tous
les deux types de classifications comprennent trois catégories
chacune.
De plus il y a des niveaux de risque lié à la
consommation des boisons alcoolisées. Les types d'alcooliques donnent
lieu à des niveaux de risque. C'est un problème majeur que de
trancher sur le concept de risque2(*)9 en toxicomanie. Il n'y a pas de définition
claire faisant l'unanimité sur cette question, ni d'outils parfaitement
sensibles, spécifiques pour le mesurer. Les mesures donnent des
indications sur les niveaux de risque et sont des indices servant à
évaluer une apparition plus probable de troubles liés aux
substances psychoactives, mais ne représentent pas le problème
nécessairement existant.
Le niveau de risque réfère à la place
où se situe un consommateur sur un continuum allant d'un risque nul
à un risque élevé. Les personnes présentant un
risque nul sont généralement celles qui ne consomment pas. Un
risque faible est habituellement attribué à celles qui consomment
socialement, occasionnellement ou selon la posologie prescrite par un
médecin quand il s'agit des médicaments psychotropes. Les
personnes à risque modéré ou élevé sont
celles dont la consommation entraîne des conséquences, correspond
à des pratiques particulières ou à une ingestion d'alcool
important. Ce sont là des niveaux de risque généraux et il
convient d'ajouter le bagage génétique, les facteurs
physiologiques ou des contextes sociaux pouvant exacerber ces niveaux de risque
associés à la toxicomanie.
Dans cette perspective, l'alcoolisme et la dépendance
aux psychotropes représentent une situation extrême dans le
continuum de comportement.
On établit des échelles à partir du
nombre de verres standard bus par semaine, présentées dans le
tableau ci-dessous :
Tableau
GRADATION DU RISQUE,
USAGE D'ALCOOL
|
Verres standard* par semaine
|
0
|
Aucun risque
|
1-14
|
Faible risque
|
15-34
|
Risque modéré
|
35 +
|
Risque élevé
|
*Verre Standard : Une bouteille de bière de 12
oz (13 g d'alcool) ou un verre de vin de 5 oz (13 g d'alcool)
Il n'est pas toujours facile d'identifier les buveurs à
risque, pour cela les instruments de mesure se révèlent d'une
importance majeure. Les buveurs à risque sont souvent identifiés
grâce à des instruments standardisés en particulier «
Le CAGE ». Il comprend quatre questions se rapportant aux
comportements, aux sentiments et aux problèmes causés par
l'alcool. Les personnes sont identifiées à risque
élevé d'avoir des problèmes liés à l'alcool
quand elles répondent par l'affirmation à au moins deux
questions.
La conduite a risque est lié a la quantité
d'alcool bu par la personne et sa fréquence de consommation. Plus elle
augmente la quantité de verres, plus le risque est
élevé.
Le «CAGE »
C (CUT DOWN) - Avez-vous déjà pensé
à diminuer votre consommation ?
A (ANNOYED) - Etes-vous agacé(e) quand quelqu'un
critique votre consommation ?
G (GUILTY) - Vous êtes-vous déjà senti(e)
mal ou coupable en raison de votre consommation ?
E (EYE-OPENER) - Vous est-il déjà arrivé
de boire en vous levant pour calmer vos nerfs ?
CHAPITRE IV : CONSOMMATION D'ALCOOL ET VIOLENCE
DOMESTIQUE
La consommation immodérée des boissons
alcoolisées par un membre de la famille est à l'origine de
nombreuses violences observées dans le sous système familial. Ces
violences sont le lot quotidien des foyers haïtiens. L'alcoolisation d'un
membre du foyer le plus souvent le père qui après avoir pris une
forte dose, frappe ou gifle sa conjointe, ses enfants. Ces derniers subissent
de la violence domestique3(*)0.
La violence domestique désigne toute atteinte à
l'intégrité corporelle ou morale d'une personne infligée
par une autre personne exploitant sa position dominante dans un rapport de
force (Büchner 1998). Elle englobe toute une gamme de comportements
violents (violence physique, sexuelle ou psychologique) exercés par un
partenaire à l'encontre de l'autre pour le contrôler et maintenir
cette emprise. Cette violence s'exerce au sein du foyer familial, les enfants
et d'autres membres de la famille sont parfois également
concernés.
La violence domestique engendre la violence conjugale qui
elle-même revêt plusieurs formes de violences :
4.1- Violence physique au foyer familial
La violence physique est la plus visible, car elle laisse
souvent des traces. Le conjoint bat, donne des coups, gifle, étrangle,
se sert d'objets, d'armes (couteaux, armes à feu et haches) pour
assouvir sa violence. Ces actions peuvent souvent conduire au meurtre et
provoquant souvent de graves lésions. Elle peut également
s'exercer à l'égard des enfants du couple. En effet le conjoint
violent peut faire subir des sévices aux enfants.
4.2- Alcool un corollaire à la violence
sexuelle
La violence physique exercée par un partenaire inclut
la violence sexuelle.
Les agressions sexuelles : Tout acte de nature sexuelle
subit sous la contrainte est une violence. Les attouchements ou autres
approches devraient être considérés comme des délits
si la personne n'est pas consentante.
L'inceste : Le conjoint ou tout autre membre de la
famille peut imposer des relations sexuelles aux enfants de la famille.
4.3- Violence psychologique
Cette violence au sein d'un couple est également
intolérable pour la femme qui la subit. Malheureusement, c'est ce genre
de violence qui est la plus occultée et, par conséquent la plus
difficile à déceler. Les attaques verbales, les humiliations, les
menaces, les harcèlements répétés, l'enfermement
peut être plus douloureux que les atteintes physiques en ce sens qu'ils
perturbent gravement l'équilibre psychologique.
4.4- Violence verbale
Elle consiste à humilier la femme par des messages de
mépris, d'intimidation et des propos racistes.
En ce qui concerne les différentes formes de violences
évoquées plus haut, le comportement violent affiché par le
conjoint alcoolique entraîne souvent le dysfonctionnement familial. Il
est relativement facile de déceler les problèmes liés
à l'alcoolisme : la séparation, le divorce, la dispute,
mauvais traitements des enfants etc. Les femmes sont les principales victimes
de ces violences faites par leur conjoint alcoolique, ensuite viennent les
enfants.
Il y a un rapport étroit entre la consommation d'alcool
et la violence conjugale. Les conséquences psychologiques de ce type de
violence sont aussi très nombreuses. Plusieurs recherchent incluent
entre autres la dépression, l'anxiété, la perte de
l'estime de soi et la confiance en soi. Certaines femmes violentées en
viennent à consommer de l'alcool, alors que d'autres ont des
idées suicidaires.
La violence est le principe originel de la
société a-t-il dit Edgard Morin dans son
livre « la Méthode, la vie de la vie. » Pour ce
dernier il est impossible d'imaginer une société sans violence.
Celle-ci est située au coeur même de la vie sociale, elle est
« fondatrice », ce qui veut dire qu'elle n'est pas un
aspect contingent de la société, un accident qui rendait la
société mauvaise et dont pourrait la débarrasser dans un
avenir indéterminé. Elle est inhérente de sorte qu'il n'y
a de société que parce qu'il y a de violence. Elle
préexiste à la surconsommation d'alcool.
Si la consommation d'alcool est un facteur qui peut avoir une
certaine influence sur le comportement violent des hommes, elle ne peut pas
être considérée comme une cause majeure de la violence
domestique. L'alcoolisme n'est jamais une excuse à la violence et de
nombreux hommes qui boivent ne sont pas violents avec leur partenaire.
En Haïti il est difficile de connaître l'ampleur du
phénomène de la violence domestique en raison de la nature
cachée du problème et de la proportion importante des cas non
signalés.
CHAPITRE V : PRESENTATION DE L'INSTITUTION
L'Association pour la Prévention et autres
Accoutumances Chimiques est située à Delmas 60 au numéro
9, Musseau. Elle est fondée le 3 novembre 1986 par un groupe de neuf
membres parmi lesquels se détache la figure du Père belge Jan
Berghamans. Il arriva en Haïti en 1964 et fut l'un des initiateurs du
mouvement des alcooliques anonymes. Le centre d'information a été
inauguré le 15 du même mois et de la même année.
Elle a obtenu le statut d'ONG en septembre 1989. C'est une organisation
à but non lucratif qui offre ses services quotidiennement à un
nombre croissant d'haïtiens.
Son objectif est de prévenir l'alcoolisme et autres
accoutumances chimiques à travers tout le pays.
Au début l'association fonctionna avec un personnel
composé de deux membres : un (1) salarié et un (1)
volontaire à plein temps. Par la suite avec l'aide de quelques
volontaires elle a mis sur pied un service de prévention.
En 2007, l'association compte un effectif de seize (16)
employés répartis dans les secteurs suivants :
Réhabilitation : 6 employés
Prévention : 2 agents
Centre de documentation : 8 employés
Parmi les employés il y a (2) deux travailleurs
sociaux, (5) cinq psychologues dans l'institution.
Depuis son existence pour arriver aujourd'hui l'APAAC a pu
continuer son action dans la communauté avec le concours de ces sections
et le même nombre d'employés en dépit des
difficultés économiques confrontées.
L'association a eu un centre d'hébergement nommé
Jan Berghamans SA dans sa croisade contre la toxicomanie, a pu fournir du
premier Juin au 8 décembre 2000 et du 2 mars au 22 juin 2001 plus de 110
séjours grâce à une équipe technique rodée
dans l'application d'outils psychologiques et spirituels visant à faire
découvrir au patient son potentiel et ses valeurs intrinsèques.
Compte tenu des facteurs externes, notamment l'insécurité et le
marasme économique, les résultats ont été
insuffisants, fragilisant financièrement le centre, le conseil
d'administration a mis un terme le 22 juin 2001, le centre est fermé.
Ce centre avait pour mission d'aider la personne atteinte
d'alcoolisme ou de toxicomane a découvrir son potentiel et se valeurs
intrinseques de facon a redevenir productive au sein de sa famille et dans son
milieu environnant grace a l'application d'outils psychologiques et spirituels
et reconnus internationalement dans le domaine.
Vu l'affluence des demandes de services et de soins causant
une augmentation de son personnel. L'augmentation a été
facilitée par le financement de l'USAID en octobre 1988 dans le
cadre de son programme de santé.
5.1- Sélection des unités
statistiques
Huit alcooliques qui fréquentent l'APAAC servant comme
unités statistiques pour ce travail. Ce quota de huit est composé
de personnes de deux sexes. Les critères choisis sont l'âge, le
sexe, les boissons consommées, les religions des alcooliques. Les
individus choisis sont des alcooliques se trouvant à l'APAAC.
Pour trouver ces unités statistiques, on passe un
questionnaire contenant trente deux (32) questions, divisé en trois
partis :
a) Profil socio-démographique du client
b) Situation des clients par rapport à l'alcoolisme
c) Services offerts
En dernier lieu, les clients sont interrogés sur
l'ensemble des questions du questionnaire.
5.2- Pratiques des clients : une
résistance à leur traitement
Tableau 1 : Répartition des alcooliques selon le
sexe
Sexe
|
Nombre de répondants
|
Proportion en pourcentage
|
Garçons
|
5
|
62,5
|
Filles
|
3
|
37,5
|
Total
|
8
|
100
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
A la lumière du tableau 1, les 62,5%
représentent les garçons qui sont alcooliques ; les 37,5%
représentent les filles alcooliques à l'APAAC. Le pourcentage des
garçons est supérieur à celui des filles. La
surconsommation d'alcool entre les deux sexes est disproportionnée, les
garçons boivent plus de boissons alcoolisées que les filles. Cela
s'explique par la disparité entre les deux sexes dans notre
société et la perception sociale vis-à-vis des filles qui
boivent de l'alcool.
L'explication de l'usage abusif d'alcool par ces individus
peut se trouver dans l'étiologie de l'alcoolisme tels que : les
expériences de l'enfance comprenant l'autoritarisme des parents et
enfants élevés par les parents buveurs, enfants battus,
l'échec d'ordre professionnel, l'influence des amis. A ceux-ci peuvent
s'ajouter la recherche d'une certaine satisfaction par ces clients en chassant
le stress, la timidité, la peur et pour retrouver l'estime de soi. Au
cours de cette enquête six (6) d'entre eux ont répondu qu'ils
vivent avec des buveurs d'alcool, cinq (5) ont des amis consommant de boissons
alcoolisées. Ces données sur les causes évoquées
sont exactes. Toutefois le chômage n'est pas une cause évidente
parce qu'il y a six (6) d'entre eux qui font une activité qui rapporte
de l'argent et ils sont alcooliques. Rechercher les causes s'inscrit dans le
cadre d'un diagnostic en Travail social et permet d'avoir une première
idée sur le problème du client.
Tableau 2 : Répartition des alcooliques selon
l'âge
Groupe d'âge
|
Nombre de répondants
|
Proportion en pourcentage
|
15 - 25 ans
|
2
|
25
|
25 - 35 ans
|
2
|
25
|
35 - 45 ans
|
2
|
25
|
45 ans et +
|
2
|
25
|
total
|
8
|
100
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
Pour ce tableau, les 25% représentent l'âge de
chacun des groupes soit deux (2) alcooliques ou clients par groupe. C'est un
partage équitable des huit (8) clients. On peut déduire qu'il
n'y a pas un groupe d'âge pour lequel le risque de faire une consommation
excessive des boissons alcoolisées est plus élevé.
L'individu peut être alcoolique à n'importe quel âge.
L'alcoolisme est un phénomène qui touche simultanément les
adolescents et les adultes. Ces données recueillies sur l'âge des
clients renforcent la classification de Fouquet qui montre que le début
précoce de la consommation commence vers l'âge de dix huit ans.
Cet âge se trouve dans la première tranche d'âge de ce
tableau. Les consommateurs de tranche d'âges différents ont le
même risque d'être alcoolique. Cela signifie qu'il n'y a pas un
groupe où la consommation est plus élevée. Contrairement
au tableau précédent où le nombre de garçons
alcooliques est légèrement supérieur à celui des
filles. Les données de ce tableau montrent une équité en
nombre des alcooliques suivant des tranches d'âges différents.
Cela signifie qu'il n'y a pas un groupe d'âge qui est moins touché
par rapport à un autre. Toutes les catégories doivent être
senssibilisées par les méfaits de l'alcool.
Graphe 3 : Répartition des alcooliques selon le
statut matrimonial
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
A la lumière du graphe 3, les 25% représentent
les alcooliques qui sont célibataires, les 37,5% représentent
ceux qui sont mariés, les 12,5% représentent un alcoolique
placé, les 12,5% représentent un alcoolique divorcé et les
12,5% représentent un alcoolique veuf.
L'écart n'est pas trop grand entre les
différents statuts matrimoniaux des clients à l'APAAC. Toutefois
les mariés sont plus à consommer de boissons alcoolisées.
Donc la consommation ne se fait pas en fonction du statut matrimonial des
individus. Elle est plutôt liée aux difficultés de la vie
quotidienne, des types de relations développées avec
l'environnement et la famille.
Le pourcentage des personnes mariées qui fait une
surconsommation d'alcool est plus élevée que les autres statuts
matrimoniaux. Cela s'explique par le fait que les couples ayant des enfants ont
des responsabilités envers ces derniers et doivent être capables
de répondre aux besoins de leur famille ; dans le cas contraire ils
peuvent s'adonner à l'alcool pour oublier leur problème. Il est
important de voir leur niveau d'étude.
Graphe 4 : Répartition des alcooliques selon le
niveau d'étude
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
Selon ce graphe, les 12,5% représentent seulement un
(1) alcoolique qui fait son étude primaire, 25% représentent les
alcooliques qui font leur étude secondaire et 25% représentent
ceux qui font leur étude universitaire. Il y a trois alcooliques parmi
les huit qui n'ont aucun niveau d'étude, cependant ils sont des
professionnels. Les alcooliques se répartissent de façon
inéquitable en ce qui concerne leur niveau d'étude. Il y a
égalité entre ceux qui ont le niveau secondaire et universitaire.
Il y a plus de clients alcooliques qui ont ces deux niveaux. On peut
déduire que le niveau d'étude n'est pas un facteur pouvant
diminuer et empêche le risque d'être alcoolique. Malgré il y
a d'entre eux qui sont universitaires, ils ne peuvent pas contrôler face
à l'alcool. D'après ces données, les individus qui ne font
aucune étude sont plus faciles à consommer de l'alcool en
excès que ceux qui ont au moins un niveau primaire.
Tableau 5 : Les professions et activités des
alcooliques
Profession et activités
|
Nombre de répondants
|
Proportion en pourcentage
|
Comptable
|
2
|
25
|
Commerçante
|
1
|
12,5
|
Gestionnaire
|
1
|
12,5
|
Total
|
4
|
50
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
D'après ce tableau, les 25% représentent les
comptables qui sont alcooliques, les 12,5% représentent une
commerçante qui est alcoolique et l'autre 12,5% représente un
gestionnaire qui est alcoolique. Les 50% des alcooliques ont une profession et
mènent une activité. L'autre moitié n'a pas de profession.
Ceux qui ont une profession, un emploi ou qui font du commerce, boivent de
l'alcool en excès pour des raisons divers : pour chasser le stress,
pour se détendre, pour combattre la fatigue, le stress et pour avoir
plus d'énergie pour faire leur travail. Parmi les huit (8) alcooliques
il y a quatre (4) d'entre eux qui n'ont ni aucune profession ni aucune
activité rapportant de l'argent. Autrement dit, ils ne travaillent pas.
La consommation d'alcool en excès est un remède aux
problèmes de la vie quotidienne. En comparant les données de ces
deux derniers tableaux, il y a trois clients qui sont illettrés et
quatre qui font partie de la population inactive. Un support financier se
révèle indispensable dans l'encadrement de ces clients. Il faut
les aider à répondre à certains besoins
élémentaires pour qu'ils puissent sortir de leur situation
d'alcoolisme.
Graphe 6 : Répartition des alcooliques selon la
religion
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
En observant ce graphe, les 62,5% représentent les
alcooliques qui sont de religion catholique, les 37,5% représentent ceux
qui sont de religion protestant. Sur le plan religieux les alcooliques se
répartissent en deux : catholiques et protestants. Toutefois le
pourcentage d'alcooliques de religion protestant est inférieur à
ceux qui sont catholiques. Parmi ces derniers certains ne vont jamais à
l'église, d'autres rarement. Le faible pourcentage des protestants
s'explique par le fait que cette religion est plus contraignante que la
religion catholique. Pour celle-ci la consommation de l'alcool en excès
n'est pas un péché tandis que dans l'autre il est interdit aux
fidèles de faire l'usage de l'alcool. Donc les 37,5% commettent une
désobéissance par rapport aux principes du protestantisme. Les
individus, qu'ils soient catholiques ou protestants, peuvent devenir
alcooliques. Les protestants qui font une surconsommation d'alcool sont en
dissonance sociale. Pour Festinger il y a « dissonance
sociale » quand les attitudes et les croyances ne correspondent pas
aux comportements exprimés. La personne éprouve de la dysharmonie
intérieure qu'elle cherche habituellement à éliminer
(Cormier Dollard : p. 126). La religion des personnes est importante pour
le diagnostic, pour l'histoire de vie en travail Social qui sont des techniques
utilisées pour résoudre un problème. En plus de la
religion, la zone de provenance des alcooliques n'est-il pas nécessaire
pour les prendre en charge ?
Tableau 7 : Répartition des alcooliques selon la
zone de provenance
Zone de provenance
|
Nombre de répondants
|
Proportion en pourcentage
|
Delmas
|
2
|
25
|
Pétion-ville
|
2
|
25
|
Lalue
|
1
|
12,5
|
Nazon
|
1
|
12,5
|
Martissant
|
1
|
12,5
|
Carrefour
|
1
|
12,5
|
Total
|
8
|
100
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
A La lumière du septième tableau, le premier
25% représente les alcooliques qui viennent de Delmas, le second 25%
représente les clients qui sont originaires de Pétion-Ville, les
12,5% désignent un alcoolique natif de Lalue, les 12,5%
représentent un autre qui est originaire de Nazon, les 12,5%
représentent un client natif de Martissant, les 12,5 représentent
un alcoolique qui est originaire de Carrefour. Les alcooliques proviennent des
zones différentes, mais toutes ces zones font partie de la région
métropolitaine. La plupart d'entre eux viennent de Delmas et de
Pétion-Ville, ces zones ont le même pourcentage. Cela peut
s'expliquer par la proximité de ces communes avec l'APAAC qui situait
à Delmas 60. Il est plus facile pour les alcooliques qui habitent dans
ces zones de fréquenter cette association. Parmi ces alcooliques il n'y
a pas un seul individu qui est originaire d'une zone rurale. Donc les
personnes originaires du milieu urbain ont plus de chance à devenir
alcoolique que celles qui viennent d'un milieu rural. L'environnement du
premier milieu exerce une influence considérable sur les individus.
Généralement les night club, les discothèques sont
situées dans les villes. Pour les autres zones, les individus sont plus
éloignés de l'APAAC c'est ce qui fait qu'il y a un plus faible
pourcentage par rapport aux zones proches.
Les zones de provenance des alcooliques sont très
importantes dans le modèle d'intervention en Travail Social, l'individu
n'est pas considéré comme un être isolé, on doit
tenir compte de son environnement qui peut être son milieu de vie, sa
famille si l'on veut apporter un changement réel. Dans ce modèle
on agit à la fois sur le client et sur son environnement. Si on ne tient
pas compte de l'environnement du client il est difficile de l'aider à
trouver une alternative à son problème. Le lieu d'origine ne
constitue pas tout son environnement, il faut voir les lieux
fréquentés par les alcooliques.
Tableau 8 : Répartition des alcooliques selon les
différents lieux de fréquentation
Lieu de fréquentation
|
Nombre de répondants
|
Bal
|
7
|
Disco
|
1
|
Veille funéraire
|
2
|
Communion
|
3
|
Mariage
|
6
|
Restaurant
|
1
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
Selon les données de ce tableau, sept (7) alcooliques
ont l'habitude d'aller au bal et dans d'autres endroits, un (1) allait au
disco, deux (2) ont des pratiques d'aller dans les veilles funéraires,
trois (3) clients ont l'habitude d'aller dans les communions, six (6) dans les
mariages et un (1) seul au restaurant. Un seul client fréquente
plusieurs lieux. Ces différents lieux incitent l'alcoolique à
boire. Sept (7) alcooliques sur huit (8) aiment aller au bal, six (6) vont dans
les mariages. On peut dire que le bal et le mariage sont les lieux les plus
fréquentés par la majorité de ces clients. Ces derniers
vont à ces endroits pour se détendre, oublier leurs
problèmes. Le fait d'aller dans les communions, les mariages et les
veilles funéraires sont culturel dans notre société.
Connaître ces informations sur le client se révèle utile
pour faire son traitement dans le sens qu'on doit prohiber les clients de
fréquenter ces lieux pour qu'ils ne continuent pas à faire un
usage abusif des boissons alcoolisées.
Tableau 9 : Encadrement des clients à
l'intérieur de l'institution
Encadrement à l'intérieur de l'APAAC
|
Nombre de répondants
|
Conseil des intervenants
|
8
|
Rendez-vous
|
8
|
Rencontre avec la famille du client
|
2
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
D'après les données du tableau au numéro
9, huit (8) clients reçoivent des conseils de la part des intervenants,
tous les huit (8) ont des rendez-vous, deux (2) parmi les huit (8) ont
répondu que les intervenants ont des rencontres avec leurs familles.
On donne à tous les clients des rendez-vous, ils ont
reçu des conseils de la part des intervenants mais ces derniers ont des
rencontres avec la famille de deux d'entre eux seulement. Les intervenants ont
ignoré l'environnement immédiat de la plupart des clients ;
ils ne considèrent pas l'alcoolique comme un élément
faisant parti du sous-système familial. Pour eux l'alcoolisme est
considéré comme problème individuel centré sur
l'individu.
Les conseils font parti du counselling comme champs
d'intervention en Travail social. Le
Counselling consiste à donner des conseils aux
individus, groupes et communautés qui sont en difficultés.
Les intervenants ne font pas de rencontre avec la famille de
la plupart des clients. Il n'y a pas de communication, d'interaction entre les
intervenants et les parents ou famille des alcooliques. La famille est mieux
placée pour donner des informations qui peuvent être utiles dans
le processus de traitement. L'environnement immédiat des clients doit
impliquer dans la prise en charge si les intervenants voulaient apporter de
véritables changements au problème de la surconsommation
d'alcool.
Tableau 10 : Répartition des alcooliques selon la
nature des relations sociales
Nature des relations sociales
|
Nombre de répondants
|
Fouettage
|
5
|
Parents autoritaires
|
6
|
Soumission parentale
|
6
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
A la lumière du tableau dix, parmi les huit (8)
alcooliques il y a cinq (5) qui ont été fouetté par leur
parent dès leur enfance, puis il y a six (6) d'entre eux qui ont des
parents autoritaires et six (6) qui soumettent à leur parent. Parmi ces
derniers trois (3) obéissent quelque fois et les autres soumettent
toujours. Certains clients ont des parents autoritaires, ils sont
obéissants.
D'autres sont battus et ont des parents autoritaires et ne
soumettent pas toujours à ces derniers.
Le fouettage des enfants, l'autoritarisme parental peut
être à l'origine de la surconsommation d'alcool chez les clients.
Ils entraînent des relations disharmonieuses, conflictuelles entre les
clients et les parents ou amis. Le niveau de relation entre eux est très
faible et il n'y a presque pas d'interaction au sein de leur famille, les
parents ne prennent pas du temps pour parler avec les enfants et les donner des
conseils.
L'autoritarisme des parents empêche une relation
harmonieuse entre parents et enfants. Cette relation repose sur des rapports de
force en battant les enfants et en les exigeant une obéissance aveugle.
Une telle relation entraîne tôt ou tard des réactions
diverses de la part des enfants parmi lesquelles la prise de surdose d'alcool.
Ils boivent pour se libérer du joug des parents inflexibles.
Tableau 11 : Encadrement extra-institutionnel des
alcooliques
Encadrement de l'alcoolique à l'extérieur de
l'APAAC
|
Nombre de répondants
|
Proportion en
Pourcentage
|
Conseil des parents
|
3
|
37,5
|
Visite à domicile
|
2
|
25
|
Total
|
5
|
62,5
|
Source : opération de collecte de
données dans le cadre du mémoire
Il se révèle utile de tenir compte de
l'encadrement reçu par les clients dans leur prise en charge. Les 37,5%
représentent les clients qui reçoivent des conseils de la part
des parents, les 25% représentent ceux que les intervenants ont
visité. Il n'y a plus de clients qui ne trouvent pas de conseils et qui
ne sont pas visités. Le pourcentage de clients qui est encadré
est inférieur à la moitié de ce qui se trouve à
l'APAAC. La visite à domicile est très importante en Travail
Social, elle fait parti de l'accompagnement social qui se situe dans une
approche holistique de la personne.
Malgré l'encadrement des clients par les intervenants
sociaux, certains comportements restent inchangés. Ils continuent
à fréquenter les lieux où la consommation d'alcool se
révèle importante pour la réalisation de la
cérémonie. Ces lieux les donnent envie de boire.
Les relations qui existent entre les clients et ses proches
se trouvent à l'origine de leur alcoolisation. La plupart d'entre eux
ont battu par leurs parents durant leur enfance. A cela s'ajoute
l'inflexibilité, l'autoritarisme à outrance de certains parents.
Pour libérer de ces contraintes familiales, ils s'adonnent à
l'alcool. D'où l'absence d'interaction au sein de la famille.
Certains clients subissent l'influence des parents, amis qui
sont de grands consommateurs de boissons alcoolisées. L'influence des
proches, la fréquentation des lieux de consommation d'alcool, les
relations disharmonieuses développées avec leur entourage
constituent une résistance au traitement des clients. En dépit de
nombreux efforts consentis par les intervenants de l'APAAC pour aider les
clients à sortir de leur situation d'alcoolique, la majorité
d'entre eux n'arrive pas à s'abstenir ou boire plus
modérément l'alcool.
CONCLUSION
Ce travail permet de saisir l'ampleur du
phénomène d'alcoolisme dans la société
haïtienne. Ce phénomène touche un grand nombre d'individus
et est à la base de certains déséquilibres sociaux. Quant
aux causes générant une consommation abusive des boissons
alcoolisées, elles sont nombreuses. On peut affirmer à la
lumière des données recueillies lors de l'enquête sur les
alcooliques, que la surdose de ces boissons est aussi dangereuse que l'usage
des drogues dures même si elles se diffèrent par leur effet. Les
effets de l'alcool sont plus lents que ceux des drogues comme la marijuana, la
cocaïne. Cependant on ne met pas beaucoup d'accent sur la surconsommation
d'alcool dans notre société alors que celle-ci continue à
faire de nombreuses victimes parmi les consommateurs.
Cette étude a permis de déceler les fausses
croyances créées par les traditions et les opinions courantes
à propos des effets physiologiques de l'alcool. Contrairement à
ce que l'on croit, l'alcool ne rend pas plus actif, il ralentit le
fonctionnement du cerveau, diminue les perceptions et les réactions. Il
ne réchauffe pas, ce qu'on ressent c'est une sensation de chaleur due
à une vasodilatation des vaisseaux de la peau, responsable du
rougissement de la figure (APAAC : 1997).
C'est une illusion de croire que la consommation d'alcool est
une solution aux problèmes de l'existence humaine. La dépendance
de l'alcool est toujours le signe d'un mal être. Il y a toujours une
cause à l'origine de la consommation. L'usage immodéré
d'alcool a des conséquences néfastes sur la santé physique
et mentale des consommateurs et provoque des dommages sur certains organes du
corps qui au fil du temps peut entraîner la mort. Il est à
l'origine de certains déséquilibres dans la famille. Les
alcooliques se focalisent sur l'alcool pendant que leur santé se
détériore. En aucun cas, la consommation excessive des boissons
alcoolisées ne peut servir de médicament.
Comme toute prise en charge, la prise en charge psychosociale
des alcooliques à l'APAAC se fait dans l'objectif de prévenir
l'alcoolisme dans tout notre pays, d'encadrer tous les clients qui boivent de
l'alcool en excès et de les adapter aux différents milieux de vie
(famille, école, travail...) Toutefois la plupart des clients
après la prise en charge, n'arrivent ni à s'abstenir de l'alcool
ni à s'adapter à la société. Cela peut s'expliquer
par l'insuffisance des ressources matérielles : il n'y a pas
d'hébergement pour les clients, l'absence de visites domiciliaires qui
est très important dans une prise en charge psychosociale et le manque
d'assistance financière pour que les clients puissent satisfaire les
besoins fondamentaux comme a indiqué Maslow.
Le Travail Social est défini selon l'Université
du Québec à Montréal comme une discipline pratique ayant
pour objet les problèmes sociaux vécus prioritairement par la
classe populaire. Ici la pratique se réfère à l'action,
donc il faut intervenir à différents niveaux pour résoudre
le problème des clients. Le modèle d'intervention3(*)1se révèle utile
pour trouver une solution aux problèmes posés par la consommation
d'alcool. Dans ce modèle, on tient compte de l'histoire sociale, de
l'environnement et de la famille du client. Tous les sous-systèmes sont
concernés parce que le client n'est pas un être isolé, il
vit au sein d'une famille ou évolue dans un milieu pour cela on doit
agir sur son environnement immédiat. La thérapie familiale peut
aider à l'adaptation du client, elle permet non seulement d'identifier
les symptômes mais aussi d'établir une relation cordiale entre
lui-même et son environnement. Dans ce type d'intervention le
thérapeute va modifier le système d'interaction au sein de la
famille. L'individu porteur de symptômes ou de comportements
indésirables n'est pas considéré comme une victime
innocente de la famille, mais comme un membre participant au maintient de la
pathologie et du dysfonctionnement du système familial.3(*)2 Pour arriver à
l'adaptation des clients il faut une équipe pluridisciplinaire dans
l'institution : Médecins, psychologues, psychiatres, sociologues,
travailleurs sociaux qui interviennent auprès des clients.
Il ressort des études et travaux effectués
durant ces dernières années que la toxicomanie plus
spécifiquement l'alcoolisme est un problème de
société qui ne va pas disparaître du jour au lendemain
comme par enchantement, car les causes du « mal » sont
multifactorielles comme n'avons cessé de le dire, et de ce fait trouvent
leur origine dans l'environnement social des usagers des drogues comme dans
leur développement psychosocial. C'est donc un problème social
que nous devons affronter : celui du développement de l'enfant, de
l'adolescent et de l'adulte ou du jeune en difficulté dans la
société1(*)
Pour prévenir la surconsommation des boissons
alcoolisées et réduire et le nombre d'alcooliques, la
socialisation des enfants par les agents socialisateurs se
révèlent indispensable. On doit aussi améliorer les
conditions de vie des individus pour éviter l'usage
immodéré d'alcool comme une alternative pour résoudre les
problèmes de l'existence humaine.
A côté des interventions faites, des techniques
utilisées ; il revient au client de prendre conscience de son
état et de manifester le désir de changer son comportement.
Aucune transformation n'est possible s'il n'a pas la volonté d'adopter
un nouveau comportement.
Malgré les campagnes de sensibilisation sur l'usage
abusif des boissons alcoolisées et les conséquences qu'il
engendre, la prise en charge faite à l'APAAC, l'alcoolisme reste et
demeure un véritable problème dans notre société.
Le MSSP qui est responsable de fournir des soins de santé à tous
les individus qui ont une pathologie. Quelle est sa contribution dans la lutte
contre l'alcoolisme ? Vu le faible pourcentage de clients traités
par l'APAAC, ne doit-elle pas réadapter son modèle
d'intervention ?
BIBLIOGRAPHIE
ANDER EGG Ezequiel (1974), Dictionario de
trabajo social, ECRA-ILPH, Argentina
BELLANGER Jean Luc (1970), la
Stupéfiante Histoire des Drogues, Ed. Mondiales, Paris
BELANGER Robert, CHAGOYA
Leopoldo (1979), Techniques de thérapie familiale, PUF,
Paris.
BURHIG Martin (1996), Réussir
l'Insertion, Accompagner la reconnaissance sociale, Chronique Sociale,
Lyon.
BOUDON Raymond, BOURRICAUD
François (1994), Dictionnaire critique de la
sociologie, 4è Ed. PUF,Paris.
CASTELLANOS Maria C. (1962), Manual de
trabajo social, la pensa medica, Mexicana, Mexico
CHAMI Maya (1987), Toxicomanies et
interventions sociales, Les Ed. ESF, Paris.
DAVIS F. A (1997), Tabers Cyclopedic,
Medical Dictionary, F.A, Davis Company, USA.
DOLLARD Cormier (1991), Prévention
Primaire et Secondaire de la Toxicomanie, Ed. Méridien,
Québec.
DOLLARD Cormier (1993),
Toxicomanie : Styles de vie, Ed.
Méridien,Québec.
DEROBERTIS Christina (1995),
Méthodologie de l'Intervention en Travail Social, Ed. Bayard,
Paris.
DUBOIS Brenda et al (1996), Social
Work : an empowering profession, Allyn Bacon, Boston.
DURANQUET Mathilde (1991), les Approches en
Service Social, Edisem,Toulouse.
GERVAIS Yves, la Prévention des
Toxicomanes chez les Adolescents, Ed. L'Harmattan.
GODERFROID Jo (2001), Psychologie,
Science humaine et science cognitive, Ed. De Boeck Université,
Bruxelles.
MONJAUZE Michèle (1999), la Part
Alcoolique du soi, Dunod, Paris.
Morin Edgar (1980), la Méthode 2, la
vie de la vie, Paris, Seuil.
Mortier Raul (1967), Dictionnaire
Encyclopédique Universel, Grolier Ltd, Canada.
NADEAU Louise (1990), Vivre avec
l'Alcool, Ed. De l'Homme, Québec.
PAPALIA Roland et al (1988), Introduction
à la Psychologie, Ed. Mc Grawhill, Québec
ROBERT Paul (2007), Le Nouveau petit Robert,
Nouvelle Edition du Petit Robert, Paris
Rocher Guy (1969), Introduction à
la sociologie générale, Tome I, l'action sociale, Ed,
Hurtubise HMH, Ltée, Montréal.
SHULMAN Lawrence (1976), Une Technique
de Travail Social avec les Groupes, Ed. ESF, Paris.
SOURNIA Jean Charles (1986), Histoire de
l'Alcoolisme, Ed. Flammarion,Paris
REVUES et documents
APAAC (1997), Réflexion sur
l'alcool et les autres drogues, Ed. APPAC, Port-au-Prince.
Commission saisie du rapport :
Commission sur l'égalité des chances, des hommes et des
femmes. Renvoi en commission : Doc 9081 et renvoi No 2608 du 22
Mai 2001, Slovaquie.
Intervention octobre 1992, Revue de
la cooporation professionnelle des, travailleurs sociaux du Québec,
Conséquences psychosociales de la toxicomanie, No 93,
Québec.
Intervention Hiver 1980, Revue de la
cooporation professionnelle des travailleurs sociaux du Québec, No 57,
Québec.
Intervention Juin 1988, Revue de la
cooporation professionnelle des travailleurs sociaux du Québec,
Santé mentale un dossier fou, No 80, Québec.
MUCCHIELLI Roger (1980), l'Entretien de
face à face dans la relation d'aide, 8e Edition, Paris.
Mémoires consultés
CEZAR Frantz, la prise en charge
psychosociale des malades à l'HUEH : limites et enjeux,
2003.
SAINT-PAUL Eddy, la Prise en charge
institutionnelle des personnes âgées en Haïti, 1999.
.
Sites Web
http://
www.boulimie.com/fr/dossier_alcool.htm,
Mai 2006
www.google.com, 7 Juin 2006
http://fr.wikipedia.org.wiki/TH%c3%A9orie_dessyst%c3%A8mes_sociaux,
7 juin 2006
* 1-CORMIER Dollard,
Toxicomanie : Style de vie, Ed. du Méridien, 1993, pp.
18-22.
2- BELLANGER Jean Luc, la Stupéfiante,
Histoire de la drogue, Ed. Mondiales, 1970, pp. 16-19.
3- SOURNIA Jean Charles, Histoire de l'alcoolisme, Ed.
Flammarion,1986, pp. 16-22.
* 4- NADEAU Louise, Vivre avec
l'alcool, les Editions de l'homme, 1990, pp. 15, 16.
* 5- CORMIER Dollard et al,
Prévention primaire et secondaire de la toxicomanie, Edition
Méridien 1991, p. 25.
6- BURHIG Martin : Réussir l'insetion,
accompagner la reconnaissance sociale, Chronique sociale, 1996, pp.
102-105.
* 7- APAAC, Reflexion sur l'alcool et
les autres drogues, Ed. APAAC, 1997, p. 9.
* 8- GERVAIS Yves, la Prévention
des toxicomanes chez les adolescents, Ed. l'Harmattant, pp. 38-40.
9- BERNARD Hillemand, l'Alcoolisme, Que sais-je ?
1999.
10- CEZAR Frantz, La prise en charge psychosociale des
malades à l'HUEH : limites et enjeux, 2003.
* 11- SUISSA Jacob Amon, Intervention,
revue de la cooporation professionnelle des travailleurs sociaux du
Québec, conséquences psychosociales de l'Alcoolisme et des
Toxicomanes, No 93, Octobre 92, pp. 18-26.
* 12.GODERFROID Joe, Psychologie
science humaine et science cognitive, De Boeck Université, 2001,
p.594.
13- CORMIER Dollard, op. cit. pp. 48-52.
* 14- CEZAR Frantz , op. cit. p. 16
* 15- PAPALIA, Roland et al,
Introduction à la psychologie, Ed. Mc Graw Hill, Québec
1988, p. 593.
* 16- SHULMAN Lawrence, Une technique
de Travail Social avec des groupes, Ed. ESF, 197, p. 23.
* 17- DUBOIS, Brenda et al. (cité
dans F. Cézar), Social Work : an enpowering profession,
Allyn and Bacon, Boston 1996, p. 61.
* 18- http:
//fr.wikipedia.org.wiki/TH%c3%A9orie_dessyst%c3%8mes_sociaux, 07/06/2006
* 20- DURANQUET Mathilde, les
Approches en Service Social, Edisem, 1991, pp. 38-59.
* 21- Intervention,
Revue de la cooperation des travailleurs sociaux au Québec, Santé
Mentale un dossier fou, No 80, juin 1998
* 22- MORTIER Raoul, Dictionnaire
encyclopédique universel, Grolier, Ltd, Canada 1967, p. 3548
* 23- DAVIS, FA. Taber's cyclopedic
(cité par F. Cézar), Medical Dictionnary, F.A, Davis
company, USA, 1997, p. 552
* 24- CASTELLANOS Maria. C (cité
par F. Cézar). Manual de Trabajo Social, La Pensa Medica
Mexicana, Mexico 1962, p. 39
* 25- ROCHER Guy, Introduction
à la sociologie générale, l'Action sociale, Tome I,
Ed. Hurtubise HMH, Ltée, 1969, p. 130.
* 26- BLUM Rudoff, Dimension
sociologique du Travail Social, Edition Centurion, 1970, p.140
* 27- CHAMI Maya, Toxicomanies et
intervention sociales, les Edtions ESF, Paris 1987, pp. 78, 79.
* 28- APAAC, op.cit. p.29
* 29- MORISSETTE Pauline, Intervention,
Conséquences psychosociales de l'alcoolisme et de la toxicomanie, No 93,
Octobre 1992, pp. 57-60.
* 30- Commission saisie du rapport :
commission sur l'égalité des chances des hommes et des
femmes. Renvoi en commission : Doc 9081 et renvoi no 2608 du 22 mai
2001
* 31- DE ROBERTIS Christina,
Méthodologie de l'intervention en Travail social, Ed. bayard,
1995, pp. 83-87.
* 32- ROBERT Bélanger, Leopoldo
chagoya, Techniques de thérapie familiale, PUF, 1979, p.8.
33- CHAMI Maya, op. cit. p. 95.
|