CHAPITRE II :
A travers le premier chapitre nous avons défini les
repères théoriques qui guideront notre étude. Dans le
présent chapitre, il sera question de faire une étude
générale de la dette extérieure du Bénin.
Section I : Situation de la dette
extérieure du Bénin
Dans cette section, il sera question de présenter une
rétrospective sur la dette extérieure, son évolution au
Bénin et son effet sur quelques agrégats.
Paragraphe 1 : Rétrospective sur la dette
extérieure au Bénin
A- Rappel historique
L'endettement des pays du tiers-monde a véritablement
commencé à partir du début des années 70. Ces pays
ont été encouragés à venir consentir des
prêts car la conjoncture était favorable en cette période.
De plus, ils étaient perçus comme de bons débiteurs qui
pouvaient honorer régulièrement leurs engagements
vis-à-vis des différents créanciers car ils avaient des
richesses naturelles exploitables.
Ainsi, il y a eu augmentation des prêts à des
taux d'intérêts faibles consentis par :
- Les banques privées du Nord qui, pour
rémunérer les masses d'Eurodollars et de Pétrodollars qui
affluaient chez elles, les prêtent aux pays du Sud à des taux
très bas. Certains pays (surtout en Amérique Latine) sont
encouragés à s'endetter car leurs revenus d'exportations
croissaient et ils pouvaient rembourser.
- Les gouvernements du Nord qui distribuaient ainsi du pouvoir
d'achat aux pays du Sud afin que ceux-ci leur achètent biens
d'équipement, céréales, services, technologies...
B- Les causes de l'endettement extérieur des
PED
Les raisons pour lesquelles les PED se sont endettés
sont multiples et variables d'un sous-continent à un autre. Nous
essayerons de relever les causes principales communes aux pays avant d'aborder
les causes spécifiques au Bénin.
L'endettement extérieur est la conséquence d'un
déficit de la balance extérieure, plus précisément
la balance des transactions courantes (les paiements courants en direction de
l'étranger sont supérieurs à ceux reçus de
l'étranger). Ce déficit peut être financé
temporairement par les réserves du pays, ou de liquidités
internationales (les devises que le pays détient). Mais naturellement
ces réserves sont limitées et seront vite épuisées,
et un déficit répété sur plusieurs années
donnera nécessairement lieu à un endettement externe, car il
devra être financé par le crédit, les prêts
étrangers. Or, la plupart des pays du tiers-monde connaissent depuis
longtemps une situation de déficit de leurs comptes extérieurs.
Ils accumulent ainsi une dette externe.
Au début des années 1980, notamment durant la
période 1980-1983, les termes de l'échange des PED ont connu une
forte détérioration. Ces pays exportent majoritairement des
matières premières minières ou agricoles, et importent des
produits manufacturés. Accroître la productivité pour eux
revient à produire davantage de matières premières, donc
leur offre s'accroît. Au contraire dans les pays industriels, la
productivité consiste à produire les biens manufacturés
avec moins de matières premières (par exemple, des voitures avec
moins d'acier et consommant moins d'énergie); ce qui a pour effet de
diminuer la demande. L'effet conjugué de ces deux
phénomènes se traduit immanquablement par une baisse des prix des
produits de base qui procurent l'essentiel des recettes d'exportation des
PED.
Le choc pétrolier de 1973 a également
favorisé l'endettement. Les pays exportateurs de pétrole ne
pouvant consommer sous forme d'importations les recettes qui affluaient,
effectuèrent des placements auprès des banques occidentales,
notamment américaines. Ces montants énormes de
pétrodollars furent placés dans les PED. En 5 ans (1975-1980),
la dette du tiers-monde croît de 300% (de 250 à 750 millions de
dollars).
Notons aussi le relèvement des taux
d'intérêt. Les Etats-Unis, pour faire face à la conjoncture
économique de l'époque, avaient mis en place une politique
monétaire ayant entraîné un renchérissement du
dollar et des taux d'intérêt. Ces taux sont passés pour les
PED (non producteur de pétrole) de 5,5% dans les années 1970
à 10% pour la période 1980-1982. Cette évolution a eu pour
effet une augmentation du stock de dette des PED et donc de son service.
Le Bénin n'est pas resté en marge de ce
phénomène d'endettement. Mais d'emblée, il convient de
noter que le Bénin a mené aux lendemains de son
indépendance une politique d'endettement extérieure très
prudente : la règle d'or prônée alors étant de
« comptons sur nos propres ressources ». Mais au
début des années 70, la stratégie de développement
béninoise consiste à industrialiser le marché
intérieur. Et, face à l'insuffisance des recettes
intérieures, le pays se finance à l'extérieur et lance
trois grands projets (SSS, SCO et PPS), dont les deux premiers sont
réalisés conjointement avec le Nigeria. Parallèlement, la
Banque mondiale financera de nombreux projets de développement. C'est le
début de l'endettement extérieur. Le Bénin subit aussi les
effets de la conjoncture internationale et sa dette extérieure devint
insupportable. Le pays commence alors à accumuler des
arriérés de paiements. En 1989, année marquée par
l'effondrement du système financier béninois, les Institutions de
Bretton Woods proposent une assistance extérieure mais à la
condition de mettre en oeuvre des réformes structurelles : le 16
juin 1989, le Bénin adopte son premier programme d'ajustement
structurelle (PAS).
C - Initiatives pour résorber le surendettement
des PED
Toutes les théories se sont manifestées pendant
les décennies passées et ont causé ce qu'on a
appelé la crise de la dette de 1982 au Mexique et notamment dans
plusieurs pays en développement. Ainsi, divers mécanismes
internationaux ont été mis en oeuvre parmi lesquels le Plan Brady
(1985), les termes de Toronto (1988), les termes de Londres(1991), les termes
de Naples (1995), les termes de Lyon (1996) et enfin l'initiative en faveur des
pays pauvres très endettés (PPTE) en 1996 et 1999.
Les conditions de Toronto consistent en la réduction du
tiers de la dette officielle bilatérale éligible, qui est venue
à échéance. Celles de Londres portent sur une
réduction de moitié et celles de Naples, quant à elles,
prévoient un accord de réduction de 2/3 du service de la dette
bilatérale échue en valeur actuelle nette (LARDIC et MIGNON,
2003).
L'initiative PPTE, conçue au départ par la
banque mondiale et le Fonds monétaire international en 1996 et
améliorée ensuite en 1999, consiste en une remise de la dette des
41 pays à faible revenu et réduit cependant le niveau de leur
remboursement de la dette à un niveau soutenable. Elle requiert
également sous la supervision des Institutions de Bretton Woods (IBW),
que les pays éligibles présentent une trajectoire des
performances de bonnes politiques économiques, c'est à dire que
ces pays doivent démontrer des antécédents satisfaisants
sur le plan de leur gestion économique tels que des programmes de
stabilisation économique, des reformes des secteurs publics et une
réorientation des dépenses publiques en faveur de la
réduction de la pauvreté, de l'éducation, des soins de
santé y compris une croissance durable profitant aux populations pauvres
(France / M.A.E. 2005).
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