CONCLUSION GENERALE
Nous pensons être arrivé au terme de la
réflexion de notre sujet qui s'intitule « L'initiative
Pays pauvres très endettés (PPTE) et son impact socio
économique sur la croissance:cas de la République
Démocratique du Congo ».
A l'issue de cette réflexion l'objet majeur a
consisté d'une part à expliquer les raisons de l'accroissement de
l'endettement des pays en développement et plus particulièrement
ceux à faible revenu pris en compte dans le cadre de l'initiative PPTE
et son impact sur les économies de ces pays étant donné
que les PED consacrent généralement des ressources
supplémentaires qui aboutissent en premier lieu à mieux servir
les créanciers sans retombée réelle sur la population. Et
d'autres part d'analyser le processus de l'Initiative PPTE
déclenché en 1996, à l'initiative conjointe du Fonds
Monétaire International et la Banque Mondiale et sous la pression de la
Société Civile Internationale sur les pays riches dans le but de
garantir qu'aucun pays ne soit confronté à une charge
d'endettement intolérable. Et voir dans les perspectives d'avenir si
à elle - même l'initiative PPTE peut favoriser un climat de
relance.
La dette extérieure congolaise est un fardeau et un
handicap au développement du pays. Le drainage substantiel et
systématique de maigres ressources à travers le mécanisme
de l'endettement est un suicide. Déjà en 1970, le volume de la
dette extérieure en terme d'engagements est passé de 330 millions
USD à 5.1224 milliards en 1980. 20 ans après c'est-à-dire
au 31 décembre 2000, le stock dû de sa dette s'élève
a peu près à 9 milliards USD pour atteindre un stock global au 30
juin 2002 de 12.652 milliards USD. Mais le problème de la dette ne
réside dans le stock mais plutôt dans la capacité de
l'économie de dégager des ressources susceptibles de permettre au
pays de faire face aux charges de la dette (paiement des intérêts
et amortissement), sans pour autant compromettre le processus de
développement.
En ce qui concerne la République Démocratique du
Congo, les indicateurs quantitatifs de la gestion de sa dette extérieure
sont au rouge, une situation qui est confirmée par le niveau du taux
d'exécution du service de la dette qui est quasiment nul depuis 1993. Le
ratio service dû sur PIB qui représente 250% montre que même
si toutes les richesses produites par l'économie nationale
étaient versées à l'extérieur, elles ne sauraient
couvrir les charges de la dette.
Est-ce que le régime PPTE est une voie de
sortie pour la République Démocratique du Congo, permet-il ou
permettra-il d'alléger le fardeau de sa dette publique extérieure
et réduire sa pauvreté ?
Les allégements obtenus par la RDC durant la
période allant du 30 juin 2001 au 31 décembre 2002 auprès
de ses partenaires multilatéraux et du Club de Paris ont fait baisser le
stock de #177; 30% par rapport au stock du 30 juin
2002, ce qui, à première vue, laisse augurer un
espoir de l'alternance d'une dette insoutenable à une dette soutenable,
atteignant ainsi les objectifs PPTE d'ici 2006.
Mais la gestion reste au niveau de la problématique de
constitution et orientation des fonds suite de la réduction obtenue dans
le cadre du régime PPTE. Pour ce qui nous concerne nous pensons que
cette constitution de fonds est théorique car la République
Démocratique du Congo n'assumait pas son service de la dette.
La projection effectuée par le FMI sur le PIB par
habitant de la RDC sur la période 2002-2010 montrent que la population
ne pourra pas atteindre le seuil de pauvreté fixé à 1USD.
Dans ces conditions, le fardeau de la charge de la dette et de ses
intérêts constituera toujours un obstacle pour le congolais de
jouir du bien être pour lui-même et sa famille, y compris de la
nourriture, des vêtements et un logement suffisant.
L'allégement de la dette n'est pas une fin en soi. Le
problème fondamental est celui d'amorcer un développement humain
durable par la création d'un environnement favorable aux investissements
créateurs d'emplois décents.
La sortie de la RDC de la crise se heurte à plusieurs
barrières : faible capacité à dégager un consensus
social, manque d'excellence dans la préparation des décisions,
faible niveau de l'éducation, par ailleurs, il serait malvenu
d'envisager de résoudre le problème de pauvreté sans
accorder une place de choix à l'équité sociale dans
l'action gouvernementale.
Est-ce que l'initiative peut elle-même
favoriser la relance ?
Il vrai que l'initiative ouvre des fenêtres
d'opportunités mais elle ne se suffit pas à elle-même Une
somme d'actions devrait l'accompagner pour qu'on puisse l'engager sur la voie
d'une croissance durable.
Dans le contexte actuel de la RDC, une amélioration de
la gestion des finances publiques n'aura de sens que si elle s'accompagne d'une
restructuration des dépenses en faveur des pauvres. Car la
stabilité macroéconomique n'est pas suffisante pour faire face
à la pauvreté, par contre une confection des matelas sur lesquels
devra reposer la croissance doit être envisagée dès
aujourd'hui. Nous pensons qu'il faudrait revoir le système de
rémunération pour réduire le nombre de travailleurs
pauvres pour que peaufine une demande solvable sans la quelle la croissance ne
pourra pas se perpétuer.
Le Rapport 2002 du FMI révèle que la
réduction de la dette au titre du régime PPTE est directement
bénéfique aux pauvres sans que cela soit assuré par
l'entremise de la croissance. En affirmant que réduire d'environ un
tiers le ratio service de la dette sur exportations des PPTE,
l'allégement accordée permettra aux pays à revenu faible y
compris la RDC d'épargner 1/2 et 1 1/2 du PIB par an sur un budget et
d'augmenter sensiblement les dépenses en faveur des secteurs pro-pauvres
notamment l'éducation et la santé.
Nous pensons pour ce qui nous concerne, que seul le
mécanisme, comme proposition de résolution de la crise
congolaise, dans sa politique de relance présente des limites. D'abord
l'Initiative à elle-même ne garantit pas la
tolérabilité du niveau d'endettement, il faudrait sur le plan
interne engager la République Démocratique du Congo sur la voie
d'une croissance durable, par l'application comme il convient des programmes et
réformes soutenues par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International.
Il faut cependant noter que , quelles que soient les
stratégies adoptées et les mesures institutionnelles mises en
place, l'épargne nationale ne pourra suffire à assurer la relance
économique dans les deux ou trois ans à venir: les ressources
extérieures constitueront encore longtemps un complément
indispensable. Nous estimons qu'une réduction ou annulation totale de la
dette de la République Démocratique du Congo, devrait intervenir
dans le cadre de cette Initiative. Ceci pourrait entraîner des gains en
termes de croissance et être aussi bénéfique pour les
pauvres. Ces gains de la croissance pourraient amorcer un cercle vertueux qui,
à l'absence d'un nouveau paiement de la dette, abaisserait le ratio
d'endettement du pays en finançant la croissance.
Mais attention, ce dividende de la croissance risquerait de ne
pas se matérialiser si les pays enregistrent fréquemment des
déséquilibres macroéconomiques.
Mais, si l'Initiative PPTE offre effectivement des nouvelles
opportunités de développement, il faudrait alors les exploiter
à suffisance et les mettre au profit de la population,
particulièrement les pauvres. Or en réalité, les
ressources PPTE ne constituent pas des dons que les bailleurs de fonds
accordent au pays bénéficiant de l'Initiative. Donc a
elle-même l'Initiative PPTE ne peut pas favoriser la relance ni lutter
efficacement contre la pauvreté.
Pour finir, le gouvernement congolais doit fournir un effort
pour non seulement maîtriser ses dépenses mais aussi les rendre
efficaces, car après la deuxième revue du PEG, le FMI dans son
communiqué du mardi 12 août 2003, a révélé
des préalables auxquels la RDC devra se soumettre dans le mois à
venir pour consolider son cadre macroéconomique en vue d'atteindre le
point d'achèvement de l'Initiative PPTE. La lutte contre la
pauvreté et la croissance ne porteront leurs fruits que lorsque des
progrès auront été réalisés
simultanément par une politique macroéconomique stabilisant les
prix et des actions orientées vers l'accroissement des investissements
productifs, seuls moyens de créations des emplois décents afin de
réduire la pauvreté et améliorer le bien-être
général.
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