REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
FACULTES UNIVERSITAIRES JEAN-PAUL II
B.P. 139 BENI
INSTISTUT FACULTAIRE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET
GESTION
Département de Gestion
Financière
L'INITIATIVEPAYS PAUVRES TRES ENDETTES (PPTE) ET SON
IMPACT SOCIO ECONOMIQUE SUR LA CROISSANCE:
CAS DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO
Par KAMBALE KAPITENE Héritier
Travail pratique réalisé dans le cadre du cours
de Dissertation des Questions d'Economie Internationale en Deuxième
année de Licence en Gestion Financière
Dispensé par AMBEREKI MUKUTE Augustin ; Chef de
Travaux
ANNEE ACADEMIQUE :
2010-2011
.INTRODUCTION
D'après l'histoire de l'humanité, la fin d'un
siècle est toujours caractérisée par des
événements qui attirent même l'attention des observateurs
les moins attentifs.
A la fin du 20ème siècle, au moment où
certaines personnes ont les regards tournés vers la technologie à
cause de son progrès et ses découvertes étonnantes, notre
attention est focalisée sur les questions soulevées par
l'endettement,la pauvreté et la croissance économiques.
L'Afrique est en crise. Depuis des années,
l'évolution économique et les problèmes d'endettements y
sont préoccupants. Et cette évolution tend à la
marginaliser au sein de l'économie Mondiale.
Dans les années qui ont suivi la deuxième guerre
mondiale, l'Afrique a connu une réelle croissance, mais
déjà à cette époque, le rythme en était
inférieur à celui des autres pays de l'OCDE.
Durant les années 1980 le retard grandit :
difficultés internes et externes s'accumulent, des secteurs
économiques importants stagnent ou régressent et, globalement, le
PIB par habitant reste faible. Sachant que la croissance économique ne
peut être réalisé sans investissements souvent massifs et
coûteux, les pays africains ,face à la faiblesse de leur
épargne interne , n'avaient de choix pour financer ces investissements,
que de recourir aux emprunts à l'extérieur. Ils ont même
été encouragés à le faire par les pouvoirs publics
des pays développés et les Banques qui trouvaient là un
moyen rentable de recycler les excédents des pays pétroliers
qu'elles recueillaient sous forme de dépôts
rémunérés.
Ce sentiment intense de bien-être et de confiance de
courte durée s'estompera avec les chocs pétroliers de 1973 et
1979, qui ont porté le prix du baril de pétrole de moins 3
dollars US à près de 40 dollars US et qui se sont suivi
concomitamment d'une détérioration des termes de l'échange
due à la baisse des cours de leurs principales matières
d'exportation, d'une hausse des taux d'intérêt internationaux,
ainsi que d'une réduction sensible des flux au titre de l'aide publique
au développement en faveur de ces pays.
Ne pouvant plus dégager suffisamment de ressources en
devises pour faire face au service de la dette , les pays africains ont
accumulé une dette de plus en plus importante qui les a conduit à
une crise d'endettement.
La République Démocratique Congo n'a pas
échappé à ce phénomène.
En effet, le poids de sa dette extérieure est
passée de 380millions de dollars US en 1970 à 12.9 milliards de
dollars US en 2002 dont près de 10,5milliards de dollars US
d'arrières (80% de la dette du pays sont des échéances
impayées).
En 2002, la RDC se trouvait dans une situation difficile vis-
à- vis de sa capacité à assurer le service de la dette. Le
pays avait bénéficié entre 1981 et 1989, de six accords de
rééchelonnement de sa dette au sein du Club de Paris .Ces
rééchelonnements, qui d'ailleurs sont des engagements non
productifs n'ont fait qu'alourdir à terme la facture de la dette .
Ainsi, entre 1990 et 2000 tous les indicateurs quantitatifs de gestion de la
dette extérieure de la RDC furent en rouge.
Les recettes d'exportation se sont effritées
d'année en année passant de 2 milliards de dollars US en 1991
à seulement 700 millions de dollars US en 2000, alors que le PIB est
passé de 6,5milliards de dollars US à 3,5milliards
évoluant à un taux de plus ou moins -5% en moyenne entre 1990 et
2001 contre un accroît démographique de 3,2% en moyenne.1
Certains théoriciens et praticiens du
développement tel que RAVAILLON estiment qu'une suppression, à
tout le moins partielle, des dettes africaines qui tiendrait compte des
données comptables, c'est-à-dire des données
chiffrées pourrait en conséquences intervenir sans mettre en
cause l'équilibre financier des institutions privées et sans
menacer le système financier international.
D'ores et déjà nous pouvons estimer que la
solution à cette crise doit être recherchée sur les plans
externe et interne.
En septembre 1999, le Fonds Monétaire Internationale
(FMI) a créé la Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et la Croissance (FRPC) afin de placer les objectifs de la
lutte contre la pauvreté et de promotion de la croissance au centre de
ses opérations de prêts dans ses pays membres les plus pauvres.
L'examen de la FRPC achevé en 2002 a confirmé que les programmes
appuyés par les prêts accordés au titre de la FRPC sont
effectivement devenus plus favorables aux pauvres et à la croissance,
les objectifs et les conditions des programmes appuyés par la FRPC
étant tirés directement du Document de Stratégie pour la
Réduction de la Pauvreté (DSRP).
Sur le plan interne l'enjeu pour le développement de
l'Afrique est essentiel, il n'est pas viable à long terme que tout
effort pour dégager des ressources supplémentaires aboutisse en
premier lieu à mieux servir les créanciers sans retombée
réelle sur la population , cependant un raisonnement dans les seuls
termes d'un volume donné de ressources escamote un aspect
économique et politique fondamental, celui de l'utilisation qui sera
faite des ressources nouvelles ainsi fournies aux pays endettés et
à la RDC en particulier.
Pour cela notre travail cherchera a répondre aux
interrogations suivantes:
1. Comment alors arriver à briser ce circuit auto -
entretenu entre l'endettement et une croissance économique nulle ou
négative pour résoudre durablement le problème de la
pauvreté en Afrique saharienne ?
2. L'initiative conjointe en faveur des pays pauvres
très endettés (PPTE) est-elle une nouvelle formule pour les
institutions de Betton Wood pour stimuler la croissance économique des
pays en développement (PED) et ainsi lutter Contre la pauvreté ?
Alors que la RDC est bénéficiaire d'une telle
initiative, que peut-elle pour faire renouer avec la croissance et s'attaquer
à la pauvreté ?
3. Quels bénéfices peut-on attendre d'un
allégement de la dette au titre de l'initiative PPTE ? C'est autour de
ces interrogations que s'organise notre étude.
Les menaces qui pesaient sur le système financier
international au début de la crise de l'endettement ne sont plus
imminentes aujourd'hui .Même si globalement cette dette continue de
s'accroître, elle ne constitue plus un danger pour ceux qui l'ont
financée faut-il en conclure que la crise de l'endettement est
terminée ?
Cette performance globale masque bien des disparités
.S'il faut se situer au niveau sous régional, les progrès en
cette matière ont été très
différenciés. Certains pays à revenu intermédiaire
d'Asie et d'Amérique latine se sont certes, affranchis du poids de leur
endettement, mais la situation reste très préoccupante pour
certaines régions notamment l'Afrique subsaharienne. En dépit des
multiples annulations et allégements dont elle a
bénéficié, cette partie du monde continue, en effet,
d'accumuler des arriérés de payement. Les difficultés
financières que cela engendre et les résultats mitigés
d'une décennie d'ajustement hypothèquent, aujourd'hui encore, le
développement de ces nations.
Pour eux, la question de la dette entière est
préoccupante.
Il n'y a donc point de meilleur moment pour
réfléchir sur l'endettement la pauvreté et la croissance
que celui-ci qui voit les énergies être mobilisées sur le
plan international ,pour éradiquer la pauvreté et trouver une
réponse adéquate à l'endettement excessif qui freine le
développement économique.
La pauvreté est devenu l'une des questions les plus
brûlantes de l'heure. En dépit de tout ce qu'ont rendu possible
les révolutions techniques du 20ème siècle, plus de la
moitié de la population mondiale vit, en effet, avec moins d'un dollar
par jour et cette situation bloque l'expansion économique des PED.
Réfléchir aujourd'hui sur les facteurs qui sont susceptible de
pouvoir déterminer les mécanismes de l'allégement de la
dette et se proposer de présenter les voies et moyens de sortir du
sous-développement économique suscite notre intérêt
sur le plan scientifique tant que habitant d'un pays classé parmi les
pays pauvre très endetté .Par ailleurs, cette réflexion
apparaît aussi comme une modeste contribution parmi celles qui tentent de
sortir des millions d'Africains et des Congolais de la misère.
Ce travail retrace tous les problèmes liés
à l'endettement extérieur, traite aussi de l'initiative PPTE et
son impact socio économique sur la croissance en République
Démocratique du Congo. Il est proposé, dans ce travail, quelques
pistes de solution pour sortir le pays de cette situation qui justifie en
partie son appauvrissement. Enfin ce travail est sanctionné par une
conclusion et quelques suggestions.
L'INITIATIVE PPTE ET SON IMPACT SOCIO ECONOMIQUE SUR
LA CROISSANCE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Les problèmes du financement de la croissance en
Afrique constituent un thème qui s'inscrit tout naturellement dans le
droit fil des préoccupations majeures du moment. La relance
économique de l'Afrique Subsaharienne qui est aujourd'hui un sujet qui
mobilise aussi bien les gouvernements du continent que les membres de la
Communauté Internationale, constituera l'objet de la première
section de ce point. On se souviendra à ce sujet que les chefs d'Etat de
l'Ex Organisation de l'Unité Africaine ont adopté en 1985 le
« Programme Prioritaire de Redressement Economique et de
Développement de l'Afrique 1986 - 1990 », programme qui a
été soumis et adopté par la
Communauté Internationale au cours d'une session
spéciale des Nations - Unies consacrée à cette crise
économique que traverse le continent Africain.
Par ailleurs, le régime PPTE a été
conçu par les Institutions de Brettons Woods (IBW) en 1996 pour
rencontrer les problèmes liés à l'allègement de la
dette des pays à faible revenu, dette considérée comme un
obstacle pour leur développement. L'admission de la République
Démocratique du Congo à cette Initiative constituera notre
deuxième section. Alors que l'allégement de la dette sera
progressif au niveau de son service d'ici 2006, quelles seront les perspectives
d'une croissance pour une économie aussi délabrée que
celle de la RDC ? C'est autour de cette dernière question que sera
organisée la troisième section de ce chapitre.
Section I. Problèmes du financement de la
croissance en RDC
I .1 . Le poids de l'histoire
Dans les lignes qui suivent, nous allons partir d'abord d'un
rétrospectif historique des mécanismes fortuits du financement de
la croissance en Afrique en remontant à la période coloniale,
nous présenterons ensuite pour terminer les difficultés de
financement en R.D.C.
Le financement de la croissance provient, en premier lieu, de
l'épargne nationale, c'est - à- dire la somme de l'épargne
publique et l'épargne privée. Lorsque celle - ci est
insuffisante, pour financer la croissance possible, on peut alors recourir
à l'épargne d'autres pays, c'est-à-dire du reste du monde.
Cependant, comme le bon sens l'exige, à terme les prêts
extérieurs doivent être remboursés grâce aux
excédents de production réalisés à l'aide d'apports
financiers extérieurs et de l'épargne nationale. Comme l'indique
Chandra HARDY, au cours des années 60, les taux de croissance
du PNB par habitant de l'Afrique Subsaharienne étaient faibles mais
positifs et des acquis considérables ont été
enregistrés en matière d'augmentation du niveau de
l'épargne et de l'investissement. Les entrées des capitaux
étrangers correspondaient en moyenne à 3% du PIB et le niveau de
l'investissement est passé de 16 à 21% entre 1960 et 1970.
Au cours des années 70, la décennie des chocs
pétroliers, la détérioration des termes de
l'échange s'est traduite par une baisse de 50% du pouvoir d'achat des
exportations et par une baisse régulière des revenus. Les
entrées de capitaux étrangers ont considérablement
augmenté après la première et la seconde hausse du prix du
pétrole. Ce qui permis initialement d'amortir la baisse du niveau de vie
et à maintenir le niveau des investissements, mais n'a pas suffi pour
à compenser les effets défavorables de la sécheresse et de
la crise en général de la balance des paiements. Les ressources
en devises de nombreux pays Africains ne permettent pas d'honorer le service de
la dette et de financer les importations de première
nécessité. Le taux d'épargne intérieure qui
était passé de 13% du PIB en 1960 à 20% en 1979 a
été que de 12% en 1983. L'Afrique se trouvait manifestement dans
une situation où les contraintes de l'épargne et des devises
constituent des entraves.
GORDON retrace l'origine de la débâcle
des politiques africaines de financement de croissance partiellement dans la
fragilité et le manque d'adaptation des structures institutionnelles en
matières de politique économique et financière. Les pays
Africains, pour la plupart et la République Démocratique du Congo
en particulier, ont accédé à l'indépendance sans y
être bien préparés: système monétaire
représentait un accessoire marginal de la Banque Centrale
Métropolitaine; les banques commerciales étaient, elles aussi,
des avant- postes secondaires des centres monétaires européens
avec très peu d'autonomie de financement; la croissance
économique était financée par des dons venant de la
métropole. 40 à 50% de l'investissement global étaient
consacrés à l'industrie contre 5% seulement à
l'agriculture au cours des années 60 et 70.Or comme l'affirme
FRIMPONG - ANSAH, dans la plupart des pays Africains, il a
été constate une détérioration du potentiel
d'épargne au cours des années 1980.
Cette crise africaine est caractérisée
essentiellement par une baisse continue de la production face à une
augmentation rapide de la pression démographique.
Selon Kabuya Kalala, pour mesurer l'ampleur de la
crise il faut revoir le niveau des investissements qui avait été
relativement élevé en Afrique Subsaharienne pendant les
années 1970 ( 22% du PIB) a amorcé, depuis 1980, une baisse
continue pour se situer à seulement 14,5% environ en 1984.
Ce phénomène, résulte
de l'effet combiné de la faiblesse de l'épargne intérieure
et surtout de la diminution de l'apport des capitaux extérieurs. Il est
évident que la relance des économies exige de renverser ces
tendances défavorables au développement, et pour y parvenir il
faut une mobilisation d'importantes ressources financières aussi bien
intérieures qu'extérieures. L'investissement destiné
à répondre aux besoins vitaux n'est pas seulement souhaitable
pour mettre un terme à la souffrance humaine; c'est également un
élément clé dans une stratégie
intégrée de croissance.
Or, les perspectives de mise en oeuvre de ces ressources
financières doivent non seulement se fonder sur les leçons
tirées de plusieurs dizaines d'années de gestion
économique des pays africains depuis les indépendances
politiques, mais surtout sur l'adoption et la mise en oeuvre des mesures visant
à tirer le meilleur profit des ressources ainsi mobilisées. Il a
été cependant constaté que peu de résultats
positifs ont été enregistrés malgré l'injection
massive des capitaux dans le circuit économique de la République
Démocratique du Congo. Certains en concluent que beaucoup de ressources
ont été ainsi gaspillées.
Lorsqu'une économie fait toujours recours à
l'emprunt extérieur, ne dégage pas une épargne suffisante,
est connaît des sérieux déséquilibres au niveau de
sa Balance de paiements. Telle est la situation de l'économie Congolaise
depuis bien des années et jusqu'aujourd'hui. L'économie
congolaise plus que jamais a besoin d'une importante bouffée
d'oxygène pour se relever mais comment parvenir a une relance durable
est soutenue alors que le pays doit faire face annuellement au paiement du
service de la dette et aux arriérés dus aux dettes
contractées. Est- ce en prélevant une partie sur des
recettes intérieures ou avec les fonds reçus des nouveaux
emprunts que le pays effectuera son service de la dette? Pourra-t-il financer
son développement avec la réduction de sa dette dans le cadre de
l'Initiative PPTE ?
Voilà autant d'interrogations posées par les
problèmes du financement de la croissance en République
Démocratique du Congo. Mais le débat sur le financement de la
croissance remonte à l'époque des indépendances et jusque
là, on semble pas trouver une réponse adéquate à
cette question. Les engagements financiers se sont multipliés au cours
des décennies dans le chef des pays riches mais la plupart de ces
promesses sont restées lettre morte.
Le débat de ce troisième millénaire a
été marqué par une prise de conscience de cette question
épineuse dictée par l'ampleur de la pauvreté et des
inégalités dans le monde. Nous pouvons nous demander si la
communauté internationale peut faire mieux aujourd'hui que dans le
passé? Il ne semble pas exister une réponse unique
à cette question cependant sans négliger le sentiment des
institutions de Bretton Wood en la matière, les prêteurs ont leur
conception globale sur la question et les emprunteurs la leur.
Concernant la RDC, le non paiement de sa dette envers les
institutions de Bretton Woods pouvait constituer un handicap à
l'éligibilité aux mécanismes existant de réduction
de sa dette extérieure. Elle doit chercher à se mettre en phase
avec ses partenaires tant bilatéraux que multilatéraux afin de
pouvoir bénéficier des différentes mesures de
réduction et d'annulation des dettes. Les mesures d'annulation ne
concernent que les pays les plus pauvres dont la dette comprennent une forte
proportion de crédits d'Etat à Etat.
Avec un revenu annuel de 68,3 USD, soit à peu
près 6 USD par mois et par habitant, la République
Démocratique du Congo est loin en deçà du seuil de la
pauvreté (à 0,21 dollar par jour et par personne soit environ
97,05 Franc
Congolais), donc la tranche de l'extrême
pauvreté. Par ailleurs la grande partie de sa dette est d'origine
publique (à peu près 70% envers le Club de Paris). Voilà
autant des problèmes qui empêchent le financement de la croissance
économique de la RDC depuis des décennies alors que la RDC,
était en droit de brandir son état, pour bénéficier
des mesures d'allégement de sa dette extérieure. Dans le
même ordre d'idées la RDC pouvait se référer au
plan
BAKER pour solliciter un
rééchelonnement pluriannuel de sa dette, et obtenir par
conséquent des flux substantiels de nouveaux prêts tels que
prônés par ce plan et ainsi relancer son économie.
Quel devrait être l'argument de la RDC face à son
incapacité à dégager des ressources nécessaires au
remboursement de sa dette Jean Claude Williame, s'inspirant de l'une des
résolutions des Nations - Unies avait abordé cette dimension du
problème. Il envisageait pour la RDC l'éventualité de
refuser le remboursement d'une partie de la dette étant donné
l'incidence négative de cette dernière à la relance de
l'économie nationale et le bien - être de la population. Pour ce
dernier, la responsabilité de la dette congolaise devrait être
partagée entre l'élite dirigeante congolaise et certaines
puissances étrangères. Pour ce faire, il rappelle un principe du
droit public international relatif aux dettes qualifiées «
d'odieuses », qui dispose que:« si un pouvoir despotique
contracte une dette non pas pour le besoin et dans les
intérêts de l'Etat mais pour fortifier son régime
despotique, pour réprimer la population qui le combat etc. cette dette
est odieuse pour la population de l'Etat entier. Cette dette n'est pas
obligatoire pour la nation ; c'est une dette de régime, dette
personnelle du pouvoir qui l'a contracté, et par
conséquent elle tombe avec la chute de ce pouvoir >>.
L'ancien Président Tanzanien Mwalimu Julius Nyerere lors de
son passage à Kinshasa à l'invitation de feu Président
Laurent Kabila, avait aussi qualifié la dette Congolaise
d'odieuse.
Dans le même ordre d'idées, Rolf KNIEPER
renchérit en citant un passage de la Charte des Nations Unies pour
appuyer le principe stipulé ci-dessus: « S'il existe une
obligation de tous les
Etats de contribuer à la justice sociale et
à la solidarité internationale, la destination des crédits
à des fins clairement improductives devrait être qualifiée
d'odieuse... En conséquence, ils ne seraient pas à
rembourser. Les bailleurs de fonds privés qui contribuent au
financement de tels projets effectuent dans ce cas un investissement à
haut risque>>.
On s'apercevra à cette occasion que la
rhétorique politique de la décolonisation a certes
contribuée à la prise de conscience pour un processus rapide de
croissance, mais cela s'est appuyé sur une recherche excessive de
l'industrialisation. Plusieurs crédits ont servi à financer des
projets dont le matériel livré n'était pas conforme aux
conditions climatiques locales, ni aux besoins immédiats de
l'économie nationale il s'agit entre autres de la sidérurgie de
Maluku, de la zone franche d'Inga, de la Cinat : Cimenterie Nationale au
détriment de l'accroissement de la productivité agricole.
Conformément au principe ci haut cité, une
grande partie de la dette extérieure du pays devrait être
déclarée odieuse.
Le problème d'ordre économique se rapportent aux
aspects structurels de l'économie congolaise et notamment à la
Balance de paiements: effritement des recettes d'exportation et diminution des
importations face aux besoins croissants de l'économie, diminution des
montants obtenus au titre de l'aide et de l'emprunt à cause de la dette
extérieure et de l'accumulation des arriérés. La
détérioration de la qualité de la vie des populations
congolaises n'est qu'une véritable conséquence des
problèmes d'ordre économique.
La réduction du revenu par habitant et l'augmentation
du déficit du secteur public expliquent la tendance à la baisse
de l'épargne intérieure. Les perspectives de mobilisation des
ressources financières internes doivent naturellement se fonder sur les
possibilités d'action sur tous les paramètres de formation de
l'épargne, notamment le niveau général du revenu, le taux
d'intérêt des dépôts d'épargne,
l'accroissement et la diversification des exportations, l'accroissement des
recettes fiscales.
Le mécanisme PPTE, comme proposition de
résolution de la crise présente des limites et ne garantit pas la
tolérabilité du niveau de l'endettement des pays pauvres. Nous
pensons qu'une réduction de la dette ou son annulation totale dans le
cadre de cette Initiative peut entraîner des gains en termes de
croissance économique et être aussi bénéfique pour
les pauvres. Ce gain de la croissance pourraient amorcer un cercle vertueux qui
à l'absence d'un nouvel accroissement ou d'un nouveau paiement de la
dette, abaisserait le ratio d'endettement en finançant la croissance
économique. Mais ce dividende de la croissance risquerait de ne pas se
matérialiser si le pays enregistre fréquemment des
déséquilibres macroéconomiques.
Il convient cependant de noter que, quelles que soient les
stratégies adoptées et les mesures institutionnelles mises en
place à l'intérieur de la RDC, la croissance de l'épargne
nationale ne pourra suffire à assurer la relance économique: les
ressources extérieures constitueront encore longtemps un
complément indispensable.
Section II. L'admission de la RDC à l'initiative
PPTE
Le mécanisme PPTE a été lancé en
1996 à l'initiative conjointe du le Fonds Monétaire International
(FMI) et de la Banque Mondiale (BM). Il vise à réduire le poids
de la dette des pays pauvres très endettés. Ce mécanisme a
été amélioré en 1999 en vue notamment de favoriser
l'admissibilité d'un plus grand nombre de pays pauvres très
endettés. Les principales innovations de ce mécanisme ont
été de renforcer le lien entre l'allégement de la dette et
l'objectif de réduction de la pauvreté et introduire la notion du
point d'achèvement flottant déterminé en fonction du
rythme des mises en oeuvre des réformes structurelles essentielles (la
stabilité macroéconomique, la restructuration des entreprises,
etc.).
Contrairement aux mécanismes traditionnels
d'allégement de la dette, l'initiative PPTE implique la participation
entière et équitable de tous les créanciers au processus
visant à ramener la dette extérieure d'un pays à un niveau
soutenable.
Il y a lieu de noter que, dans le cadre de l'Initiative PPTE
renforcée, la dette extérieure d'un pays est
réputée soutenable lorsque le ratio de la valeur actuelle nette
de la dette VAN par rapport aux exportation des biens et services est
inférieur ou égal à 150% . En d'autres termes, lorsque la
VAN de la dette extérieure d'un pays représente 1,5 fois la
valeur de ses exportations des biens et services, alors sa dette est
considérée comme étant soutenable.
Nous discuterons, dans cette section de l'admissibilité
de la République Démocratique du Congo à l'initiative PPTE
renforcée; il sera question de décrire les différentes
étapes ou conditions, les types des classifications des pays pris en
compte dans le cadre de cette initiative pour terminer avec des politiques de
soutien par l'entremise et l'Aide Publique au Développement (APD) face
à l'Initiative PPTE renforcée.
II.1. Description de l'Initiative PPTE
renforcée
· Les conditions
d'éligibilité à l'Initiative PPTE
renforcée
Pour être éligible et recevoir une assistance
à titre concessionnel du FMI, désormais appelée
Facilité pour la réduction de la Pauvreté et la Croissance
(FRPC), ou de la Banque Mondiale [(Association Internationale de
Développement (A.I.D.)]; il faut :
- avoir un revenu moyen par habitant inférieur à
780 USD par an;
- avoir entrepris des programmes de réformes avec
l'appui du FMI et de la Banque Mondiale;
- avoir une dette insoutenable après l'application des
mécanismes traditionnels d'allégement, c'est-à-dire
après l'application des termes de Naples, soit une réduction de
67% de la VAN de la dette éligible au Club de Paris;
- le ratio [1] Valeur Actuelle Nette de la dette/ Exportations
des biens et services doit représenter plus de 150%;
- le ratio [2] Service de la dette/ Exportations des biens et
services doit être supérieur à 20%; - le ratio [3]
Exportations de biens et services/ PIB de 30%;
- le ratio [4] Recettes fiscales/ PIB doit être
égal à 15%;
- le ratio [4] Recettes fiscales/ PIB doit être
égal à 15%;
Il convient de souligner que pour les pays très
ouverts, un ratio Valeur Actuelle Nette de la dette / Exportations de biens et
services inférieur à 150% pour être recommandé au
point d'achèvement. Pour cela, le pays doit satisfaire à deux
critères au point de décision:
- avoir un ratio Exportations de biens et services/ PIB d'au
moins 30%;
- avoir un ratio Recettes fiscales/ PIB d'au moins 15%.
Pour les pays remplissant ces conditions, le ratio objectif
VAN de la dette/ Exportations sera calculé de manière à
obtenir un ratio VAN de la dette/ Recettes budgétaires de 250%.
II.2. Le déroulement de l'initiative PPTE
renforcée
L'application de l'initiative PPTE se déroule en deux
phases chacune suivie par un point de décision et d'achèvement au
cours desquels une évaluation de la soutenabilité de la dette est
effectuée. Chaque phase est censée durer trois ans mais au cas
par cas, des aménagements peuvent être portés pour les pays
sortants des conflits armés ou soit encore pour des
intérêts géostratégiques.
II.2.1. La première phase
Le pays doit appliquer pendant trois ans des programmes
d'ajustement structurel avec le soutien de la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International. IL reçoit une assistance à titre
concessionnel des créanciers multilatéraux. Les créanciers
bilatéraux du Club de Paris accordent une réduction du service de
la dette basée sur les termes de Naples (réduction de 67% de la
VAN) et les créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris
doivent accorder des réductions équivalentes. Le ratio objectif
(ratio [1]) à atteindre au point d'achèvement de 150% est
fixé au point de décision.
II.2.1.1. Point de décision
Il s'agit d'évaluer la soutenabilité de la dette
(étude des ratios [1], [2] et [3] ), et en particulier de
déterminer si une nouvelle opération de réduction de la
dette suivant les termes de Naples portant sur l'encours (67% de la VAN de
la part des créanciers du Club de Paris),
complétée par une action au moins aussi favorable de la part des
créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris est suffisante
pour rendre la dette soutenable .
Trois situations sont envisageables à ce stade :
- si la dette est soutenable après les
réductions accordées, le pays n'est pas éligible ;
- si la dette du pays reste insoutenable malgré
l'application des termes de Naples, le pays entre dans la deuxième
phase. Les objectifs à atteindre en termes de ratio de
soutenabilité au point
d'achèvement sont fixés à ce stade;
- si un doute existe quant à la soutenabilité de
la dette, des réductions supplémentaires sont
appliquées.
I.2.1.2. Deuxième phase, ou période
intermédiaire
Lorsqu'un pays est éligible, il doit mettre en place
des programmes de réformes économiques pendant trois ans.
Toutefois, cette période peut être plus courte si grâce aux
réformes, les performances économiques s'améliorent
rapidement au cours de cette deuxième phase. Les créanciers
fournissent des concours sous différentes formes.
· Le point d'achèvement
Le ratio objectif VAN de la dette/ Exportations à
atteindre au point d'achèvement est fixé au point de
décision. Les créanciers membres du Club de Paris proposent une
réduction de la VAN du stock de la dette de 90% (terme de
Cologne). Les autres créanciers commerciaux et
bilatéraux doivent entreprendre des actions au moins
équivalentes. Les institutions multilatérales succèdent
également à des réductions de la VAN de leurs
créances de manière à assurer un traitement global et
équitable pour tous les créanciers impliqués.
·Classification des pays pris en compte dans
l'Initiative PPTE renforcée
Au départ de l'Initiative PPTE en 1994, 41 pays ont
été considérés par la Banque Mondiale, comme
très endettés. Le Malawi a en suite été
ajoutée, ce qui signifie qu'au moins 42 pays doivent être
considérés comme PPTE. Sur 42 pays seuls 36 ont été
intégrés à l'Initiative de Cologne, c'est-à-dire
que 6 pays initialement considérés dans la liste des PPTE ont
été totalement exclus de l'Initiative PPTE : l'Angola, la
Guinée Equatoriale, le Kenya, le Nigeria, le
VietNam et le Yémen. Ils ne sont pas
considérés comme très pauvres et très
endettés et ne peuvent donc pas prétendre à l'Initiative.
Cette première sélection permet aux créanciers de
réduire le coût de l'Initiative en excluant les
pays lourdement endettés comme le Nigeria (35 milliards
de US) et le VietNam (26,5 milliards de USD).
1. Estimation des coûts potentiels des
PPTE
Le coût total de l'Initiative est estimait à 27,4
milliards de dollars en VAN de 1998 (50milliards en Valeur Nominale) pour
trente trois pays qui devraient pouvoir bénéficier d'une aide
(à l'exclusion de Libéria, de la Somalie et du
Soudan), soit plus du double du total du coût pour
l'Initiative Initiale, qui était estimé à 12,5 milliards
de dollars.
A cet effet, l'exclusion des Pays susmentionnés se
justifie selon les institutions de Bretton Wood, par des dérapages dans
l'application des reformes ainsi que par des conflits armés et des
troubles politiques dans ces pays qui pourraient retarder leur arrivée
au stade de la prise de décision. Si l'on inclut le Libéria, la
Somalie et le Soudan, le total des coûts en VAN de 1998 serait d'environ
19 milliards de dollars pour l'Initiative finale et 36 milliards de dollars
pour l'Initiative renforcée.
Tableau n° 16 : Initiative PPTE et estimation des
coûts potentiels par créancier
(en milliard de USD)
LIBELLES
Calculs de 33 pays Décembre1999 Calcul de 33 Pays
actualisé
Coût total en%
1. Créanciers Bilatéraux et Commerciaux 13,70
14,60 41,47%
Club de Paris 11,10 11,00 31,61%
Autres Créanciers Bilatéraux 1,70 2,50 6,70%
Créanciers Commerciaux 0,90 1,10 3,16%
2. Créanciers Multilatéraux
20,40 20,20 57,06 %
Banque Mondiale dont : 6,30 6,20 17,82%
- IDA 5,70 ;5,60 ;46,09%
- BIRD 0,60; 0,60; 1,61%
- FMI 2,30 2,20 6,32%
- BAD/ FAD 2,20; 2,30; 6,17%
- BID 1,10 ;1,10 ; 3,16%
- Autres 2,20 ; 2,20 ; 5,90%
COUT TOTAL (1) 34,10 ; 34,80 ; 100%
COUT TOTAL (2) LIBERIA, SOMALIE et SOUDAN 36,60 ;
37,30
Source : Institut International
d'Administration Publique,(Octobre 2000), Rapport d'avancement PPTE,
paris, p.7
II.3. Politiques de Soutien
L'initiative PPTE ne constitue-t-il pas une panacée aux
difficultés économiques et au problème de la
pauvreté des pays africains, la plupart d'entre eux n'auraient-ils pas
encore besoin pendant longtemps d'apports importants d'aide extérieure
concessionnelle ? Il est
prématuré de répondre à cette question,
étant donnée que l'Initiative PPTE elle-même est un
processus. Ainsi la réponse viendra au fur et à mesure qui les
pays auront atteint le point de décision
II.3.1. Aide Publique au Développement (APD)
face à l'Initiative PPTE renforcée
La mise en oeuvre de l'Initiative PPTE renforcée est
certes un pas dans la bonne direction car beaucoup des PPTE, verront leur dette
réduite, comme le Niger au mois de mai 2004. Mais une question
mérite d'être posée : l'Aide
Publique au Développement fera-t- elle les frais de la
remise de dette ?
Pour l'Initiative PPTE, il faut trouver plus de 28 milliards
de dollars, dont plus de la moitié sera à la charge des
Institutions Financières Multilatérales. Le risque est grand de
voir les pays donateurs affectés pas la remise de la dette les
ressources qu'ils destinaient à l'Aide Publique au
Développement.
Au- de là de la remise de la dette le vrai combat en
faveur de la solidarité internationale reste donc celui des 0,7% du PIB
que les pays riches se sont engagés à consacrer à
l'aide.
II.3.2. Allégement de la dette lié
à la réduction de pauvreté
En est -il possible de faire pour que l'allégement de
la dette conduise à la véritable réduction de la
pauvreté ?
L'examen de l'Initiative PPTE et le processus consultatif ont
fait une large place à la question de savoir comment lier, de
matière plus étroite et plus transparente l'allégement de
la dette aux actions de réduction de la pauvreté ; un accord sans
ambiguïté s'est fait jour sur plusieurs points importants :
- premièrement et avant tout, l'allégement de la
dette doit s'inscrire dans une stratégie intégrée de
réduction de la pauvreté comportant toute une gamme des
politiques axées sur l'amélioration des programmes sociaux, une
bonne gestion des affaires publiques et l'instauration d'une croissance
économique qui profite au plus grand nombre. En approuvant un
allégement de dette prononcé, plus large et plus rapide les
gouvernements ont aussi en septembre
1999 adopté un conjoint de la Banque Mondiale et du
Fonds Monétaire et International qui décrit une telle
démarche;
- au titre d'un cadre renforcé de réduction de
la pauvreté, l'allégement de la dette consenti au titre de
l'Initiative PPTE sera lié à la mise en place de
stratégies nationales de réduction de la pauvreté
conçues par les gouvernements pour que l'allégement de la dette
et plus largement l'aide extérieure au développement, fasse une
réelle différence dans la vie des pauvres; 85 au point
d'achèvement sera toujours subordonnée à la constatation
de progrès dans la mise en oeuvre d'une stratégie de
réduction de la pauvreté.
- toutefois à titre transitoire les pays pourront
accéder au point de décision sans qu'il y ait accord sur un cadre
stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), mais
l'accession
II .4 . Accès de la RDC à l'initiative PPTE
Renforcée
L'accès de la République Démocratique du
Congo au point de décision de l'Initiative PPTE renforcée est le
fruit d'efforts d'ajustement soutenus du gouvernement, dans un contexte
politique difficile marqué par la partition du pays à cause de la
guerre et par la dégradation des indicateurs économiques et
sociaux depuis plusieurs dizaines d'années.
Puisant les grandes lignes de son action dans le discours
d'investiture du chef de l'Etat du 26 janvier 2001, le gouvernement a mis en
place, avec le concours des services du FMI et de la Banque Mondiale, deux
programmes économiques successifs. Le premier dénommé
Programme Intérimaire Renforcé (PIR), de juin 2001 à mars
2002, visant essentiellement à casser l'hyper- inflation et à
créer les conditions propices à la relance de l'activité
économique. Et le second, communément appelé, Programme
Economique du Gouvernement (PEG), couvrant la période 2002-2005, vise la
consolidation de la stabilité macroéconomique et la relance de la
croissance économique en vue de réduire la pauvreté.
Fondé essentiellement sur l'exécution
équilibrée des opérations financières de l'Etat, la
maîtrise de l'expansion monétaire et la mise en oeuvre des
reformes structurelles, les deux programmes ont permis :
· La reprise de la coopération avec la
communauté financière internationale après 11 ans de
rupture ;
· L'exécution sur base caisse des
opérations financières de l'Etat, qui se sont soldés par
des excédents en 2002. Néanmoins, il importe de relever le faible
niveau d'exécution des dépenses d'investissement dont la
réalisation est tributaire au décaissement des ressources
extérieures;
· La réalisation en 2002 d'un taux de croissance
de 3%, après 13 années de contraction du PIB et de 3,5% en
2003;
· la réduction sensible du taux d'inflation qui
est passé de 511,2% à la fin 2000, à 135,1% à fin
2001 puis à 16% à fin 2002, et à 4,4% à fin 2003.
C'est au vu de ces résultats et des efforts entrepris
par le gouvernement en vue de la réunification du pays et de la
réconciliation nationale que les conseils d'administration du Fonds
Monétaire International et de la Banque Mondiale ont
décidé à l'issue de leurs réunions tenues
respectivement les 23 et 24 juillet 2003, d'une part le décaissement en
faveur de la R.D.C. de la troisième tranche de la FRPC de plus ou moins
37 millions de USD, au titre d'appui à la Balance des paiements et
d'autres part, son accession au point de décision de l'Initiative
PPTE.
L'accession de la R.D.C. au point de décision constitue
un événement majeur qui devrait positivement affecter les
perspectives de croissance du pays. Cette décision comporte plusieurs
retombées. D'abord sur le plan externe:
· L'annulation de 90% du service total de la dette
extérieure de la R.D.C. pendant la période intérimaire de
2003 à 2006. Cet allégement a permis une réduction du
service de la dette de l'ordre de USD 36 millions en 2003, et permettra une
réduction de 100 millions en 2004 et 173 millions en 2005;
· L'allégement du service de la dette de USD 1,031
milliard (environ USD 831 millions en VAN), sous forme d'une réduction
de 90% du service de la dette sur les crédits de l'IDA de 2003 à
2005;
· L'allégement de la dette envers le FMI de
près de USD 0,472 milliard en VAN sous forme d'une réduction
annuelle moyenne du service de la dette d'environ 50% jusqu'en 2012;
· L'annulation à hauteur de 80% du stock de la
dette au point d'achèvement en cas de succès du programme. Dans
ces conditions, la dette passerait de USD 8,404 milliards à 1,557
milliard en VAN, soit une réduction de USD 6,311 milliards. Ce stock de
1,557 milliard correspond à 2,568 milliards de USD en terme nominal.
Il y a lieu de rappeler que la République
Démocratique du Congo, avait bénéficié d'une
annulation de près de 4,6 milliards en 2002 lors de son passage au Club
de Paris, avec la possibilité d `accéder aux nouvelles ressources
extérieures pour la reconstruction du pays.
Sur le plan interne, le ressources provenant de
l'allégement additionnel du service de la dette du fait de l'accession
au point de décision, doivent être affectées aux
dépenses de lutte contre la pauvreté recensées dans le
(DSRP-I) Document Intérimaire : la santé, l'éducation, les
infrastructures de base, l'approvisionnement en eau potable et en
électricité. Les principaux objectifs du gouvernement, à
travers le DSRP - I soumis aux partenaires et qui devra être
finalisé avant le point d'achèvement, sont des trois ordres:
· restaurer la paix et promouvoir la
réconciliation nationale;
· assainir l'environnement macroéconomique et
stabiliser l'économie;
· assurer la sécurité alimentaire,
éducation et la santé.
Tous ces trois axes sont pris en compte dans le programme
triennal du gouvernement appuyé par la FRPC.
L'accession de la RDC au point de décision de
l'initiative PPTE est le résultat d'un processus de deux ans et demi qui
est passé par des décisions et mesures courageuses et parfois
impopulaires prises par le gouvernement. L'une des mesures les plus importantes
et peut être les plus difficiles a été celle d'autoriser la
Banque Centrale du Congo d'abandonner à partir du 27 mai 2001 le
régime du taux de change fixe au profit de celui à taux
flottant.
En principe, dès le mois de septembre 2002 le
gouvernement aurait dû revoir la structure de ses dépenses en
faveur des secteurs de l'éducation, de la santé du
développement rural et des infrastructures, n'eussent été
les pressions des exigences de la réunification du territoire national,
qui ont maintenu la prépondérance les dépenses politiques
et militaires.
L'allégement de la dette n'est pas une fin en soi. Le
problème fondamental est celui d'amorcer un développement humain
durable par la création d'un environnement favorable aux investissements
créateurs d'emplois décents.
On ne peut atteindre un développement humain durable
que par l'amélioration de la situation de l'emploi. Selon le Document
Intérimaire de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté, document élaboré dans le cadre du Programme
Economique du Gouvernement, « l'emploi a plus tragiquement subi
les conséquences des difficultés de l'Etat
caractérisées par la mauvaise gestion des entreprises publiques
et l'absence de politique de partenariat et d'incitation aux investissements
».
Le défi du gouvernement de transition sera notamment de
conduire la nation au point d'achèvement de l'initiative PPTE afin de
permettre à la population de jouir pleinement du fruit des sacrifices
consentis durant la mise en oeuvre de ces programmes.
Section III. L'initiative PPTE et les perspectives de
croissance
La réduction du stock de la dette est une chose, mais
rendre soutenable la dette d'un pays suppose qu'on l'ait engagé sur la
voie d'une croissance durable. Si l'Initiative PPTE offre effectivement des
nouvelles opportunités de développement, il faudrait les
exploiter à suffisance et les mettre au profit de la population,
particulièrement des pauvres.
Allégement de la dette et la réduction
de la pauvreté
Ce dernier point de l'étude nous permettra de
répondre aux questions que nous nous sommes posées sur la
réduction de la pauvreté, à savoir: l'Initiative PPTE
est-elle une issue au problème de réduction de la pauvreté
en République Démocratique du Congo ? Que faut-il faire pour que
l'allégement de la dette conduise à une véritable
réduction de la pauvreté ? Nous parlerons des perspectives de la
croissance en RDC, car il n'est pas possible de réduire la
pauvreté sans réaliser une croissance de qualité.
Le 12 juin 2002, la RDC a bénéficié d'un
crédit relais de 402,3 millions DTS (environ 519,0 millions USD) pour
apurer ses arriérés envers le Fonds Monétaire
International. Ce crédit relais lui a été accordé
conjointement par la Belgique, la France, la Suède et l'Afrique du
Sud.
A la même date, le Conseil d'Administration du FMI a
consenti à la RDC un prêt sur 3ans de 750
Millions USD, soit 581,4 millions DTS à des conditions
concessionnel les (0,5% de taux d'intérêt annuel remboursable sur
10 ans par paiement semestriel, avec un délai de grâce de 5ans
1/2) au titre de Facilité pour la réduction de la pauvreté
et pour la croissance. Un tirage de 420 millions
DTS soit 541,8 millions USD a été
effectué sur ce montant dont 402,3 millions ont servi au remboursement
du crédit relais. La différence, soit 17,7 millions DTS ( soit
22,8 millions USD) est destinée en partie à la constitution d'une
provision pour le paiement des charges d'intérêts dus au FMI en
2002-2003 (8,7 millions DTS) et le solde, soit 9 millions DTS, à l'aide
à la balance des paiements.
Le crédit de la relance économique
accordé par la Banque Mondiale a été utilisé en
partie au règlement des arriérés envers cette Institution
soit 330 millions USD. En sus du remboursement du crédit relais, deux
autres tirages totalisant 72,0 millions USD ont été
effectués sur les ressources du crédit de relance
économique, à savoir :30,0 millions USD destinés à
échéance envers la Banque Mondiale et 42,0 millions au titre
d'aide budgétaire.
En août 2002, la Banque Mondiale a accordé un
deuxième crédit de 454 millions de dollars destiné
à appuyer le Programme Multisectoriel d'Urgence, de Reconstruction et de
Réhabilitation. La RDC était éligible à ce
mécanisme : c'est un pays pauvre où le revenu national brut par
habitant est loin inférieur à la norme de l'admissibilité
au guichet de l'IDA, c'est-à-dire au guichet des prêts
octroyés à des conditions concessionnel.
Du 12 au 13 septembre 2002, se sont en plus
déroulées à Bercy (Paris) au siège du
Ministère de l'économie et finances, les négociations
entre la partie congolaise, conduite par le Ministre des finances et budget et
les créanciers du Club de Paris conduit par le Président du Club.
Ont pris part à ce forum en tant qu'observateurs, les
délégués du FMI, de la Banque Mondiale, de la BAD, de
l'OCDE, de la CNUCED et de l'Union Européenne. Ces négociations
ont été sanctionnées par un accord dit procès
verbal agrée à Paris le 13 septembre 2002 ou « accord X
».
Cet accord traite environ 8980 millions USD dont environ 16%
au titre des prêt d'APD. Ce montant consiste en 8490 millions USD
d'arriérés en principal, intérêts et
intérêts de retard au 30 juin 2002 et 30 juin 2005.
Cet accord a été conclu selon les termes de
Naples. Les prêts d'A.P.D pré date butoir doivent être
remboursés sur 40 ans, dont 16 ans de grâce à un taux
d'intérêt favorable que le taux concessionnel de ce prêt et
les échéances sur les crédits commerciaux pré date
butoir sont traitées de manière à obtenir un taux de
réduction de 67% en prenant en compte les réductions
déjà mises en rééchelonné sur 23 ans dont 6
ans de grâce à un taux d'intérêt de marché. Ce
traitement a conduit à une annulation immédiate d'environ 4640
millions USD sur la dette extérieure du Club de Paris. Ces mesures ont
réduit aussi le service de la dette due aux créanciers du Club de
Paris entre 30 juin 2002 et 30 juin 2005 de 9090 millions USD à 390
millions USD.
La lutte contre la pauvreté est par l'hypothèse
l'objectif premier de toutes stratégies et politiques de
développement préconisées ou mises en oeuvre aujourd'hui
par des dirigeants des pays en développements, mais y parvenir n'est pas
chose facile. Au regard de la profondeur et de la péristance des crises
économiques en Afrique subsaharienne, singulièrement en RDC,
extirper la pauvreté ou en réduire l'incidence exige beaucoup,la
stabilité macroéconomique ne saurait suffire pour cette fin.
La projection faite du ratio VAN de la dette sur Exportations
des biens et services pour l'année 2007, est de 375%. Bien que le pays
ait accédé au point de décision de l'Initiative, sa dette
reste toujours insoutenable. Ce qui porte à croire que le régime
PPTE n'est pas une panacée au problème de la réduction de
la pauvreté.
Le tableau suivant témoigne de l'insuffisance de
réduire la pauvreté par le régime PPTE en RDC.
Tableau n° 17 : Projection du revenu par jour et
par habitant
ANNEE 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
PIB au
Prix Constant (millions5.518 $) 5.456 ;5.966 ;6.560; 7.156; 7.769; 8.434;
9.114 ;9.848
Population en millions 55,6;57,3; 59,0 ;60,8 ;62,6; 64,5 ;66,4; 68,4; 70,5
PIB/habitant ($/ Jour) 0,28; 0,26; 0, 28 ;0,29
;0,32; 0,33; 0,35 ;0,37 ;0,38
Source : Fond Monétaire International
(2003), Soutenabilité de la dette et ressources PPTE, Kinshasa,
Décembre, p.4
L'analyse du PIB par jour et par tête d'habitant montre
que de 2002 à 2010, le revenu par jour et par habitant reste en
deçà de 2 USD. Il s'est situé à 0,28 USD en 2002 et
sera de 0,38 USD en 2010. Dans ces conditions, le fardeau de la dette et de ses
intérêts constitue un obstacle pour le Congolais de jouir du bien
être pour lui-même et sa famille, y compris de la nourriture, des
vêtements et d'un logement suffisant.
Le modèle de développement fondé
essentiellement sur le secteur public que la RDC a retenu depuis son accession
à l'indépendance, a montré sa fragilité sous les
effets combinés du choc pétrolier de 1974 et de la baisse de
cours mondiaux du cuivre ainsi que son incapacité à produire
assez de richesse pour répondre aux besoins de la population. Ajouter
à l'initiative PPTE, nous pensons pour ce qui nous concerne, que le
mécanisme PPTE tend aussi à démontrer ses limites. Dans le
cas de la RDC, même après le point d'achèvement, le fardeau
de la dette bien qu'estimée à 1,500 milliard, sera toujours
insoutenable et hypothéquera les chances d'amorcer une croissance
élevée et soutenue dans deux à trois ans voir dix ans.
Au regard de cet état de choses, le Fonds
Monétaire International et la Banque Mondiale, devront être plus
créatifs pour définir d'autres modalités
d'allègement de la dette impliquant notamment la disponibilisation de
ressources extérieures plus importantes pendant la phase finale.
L'appui de la Communauté Internationale ne produira
qu'un impact marginal si elle ne s'attaque pas d'urgence et efficacement aux
problèmes posés par les capacités humaines et
institutionnelles qui constituent l'un des facteurs clés de la faible
absorption des ressources fournies aux pays en conflit ou sortant d'un conflit
armé.
Pour que le pacte entre les pays riches et les pays en
développement, soit réalisé, nous pensons que les pays
riches doivent effectivement conjuguer des efforts, pour atteindre les
objectifs. Ils doivent définir des échéances et des cibles
concrètes, en agissant également sur plusieurs fronts : par
exemple un démantèlement des subventions commerciales et droits
de douane inéquitables, afin d'instaurer des conditions égales
pour tous. La zone OCDE par exemple verse plus de 300 milliards USD de
subventions agricole chaque année. Aux Etats-Unis, les subventions
à la culture de coton se montent à plus de trois fois l'aide de
ce pays à l'Afrique Subsaharienne. En Union Européenne, les
subventions en numéraire accordées par vache laitière sont
supérieures à l'aide par habitant destinée à
l'Afrique Subsaharienne.
Que faire dans des telles conditions
? Nous pensons qu'il faut exhorter donc les pays riches
à supprimer les droits de douane, quotas et subventions discriminatoires
qui nuisent aux échanges et aux investissements agricoles par exemples
dans les PED et la RDC en particulier, ensuite il faut annuler totalement la
dette des PED, parce que sa suppression pourrait intervenir sans mettre en
cause l'équilibre financier des institutions financières
privées et sans menacer le système financier international.
Si chaque année les pays en développement
remboursent plus de 240 milliards USD, les allègements de dette
prévus dans le cadre du régime PPTE devraient porter à
terme, sur 73 milliards de stock de dette. Cela peut paraître important
à première vue mais ne représente que 2,8% du stock de la
dette de l'ensemble des pays en développement.
Comment lier les allègements de la dette
à une véritable réduction de la pauvreté
? L'utilisation des fonds dégagés par
les allègements de dette est une des préoccupations principales
des organisations de la société civile mobilisées autour
de la question de la dette. Il convient à la fois de s'assurer que ces
fonds serviront au financement du développement et d'éviter d'en
tirer prétexte pour imposer des conditions excessives. Il importe de
mettre en place des mécanismes transparents; d'attribution des fonds,
associant les organisations de la société civile locale et les
églises.
En Ouganda par exemple, la mise en place d'un tel
mécanisme a fait que l'allègement de sa dette lui ait permis de
doubler son taux de scolarisation primaire, et d'augmenter de 270% ses
dépenses de santé publique.
L'intégration des Documents de Stratégies pour
la Réduction de la Pauvreté (DSRP) dans le cycle
budgétaire témoigne du souci de rendre les actions
gouvernementales efficaces et bénéfiques pour la
collectivité. Les raisons de cette formule sont premièrement,
l'affectation des ressources budgétaires à la lutte contre la
pauvreté et deuxièmement, la détermination des
autorités à exécuter des politiques favorables aux
pauvres
L'admission de la RDC à cette initiative devrait en
principe, conduire à certaines réalisations en matière de
lutte contre la pauvreté, mais les choses semblent ne pas vraiment
évoluer dans ce sens. Nonobstant l'allégement de la dette en
septembre 2002 et la fin de la guerre, les dépenses politiques et
militaires demeurent prépondérantes. En 2003, il a
été prévu d'engager des dépenses PPTE, pour un
montant de 11.783 millions de Franc congolais, mais malheureusement, leur
exécution étant nulle. Et jusqu'à la fin du mois de
février 2004, aucune dépense PPTE n'a pas été
engagée. Et comme dit Essimbo (2003), citer par Nshue Mbo
Mokime94 le gouvernement doit prouver ses capacités et
sa détermination à orienter sa politique en faveur des
pauvres.
Pour permettre aux pays d'orienter les fonds
dégagés par l'Initiative PPTE dans les projets de
développement à caractère social, il faudrait que l'APD
augmente pour financer ces allègements. Mais par - delà ces
augmentations, il faudrait qu'il y ait amélioration de la gouvernance
politique et économique. Une plate forme qui plaide pour la dette et son
développement avait pensée que « la mise en
place d'une telle instance indépendante arbitrant les
intérêts des débiteurs et créanciers, devrait
être confiée aux Nations Unies et prendre en compte le respect des
besoins et des droits fondamentaux des populations et la
reconnaissance de l'illégitimité de certaines créances
».
3.2 La bonne gouvernance et résolution du
problème de la dette
Comment peut-on résoudre le problème de
l'endettement de la RDC ?
Il ne semble pas exister une réponse unique à cette
question.
Plusieurs réponses sont réservées,
à cette question tout dépend d'une opinion à l'autre.
Néanmoins, parmi les solutions possibles ayant retenu notre attention
pour résoudre le problème de l'endettement de la RDC, on peut
noter ce qui suit :
· le rééchelonnement de la dette payable
d'ici dix à vingt ans sans intérêts en attendant que la
République Démocratique du Congo retrouve une croissance
économique suffisante.
· Le renouement avec les principes de bonne gestion et de
bonne gouvernance afin d'éviter que les mêmes causes produisent
les mêmes effets, que les emprunts futur n'hypothèquent à
nouveau l'avenir des générations entières. La dette
publique de la République Démocratique du Congo, s'est
accumulée parce que les hommes et des femmes jugés aptes n'ont
pas assumé dans les faits leur citoyenneté. C'est ainsi que des
hommes de tout bord qui ont accédé au pouvoir de l'Etat ont
contracté des dettes pour le compte de, se sont scandaleusement enrichis
au passage et ont laissé à la nation un lourd passif difficile
à éponger.
Un contrôle démocratique s'avère
indispensable pour la gestion rationnelle des emprunts futurs. Comme le montre
le modèle de Quaden, l'emprunt à l'extérieur pour
s'avérer pertinent, doit financer la croissance, et cette pertinence
dépend de l'importance des taux de croissance affichés et de la
différence entre croissance et intérêt à payer. Dans
ce sens, il s'avère nécessaire sinon indispensable
d'améliorer la gouvernance économique et politique pour permette
aux pays pauvres de faire face à la crise de l'endettement.
Les résultats peu reluisant que l'économie
congolaise a réalisés depuis des années sont à la
base de la crise de l'endettement du pays. En effet, si le pays orchestrait sa
marche sur le sentier de la croissance, il aurait pu faire face au
problème de la dette. Mais il n'a pas été possible de
procéder de la sorte à cause de la gestion prédatrice qui
a caractérisé le pays.
En effet, comme le souligne Mabi Mulumba, la
solution pour la RDC consistera à remettre de l'ordre dans les finances
publiques, s'assurer de l'efficacité de l'action publique et il faudra
de l'équité sociale dans la manière de gérer les
fonds publics et les ressources PPTE.
L'essence du nationalisme étant la primauté des
intérêts du groupe social sur ceux des individus, le gouvernement
de la République Démocratique du Congo devrait se
présenter comme porte parole, réalisateur et défenseur des
intérêts sociaux.
Il ne fait l'ombre d'aucun doute que la paix et bel est bien
une condition nécessaire au bon fonctionnement des économies et
à leur développement. Quoique les dividendes qu'elles offrent ne
soient pas quantifiables, il est difficile d'observer une stabilité
macroéconomique et de réaliser la croissance sans paix. A ce
propos, Mankiw (1999), citer par Nshue Mbo Mokime:" les
guerres sont des traumatismes autant pour les combattants que pour les
économies".
En effet, ces deux guerre ont négativement pèse
sur le cours de l'activités économique dans le pays en
interdisant aux détenteurs de capitaux d'investir massivement dans le
pays. Mais, faut-il leur attribuer toute la responsabilité des contre
performance économique de es dernières années ? Nous
pensons en qui nous concerne que le mode de gouvernance des décideurs
même en période de paix a eu des incidences plus grandes que les
guerres. Déjà le changement de régime en 1997 qui se
réclamait être une libération n'a pas marqué
positivement le processus de démocratisation et la gouvernance. La
politique de fixing du taux de change, interdiction de la libre circulation des
devises et le monopole octroyé à la société
Israélienne International Diamond Industries (IDI) furent des
véritables fiasco pour le pouvoir.
Le concept de bonne gouvernance a été introduit
en Afrique à partir des années 90. Dans l'entendement des
Anglo-saxons, les critères de cette bonne gouvernance sont : la
responsabilisation des gouvernements et de leur administration, la
participation au système politique la transparence des
procédures, la prévisibilité des comportements, etc..
Concrètement, la bonne gouvernance dans le cas de la RDC doit avoir pour
but final une redistribution juste des revenus. Cette bonne gouvernance
apparaît aujourd'hui comme une des conditionnalités politiques
exigées par les organismes internationaux en invitent les dirigeants des
PED à des modes de gestion susceptibles d'apporter un mieux-être
aux populations. Et pour ce faire, ces organismes encouragent la
prépondérance de la société civile qui doit servir
de contrepoids au pouvoir, dans la gestion de la chose publique, dans le
respect des droits de l'homme, et de l'excellence, et récompensent
financièrement les progrès dans la démocratisation.
La RDC a opté pour une économie libérale.
Ce type d'économie a ses caractéristiques, à savoir : la
propriété privée des moyens de production, la libre
concurrence des producteurs et la recherche du profit. Si elle a l'avantage de
simplifier la gestion étatique, par contre, elle se met en crise
aussitôt qu'elle est contrariée ou que les moyens matériels
ou humains deviennent qualitativement ou quantitativement insuffisants pour
assurer son bon fonctionnement.
Tala-Ngai, pour compléter a ce sujet : « il
faut des hommes d'une compétence éprouvée, apte à
saisir les mécanismes internes et externes des marchés et
capables d'appliquer correctement les impératifs du libéralisme
économique». Pour Musangu Luka: « l'accumulation du
capital humain devrait passer obligatoirement par les secteurs de
l'éducation et de la santé. Les investissements dans ceux deux
secteurs améliorent directement le bien-être des populations, mais
contribuent également de façon indirecte au renforcement des
différentes forme du capital, qui concourent à l'accroissement
des revenus. Par conséquent, le développement du capital humain
es tà la fois essentiel pour la croissance et un moyen de lutte contre
la pauvreté».
Depuis l'accession du pays à l'indépendance,
quelques caractéristiques communes observées font douter des
méthodes de gestion ou de la manière d'appréhender la
gestion de la chose publique. Quelques exemples illustre ce propos:
1. . Un nombre incalculable de colloques, séminaires,
ateliers initiés presque quotidiennement sur l'ensemble du territoire
national pour résoudre différents problèmes sont
restés sans suite parce que l'applicabilité des
résolutions n'a jamais fait l'objet de ces concertations ; tout se passe
comme si la finalité des la discussions est d'aboutir à une
déclaration sans se soucier de la viabilité des solutions
proposées ; cela est peut être dû à l'ignorance,
à la mauvaise appréhension, des problèmes
spécifiques rencontrés sur le terrain, ou pour n'avoir pas pris
suffisamment en compte le champ d'application de ces mesures.
2. Plutôt que d'attendre la sanction populaire sur leur
gestion, les dirigeants s'octroient des autosacrifices à travers les
médias pour démontrer leur efficacité, ainsi les actions
les plus anodines sont montées en épingle pour masquer les
lacunes laissées dans l'ombre et tenter d'occulter le manque flagrant
d'efficacité dans les actions menées.
Le mode de gestion des affaires n'ayant pas changé, la
guerre de 1998 ne pouvait qu'être prévisible pour les esprits
clairvoyants. Tout compte fait, les guerres ont été
néfastes pour développement du pays mais leur
responsabilité dans la crise socioéconomique n'est pas à
comparer avec celle qui revient à la mauvaise gouvernance.
Nous pensons qu'une bonne gouvernance économique et
politique est pensable pour résoudre le problème d'endettement.
Et la République Démocratique du Congo doit trancher
définitivement avec les espérances du passé, il faudrait
revoir en profondeur un modèle de développement et surtout son
mode de gouvernance. En paraphrasant, le Représentant de la Banque
Mondiale Ruhl (2003), a ce même propos, soutient en se fondant
sur le travaux de
Paul collier « que la République
Démocratique du Congo pourrait tomber à nouveau dans un conflit
si un processus de paix démocratique n'intervenait pas de manière
effective », le caractère assez fragile de la transition est
de mauvaise augure pour la résorption durable de la crise et la sortie
de l'ornière de la pauvreté. La mauvaise gouvernance perturbe la
paix sociale et conduit toujours à une régression
économique avec comme corollaires, la perte du pouvoir d'achat des
masses laborieuses, la perte d'emploi, la méfiance de la population
vis-à-vis de l'autorité.
3.4. Réformes structurelles et relance
économiques
Depuis les années 70, lorsque les pays de l'Afrique
sont devenus membres des Institutions de la Communauté Internationale,
le binôme crédit aide est resté la base logique de leur
développement. Le crédit s'est traduit par l'impasse de la dette
qui, de versement en rééchelonnements, continue d'entraver la
croissance des pays d'Afrique.
Pour réaliser la croissance d'environ 7%
envisagée dans les objectifs internationaux de développement pour
diminuer de moitié l'incidence de la pauvreté en Afrique
subsaharienne d'ici 2015 , le continent a besoin de combler un déficit
annuel de 12% de son PIB, soit 68 milliards USD. Il faudra pour ce faire
augmenter l'épargne domestique et améliorer la perception des
recettes fiscales.
Cependant, la majeure partie de ces ressources devra
être obtenue de l'extérieur du continent, c'est-à-dire du
reste du monde. Selon le Nouveau Partenariat pour le développement de
l'Afrique, « NOPADA » en sigle, ce sont avant tout la
réduction de la dette dans le cadre du mécanisme PPTE et
l'accroissement de l'Aide Publique au Développement (APD) qui
apporteront les ressources extérieures requises à court et moyen
terme, tandis que les apports des capitaux privés doivent être
envisagés plutôt à long terme.
Le gouvernement devrait revoir en profondeur la structure de
ses dépenses en faveur des secteurs de l'éducation, de la
santé du développement rural et des infrastructures, nonobstant
les pressions des préoccupations d'ordre sécuritaire et des
exigences de la réunification du territoire national, qui ont maintenu
la prépondérance les dépenses politiques et militaires.
On ne peut réaliser un développement humain
durable sans l'amélioration de l'emploi. Selon le
Document Intérimaire de stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP-I), document élaboré dans le cadre du
Programme Economique du Gouvernement (PEG), l'emploi a le plus tragiquement
subi les conséquences des difficultés de l'Etat
caractérisées par la mauvaise gestion des entreprises publiques
et par l'absence de politique de partenariat et d'incitation aux
investissements. L'emploi a représenté 2% de la population totale
en 2000 et 4% de la population active, 8%, 18% et 35% en 1958,et à titre
ullistratif de cette situation, quelle différence peut-on établir
entre le chômeur et cet employé des Lignes Aériennes
Congolaises(LAC), impayé depuis 118 mois ?
Lorsque nous prenons en compte la situation économique
de la République Démocratique du Congo qui est celle d'une
économie post-conflit mis en place depuis le début 2001 avec
l'accompagnement des institutions financières internationales, des
coopérations multilatérales et bilatérales, un programme
de stabilisation économique, ainsi qu'en avril 2002 le PEG dont un des
volet est le Programme Multiculturelle d'Urgence, de Réhabilitation et
de Reconstruction (P.M.U.R.R.). Si alors, le programme de stabilisation de 2001
avait pour objectif la création d'un environnement favorable à la
relance économique, le PMURR s'engage dans des actions de reconstruction
et de réhabilitation des infrastructures de base et de production,
particulièrement les infrastructures routières,
spécialement les routes de desserte agricole appelée à
désenclaver les zones agricoles pour faciliter l'écoulement de
leurs produits ainsi favorisée
En espérant, que la restructuration des entreprises
publiques ira dans nombre de cas, aboutir à leur privatisation. La
faiblesse du modèle de développement de la RDC ont mis en
évidence la nécessité de réaliser des reformes
profondes tant dans le portefeuille de l'Etat que dans les systèmes
financier et fiscal. La restructuration des entreprises publiques est à
envisager pour cause d'efficacité économique. En ce qui nous
concerne, nous croyons qu'une privatisation partielle serait la bienvenue, car
il faudrait tenir compte de la dimension sociale pour permettre à la
population de s'assumer. En tout état de cause, il y a lieu de penser
que la plupart de pays Africains et la RDC en particulier seraient plus
prospèrent si l'Etat se concentrait sur la mise en oeuvre des services
essentiels au lieu de diriger des entreprises publiques qui peuvent être
bien gérer par le secteur privé; la privatisation pourrait donc
s'avérer efficace. Et même si l'ouverture extérieure peut
entraîner la disparition de certaines entreprises nationales moins
efficaces face à la concurrence étrangère, on doit
s'attendre à la création d'autres entreprises, plus efficacement
bâties sur les décombres des anciennes, si ces réformes
sont bien menées.
Il sera donc d'une nécessité impérieuse
d'accompagner les travailleurs ainsi libérés de même que
ceux déjà en chômage suite à la fermeture soit de
leurs entreprises en leur fournissant les moyens de se prendre en charge pour
faire reculer l'informel et la pauvreté et contribuer à la
création d'emploi plus humain. Mabi Mulumba propose à ce
sujet que cet accompagnement prenne la forme d'un fonds de financement aux
conditions allégées pour ceux qui manquent des capitaux ou d'une
assistance technique en gestion.
3.4.1. Participation des pauvres au processus de
croissance
L'allégement de la dette n'étant pas une fin en
soi, le problème fondamental est celui d'amorcer un développement
humain durable par la création d'un environnement favorable aux
investissements créateurs d'emplois décents et ainsi renouer avec
la croissance. Pour y
parvenir Il faudra mettre de l'ordre dans la gestion des finances publiques et
orienter les ressources financières disponibles vers les secteurs
économiques rentables ou vers ceux à effet multiplicateur ou
d'entraînement sur d'autres.
Il est indispensable que l'on offre aux pauvres la
possibilité de participer au processus de croissance économique
en leur donnant accès à des moyens et en accroissant la
rentabilité des actifs dont ils disposent déjà. On peut
citer comme intervention de type immédiat les réformes agraires,
les programmes de réinstallation, les possibilités de
crédit spécial et le programme de formation. A plus long terme,
les investissements dans la mise en valeur des ressources humaines sont
indispensables à la fois pour accroître la rentabilité du
travail et promouvoir la mobilité sociale.
La création d'un mécanisme d'octroi des
crédits aux petits planteurs par exemple avec une amélioration de
la vulgarisation agricole destinée aux petits exploitants. Mais
également une extension de l'adduction d'eau dans les zones
pauvres par la remise en état des routes rurales, pour
faciliter l'accès aux marchés à partir des zones rurales
éloignées et pour encourager le développement du
système de micro marché dans le secteur structuré. Le
Nigeria par exemple est parvenu à relier toutes les grandes villes par
des routes asphaltées ce qui favorise les échanges et en
même temps diminue le prix des produits. Nous pensons que ce sont
là les projets qui devraient être soutenus par la
Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, en
matière de population, de santé, de nutrition et
d'éducation.
La lutte contre la pauvreté et la croissance ne
porteront leurs fruits que lorsque des progrès cohérents auront
été réalisés simultanément sur beaucoup des
fronts, sinon tous. Cette lutte en République Démocratique du
Congo exige
une large gamme d'actions qui se renforcent mutuellement sur
les problèmes aussi disparates que la dette, l'environnement, le
rôle de la femme le développement institutionnel, la
sécurité alimentaire et les services sociaux de base.
Comment renouer avec la croissance et lutter efficacement
contre la pauvreté dans un lorsque le Congolais moyen qui, dans son
imaginaire habituel croit ferme en un Congo riche, ce dernier étant
comme foudroyé en apprenant que la Communauté Internationale
classait son pays, malgré ses immenses potentialités parmi les
pays le plus pauvres de la planète et très endettés. La
lutte contre la pauvreté exige des actions visant à provoquer des
changements politiques aux niveaux macro et micro sectoriels, et à
soutenir une mise en oeuvre efficace des programmes et projets au niveau micro
parce qu'il ne faut pas imputer tous les maux du pays à l'endettement
extérieur. Celui-ci n'est pas un obstacle qui s'impose le plus
fondamentalement à la croissance économique; il n'est qu'un
facteur limitatif parce que son remboursement recourt à des fonds qui
auraient pu financer des investissements nécessaires à la
croissance.
Si la dette extérieure paraît aujourd'hui
insupportable par tête d'habitant, surtout en ce qui concerne le
coût du service, c'est parce qu'il y a eu d'une part cessation de
paiement depuis plusieurs années, après 11 ans de rupture et
d'autres part, persistance d'un marasme économique favorisé par
une instabilité politique prolongée.
3.5. Ouverture extérieure
Si les années 70, ont été celles de
l'instabilité, des taux de change flottants et des chocs
pétroliers, les années 80, marquées par le «
consensus de Washington >>, sont celles, durant les quelles,
l'idéologie néoclassique était parvenue au paroxysme de
son illusion salvatrice. Elles étaient aussi celles de la gloire des
institutions financières internationales comme le FMI dont l'emprise sur
les économies alors endettés devenait importante, mais enfin, des
années de la décennie perdue pour les pays en
développement, qui ont vu leurs niveaux de vie sensiblement baisser.
Depuis le début des années 90 jusqu'aujourd'hui,
le monde est cadencé au rythme de la mondialisation comme au temps de la
guerre froide. La pensée économique est bipolarisée
vis-à-vis de son apport dans l'amélioration du sort de milliards
de pauvres dans le monde. Selon le Rapport d'Abidjan 2003 du Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NOPADA) 106 340
millions de personnes soit la moitié de la population, vivent avec moins
d'un dollar par jour. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq
ans y est de 140 pour1000 et l'espérance de vie à la naissance de
seulement 54ans, 58% seulement de la population a accès à de
l'eau potable, le taux d'alphabétisation des personnes de plus de 15 ans
est de 41%.
Pour les plus optimistes, la mondialisation serait peut
être l'unique voie du salut pour les plus pauvres du monde et peut
être pour la RDC aussi mais pour ses détracteurs, elle n'est pas
moins que l'origine de tous les maux qui accablent ces mêmes pauvres.
D'aucuns avancent que « l'ouverture est la raison pour la quelle la
mondialisation conduit à une croissance et à une réduction
de la pauvreté plus rapide dans le pays pauvres ».
D'aucun comme James Harold, annoncé déjà
la fin de la mondialisation du 19ème siècle contenait les germes
de sa propre destruction et, de ce fait, elle aurait débouché
à la grande crise des années 30. Cette phase de la mondialisation
serait d'après Harold, sur sa trajectoire d'autodestruction. D'autres,
dans cette catégorie, beaucoup plus réalistes et en même
temps alarmiste, plaident pour une mondialisation à visage humain.
L'objectif n'est pas de nous engager dans cette
polémique stérile, mais plutôt de rechercher, dans les
arguments des uns et des autres, des vérités économiques
qui pourront accroître les revenus des pays pauvres très
endettés. Si les économistes s'accordent presque tous à
dire que la libéralisation des échanges stimule la croissance et
fait reculer la pauvreté, on ne s'inquiète pas moins de ses
conséquences néfastes. Nous pensons qu'il est important
d'évaluer la qualité des données sur les rapports entre
l'ouverture au commerce, la croissance et le recul de la pauvreté.
Joseph Striglitz (prix Nobel d'économie 2001 et ancien
Vice Gouverneur de la Banque Mondiale)
ajoute à ce sujet que : « S'ouvrir au commerce
international a aidé de nombreux pays à se développer
beaucoup plus vite..... L'élément clé de la politique
industrielle qui a enrichi la majeure partie de l'Asie orientale et
amélioré le sort des millions de ses habitants, c'est la
croissance fondée sur les exportations. Grâce à la
mondialisation, beaucoup d'êtres humains vivent longtemps aujourd'hui, et
beaucoup mieux...La mondialisation a réduit le sentiment d'isolement qui
régnait tant dans les pays pauvres et a donné à beaucoup
de leurs habitants un accès au savoir très supérieur
à celui dont pouvait jouir l'individu le plus riche de n'importe quel
pays voilà un siècle... »
Pour ce qui nous concerne, nous pensons que la
réduction des obstacles au commerce et l'ouverture à la
concurrence accroîtraient la richesse et ferraient reculer la
pauvreté en Afrique subsaharienne et singulièrement en RDC.
L'ouverture d'une économie aux échanges implique
la possibilité que peuvent avoir les ressortissants étrangers de
pouvoir effectuer des opérations sans que l'Etat n'impose des
coûts qu'il n'impose à ses propres citoyens. Ces coûts sont
les droits de douane et autres, les obstacles non tarifaires, les
réglementations sanitaires et sécuritaires. Mais malheureusement
dans les Etats riches, il existe des restrictions au commerce international,
les EtatsUnis d'Amérique, et les pays de l'Union Européenne
accordent des subventions agricoles qui influent négativement sur le
commerce des produits agricoles des PED.
L'ouverture aux échanges contribue largement à
l'augmentation de la productivité et au revenu par habitant et elle est
une importante variable explicative du niveau de la croissance du PIB
réel par habitant. En outre la libéralisation des échanges
et l'intensification de la concurrence des importations qui en découle
augmente la productivité et donc la croissance. En effet, le commerce
contribue à la diffusion des connaissances, des technologies et
innovations qui renforcent la productivité, en partie grâce
à l'importation des facteurs de production.
Dans ce cas, les bénéfices pour les pauvres
peuvent être évident du fait que la libéralisation des
échanges réduit les rentes des monopoles et la valeur des
relations avec le pouvoir politique et bureaucratique, modifie les prix des
biens échangeables. Aussi, elle est susceptible d'accroître les
salaires relatifs des travailleurs peu qualifiés. L'élargissement
des débouchés qui résulte de l'ouverture
extérieure, peut bénéficier aux pays pauvres dont les
marchés sont exigus.
Notre propos est que l'ouverture extérieure est plus
que jamais recommandable pour la RDC en vue d'accroître son revenu et de
faire face à la pauvreté, mais il faudra encore que cette
libéralisation soit progressive et s'il faut, un peu plus rapide pour
des secteurs types. IL est souhaitable de mettre en place des institutions
financières solides, des structures juridiques et des institutions de
régulation du marché appropriées pour que les gains
attendus soient réels si la dynamique de la libéralisation ne
peut, par elle-même, stimuler ces réformes d'accompagnement.
Pour finir le gouvernement de la République
Démocratique du Congo doit prendre en compte le secteur informel car il
assure une part importante de la production, du commerce et des services. Il
sera très capital d'intégrer des éléments comme la
stabilité politique, des politiques macroéconomiques saines, des
infrastructures et la réduction de la corruption, nécessaires
pour attirer les investisseurs dans le pays tout en encourageant le commerce
intra africain qui est susceptible de générer
énormément de ressources pour le financement de l'économie
Congolaise.
Ensuite, il devrait se soucier de la réputation de sa
politique aux yeux de la population, en faisant connaître par exemple le
DSRP, qui d'ailleurs devrait être connu de tous. Les quelques
problèmes ne semblent pas être au centre des préoccupations
font voir que la RDC a peu de chances d'atteindre l'objectif de
réduction de la pauvreté de moitié d'ici 2015. Et comme le
dit Mukoko Samba, il faut une croissance de 8% pour réduire de
moitié l'incidence de la pauvreté.
CONCLUSION GENERALE
Nous pensons être arrivé au terme de la
réflexion de notre sujet qui s'intitule « L'initiative
Pays pauvres très endettés (PPTE) et son impact socio
économique sur la croissance:cas de la République
Démocratique du Congo ».
A l'issue de cette réflexion l'objet majeur a
consisté d'une part à expliquer les raisons de l'accroissement de
l'endettement des pays en développement et plus particulièrement
ceux à faible revenu pris en compte dans le cadre de l'initiative PPTE
et son impact sur les économies de ces pays étant donné
que les PED consacrent généralement des ressources
supplémentaires qui aboutissent en premier lieu à mieux servir
les créanciers sans retombée réelle sur la population. Et
d'autres part d'analyser le processus de l'Initiative PPTE
déclenché en 1996, à l'initiative conjointe du Fonds
Monétaire International et la Banque Mondiale et sous la pression de la
Société Civile Internationale sur les pays riches dans le but de
garantir qu'aucun pays ne soit confronté à une charge
d'endettement intolérable. Et voir dans les perspectives d'avenir si
à elle - même l'initiative PPTE peut favoriser un climat de
relance.
La dette extérieure congolaise est un fardeau et un
handicap au développement du pays. Le drainage substantiel et
systématique de maigres ressources à travers le mécanisme
de l'endettement est un suicide. Déjà en 1970, le volume de la
dette extérieure en terme d'engagements est passé de 330 millions
USD à 5.1224 milliards en 1980. 20 ans après c'est-à-dire
au 31 décembre 2000, le stock dû de sa dette s'élève
a peu près à 9 milliards USD pour atteindre un stock global au 30
juin 2002 de 12.652 milliards USD. Mais le problème de la dette ne
réside dans le stock mais plutôt dans la capacité de
l'économie de dégager des ressources susceptibles de permettre au
pays de faire face aux charges de la dette (paiement des intérêts
et amortissement), sans pour autant compromettre le processus de
développement.
En ce qui concerne la République Démocratique du
Congo, les indicateurs quantitatifs de la gestion de sa dette extérieure
sont au rouge, une situation qui est confirmée par le niveau du taux
d'exécution du service de la dette qui est quasiment nul depuis 1993. Le
ratio service dû sur PIB qui représente 250% montre que même
si toutes les richesses produites par l'économie nationale
étaient versées à l'extérieur, elles ne sauraient
couvrir les charges de la dette.
Est-ce que le régime PPTE est une voie de
sortie pour la République Démocratique du Congo, permet-il ou
permettra-il d'alléger le fardeau de sa dette publique extérieure
et réduire sa pauvreté ?
Les allégements obtenus par la RDC durant la
période allant du 30 juin 2001 au 31 décembre 2002 auprès
de ses partenaires multilatéraux et du Club de Paris ont fait baisser le
stock de #177; 30% par rapport au stock du 30 juin
2002, ce qui, à première vue, laisse augurer un
espoir de l'alternance d'une dette insoutenable à une dette soutenable,
atteignant ainsi les objectifs PPTE d'ici 2006.
Mais la gestion reste au niveau de la problématique de
constitution et orientation des fonds suite de la réduction obtenue dans
le cadre du régime PPTE. Pour ce qui nous concerne nous pensons que
cette constitution de fonds est théorique car la République
Démocratique du Congo n'assumait pas son service de la dette.
La projection effectuée par le FMI sur le PIB par
habitant de la RDC sur la période 2002-2010 montrent que la population
ne pourra pas atteindre le seuil de pauvreté fixé à 1USD.
Dans ces conditions, le fardeau de la charge de la dette et de ses
intérêts constituera toujours un obstacle pour le congolais de
jouir du bien être pour lui-même et sa famille, y compris de la
nourriture, des vêtements et un logement suffisant.
L'allégement de la dette n'est pas une fin en soi. Le
problème fondamental est celui d'amorcer un développement humain
durable par la création d'un environnement favorable aux investissements
créateurs d'emplois décents.
La sortie de la RDC de la crise se heurte à plusieurs
barrières : faible capacité à dégager un consensus
social, manque d'excellence dans la préparation des décisions,
faible niveau de l'éducation, par ailleurs, il serait malvenu
d'envisager de résoudre le problème de pauvreté sans
accorder une place de choix à l'équité sociale dans
l'action gouvernementale.
Est-ce que l'initiative peut elle-même
favoriser la relance ?
Il vrai que l'initiative ouvre des fenêtres
d'opportunités mais elle ne se suffit pas à elle-même Une
somme d'actions devrait l'accompagner pour qu'on puisse l'engager sur la voie
d'une croissance durable.
Dans le contexte actuel de la RDC, une amélioration de
la gestion des finances publiques n'aura de sens que si elle s'accompagne d'une
restructuration des dépenses en faveur des pauvres. Car la
stabilité macroéconomique n'est pas suffisante pour faire face
à la pauvreté, par contre une confection des matelas sur lesquels
devra reposer la croissance doit être envisagée dès
aujourd'hui. Nous pensons qu'il faudrait revoir le système de
rémunération pour réduire le nombre de travailleurs
pauvres pour que peaufine une demande solvable sans la quelle la croissance ne
pourra pas se perpétuer.
Le Rapport 2002 du FMI révèle que la
réduction de la dette au titre du régime PPTE est directement
bénéfique aux pauvres sans que cela soit assuré par
l'entremise de la croissance. En affirmant que réduire d'environ un
tiers le ratio service de la dette sur exportations des PPTE,
l'allégement accordée permettra aux pays à revenu faible y
compris la RDC d'épargner 1/2 et 1 1/2 du PIB par an sur un budget et
d'augmenter sensiblement les dépenses en faveur des secteurs pro-pauvres
notamment l'éducation et la santé.
Nous pensons pour ce qui nous concerne, que seul le
mécanisme, comme proposition de résolution de la crise
congolaise, dans sa politique de relance présente des limites. D'abord
l'Initiative à elle-même ne garantit pas la
tolérabilité du niveau d'endettement, il faudrait sur le plan
interne engager la République Démocratique du Congo sur la voie
d'une croissance durable, par l'application comme il convient des programmes et
réformes soutenues par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International.
Il faut cependant noter que , quelles que soient les
stratégies adoptées et les mesures institutionnelles mises en
place, l'épargne nationale ne pourra suffire à assurer la relance
économique dans les deux ou trois ans à venir: les ressources
extérieures constitueront encore longtemps un complément
indispensable. Nous estimons qu'une réduction ou annulation totale de la
dette de la République Démocratique du Congo, devrait intervenir
dans le cadre de cette Initiative. Ceci pourrait entraîner des gains en
termes de croissance et être aussi bénéfique pour les
pauvres. Ces gains de la croissance pourraient amorcer un cercle vertueux qui,
à l'absence d'un nouveau paiement de la dette, abaisserait le ratio
d'endettement du pays en finançant la croissance.
Mais attention, ce dividende de la croissance risquerait de ne
pas se matérialiser si les pays enregistrent fréquemment des
déséquilibres macroéconomiques.
Mais, si l'Initiative PPTE offre effectivement des nouvelles
opportunités de développement, il faudrait alors les exploiter
à suffisance et les mettre au profit de la population,
particulièrement les pauvres. Or en réalité, les
ressources PPTE ne constituent pas des dons que les bailleurs de fonds
accordent au pays bénéficiant de l'Initiative. Donc a
elle-même l'Initiative PPTE ne peut pas favoriser la relance ni lutter
efficacement contre la pauvreté.
Pour finir, le gouvernement congolais doit fournir un effort
pour non seulement maîtriser ses dépenses mais aussi les rendre
efficaces, car après la deuxième revue du PEG, le FMI dans son
communiqué du mardi 12 août 2003, a révélé
des préalables auxquels la RDC devra se soumettre dans le mois à
venir pour consolider son cadre macroéconomique en vue d'atteindre le
point d'achèvement de l'Initiative PPTE. La lutte contre la
pauvreté et la croissance ne porteront leurs fruits que lorsque des
progrès auront été réalisés
simultanément par une politique macroéconomique stabilisant les
prix et des actions orientées vers l'accroissement des investissements
productifs, seuls moyens de créations des emplois décents afin de
réduire la pauvreté et améliorer le bien-être
général.