United States oF America
************
In God, We Trust
REPUBLIQUE DU CAMEROUN ************
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PAIX -TRAVAIL-PATRIE **************
IRERIE LLC
THEME : De l'historique des Coûts à la
Tarification des Services dans les Etablissements de Microfinance
au Cameroun ; cas de GrOwfin S.A.
Mémoire de fin de formation de Master 2 en
Gestion et Finance, Mention Contrôle de Gestion
Rédigé et soutenu Par :
M. WOMEGNE POKAHA Achille
Landry ENCADREMENT
PROFESSIONNEL :
ACADEMIQUE:
Mme DJOUKAM Laure
CEO GrOwfin S.A.
MBA, Kellogg School of Management
M. Alassé TOGOLA
Expert Comptable, Commissaire aux Comptes
ANNEE ACADEMIQUE 2010-2011
SOMMAIRE
TITRES Pages
Dédicaces : 3
Liste des Abréviations : 4
Avant propos : 5
Introduction : 7
Première Partie : Origine et Evolution de la
Microfinance 11
I. La Microfinance dans le Monde 12
II. La Microfinance au Cameroun 14
III. Clientèle de la Microfinance 21
Deuxième Partie : CAS DE GrOwfin S.A.
25
I. La Naissance 26
II. Le Fonctionnement 27
III. Tarification des services prévue 29
IV. Difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre
32
V. Tarification finale 36
Troisième Partie : Quelques Pistes de
Solution 39
Quatrième Partie : Conclusion
44
ANNEXES 47
2
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
DEDICACES
A vous, les enfants WOMEGNE (Auriol Ritchel ;
Aurel Wilfried ; Aurore Patricia), pour votre compréhension et le
sacrifice dont vous avez supporté la peine durant ces études.
LISTE DES ABREVIATIONS
- EMF : Etablissement de Micro Finance
- IMF : Institution de Micro Finance
- GCAP : Groupe Consultatif pour l'Assistance
aux Pauvres
- GIC-COOP : Groupe d'Intérit Commun
Coopérative
- FCFA : Franc de la Coopération
Financière en Afrique
- COBAC : Commission Bancaire d'Afrique
Centrale
- PPMF : Programme de Renforcement des
Capacités des Structures de Micro Finances
- CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale
- ONU : Organisation des Nations Unies
- ONG : Organisations Non Gouvernementales
- ANEM-CAM : Association Nationale des
Etablissements de Microfinance du Cameroun
- PME : Petites et Moyennes Entreprises
- PMI : Petites Moyennes Industries
- BAD : Banque Africaine de
Développement
4
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
AVANT PROPOS
Problématique d'une étude en micro
finance sous le th~me : «DE L'HISTORIQUE DES COUTS A LA TARIFICATION
DES SERVICES EN MICROFINANCE AU CAMEROUN »
A l'origine, le microcredit moderne (devenue entretemps
microfinance) a pour objectif d'aider les personnes démunies à
sortir de la pauvreté, en développant une activité. Il
s'agissait de permettre aux couches défavorisées et exclues du
système bancaire classique d'accéder aux services bancaires et
obtenir des financements dans le but de booster leurs activites et mener des
activites generatrices de revenues. Ceci ayant montre ses preuves dans
certaines parties du Monde, (Asie et Amerique Latine), l'Afrique et plus
particulière le Cameroun s'est approprié aussi ce concept afin de
faire face à la pauvreté de plus en plus criante à
laquelle sa population fait face. Nous notons qu'il n'est nullement question
pour ces structures de faire un quelconque benefice
Mais force est de constater à nos jours que quoique ces
E.M.F. aient permis l'accès du plus grand nombre aux services bancaires,
de plus en plus des clients bénéficiaires se plaignent des taux
(qu'ils jugent très eleves) d'intér~ts appliqués, au point
que certains en sont venus à dire que la microfinance à cause de
ses taux eleves loin de sortir les couches defavorisees de la pauvrete les y
enfoncent plus tôt et les precipitent même vers la tombe.
Nous nous donnons pour mission à travers le present
essai, d'expliquer la tarification des services dans les etablissements de
micro finance en partant non seulement de notre connaissance du secteur
d'activité, mais surtout de l'expérience que nous avons
personnellement vécu lorsqu'il nous fut donne d'établir le
tarifaire de la microfinance «GrOwfin » à partir de janvier
2011.
Il s'agira pour nous de démontrer qu'en tant
qu'entité économique à but mercantile, les E.M.F. ne
sauraient pratiquer des tarifs qui ne leur permettront pas de faire face
à leurs charges et rentabiliser par consequence leur exploitation.
Aussi, nous proposerons nous à la fin de cet essai, de
suggerer quelques voies et moyens par lesquels, l'accès des couches
défavorisées aux crédits (et autres financements) pourra
se faire à moindres coûts.
6
Realise et soutenu par WOMEGNE POKAHA Achille
Landry
INTRODUCTION
Bien que la majorité de personne ait tendance à
limiter l'activité de la microfinance au microcrédit, nous devons
avouer qu'il est tout de mrme assez difficile de donner une
explication précise de la microfinance sans nous référer
à ce que d'autres en ont pensé.
Marc Labie, définit la microfinance comme «
l'octroi de services financiers (généralement du crédit et
/ou de l'épargne), à des personnes développant une
activité productive, le plus souvent de l'artisanat ou du commerce et
n'ayant pas accès aux institutions financières commerciales en
raison de leur profil socio-économique (il s'agit des pauvres, sans
revenus fixes, qui n'offrent aucune des garanties demandées par les
institutions bancaires commerciales) ».
Le CGAP (Groupe consultatif pour l'assistance aux pauvres)
définit la microfinance comme un « ensemble de services financiers
et bancaires à destination des populations les plus pauvres ».
La synthèse de ces définitions nous permet de
définir la microfinance comme un moyen de développement
économique permettant aux personnes à faibles revenus exclues du
système bancaire formel, d'améliorer leur mode de vie,
d'augmenter leurs revenus, en leur offrant un ensemble de services
financiers
Avec le temps, et le développement de ce secteur
particulier de la finance partout dans le monde, y compris dans les pays
développés, la micro finance s'est élargie pour inclure
désormais une gamme de services plus large (crédit,
épargne, assurances, transfert d'argent, etc. ). Dans ce sens, la
microfinance ne se limite plus aujourd'hui à l'octroi de
microcrédit aux pauvres, mais plus tôt à la fourniture d'un
ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du
système financier classique ou formel.
En termes simples, nous pouvons définir, une
Institution ou Etablissement de microfinance (IMF ou EMF) comme une
organisation qui offre des services
8
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
financiers à des personnes à faibles revenus et
qui ont difficilement accès au secteur financier formel.
Telle que pratiquée aujourd'hui, la microfinance a
été pendant longtemps, l'apanage des pays d'Asie et
d'Amérique Latine et ne s'est développée en Afrique noire
et particulièrement au Cameroun qu'en début des années
1990.
En effet, la grave crise économique qui a frappé
l'Afrique en général et le Cameroun en particulier au milieu des
années quatre vingt a eu pour conséquence sur le système
financier, la restructuration voire la fermeture de nombreuses banques (S.C.B ;
CAMBANK ; BIAO ; MERIDIEN BIAO ; BICIC ; etc.). C'est ainsi que de nombreuses
localités se sont retrouvées sans aucune structure
financière dans laquelle effectuer leurs opérations. Dans les
localités où les guichets de banque ont été
maintenus, les conditions d'entrée en relation ont été
rendues tellement rudes que plusieurs personnes se sont retrouvées
contraints de clôturer leur compte dans ces établissements. Dans
le but de ne marginaliser aucune frange de la population et permettre aux
couches défavorisées et éloignées des grandes
métropoles (oil sont concentrées les établissements
financiers restants) d'accéder aux services financiers, le gouvernement
du Cameroun a décidé de promouvoir l'activité de micro
finance qui jusqu'ici était l'apanage des seules provinces « dites
anglophone » par la loi dite « des GIC-COOP » dans le but de
stimuler et encourager la création des sociétés
coopératives d'épargne et de crédit avec l'appui des
bailleurs de fonds avec pour objectif à terme d'en faire un instrument
privilégié de lutte contre la pauvreté.
Quoique le nombre de bénéficiaires des services
de la micro finance ait été multiplié par 6 en moins d'une
décennie et que l'action de ce secteur d'activité se fasse de
plus en plus sentir dans les couches aussi bien défavorisées
qu'auparavant abandonnées, force est de constater que de nombreuses voix
ne cessent de s'élever pour décrier le coIt des services
appliqués par la micro finance dès lors qu'il faut les comparer
à ceux offerts par les banques classiques.
Cette comparaison devient de plus en plus récurrente
surtout que la micro finance compte désormais dans son portefeuille une
clientèle assez nantie qui aimerait bien se voir appliquer les
mêmes conditions que celles ayant cours dans les banques ayant pignon sur
rue.
Hors ces réclamations sont faites sans tenir compte du
mode de fonctionnement des EMF ainsi que de l'environnement hautement sensible
qui est leurs.
Notre étude après avoir présenté
l'origine et l'évolution de la microfinance dans le monde et au
Cameroun, situera le lecteur sur l'environnement (cadre juridique et
concurrentiel) dans lequel fonctionnent les EMF (et qui est le plus
déterminant dans la taxation de leur service) avant d'expliquer comment
la tarification des services est déterminée dans ces EMF. Nous
confluerons le présent essai en faisant quelques propositions
grâce à notre expérience dans le secteur dont nous estimons
que la prise en compte améliorera jà coups srs
l'amélioration des conditions de vie des plus pauvres qui est et devrait
rester la préoccupation majeure des EMF.
10
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
PREMIERE PARTIE :
ORIGINE ET EVOLUTION
DE LA MICRO FINANCE
AU CAMEROUN
S'il est admis que les structures de microfinance ont
actuellement le vent en pourpre dans les pays de la zone CFA, il faut
reconnaitre que ce dynamisme découle directement de la grave crise
bancaire qui a frappé les pays de la zone dans les années 80 et
des restructurations qui ont été engagées dès les
années 90.
En effet, cette crise ayant entrainé une perte de
confiance de la population vis-à-vis des structures financières,
les EMF grâce à leur proximité avec la clientèle et
l'assouplissement de leur condition d'entrée en relation ont su en tirer
le meilleur parti de cette situation.
Avant d'aborder l'installation des premiers EMF au Cameroun,
il nous semble important de présenter au niveau mondial le
développement de ce secteur d'activité.
I- MICRO FINANCE DANS LE MONDE
Si le crédit coopératif et populaire fait son
apparition au 19ème siècle en Europe et en
Amérique, il faut retenir que les premières caisses rurales sont
créées par le maire (Friedrich Wilhem Raiffeisen) d'une petite
commune du Sud de l'Allemagne dans le but de faire jouer la « garantie
collective » afin de permettre l'obtention des crédits
auprès des banques par les membres de la caisse. Dès 1900,
Alphonse Desjardins l'introduit au Québec avant que les Etats Unis ne
suivent en 1909 sous le nom d'Unions de Crédit (Crédit
Unions).
La micro finance sous sa forme actuelle telle que
préconisée par les bailleurs de fonds et qui tient lieu d'outil
de développement et d'intégration économique et sociale
des couches défavorisées est l'oeuvre du Docteur MUHAMMAD YUNUS
qui à la faveur des travaux avec ses étudiants sur les
théories de l'investissement découvre l'extr~me indigence de ses
concitoyens Bangladais. En effet, ayant remarqué le manque de moyens
pour ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou de se procurer des
matières premières, il prête de ses poches 27 dollars
à 42 paysans et découvre combien leur activité gagne
12
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
en plus-value tout en générant de nouveaux
emplois lorsqu'ils peuvent acheter d'avance la matière première.
Dès 1976, il va formaliser cette expérience en créant la
Gramen Bank qui propose des prêts aux populations pauvres du Bangladesh
et dont le succès va inspirer de nombreuses autres expériences
à travers le monde.
|
MODELE DE MICRO CREDIT DE LA GRAMEN
BANK
|
Créée en 1976, l'objectif de la Gramen Bank est
de remédier au refus des banques d'octroyer des crédits aux
pauvres réputés insolvables et non rentables. C'est ainsi que le
Dr YUNUS instaure un système de prt basé sur la solidarité
des emprunteurs à travers les groupes de caution mutuelle. Les membres
du groupe (généralement 5 personnes) se soutiennent grâce
à un système de parrainage, de conseils et d'entraide,
évaluant ensemble la viabilité des projets et veillant
mutuellement au remboursement. Les prêts étant accordés
à tour de rôle après remboursement par les
précédents bénéficiaires suivant le principe
d'incrémentation, c'est-à-dire que le montant octroyé
croît au fur et à mesure de la régularité du
remboursement. Les femmes jugées plus solvables et plus responsables
sont préférées dans l'octroi des prfts. Les groupes
bénéficient de l'appui technique (encadrement de la production)
et social (encouragement de l'épargne, conseils sur l'hygiène,
l'éducation, l'apprentissage de la vie en communauté, ) de la
part des équipes de la Gramen. L'excellent taux de recouvrement (98%)
est la preuve du génie du système qui bénéficie
d'un large consensus au plan local et international.
Ainsi donc, sous l'impulsion de la Banque Mondiale, s'est' il
étendu non seulement à de nombreux Pays en Voie de
Développement mais aussi à certains pays développés
comme la France ou les Etats Unis qui en font une arme de réduction de
la fracture urbaine.
II- MICRO FINANCE AU CAMEROUN
A. LA NAISSANCE ( 7 / I( 9 2 / 8 7, 2 1
Il faut remonter à plus d'un siècle pour voir
apparaitre au Cameroun, les premiers signes de la micro finance sous forme des
tontines regroupant très
souvent, les ressortissants des régions de l'ouest
Cameroun. Ce n'est qu'en
1963, sous l'impulsion des missionnaires catholiques
hollandais que les premiers établissements s'ouvrent dans les zones
anglophones sous la forme des « Crédits Unions a»
afin de sécuriser l'épargne des paysans et faciliter
l'accès de ceux-ci aux crédits en l'absence des banques dans ces
zones. Pendant longtemps, cette activité a été l'apanage
des zones anglophones avant de s'étendre à l'ensemble du
territoire national après la grave crise bancaire des années 1990
et la restructuration qui en a suivi mettant ainsi au chômage de nombreux
cadres de banque en manque de reconversion qui ont trouvé en la micro
finance le tremplin idéal.
La microfinance telle que pratiquée au Cameroun
actuellement s'est faite on peut le dire en trois grands étapes :
La première comme nous l'annoncions ci-dessus a
été la restructuration bancaire des années 1990 qui a eu
pour conséquence non seulement la faillite de nombreuses structures
ainsi que la mise au chômage des cadres de banques, mais aussi qui a
accentué la mise à l'écart d'une bonne couche de la
population jà l'accès aux services bancaires, créant par
là une clientèle potentielle pour la micro finance qui a su les
séduire grâce à sa proximité, et la simplification
de son approche commerciale.
Cet afflux de nouveaux acteurs provoque une croissance
exponentielle de l'activité qui s'étends également dans
tout le pays mais ceci dans un environnement malheureusement non
sécurisé et non encadré, ce qui va provoquer au cours des
années 1990 de nombreux incidents tels que la
14
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
disparition des gérants avec la caisse, la
multiplication des contentieux et des fermetures intempestives ; ce qui
constitue la deuxième étape de l'évolution de la micro
finance au Cameroun.
Ne pouvant rester insensible devant tous ces
mésaventures, l'Etat (garant de l'épargne publique) par le
truchement du gendarme sous ~ régional (COBAC) va entamer dès les
années 2000, la restructuration (troisième étape de
l'évolution) du secteur à travers trois grandes mesures :
L'assainissement du fichier pollué par de nombreux EMF n'ayant jamais
existé ou ayant fermé les portes depuis longtemps
Le renforcement du cadre institutionnel du secteur par la mise
en place des textes réglementaires régissant le secteur de la
micro finance
La mise en place des mécanismes d'appui en faveur des
EMF par la création d'un organisme de renforcement des capacités
aussi bien techniques, humaines que financières : le PPMF
Cette implication des hautes autorités étatiques
matérialisée par l'institutionnalisation du secteur ainsi
que la mise en place des mécanismes d'appui et de financement
permet au secteur de la micro finance de revendiquer la qualité
d'intermédiaire financier officiel au mrme titre que les banques
commerciales mrme si l'accès à certaines opérations leur
demeure interdit (cautions, endos des chèques, transferts
internationaux, etc.). Elle témoigne aussi l'adhésion des pays de
la CEMAC à l'engouement mondial en faveur de la micro finance qui se
voit promue au rang d'instrument privilégié de lutte contre la
pauvreté. D'ailleurs, l'ONU avait fait de l'année 2005,
l'année mondiale de la micro finance.
B. APPROCHE PRATIQUE DES EMF
La croissance et le dynamisme de la micro finance trouvent
leur explications dans son mode opératoire qui se distingue de celui des
banques commerciales par leur souplesse, leur proximité et toute absence
de discrimination dans les entrées en relation. En effet, alors que les
clients sont souvent
marginalisés selon qu'ils n'ont pas une capacité
de dépôt assez développés ou selon qu'ils ne
réalisent pas un chiffre d'affaire attrayant, dans les EMF par contre,
la proximité est la règle de travail au point qu'il se
crée très souvent entre la clientèle et le personnel des
liens aussi étroits qui vont au delà des relations
professionnelles. Dans le suivi de sa clientèle, les EMF
développent une politique de porte à porte qui se
caractérise par les visites permanentes à ses clients sur le
terrain en leur domicile voire aux paysans isolés dans les campagnes et
prêtent une oreille attentive à leurs besoins. Toute chose qui a
pour avantage de nouer des liens solides avec cette clientèle et
anticiper sur les éventuelles difficultés que ceux-ci pourront
rencontrer dans le remboursement des crédits mis à leur
disposition.
En prêtant une oreille attentive aux besoins de sa
clientèle, ça permets à l'EMF de concevoir des programmes
(ou produits) spécifiques pour chaque couche de la population et
à chaque lieux d'implantation sans oublier les jeunes et les femmes dont
l'importance dans le développement social et économique des pays
en voie de développement n'est plus à démontrer.
L'osmose ainsi créée entre l'activité de
la microfinance et les aspirations de la population apparait comme la
technologie financière la mieux appropriée aux besoins de la
majorité de la population Camerounaise.
Cette démarche des EMF fait dire à certains que
la micro finance joue non seulement un rôle d'intermédiation
financière, mais aussi d'intermédiation sociale en
développant des produits adaptés aux besoins de sa
clientèle et en assistant ceux-ci dans tous les actes et
évènements de la vie. La banque
16
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
mondiale (2001) déclarait : « la microfinance est
autant offre d'argent que livre des services intégrés d'aide,
d'information, d'éducation, de conseils et de formations ». En
plus, les EMF favorisent la constitution des groupes de solidarités en
exigeant des emprunteurs le regroupement en association afin de faire jouer la
caution mutuelle des membres comme garantie du crédit. Une fois le
crédit remboursé, de telles associations perdurent et constitue
de véritable vecteurs de cohésion sociales et pouvant se muer en
groupe de pression sur un pan de l'activité économique (exemple :
une association des producteurs d'ananas qui en contrôlant le
marché pourra obtenir une meilleure valorisation des prix de leurs
produits).
C. ORGANISATION DE LA MICRO FINANCE
S'il est généralement admis qu'un Etablissement
de Microfinance (ou Institution de Microfinance, IMF dans d'autres pays) est
une organisation qui offre des services financiers à des personnes
à faibles revenus qui n'ont pas accès ou difficilement au secteur
financier formel, de nos jour, ce terme renvoie jà une grande
variété d'organisations aussi bien diverses que par leur taille,
leur degré de structuration et leur statut juridique.
Très souvent l'image que les uns et les autres se font
des EMF est celle d'ONG financières exclusivement dédiées
à l'offre de service financiers de proximité qui vise à
assurer l'autopromotion économique et sociales des populations à
faibles revenues, ce qui explique les difficultés pour beaucoup
d'accepter ces structures comme des opérateurs économiques
à parts entières ayant un but mercantile.
La réglementation du secteur dépend du pays et
des lois sous-régionales (COBAC pour le Cameroun et l'Afrique centrale)
ainsi que leur supervision sans oublier le type d'opérations et de
clientèles auquel ils ont accès.
A l'origine placée sous tutelle du Ministère de
l'agriculture, la micro finance a depuis la réforme du secteur par la
COBAC été placée sous l'autorité du
Ministère des finances plus amène à y diligenter les
contrôles et suivis nécessaires.
a) Catégorisation du secteur
Au Cameroun et en Afrique Centrale, les EMF se repartissent en
trois catégories qui ont chacune ses modalités de fonctionnement
et des obligations bien particulières telles qu'il ressort du tableau
ci-dessous :
Catégories
|
Types activité
|
Capital minimum
|
Forme juridique
|
1ère Catégorie
|
Epargne et Crédit uniquement avec les membres
|
Non déterminé
|
Coopérative ou
Mutuelle
d'épargne et de
Crédit
|
2ème Catégorie
|
Epargne et Crédit avec membres et avec les tiers
|
Cinquante millions
|
Société Anonyme
|
3ème Catégorie
|
Crédit aux tiers
sans collecte de l'épargne
|
Vingt cinq
millions (sauf
pour les projets)
|
Diverses (projets, sociétés,
Entreprises individuelles, etc.)
|
Le rattachement à une catégorie se fait
dès la création et le changement d'une catégorie à
l'autre ne peut se faire sans l'accord de la COBAC. Si la première
catégorie fonctionne suivant le modèle et la compréhension
originelle des sociétés coopératives (opérations
uniquement avec membres), il en est autrement des structures de
troisième catégorie (de plus en plus rare sur le
18
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
terrain) et surtout de celles de deuxième catégorie
qui fonctionnent pratiquement comme des banques en miniatures.
b) Le contrôle du secteur :
Le contrôle des EMF est effectué à
plusieurs niveaux et par des intervenants divers. La COBAC a prescrit un
premier niveau de contrôle à l'interne effectué par les
propres employés de l'EMF, ensuite un contrôle effectué par
le commissaire aux comptes, et enfin un troisième niveau de
contrôle effectué par la COBAC elle-même de façon
périodique.
Ce contrôle de la COBAC est très redouté
par les promoteurs d'EMF, ceci pouvant aboutir jusqu'au retrait de
l'agrément en cas de défaillances graves constatées par
les émissaires lors de leurs travaux.
c) L'association professionnelle :
ANEMCAM
Bien qu'il existe une association des établissements de
Micro finance au Cameroun (ANEM-CAM), nous notons que l'égoïsme et
l'individualisme qui caractérisent les prometteurs du secteur ne
permettent pas à cette association de jouer pleinement son rôle
d'où le non prise en compte au niveau politique de la majorité
des doléances des acteurs de la microfinance au Cameroun.
C'est ainsi que bon nombres d'EMF n'adhère à
l'ANEMCAM qu'en respect de la prescription légale.
Au fil des années, l'ANEMCAM est ainsi devenue nous
pouvons le dire une « coquille vide a», n'ayant ni locaux,
ni de représentants crédibles ; pourtant la
nécessité de regrouper les EMF dans une association oil leurs
difficultés seront analysées et solutionnées est plus que
jamais d'actualité, car ceci permettra aussi de mettre fin à la
concurrence barbare que se livrent les EMF fonctionnant dans une même
localité.
En dehors des EMF fonctionnant en réseau (au sein
duquel des concertations sont fréquemment organisées), aucun
cadre consultatif réel n'est observé entre les nombreux EMF
fonctionnant au Cameroun.
Nous dénombrons fin 2010, 440 EMF agréés
repartis en 186 EMF indépendants et 254 affiliés à un
réseau. On entend par réseau d'EMF, un regroupement de plusieurs
établissements (1ère catégorie) placé
sous un organe faitier qui y joue un rôle de régulateur et de
supervision de ces établissements afin d'assurer leur
pérennité. Il existe cinq (05) réseau agréés
au Cameroun et une ayant eu l'avis conforme de la COBAC :
Le réseau CAMCCUL (177 établissements)
Le réseau CVECA Centre (33 établissements)
Le réseau CVECA Grand Nord (8 établissements)
Le réseau CMEC Ouest (19 établissements)
Le réseau CMEC Nord Ouest (8 établissements)
Le réseau CMEC Grand Nord (9 établissements) non
encore agréé par le ministère des finances bien qu'ayant
déjà reçu l'avis conforme de la COBAC.
D. POIDS DU SECTEUR ' $ 16 z I(&2 12 0 , (
Malgré une apparition dans sa forme actuelle tardive au
Cameroun (1990- 1996), le secteur a connu une croissance exponentielle au point
qu'au 31 décembre 2008, les ressources disponibles dans les EMF du
Cameroun s'élèvent à près de 258 milliard de FCFA
contre 41 milliards au 31 décembre 2003.
Avec le début des contrôles COBAC et
l'application lors de ces contrôles des normes prudentiels, les capitaux
propres (14 milliards au 31 décembre 2008) ont été
obérés par les déficits cumulés au 31
décembre 2007 (6 milliards) et le nombre de guichet est passé de
1 111 en fin septembre 2007 à 998 guichets au 31 décembre 2010
installés aussi bien en zones urbaines (525) qu'en zones rurales (473)
et offrant des emplois directs à plus de 6.000 salariés dont
près de 750 étant des cadres.
20
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
Si les EMF de 1ère catégorie dominent
sans partage le secteur en nombre 0101NEliBAFP 1Qts TIRQFtiRQQe13
T(94T171T01f( D ) TaiLipV TIITEQTQRP ELITHTDiFKetT (72%), en
répartition de la clientèle (57% des 1.073.621 clients au 31
décembre 2008) par contre, cette domination du marché est
modérée. Notons ici fuIaFtM-121P IQN Tun seul EMF (CAMEROON
GATSBY FOUNDATION) de 3ème catégorie fonctionne au Cameroun, les
deux autres (ACEP Cameroun S.A. et ADVANS Cameroun S.A.) ayant mutés
pour la 2ème catégorie.
/ 1s TFLXits T TlaTFliIQtPTNOlèYeQtTfuEQtT TM T T1IL TP
illiaLds TEKT31 T décembre 2008 contre 30 milliards au 3E Td0FeP
ELiT711171717n TD aiI TilTsTIYèLeT nécessaire de nuancer cette
valeur des crédits étant donné que plus du quart de
ceux-ci sont compromis et sous-provisionnés, toutes choses qui masquent
la réalité du secteur, rendant ces établissements
instables et pas vraiment rentables.
En effet, si à quelques exceptions près certains
EMF présentent des résultats excédentaires (réseau
CAMCCUL et autres grands EMF de 2ème catégorie), le secteur
présentait un déficit de plus de cinq (5) milliards au 31 COFeP
EL1T7111717178, Td'RùTl'iQfuiétudETTFNIelTEes TSRNLYRiLTSuEIifNs
TYil-à-vis de la pérennité de ces structures en
particulier, mais surtout vis-à-Yis TdITlVSELgQIT collecté par
les EMF quant on sait que leur clientèle est en majeur partie
constituée des couches défavorisées.
Le poia TdeI TstLuFtuLIN TdeTP iFLRIiQaQFeT11Qs TlVFRQRP ieTILaP
ILRuQEis1T 1stTIKOTFLHFIQ3RT1MTfDqilTLFMRLtTGTtaElDDTFi-dessous au 31
décembre 2008:
ELEMENTS
|
2002
|
2007
|
2008
|
Nombre de guichets
|
695
|
1 111
|
983
|
Membres/Clients
|
331.006
|
909.848
|
1.073.621
|
Capital social (en milliard)
|
6,78
|
25
|
22,23
|
Fonds Propres
|
9,72
|
20,13
|
14,02
|
Encours dépôts
|
41,6
|
188
|
258
|
Encours Crédits
|
29,7
|
113
|
138
|
Avec la restructuration du secteur engagée par la COBAC
en 2002, un regain de confiance et une crédibilisation des EMF a
été observée, ce qui s'est matérialisée par
une croissance tout azimut du secteur jusqu'aux premiers contrôles
entamés dès 2007.
En effet, les contrôles opérés ont permis
un deuxième assainissement du secteur qui a eu pour conséquence
non seulement la réduction du nombre de guichets (par la fermeture des
guichets non rentables), mais aussi et surtout la baisse des capitaux sociaux
et par conséquence des fonds propres (rendue nécessaire par la
dégradation de la situation financière de certains EMF et
principalement quatre d'entre eux qui présentaient des fonds propres
négatifs de 13,382 milliards en 2008).
Néanmoins, nous constatons que cette baisse du nombre
de guichet et des fonds propres n'a pas altéré la croissance de
la confiance avec la clientèle (augmentation du nombre de 18%), ainsi
que la croissance des dépôts (augmentation de 37%) et des
financements (augmentation de 22%).
III- CLIENTELE DE LA MICRO FINANCE
Si à l'origine la microfinance était vraiment
une banque pour pauvre et exclus du système bancaire classique, force
est de constater que de nos jours, la clientèle de la micro finance se
recrute aussi bien chez les couches défavorisées que dans les PME
et PMI de la place. Ceci s'illustre par la clientèle qui a
été multipliée par 05 en sept ans (200.000
bénéficiaires des services de la micro finance en 2001 contre
1.073.621 en 2008 selon les chiffres du ministère des finance). En plus,
l'implantation des établissements étrangers à capitaux
privés est une illustration parfaite de l'élargissement de
l'assiette de cette clientèle. C'est ainsi qu'on retrouve dans la
clientèle, aussi bien le petit débrouillard que les
promoteurs des PME et PMI.
22
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Achille Landry
a) Clientèle originelle de la micro finance
En Afrique en général et au Cameroun en
particulier, les premiers EMF ont commencé à fonctionner selon le
modèle de la Gramen Bank et avaient pour clientèle, mais ont
très vite déchantés au vu de la réalité
locale :
- Dislocation des groupes solidaires après
décaissement
- Individualisme à outrance des
bénéficiaires
- Difficultés pour les femmes à gérer les
fonds sans implication de leurs époux
Ce qui a eu pour conséquence l'abandon et le non
remboursement de la majorité des créances octroyées
suivant le modèle de la Gramen Bank. Face à cela, les
opérateurs de la micro finance ont du élargir leur portefeuille
clientèle à d'autres couches de la société en
développant des produits attrayants.
b) Clientèle actuelle de la micro finance
e nos jours, grkce à l'éventail de produits
offerts par les EMF au Cameroun, il devient de plus en plus difficile de
distinguer une clientèle propre à la micro finance car le plus
souvent, les clients que l'on retrouve dans les banques classiques sont les
même qui côtoient les guichets des divers établissements de
micro finances.
La majorité des clients dits des banques classiques
découvrent les EMF à travers des produits pas toujours
proposés par ces banques tels que le transfert rapide d'argent, les
financements rapides de leurs opérations ainsi que la flexibilité
et la proximité dont font preuves ces EMF dans leurs gestions
quotidiennes.
Grâce à sa grande capacité à
gérer au cas par cas les problèmes multiples de sa
clientèle, les EMF parviennent ainsi conserver dans leurs portefeuilles
ces clients occasionnels qui n'hésitent pas à revenir vers eux
chaque fois et à
conseiller aussi à leurs connaissances, ce qui attire
progressivement vers les guichets des EMF les opérateurs
économiques tout aussi formel qu'informel qui ne font recours aux
banques désormais que pour les opérations complexes
généralement interdits à la micro finance.
C'est ainsi qu'à coté du petit commerçant
exerçant dans l'informel total venu solliciter un micro crédit
pour lui permettre de régler sa facture d'électricité, ne
sera t'on plus surpris de retrouver le promoteur d'une PME sollicitant le
financement d'une importation ou d'un marché à grosse valeur.
Or si le petit commerçant ne trouve aucune anomalie
à payer un taux de près de 2,5% hors taxe mensuel (soit 30%
annuel), le promoteur de la PME jugera par contre ce taux très
élevé car il aura tendance à comparer avec les taux des
banques classiques.
Vu sous cet angle, on pourra taxer (comme le font beaucoup
d'ailleurs) les taux de la micro finance de trop élevés, pourtant
en tenant compte des contraintes (charges, réglementations) auxquelles
ils font face ainsi que de l'environnement dans lequel ces
établissements exercent leurs activités, l'on comprendrait mieux
les conditions de banque appliquées à leurs opérations.
24
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
DEUXIEME PARTIE :
LA MICROFINANCE
« GROWFIN S.A. »
Bien que beaucoup soient tentés de dire qu'il existe
déjà trop d'établissement de microfinance au Cameroun,
force est de constater que malgré cette floraison, une grande partie de
la population (pourtant la clientèle idéalement visée par
la microfinance) continue à être tenue en dehors du système
bancaire. Une récente étude menée par le Ministère
des Finances estimait à moins de (huit) 8% le taux de bancarisation au
Cameroun. C'est dire que toutes les structures existantes (y compris les
banques) ne prennent pas la peine de se rapprocher de cette couche
défavorisée qui est pourtant celle exclues des services
bancaires, dont cible numéro un des EMF. C'est pour tenter de combler ce
manque qu'a été prise l'idée de créer «
GrOwfin microfinance ».
I- LA NAISSANCE DE GROWFIN S.A.
Après une longue et brillante carrière
effectuée à la Banque Mondiale et à la Banque Africaine de
Développement et principalement dans l'encadrement des couches
défavorisées en général et des femmes en
particulier, la promotrice principale de GrOwfin S.A. a dès 2003 ouvert
au Cameroun un Cabinet conseil (AGA : Africa Growth Action)
spécialisé dans le conseil en finance aux pme qui a
implémenté en 2007, un projet financé par la BAD visant
à améliorer le financement des femmes chefs d'entreprises au
Cameroun. C'est ainsi que gr~ce jà ce projet, plus de 400 femmes chefs
d'entreprises et leaders d'associations ont reçu des formations diverses
et ont bénéficié des crédits d'un total de 1,4
millions de dollar US.
En 2010, dans le but de capitaliser les expériences
passées et les leçons apprises pendant la mise en place du projet
de financement des femmes chefs d'entreprises, des opérateurs
économiques Camerounais regroupés autour du gérant du
cabinet AGA ont créé GrOwfin S.A. sous la forme juridique d'une
Société Anonyme avec Conseil d'Administration ayant un capital
initial et
26
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variable de FCFA 50.000.000 réparti en 5.000 actions de
FCFA 10.000 chacune détenues par les 30 actionnaires.
Bien que le capital social ait déjà
été réuni et les diverses formalités fiscales
(carte de contribuable, registre de commerce, patente, etc..), juridiques
(actes notariés) et commerciales (partenariats, publicités, etc )
déjà accomplies, GrOwfin S.A. n'a toujours pas encore ouvert son
volet microfinance au public ceci en raison de l'absence de l'arrffté
ministériel autorisant le fonctionnement tel qu'exigé par les
règlements COBAC.
II- FONCTIONNEMENT DES ACTIVITES
En tant que structure de microfinance intégré,
GrOwfin entends capitaliser l'expérience engrangée en recherche
de financement et montage de projet, par la mis sur pieds d'un segment
d'activité dédié à ce secteur ainsi que la vente
des billets d'avion et organisation des voyages d'affaire.
A. BILLET D'AVION ET VOYAGES D'AFFAIRES
Il s'agit de l'une des activités d'accompagnement des
clients de la microfinance mis en place par GrOwfin S.A. En effet, il s'est
avéré que la clientèle de la microfinance, en raison de
leur situation dans l'informel a très souvent de la
difficulté à entrer en contact avec les partenaires
extérieurs et décroché des contrats
bénéfiques pour l'expansion de leurs activités.
Grâce à la connaissance et les contacts des promoteurs de GrOwfin,
la clientèle est régulièrement tenue informée de
toutes les foires et conférences organisés dans la
majorité des pays d'affaire et des facilités d'obtention des
visas ainsi que de paiement des billets d'avion leur sont fournies afin de leur
garantir une participation optimale à ces évènements. Ce
volet de l'activité permets ainsi à GrOwfin de s'attacher une
clientèle qui n'est pas forcement celle de la
microfinance mais qui n'en constitue pas moins une part
considérable de la structure.
B. MONTAGE DES PLANS D'AFFAIRE ET RECHERCHE
DE
FINANCEMENT
De par l'expérience du principal promoteur de GrOwfin
dans la mobilisation des moyens de financement ainsi qu'à la
participation dans le processus du financement et du remboursement des
crédits octroyés, le montage des plans d'affaire et la recherche
de financement à l'international ne pouvaient être ignorés
dans les activités de GrOwfin.
Il s'agit pour la structure d'accompagner des porteurs de
projet dont le besoin en financement va au delà des montants pouvant
être octroyés par la microfinance en raison de ses ressources
limitées. Cette activité nous permettra ainsi, de soutenir la
croissance de la clientèle qui à un moment donné
sollicitera des financements de plus en plus élevés.
C. LA MICROFINANCE
Activité principale de GrOwfin, la microfinance a pour
objectif de permettre aux couches défavorisées et moins nanties
d'accéder de façon optimale aux activités de banque sans
exclusion. En effet, comme nous l'annoncions plus haut, force est de constater
que de nos jours, malgré la prolifération des structures de
microfinance dans le paysage économique camerounais, beaucoup de
personnes continuent à être ignorants des activités
financières.
Lors de son enquête de terrain (annexe) préalable
à la création de GrOwfin, il a été donné de
constater que beaucoup de personne ne vont pas vers les structures
financières (Banques, EMF, etc.) pour plusieurs raisons : absence
28
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
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de revenus conséquents, manque de confiance, conditions
d'entrée en relation rigoureuse, non octrois des financements,
coût des services très élevé, etc.
Dans sa qu~te d'améliorer le bien ~tre des populations
défavorisées et participer à sa façon à
accroitre le taux de bancarisation au Cameroun, GrOwfin a ainsi
décidé d'offrir à sa clientèle et à la
population camerounaise (dans un premier temps), un service financier
personnalisé, de qualité et surtout à moindre
coût.
Il s'agit ainsi pour GrOwfin, de bousculer les habitudes en
cours dans le milieu de la microfinance oil très souvent la
clientèle trouve excessivement élevé le coût des
services.
III- POLITIQUE DE LA TARIFICATION DES SERVICES A
GrOwfin
Conçu pour être la microfinance qui permettra
à tous (nantis et non nantis) d'accéder à des services
financiers de qualité à un coEt relativement bas, GrOwfin
décide d'arrimer autant que faire se peut, le cot de ses services
à ceux des banques classiques et dans certains cas, à aller en
dessous des prix proposés par ces banques tout en maintenant les
facilités d'accès généralement offertes par la
microfinance. En effet, s'il est généralement admis que
l'accès au financement est plus souple et rapide en microfinance qu'en
banque, la majorité des bénéficiaires desdits financements
se plaignent régulièrement de la tarification appliquée
par les EMF qui ne leur permet pas de dégager une marge
conséquente sur leurs opérations financées.
Pour répondre à cela, GrOwfin a conçu un
tarifaire (voir ci-dessous) destiné à satisfaire sa
clientèle cible (les plus démunis) et leur permettre de mieux
bénéficier du prix de leurs efforts quotidiens dans
d'amélioration de leur conditions de vie.
Ce tarifaire conçu à partir de
l'expérience en pays pauvre du principal promoteur de GrOwfin devrait
offrir les services financiers aux populations pauvres à un moindre
coût et leur permettre ainsi une bancarisation de leurs activités
aux conditions proches (voire moins) que celles dont bénéficient
les clients nantis évoluant dans le secteur formel.
Après étude de terrain et analyse des attentes
de la clientèle sans oublier la prise en compte de ses sources de fonds
destinés au financement, les dirigeants de GrOwfin lors de sa
constitution entendaient offrir leurs services à la clientèle
ainsi qu'il suit :
SERVICES*
|
Taux pratiqués par les Banques
|
Taux pratiqués par les
EMF existants
|
Taux envisagés par GrOwfin
|
Découverts et
facilités de caisses ponctuels
|
18%, soit 1,5% par mois
|
36%, soit 3% par mois
|
24%, soit 2% par mois
|
Crédits remboursables en plusieurs
échéances
|
18%, soit 1,5% par mois
|
30%, soit 2,5%
par mois
|
20%, 1,66% par
mois
|
Escomptes factures et effets de commerces
|
18%, soit 1,5% par mois
|
36%, soit 3% par mois
|
24%, soit 2% par mois
|
Frais de tenue de compte
|
11.925 FCFA
par mois
|
4.174 FCFA par mois
|
2.500 FCFA par mois
|
Encaissement chèques de la clientèle
|
Franco
|
Entre FCFA 1.789 et 5.963 par chèque
|
1.193 FCFA par chèque
|
30
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Achille Landry
Virements reçus et encaissements effets
|
FCFA 2.981 par opérations
|
11.925 FCFA par opérations
|
5.000 FCFA par opérations
|
Cautions émises au bénéfice des clients
|
FCFA 11.925
par trimestre
|
FCFA 23.850 par trimestre
|
12.000 FCFA par trimestre
|
Frais étude dossier crédits des clients
|
1% du montant demandé
|
2,5% du montant demandé
|
1,5% du montant octroyé
|
Minimum à
l'ouverture du
compte
|
100.000 FCFA
|
25.000 FCFA
|
Négociable
|
Frais mis en place concours
|
1% du montant octroyé
|
2% du montant octroyé
|
Franco
|
Taux d'intér~ts
créditeurs
|
3% annuel
|
4% annuel
|
5% annuel
|
(*) Il s'agit ici des services classiques non exhaustifs
à offrir à la clientèle, d'autres services pouvant
s'ajouter en fonction des sollicitations des clients et des opportunités
offertes par le marché.
Nous constatons à travers ce tableau que GrOwfin
entendait bien se rapprocher véritablement des populations pauvres et
moins nanties par la mise à leur disposition des services financiers
à meilleurs coûts et dans de bonnes conditions.
Malheureusement pour les bénéficiaires ainsi que
pour les partenaires de GrOwfin, le respect de cette tarification s'est
avéré impossible en raison de certaines difficultés et des
multiples obstacles qui surviennent dans la vie quotidienne des EMF au
Cameroun.
IV- DIFFICULTES DANS LA TARIFICATION DES SERVICES A
GrOwfin
Bien que lors de la rédaction du présent
mémoire (juin-juillet 2011), GrOwfin n'ait pas encore ouvert ses portes
à la clientèle pour ce qui concerne pourtant le pan essentiel de
son existence (activités de microfinance), la révision à
la hausse des prix des services à offrir à la clientèle
fût engagée afin de prendre en charge les contraintes et autres
difficultés pratiques rencontrées pour la fourniture de ces
services.
Ces contraintes qui proviennent pour l'essentiel de la
réglementation ainsi que du comportement de la clientèle ont
ainsi contraints les promoteurs de GrOwfin à adapter leurs tarifs afin
de pouvoir (comme toutes structures mercantiles) assurer sa
pérennité.
A. DIFFICULTES DUES A LA REGLEMENTATION
Constituant l'essentiel des difficultés qui poussent
les structures de microfinance à adopter un tarifaire jugé
asphyxiant par l'opinion publique, ces difficultés vont de l'obtention
de l'agrément d'ouverture en passant par les contraintes
d'aménagement jusqu'aux opérations non accessibles par les
EMF.
1- OBTENTION DE L'AGREMENT
Pour un EMF de 2ème catégorie comme
désire être GrOwfin S.A., le dossier d'agrément est
introduit en mrme temps que celui de ses dirigeants et commissaires aux comptes
auprès de l'autorité monétaire (Ministère des
Finances) qui le soumet à l'avis conforme de la COBAC. Si la
constitution du dossier est clairement donnée par les autorités
(voir ci-dessous), aucune
32
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indication n'est par contre donnée sur le délai de
traitement du dossier ainsi que sur les voies de suivi de ce dossier.
Dossier d'agrément d'un EMF indépendant
:
- une demande timbrée signée par le PCA
précisant la catégorie sollicitée sur lettre à
en-tête ;
- un certificat d'enregistrement ou d'inscription
(publicité ou l'acte consultatif)
- le procès-verbal de l'Assemblée
Générale constitutive ;
- le statut de l'établissement
- la liste des membres fondateurs ou actionnaires ;
- la liste des membres du conseil d'administration ou de
l'organe en tenant lieu, le cas échéant
- les pièces attestant des versements au titre de la
libération des parts sociales ou actions souscrites, accompagnées
des relevés bancaires ou de tout autre document en tenant lieu ;
- les prévisions d'activité d'implantation et
d'organisation sur trois (03) ans ;
- le détail des moyens techniques et financiers dont la
mise en oeuvre est prévu, ainsi que tout autre élément
susceptible d'éclairer les autorités compétentes..
|
Comme nous le voyons dans le dossier, il est demandé
aux EMF de mobiliser les moyens financiers et techniques (tous ayant un coEt)
sans qu'un délai d'obtention de l'agrément leur soit donné
si ces moyens et autres conditions sont remplis.
C'est ainsi qu'une structure voulant exercer peut se retrouver
avec un dossier pourtant complet plus d'un an après le
dépôt sans agrément et ne pas savoir ce qui lui est
reproché. Hors le coût des ressources ainsi mobilisées ne
fait que s'accroître au fur et à mesure que l'exploitation ne
débute pas, et tous ces coûts devront être imputé au
prix des services à facturer à la clientèle.
2- CONTRAINTES D'AMENAGEMENT
Il y'a un adage qui dit : « on ne pr3te qu'aux riches
». Ainsi, pour avoir une part de marché et pouvoir se faire une
clientèle dans la collecte des dépôts qui seront
utilisés pour l'octroi des crédits et autres services à
fournir à la clientèle, l'EMF se doit de refléter une
bonne santé financière vis-à-vis du public. Et
l'élément le plus important qui permet au public cible de juger
de l'aisance d'une structure n'est rien d'autre que la qualité de
ses locaux et de ses équipements. Cette recherche de reconnaissance
pousse ainsi les EMF à mettre un point d'honneur dans la qualité
de leurs aménagements et installations, toutes choses qui demandent des
dépenses énormes qui ne pourront être rentabilisées
que par la facturation des services à offrir aux clients.
3- OPERATIONS NON ACCESSIBLES
Considérée comme une structure
d'intermédiation financière au mrme titre que les banques
classiques, les EMF ne sont pourtant pas habilités à traiter
directement avec sa clientèle certains types de service. C'est ainsi que
pour offrir à sa clientèle ces services (encaissements
chèques et effets, cautions, devises, comptes à la BEAC,
transferts internationaux, etc.), les EMF sont obligés de passer par les
banques classiques qui prélèvent à leur niveau des frais
pour chacun de ces services. Etant une entreprise à but lucratif dans
laquelle chaque service offerte doit générer un produit, l'EMF se
retrouve ainsi contraint
34
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
d'ajouter au prix du service prévu, les frais
prélevés par les banques inter médiatrices. Toute chose
qui contribue à accroitre le prix du service et à paraître
très élevé pour le client bénéficiaire du
service. A titre d'exemple, lors des appels d'offre, les maîtres
d'ouvrage n'acceptent que les cautions émises par les banques
classiques, pourtant tous les participants aux appels d'offre ne sont pas des
clients de ces banques. Les clients des EMF sont ainsi contraints de payer plus
cher pour obtenir leur caution car devant payer et les frais supportés
par l'EMF dans sa banque, et les commissions prélevées par
l'EMF.
B. DIFFICULTES LIEES A LA CLIENTELE
Ces difficultés qui contrairement à celles
citées plus haut sont maîtrisables voire contrôlables par
les EMF n'en demeurent pas moins l'une des facteurs qui contraient les
promoteurs d'EMF à revoir à la hausse le coût de leur
service une fois l'exploitation entamée ou en voie de l'ttre. Nous
pouvons regrouper ces difficultés en deux catégories : les
attentes des clients, et le comportement de ceux-ci.
1- LES ATTENTES DES CLIENTS
Cette difficulté beaucoup plus ressentie par les
structures en création ou nouvellement arrivées sur le
marché s'observe surtout dans la recherche des ressources
(dépôts) oil les épargnants exigent des taux de
rémunération assez élevés pour leurs
dépôts dans ces structures.
Très souvent, n'étant pas encore assez bien
connu sur le marché, l'EMF est obligé d'utiliser des taux de
rémunération des dépôts très
élevés comme argument commercial afin de s'attirer une
clientèle. En effet, quoique méfiant vis-à-vis des
nouvelles structures, l'applt du gain est un argument qui ne laisse
pas les épargnants indifférents. Cependant, le coEt
d'acquisition de ces dépô sera imputé au prix du service
à la clientèle bien entendu.
2- LES COMPORTEMENTS DES CLIENTS
Il s'agit ici beaucoup plus en ce qui concerne la tarification
des opérations de crédit et autres découverts. En effet,
la clientèle des EMF étant essentiellement instable car
évoluant dans le secteur informel, la localisation et le suivi effectif
de ceux-ci s'avèrent très difficile voire extr~mement
dispendieux.
C'est ainsi que lorsqu'un client a obtenu un financement, il
devient très difficile de le revoir (pas parce que celui-ci ne veux pas
rembourser, mais parce que son activité l'amène à se
déplacer très souvent) sauf à faire plusieurs appels
téléphoniques ainsi que de multiples descentes dans les lieux de
localisation de celui-ci. Les frais occasionnés par ces appels et
déplacements doivent être pris en compte lorsqu'il faut facturer
le financement au client. C'est qu'il constitue une des raisons d'une
tarification assez élevée des services de crédit en faveur
de la clientèle.
Face à toutes ces contraintes, GrOwfin a dû
adapter sa tarification afin de pouvoir pérenniser son exploitation et
fructifier aussi les investissements aussi bien financiers qu'humains consentis
par les promoteurs.
V- TARIFICATION ACTUELLE DE GrOwfin S.A.
Comme nous l'évoquions déjà ci-dessus, la
prise en compte des contraintes pratiques rencontrées autant le
processus d'obtention de l'agrément qu'en prévisions des
réalités d'exploitation future nous a conduit à revoir la
hausse la tarification de nos services vis-à-vis de la clientèle,
ceci en espérant que de
36
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
nouvelles contraintes ne surviendront plus pour nous pousser
à accroitre une fois de plus ces taux qui sont pourtant
déjà assez élevés par rapport aux prévisions
des promoteurs de GrOwfin.
En attente de l'ouverture à la clientèle, les
nouvelles tarifications qui seront appliquées aux mêmes
opérations citées plus haut seront les suivantes :
SERVICES
|
Taux pratiqués par les
EMF existants
|
Taux envisagés par GrOwfin
|
Taux réels actuel
|
Découverts et
facilités de caisses ponctuels
|
36%, soit 3% par mois
|
24%, soit 2%
par mois
|
30%, soit 2,5%
par mois
|
Crédits remboursables en plusieurs
échéances
|
30%, soit 2,5%
par mois
|
20%, 1,66% par mois
|
24%, 2% par mois
|
Escomptes factures et effets de commerces
|
36%, soit 3% par mois
|
24%, soit 2%
par mois
|
30%, soit 2,5%
par mois
|
Frais de tenue de compte
|
4.174 FCFA par mois
|
2.500 FCFA par mois
|
2.500 FCFA par mois
|
Encaissement chèques de la clientèle
|
Entre FCFA
1.789 et 5.963 par chèque
|
1.193 FCFA par chèque
|
1.500 FCFA par chèque
|
Virements reçus et encaissements effets
|
11.925 FCFA par opérations
|
5.000 FCFA par opérations
|
7.500 FCFA par opérations
|
Cautions émises au bénéfice des clients
|
FCFA 23.850 par trimestre
|
12.000 FCFA
par trimestre
|
15.000 FCFA par trimestre
|
Frais étude dossier crédits des clients
|
2,5% du montant demandé
|
1,5% du
montant octroyé
|
2% du montant octroyé
|
Minimum à
l'ouverture du
compte
|
25.000 FCFA
|
Négociable
|
Négociable
|
Frais mis en place concours
|
2% du montant octroyé
|
Franco
|
Franco
|
Taux d'intériJts
créditeurs
|
4% annuel
|
5% annuel
|
4,5% annuel
|
Comme nous le constatons à travers le tableau
ci-dessus, bien que les prix soient toujours inférieurs à la
moyenne pratiquée par les EMF existants, un aménagement à
la hausse (au grand dam des bénéficiaires du service) a
été opéré sur les prix de GrOwfin et cet
aménagement peut encore être plus perceptible au fur et à
mesure que l'agrément d'ouverture ne sera pas obtenu. Ceci dans un souci
de rentabiliser les ressources (matérielles, financières et
humaines) ainsi immobilisées et improductives. Toute chose à
terme qui aura pour conséquence de confirmer dans leurs assertions, ceux
là qui trouvent que la microfinance loin d'aider les pauvres et les
couches défavorisées, les asphyxie plus tôt.
38
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
TROISIEME PARTIE :
QUELQUES PISTES
DE SOLUTIONS
S'il est clair au vu de notre recherche et de
l'expérience ci-dessus que la microfinance dans sa forme actuelle ne
parvient pas à fournir à sa clientèle pauvre et
défavorisée les opérations d'intermédiations
financières à moindre coEts, il n'en demeure pas moins que seule
la microfinance pourrait permettre à ceux-ci d'avoir accès aux
services financiers.
Aussi, estimons-nous qu'avec des améliorations du cadre
juridique et opérationnel, ainsi qu'un renforcement et un meilleur suivi
des capacités des structures, la qualité des offres de services
s'en trouvera améliorée aussi bien en valeur qu'en
efficacité.
Dans cette partie de notre exposé, nous essayerons de
présenter quelques améliorations que nous pensons qu'il faille
entreprendre aussi bien par les pouvoirs publiques que les autorités de
régulation du secteur.
Nos propositions porteront sur plusieurs points :
|
La fixation d'un délai de réponse pour
l'agrément La mise sur pied d'une fiscalité propre
L'ouverture à tous types de produits
Le renforcement des capacités des structures
La dynamisation de l'association professionnelle
|
I- FIXATION DU DELAI POUR L'AGREMENT
Nous estimons que toute personne qui se lance dans un projet
de création d'EMF après un dépôt de dossier complet
devrait savoir avec certitude au bout de combien de temps au plus il pourra
obtenir ou non son agrément d'ouverture.
Ceci permettrait ainsi de mieux planifier la mobilisation des
ressources indispensables au fonctionnement de sa structure et l'évitera
d'immobiliser inutilement pendant de très longues périodes des
ressources aussi bien
40
Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
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humaines, financières que matérielles ; surtout
quant on sait les charges qu'une telle mobilisation entraine.
II- FISCALITE SPECIFIQUE
Si en tant qu'entité économique, les
activités de la microfinance doit ~tre soumise aux impôts et taxes
en vigueur, il n'en demeure pas moins que pour une meilleur
profitabilité de la part des bénéficiaires, nous estimons
que les opérations de crédit (et tout autre
d'intermédiation financière) en faveur des pauvres devraient
être dispensées de certaines taxes.
En effet, lorsqu'au prix fixé par la structure de
microfinance il faut y greffer la Taxe sur la Valeur Ajoutée (qui est la
principale et nous pouvons dire l'unique taxe que nous souhaitons voir
suspendue sur les activités de la microfinance), ceci a pour
conséquence de faire croître le coût de revient du service
de 1,1925 (étant entendu que le taux de la Taxe sur la Valeur
Ajoutée au Cameroun est de 19,25%) aux bénéficiaires.
Pourtant, l'Etat dans ses mesures sociales de lutte contre la pauvreté
et d'assistance aux couches démunies et défavorisées
aurait pu tout simplement suspendre cette taxe sur toutes les activités
de la microfinance comme elle le fit il y'a de cela trois (03) ans pour tous
les intrants dans l'élevage afin de stimuler le secteur. Or l'un des
intrants de l'élevage est bien le crédit que le promoteur (client
de l'EMF) pourra obtenir de son EMF afin de booster son activité.
III- L'OUVERTURE A TOUS TYPES DE
PRODUITS
Par soucis dit' on à la COBAC de protéger
(contre quoi nous ne savons) les EMF, certaines opérations (cautions et
aval, transferts à l'extérieur, achat des devises à
l'extérieur, etc.) les sont proscrites. Ce qui oblige ainsi ces
structures à
transiter par les banques de premier ordre pour offrir ces
opérations à leur clientèle avec les conséquences
que l'on peut imaginer.
A titre d'exemple, lorsqu'une PME (Petite et Moyenne
Entreprise) pourtant refoulée à la banque de premier ordre a
besoin d'une caution, son partenaire financier qui est l'EMF est incapable de
le lui fournir (le maître d'oeuvre exigeant une caution émanant
d'une banque de premier ordre), et est obligée de transiter par la
banque qui non seulement lui impute des frais propres, mais en plus,
débite le compte de l'EMF (qui le répercute sur le client
bénéficiaire), du montant total de la caution à
délivrer.
Pourtant, ces même banques très souvent pour leur
client propres ne débitent pas le compte client du montant de la
caution, mais juste des intérêts.
C'est ainsi que pour le client d'EMF, la simple caution se
transforme en un crédit qui entraine les intérêts, tout en
supportant les frais liés à la caution. Or si l'EMF pouvait
délivrer des cautions acceptées par les maitres d'oeuvre, la
trésorerie des PME s'en trouvera soulagée, et les charges
moindres.
IV- LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DES STRUCTURES
De par son activité essentiellement tournée vers
les « gagne-petit » et les couches défavorisées, les
EMF jouent un rôle d'émulation sociale dans l'économie
Camerounaise et devrait bénéficier de la part des
autorités de certaines facilités, voire de subvention
nécessaires pour la bonne marche de leurs opérations.
En effet, s'il est aisé pour une banque ou une grande
entreprise de dégager les liquidités nécessaires pour
l'aménagement et la sécurisation de leurs activités, ces
tches s'avèrent très pénibles et énormément
éprouvantes pour les finances des EMF. C'est ainsi que bon nombre de
structure fonctionne dans des locaux totalement délabrés et sans
les mesures de sécurité adéquates (informatisation, garde
armée, vidéo-surveilla nce, etc.)
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Nous estimons que le gouvernement à travers le
ministère des finances et le programme de renforcement des
capacités des structures de microfinance (PPMF) devrait plus s'impliquer
dans la qualité des infrastructures et des hommes
appelés à gérer les structures de microfinance ; il en va
de leur pérennité et de la qualité du service offert.
V- I $ ITI <1 $ 0 , 6$ 7 , 2 1 ITI ( II I$ 662
&, $ 7 , 2 1 IP5 2 ) ESSIONNELLE
Si la plus part des mesures citées ci-dessus devrait
être le fait des autorités de tutelle et de contrôle, la
dynamisation de l'association professionnelle incombe par contre en premier
lieu aux promoteurs d'EMF qui en seront également les véritables
bénéficiaires.
En effet, à l'état actuel des choses, il est
difficile pour les EMF opérants de faire entendre leur voix en cas
d'incident, ceci parce qu'ils évoluent en rang dispersé bien
qu'une association professionnelle (ANEMCAM) existe pour défendre leur
droit. Bien qu'obligatoire pour tout EMF, l'adhésion ne constitue pour
ceux-ci qu'une formalité à remplir pour pouvoir exercer leurs
activités, et les concours de leadership pour le contrôle de la
structure n'est pas pour arranger les choses.
Pourtant, cette structure en cas de fonctionnement normal
deviendra en dehors d'une sorte de syndicat, un cadre de concertation et de
réflexion sur les maux qui minent le secteur d'activité et pourra
devenir le laboratoire ou la chambre de compensation des chèques des EMF
qui faut t'il le rappeler ne sont pas compensables entre les structures
fonctionnels.
En plus, cette association pourra tenir une sorte de centrale
des risques où seront répertoriés tous les mauvais clients
repérés dans chaque structure. En l'absence d'une telle centrale,
le phénomène actuel où un mrme client est en impayé
dans plusieurs structures ne pourra pas cesser.
QUATRIEME PARTIE :
CONCLUSION
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Notre objectif, lorsque nous nous sommes décidés
à faire cette étude sur la tarification des services dans les EMF
au Cameroun était de voir par quels voies et moyens, la microfinance
pouvait efficacement jouer le rôle qui doit être le sien
auprès des couches défavorisées et exclues du
système financier classique.
Bien que l'accès aux informations ainsi que leur
diffusion auprès du grand public ne soit pas la chose la mieux
partagée de la part des EMF, nous avons néanmoins grâce
à notre connaissance approfondie du terrain ainsi que notre passage dans
plusieurs EMF ayant pignon sur rue au Cameroun, pu récolter des
informations pertinentes qui nous ont permis de rédiger le
présent mémoire.
Il ressort au terme de nos recherches et investigations que
quoique la majorité de promoteurs d'EMF ait un but mercantile (recherche
de bénéfices) lors de la création et de la mise en place
des structures existantes, il n'en demeure pas moins que les prix ainsi
décriés dans le secteur d'activité est d non pas à
leur volonté d'asphyxier la clientèle (tel qu'il est compris par
la majorité des clients et critiques), mais beaucoup plus imposé
par sa recherche de survie et de pérennisation sur un marché oil
la concurrence est trop dense et la réglementation ainsi que la
régulation pratiquement incohérente pour ne pas dire inefficace
dans la pratique.
En partant du cas spécifique de GrOwfin que nous avons
particulièrement étudié et qui peut s'appliquer à
la majorité des structures existantes ou en voie de création au
Cameroun (exclusion faite des structures de microfinance dépendant ou
découlant des banques de premier ordre telles que : ACEP Cameroun ;
Advans Cameroun; Accion Cameroun), nous comprenons aisément comment la
structuration des prix est imposée aux acteurs du secteur par les
contraintes et autres obstacles qui jonchent la vie de ces EMF dès la
conception de l'idée de création jusqu'au cours du fonctionnement
effectif de l'établissement.
Aussi, préconisons nous pour la pérennité
des EMF et l'atteinte des objectifs (pourtant louables) attendus du secteur,
une meilleur réorganisation de
la réglementation (des conditions d'ouverture
jusqu'à la fiscalisation en passant par les opérations interdites
aux EMF), sans oublier une organisation adéquate du secteur et plus de
solidarité de la part des entreprises existantes et évoluant dans
la microfinance.
Nous restons convaincus qu'avec la prise en compte des
résultats de notre étude, la microfinance reste et demeure la
meilleure approche pour booster l'activité des couches
défavorisées et améliorer par conséquence le taux
de bancarisation déplorable du Cameroun et de l'Afrique Centrale en
général.
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ANNEXE
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BIBLIOGRAPHIE
Joseph Mbouombouo Ndam (2006) : Banque contre microfinance,
l'ITnjITu LdITLl'intITrmédiation financière dans la zone CEMAC ;
édition clé Ydé-Cameroun
Nzémen Moïse (1988) : Théorie de la pratique
des tontines au Cameroun ; SOPECAM
Site internet de la Direction Générale du
Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire
:
www.dgtcfm.net.
Site internet du portail de la microfinance :
www.lamicrofinance.org
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