UNIVERSITE DE LOME
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
(FLESH)
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
LA MICROFINANCE ET SA CONTRIBUTION
A L'AMELIORATION DES CONDITIONS DE
VIE DES ADHERENTS :
Cas de la préfecture de Tchaoudjo
MEMOIRE
POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE
MAITRISE ès-LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
OPTION : ESPACES ET GROUPES SOCIAUX
Présenté et soutenu par : Sous la
direction de :
ABDOU Abdou-Wahabi Dr. BAKALI Toï
(Assistant)
Co-directeur :
Dr. DANIOUE T. Roger (Maître
Assistant)
DECEMBRE 2010
SOMMAIRE
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS ....iii
SIGLES ET ACCRONYMES v
LISTE DES TABLEAUX ....vi
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA
RECHERCHE~~~~~~~~~~..~~...~~~~~~~.~~~.6 CHAPITRE I :
CADRE THEORIQUE~ ~~~~~~~~~~~~ ~7 CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE
.................... .............................43
DEUXIEME PARTIE : CADRE THEMATIQUE, PHYSIQUE ET
METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE~~~~~~~~~~~~~...~54 Chapitre
III : PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE DE L'ETUDE~~~~~~~~~~.~~~~~~~~~~~~~~~...~55
Chapitre IV : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ~~~~~ 61
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES ET INTERPRETATION
DES RESULTATS .71 Chapitre V : Analyse des
données~~..~~~~~~~~~~~.~~.~. 72 Chapitre VI: Interprétation des
résultats~~..~~~~~~~~~.~~.~.90
RECOMMANDATIONS ....101
CONCLUSION 104
BIBLOGRAPHIE . .107
Annexes 110
Table des matières .....117
DEDICACE
A ma mère et
à mon Grand-frère Abass.
REMERCIEMENTS
Aucun travail ne s'accomplit dans la solitude, dit-on souvent.
Notre travail n'est devenu une réalité que grace au soutien de
toutes sortes de plusieurs personnes que nous tenons à remercier. Parmi
ces personnes, nous avons :
+ Dr. BAKALI Toï, notre directeur de mémoire qui
malgré ses multiples
occupations a accepté de nous éclairer et nous
guider dans ce travail.
Nous lui adressons nos sincères remerciements pour sa
disponibilité et son
soutien tant pédagogique que moral du début
jusqu'à la fin de notre
travail.
+ tous les membres du jury qui malgré leurs programmes
chargés ont accepté d'évaluer ce travail, apporter leurs
remarques en vue de le parfaire. Qu'ils retrouvent ici nos sincères
remerciements.
· · tous nos frères et soeurs qui, de
près ou de loin, nous ont soutenu d'une
manière ou d'une autre durant tout notre cursus scolaire
et universitaire. + M. APEDOGAN Koevi, directeur de l'agence WAGES-SOKODE et
sa
sécrétaire, nous leur disons merci pour leur
accueil et les précieuses
informations qu'ils nous ont fournies.
+ M. TCHAGAFO Kadère, le chargé de crédits
à la COOPEC-Gaieté de la
FUCEC-TOGO de Sokodé pour les précieuses
informations qu'il nous a
fournies. Nous disons également merci au directeur et
à la secrétaire de
l'agence pour leur accueil et les informations qu'ils nous ont
fournies.
+ nous disons également merci aux responsables de l'APIM
pour leur
contribution dans ce travail.
? nos amis, IDRISSOU Razakou et BATCHE Tairou. Nous leur
disons merci pour leur soutien. Ils ont été pour nous des guides
et des soutiens pour la vie.
· · enfin, nous disons merci au directeur de
la mutuelle AVENIR de l'URCLEC et son chargé de crédit pour
leur contribution dans ce travail.
SIGLES ET ACRONYMES
A.C.D.I : Agence Canadienne
de Développement International
B.M : Banque Mondiale
C.A.R.E: Cooperative for
Assistance and Relief Everywhere
(coopérative pour l'assistance et le secours international)
C.G.A.P: Consultative Group
to Assist the Poorest (Groupe consultatif
d'assistance aux pauvres)
C.M.E.C.F : Caisse Mutuelle
d'Epargne et de Crédit pour
les Femmes COOPEC : Coopérative
d'Epargne et de Crédit
D.S.R.P : Document de
Stratégie de Réduction de
la Pauvreté F CFA : Franc de
la Communauté
Financière Africaine F.M.I :
Fonds Monétaire
International
F.U.C.E.C : Faitière des
Unités Coopératives
d'Epargne et de Crédit I.M.F :
Institution de Micro Finance
I.R.A.M : Institut de
Recherches et d'Application des
Méthodes de Développement
O.M.D : Objectif du
Millénaire pour le
Développement O.N.G :
Organisation Non Gouvernementale
P .A.S.M.E.C : Programme
d'Appui aux Structures
Mutualistes et Coopératives
d'Epargne et de Crédit
P.N.U.D : Programme des Nations
Unies pour le Développement
P.S.D : Pays
Sous-Développé
ReDeMaRe : Réseau pour le
Développement de la Masse sans
Ressources S.F.D : Système
Financier Décentralisé
U.M.E.C.TO : Union des
Mutuelles d'Epargne et de
Crédit du Togo. U.R.C.L.E.C :
Union Rénovée des
Caisses Locales d'Epargne et
de Crédit W.A.G.E.S: Women and
Associations for Gain both Economic
and Social (Associations féminines pour le
développement économique et social).
LISTE DES TABLEAUX
Tableau1 : Incidence de la pauvreté par
région au Togo 3
Tableau 2 : répartition des
enquêtés selon le sexe.................. 72
Tableau 3 : répartition des
enquêtés selon leurs professions................... 73
Tableau 4 : répartition des
enquêtés selon l'existence d'enfants à leur charge
74 Tableau 5 : répartition des enquêtés
selon le niveau
d'instruction...............................................................................74
Tableau 6 : répartition des
enquêtés selon les sources de financement de leurs
activités avant leur adhésion leurs mutuelles ....75
Tableau 7 : répartition des
enquêtés selon la raison de l'adhésion à leurs
mutuelles..............................................................................76
Tableau 8 : Répartition des
enquêtés selon le nombre de crédits
demandés...............................................................................76
Tableau 9 : Répartition des
enquêtés selon le nombre de crédits reçus......
............................................................................
...77
Tableau 10 : Répartition des
enquêtés selon l'augmentation de leurs revenus suite au
crédits
reçus..................................................................78
Tableau 11 : Répartition des
enquêtés selon les raisons de la non augmentation de leurs
revenus.........................................................................79
Tableau 12 : Répartition des enquêtés
selon leurs bénéfices journaliers ......80
Tableau 13 : répartition des
enquêtés selon le domaine d'investissement de
leursrevenus..........................................................................81
Tableau 14 : répartition des
enquêtés selon leurs situations actuelles après avoir eule
crédit
................................................................................82
Tableau 15 : Répartition des enquêtés
selon le degré de satisfaction de leurs besoins avec leurs
mutuelles............................................................83
Tableau 16 : répartition des enquêtés
selon l'amélioration de leurs conditions de
vie..........................................................................................83
Tableau 17 : répartition des
enquêtés selon la manière dont s'est
faite l'amélioration de leurs conditions de
vie...................................... ...84
Tableau 18 : Répartition des
enquêtés selon les raisons de la non amélioration de leurs
conditions de vie ....... ...................................85
Tableau 19 : Répartition des
enquêtés selon leurs appréciations des conditions d'octroi
de
crédit.......................................................................86
Tableau 20 : Répartition des enquêtés
selon leurs appréciations du taux
d'intérêt
.................................................................................87
Tableau 21 : Répartition des enquêtés
selon leurs appréciations du montant des
crédits...................................................................................88
Tableau 22 : répartition des
enquêtés selon l'appréciation de leurs
mutuelles..............................................................................89
INTRODUCTION
Evaluée à un peu plus de six milliards, la
population mondiale est dispersée sur tout le globe terrestre et
à des densités différentes selon les régions.
Aussi, le niveau de vie de ces différentes populations varie t-il selon
les milieux de vie. Ainsi, selon un rapport du Programme des Nations-Unies pour
Développement (PNUD), « une personne sur cinq dans le monde (plus
d'un milliard d'individus) continue de survivre avec moins d'un dollar par
jour, un niveau de pauvreté si abject qu'il menace la capacité de
survie. Un milliard et demi de personnes vivent avec un à deux dollars
par jour. Plus de 40% de la population mondiale forme de fait une classe
défavorisée planétaire confrontée quotidiennement
à la réalité ou à la menace de la pauvreté
la plus extrême »1. On estime que globalement, plus d'un
milliard de personnes pauvres dans le monde n'ont pas accès à des
services financiers de base pour gérer leur argent et développer
des activités2. Cet état de choses met en
évidence une réalité : celle de la pauvreté qui
caractérise des populations obligées de lutter quotidiennement
pour leur survie. Elle est également l'une des caractéristiques
du sousdéveloppement qui globalement se caractérise par
l'incapacité d'un pays à exploiter d'une façon optimale
ces propres ressources naturelles, humaines et son capital.
Dans les PSD, c'est plus de 80% des familles qui sont exclues
du secteur financier formel3. Les populations s'investissent alors
dans le secteur informel qui occupe une place importante dans l'économie
de ces pays.
A partir des années 1960, les PSD s'étaient
lancés dans la voie du développement en aidant les populations
à lutter contre la sous-alimentation, la malnutrition, les
problèmes de logement. Malheureusement, après près de
50
1 Cf. PNUD, Rapport mondiale sur le
développement humain 2005 (http://
2 CGAP (
www.cgap.org)
3 GENTIL Dominique et al, Microfinance, orientations
méthodologiques, commission européenne, 2002
(2ème édition ), p.35
ans, le bilan reste négatif. En effet, les politiques
de développement de ces pays ont connu des échecs à cause
non seulement de l'insuffisance des moyens de leur mise en oeuvre, mais aussi
et surtout à cause des méthodes d'intervention de ces pays. Cela
se répercute sur les différents secteurs de ces pays et la
pauvreté devient la cause et la conséquence de leur état
de pays sous-développés. « Les gens peuvent encore vivre
actuellement sur les réserves, mais attendez le mois d'avril et le mois
de mai et vous constatez que la plupart des greniers sont vides. Dès le
moi de mars, la fréquentation scolaire commence à diminuer. Car
on ne peut pas demander aux enfants de parcourir de longues distances l'estomac
vide. Ils n'ont simplement pas la force de marcher. Ils vont dans la brousse
chercher les feuilles de baobab ou quelque chose d'autre à manger. Ce
n'est pas nourrissant. La majorité des familles se contente d'un repas
par jour pendant la période de soudure. Ces enfants ne vont pas penser
à apprendre et à écrire. »4.
Au cours de la dernière décennie (de 1990
à l'an 2000), le Togo s'est retrouvé dans une situation
socio-économique et politique difficile caractérisée par
un déclin économique, des émeutes, une pauvreté
croissante et un désengagement des bailleurs de fonds. Selon le Document
de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
intérimaire du gouvernement, en l'an 2000, environ 72,2% de la
population togolaise vivait en dessous du seuil de la pauvreté et 57,4%
dans une extrême pauvreté, sur la base des revenus annuels de
100.800 FCFA et de 78.400 FCFA (environ 200 et 150 dollars US)5
respectivement. Avec un revenu par habitant de 310 dollars US en 2003, le Togo
figure parmi les pays les plus pauvres de la planète. Selon le rapport
sur le développement humain 2003 du PNUD, le Togo est classé au
141ème rang mondial sur 173 pays.
La détérioration des conditions de vie et
l'extrême pauvreté affectant la grande majorité de la
population ont causé à la société togolaise des
4 Banque mondiale, Evaluation, New York, 1994, p12
5 Cf. Togo-DSRP, Juin 2004, p.11
dommages socio-économiques difficilement
réparables. Cette situation est illustrée par la
détérioration des principaux indicateurs sociaux, notamment en
matière d'éducation, santé et nutrition, accès
à l'eau potable, hygiène et autres services de base. La
détérioration des conditions de vie se traduit également
par une aggravation de la vulnérabilité sociale. Le manque de
ressources a contraint le gouvernement à limiter ses dépenses
vis-vis des secteurs sociaux prioritaires. L'incidence de la pauvreté
laisse apparaitre une image plus complexe suivant les régions, le genre
et les secteurs sociaux. En effet, la pauvreté est surtout
répandue en milieu rural avec des incidences les plus accentuées
dans la région des savanes et du centre.
Tableau 1: Incidence de la pauvreté par
région au Togo
Région
|
Pauvreté %
|
Extrême pauvreté %
|
Lomé
|
50
|
32,7
|
Maritime
|
80
|
68
|
Plateaux
|
73,5
|
62,9
|
Centrale
|
82,2
|
63,9
|
Kara
|
79,8
|
60,8
|
Savanes
|
85,9
|
73,2
|
TOGO
|
72,6
|
57,4
|
Source : Togo- projet DSRP intérimaire Juin 2004,
p.11
Les données de ce tableau illustrent que les deux
régions où la proportion des pauvres est plus
élevée du pays sont la région des Savanes et la
région Centrale avec respectivement 85,9% et 82,2% de populations
pauvres et 73,2% et 63,9% de la population vivant dans l'extrême
pauvreté. Suivent ensuite la région maritime (80%), la
région de Kara (79,8%), la région des Plateaux
(73,5%) et la région Lomé-Golf (50%). Les flux
d'aides extérieures au Togo ont baissés depuis le début
des années 90. Au cours de la dernière décennie, les
bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux
représentaient respectivement environ 60% et 32% de l'assistance
extérieure du Togo, et les ONG internationales ont contribué en
moyenne aux 8% restants.
Malgré la suspension de l'assistance budgétaire,
plusieurs bailleurs de fonds ont continué à soutenir les projets
principalement à travers des entités non gouvernementales et des
collectivités locales, avec un accent sur les secteurs sociaux. C'est en
ce sens que dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion
sociale, donateurs et praticiens ont fait appel à la microfinance pour
insérer les populations pauvres dans le développement
économique de leurs pays à travers la création d'emplois,
de revenus et donc de pouvoir d'achat. C'est justement ce qu'il faut pour
soutenir les populations togolaises du fait que avec la crise socio-politique
et économique qui a plongé le pays dans une misère
sociale, l'économie nationale est soutenue par un secteur informel plus
dynamique et plus entreprenant.
Dans la préfecture de Tchaoudjo, la misère
sociale est une réalité que vivent les populations
quotidiennement. Le pouvoir d'achat est très faible et tous les secteurs
sociaux même les plus prioritaires (santé, éducation, etc.)
en font les frais. Dans ces conditions, les IMF deviennent les principaux
pourvoyeurs de services financiers à la population. Après
près de vingt ans de présence, il est nécessaire ou
même urgent de réfléchir et de comprendre leur action et
leur impact sur les conditions de vie des populations en vue de proposer des
alternatives pour l'encourager et / ou la reformer. C'est dans ce cadre que se
situe notre étude. Elle s'articule autour de trois (3) parties :
- La première partie constitue le cadre théorique
et conceptuel de la recherche et comprend deux chapitres :
1- Cadre théorique de la recherche
2- Problématique
- La deuxième partie présente les cadres physique
et méthodologique de l'étude. Cette partie comprend deux(2)
chapitres :
1-Présentation du cadre physique de l'étude
2- La méthodologie de la recherche
- La troisième partie présente l'analyse des
données et l'interprétation des résultats et comprend
également deux(2) chapitres :
1- L'analyse des données
2- L'interprétation des résultats.
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
DE LA RECHERCHE
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
I.1- JUSTIFICATION
Depuis la période coloniale jusqu'aux
indépendances, le continent africain est considéré comme
un continent pauvre du fait des revenus « minables » de ses
populations et de leur niveau de vie très bas. Ainsi, l'analyse
classique de la pauvreté se focalise uniquement sur ces critères
et propose comme principale solution de la pauvreté, la croissance
économique au niveau des Etats. Ces tentatives de croissance
économiques n'ont guère amélioré les conditions de
vie des populations. Il y a presque quarante (40) ans, Furtado C.
écrivait que la théorie du développement explique dans une
perspective macro-économique, les causes et les mécanismes de
l'augmentation persistante de la productivité du facteur travail et ses
répercutions dans l'organisation de la production et dans la forme
comment est distribué et utilisé le produit social.6
Il y distingue d'un côté le plan des « formations abstraites
» de l'analyse de la croissance avec leurs modèles et leurs
variables quantifiables, et de l'autre côté le plan historique de
l'étude critique. Mais c'est à ce dernier qu'il attribue
l'importance décisive. La faillite des expériences de
développement post indépendance en Afrique, notamment pendant ces
quatre dernières décennies est certainement due à la
conjonction de facteurs exogènes aussi bien qu'endogènes. Le
crédit des théories hétérodoxes du
développement (qui préconisent la maximisation du facteur travail
sans tenir compte du capital humain) en a également pâti, dans la
mesure où elles ont souffert, pourrait-on presque dire, du
péché « d'abstraction » dont elles accusent aujourd'hui
si souvent les théories néoclassiques. Ainsi, à partir des
années 1980, une nouvelle vision plus
6 Furtado C., Desenvolvimento et subdesenvolvimento,
Rio, Fundo de Cultura, 1961.
dynamique commençait à gagner du terrain : c'est
la prise en compte des inégalités d'accès aux ressources
et de l'irrégularité des revenus des populations.
Progressivement, les Etats africains adoptent les uns après les autres
de nouvelles politiques de développement qui prennent en compte l'action
des micros financements dans la lutte contre la pauvreté. Du
développement administratif ou << Top down », on passe
à un développement participatif ou concerté. Des
chercheurs se sont beaucoup investis dans le domaine de ce nouveau type de
développement et les résultats ont été
satisfaisants. En effet, la participation des populations pauvres à leur
propre développement à travers des stratégies multiples
(dont la microfinance) a permis de relever leur niveau de vie et de
réduire sensiblement la pauvreté. La microfinance s'est peu
à peu taillé une place de choix dans le contexte global du
développement. Elle a commercialement prouvé son
intérêt pour les populations et les économies en soutenant
des taux de croissance importants sur de longues périodes (souvent
près de 30% par an). Elle est aussi considérée comme un
outil de taille pour atteindre les objectifs du millénaire pour le
développement (OMD).
De plus, le constat général est que
l'économie sociale c'est-à-dire une économie qui d'une
part tient compte des réalités du milieu d'étude et
d'autre part mobilise les ressources de ce milieu notamment le capital humain
pour son propre développement ; a proposé des alternatives
intéressantes pour le développement de l'Afrique. En effet, les
concepts comme indicateur du développement humain durable,
développement participatif ou développement à la base sont
introduits dans l'économie générale et la privation de
plusieurs secteurs économiques dans les pays
sous-développés ou en voie de développement devient une
exigence des organismes financiers internationaux (le FMI et la Banque
Mondiale). C'est tous ces constats qui nous ont poussé à choisir
comme thème de notre mémoire, << La microfinance
et sa contribution dans l'amélioration des conditions de
vie des adhérents au Togo : cas de la préfecture de Tchaoudjo.
»
Vu l'actualité de notre thème, notre
étude peut aider à l'amélioration des stratégies
d'approche des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD)
notamment les IMF. Elle pourra également leur proposer de nouvelles
orientations pour atteindre leurs objectifs et s'inscrire dans la perspective
du processus de mondialisation des relations économiques.
I.2- REVUE DE LA LITTERATURE
« Une recherche n'est jamais tout à fait nouvelle
(...) ; l'affirmer revient à afficher son ignorance »7.
En effet, par la recherche documentaire nous avons exploré des ouvrages
qui ont trait à notre thème. C'est à l'issu de cette
recherche que nous avons élaboré la revue de la
littérature.
I-2-1- GENESE ET EVOLUTION DES IMF
I-2-1-1- GENESE
La microfinance tient ses bases des premières
coopératives de consommation de la deuxième moitié du
XIXè siècle. Vécue comme une solution à
l'exploitation capitaliste, le terme « coopérative » est
conçu comme une alternative vis-à-vis du mouvement du socialisme
politique qui fut rapidement dominé par l'idéologie marxiste.
Ainsi, au modèle déshumanisant et impitoyable du capitalisme
industriel, elle opposait un contre modèle d'entreprise à visage
humain, au modèle contraignant et aussi impitoyable
d'émancipation de la classe ouvrière par la conquête
politique du pouvoir, elle opposait un contre modèle
d'émancipation par la conquête progressive du pouvoir
économique.
7 Y. AMOUZOUVI in Comment élaborer un projet de
recherche, 1990, Lomé - UB. Document inédit, p.6
Partie donc de la Grande-Bretagne par Robert OWEN, cette
idée de coopérative atteint la France avec Philippe BUCHEZ,
l'Allemagne avec Schulze DELITSZCH et Friedrich Wilhelm RAIFFEISEN, le Canada
grâce à Alphonse DESJARDINS et les Etats-Unis par Edouard FILENE.
Les coopératives dont l'idée peut être qualifiée de
manière générique de « socialisme démocratique
chrétien >>, ont été toutes crées par et pour
des ouvriers, des artisans et des cultivateurs avec l'aide des penseurs et
acteurs provenant d'un milieu riche (
eurocoop.org).
Cependant, les premières véritables
expérimentations de la micro-finance remontent à 1974 au
Bengladesh avec MUHAMMED YUNUS. Economiste de formation, il s'est
intéressé au sort de quelques victimes de « l'apartheid
financier >> dans son pays. En effet, MUHAMMED YUNUS avait
décidé de prêter 27 dollars de sa poche à 42
artisans à qui les banques fermaient leurs portes et usuriers
réclamaient un intérêt de 25% par mois. Peu de temps
après, tous furent en mesure de rembourser leurs emprunts. Fort de cette
expérience, il tente de convaincre les banques d'accorder des
crédits de sommes minimes aux pauvres et aux
déshérités. Sans succès, il décide donc de
mettre en place une structure financière pour mener à bien son
projet. C'est ainsi qu'en 1983, la Grameen Bank (banque rurale) voit
officiellement le jour. MUHAMMED YUNUS devient ainsi le premier banquier au
monde à proposer des crédits aux plus défavorisés
sans demander de garantie. Au fil des années, le microcrédit fait
école.
Décrivant les conditions dans lesquelles la
microfinance a vu le jour en Afrique, Eveline BAUMANN écrivait : «
La focalisation sur le droit d'accès aux ressources
financières va de pair avec un regard sensiblement nouveau que les
observateurs tendent à porter sur la pauvreté. Alors que
l'approche statique privilégie les revenues des populations
démunies, une vision plus dynamique de
la pauvreté s'apprête à gagner du
terrain. De plus en plus, il y a prise en compte des inégalités
d'accès aux ressources et de l'irrégularité des
revenus. »8 Au Togo, la toute première COOPEC s'est
annoncée en 1969 à Kougnohou dans l'Akébou sous
l'initiative du missionnaire américain James WINTER qui était
choqué par les prêts usuraires des villageois de sa paroisse.
Malheureusement, son initiative a échoué parce que les paysans
avaient pensé que Monsieur WINTER avait de l'argent à leur
distribuer. Un an après, il fut relayé par certains pionniers qui
ont crée et animé le CONAUDEC (Comité National pour le
Développement des Unions Coopératives d'Epargne et de
Crédit) transformé en 1983 en FUCEC-TOGO avec trois
employés bénévoles au départ. Tout compte fait, il
faut noter que la phase de démarrage des activités des IMF au
Togo (1970-1975) était marquée par un accent sur une
épargne sans crédit.(
franconetcanada.org).
Dans un numéro de Note Focus9 publié
par le CGAP, les auteurs de l'article montrent le basculement positif de la
microfinance du simple microcrédit à la microfinance. En effet,
les dix dernières décennies ont été marquées
par une ouverture sans précédent du monde de la microfinance.
« Au début des années 1990, la communauté
internationale a commencé à prendre conscience du fait que les
prestataires de microcrédit pouvaient recouvrer les prêts
consentis aux pauvres et aux groupes à faible revenu, couvrir leur
charge et donc élargir leur clientèle. »
A l'époque les bailleurs de fonds et les prestataires
de microcrédit se concentraient essentiellement sur un seul produit
(crédit) à un seul groupe de clients (micro-entreprises). Le
microcrédit était principalement fourni par des institutions
spécialisées dans la microfinance (IMF), pour la plupart des
organisations non gouvernementales (ONG). « La notion de
microcrédit s'est
8 Eveline BAUMANN, « Microentreprise et gestion
de la vulnérabilité en Afrique Subsaharienne, passé et
présent », ADA Dialogue, N°33 Juin 2004, p.31
9 CGAP, « Des services financiers inclusifs
à l'horizon 2015 :quatre scénarios pour l'avenir de la
microfinance », Note Focus N°9, p.12
peu à peu élargit à celle de
microfinance, puis de création de systèmes financiers desservant
les pauvres et les groupes à faibles revenu ; autrement dit, de
système financiers ouverts à tous ».10
Cette nouvelle vision plus ambitieuse et plus complexe
à retenu l'attention des gouvernements, des institutions
financières internationales, des philanthropes, des investisseurs
sociaux, des banquiers et même des familles royales et des
célébrités.
I-2-1-2- EVOLUTION DE LA MICROFINANCE EN AFRIQUE
Le phénomène de la microfinance malgré
son << jeune âge » connaît une évolution
spectaculaire surtout dans les pays africains où la grande
majorité de la population étant pauvre, n'a pas accès au
système financier classique. Analysant l'évolution de la
microfinace, Pierre FORESTIER écrit : << La microfinance a
fait montre en quelques années de grandes réussites et
d'étonnantes performances. Il existe aujourd'hui de nombreuses
institutions viables ou en voie de l'être qui apportent des services
financiers diversifiés à des dizaines de millions de clients qui
n'y avaient pas accès. Elle est en outre un secteur qui a su mobiliser,
sur une longue période, différents types d'acteurs publics et
privés et s'étendre sur un vaste champ géographique,
au-delà même des pays en voie de développement. Elle est
à ce titre, un des rares phénomènes actuels de dimension
mondiale qui mobilise à la fois le débat et peut se
prévaloir d'avancées concrètes sur le terrain.
»11. A travers cette analyse, on remarque que ce
phénomène a en lui une force qui lui permet de s'installer
solidement et d'étendre son champ d'action au fil du temps. P. FORESTIER
continue l'analyse de l'évolution et des progrès de la
microfinance en soulignant
10 Note Focus, N°39 : << Des services
financiers inclusifs à l'horizon 2015 : quatre scénarios pour
l'avenir de la microfinance », p.13
11 P.FORESTIER, Les enjeux de la microfinance : quel
rôle spécifique pour le financement rural et agricole, in HORIZONS
BANCAIRES, N°326, Octobre 2005, p.9
que « les résultats du secteur de la
microfinance, après presque deux décennies de
développement, sont qualitativement et quantitativement prometteurs
»12. A titre d'exemple, le secteur de la microfinance de la
zone Afrique de l'Ouest offre déjà des services à
plusieurs millions de bénéficiaires principalement au travers
d'une dizaines d'institutions professionnelles et viables, avec des taux locaux
de pénétration des services au sein de la population parfois
importants(30%). Elle a démontré qu'elle pouvait
intéresser de nombreux pays, y compris les pays
développés(en France, par exemple) où le chômage et
l'exclusion des circuits bancaires classiques deviennent des
préoccupations économiques et sociales majeures. Elle a
commercialement prouvé son intérêt pour les populations et
les économies en soutenant des taux de croissance importants sur de
longues périodes (souvent proches de 30% par an). Elle a
également réussi à s'implanter dans divers contextes
économiques, démocratiques et sociaux ; même si
d'évidence son développement est facilité par un contexte
économique et démocratique favorable. Elle a d'ailleurs
prouvé sa solidité dans des contextes difficiles de post-conflits
(exemple de MUCODEC au Congo). Elle dispose d'une large gamme de
bénéficiaires en termes de conditions économiques et
sociales. (Aujourd'hui, plus de 55 millions de familles en
bénéficient dans cent quinze pays). Enfin, souligne P. FORESTIER,
elle a surtout démontré qu'il était possible de
bâtir des institutions pérennes et viables, gérées
de manière professionnelle, dans des conditions d'exploitation et sous
des formes institutionnelles très diverses. On peut à titre
d'exemple, citer sur le continent africain : le CMS au Sénégal
sous une forme mutualiste, ADEFI à Madagascar sous une forme
associative, les CVECA de l'Office du Niger ou du pays Dogon au Mali sous une
forme de caisses villageoises, CERUDEB en Ouganda sous une forme bancaire.
Parlant toujours des progrès réalisés par
les IMF en Afrique, une étude à été menée
par trois chercheurs en Avril 2005 et les résultats de cette
étude ont été
12 P.FORESTIER, id
publié dans le magazine MIX (Microfinance Information
eXchange). Sur les 163 IMF ayant fourni des informations pour cette
étude, 57% d'entre elles ont été créées dans
les huit dernières années. Pour les auteurs, << les IMF
sont globalement dynamiques et en pleine croissance.[...]. De plus, les IMF
africaines semblent répondre aux vastes besoins financiers de leurs
clients. A la différence de la tendance observée dans les autres
régions, plus de 70% des IMF africaines offrent de l'épargne
comme service financier de base et l'utilisent comme source importante de fonds
pour les prêts ,>13. A la suite de cette analyse, on
remarque que selon les auteurs, la microfinance est arrivée en Afrique
à une période un peu plus récente, mais elle évolue
à une vitesse plus grande que celle des autres régions du monde.
Même sur le plan de la productivité économique, ils pensent
que le secteur de la microfinance en Afrique s'étend rapidement et les
institutions ont vu leurs activités croître dans les
dernières années. En effet, « les IMF africaines sont
parmi les plus productives au monde de par le nombre d'emprunteurs et
d'épargnants par effectif du personnel. Les IMF africaines attestent
également de niveaux élevés de qualité du
portefeuille, avec une moyenne de 4% de portefeuille à risque de plus de
30 jours ,>14.
Les conclusions de l'étude menée par le MIX
révèlent que les IMF africaines << font preuve de dynamisme
et affichent une bonne performance par rapport à leurs homologues
d'autres régions du monde ,>. En effet, les IMF africaines sont en
tête au plan mondial en matière de mobilisation de
l'épargne, tant en ce qui concerne le nombre de clients servis que le
volume absolu de l'épargne en dépôt. Bien que les
résultats de cette étude indiquent que la performance globale des
IMF africaines est inférieure à celle d'autres régions du
monde, un nombre croissant d'IMF (notamment les IMF règlementées
et les coopératives) sont rentables. En outre, un grand nombre de
modèles
13 Anne-Lucie Lafourcade, Jennifer Isern, Patricia
Mwangi, et Matthew Brown, Etude sur la portée et les performances
financières des institutions de microfinance en Afrique, in MIX, Avril
2005, p.1
14 idem
institutionnels prospèrent an Afrique et cette
diversité « permet d'offrir de bons choix de services aux clients
».
I-2-2-PRINCIPES CLES DE LA MICROFINANCE15
Toute institution pour mieux fonctionner doit se
référer à certains principes qu'elle établit
elle-même en fonction des réalités du terrain. Ainsi, la
microfinance a des principes clés sur lesquels elle s'appui tels que
définis par la CGAP16.
Voici ces principes. Ils sont définis dans l'article
intitulé « Mettre en place les systèmes financiers
adaptés aux besoins des pauvres ».
1-Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services
financiers et non pas seulement des prêts.
Les pauvres ont comme tout le monde, besoin d'une vaste gamme
de services financiers pratiques, souples, et d'un prix raisonnable. Selon la
situation dans laquelle ils se trouvent, les pauvres peuvent avoir besoin non
seulement de crédit, mais aussi d'instruments d'épargne, de
services de transfert de fonds et d'assurance. C'est tout ce système qui
leur permettra de contrôler et de mettre des garde-fous à leur
situation financière.
2-La microfinance est un instrument puissant de lutte
contre la pauvreté.
L'accès à des services financiers viables permet
aux pauvres d'accroître leurs revenus, de se doter d'actifs et de se
protéger dans une certaines mesure
15 CGAP, « Principes clés de la
microfinance », Note Focus N°5, pp 1-5
16 Le Consultative Group to Assist the Poor (CGAP) est
un consortium de 27 agences de développement publiques et de deux
fondations privées soutenant le développement de la microfinance (
www.cgap.org)
des chocs extérieurs. La microfinance permet aux
ménages pauvres de ne plus avoir à lutter au quotidien pour
simplement survivre, mais de faire des plans pour l'avenir et d'investir afin
d'améliorer leur nutrition, leurs conditions de vie et la santé
et l'éducation de leurs enfants. En ce sens, la microfinance permet une
mobilité sociale des familles pauvres.
3-La microfinance est le moyen qui permet de mettre des
systèmes financiers au service des pauvres.
Les pauvres constituent la vaste majorité de la
population dans, la plupart des pays en développement. Or un nombre
considérable d'entre eux n'ont toujours pas accès à des
services financiers de base. Dans beaucoup de pays, la microfinance continue
d'être considérée comme un secteur marginal et relever
essentiellement des activité de développement des bailleurs de
fonds, des pouvoirs publics et d'investisseurs soucieux des
intérêts de la collectivité. Pour qu'elle puisse
réaliser pleinement son potentiel en desservant un grand nombre de
pauvres, il faudrait que la microfinance devienne une partie intégrante
du secteur financier.
4-Il est nécessaire d'assurer la viabilité
financière des opérations pour pouvoir couvrir un grand nombre de
pauvres.
La plupart des pauvres ne sont pas en mesure d'avoir
accès à des services financiers en raison de l'absence
d'intermédiaires financiers solides offrant des services de
détails. La mise en place d'institutions financièrement viables
n'est pas une fin en soi. C'est la seule façon d'accroître
l'envergure et l'impact des opérations de manière à porter
leurs volumes à un niveau supérieur à ce que peuvent
offrir les bailleurs de fonds. La viabilité s'entend de la
capacité d'une entité fournissant des microfinancements à
couvrir l'intégralité de ces coüts. Elle permet d'assurer la
poursuite de services financiers aux pauvres. La viabilité
financière passe par la réduction des
coûts de transactions, l'offre de meilleurs produits et
services répondant aux besoin des clients, et l'adoption de nouveaux
moyens de servir les pauvres qui n'ont pas accès au services
bancaires.
5-La microfinance implique la mise en place
d'institutions financières locales permanentes.
Pour créer des systèmes financiers
destinés aux pauvres, il faut mettre en place des intermédiaires
financiers intérieurs solides en mesure de fournir en permanence des
services financiers à ceux-ci. Ces institutions doivent pouvoir
mobiliser et réinjecter l'épargne intérieure dans
l'économie, accorder des crédits et fournir toute une gamme de
services. La mesure dont elles dépendent des financements des bailleurs
de fonds et des pouvoirs publics (y compris les banques de développement
financier au niveau des Etats) diminuera progressivement à mesure
qu'elles, et les marchés des capitaux privés, se
développeront.
6-Le micro crédit n'est pas toujours la
solution.
L'octroi de micro crédit n'est pas
nécessairement une solution adéquate pour tout le monde ou dans
toutes les situations. Les indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui
n'ont ni revenu, ni moyen de rembourser un emprunt doivent recevoir d'autres
formes de soutien avant de pouvoir emprunter. Souvent, il vaut mieux faire de
petits dons, améliorer les infrastructures, mettre en place des
programmes d'emploi et de formation et fournir d'autres services non financiers
pour lutter contre la pauvreté. Dans toute la mesure du possible, ces
services non financiers doivent aller de pair avec la constitution d'une
épargne. C'est sous forme de création de conditions favorables
pour un impact positif du crédit sur les activités des
bénéficiaires. Sinon, ces derniers se trouveront toujours
incapables de rembourser le crédit.
7-Le plafonnement des taux d'intérêt peut
nuire à l'accès des pauvres aux services financiers.
Il est beaucoup plus onéreux d'accorder un grand nombre
de petits prêts qu'un petit nombre de prêts de montant
élevés. A moins que le fournisseur de micro financement ne puisse
demander des taux d'intérêts nettement supérieurs au taux
moyen des prêts bancaires, ils ne seront pas en mesure de couvrir leurs
coûts de sorte que leur croissance et leur viabilité soient
tributaires d'une offre très limitée et incertaine de financement
à des taux bonifiés. Lorsque les pouvoirs publics
règlementent les taux d'intérêts, ils fixent
généralement ces derniers à des niveaux trop bas les
opérations de micro financement puissent être viables. Toutefois,
il importe aussi que les fournisseurs de micro financements ne
répercutent pas les coûts que pourraient entraîner des
inefficacités dans leurs opérations sur leurs clients en fixant
leurs prix (taux d'intérêts et autres commissions) à des
niveaux nettement supérieurs à ce qu'ils devraient être.
8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation
de services financiers, mais non les fournir directement.
Les autorités nationales jouent un rôle important
en menant une action favorable au développement des services financiers
tout en protégeant l'épargne des pauvres. Les mesures les plus
favorables au microfinancement qu'un gouvernement peut prendre consistent
à assurer la stabilité macroéconomique, à ne pas
plafonner les taux d'intérêts, et à éviter
d'introduire sur le marché les distorsions qu'engendrait la poursuite de
programme de prêts bonifiés non viables et sources
d'arriérés considérables. Les autorités peuvent
aussi appuyer les services financiers destinés aux pauvres en
améliorant le climat des affaires, en luttant contre la corruption, et
en améliorant l'accès aux marchés et à
l'infrastructure. Dans certains cas, en l'absence d'autres financements, l'Etat
peut avoir de bonnes raisons de financer des institutions
de micro financement indépendantes et solides lorsqu'il
n'existe pas d'autres financements.
9- Les financements bonifiés des bailleurs de
fonds doivent compléter les capitaux du secteur privé, ils ne
doivent pas les remplacer.
Il importe que les bailleurs de fonds utilisent, pendant un
temps, des instruments appropriés, de don, de prêt et de
participation pour renforcer les capacités institutionnelles des
prestataires de services financiers, développer l'infrastructure
nécessaire (agences de notation, agences d'évaluation du
crédit, capacité d'audit, etc.) et appuyer des services et
produits innovants. Dans certains cas, il leur faudra peut être fournir
plus longtemps des financements bonifiés pour pouvoir atteindre des
groupes de populations qui sont difficiles à toucher parce qu'ils vivent
dans des régions faiblement peuplées ou pour d'autres raisons.
Pour que leur appui financiers soient efficaces, les bailleurs de fonds doivent
chercher à intégrer les services financiers axés sur les
pauvres dans les opérations de marchés financiers locaux ; faire
appel à des compétences spécialisées pour la
conception et la mise en oeuvre des projets ; exiger que les institutions
financières et les autres partenaires respectent des normes de
performance minimales pour continuer à bénéficier d'un
appui ; et planifier dès le début leur stratégie de
désengagement.
10- Le manque de capacité institutionnelle et
humaine constitue le principal obstacle.
La micro finance est un domaine spécialisé qui
conjuguent les services bancaires à des objectifs sociaux, et un
renforcement des capacités est nécessaire à tous les
niveaux, des institutions financières aux instances de
réglementation et de contrôle et aux systèmes
d'information, jusqu'aux organismes de développement de l'Etat et aux
bailleurs de fonds. La majeure
partie des investissements, publics et privés,
effectués à ce titre devrait viser le renforcement des
capacités. Le développement supposant un changement de
mentalités, il importe de renforcer les capacités des <<
développés » pour qu'ils puissent agir en conformité
avec les nouvelles mentalités.
11- L'importance de la transparence des activités
financières et des services d'information.
Il est indispensable de disposer d'informations exactes,
comparables et présentées selon un format standard sur les
résultas financiers et la performance sociale des institutions
financières qui fournissent des services aux pauvres. Les organes de
contrôle et de réglementation des banques, les bailleurs de fonds,
les investisseurs et surtout les pauvres qui sont les clients des services de
micro financement, doivent avoir accès à ces informations pour
bien évaluer les risques et les avantages de leurs opérations.
I-2-3-LES OBJECTIFS DE LA MICROFINANCE
Les institutions financières formelles que sont les
banques exigent des agents économiques de remplir certaines conditions
(documents d'identification, les garanties, un dépôt minimum,
etc.) avant de leur octroyer des crédits. Faute de pouvoir remplir ces
conditions, les personnes à revenus faibles, (les petits paysans et
commerçants, les artisans, les vendeurs rue, etc.) sont exclues de ce
système financier classique. La micro finance, quant à elle, met
en place des produits financiers simples et adaptés aux besoins des
populations pauvres afin de lutter contre les nombreuses dimensions de la
pauvreté. Ainsi, en faisant une analyse critique des objectifs de la
micro finance, Pierre FORESTIER dans l'article intitulé << Les
enjeux de la microfinance : quel rôle spécifique pour le
financement rural et agricole »17 remarque que, la
microfinance fondée sur des
17 P. FORESTIER, Les enjeux de la microfinance :quel
rôle pour le financement rural et agricole ? in Horizons Bancaires
N°326, Octobre 2005, p.10
motivations telles que celle d'affranchir les populations d'un
système informel contraignant(usuriers), de contribuer à
l'émancipation d'une catégorie de populations pauvres (femmes,
jeunes...), de fournir des services financiers indispensables à la
réussite de programmes plus larges de développement, ses
objectifs se sont ensuite structurés et insérés dans
<< l'ambition plus vaste d'être un outil efficace pour la lutte
contre la pauvreté. >. Par là, il essaie de donner une
définition de la micro finance qu'il juge de définition
consensuelle : la micro finance consiste en << la fourniture d'un
ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du
système financier classique ou formel >. Cette définition
large et dynamique (le secteur financier formel étant lui-même
en
évolution) permet d'englober un vaste champ
d'intervention. Puis, tous ceux quisont exclus du système
financier classique sont ceux qui ont des revenus faibles
et donc qu'on peut qualifier de pauvres. Ainsi, la micro
finance à pour objectif principal selon P.FORESTIER18 de
contribuer à l'amélioration des conditions de vie des pauvres.
Evelyne BAUMANN, quant à elle présente la micro finance dans
l'article intitulé << Microentreprises et gestion de la
vulnérabilité en Afrique subsaharienne, passé et
présent »19 comme un outil indispensable pour
combattre la vulnérabilité.
D'abord, elle définit la vulnérabilité
comme « un état lié à une chute imprévue des
revenus et/ou à une brusque augmentation des dépenses >.
Ensuite, elle remarque que « dans les pays d'Afrique subsaharienne oz
la précarité économique est omniprésente, oz le
milieu naturel connaît souvent un équilibre fragile et oz le
politique est rarement prévisible, les sources de
vulnérabilité sont nombreuses. »20. Pour
elle, la micro finance a pour objectif de palier à la
vulnérabilité des populations pauvres en leur octroyant des
crédits pour renforcer leurs activités tout en contrôlant
celles-ci. Cependant,
18 P. FORESTIER, Les enjeux de la microfinance :quel
rôle pour le financement rural et agricole ? in Horizons Bancaires
N°326, Octobre 2005, pp.10-12
19 E. BAUMANN, << Microentreprises et gestion de
la vulnérabilité en Afrique subsaharienne, passé et
présent. > in DIALOGUE N°33, juin 2004, p.32
20 E. BAUMANN, id.
BAUMANN va plus loin pour constater que cette même
vulnérabilité menace la survie des institutions de
microfinance.
I-2-4-LA MICROFINANCE ET LES OBJECTIFS DU
MILLENAIRE
POUR LE DEVELOPPEMENT
La communauté internationale s'est donnée comme
mission de réaliser les objectifs du millénaire pour le
développement(OMD). Beaucoup de bailleurs de fonds veulent savoir si la
microfinance, (c'est-à-dire les services financiers destinés aux
pauvres), représentent un outil efficace de réalisation des OMD.
Pour apporter une réponse à cette question, le CGAP21
à décider d'examiner les résultats empiriques de
l'accès des pauvres aux services financiers et de déterminer dans
quelle mesure cet accès est favorable aux OMD. Cette étude
analyse point par point les OMD et la contribution de la micro finance sur leur
réalisation.
De quelle manière la micro finance
contribue-t-elle aux OMD ?
L'accès aux services financiers renforce la
capacité des pauvres à réaliser les OMD par leurs propres
moyens et de façon durable. Les services financiers permettent aux
pauvres d'augmenter et de diversifier leurs revenus, d'amasser des biens
humains, sociaux et économiques et d'améliorer leur existence de
façon qui reflète les aspects multidimensionnels de la
pauvreté. L'expérience montre que les pauvres décident
d'investir en un large éventail de biens : amélioration de leur
nutrition, progrès sanitaires, accès à l'éducation,
préparation du toit de leurs maisons et expansion de leurs petites
entreprises.
Comment la micro finance favorise-t-elle
l'éradication de la pauvreté extreme et de la faim
?
21 CGAP, Note sur la microfinance N°9,
décembre 2002, pp.1-2
Dans la plupart des pays, les pauvres n'ont pratiquement pas
accès aux services financiers formels. Un prêt de faible montant
peut aider à briser le cycle de la pauvreté si ce montant est
investi au sein d'une activité économique générant
une augmentation de revenu. De la même façon, la
possibilité de placer ces économies en lieu sftr permet aux
pauvres de se prémunir à l'endroit des crises imprévues,
telle qu'une maladie ou une mauvaise récolte, qui pourraient facilement
les faire basculer dans la misère. Les enquêtes effectuées
auprès des clients de micro finance ont montré les impacts
suivants :
* En Inde, la moitié des clients de SHARE ont pu
émerger de la pauvreté.
* Au Salvador, le revenu hebdomadaire des clients de FINCA a
augmenté en moyenne de 145%.
* Au Vietnam, les clients d'une organisation partenaires de Save
the Children ont ramené leur déficit alimentaire de trois mois
à un mois.
Comment l'accès aux services financiers
améliore-t-il l'éducation ?
L'amélioration de l'accès aux services
financiers et l'augmentation de leurs revenus permettent aux pauvres d'investir
dans l'avenir de leurs enfants. Les enquêtes effectuées au sujet
de l'impact de la micro finance sur la scolarisation des enfants ont
montré que :
*Au Bengladesh, pratiquement, toutes les filles vivant dans
les foyers clients de la Grameen Bank étaient scolarisées, alors
que la proportion des filles scolarisées n'atteignait que 60% pour les
foyers non clients. Le niveau de connaissance en matière d'instruction
élémentaire (lecture, écriture et arithmétique)
pour les enfants âgés de 11 à 14ans au sein des foyers
clients du BRAC a doublé en trois ans (passant de 12% en 1992 à
24% en 1995), et dépasse celui des enfants vivant dans des foyers non
clients.
* En Ouganda, le montant consacré par les clients de
Foccas à l'éducation de leurs enfants était
supérieur d'un tiers à celui dépensé par les non
clients. Comment l'accès aux services financiers
améliore-t-il la santé des enfants et des femmes
?
La perte de revenu consécutive à une maladie et
aux dépenses médicales associées peut faire fondre
rapidement le revenu et l'épargne, et force souvent les pauvres à
se défaire de leurs actifs et à s'endetter. L'accès aux
services financiers permet aux clients d'avoir recours aux soins
médicaux dont ils ont besoin, sans attendre que leur état de
santé se soit détérioré de façon
catastrophique. Certains programmes de micro finance incorporent explicitement
les questions de scolarisation et de soins de santé
élémentaires au sein de leurs méthodologies de
crédits d'épargne. Des enquêtes ont montré que des
services financiers ont eu un fort impact positif sur la santé des
enfants et des femmes :
- Au Bangladesh, les clients du BRAC étaient moins souvent
victimes de malnutrition sévère que les non clients.
- En Bolivie, les clients de CRECER avaient adopté de
meilleures pratiques en matière d'allaitement et de
fluidothérapie pour les enfants souffrant de diarrhée et leurs
enfants affichaient un taux d'immunisation du vaccin DCT3 plus important.
- En Ouganda, 95% des clients de Foccas participaient à
un programme de micro crédit associant services financiers et
initiatives éducatives visant à améliorer la santé
et la nutrition de leurs enfants, ce taux de participation n'étant que
de 72% pour les non clients. En outre, 32% d'entre eux avaient essayé
l'une des pratiques de prévention du Sida, soit 2 fois plus que les non
clients.
La microfinance est-elle favorable aux
infrastructures publiques ?
Il n'existe qu'un petit nombre de travaux étudiant
l'impact sur les infrastructures publiques des services financiers
destinés aux pauvres. L'expérience montre cependant, qu'une
augmentation de revenu encourage les pauvres à prendre des
décisions d'investissement pour l'amélioration de leurs habitats,
de leur approvisionnement en eau et de leurs conditions sanitaires. Un grand
nombre de programmes de micofinance accorde des prêts spécifiques
pour
la construction de puits tubés et d'installations
sanitaires ; certains, tels SEWA en Inde, ont associé la microfinance
à des projets de réhabilitation de bidonvilles. Ces initiatives
sont bénéfiques pour les infrastructures locales, dont le
financement est assuré par des prêts accordés par des
institutions de microfinance.
De quelle manière l'accès aux services
financiers favorise-t-il la prise d'autonomie des femmes ?
La possibilité d'emprunter, d'épargner et de
gagner un revenu permet aux femmes de gagner en assurance et de mieux
confronter les disparités systémiques entre les sexes. Les
études effectuées indiquent que cette émancipation prend
différents aspects :
- En Indonésie, les femmes clientes de BRI
étaient plus susceptibles que les non clientes de prendre des
décisions en commun avec leurs maris au sujet de l'affectation des
ressources financières du ménage, de l'éducation des
enfants, de l'utilisation des moyens contraceptifs et de la taille de leurs
familles.
- Au Népal, 68% des membres du Women's Empowment
Program (Programme pour une plus grande autonomie des femmes) déclarait
prendre des décisions au sujet de l'achat et de la vente de biens, de la
scolarisation des filles, du mariage des enfants et de la planification
familiale.
- En Inde, les clients du SEWA ont fait pression pour obtenir
des augmentations de salaires, faire valoir les droits des femmes à
l'intérieur du secteur informel et résoudre les problèmes
de leur quartier.
- Au Bangladesh, en Bolivie, au Népal, aux Philippines
et en Russie, des clientes des programmes de microfinance se sont
présentées aux élections locales et ont été
élues.
Comment les bailleurs de fonds peuvent-ils utiliser
la microfinance pour contribuer à la réalisation des OMD
?
- En informant leur personnel que l'accès aux services
financiers contribue à la réalisation des OMD.
- En apportant leur soutien à différents types
d'institutions financières qui fournissent un éventail de
services financiers aux pauvres. L'impact serait encore plus important si le
client avait accès à des services plus poussés que l'offre
des micros crédits standards et qui correspondent mieux à leurs
besoins (produits de dépôts, virements des fonds, micro
assurance).
- En adoptant une approche de la microfinance qui
procède d'une stratégie de développement du secteur
privé ou du secteur financier s'efforçant de fournir des services
financiers aux pauvres sur une base permanente et à grande
échelle. Les services financiers ne peuvent contribuer aux
progrès social que si les prestataires de microfinance parviennent
à la pérennité.
- En apportant leur soutien aux initiatives gouvernementales
visant à l'élargissement du secteur financier en faveur d'une
clientèle plus pauvre, par exemple au moyen d'une abolition du
plafonnement des taux d'intérêts.
- En admettant que, dans un grand nombre de cas, la
microfinance peut ne pas constituer le meilleur outil de réduction de la
pauvreté. Des programmes de lutte contre la pauvreté bien
ciblé et des mesures de protection sociale peuvent représenter
des solutions plus adéquates pour des catégories de populations
extrêmement pauvres ou misérables ou n'exerçant aucune
activité économique.
I-2-5-MICROFINANCE ET PAUVRETE
Dans un article publié dans la revue Le Castor
Sahélien, N°50 publiée en Juillet 2003, intitulé
Microfinance et lutte contre la pauvreté, une question
fondamentale à ce propos a été posée : quel est le
rôle de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté ?
Par leur philosophie, leur objectif, leurs activités et
l'impact de celles-ci sur les populations, les systèmes financiers
décentralisés (SFD) sont étroitement liés
à la lutte contre la pauvreté. Les pouvoirs publics comme les
bailleurs de
fonds ont toujours présenté les structures de
microfinance comme des instruments alternatifs pour répondre aux besoins
des plus démunis. Les SFD eux-mêmes ne sont surtout
prévalus de ce rôle qui les valorise et les positionne comme des
acteurs des politiques nationales.
Ils sont encouragés pour cela par les populations
elles-mêmes. Les « success stories » à propos des
pauvres ayant vu leurs conditions de vie améliorées grace
à la microfinance se laissent en effet répéter à
l'envie. Telle cette vendeuse de beignets devenue chef d'entreprise
citée en exemple et donnée en modèle pour tous ceux qui
ont la volonté de réussir. Bref, grâce à la
microfinance on peut bel et bien quitter son statut de pauvre. Seuls les
regards extérieurs ont jusqu'aujourd'hui tempéré les
ardeurs des partisans de la microfinance. Sans lui dénier un certain
mérite, ils la considéraient toutefois comme un pis-aller pour
soulager la pauvreté sans pour autant disposer du pouvoir de
l'éradiquer.
Aujourd'hui, c'est au sein des SFD eux-mêmes que le
rôle de la microfinance par rapport à la pauvreté est remis
en cause. Ouvertement ou sous le sceau de l'anonymat, plusieurs responsables
des SFD reconnaissent qu'ils n'ont pas seulement la vocation de lutter contre
la pauvreté. Tout au plus, contribuent-ils, à côté
d'autres stratégies, à réduire ses effets sur les
populations. Les grands réseaux mutualistes disent haut et fort vouloir
dépasser le stade de financement de la survie pour évoluer vers
un soutien à l'entreprenariat. Et dans les faits, ils sont
déjà à ce niveau, puisqu'ils compte parmi leur
clientèle des entreprises et développent des services financiers
autres que le crédit et l'épargne. Même pour les SFD qui ne
sont pas encore là, l'heure de disposer de plus de moyens et d'appuyer
des activités d'envergure paraît avoir sonné.
Le souci de pérennité est à la base des
évolutions notées dans la conception de leurs rôles par
rapport à la pauvreté. En effet, on exige des SFD d'être
autonomes financièrement, de ne pas prendre de risques, de faire
face à leurs coûts tout en offrant des services
financiers de proximité adaptés à leur clientèle.
`'Pour faire des affaires, soutiennent certains, nous allons le
faire avec des gens capables d'accepter nos conditions, de nous donner des
garanties et de rembourser dans les temps et à nos conditions''.
`'Les pauvres le peuvent-ils ?'', clament d'autres.
Le souci de pérennité a en effet introduit une
autre évolution : celle des cibles.
Est-ce véritablement les plus démunis qui
profitent aujourd'hui des services de la microfinance ? Au regard de certaines
pratiques comme les taux élevés d'intérêts, les
exigences de garanties, la concentration des SFD dans les zones
économiquement viables (ville en général) au
détriment des localités où le niveau de pauvreté
est criard ; et les profits des clients des mutuelles, on peut se poser cette
question. Sans état d'âme, d'aucuns estiment qu'aujourd'hui «
si les SFD veulent continuer d'exister et de rendre des services qui sont
attendus d'eux, ils ne peuvent le faire qu'avec des populations capables
d'épargner et de rembourser leurs crédits. Le risque est en effet
grand à force de mettre l'accent sur les pauvres, de ne plus exister ni
pour les pauvres, ni pour les moins pauvres », estiment-ils.
La professeur Frédéric Martin, se reconnaissant
un tantinet provocateur, les invite << à devenir des banques sans
perdre leurs âmes et de refuser de se considérer comme un moyen de
lutte contre la pauvreté ». Pour lui en effet, en aucune
façon, les SFD ne peuvent prétendre jouer ce rôle. Et
à force de leur assigner des objectifs qu'ils ne peuvent pas atteindre,
on contribue à les décrédibiliser aux yeux de tous. Il en
appelle ainsi à la << fin des démagogies des bailleurs
» et les invite à prendre d'autres voies pour lutter contre la
pauvreté. Il cite par exemple le développement des services
sociaux dont les pauvres ont le plus besoin et invite à cet effet, les
partenaires au développement à inscrire leurs actions dans
l'appui budgétaire aux gouvernements en place.
Mar-André FREDETTE, de l'ACDI estime pour sa part que
la microfinance n'est pas la panacée du développement et que le
développement n'est pas la seule préoccupation de la
microfinance. En effet, elle ne saurait à elle seule régler les
problèmes des pauvres. Toutefois, selon lui, << la microfinance
peut et doit contribuer au développement durable ». Par ses effets
qui ne sont pas seulement économiques, la microfinance peut introduire
en effet des changements qualitatifs au niveau des individus et de leurs
communautés. C'est la raison pour laquelle de nombreuses agences de
développement comme l'ACDI, misent sur elle, tout en appuyant d'autres
stratégies telle que le soutien à l'éducation, le
développement de l'agriculture, l'appui au secteur privé, etc.
En résumé, on peut retenir que la place de la
microfinance dans la lutte contre la pauvreté trouve sa source dans
l'évolution que connaissent les SFD. Elle est en effet
étroitement liée à l'impératif de
pérennité des SFD et à l'évolution de leur
sociétariat. Autrement dit, elle est liée à l'encrage des
SFD dans leur environnement. Plus fondamentalement se pose aujourd'hui la
question de la redéfinition de l'objectif des SFD et de leurs cibles. Si
on admet que le rôle de la microfinance dans la lutte contre la
pauvreté a évolué, les rapports entre les SFD et les
bailleurs de fonds et les Etats devraient eux aussi connaître une
évolution. Que vont devenir dans ce contexte les subventions et la
non-imposition de leurs activités ? La question est pour l'heure
soigneusement évitée.
Dans un article intitulé << Microfinance :
atteindre les plus pauvres est-ce un objectif réaliste ? »
publié en avril 2004 par Marc Roesch22, une analyse de
l'action de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté est faite
de manière plus succincte. En effet, l'auteur pour commencer constate
que dans toute l'histoire de la lutte contre la pauvreté, aucun autre
outil n'a focalisé
22 ROESCH M., << Microfinance : atteindre les
plus pauvres est-ce un objectif réaliste ? » in Micofinance et
lutte contre la pauvreté, Avril 2004, pp 14-16
l'attention que la microfinance. Koffi Annan et Mack M.BROWN
ont récemment insisté sur l'importance de la microfinance pour
permettre d'atteindre les OMD en matière de lutte contre la
pauvreté. Cependant, plusieurs études mettent en avant
l'incapacité de celle-ci à atteindre les plus pauvres (les plus
pauvres sont ceux dont les revenus sont à 50% inférieurs au seuil
de la pauvreté). Le CGAP notamment signal que << la
majorité des clients de la microfinance se situe
généralement de part et d'autre du seuil de la pauvreté,
les << extremely poor » sont rarement atteints (CGAP 2003). L'auteur
distingue trois grands courants d'opinions sur cette question.
- Le premier camp constitue ceux qui estiment qu'il n'est pas
possible de
proposer des services financiers aux plus pauvres de façon
plus durable
- Le deuxième, de ceux qui estiment qu'il est non
seulement possible de
leur offrir des services sur une base durable, mais aussi c'est
possible à grande
échelle.
- Le troisième estime qu'il est possible d'offrir ces
services de façon durable quelques fois mais qu'il est nécessaire
de développer des innovations dans ce domaine pour atteindre de plus en
plus les plus pauvres.
Le coeur de la question est de savoir s'il est réaliste
de développer des services financiers pour les plus pauvres et à
grandes échelle. L'auteur examine les arguments de chacun des
groupes.
Le premier dit tout simplement que les pauvres sont dans des
conditions d'isolément communautaire, d'absence d'infrastructures, de
marchés, d'emploi qui ne permet pas de valoriser les services
financiers. La demande en produits financiers est fiable, le coût de la
mise en place des produits est très élevé et à
terme, les plus pauvres ne pourront pas financer le maintien du service. Les
besoins prioritaires ne sont pas dans les services financiers, mais dans celui
de la santé, de l'éducation et des infrastructures.
Le second groupe au contraire avance que la demande est
très forte, la preuve est dans l'existence des services informels. Il
met en avant le
développement des IMF spécialisées sur
les plus pauvres, et leur succès, et argumente sur l'absence de fonds de
soutien pour expliquer le retard de développement de ces IMF.
Le troisième groupe pense qu'il ya un potentiel dans
les services financiers pour les plus pauvres. Mais pour autant il ne
considère pas qu'il ya une forte demande, ni qu'il faille
développer les services à grandes échelles. Il y a un
manque de connaissance dans ce domaine, et il est nécessaire de
continuer à expérimenter. Il pense que les subventions sont
nécessaires pour développer et rendre durables les
mécanismes nécessaires pour atteindre les plus pauvres.
Que peut-on penser de ces arguments?
La demande : les plus pauvres sont des demandeurs de services.
Même si une majorité des clients est dans la catégorie
<< pauvre » les grands systèmes comme BRAC ou ASA ont un
nombre non négligeable de clients qui sont dans cette catégorie
de << plus pauvres ». Mibanco au Pérou estime que 7% de ses
clients sont dans cette catégorie (Accion 2003).
Les produits : les plus pauvres ont besoin de prêts de
faibles montants et des échéanciers << flexibles ».
Des règles contraignantes en montants et calendriers ne leurs
conviennent guère. De même, des recherches ont mis en
évidence que les plus pauvres préfèrent les prêts
individuels (pas de caution solidaire) et ne veulent pas assister aux
réunions. De ce fait, il est nécessaire de développer pour
les plus pauvres des produits spécifiques. Fournir des produits
spécifiques aux plus pauvres est plus coüteux et il ne semble pas
qu'il soit possible de couvrir ces coüts et atteindre l'équilibre,
de même il parait difficile de développer de tels programmes sur
un grand nombre de personnes. Safesave au Bengladesh propose ce type de
produits depuis de nombreuses années sans atteindre
l'équilibre.
Les risques : par définition, les plus pauvres sont
dans un environnement présentant des risques plus élevés.
De plus, les causes de leur pauvreté s'ajoutent
aux difficultés inhérentes au
développement d'une activité économique. Si l'IMF veut
couvrir ces risques, elle est obligée d'appliquer des taux plus
élevés. Alors que l'on admet l'hypothèse selon laquelle
les « pauvres >> peuvent payer les taux d'intérêts, il
n'est pas sftr que la même chose soit vraie pour les « plus pauvres
>>. Les plus pauvres se situent essentiellement dans les zones rurales
dépourvues d'infrastructures et de services. Or les services financiers
ne créent pas les opportunités économiques, ils permettent
de les accompagner. En Inde par exemple, des IMF se trouvent dans deux
provinces du sud, celles qui ont les infrastructures économiques les
plus développées. Même le schéma << self help
group >> a peu de pénétration dans des provinces sous
équipées, et a le plus fort taux dans les deux provinces du
sud.
Stratégies pour atteindre les plus
pauvres.
Il n'ya pas de consensus sur la façon d'atteindre les plus
pauvres. Ceux du deuxième groupe avancent qu'il suffit d'accroitre les
fonds des IMF dans des proportions importantes pour leur permettre de se
développer vers ces clients. Ceux du troisième groupe avancent
qu'il faut innover en matière d'approche en privilégiant
l'amélioration du niveau de vie et de la protection sociale. Pour cela,
il faut investir dans le social, des infrastructures et des services
spécialement dédiés aux pauvres.
Investir dans les infrastructures sociales et techniques. Les
plus pauvres souvent, n'accèdent pas aux services déjà
existants, soit volontairement, soit pour des raisons techniques. Les services
qui souhaitent atteindre les plus pauvres sont confrontés souvent
à l'accroissement des coüts de transaction et du risque. Les IMF
ont besoin de fonds particuliers à la fois pour développer des
<< guichets >> de façon plus décentralisée,
mais aussi pour former le personnel à pouvoir répondre aux
spécificités de la demande.
Diversifier les activités : une IMF qui
développe déjà un programme pour les pauvres, pour
répartir les risques, doit également pouvoir s'adresser à
une
gamme large de clients, dans des régions diverses, sur
un spectre d'activités économiques. Se concentrer uniquement sur
les plus pauvres ne peut être durable à cause des risques
covariants et des coûts de transaction très élevés.
D'autre part, le fait de permettre aux moins pauvres de développer des
activités permet de réduire la pauvreté et de créer
des emplois pour les plus pauvres.
Une approche innovante : les << plus pauvres » sont
différents des << pauvres » (moins de garanties, plus
d'analphabétisme, moins de possibilités d'emploi ou
d'opportunités économiques, plus de déficit alimentaire,
plus de sensibilités aux aléas climatiques et
économiques). Les produits proposés doivent être
différents. L'auteur de l'article développe l'exemple du
programme IGVGD de l'IMF BRAC (Income Generation for Vulnerable Group
Developpment) qui propose des formations techniques (poulets, maraichage,
pisciculture ...) en plus d'un appui alimentaire et un appui financier. Ce
programme est financé par des fonds extérieurs, mais aussi par
BRAC. A l'analyse, il parait qu'un tel programme qui combine un appui à
l'amélioration des conditions de vie (alimentaire essentiellement)
à celui des conditions économiques (formation et microfinance),
ne parvient pas à couvrir la totalité des problèmes des
plus pauvres. Environ 1/3 de ceux-ci restent exclus du système. Ceci
montre qu'il est toujours nécessaire de faire appel à l'aide
sociale pour ces derniers.
Pour conclure, Marc Roesch pense que, contrairement à
ce que dit le premier groupe, la demande en services financiers est
réelle chez les plus pauvres. Mais contrairement à ce que dit le
second, atteindre les plus pauvres et développer des services de
façon significative chez eux n'est pas si simple. Bien que la
microfinance ne soit pas la recette magique pour réduire la
pauvreté, elle peut en atténuer les effets et améliorer
les conditions de vie des populations.
I-2-6-LES OBSTACLES QUE RENCONTRE LA MICROFINANCE EN
AFRIQUE
Dans de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest, suite à la
faillite généralisée des banques de développement
à la fin des années 80, l'émergence de la microfinance
constitue une alternative de plus en plus reconnue pour répondre
à la demande de services financiers d'une majorité de la
population exclue de l'accès au secteur bancaire en raison de ses
faibles revenus et du manque de garantie. Ainsi, le programme PASMEC de la
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest(BCEAO) recense, en
décembre 1997, 188 systèmes financiers
décentralisés qui touchent plus de un million quatre cent mille
personnes. La BM identifie quant à elle sept milles organisations de
microfinance dans le monde qui octroient des prêts à sept millions
d'emprunteurs pour un montant global de huit milliards de crédit et une
épargne collectée de l'ordre de dix-neuf
milliards.23
Malgré ces chiffres encourageant, cependant, en
Afrique, la microfinance rencontre certains problèmes notamment le poids
de la religion islamique. En effet, une étude à été
menée par l'IRAM en Janvier 2001 et publiée sous le titre :
<< Islam et microfinance en Afrique subsaharienne :
éléments pour une étude comparée ». Selon
cette étude, << suivant les pays et, parfois, suivant les
régions ou départements, les rapports entre islam, ses
représentants et ses pratiques locales et le nouveau secteur
émergent de la microfinance sont plus ou moins dynamiques. «
Parfois, ils permettent de véritables synergies susceptibles de
participer à la lutte contre la pauvreté, mais dans d'autres
situations, ils suscitent des conflits locaux. »24
Cette étude avait pour but de réaliser, dans un
certain nombre de cas représentatifs de la situation en Afrique
subsaharienne un état des lieux de
23 IRAM Coll.,Islam et microfinance en Afrique
Subsaharienne : Eléments pour une étude comparée, IRAM,
Paris, Janvier 2001. P.1
24 IRAM Coll.,Islam et microfinance en Afrique
Subsaharienne : Eléments pour une étude comparée, IRAM,
Paris, Janvier 2001, p.2
relations entre islam et microfinance, une analyse des causes
à l'origine de cette situation et des propositions d'amélioration
possible, à partir des pratiques observées sur le terrain.
Dans la religion musulmane, le Coran et la Sunnah (tradition)
fixent le rapport à l'argent. A partir de plusieurs sourates, le
commerce de l'argent et toutes les formes d'usures qui en découlent font
l'objet d'interdits religieux. Le « riba » (l'interdit » est
condamné et la seule rémunération du capital
accepté doit se faire par partage du bénéfice des
activités financées. Cet interdit, basé sur une justice
rédistributive, conduit à s'opposer à la
thésaurisation et au profit de l'usure. Pourtant, dans la sunnah,
certains « hadiths » reconnaissent le rôle du prêt et le
recommandent comme un « acte de piété ». Plusieurs
types de prêts sont préconisés : mudaraba (prêt
participatif), musharaka (prise de participation), murabaha (crédit
bail), etc. on remarque donc que le rapport à l'argent est fixé
par la religion. De ce fait, le thème fait l'objet de nombreuses
réflexions et d'action, en particulier avec la création de
banques islamiques dans différents pays de la sous région
où d'autres initiatives. « C'est ainsi qu'à Bamako ; un
collectif d'une cinquantaine d'Imams affiliés à une des grandes
mosquées du centre commercial développe depuis une quinzaine
d'années un groupement financier d'épargne et de crédit
très souple (1000 mille CFA par mois), autonome (un capital de plusieurs
dizaines de millions de FCFA) et très rigoureux selon la
législation islamique en la matière (interdiction du riba et de
l'usure) »25
Après ces constats, l'étude a étendu
cette situation à la microfinance. Les auteurs de cette étude
notent d'abord que cette rapide description fait apparaître deux
éléments essentiels de la problématique :
- L'interdiction du « riba » et de l'usure par
l'islam recoupe largement le constat de départ de la microfinance, cette
dernière s'efforçant de construire une alternative pérenne
aux besoins de financements permanents des catégories de
25 H. Magassa du Sernès Bamako
personnes les plus pauvres exclues des systèmes bancaires,
ce qui dans les conditions de l'Afrique subsaharienne représente plus de
80% des populations.
- L'extension observée de certaines situations locales, de
cet interdit à la microfinance peut s'interpréter par une double
méconnaissance :
* Méconnaissance par certains responsables religieux
des fondements du calcul du taux d'intérêt de la microfinance qui,
dans la plupart des cas, n'est pas destiné à
rémunérer un capital mais à couvrir des coüts
d'intermédiation et un risque élevé lié au contexte
incertain des emprunteurs
* Méconnaissance, par les dirigeants de réseaux
de microfinance, des bases de règles religieuses et qui leur
permettraient d'expliquer les contraintes de gestion et d'adapter leurs
pratiques avec des modalités compatibles avec les règles
religieuses (explication des taux d'intérêt).
Ensuite, ils remarquent que la « doctrine islamique
» condamnant l'usure peut mener certains responsables religieux, et
notamment certains imams, à critiquer par extension les réseaux
de microfinance et leurs pratiques d'épargne et de crédit. Cette
situation a pu être observée dans certaines localités de
Guinée, du Niger et du Benin où des imams se sont opposés
à l'installation de réseaux de microfinance, ont condamné
leurs services financiers d'épargne et de crédit,
découragé l'adhésion des pratiquants, et, dans certains
cas extrêmes, ont même pu susciter des oppositions au remboursement
des prêts, menaçant ainsi la viabilité des systèmes
de microfinance. Au-delà de la double méconnaissance à
l'origine de ce type de conflit et précédemment signalée,
d'autres causes peuvent être relevées ponctuellement sur le
terrain, comme la participation des certains imams à l'usure. A cet
effet l'étude cite : « Ainsi en Guinée, des causes de
non adhésion de type religieux, comme le refus du taux
d'intérêt paraissent également en milieu musulman
(malinké sur Dabola et en forêt, peul en haute Guinée et au
Fouta-Djalon). Elles sont exprimées par 11% d'un échantillon de
personnes interrogées en 1996 et réapparaissent dans certaines
monographies récentes. Ceci peut laisser à penser qu'il existe,
du point de vue du discours
religieux, une confusion entre usure et règles du
crédit rural, confusion parfois entretenue par des imams pratiquant
eux-mêmes l'usure » (monographie CRG)26
L'étude rapporte également les propos d'un agent
de la microfinance au Niger à propos de l'influence des chefs religieux
à propos de la conduite à tenir face au phénomène
de la micrifinance. « Généralement, au Niger, pour de
nombreux praticiens de l'islam, leur perception de la question est celle qu'a
le chef religieux et cela en rapport avec le degré de charisme dont
jouit ce chef au sein de la population. Ainsi, dans le cadre du réseau
Crédit Rural du Niger, il n'est pas rare de voir certains chefs
religieux coopératifs au démarrage dans leur localité
d'une activité de microfinance. Leur sentiment de pouvoir
contrôler le système, conforte leur engagement dans la
mobilisation de la population. C'est le cas enregistré en 1997 dans un
village de l'implantation de Bonkoukou, actuel Filingué, où il a
fallut le démarrage des premières opérations d'octroi,
pour que le chef spirituel qui assume aussi les fonctions de chef du village,
se rend à l'évidence de l'incontournable gestion collective du
dispositif et qu'en tant que chef, la priorité ne lui sera pas
accordée dans l'accès au crédit. Ce qui a amené ce
chef, qui s'est auparavant mobilisé pour suivre toutes les étapes
de l'animation sur le crédit à se désengager du processus
en entrainant avec lui, l'ensemble de la population. Dans de pareils cas, il y
a lieu de bien discerner ce qui relève d'une position religieuse
collective de ce qui relève plutôt de l'illustration degré
de respect vis-à-vis d'un chef, que personne n'ose outrager au point
d'accepter ce que lui à rejeter, pour des raisons apparemment plus
personnelles, que véritablement religieuses. Dans une autre banque
villageoise de Filingué, une tentative a été faite en
1999, par certains islamistes, mais sans effet, afin de dissuader des
emprunteurs à quitter le système qu'ils qualifient de
péché du fait qu'il faut verser des intérêts sur les
crédits. Cette banque fait
26 Condé K.et Kéita K., 1999 : Etude
socio-anthropologique sur le fonctionnement interne du crédit rural de
Guinée, CRG, p 67
partie de celles jugées aujourd'hui de
performantes. Dans un village proche de Niamey, Kokari, un autre réseau
de micro finance s'est vu son contrat de location de bureau abritant son
réseau, résilié par le propriétaire du local du
seul fait que Kokari prélève des intérêts sur les
crédits qu'il accorde. Les arguments développés par
l'opérateur, autour de la nécessité de couvrir avec des
intérêts les charges liées à cette
intermédiation financière, n'ont pas convaincu le
propriétaire de la maison, qui a préféré
retiré le local pour le louer à un huissier. A l'opposé,
une autre banque villageoise, banque exclusivement féminine, jouit de
l'appui total de l'épouse d'un des plus grands chefs religieux de la
sous-région. Le local abritant la banque villageoise est même
construit dans la cour du chef religieux. Grace à l'appui du couple, la
banque fonctionne toujours sans retard et l'épouse du « cheikh
»marque toujours son intérêt pour une
prospérité de la banque. Les membres du comité de gestion
de cette banque, malgré la foi islamique notoire qui les nourrit, font
très bien la relation entre le niveau de leur indemnisation et le
produit généré par l'activité de la banque.
»27
L'étude a enfin proposé une série de
propositions de solutions afin de surmonter ce « carcan religieux »
vis-à-vis de la microfinance. Ainsi, une collaboration harmonieuse entre
pratiques islamiques et activités de la microfinance peut être
possible si les réseaux de microfinance proposent des produits
adaptés (plan épargne-crédits pèlerinage par
exemple), ou quand les excédents de gestion des caisses locales peuvent
être réinvestis dans des investissements communautaires comme
l'entretien de la mosquée (crédit rural de Guinée ou du
Niger par exemple). « Lors des réunions périodiques
d'affectation de l'excédent d'exploitation des banques villageoises du
Crédit Rural du Niger, les adhérents accordent
généralement la priorité à des investissements de
type réfection et équipement de la mosquée du village
»28.
27 Harouna M., cité par IRAM Coll. in Islam
et microfinance en Afrique Subsaharienne : Eléments pour une
étude comparée, IRAM, Paris, Janvier 2001. P.4
28 Harouna M., id.
Ces synergies peuvent, dans certains cas, être
renforcées par un dialogue plus institutionnalisé entre
institutions de microfinance ou associations professionnelles au niveau
national et ligues islamiques, comme cela semble s'esquisser dans le cas de la
Guinée notamment.
Outre les difficultés dues aux croyances religieuses,
les institutions de microfinance sont aussi confrontées aux
problèmes d'investissement. La recherche menée par le CGAP en
2004 révèle encore des différences en matière de
structures de financement entre l'Afrique et les autres
régions29. Selon cette étude, en 2003, les
investisseurs étrangers dans le domaine de microfinance ont investi 62
millions d'USD en dette, capitaux propres et garanties dans 104 institutions de
microfinance et coopératives africaines. Les IMF africaines
représentent 21% des bénéficiaires d'investissements
étragers (104 des 505 IMF mondiales) mais seulement 6% du montant total
investi en dollars par les institutions financières internationales et
les fonds d'investissement privés (62 millions d'USD sur 1.1 milliard
d'USD). A titre de comparaison, les IMF et les coopératives des
régions d'Europe de l'Est et d'Asie centrale ont reçu
respectivement 7 et 10 fois plus d'investissements étrangers que les IMF
africaines. On se rend donc compte que les IMF africaines soufrent d'un manque
d'investissement auprès des bailleurs de fonds étrangers.
La forte expansion et la prolifération d'interventions
ayant peu ou pas d'avenir, conjuguée à la faiblesse des
capacités de supervision, de prévention et de contrôle du
secteur dans un grand nombre de pays constitue un risque systémique dont
l'ampleur croît avec celle de la microfinance. Proposant des solutions
à ces différents problèmes, Pierre FORESTIER pense que
« la préoccupation principale paraît être la
maîtrise d'un accroissement substantiel des risques portés par le
secteur »30. L'auteur analyse cette maîtrise dans
quatre
29 Gautam Ivatury et Julie Abrams (CGAP),
Débouchés pour les fonds d'investissement en microfinance, KfW
Financial sector development. Symposium Microfinance Investment Funds, Berlin,
novembre 2004.
30 P.FORESTIER, Les enjeux de la microfinance :Quel
rôle pour le financement rural et agricole ? in Horizons Bancaires,
N°326, Octobre 2005, p.12
directions : la première concerne << la
nécessité d'un développement plus structuré ».
En ce sens, il est important que le financement des IMF passe de l'étape
de l'expérimentation et de la multiplication des initiatives à un
fonctionnement plus structuré et plus solide de la microfinance.
<< Une telle politique doit notamment prendre en compte la combinaison
caractéristique du secteur, conjonction d'un fonctionnement privé
et d'une implication publique particulièrement importante ». Cette
politique doit traiter du rôle des différents acteurs et,
particulièrement, de la puissance publique (au sens large). Une refonte
des conditions de ce partenariat entre le public et le privé est donc
impérative. La seconde orientation concerne <<
l'opportunité d'engager une diversification sécurisée des
services offerts et dans certains cas de la clientèle ». Au
démarrage, cette diversification dangereuse semble désormais
possible pour des institutions viables et stabilisées sur leurs
marchés. Elle est de ce fait, << naturellement »
engagée pour certaines pour mieux répondre aux besoins de leur
clientèle. Elle correspond d'abord au développement de nouveaux
services d'épargne (logement, scolarité,...) et de produits de
crédits (augmentation des montants et allongement du terme) mieux
adaptés au financement de petits investissements. C'est dans ce cas que
la microfinance pourra offrir des services aux plus démunis et donc
exclus du système financier classique. Aussi, cette diversification
pourra toucher d'autres services constitués en un réseau puissant
et rentable pour accroitre leur portée. Toutefois, cette diversification
comporte des dangers importants. Il s'agit bien entendu de la capacité
de maîtrise d'une nouvelle activité. Celle-ci doit en particulier
respecter un rythme de croissance compatible avec celui de sa
professionnalisation et de la croissance globale de l'institution. La
troisième direction pour une prospérité avenir de la
microfinance en Afrique concerne << la possibilité
d'améliorer l'impact économique et sociale de la microfinance
». Pour accroitre ce double impact, la diversification de services
recèle un potentiel considérable. Cependant, << la
question est de savoir si cette diversification constituera une
simple extension de méthodes et principes
utilisées avec succès pour la gestion de microcrédits ou
si elle constituera en une nouvelle étape de développement
méthodologique permettant d'assurer une meilleure adaptation de services
aux objets financés et non seulement aux capacités de
l'emprunteur. >>31. Cette approche devrait donner des
possibilités d'accroitre la clientèle de la microfinance en
permettant la supervision d'un nouveau service à toutes les
étapes de la conception jusqu'à son administration sur de
nouveaux marchés ou auprès d'une nouvelle clientèle. Elle
doit aussi permettre une « segmentation >> des conditions de
financements offerts(en particulier des taux de crédits) selon les
objets financés. En effet, « les conditions de taux
élevés pratiquées à juste titre dans une
première phase de construction des institutions limitent de fait
l'intérêts des services offerts et leur impact. >>. La
quatrième direction enfin, concerne « une refonte des outils et des
partenariats >>. Dans cette partie, les questions soulevées sont
de trois ordres :
- L'obtention de ressources longues de refinancement à
des coûts compatibles avec l'exploitation de l'institution et la nature
de ces produits. Cette
question ne concerne d'ailleurs pas uniquement dans les pays
où, la disponibilitéen ressources longues est souvent
onéreuse du fait de leur rareté ;
- La consolidation des ressources stables. Ce point devient
crucial à l'institution à mesure que sa taille augmente. Cela
impacte particulièrement sa structure financière et de
coûts. Or les normes de fonds propres usuellement employées dans
le secteur bancaire semblent inadaptées aux risques du secteur et
à son organisation. Elles devraient donc être significativement
relevées. Par ailleurs, les ressources stables, dans la mesure où
leur rémunération est faible, peuvent avoir un effet de levier
important sur l'accroissement de l'impact ou de la qualité des services
offerts (baisse des taux d'intérêt des crédits moyens,
croissance accélérée du secteur ou prise de risque accrue
auprès de certains clients) ;
31 P. FORESTIER, id.
- La diversification des partenaires des institutions de
microfinance, et en
particulier, l'accroissement de l'intervention des investisseurs
privés.
En définitive, l'analyse de P.FORESTIER sur les enjeux
de la microfinance confirme qu'il existe des besoins divers d'accompagnement
des institutions et d'apport de financements concessionnels. Elle confirme en
corollaire, l'intérêt de la poursuite d'une intervention de la
puissance publique et de l'aide internationale au-delà de la phase de la
création de l'institution. En revanche, elle oblige à repenser
son positionnement, ses outils (diversité des besoins en termes de
stabilité, durée et concessionalité) et ses objectifs.
Le domaine de la microfinance comme nous le constatons
à la suite de notre revue documentaire est largement exploré. De
son origine et son évolution à ses objectifs et ses
méthodes d'intervention, beaucoup d'auteurs et spécialistes ont
écrit à propos du phénomène de la microfinance.
Cependant, les résultats réels sur le terrain sont très
peu vulgarisés. C'est ce qui explique la démarcation de notre
thème pour expliquer objectivement et donc scientifiquement l'influence
des services de la microfinance sur la vie quotidienne des populations
bénéficiaires.
CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE
II-1-POSITION DU PROBLEME
Considérée comme une alternative pour la
résolution des problèmes des populations pauvres et n'ayant donc
pas accès au système financier classique, la microfinance a fait
ses preuves dans plusieurs régions du monde. Elle a connu un essor dans
les années 1990.
On distingue trois types d'IMF : Il s'agit d'institution
d'épargne et de crédit à forme coopérative ou
mutualiste, d'institution à crédit direct ou solidaire et l'ONG
à volet crédit. Dans le premier groupe d'institution, on a quatre
(4) structures d'institutions qui offrent des services de microfinance. Il
s'agit des ONG, des COOPEC, des banques étatiques et des
microfinances.
En Afrique de l'Ouest, en 1998, les services des IMF atteignaient
globalement plus de 15 % des ménages32.
Au Togo, selon une étude du PNUD réalisée
en 2000, la pauvreté touche environ 60 % de la population togolaise. Les
groupes à faible revenu connaissent des problèmes (insuffisances
alimentaires, manque des soins sanitaires, etc.) et se concentrent dans le
secteur informel. Ce secteur occupe une place significative dans
l'économie togolaise. Il emploie environ 23 % de la population active de
plus de 14 ans .Sa part dans le PIB en 1994 était évaluée
à 30,3% minimum33
L'expérience montre que la microfinance peut aider les
pauvres à augmenter leurs revenus, créer des entreprises viables
ou renforcer leurs activités économiques et les sortir donc de la
pauvreté. Elle peut constituer un puissant instrument
d'émancipation permettant aux pauvres de devenir des agents
économiques et acteurs de changement. Cela s'illustre par les
progrès
32 Microfinance Pratical Guide,the Constative Group to assist the
poorest (CGAP) Word Bank, Novembre 1999.
33 Togo, Document Intérimaire de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DISRP), Juin 2004, P.8
considérables que connaissent les IMF au Togo. En
effet, les bénéficiaires des services des IMF au Togo
étaient passés de 62.400 en 1995 à 330.080 en 2005.
L'encours des dépôts aussi était passé de 5,5
milliard en 1995 à 27,5 milliard en 200434. Il est donc clair
que la microfinance est une réalité vivante au Togo, son
rôle dans l'économie togolaise est perceptible.
En ce qui concerne la structuration du marché, La FUCEC
--Togo (faîtière des Unités coopératives d'Epargne
et de crédit du Togo) occupe une place prépondérante dans
le secteur de la microfinance dans le pays.Elle représente à elle
seule 58 % de la clientèle (contre 52 % en 2001 et 84 % en 2000) et a
distribué, en 2001 ; 47% des crédits dans ce secteur (contre 49 %
en 2004).
Il est donc clair que la pratique de la microfinance au sein
des structures qui composent le réseau de la FUCEC- Togo connaît
une ascension nécessaire à pérenniser.
Dans la préfecture de Tchaoudjo, les activités
de la micofinance se pratiquent par près de six (6) institutions
relativement puissantes et en rude concurrence. Il s'agit de la FUCEC,
l'URCLEC, l'UMECTO, WAGES, IRCOD Champagne Ardent et la CMECF. Leurs services
sont globalement constitués des épargnes et des crédits.
L'épargne est ouverte à toute personne morale ou physique sur
certaines conditions. Quant au crédit, il est destiné aux
pauvres. L'institution étudie la capacité de remboursement du
client avant de lui accorder le crédit. Bref, toutes ont pour objectif
principal de lutter contre la pauvreté. La proportion des pauvres
étant très élevée dans cette région du pays
(82% de la population), ces institutions ont été les bienvenues.
Les clients composés en majorité des petits commerçants,
des revendeurs ou des artisans affirment être fiers des activités
de ces institutions, pensent qu'elles sont efficaces pour lutter contre la
pauvreté et affirment les soutenir pour leur service et même leur
prospérité.
34 Bulletin trimestriel du Comité National de
Microfinance au Togo, N°001- Janvier 2006, p.9
Cependant, force est de constater que près de 10%
seulement de clients arrivent à rembourser leurs crédits dans les
délais conclus sans difficultés. Dans certains cas, ces
institutions sont obligées de menacer avant que les clients ne
remboursent leurs crédits et dans d'autres cas, ces derniers ne les
remboursent pas du tout. Pourtant, composées en majorité de
Mutuelles, ces institutions fonctionnent essentiellement à partir des
fonds issus de l'épargne de leurs clients et des intérêts
issus des prêts remboursés. De plus, l'efficience du crédit
doit normalement permettre de le rembourser dans les délais conclus.
Le non remboursement des crédits par certains clients
empêche d'autres d'accéder à leur épargne et menace
donc la survie des institutions.
Pour les dirigeants des institutions, cette incapacité
de remboursement est essentiellement due à ce qu'ils appellent le «
détournement d'objet de crédit ». En effet, selon eux
certains clients prennent des crédits pour un objectif
déclaré à l'institution, mais emploient l'argent dans
d'autres domaines généralement improductifs. Pour les clients,
l'explication n'est pas claire. Si pour certains ce sont « les
activités qui ne marchent pas », pour d'autres par contre, c'est
leur extrême pauvreté qui les empêche de reconstituer
progressivement le capital et de rembourser peu à peu les
crédits. Tout compte fait, il y a un mythe qui y demeure.
On peut donc se poser certaines questions : Dans la
préfecture de Tchaoudjo, qu'est-ce qui explique l'incapacité de
certains clients à rembourser les crédits que leur accordent les
IMF ? Ces institutions contribuent-elles à lutter contre la
pauvreté au sein de ces populations et par là, contribuent-elles
à améliorer leurs conditions de vie ?
II-2-Objectifs de recherche
II-2-1- Objectif principal
L'objectif de notre recherche est d'analyser les changements
opérés par les IMF (à travers les crédits
octroyés) dans la vie des adhérents.
II-2-2-Objectifs spécifiques
- Identifier les conditions dans lesquelles se font les
adhésions à ces institutions d'une part et d'autre part, les
conditions dans lesquelles les prêts sont accordés.
- Evaluer la fréquence des demandes de crédits et
le degré de remboursement de ces crédits.
- Analyser la fréquence et la croissance de
l'épargne des bénéficiaires
- Mesurer la capacité des crédits reçus
à contribuer à l'augmentation des revenus des
bénéficiaires.
- Expliquer l'incapacité des bénéficiaires
à rembourser les prêts qui leur sont accordés.
- Recenser les difficultés auxquelles sont
confrontées les institutions de microfinance dans leur
fonctionnement.
II-3-Hypothèses de la recherche
L'hypothèse comme solution anticipée à un
problème qu'on veut résoudre est un outil indispensable en
sciences sociales qui permet au chercheur d'orienter ses investigations vers
une confirmation ou une infirmation de celle-ci.
Pour notre recherche, nous avons retenu les hypothèses
suivantes :
II-3.1- Hypothèse principale
Dans la préfecture de Tchaoudjo, grâce à
leurs méthodes, les institutions de microfinance peuvent contribuer
à l'amélioration des conditions de vie des adhérents si
les prêts qu'elles leur accordent sont consistants d'abord, ensuite les
adhérents remboursent les prêts reçus au terme des
échéances conclues et enfin utilisent à bon escient les
crédits obtenus.
II-3.2-Hypothèses secondaires
1- L'efficacité du crédit est due à sa
consistance.
2- Le non remboursement des crédits chez certains
adhérents des IMF peut être dû au détournement
d'objet de crédit.
3- Le non remboursement de la plupart des crédits
fragilise les IMF et ne leur permet pas de continuer leur mission.
II-4-Analyse des concepts
Emile DURKHEIM disait : « La première
démarche du sociologue doit donc être de définir les choses
qu'il traite afin que l'on sache de quoi il est question (...). Tout discours
scientifique doit utiliser des concepts clairs et précis... »35
Dans le cadre de notre étude, nous avons tenu à
définir certains concepts notamment :
- Amélioration des conditions de vie :
Etymologiquement, améliorer signifie rendre meilleur ;
faire tendre davantage vers la perfection. Donc améliorer quelque chose
consiste à le sortir
35 DURKHEIM E. : Les règles de la
méthode sociologique, Paris PUF, 10è édition 1972 ,
p.23
d'une situation que l'on juge moins meilleure pour une
situation plus meilleure. Quant aux conditions de vie, on peut les
définir comme le rang ou la classe sociale qu'un individu ou un groupe
d'individus occupent en relation avec le coût de la subsistance ou le
« prix à payer » pour vivre. Les conditions de vie varient et
sont relatives à chaque milieu de vie. L'amélioration de ces
conditions de vie consiste donc à réunir des facteurs pouvant
permettre aux individus de supporter de plus en plus le coût de la vie et
de satisfaire de nouveaux besoins qu'ils ne satisfaisaient pas avant. Ces
facteurs sont essentiellement économiques. Chaque société
humaine, dans ses diverses activités, vise à améliorer
d'une manière ou d'une autre ses propres conditions de vie.
- Les méthodes d'intervention
On peut définir la méthode comme un ensemble de
procédés, de moyens pour atteindre un but ou arriver à un
résultat. C'est la voie par laquelle l'on veut passer pour arriver
à une destination qu'il s'est fixée auparavant. C'est aussi la
technique que l'on utilise pour résoudre un problème ou pour
rendre meilleur une situation. Les méthodes d'intervention se
définissent alors comme l'ensemble de moyens mis en oeuvre pour parvenir
à un but. Cette mise en oeuvre suppose déjà l'existence
d'un problème préalable qu'on veut résoudre en
intervenant.
Pour ce qui concerne les IMF, leurs méthodes
d'intervention consistent aux techniques de travail qu'elles emploient pour
améliorer les conditions de vie des populations pauvres.
- Prêt ou credit consistant
Prêter, c'est remettre une chose à quelqu'un
à condition qu'il vous la rende. Ici, le mot prêt renvoie au
crédit qu'on accorde à une personne à condition qu'il le
rembourse avec ou sans intérêt. Le prêt est accordé
à court, moyen ou long terme. A court terme, s'il doit être
remboursé pendant une courte durée (autour de six mois) ;
à moyen terme si la durée de remboursement est moins courte et
pas assez longue et à long terme si elle est
très longue (trois à dix ans). Généralement, les
prêts qu'accordent les IMF sont à court terme. Un prêt
consistant est un prêt solide ou stable de sorte qu'il permette au
bénéficiaire d'accomplir le but visé et de s'assurer de sa
pérennité. Un prêt consistant peut donc consister un
facteur ou une force économique puissante qui permet à un agent
économique de renforcer son capital pour accroître ses revenus.
- Processus de développement
C'est une démarche, un mécanisme, un mouvement
évolutif en vue d'une totalité dialectique incluant le politique,
l'économique, le social, le culturel et le juridique. Nous pouvons nous
référer ici à PERROUX F. pour qui « c'est une
combinaison de ressources humaines, matérielles, financières,
techniques, environnementales pour provoquer les changements mentaux, sociaux,
économiques, culturels, etc. chez une population. Cela peut donc rendre
celle-ci apte à faire accroître cumulativement et durablement son
produit réel global, c'est-à-dire entièrement
réciproque de la production, de la mentalité de la population et
la tendance vers le bien-être social, économique et culturel
»36
- Mutuelles d'épargne et de
crédit
Encore appelées coopérative d'épargne et
de crédit (COOPEC) , elles sont définies selon le Bureau
International du Travail (BIT) comme une association de personnes qui se sent
volontairement grouper pour atteindre un but commun par la constitution d'une
entreprise dirigée démocratiquement en fournissant une quote-part
équitable du capital nécessaire et en fruits ce cette entreprise
au fonctionnement de laquelle ,les membres participent activement .
Au sens de la loi N° 95-014 du 14 Juillet 1995 portant
règlement des institutions mutualistes ou coopératives
d'épargnes et de crédit, est considéré
36 PERROUX F. cité par Marc PENOUIL in
Socio-économique du développement, Paris, Dalloz , 1989, p93.
comme institution mutualiste, un groupement de personnes
doté de la personnalité morale, sans but lucratif et capital
variable, fondé sur les principes d'unions, de solidarité,
d'entraide mutuelle et ayant principalement pour objet, de collecter
l'épargne de ses membres et de leur consentir du crédit.
Dans le cadre de notre étude, la quasi-totalité des
institutions de microfinance sont des mutuelles d'épargne et de
crédit.
- Systèmes financiers Décentralisés
(SFD)
C'est l'ensemble des systèmes de mutuelles
d'épargne et de crédit .On les appelle aussi Institution de
microfinance (IMF).
La banque des données des SFD au Togo en 1994 les
définissait comme « une unité variée
d'expériences d'épargnes et ou par de crédits, divers par
la taille, le degré de structuration, la philosophie, les objectifs, les
moyens techniques, financiers et humains mis en oeuvre pour la population
à la base, avec ou sans le soutien ponctuel ou durable, Technique et par
ou financiers de leurs partenaires, en vue d'assurer l'autopromotion
économique et social de ces population ».
Les SFD ont la particularité de viser surtout les
populations qui n'ont pas accès aux crédits bancaires, à
cause de leurs faibles revenus.
- Le secteur informel
Selon le dictionnaire Universel (4ème
édition, 2002), le secteur informel est un secteur économique non
soumis aux normes d'organisation et de gestion. C'est un domaine
d'activités qui échappe au contrôle de l'Etat. Il regroupe
les petites entreprises, les établissements commerciaux ou tout autre
groupe d'individu exerçant des activités commerciaux ou
artisanales et qui n'ont pas d'existence légale ou qui ont un statu non
clairement défini, qui ne payent pas d'impôts ou qui ne payent pas
tous les impôts aux quels ils sont sensés soumis. Dans notre
étude, nous regroupons dans ce secteur, tous ceux qui
mènent une activitégénératrice de revenu
(AGR)
- Les conditions de vie
Etymologiquement, le mot condition est équivoque. Il
peut désigner le rang social d'un ou des individus. Quant à la
vie, elle désigne un champ très vaste de choses mais toutes
liées à l'existence. Ainsi, on peut le définir comme
coüt de la subsistance, de l'entretien. On peut donc définir les
conditions ce vie d'un individu ou d'un groupe d'individus comme le rang ou la
classe sociale que ceux-ci occupent en relation avec le coût de la
subsistance ou « le prix à payer » pour vivre. Comme la
pauvreté, les conditions de vie varient et sont relatives à
chaque milieu de vie.
- Tontine consensuelle :
Le mot tontine renvoie à l'idée d'une cotisation
régulière dont la somme totale est reversée au
concerné au terme de l'échéance conclue.
Dans notre travail, le concept de tontine consensuelle renvoi
à l'idée d'une cotisation qui s'effectue entre des personnes et
dont la somme totale cotisée est reversée à une personne
et cela à tour de rôle de la première à la
dernière personne.
- Détournement d'objet de
crédit
Détourner suppose la déviation de quelque chose
de sa destination initiale. L'objet de crédit dans la pratique des IMF
constitue le motif pour lequel le crédit est demandé. Le
détournement d'objet de crédit est une pratique des clients des
services des IMF qui consiste à voiler le vrai motif pour lequel on
demande du crédit. Dans ces cas de figure, le demandeur annonce un motif
qui puisse lui permettre d'obtenir le crédit.
- La cavalerie de crédit
La cavalerie suppose le fait de ne pas se fixer à un
lieu donné ou d'aller d'une chose à une autre donnée.
Ainsi, la cavalerie de crédit est cette pratique qui consiste à
demander et à bénéficier du crédit auprès de
deux ou plusieurs IMF en même temps. C'est une pratique illégale
qui est punie par les lois qui régissent les IMF.
II-5-Modèle d'analyse
L'étude de notre thème se fera sur le
modèle de la théorie de l'individualisme méthodologique
développée par Raymond BOUDON. En effet, cette théorie
part du principe selon lequel l'homo sociologicus (l'agent social) est un
dépassement de l'homo oeconomicus (l'agent économique). Pour
l'agent social, tous ses choix ne sont déterminés que par des
motivations individuelles ; la notion de meilleur choix possible n'est pas
toujours prédéfinie ; les décisions des agents sociaux ne
sont pas toujours rationnelles au sens strict du terme. Cependant, même
s'ils disposent d'une marge de manoeuvre, les individus agissent dans le cadre
de rôle que leur assigne la société. L'agent social est
considéré comme un agent intentionnel doté d'une autonomie
variable en fonction du contexte dans lequel il se trouve. Ainsi, la logique
sociale, c'est-àdire la conduite collective d'une société
est déterminée par un système d'interactions. Ces
interactions produisent ce que R. BOUDON appelle « effets émergents
» ou « effets d'agrégation » qu'il définit comme
des effets non explicitement recherchés par les agents sociaux d'un
système, mais qui résultent de leur interdépendance.
Certaines agrégations de ces motivations individuelles
provoquent des effets pervers. Ainsi les épargnants d'une
IMF par peur de la faillite de leur institution la provoquent en retirant leurs
économies.
Pour que l'action d'une IMF soit efficace afin qu'elle puisse
atteindre ses objectifs, il faut non seulement qu'elle tienne compte de la
logique sociale de la collectivité, mais aussi et surtout des
motivations individuelles de ses adhérents. Ce faisant, quand ils
s'investissent dans la coopérative par exemple, ils attendent en retour
la maximisation des bénéfices générés par
leurs activités financées par la coopérative ; ce qui
assure la pérennisation de leurs relations avec l'institution. Elle a
intérêt à stopper toute action de quelque membre que ce
soit pouvant conduire à sa faillite pour que l'agrégation de ces
actions individuelles n'entraîne pas des effets pervers.
DEUXIEME PARTIE
CADRE PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE
DE L'ETUDE.
CHAPITRE III : PRESENTATION DU CADRE
PHYSIQUE DE L'ETUDE
III-1 : Historique de la préfecture de
Tchaoudjo
L'origine de la préfecture de Tchaoudjo est
consubstantielle à celle du royaume Kotokoli. Les travaux de R. CORNEVIN
(1969) et de J. C. BARBIER (1982) témoignent que la genèse de
l'histoire des Kotokoli coïncide avec l'arrivée d'un groupe
d'immigrés Gourma venu de Fada N'gourma (Burkina Faso) sous la conduite
de leur chef KOTOKRO. Ils s'installèrent à Tabalo, sur le
Malfakassa. Tchaoudjo, un centre précolonial est formé de
plusieurs villages. Les villages qui forment les royaumes Kotokoli sont tous
issus du même village d'origine, Tabalo situé à une
trentaine de kilomètre au Nord-Ouest de Sokodé sur la route de
Bassar. La création des chefferies Mola remonterait au début du
XVIIIe siècle. Alors que le chef de Tabalo OURO- KOURA
gardait le village, son fils aîné se dirigea vers la plaine de
Mono et s'installa sur le massif de Tchaoudjo (Koroga). Il y fonda un nouveau
village qu'il appela Kpangalam sur lequel il régna sous le titre de OURO
Agoro Dam. Six autres villages furent fondés plus tard par des
descendants Mola de Tabalo : Tchavadi, Komah, Kparatao, Kadambara, Birini, et
Yelivo. Ces villages y compris Kpagalam étaient placés sous
l'autorité d'un chef supreme élu parmi leurs ressortissants et
qui devait diriger une organisation politique et sociale forte. Chaque village
avait à sa tête un chef de village.
A côté de cette constellation des villages bien
organisés viendront s'installer d'autres villages, tous ayant leur
propre organisation mais reconnaissent toutefois l'autorité du chef
supreme des Mola. Tchaoudjo, aujourd'hui chef lieu de la région
centrale, était une étape importante de la route
du cola. Des textes témoignent que déjà
en XVème siècle, les commerçants Haoussa et Mandingue
passaient par deux (02) principaux axes à savoir : l'axe
Djougou-Alédjo Koura-Agoulou-Kpaswa-Tchavadi-Didaouré ; ou celui
de
Djougou-Alédjo-Koura-Adjéidè-Tchamba-Birini-Kparatao-Kadambara-
Didaourè pour rejoindre le Gold-Coast, l'actuelle
République du Ghana. Dans tous les cas, Didaouré reste un passage
obligé. L'une des raisons qui attiraient les commerçants en pays
Kotokoli serait la possibilité de trouver facilement des produits
d'artisanat, les produits de transformation agricole et surtout un accueil
désintéressé. Cet intérêt de Didaouré
comme le grand marché à l'époque et la bonne organisation
de la chefferie des Mola seraient à la base du choix de ces lieux par
les Allemands pour en faire leur poste administratif afin de contrôler
cette route commerciale.
II-2- Présentation géo-climatique et
démographique de la
préfecture de Tchaoudjo
Chef lieu de la région centrale, la préfecture
de Tchaoudjo est située au centre du pays à une altitude moyenne
de 340 m à mi-chemin entre l'océan Atlantique et la bande
sahélienne. Elle est limitée au Nord par la préfecture
d'Assoli, au Sud par celle de Soutouboua, à l'Est par celle de Tchamba
et à l'Ouest par celle de Bassar. Elle s'étend sur une superficie
de 2650 km2 et compte environ 169723 habitants37. La
préfecture de Tchaoudjo jouit d'un climat sahélo-guinéen
avec deux saisons distinctes : une saison pluvieuse allant de Avril à
Octobre avec une pic de Juillet à Septembre et une saison sèche
allant de Novembre à Mars. Les précipitations annuelles varient
entre 1100 mm et 1500 mm de pluie pour un nombre de jours se situant entre 100
et 120. La température moyenne de la préfecture varie entre
20° C et 32° C. L'évaporation est
élevée et particulièrement marquée en
période d'Harmattan
37 Source : Ministère de l»administration
territoriale, de la décentralisation et des collectivités
locales/ Région Centrale/ Préfecture de Tchaoudjo.
(de Novembre à Janvier). Le taux d'humidité est
très variable et dépend de tous les facteurs
précités.
Deux types (2) principaux de sols sont observés dans cette
préfecture : - Sols peu épais et pauvres (zones montagneuses)
- Sols ferrugineux lessivés.
Sur le plan hydrographique, Tchaoudjo est irriguée par
un certain nombre de cours d'eau dont la plupart ne sont pas permanents. Il
s'agit du Mono, Na et le Mô.
Dans la préfecture de Tchaoudjo, le nombre moyen de
personnes par ménage est de 6,2 contre 5,4 sur le plan national.
III-3-Aperçu socio-politique
Tchaoudjo est la préfecture qui a la plus forte
proportion de la population musulmane du Togo (70% de la population). Les 30%
restants étant chrétiens, en grande majorité catholique.
La plupart des habitants parlent le Kotokoli (ou le tem). L'ethnonyme Kotokoli
correspond à l'appellation qui était donnée à ces
locuteurs tem par les commerçants soudanais de la boucle du Niger. De
nombreuses autres langues y sont parlées : en particulier l'Ewé
et le Kabyè. Il faut mentionner au passage que Tchaoudjo a pour
fêtes traditionnelles Gadao - Adossa - Kosso.
Célébrée à la veille d'Adossa, Gadao a pour
fonction de remercier les ancêtres pour l'abondance des récoltes.
Adossa ou fête des couteaux, est une fête initiatique dont
l'origine remonte aux guerriers Semassi qui exerçaient leurs puissances
et leur vaillance en se soumettant à des épreuves de forces. Le
lendemain a lieu Kosso, la fête des femmes, où ces
dernières viennent danser sur le terrain municipal de Sokodé. En
dehors de ramadan et tabaski (deux fêtes religieuses), les autres
fêtes sont plutôt événementielles et sans dates
précises.
Sur le plan politique, étant un centre administratif
depuis l'époque allemande jusqu'à l'indépendance, la
préfecture de Tchaoudjo compte aujourd'hui douze (12) cantons qui sont :
Kpangalam, Komah, Kolina, Aléhéridé, Kéméni,
Kparatao, Kadambara, Agoulou, Lama-Tessi, Tchalo, Wassarabo et
Kpassouadè. Il faut noter que l'urbanisation de Sokodé n'est pas
seulement provoquée par l'implantation des allemands, mais elle est
venue achever une évolution historique de la société Tem
déjà bien organisée.
Dans la course effrénée de l'occupation
coloniale, le 23 juillet 1897, il eut un accord franco-allemand qui fixa les
échanges de territoires, le Docteur Kersting quitta Djougou et se replia
sur Adjéidè au poste de Kri-Kri d'où il décida de
créer un nouveau poste à Didouaré. La construction du
nouveau poste commença à Sokodé à la fin de
l'année 1897 sur la colline rocheuse. Ce poste serait mis en service le
21 avril 1898. Les Allemands, depuis leur installation jusqu'à leur
départ obligé en 1914, organisèrent le centre en
construisant leurs bâtiments administratifs et en réalisant des
aménagements dans les quartiers.
L'administration coloniale française s'installa
à Sokodé après le départ des Allemands (le
15août 1915). Une agence spéciale pour la collecte des
impôts fut créée le 2 février 1915 à
Sokodé. Le 4 septembre 1935, par arrêté n°398 portant
réorganisation générale de l'administration du territoire
du Togo, Sokodé devient le chef-lieu du centre du Nord.
Dès lors, elle fait figure de « capitale » du
Nord-Togo. Chef lieu de la région centrale, Tchaoudjo est non seulement
un centre administratif important mais aussi un grand centre commercial depuis
la période précoloniale.
III-4-Activités socio-économiques
Aujourd'hui, l'économie de la préfecture de
Tchaoudjo est gouvernée par les secteurs agricoles, des transports, du
commerce et de l'artisanat. Les métiers relatifs à ces secteurs
à part l'agriculture, sont plus pratiqués dans la ville. Depuis
1979 à ce jour, aucune entreprise moderne au sens économique du
terme n'a vu le jour, ce qui laisse planer un sérieux doute sur
l'émergence dans l'avenir d'unités de grandes tailles dans le
milieu. Le commerce est essentiellement en grande partie assuré par les
femmes. Le transport dans le milieu est assuré par les taxis auto comme
motos. Les voitures sont depuis longtemps utilisées dans le transport en
commun, ce qui n'est pas le cas pour les motos qui ne font leur apparition dans
ce domaine qu'aux environs des années 1995. Il faut souligner que depuis
la fin des années 1997, l'économie de Tchaoudjo est pour une
importante part, portée par les nombreux transferts de devises provenant
des pays d'accueil des jeunes migrants Kotokoli. Le taux brut
d'activité, c'est-à-dire le rapport du nombre des actifs sur la
population totale se chiffre à 43%.
L'agriculture occupe 30% de la population active de la
préfecture de Tchaoudjo, mais elle demeure au stade rudimentaire. Les
méthodes d'exploitation sont encore traditionnelles ; la
mécanisation ou l'usage des animaux de traction est très rare.
L'unique force utilisée pour les travaux champêtres est celle du
paysan et de sa famille. Les agriculteurs déploient d'énormes
efforts physiques pour obtenir des résultats maigres. La qualité
et la quantité des récoltes dépendent étroitement
des aléas climatiques. Les principales cultures pratiquées dans
cette préfecture sont :
- Les cultures vivrières en tonnes : le maïs
1575t, le sorgho 957t, l'haricot 238t, l'igname 44 039t, le manioc 17924t,
l'arachide 596t, le riz 726t, le sésame 441t, et le soja
425t38.
- Le coton (150t) et l'anacardier constituent les cultures de
rentes de la préfecture.
La préfecture de Tchaoudjo présente deux (2)
types d'élevage : l'élevage traditionnel et l'élevage
semi-moderne. Les principales espèces élevées au niveau du
type traditionnel sont : l'élevage des volailles, des petits ruminants,
l'élevage des bovins et des porcins dont les données estimatives
sont : bovins 1344 têtes, ovins 12.419 têtes, les volailles 113.121
têtes39. On note une prépondérance de
l'élevage des ovins en raison des rites culturels de la
préfecture. Les pondeuses sont les espèces élevées
au niveau du type d'élevage semi-moderne. On remarque que les
éleveurs pour la plupart font partie de l'ethnie peule. De nombreux
peuls se sont sédentarisés autour des villages de Tchaoudjo. Ils
élèvent des troupeaux de vaches. Parallèlement, des peuls
nomades passent fréquemment près de Tchaoudjo avec leurs
troupeaux de zébus en route entre le Burkina-Faso et le Nigéria.
L'élevage, la pêche et la chasse sont des activités
associées à l'agriculture dans cette préfecture.
38 Production annuelle par spéculation (tonnes)
DRAEP/RC-PT
39 Sources : ICAT/RC et développement
préfectorale : année 2007
CHAPITRE IV : LA METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE.
IV-1- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE
Comme tout travail scientifique, notre travail a exigé
un cadre théorique. Cette partie du travail consiste à faire cas
des théories qui ont trait à notre travail et qui l'explique. Il
s'agit aussi de recenser des écrits pertinents ayant déjà
abordé notre thème, les analyser et les critiquer afin de
ressortir des éléments pertinents du champ de la recherche
fondamentale qui permettront de situer, de comprendre et de poser des bases
scientifiquement solides à notre thème de mémoire. Il
fallait aussi dans cette partie établir des hypothèses, autour
desquelles s'articulera notre travail. Après cela, les objectifs que
nous poursuivons et l'analyse des concepts opératoires pour une
compréhension plus approfondie de notre thème. Pour ce faire,
nous avions eu besoin des sources écrites, électroniques et
orales. En effet, les sources orales de nos informations ont concernées
les personnes ressources, c'est-à-dire les personnes qui sont en mesure
de nous diriger vers l'information dont on a besoin. C'est ainsi que nous
avions consulté certains spécialistes de la micro finance qui
nous ont guidés dans nos recherches et nous ont donné une base
solide dès que nous avions émis l'idée de notre
thème.
Quant aux sources écrites, c'est la source fondamentale
de laquelle émanent nos informations et données. La micro finance
étant un phénomène qui a vu le jour il y a longtemps et
donc son domaine est largement exploré par des spécialistes et
des chercheurs de tous horizons, nous avions eu une documentation abondante
tant sur le plan mondial qu'africain. Sur le plan national, des efforts
considérables ont été faits entre les IMF
elles-mêmes, efforts qui ont conduit à la création d'une
association dénommée APIM
(Association Professionnelle des Institutions de Micro
finance). Cette association possède à son siège une
bibliothèque qui a mis à notre disposition des écrits
relatifs à ce domaine. Nous avons consulté les documents au CCF
(Centre Culturel Français) de Lomé, des documents riches et qui
ont bien contribué à la réalisation de notre travail.
Enfin, en ce troisième millénaire, nous ne
pouvons évidemment pas réaliser un travail scientifique et
étudier un thème aussi d'actualité que le notre sans faire
appel à internet. Ainsi, nous avions fait recours aux sources
électroniques qui nous ont fourni des données précises et
récentes. Nous avions fréquenté des cyber café et
nous avons eu des résultats très féconds.
IV-2- L'UNIVERS D'ENQUETE ET L'ECHANTILLONNAGE
IV-2-1- L'UNIVERS D'ENQUETE
Afin de pouvoir collecter des données fiables,
concrètes et utiles pour une interprétation scientifique de la
pratique de la micro finance, notre univers d'enquête englobe des
adhérents d'IMF, des directeurs des mutuelles et des chargés de
crédits.
IV-2-2- L'ECHANTILLONNAGE
« Il est très rare qu'on puisse étudier
exhaustivement une population, c'est-à-dire interroger tous les membres,
ce serait si long et si coüteux que c'est pratiquement impossible » ;
affirmaient GHIGLIONE (R) et MATALON (B) dans Enquêtes sociologiques,
théorie et pratique, Paris 1976. Vu cette grande difficulté
d'étudier toute une population, on décide souvent d'en
étudier qu'une fraction ou un échantillon duquel des conclusions
seront tirées pour toute la
population par extrapolation. Etant défini comme un
sous-ensemble de la population, un échantillon pour mériter
véritablement ce nom, doit être représentatif de cette
population, c'est-à-dire qu'il devrait posséder autant que
possible toutes les caractéristiques de la population dont il est
tiré. Cette représentativité de l'échantillon
dépend fortement de la méthode par laquelle il est
tiré.
Nous avons deux (2) principales méthodes de
sélection de l'échantillon qui sont les méthodes
aléatoires ou probabilistes et les méthodes non probabilistes ou
empiriques.
La méthode d'échantillonnage aléatoire
est celle qui emploie des techniques de sélection au hasard. Elle se
définie par le fait que l'on accorde à chacune des unités
de la population une chance égale connue et non nulle d'appartenir
à l'échantillon. Cette méthode est dite probabiliste car
le prélèvement des unités de l'échantillon peut
être comparé à un choix au hasard, c'est-à-dire que
l'on peut comparer le choix effectué au «
prélèvement, les yeux bandés de boules dans une urne
comportant des boules identiques parfaitement mélangées et
disposant chacune d'elle la même probabilité d'être
tirée au hasard ».
En ce qui concerne la méthode d'échantillonnage
empirique, la sélection des unités devant composées
l'échantillon n'est pas faite au hasard ou de manière
aléatoire. Elle est basée sur le principe qu'il faut faire
recours à son esprit méthodique et rationnel dans le choix des
unités de l'échantillon plutôt que de s'en remettre au
hasard.
Dans le cas de notre étude, nous avons combiné les
deux méthodes.
> Dans un premier temps, nous avons utilisé la
méthode empirique pour tirer les IMF qui feront partir de notre
échantillon. Ainsi, nous avons tiré sur les six (6) IMF
opérant dans le milieu deux (2) soit une proportion de 25% ou un taux de
sondage égal à 1/3. Ces deux
IMF sont la mutuelle Gaieté du réseau FUCEC-TOGO de
la ville de Sokodé et la mutuelle WAGES.
> Ensuite, nous avons utilisé la méthode
aléatoire pour choisir les individus qui feront partir de notre
échantillon au niveau de chaque IMF. Il s'agit de prendre au hasard tout
adhérent des deux IMF choisies. Compte tenu des ressources disponibles
pour notre enquête, nous avons choisi 55 adhérents au niveau de
chacune des deux (2) IMF choisies. Ce qui nous fait au total un
échantillon de 110 individus.
En plus de cela, nous avions eu des entretiens individuels
avec les responsables de ces deux IMF en plus des responsables de la Mutuelle
AVENIR du réseau URCLEC (Union Rénovée des Caisses Locales
d'Epargne et de Crédit) ceci pour nous permettre d'approfondir certaines
réponses ou pour comprendre certains faits.
IV-3- LES INSTRUMENTS D'INVESTIGATION
« L'objet de la Sociologie est la réalité
sociale prise dans toutes ses parties en profondeur, de la croüte
extérieure de la société, jusqu'aux valeurs et
idées collectives (...) et finalement jusqu'à la mentalité
sociale, à la fois collective et individuelle », disait Georges
GURVITCH 40
A travers cette affirmation, GURVITCH veut préciser
qu'il est impossible de comprendre une société en faisant
abstraction de toutes ses instances. La société est un tout
fonctionnel et pour l'appréhender, il est nécessaire de
l'étudier dans sa totalité. Cette étude suppose en effet,
des méthodes scientifiques, qui
40 GURVITCH G., Vocation actuelle de la Sociologie,
Paris, PUF, 1950, p7.
analysent objectivement cette « réalité »
sociale en vu de dégager des conclusions exemptes de tout
subjectivisme.
Du fait de la complexité du phénomène que
nous étudions, nous allons utiliser la méthode quantitative et la
méthode qualitative séparément et après essayer de
faire un rapprochement des données ou résultats recueillis
à l'aide de ces deux outils de recherche.
IV-3-1-La recherche quantitative
Son rôle dans l'étude est d'assurer le
contrôle de la fidélité et de la validité des
variables de l'étude.
Nous allons dans un premier temps sélectionner les
variables de notre étude. Une variable en sociologie, selon GRAWITZ est
tout caractère soumis à une analyse sociologique (sexe,
profession etc.) dont les valeurs ne sont pas forcement
numérique.41
- Une variable peut être quantitative si elle est
susceptible d'associer un nombre à chaque individu : âge, salaire,
dépense de consommation, etc.
- Elle est dite ordinaire, si elle permet de positionner
l'enquêté sur une échelle donnée. Les variables
d'opinion, par exemple, donnent souvent lieu à un classement qui range
les individus selon leur degré d'adhésion ; de très
favorable à très défavorable par exemple.
- Elle est qualitative si elle attribue un intitulé
à chaque élément.
Il faut souligner que dans le cadre de notre étude,
nous allons prendre en compte ces trois types de variables. Il faut
également bien distinguer la variable indépendante (ou
explicative) de la variable dépendante (ou expliquée)
Dans le cadre de notre étude, les diverses
contributions de la micro finance (variable indépendante) visent ici
à rendre compte de l'amélioration des conditions de vie des
populations (variable dépendante).
41 GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales,
Paris, PUF, 2001, 11ème édition.
Nous allons ensuite dénombrer un certain nombre
d'indicateurs qui nous permettront de mesurer l'action de la micro finance sur
les activités des populations et par là sur leurs conditions de
vie. En effet, un indicateur est une donnée observable par laquelle on
peut appréhender les différentes dimensions analysées en
constatant, dans la réalité, la présence ou l'absence de
telle attribution, l'état de telle variable.
Dans le cadre de notre étude, nous pouvons retenir des
indicateurs suivants :
- la fréquence de l'adhésion aux IMF
- la fréquence et l'évolution des
épargnes
- l'évolution des demandes de crédit
-l'évolution des revenus dans les activités
génératrices de revenu des bénéficiaires des
services des IMF
- fréquence de remboursement des crédits par
client.
A travers cette méthode, nous avons collecté les
données grâce au questionnaire structuré.
IV-3-2-La recherche qualitative
Les services des IMF sont prioritairement destinés aux
pauvres qui sont en majorité des analphabètes, la méthode
quantitative seule qui exige un minimum de capacité de lecture et
d'écriture (le questionnaire devant normalement être rempli par
l'enquêté lui-même) ne suffit pas dans le cadre de notre
étude. Il nous faudra donc élaborer un guide d'entretien et celui
qui sera le mieux adapté sera celui individuel du fait que les clients
bénéficient des services de la micro finance individuellement
(que se soit une personnalité morale ou physique) et/ou
différents objets de crédit. Il y a aussi des guides d'entretins
individuels que nous allons élaborés et qui seront
destinés aux responsables des IMF. Ces derniers nous permettront
d'approfondir nos connaissances sur les pratiques et
règlementations de la micro finance pour une meilleure
compréhension des informations qui seront recueillies auprès des
clients.
Nous allons à travers ces guides d'entretien
élaborés, organiser des entretiens individuels avec des clients
et des responsables des IMF afin de recueillir des informations que nous
analyserons pour en tirer des conclusions.
IV-4- DEROULEMENT DE L'ENQUETE
Après avoir choisi notre thème et posé
des bases théoriques pour son étude approfondie, nous nous sommes
proposé de nous rendre sur le terrain pour vérifier nos
hypothèses. Ainsi, notre étude sur le terrain s'est faite en deux
(2) phases essentielles. La première phase a concerné la
pré enquête qui s'était déroulée du 12 au 25
Mars 2010. Au cours de cette opération, nous nous sommes
imprégnés des réalités du milieu et cela nous a
permis de bien préciser notre thème, nos hypothèses et les
objectifs poursuivis.
Au cours de cette phase, nous avions eu des entretiens avec
des responsables de certaines IMF et par l'intermédiaire de nos
personnes ressources, nous avons eu des entretiens avec certains
adhérents afin de déterminer la réalité des choses.
La pré enquête a été une étape cruciale pour
notre étude du fait qu'elle nous a permis de poser des bases solides
à notre étude en nous débarrassant des
préjugés et des spéculations fortuites.
La seconde phase de notre étude a concerné
l'enquête proprement dite qui s'est déroulée du Lundi 26
Juillet au Samedi 22 Août 2010. Au cours de cette phase, nous avions eu
des entretiens avec des responsables des mutuelles que nous avons choisies
(FUCEC - Gaité et WAGES) sur rendez-vous préalablement
négociés. Après ces entretiens ont suivi les
séances d'administration de questionnaires. En effet, nous avions eu
à remettre des questionnaires à certains enquêtés,
à aller à leurs domiciles ou à leurs lieux de travail pour
les retirer ; et
pour d'autres, étant analphabètes, nous avons
fait une administration indirecte qui consistait à restituer les
informations qu'ils nous fournissaient en langue vernaculaire sur le
questionnaire. Cette activité (l'administration de questionnaires) nous
a pris deux semaines au cours desquelles nous avions intensément
travaillé. Dans notre tâche, nous avons été
assistés par deux (2) enquêteurs que nous avons recrutés et
formés. Après l'administration des questionnaires, nous avions eu
des entretiens individuels avec les enquêtés afin d'approfondir
certaines réponses qui nous sont données dans le questionnaire et
d'essayer de comprendre plus profondément certaines de leurs attitudes
et pratiques ou des décisions qu'ils prennent et qui des fois
apparaissent illogiques a priori.
IV-5- LES DIFFICULTES RENCONTREES
Nous avons choisi d'étudier ce thème en tant que
chercheur et évidemment, nous avons été confronté
à des problèmes. Si on s'attendait à certains de ces
problèmes, il faut dire que d'autres nous sont apparus de manière
inattendue et ce sont ces derniers qui ont plus perturbé nos
recherches.
Ainsi,
> Notre recherche étant menée dans un milieu
à majorité analphabète, nous avons rencontré des
problèmes liés au sens des questions et / ou des
réponses.
> Nous avons été aussi confrontés aux
problèmes d'ordre culturel. En effet, la majorité de la
population dans notre milieu d'étude étant musulmane, les
adhérents des IMF n'affirment pas facilement l'être effectivement
ou avoir bénéficié de crédit puisque le
remboursement se fait avec intérêt, ce qui pour eux est illicite
en Islam.
> Quelque fois les rendez-vous manqués avec les
responsables des
mutuelles et les adhérents ne nous ont pas du tout
facilité le travail.
> Certains enquêtés ne maîtrisant pas
bien leurs propres activités, nous avions eu beaucoup de
problèmes pour collecter des informations concernant ces mêmes
activités.
> Nous avions eu également certains problèmes
liés au non retour de certains questionnaires par certains
enquêtés qui ont disparu, nous indiquant de faux lieux de
rendez-vous.
> De plus, avec la fermeture de RéDéMaRe,
certains adhérents des IMF ont été obligés de fuir
le milieu. En effet, avec l'arrivée de RéDéMaRe au Togo,
les populations dans le milieu ont adhéré aux IMF de la place, y
ont pris des crédits et ont déposé ces sommes au niveau de
ladite structure en vue de rembourser progressivement le crédit pris
à travers la somme mensuelle qu'ils percevront. Ils se trouvent donc
incapables de rembourser ces crédits du fait de la fermeture de
RéDéMaRe. Pour d'autres, parler de leurs relations avec leurs
mutuelles devient un sujet sensible.
> Pour nos recherches documentaires, nous avions
été confrontés aux problèmes d'absence ou
d'indisponibilité de certains ouvrages nécessaires pour notre
étude dans les bibliothèques de la place.
Cependant, malgré ces diverses difficultés, nous
avons pu achever ce travail qui n'est bien sür pas parfait (la perfection
n'étant pas de ce monde) grâce à notre détermination
et à notre bravoure, mais surtout grâce au soutien de toute nature
de plusieurs personnes qui nous sont chères, que nous avons
remerciées au début de ce document et que nous tenons une fois
encore à remercier.
TROISIEME PARTIE :
ANALYSE DES DONNEES ET
INTERPRETATION DES RESULTATS.
CHAPITRE V : ANALYSE DES DONNEES
Les données recueillies sur le terrain ont
été traitées à l'aide du logiciel SPHINX PLUS
version 2 pour Windows afin d'obtenir un portrait de la situation de profil des
répondants. Ce logiciel nous a permis de dégager des tendances
à travers des pourcentages calculés.
V-1 : IDENTIFICATION DES ENQUETES
*Tableau 2 : répartition des
enquêtés selon le sexe
Sexe
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Masculin
|
63
|
57,3%
|
Féminin
|
47
|
42,7%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
A travers les données du tableau 2, on remarque que notre
échantillon est composé de 63 hommes soit 57,3% et de 47 femmes
soit 42,7%.
Tableau 3 : répartition des
enquêtés selon la profession
Profession
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Commerçants
|
51
|
46,37%
|
Bouchers
|
18
|
16, 36%
|
Menuisiers
|
11
|
10%
|
Mécaniciens
|
13
|
11,82%
|
Fonctionnaires
|
14
|
12,73%
|
Ménagères
|
2
|
1,82%
|
Retraités
|
1
|
0,9%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Les données du tableau N°3 illustrent que nos
enquêtés sont en majorité composés de
commerçants qui représentent 46,37% de l'échantillon.
Ensuite viennent les bouchers (16,36%), les fonctionnaires (12,73%), les
mécaniciens (11,82%), les menuisiers (10%). Enfin le reste des
enquêtés est composé de ménagères (1,82%) et
les retraités qui représentent 0,9% des enquêtés.
Tableau 4 : répartition des
enquêtés selon l'existence d'enfants à leur charge
Existence
d'enfant en charge
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
93
|
84,5%
|
Non
|
17
|
15,5%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
A travers ce tableau, on remarque que la très grande
majorité de notre échantillon (84,5%) a un ou plusieurs enfants
en charge. 17 personnes de nos enquêtés soit 15,5% n'ont pas
d'enfant à leur charge.
Tableau 5 : répartition des
enquêtés selon leur niveau d'instruction
Niveau d'instruction
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Primaire
|
47
|
42,7%
|
Secondaire
|
48
|
43,6%
|
Supérieur
|
11
|
10,0%
|
Non scolarisé(e)
|
4
|
3,6%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Ce tableau nous rend compte du niveau d'instruction des
adhérents d'IMF. En effet, selon ce tableau, la majorité de nos
enquêtés a un niveau d'instruction primaire et secondaire dont
respectivement 42,7% et 43,6%.
Ceux qui ont un niveau supérieur ne représentent
que 10%. Les non scolarisés quant à eux, font 36%.
V-2 : FINANCEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES ET EVALUATION
DES REVENUS
Tableau 6 : répartition des
enquêtés selon les sources de financement de leurs
activités avant leur adhésion leurs mutuelles
Anciennes
sources de financement
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Tontine consensuelle
|
33
|
30,0%
|
Parent ou ami
|
5
|
4,5%
|
Epargne traditionnelle
|
56
|
50,9%
|
Autre
|
16
|
14,5%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
A travers les données de ce tableau, on remarque
qu'avant leur adhésion à leurs mutuelles, 56 de nos
enquêtés soit 50,9% avait comme sources de financement
l'épargne traditionnelle. 33 d'entre eux (soit 30%) se faisaient
financer leurs activités par la tontine consensuelle avant qu'ils
n'adhèrent à leurs mutuelles ; tandis que 4,5% seulement d'entre
eux se faisaient financer par un parent ou un ami. 14,5% d'entre eux avaient
enfin d'autres sources de financement notamment les fonds reçus comme
prêt ou les bénéfices issus de leurs activités
qu'ils réinvestissent.
Tableau 7 : répartition des
enquêtés selon la raison de l'adhésion à leurs
mutuelles
Raisons de l'adhésion à la mutuelle
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Protéger votre argent
|
44
|
40,0%
|
Obtenir facilement un crédit
|
84
|
76,4%
|
Bien gérer les activités
|
27
|
24,5%
|
TOTAL
|
- -
|
- -
|
Source : Enquête, Août 2010
Ce tableau fait preuve de la motivation des adhérents
des IMF de notre échantillon à s'y adhérer et à
épargner de l'argent. Selon le tableau, le principal motif des
épargnants est d'obtenir facilement un crédit, ensuite
protéger leur argent, enfin bien gérer leurs activités.
Tableau 8 : Répartition des
enquêtés selon le nombre de crédits demandés
Nombre
de demandes de crédit
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Aucune fois
|
6
|
5,5%
|
1 à 2 fois
|
61
|
55,5%
|
3 à 4 fois
|
31
|
28,2%
|
5 fois et plus
|
12
|
10,9%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Les données de ce tableau illustrent que sur 110
enquêtés, 104 ont demandé au moins une fois du
crédit. Parmi eux, 61 soit 55,5% l'ont demandé une à
deux fois ; 31 soit 28,2% l'ont demandé 3 à 4 fois alors
que 12 soit 10,9% ont demandé du crédit cinq fois
et plus. Les six personnes restantes n'ont pas du tout demandé du
crédit.
Tableau 9 : Répartition des
enquêtés selon le nombre de crédits
reçus
Nombre
de fois de crédits alloués
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Aucune fois
|
7
|
6,4%
|
1 à 2 fois
|
74
|
67,3%
|
3 à 4 fois
|
19
|
17,3%
|
5 fois et plus
|
10
|
9,1%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Selon les données de ce tableau, sur 110
enquêtés, 103 ont reçu au moins une fois du crédit.
Sur ceux qui en ont reçus, 74 soit 67,3% en ont reçu une à
deux fois ; 19 soit 17,3% en ont reçu 3 à 4 fois et 10 soit 9,1%
cinq fois et plus. En plus des six enquêtés qui n'en avaient pas
demandé selon les données du tableau 8, une autre personne ayant
pourtant demandé du crédit n'en a pas reçu. Au total, sept
enquêtés sur 110 n'ont jamais reçu de crédit.
Tableau 10 : Répartition des
enquêtés selon l'augmentation ou non de leurs revenus avec les
crédits reçus
Influence des crédits
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
88
|
85,44%
|
Non
|
15
|
14,56%
|
TOTAL
|
103
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Ce tableau témoigne de l'influence des crédits
reçus sur les revenus des bénéficiaires. Selon le tableau,
sur les 103 bénéficiaires de crédits, 88 soit 85,44%
pensent que ces crédits leur ont permis d'augmenter leurs revenus. Par
contre 15 soit 14,56% affirment le contraire.
Comment peut-on expliquer les réponses des 14,56% qui
estiment que les crédits reçus ne leur ont pas permis d'augmenter
leurs revenus ?
Tableau 11 : Répartition des
enquêtés selon les raisons de la non augmentation de leurs revenus
avec les crédits reçus
La Raison
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Mévente
|
7
|
46,66%
|
Emiettement du capital
|
1
|
6,67%
|
Capital insuffisant
|
6
|
40%
|
Autre
|
1
|
6,67%
|
TOTAL
|
15
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Selon les données de ce tableau, sur 15
enquêtés n'ayant pas constaté l'augmentation de leurs
revenus après avoir eu le crédit, 7 soit 46,66% sont
confrontés à la mévente dans leurs activités. Une
personne trouve que son capital est émietté ; 6 soit 40% trouvent
que leur capitaux sont insuffisants tandis qu'une autre personne se trouve
être confrontée à d'autres problèmes.
Tableau 12 : Répartition des
enquêtés selon leurs bénéfices
journaliers
Bénéfice Journalier
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Moins de 1000f
|
51
|
46,4%
|
Moins de 2000f
|
35
|
31,8%
|
Moins 3000f
|
13
|
11,8%
|
Moins 4000f
|
7
|
6,4%
|
Moins 5000f
|
2
|
1,8%
|
Moins 10000f
|
0
|
0,0%
|
10000f et plus
|
2
|
1,8%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
A travers les données du tableau 12, on remarque que
près de la moitiéde nos enquêtés soit 46,4% ont un
bénéfice journalier issu de leurs activités
qui est inférieur à 1000f. Ceux dont le
bénéfice dépasse 1000f mais n'atteint pas 2000f
représentent près de 39% de notre échantillon. Ceux qui
gagnent comme bénéfice moins de 3 et 4000f sont respectivement
11,8% et 6,4% tandis que ceux qui ont moins de 5000f représentent 1,8%
de même que ceux qui ont 10.000f et plus.
V-3 : UTILISATION DES REVENUS ET RETOMBEES SOCIALES
Tableau 13 : répartition des
enquêtés selon le domaine d'investissement de leurs revenus
Dépense
du bénéfice
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Soins de santé
|
87
|
79,1%
|
Scolarité et apprentissage des enfants
|
52
|
47,3%
|
Alimentation et habillement
|
36
|
32,7%
|
Accroissement du capital
|
17
|
15,5%
|
Loyer
|
4
|
3,6%
|
Autre
|
1
|
0,9%
|
TOTAL
|
--
|
--
|
Le nombre de citations est supérieur au nombre
d'observations du fait de réponses multiples (2 au maximum).
Source : Enquête, Août 2010
Ce tableau illustre le domaine dans lequel les
bénéfices issus des activités des
bénéficiaires de services des IMF sont investis.
En général, la majorité des
adhérents d'IMF utilisent leurs revenus pour satisfaire à leurs
besoins primaires ou besoins de survie notamment les soins de santé et
dans d'autres charges familiales notamment la scolarité et
l'apprentissage des enfants, l'alimentation et l'habillement et le loyer. Seul
un petit nombre investit ses revenus pour accroître le
capital. Les revenus sont donc en majorité utilisés
dans des domaines qui ne sont pas directement liés aux activités
des concernés.
Tableau 14: répartition des
enquêtés selon leurs situations actuelles après avoir eu
le crédit
Changement
de conditions de vie
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Meilleure
|
22
|
21,36%
|
Acceptable
|
80
|
77,67%
|
Dégradé
|
1
|
0,97%
|
TOTAL
|
103
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Ce tableau renseigne sur l'amélioration de la situation
des bénéficiaires après avoir eu le crédit. Selon
les données de ce tableau, 77,67% affirment que leurs situations sont
devenues acceptables après avoir eu le crédit. 21,36% trouvent
leurs situations meilleures, tandis que 0,97% les trouvent
dégradées.
Tableau 15: Répartition des
enquêtés selon le degré de satisfaction de leurs besoins
avec leurs mutuelles
Satisfaction des besoins
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Non réponse
|
2
|
1,8%
|
Totalement
|
27
|
24,5%
|
Moyennement
|
77
|
70,0%
|
Pas du tout
|
4
|
3,6%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
A travers les données de ce tableau, 70% des
enquêtés estiment qu'avec la mutuelle, leurs besoins ne sont que
moyennement satisfaits ; tandis que 24,5% trouvent qu'ils sont totalement
satisfaits. 3,6% pensent que leurs besoins ne sont pas du tout satisfaits avec
la mutuelle.
Tableau 16 : répartition des
enquêtés selon l'amélioration de leurs conditions de vie
Amélioration
des conditions de vie
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
96
|
87,3%
|
Non
|
14
|
12,7%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Ce tableau renseigne sur les changements survenus de
manière globale (avec ou sans crédit) dans la vie des
adhérents. Ainsi 87,3% affirment qu'ils ont constaté un
changement dans leurs conditions de vie tandis que 12,7% affirment le
contraire. La majorité des adhérents ont donc constaté un
changement dans leurs conditions de vie après avoir fait recours aux
services de leurs mutuelles.
Tableau 17 : répartition des
enquêtés selon la manière dont s'est faite
l'amélioration de leurs conditions de vie
Façon de l'amélioration
|
Effectif
|
Autonomie financière
|
80
|
Amélioration de l'état de santé de la
famille
|
41
|
Amélioration des conditions alimentaires
|
45
|
Meilleure scolarisation des enfants
|
38
|
Création d'emploi
|
2
|
Diversification des activités de revenue
|
35
|
Acquisition de bien matériel
|
13
|
Augmentation des revenus
|
18
|
Autre
|
0
|
TOTAL
|
--
|
Source : Enquête, Août 2010
A travers les données de ce tableau, on remarque que
nos enquêtés ont en majorité constaté un changement
dans leurs vies du fait qu'ils ont désormais une autonomie
financière, par cette autonomie, ils arrivent à subvenir aux
besoins familiaux. Ensuite, certains d'entre eux constatent un changement par
le fait qu'ils arrivent désormais à diversifier leurs
activités de revenus et/ou ils acquièrent facilement les
biens matériels dont ils ont besoin. A part les autres
changements, seul un petit nombre pense qu'avec les services de la mutuelle,
ils arrivent à recréer des petits emplois.
Tableau 18: Répartition des
enquêtés selon les raisons de la non amélioration de leurs
conditions de vie
Raison de la non satisfaction
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Dépendance vis-à-vis de la mutuelle
financièrement
|
5
|
35,71%
|
Revenus toujours inchangés
|
8
|
57,14%
|
Revenus modestes
|
1
|
7,15%
|
TOTAL
|
14
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Selon les données de ce tableau, 35,71% de nos
enquêtés estiment que s'ils n'ont pas eu de changements dans leur
vie, cela est dü au fait qu'ils dépendent vis-à-vis de la
mutuelle financièrement. 57,14% de nos enquêtés pensent que
leurs revenus malgré le recours aux servies de leurs mutuelles sont
restés toujours inchangés et une personne pense que cela est
dû à ses revenus modestes.
V-4 : APPRECIATIONS DES ADHERENTS DES SERVICES
OFFERTS PAR LEURS MUTUELLES
Tableau 19 : Répartition des
enquêtés selon leurs appréciations des conditions d'octroi
de crédit
Appréciation des conditions
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Non réponse
|
6
|
5,5%
|
Compliquées
|
39
|
35,5%
|
Abordables
|
56
|
50,9%
|
Simples
|
9
|
8,2%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Les données de ce tableau renseignent sur
l'appréciation des conditions d'octroi de crédits. Ainsi, 51% des
bénéficiaires de crédits trouvent les conditions qu'ils
ont remplies abordables, tandis que 35,5% les trouvent compliquées. 8,2%
trouvent pourtant ces conditions simples ; 5, 5% n'ont pas pu apprécier
ces conditions parce que n'ayant pas demandé du crédit.
Tableau 20 : Répartition des
enquêtés selon leurs appréciations du taux
d'intérêt appliqué aux crédits
Appréciation
du taux d'intérêt
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Très élevé
|
22
|
21,35%
|
Assez élevé
|
8
|
7,77%
|
Peu élevé
|
65
|
63,11%
|
Ne sait pas
|
8
|
7,77%
|
TOTAL
|
103
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
A travers les données de ce tableau, on remarque que un
peu plus de 63% de nos enquêtés ayant reçu de
crédits soit 65 personnes estiment que le taux d'intérêt
qui leur est appliqué est peu élevé ; tandis que 21,35% le
trouve très élevé. Huit enquêtés soit 7,77%
pensent que ce taux d'intérêt est assez élevé ;
c'est également le nombre d'enquêtés qui n'ont pas pu
donner leurs appréciations par rapport à ce taux
d'intérêt.
Tableau 21 : Répartition des
enquêtés selon leurs appréciations du montant des
crédits
Appréciation
du montant de crédits
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Très insuffisant
|
20
|
19,42%
|
Peu insuffisant
|
52
|
50,48%
|
Suffisant
|
31
|
30,1%
|
TOTAL
|
103
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
A travers ce tableau, on a une idée sur
l'appréciation du montant des crédits reçus par les
bénéficiaires. Ainsi, 50,48% de nos enquêtés pensent
que les montants des crédits qu'ils reçoivent sont peu suffisants
; 30,1% pensent qu'ils sont suffisants ; tandis que 19,42% les trouvent
insuffisants.
Tableau 22 : répartition des
enquêtés selon l'appréciation de leurs mutuelles
Appréciation de la mutuelle
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Non réponse
|
5
|
4,5%
|
Oui
|
81
|
73,6%
|
Non
|
24
|
21,8%
|
TOTAL
|
110
|
100%
|
Source : Enquête, Août 2010
Ce tableau illustre l'appréciation de la mutuelle par
les adhérents en matière de crédit. En effet, selon les
données du tableau, 73,6% des demandeurs de crédits pensent que
leurs mutuelles répondent à leurs besoins en la matière ;
tandis que 21,8% affirment le contraire. Quant à ceux qui ne sont pas
concernés par cette appréciation parce que n'ayant pas
demandé de crédit, ils représentent 4,5%.
CHAPITRE VI : INTERPRETATION DES RESULTATS
Cette partie de notre travail fait appelle à notre
expertise en vu de donner un sens aux informations recueillies auprès
des enquêtés et d'expliquer le phénomène
étudié. Elle consiste en effet à effectuer une
interprétation des résultats de l'enquête en vue de
procéder d'une part à la vérification des
hypothèses de recherche préalablement émises et d'autre
part, à l'élaboration des suggestions ou approches de solutions
aux problèmes liés au phénomène
étudié.
Cette interprétation des résultats touchera
aussi bien l'analyse quantitative que l'analyse qualitative. Elle sera
focalisée sur les points suivants : le profil socio démographique
et professionnel des adhérents des IMF, l'importance de la consistance
du montant des crédits pour une meilleure efficience et la micro finance
comme un outil efficace pour l'amélioration des conditions de vie de ses
adhérents.
V-1-Le profil socio démographique et professionnel
des adhérents des IMF
L'objectif central des IMF, c'est de parvenir à relever
le niveau de vie des couches sociales les plus défavorisées et
donc exclues du système financier classique. Parmi ces couches sociales
la population féminine est la plus importante et la plus visée.
En Afrique, la femme est la principale responsable de la maison. C'est elle qui
s'occupe des petits problèmes familiaux et quelques fois, c'est elle qui
assume certaines charges familiales. Pourtant ce sont les femmes qui sont les
plus exclues du système formel d'activités et elles se retrouvent
désespérément souvent dans l'informel. C'est justement
pour palier à cet état de choses qu'au Togo par exemple dans les
années 1990, des projets
d'assistance ont été mis en place pour venir en
aide à la femme et contribuer par là à sa promotion
socio-économique et culturelle. L'initiative est prise par des ONG et
associations féministes et de développement. C'est dans ce cadre
que le projet WAGES a été mis en place par CARE International
Togo et avait pour objectif de départ la satisfaction des besoins
socio-économiques de 3.900 femmes à Lomé sur une
période de trois ans renouvelables une fois. L'objectif de départ
ayant été rapidement atteint et dépassé en moins de
trois ans, ce projet se transforme en une institution de micro finance et s'est
étendu sur toute l'étendu du territoire national. Elle est
arrivée dans la préfecture de Tchaoudjo précisément
dans la ville de Sokodé en 2000.
Cependant, on remarque de nos jours et à travers notre
échantillon que, l'effectif des hommes dépasse celui des femmes
au niveau des adhésions (confère les données du tableau
1). Cela s'explique par plusieurs mobiles notamment le niveau de scolarisation
très bas des femmes ou même un nombre important
d'analphabètes. Cet état de choses fait que la population
féminine ignore la présence des initiatives de
développement dans la localité. Ensuite, la culture et les
clichés du milieu font que la femme dépend totalement de son mari
et toute décision la concernant est souvent prise par celui-ci qui est
le maître de la maison (le mythe de la femme-objet). Elle
préfère quelque fois même remettre ses moyens financiers
à son mari pour que celui-ci adhère à une IMF et cela
renforce l'emprise de l'homme sur la femme. Notons enfin qu'elles n'ont souvent
que des revenus très faibles, ce qui ne leur permet pas de
dégager de bénéfice et de pouvoir épargner. Leurs
professions sont souvent de petites activités génératrices
de revenus notamment des revendeuses (nommés des détaillants).
Parlant justement de la profession des adhérents, disons
que si la majorité de ceux-ci sont des commerçants et des
revendeurs (ses) cela reflète le profil des couches visées par
les IMF. Ils sont dans le secteur informel et leurs revenus
sont souvent modestes (moins de 1.000 F CFA par jour) comme
l'indiquent les données du tableau 12.
Notre échantillon se présente comme une
population dont la population a un niveau d'instruction primaire et secondaire.
Cependant, il n'est pas contradictoire de présenter la population de
Tchaoudjo comme une population majoritairement analphabète. En effet, au
cours de l'administration de nos questionnaires et des entretiens individuels
avec nos enquêtés, tous ou presque tous ceux qui affirment avoir
un niveau d'instruction primaire et une grande partie de ceux qui ont un niveau
secondaire n'arrivent pas à s'exprimer en français. Ils ne
peuvent non plus pas remplir les questionnaires eux-mêmes. Nos
échanges se font par conséquent en vernaculaire. Nous les
considérons donc tous comme des analphabètes. Lorsqu'on associe
cet effectif (niveau d'instruction primaire) à celui des non
scolarisés (47+4 = 51 soit 46% plus une partie du niveau secondaire), on
remarque que les analphabètes sont majoritaire (confère les
données du tableau 5).
Au départ, les IMF se sont beaucoup
intéressées aux activités liées au commerce ou
à l'agriculture. Leurs actions visaient plus ces secteurs
d'activités mais après quelques années d'expérience
elles se sont rendues compte qu'une importante partie de la population exerce
des activités particulières notamment la boucherie, la
menuiserie, ou la mécanique et qu'il faut donc intervenir au niveau de
ces activités aussi pour une meilleure efficacité de leurs
actions (confère les données du tableau 3). Cette
efficacité dépend de certaines conditions à remplir par le
bénéficiaire du crédit ou certaines règles qu'il
doit observer dans l'exercice de ses activités, mais aussi certaines
mesures doivent être prises par la mutuelle. Parmi ces mesures, nous
pouvons avoir la consistance du montant des crédits octroyés.
VI-2- L'importance de la consistance du montant des
crédits pour une efficience
Les services offerts par les IMF se composent des services
financiers qui sont le produit épargne, le produit crédit, le
virement des salaires
etc. et des services non financiers
notamment la formation et l'appui institutionnel. La principale cause qui
pousse les populations à y adhérer est de pouvoir obtenir un
crédit (confère les données du tableau 7).
Il faut noter que cependant, certains adhérents ne
demandent pas de crédit et cela ne leur permet pas a priori de
promouvoir leurs activités (confère les données du tableau
8). Cela ne profite non plus aux IMF du fait qu'elles ne participent pas
à la formation du capital. Cette situation s'explique globalement par
des causes socio culturelles et religieuses. En effet, la religion dominante du
milieu (l'Islam) aurait interdit le prêt à intérêt.
Ce qui fait que certains ne demandent pas de crédit car s'ils ont
adhéré à la mutuelle, c'est qu'ils pensaient au
départ que les prêts sont sans intérêt. Alors ceux
là qui ne demandent pas de crédit se sentent quelque fois exclus
du secteur d'activité des IMF, même si plus de la moitié de
nos enquêtés trouve que le taux d'intérêt qui leur
est appliqué est peu élevé (confère les
données du tableau 20), certains refusent tout de même de demander
du crédit parce que selon eux, la religion interdit
d'intérêt quel qu'il soit. Pour les responsables des IMF, cette
situation s'explique par l'ignorance de certains textes religieux par les
adeptes sinon cet intérêt n'a rien à voir avec les
interdits religieux. Cette situation constitue un véritable carcan
social et des efforts sont en train d'être faits pour palier à ce
problème. Il faut aller jusqu'à l'expliquer comme la valeur
ajoutée d'un bien produit ou d'un service rendu. Pour ceux qui demandent
du crédit la presque totalité d'entre eux l'obtient au moins une
fois. (Confère les données du tableau 9) Pour les IMF, cela
s'explique par le fait que leur objectif principal est de promouvoir les
activités des populations à faibles revenus par des micros
financements. Le crédit est donc un
outil efficace à cette promotion et à
l'éradication de la pauvreté. Il arrive même que certaines
IMF se retrouvent dans l'incapacité de satisfaire à toutes les
demandes de crédit (l'encours des crédits étant
supérieur à l'épargne totale) et font donc appelle aux
services des banques classiques pour renforce leurs capacités.
Cependant, si chez certaines IMF le porte feuille à
risque se chiffre à 2%, il va jusqu'à 8% chez d'autres. Comment
expliquer donc cette situation ? Comment expliquez la réticence des
bénéficiaires des crédits à les rembourser dans les
délais prévus ?
Il faut noter que certains bénéficiaires pensent
que le montant des crédits dont ils bénéficient est peu
suffisant et insuffisant (confère les données du tableau 21).
Cette insuffisance du montant des crédits fait que la capacité du
bénéficiaire à mener ses activités ne se trouve pas
être renforcée. Son capital est émietté et cela
n'agit pas véritablement de manière favorable sur ses
activités. Ainsi, certains pensent qu'ils ont une activité qu'ils
exercent, qu'ils la maîtrisent bien. Pour se faire, ils se sont
dirigés vers les IMF pour demander du support, mais que malgré ce
support, ils se retrouvent sans moyens d'action et sont obligés de
rembourser le crédit qui leur est octroyé. C'est ce qui les
oblige à prendre des fois en toute illégalité deux ou
plusieurs crédit à la fois auprès de plusieurs mutuelles :
c'est la cavalerie de crédit. Cette pratique met en effet
l'intéressé dans un cercle vicieux et il se retrouve dans
l'incapacité de maximiser ses revenus et de rembourser ses
crédits.
Pour les mutuelles, il faut éviter des crédits
complaisants qui en fait sont des crédits dont les montants sont
relativement élevés pour pouvoir réduire le
détournement d'objet de crédit. En effet, si le montant du
crédit dépasse les besoins financiers du
bénéficiaire pour ses activités, le surplus est investi
automatiquement dans un domaine improductif et le met dans l'incapacité
de reconstituer progressivement le montant du crédit. L'augmentation du
montant des crédits n'est donc pas selon elles une solution au
problème de non
remboursement des crédits. Un crédit dont le
montant est justement conforme aux besoins du bénéficiaire l'aide
à développer l'idée de réinvestir les
bénéfices dans ses activités et d'accroître ses
revenus (idée centrale du capitalisme). Parlant justement de
l'accroissement des revenus, il faut noter que la majorité des
bénéficiaires de crédits, malgré l'insuffisance de
leurs montants estiment qu'ils leur ont permis d'augmenter leurs revenus. Il
faut noter à ce sujet, que les crédits reçus permettent
aux bénéficiaires de mieux contrôler leurs
activités. A titre d'exemple, il y a le crédit saisonnier
accordé aux commerçants et aux agriculteurs pendant des
périodes précises de l'année (période des
récoltes pour les commerçants et la période des semences
pour les agriculteurs). Ces crédits permettent aux commerçants de
faire des stocks de céréales afin de maximiser les
bénéfices à la vente en période de pénurie.
On se rend donc compte qu'ils maîtrisent mieux les achats et les ventes
de leurs produits. Ce qui contribue énormément à
l'amélioration de leurs conditions de vie. D'ailleurs, une
majorité de notre échantillon trouve que sa situation actuelle
après avoir eu le crédit est acceptable. Il y a même
certains qui trouvent qu'elle est meilleure comme le montrent les
données du tableau 14.
Pour ceux qui pensent que le crédit reçu n'a pas
permis d'augmenter leurs revenus, ils expliquent cela par la mévente,
l'émiettement de leur capital ou un capital insuffisant. Nous avions dit
précédemment que l'émiettement du capital est dû
selon les adhérents à l'insuffisance du montant du crédit,
aux conditions compliquées d'octroi de crédit. Quant au
problème de la mévente, il faut noter que c'est un
problème crucial dans le milieu qui est évidemment dû
à une offre supérieure à la demande, mais aussi à
la non diversification des secteurs d'activité. En effet, il y a une
sorte de tendance à l'exercice d'une seule activité qui est le
commerce et par conséquent, les produits proposés deviennent
alors abondants, malgré que les prix chutent on a du mal à les
écouler. Cela rend improductif et inactif le capital investi. C'est pour
palier à ces problèmes qu'il y a un développement
progressif des activités particulières comme la boucherie, la
cordonnerie ou la menuiserie. Ce développement
étant en partie aussi dû à leur adhésion aux IMF et
aux crédits qu'ils reçoivent. Ces crédits leur permettent
non seulement d'améliorer leurs conditions de vie (confère les
données du tableau 16), mais aussi promeuvent également ces
nouveaux secteurs d'activité. Cette émergence de ces nouveaux
types d'activité vient donc appuyer l'action des IMF afin que les
besoins des populations soient satisfaits.
Notons en définitive que si le crédit obtenu ne
permet pas aux bénéficiaires d'améliorer leurs conditions
de vie cela est dû au domaine dans lequel leurs bénéfices
sont investis. Considérons le paradoxe selon lequel la majorité
de ceux qui prennent les crédits trouve que le montant de ces
crédits sont insuffisants ou peu suffisants ; mais au même moment,
ils trouvent que leurs conditions de vie sont devenues acceptables voir
même meilleures.
Cet état de chose illustre qu'en réalité,
les montants des crédits sont suffisants, mais c'est la manière
de vouloir gérer leurs activités qui fait croire aux
bénéficiaires que les montants des crédits ne sont pas
suffisants. Comme l'affirment donc les responsables des IMF, si les
crédits sont complaisants, ils « poussent » leurs
bénéficiaires à investir dans des domaines improductifs,
à ensuite se retrouver incapables de les rembourser et enfin à
trouver leurs conditions de vie dégradées. Des crédits
consistants mais sur mesure sont donc importants pour une meilleure
efficience.
VI-3-La microfinance, un outil efficace pour
l'amélioration des conditions de vie des populations.
La majorité des adhérents des IMF affirment
qu'avec la mutuelle, leurs besoins ne sont que moyennement satisfaits
(confère les données du tableau 15). Cela s'explique par
plusieurs causes, notamment la non information de ceux-ci de certaines
pratiques de leurs mutuelles. En effet, beaucoup sont ceux qui ne savent pas le
taux d'intérêt qui leur est appliqué, ce pourquoi ils
n'arrivent pas à l'apprécier (confère les données
du tableau 20). Pour certains adhérents, les conditions d'octroi de
crédit sont compliquées (confère les données du
tableau 19). Ces conditions varient en effet d'une mutuelle à une autre
et en général sont :
> Etre déjà en exercice d'une activité et
être membre de la mutuelle depuis au moins 3 mois.
> Présenter dans son compte une garantie de 25% du
montant du crédit demandé.
> Présenter une garantie matérielle (un bien
immobilier en général) et une caution (personne physique comme
témoin).
Les responsables des IMF expliquent ces conditions comme pour
aider le bénéficiaire à bien gérer ses
activités et à rembourser le crédit. C'est justement
pourquoi les adhérents affirment en majorité que le recours aux
services de leurs mutuelles a entraîné un changement dans leurs
conditions de vie.
Comment s'est fait alors ce changement ?
La contribution de leurs mutuelles a permis aux
adhérents d'être, selon eux, financièrement autonomes. En
effet, autrefois avant leur adhésion aux IMF les populations avaient
comme source de financement l'épargne traditionnelle personnelle, la
tontine consensuelle ou un parent ou un ami (confère les données
du tableau 6). Désormais, ils arrivent à financer tant bien que
mal leurs activités après avoir eu le crédit.
De plus les populations arrivent désormais à
satisfaire à leurs besoins familiaux. Parmi ces besoins, les soins de
santé sont les plus prioritaires. Cela illustre d'abord que les
populations dans la préfecture de Tchaoudjo sont confrontées aux
multiples maladies, notamment le paludisme et la tuberculose. La recrudescence
de ces endémies s'explique souvent par la non maîtrise des
méthodes de leur prévention et de leur traitement. Le second
domaine dans lequel elles investissent est l'alimentation et l'habillement. En
effet, l'alimentation et l'habillement sont des besoins
élémentaires de l'homme depuis que les hommes ont commencé
la vie en société. Cependant, si l'habillement attire autant
d'investissement, c'est qu'il est devenu progressivement un luxe. Toutefois,
ces dépenses colossales dans l'habillement ne sont pas les mêmes
chez tous les individus. D'un côté, il met en évidence
l'affirmation du statut social de l'individu du fait que ce dernier veut se
faire remarquer par son habillement ou se distinguer (cas des Azia qui sont
influentes dans la prise de certaines décisions concernant les femmes).
De l'autre côté, cela est la conséquence d'une imitation du
fait de la tendance à l'uniformisation des modes vestimentaires. Un
autre domaine dans lequel les bénéfices sont investis concerne la
scolarisation et l'apprentissage des enfants du fait des taux de scolarisation
croissants dans le milieu. Donc, on remarque que les principaux domaines dans
lesquels les bénéfices sont investis sont des domaines
improductifs. On voit donc que les populations dépensent une grande
partie de leurs revenus dans un domaine qui n'est pas directement productif.
Toutefois, certains de ces domaines comme la santé et l'éducation
sont prioritaires pour un développement durable. Investir dans ces
domaines revient à poser des bases solides pour un tel
développement. Il faut quand même noter qu'il y a une infime
partie des bénéfices issus des activités qui est investie
dans l'accroissement du capital chez certains bénéficiaires
(confère les données du tableau 13).
L'accroissement du capital chez certains semble être en
effet moins préoccupant du fait de la mévente ; qui est un
problème qui explique la dégradation des conditions de vie d'une
infirme partie des adhérents, qui se trouvent contraints de payer le
crédit qui leur est octroyé même s'ils devraient s'endetter
auprès d'une tierce personne.
Notons en définitive que les IMF grâce aux micros
financements qu'elles accordent aux personnes morales et physiques constituent
une bouffée d'oxygène pour les populations dans la
préfecture de Tchaoudjo.
Certes, tout n'est pas parfait, mais il faut noter que leur
action a un impact sur les conditions de vie de ces populations. En effet,
même si certains adhérents pensent que les montants des
crédits qui leurs sont octroyés ne sont pas suffisants, il faut
noter que vue les réalités socio-économiques du milieu ces
crédits tant ordinaires que particuliers peuvent augmenter la
capacité des bénéficiaires puis que leurs montants peuvent
aller jusqu'à un million de francs CFA (1.000.000 F CFA).
Aussi, si chez certaines IMF l'épargne a évolué
de 50 Millions en 2004 à 145 millions en 2010, soit un accroissement
moyen de près de 300% en 6 ans ou 50 % par an (WAGES), il faut noter que
chez d'autres (FUCEC- Gaieté), elle dépasse 1 milliard de FCFA en
2010. Si certains constatent que ces crédits leur ont permis d'augmenter
leurs revenus, alors pourquoi pas d'autres ? Tout dépend donc non
seulement de la gestion et des activités et du crédit reçu
par le concerné lui-même, mais aussi de son esprit
d'investissement et de la gestion de ses revenus en vue de l'accroissement de
son capital.
Même s'ils ne bénéficient pas de
crédits, à travers l'épargne et d'autres services non
financiers comme les formations et l'appui institutionnel qui consiste à
faciliter la constitution des clients en associations ou en groupes de
solidarité, certains adhérents aux IMF affirment qu'ils ont
constaté un changement positif dans leurs conditions de vie.
Ils arrivent désormais à mieux gérer
leurs revenus et la tontine leur permet d'épargner progressivement assez
d'argent sans pour autant sentir cela dans leur quotidien. De plus les clients
se sentent désormais engagés et ils doivent par là
réguler leurs activités (maximiser le profit) et s'auto
réguler si nécessaire (contrôle des dépenses).
Cependant, la microfinance si elle constitue un important
outil de lutte contre la pauvreté n'est pas un baton magique qui
viendrait transformer la société. Ce n'est pas une solution
miracle à la pauvreté. C'est plutôt un « instrument
>> dont on peut s'en servir pour éradiquer la pauvreté.
S'en servir, suppose une méthode constituée des techniques et des
procédures d'application de ces techniques. Dans le cadre de notre
milieu d'étude, il faut dire que beaucoup reste à faire vu les
réalités que vivent les populations locales. Des efforts doivent
être faits par différents acteurs sociaux si des solutions
pérennes veulent être mises en place pour améliorer
véritablement les conditions de vie des populations.
Notre étude serait en quelque sorte «
stérile >> si des approches de solution ou des suggestions
n'étaient pas proposées sous forme de recommandations pour
augmenter l'efficacité de l'action de la microfinance en tant qu'outil
de développement local, durable et participatif.
RECOMMANDATIONS
+ A l'endroit des responsables des IMF :
A l'issu de notre étude, nous avons remarqué
que, la cavalerie de crédit s'explique des fois par les besoins de
crédit ressentis par le bénéficiaire en plus de celui
déjà reçu. Sur ce, il serait plus bénéfique
aux IMF pour éradiquer ce phénomène d'octroyer des
crédits supplémentaires si nécessaire, même si le
premier crédit reçu n'est pas encore entièrement
remboursé après bien sûr une étude approfondie du
dossier du demandeur. Cela permettra aussi au bénéficiaire de
profiter de l'opportunité qui s'est présentée à lui
à cet effet.
De plus, il serait profitable que les différentes IMF
renforcent la collaboration entre elles d'une part, et d'autre part entre elles
et les autres IMF du pays à travers l'APIM. Cette étroite
collaboration leur permettra d'une part d'atténuer les effets
néfastes de la concurrence (celle-ci leur est en général
profitable) et d'autre part, d'obtenir des financements collectifs sous forme
de prêts des bailleurs de fonds pour l'exécution des projets
sociaux.
Il est justement impérieux que des projets sociaux
notamment les projets de lutte contre certaines maladies, la construction des
établissements tant scolaires que d'alphabétisation ou des
projets de sensibilisation sur des maux qui minent la société
(excision, mariages précoces, etc.) soient initiés par les IMF.
Ces projets peuvent être financés par d'éventuels surplus
issus des bénéfices réalisés par ces IMF ou par les
bailleurs de fonds. C'est d'ailleurs l'absence ou l'insuffisance de ces actions
sociales qui crée la confusion entre les IMF et les usuriers, ces
derniers s'enrichissant sur le dos des populations pauvres sans aucune
assistance de leur part.
Il faut aussi dire que certains adhérents se trouvent
parfois confrontés à certains problèmes qui les paralysent
totalement dans leurs activités. Il faut que
dans des cas pareils, les IMF étudient leurs cas et leurs
proposent de nouveaux plans de relance de leurs activités.
L'assouplissement des conditions d'octroie des crédits
peut aussi encourager la population à en demander davantage. Si
nécessaire, faut-il encore que le montant du dépôt
préalablement demandé dans le compte du client soit revu à
la baisse. Toutefois il est important que l'étude des dossiers de
demande des crédits soit faite minutieusement.
Il serait aussi intéressant que les IMF proposent si
possible des services de crédit comparables au « prêt
islamique » en France ou en Grande-Bretagne. En effet, concernant les
prêts pour l'acquisition de biens immobiliers par exemple, le «
prêt islamique » consiste donc à ce que
l'établissement du crédit intervienne en qualité de
premier acheteur et de revendeur à l'égard du client. La banque
achète le bien, puis le revend à son client moyennant une marge
bénéficiaire convenue entre les deux parties. Il serait aussi
intéressant que les IMF achètent des marchandises ou même
d'autres biens pour les revendre aux clients selon leurs besoins
préalablement exprimés. Cela permettrait de contourner le
problème de l'intérêt.
Il faut enfin que les IMF initient des études de terrain
pour cerner les réalités des choses auprès des populations
bénéficiaires de leurs services.
+ A l'endroit des populations :
D'abord, à travers les divers entretiens avec les
différents acteurs, nous avons remarqué que la femme,
malgré les diverses charges familiales qui sont la siennes, reste
souvent sous le joug de son mari. Ainsi, il faut que les gardiens des us et
coutumes d'une part et les autorités religieuses d'autre part renforcent
le pouvoir de la femme vue les responsabilités qui lui sont
attribuées et par là, lui permettent de s'auto-promouvoir
économiquement et culturellement (scolarisation de la jeune fille ou
alphabétisation de la femme par exemple).
Ensuite, il faut que les populations brisent le carcan
religieux qui les empêche de demander du crédit et le fassent
effectivement. Rappelons que le crédit est un puissant vecteur
d'augmentation du chiffre d'affaire des individus et par là, il leur
permet d'augmenter leurs revenus. Toutefois, ils peuvent de manière
consensuelle demander des prêts sans intérêt (ce qui parait
difficile) ou même avec des taux d'intérêt très
faibles.
Il est aussi important que les populations diversifient leurs
secteurs d'activité. « Il n'y a pas de sot métier »
dit-on souvent. Ce qui est plus important, c'est de savoir bien gérer
les activités. Cela peut aussi être l'une des solutions au
problème de la mévente.
Enfin, il serait profitable aux populations elles-mêmes
de dévoiler le vrai objet du crédit qu'elles demandent. En effet,
la connaissance du vrai objet du crédit à octroyer permet aux
mutuelles d'octroyer des crédits convenables à leurs objets. Cela
peut les aider à mieux gérer ces crédits et à en
profiter au maximum.
CONCLUSION
Au départ, nous nous sommes fixé comme objectif
dans ce travail de mesurer les changements socio-économiques intervenus
dans la vie des populations dans la préfecture de Tchaoudjo après
avoir bénéficié des services des IMF notamment les
crédits reçus. Pour y parvenir, nous avions émis des
hypothèses que nous nous sommes proposé de vérifier.
Ainsi, notre travail a constitué à
étudier l'apport de la micro finance dans l'amélioration des
conditions de vie des populations dans le milieu. En effet, la
préfecture de Tchaoudjo se situe dans la région centrale du Togo
; la deuxième région la plus pauvre du Togo avec 82,2% de la
population vivant dans la pauvreté et 63,9% de celle vivant dans
l'extrême pauvreté.42 Pourtant la réduction de
la pauvreté et de l'extrême pauvreté figure parmi les 8
OMD. Adoptant la Déclaration du millénaire au cours de
l'Assemblée Générale des Nations Unies de Septembre 2000,
le Togo s'était engagé à atteindre ces objectifs du
millénaire pour le développement (OMD). Un rapport national sur
les OMD a été préparé et validé au cours
d'un séminaire national tenu en Octobre 2003 et adopté par le
Gouvernement en Mars 2004 pour informer le grand public et les décideurs
des progrès dans le sens de la réduction de la pauvreté.
Selon ce rapport, à moins que des efforts particuliers soient faits en
termes d'investissements par le pays et d'engagements de la part des bailleurs
de fonds, le Togo ne serait en mesure de réaliser aucun des OMD d'ici
à l'horizon 2015. Il est donc préoccupant de s'intéresser
aux voies et moyens pouvant contribuer à la réduction de la
pauvreté et de l'extrême pauvreté au Togo ; et par
là, notre étude trouve toute sa pertinence et son utilité.
Les résultats de cette étude sont assez satisfaisants quoiqu'ils
ne soient pas exempts de réserves, certaines réponses fournies
par nos enquêtés devant être prises avec des pincettes.
D'ailleurs, GHIGLIONE (R) et MATALON (B) affirment dans
42 Togo : DSRP intérimaire, Juin 2004, p.11
Enquêtes sociologiques, théorie et pratique, que
« Lorsque la question porte sur une opinion(...), rien n'assure que cette
opinion existe effectivement même pas le fait que la personne ait
répondu à la question. Non seulement certaines personnes
interrogées peuvent n'avoir jamais réfléchi au
problème dont il est question (donc ne pas avoir vraiment d'opinion
à ce propos), mais il se peut aussi que leur manière de concevoir
le thème soit toute différente de celle qui sous-entend et qui a
orienté sa formulation... »43
Cependant, les résultats que nous avons obtenus
à l'issue de notre étude nous permettent de réaffirmer que
la microfinance contribue effectivement à l'amélioration des
conditions de vie des populations dans la préfecture de Tchaoudjo du
fait que non seulement les montants des crédits que les mutuelles
accordent aux demandeurs sont consistants, mais aussi la plupart des
remboursements de ces crédits se font souvent à temps(même
s'il ya de légers retards) et à cause aussi des autres services
tant financiers et non financiers qu'elles leur proposent. La consistance du
crédit est tributaire de sa force à augmenter la capacité
du bénéficiaire à mieux accroître ses revenus. Elle
doit aussi contribuer à aider, ou mieux à former le
bénéficiaire à bien gérer ses activités et
par là les bénéfices générés par
celles-ci. C'est là son rôle le plus fondamental. Même si le
crédit n'est pas une fin en soi, il permet infailliblement «
d'améliorer les conditions de vie et le bien-être des habitants
d'un pays, de les libérer de l'esclavage que représente une lutte
quotidienne pour la survie »44. De plus, la bonne gestion des
activités suppose l'investissement dans un domaine productif
(directement ou indirectement). Quant au remboursement des prêts à
temps, disons qu'il est la conséquence non seulement de
l'efficacité de l'action de la mutuelle, mais aussi de la prise de
conscience des clients de la nécessité de mieux gérer
leurs activités. Unanimement, les populations, qu'elles aient
reçus
43 GHIGLIONE R. et MATALON B. , Enquêtes
sociologiques, théorie et pratique, Paris, Armand-Collin, 1976, p.17
44 Nations Unies : L'économie mondiale, publié par
le département de l'information des Nations Unies, New York, 1990,
p.85.
du crédit ou pas, reconnaissent que leurs mutuelles
leurs ont permis d'améliorer leurs conditions de vie. On peut à
cet effet qualifier volontiers la micro finance de « surveillance sociale
» en ce sens qu'elle aide les bénéficiaires de ses services
à s'auto promouvoir sur les plans social, économique et
même culturel sans pour autant recourir nécessairement aux moyens
les plus contraignants.
Rappelons également que des efforts ont
été faits et sont en train d'être faits pour exposer le
vrai visage des IMF dont l'image est souvent perçue d'un mauvais oeil.
Désormais, il faut dire que la stratégie participative des IMF
est une opportunité de prise en charge des populations qui deviennent
des acteurs de leur propre développement et non des assistés.
Notre étude se veut tout simplement une prise de
conscience sur la question de la lutte contre la pauvreté. Certes, cette
question ne concerne pas seulement l'autorité politique (qui est bien
sûr le premier responsable), mais c'est aussi l'apanage des chercheurs et
même de tous les acteurs sociaux. En ce sens, notre travail constitue
également un cri d'alarme lancé vers tous les acteurs sociaux en
vue de développer des stratégies pour éradiquer le
fléau de la pauvreté.
Pourrions-nous d'ailleurs prétendre épuiser tout
ce sujet lorsque la population de notre étude constitue un
échantillon des adhérents des IMF dans la préfecture de
Tchaoudjo ? C'est dire que notre échantillon est loin de refléter
toutes les réalités de la population de notre milieu
d'étude ou même de celle qui bénéficie des services
des IMF.
Nos résultats et conclusions ne sauraient donc
évacuer l'étude sur le rôle des IMF dans la lutte contre la
pauvreté, mais ouvrent la brèche à d'autres études
qui enrichiraient davantage ce débat. C'est d'ailleurs l'objectif
central de toute étude scientifique.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages spécifiques
1- CONDE K. et al, Etudes socio-anthropologique sur le
fonctionnement interne du crédit rural de Guinée, CRG,
1999.
2- GENTIL D. et al., Microfinance : Orientations
méthodologiques, Commission Européenne, 2002
(2ème édition).
3- BOYE S. et al., Le guide de la microfinance,
microcrédit et épargne pour le développement,
éditions d'organisation, 2006.
4- YUNUS M., Vers un monde sans pauvreté,
Jean-Claude Lattrès, 1997.
5- GENTIL D., Les mouvements coopératifs en Afrique
de l'Ouest, édition Karthala, 1986.
6- IRAM Collection, Islam et microfinance en Afrique
sub-saharienne : éléments pour une étude comparée,
IRAM, Paris, 2001.
Revues et rapports
1- BAUMANN E., << Microfinance et gestion de la
vulnérabilité en Afrique sub-saharienne, passé et
présent », ADA Dialogue, N°33, Juin 2004.
2- FORESTIER P., << Les enjeux de la microfinance : quel
rôle spécifique pour le financement rural et agricole »,
Horizons Bancaires, N°326, 2005.
3- LAFOURGADE A-L., ISERN J., MWANGI P., BROWN M., <<
Etude sur la portée et les performances financiers des institutions de
microfinance en Afrique », MIX, 2005.
4- TOGO, Document Intérimaire de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DISRP), Juin 2004.
5- BANQUE MONDIALE, Togo : sortir de la crise, sortir de la
pauvreté, BM, Rapport novembre, 1996.
6- NGUYEN G., Mobilisation de l'épargne par les
Systèmes Financiers Décentralisés, bimensuel,
N°23, Novembre 1999.
7- BANQUE MONDIALE, Faire reculer la pauvreté en Afrique
subsaharienne, résumé analytique, BM, 1994.
8- PNUD, Rapport mondial sur le développement humain,
2005.
9- Atlas du développement régional du Togo,
2005.
10-BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le
monde, l'état dans un monde en mutation, Washington, 1997.
10- IVATURY G., ABRAMS J., « Débouchés pour
les fonds d'investissement en microfinance », KfW Financial sector
development. Symposium Microfinance Investment Funds, Berlin, novembre
2004.
Ouvrages de méthodologie
1- DURKHEIM E., Les règles de la méthode
sociologique, Paris, PUF, 10ème édition, 1972.
2- GURVITCH, G., Vocation actuelle de la sociologie,
Paris, PUF, 1950.
3- GHIGLIONE R. et MATALON B., Les enquêtes
sociologiques, théorie et pratique, Paris, Armand Collin, 1978.
4- GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales,
2001, 11ème édition.
Webographie :
1-
www.cgap.org
2-
www.iram-fr.org
3-
www.microfinance.tg
4-
www.microfinance.lu
5-
www.lamicrofinance.org
6-
www.yearofmicrofinance.org
7-
www.franconet-canada.org
8-
www.hdr.undp.org
9-
www.lamicrofinance.org
ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire et guides d'entretien
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE N° /2010
LOCALITE : PREFECTURE DE TCHAOUDJO
MUTUELLE :.........................
Madame, monsieur, la présente enquête
s'inscrit dans le cadre de notre mémoire de maîtrise en
sociologie. A travers ce questionnaire, nous souhaiterions obtenir des
informations sur votre pratique de l'épargne-crédit, les
changements qu'elle a apportés dans vos conditions de vie et vos
opinions sur les prestations de service de vos mutuelles. Ce questionnaire est
anonyme et les réponses resteront strictement confidentielles. A chaque
question, il y a une ou plusieurs réponses. Pour répondre, vous
encerclez le chiffre correspondant à votre réponse. Lorsque vous
rencontrez une question à plusieurs réponses, vous choisissez une
ou des réponses que vous croyez être ce que vous pensez ou que
vous faîtes ou encore ce que vous savez.
Merci d'avance pour votre disponibilité et votre
attention.
SECTION I : IDENTIFICATION DES ENQUETES
N° d'ordre
|
Question et filtres
|
Modalités et codes
|
Passer à
|
Q 101
|
Sexe (notez le sexe sans demander
|
- Masculin.......................1
|
|
|
|
- Féminin........................2
|
|
Q 102
|
Quel âge avez-vous ?
|
-/....../ ans
|
|
|
|
- Commerçant ...................1
|
|
|
|
- Menuisier.......................2
|
|
|
|
- Mécanicien......................3
|
|
Q 103
|
Quel est votre profession ?
|
- Boucher.........................4
|
|
|
|
- Couturier (e)...................5
|
|
|
|
- Cordonnier.....................6
|
|
|
|
- Coiffeur.........................7
|
|
|
|
- Autres (à préciser)............8
|
|
Q 104
|
Quel est votre état matrimonial ?
|
- Célibataire.....................1
|
|
|
|
- Marié (e)........................2
|
|
|
|
- Veuf (ve).......................3
|
|
Q 105
|
Avez-vous des enfants ?
|
- Oui..............................1
|
|
|
|
- Non.............................2
|
Q107
|
|
|
- 1 à 2.............................1
|
|
Q 106
|
|
Combien ?
|
- 3 à 4..2 - 5 à
6.............................3 - 7 à
plus.........................4
|
|
Q 107
|
|
Quel est votre niveau d'instruction ?
|
-Primaire.........................Secondaire.......................Supérieur........................Non
scolarisé(e).................
1
2
3
4
|
|
|
|
SECTION II : FINANCEMENT DES
|
ACTIVITES ECONOMIQUES ET
|
|
EVALUATION
|
DES REVENUS
|
Q201
|
|
Quelles étaient vos sources de
financement avant votre adhésion à la mutuelle ?
|
- Tontine
- Parent ou ami
- Epargne traditionnelle
|
|
|
|
|
|
- Autre (à Préciser)
|
|
|
|
|
|
- Protéger votre argent..........
1
|
|
|
Q202
|
|
Qu'est ce qui vous a motivé à
|
- Obtenir facilement
|
|
|
|
|
épargner de l'argent ?
|
un crédit..........................
2
|
|
|
|
|
|
- Bien gérer les activités........
|
3
|
|
|
|
|
- Autres (à préciser) ............
4
|
|
|
|
|
|
- 1 à 3 mois.....................
1
|
|
|
Q203
|
|
Depuis combien de temps avez-
|
- 4 à 6 mois.....................
2
|
|
|
|
|
vous adhéré à votre mutuelle ?
|
- 7 à 9 mois.....................
3
|
|
|
|
|
|
- 10 à 12 mois..................
4
|
|
|
|
|
|
- Plus d'un an..................
5
|
|
|
Q204
|
|
Combien de fois avez-vous
|
- 1 à 2 fois.......................
1
|
|
|
|
|
demandé du crédit ?
|
- 3 à 4 fois.......................
2
|
|
|
|
|
|
- 5 fois et plus..................
3
|
|
|
Q205
|
|
Combien de fois en avez-vous
|
- 1 à 2 fois.......................
1
|
|
|
|
|
bénéficié ?
|
- 3 à 4 fois.......................
2
|
|
|
|
|
|
- 5 fois et plus..................
3
|
|
|
Q206
|
|
Ce nombre de crédits obtenu vous
|
-Oui..............................
1
|
|
Q208
|
|
|
a-t-il permis d'augmenter vos
revenus ?
|
-Non..............................
2
|
|
|
|
|
|
- Mévente........................
1
|
|
|
Q207
|
|
Pourquoi ?
|
- Emiettement du capitale.....
|
2
|
|
|
|
|
- Capital insuffisant............
3
|
|
|
|
|
|
- Autres (à préciser)............
4
|
|
|
Q208
|
A combien sont évalués vos
bénéfices par jour ?
|
- Moins de 1 000F~~~~..1 - Moins de 2 000F~~~~..2 - Moins de 3
000F..............3 - Moins de 4 000F..............4 - Moins de 5
000F..............5 - Moins de 10 000F.............6 - 10 000F et
plus................7
|
|
SECTION III : UTILISATION DES RE
|
VENUS ET RETOMBEES SOCIALES
|
|
Q301
|
Que faites-vous avec les revenus générés par
vos activités ?
|
- Soins de santé.................1 - Scolarité et
apprentissage
des enfants.......................2 - Alimentation et
habillement.3 -Accroissement du capital......4 -
Loyer...........................5 - Autre à
préciser...............6
|
|
Q302
|
Comment trouvez-vous votre
situation actuelle après avoir eu le crédit ?
|
- Meilleure.......................1 -
Acceptable.....................2 -
Dégradée........................3 - Autres (à
préciser).............4
|
|
Q303
|
Avec la mutuelle vos besoins
sont-ils satisfaits ?
|
- Totalement....................1 -
Moyennement................2 - Pas du tout....................3
|
|
Q304
|
Le recours aux services de la mutuelle a-t-il entrainé
un changement dans vos conditions de vie ?
|
- Oui..............................1
- Non.............................2
|
Q306
|
Q305
|
De quelles manières ?
|
- Autonomie financière ......1 - Amélioration de
l'état
de santé de la famille.........2 - Améliorations
des
conditions alimentaires......3 - Meilleure scolarisation
des enfants.....................4 - Création
d'emploi...........5 - Diversification des
activités de revenue...........6 - Acquisition de bien
matériel..........................7 - Augmentation des revenus..8 -
Autre (à préciser).............9
|
|
Q306
|
Pourquoi ?
|
- Dépendance vis-à-vis
de la mutuelle
financièrement..................1 - Revenus toujours
inchangés.2 - Revenus modestes............3 - Revenus ne permettant pas
de diversifier les activités ........4 - Autre (à
préciser).............5
|
|
SECTION IV : APPRECIATION DE LA
|
POPULATION BENEFICIAIRE DES PAR LES IMF
|
SERVICES OFFERTS
|
Q401
|
Quelles sont les conditions que vous avez remplies avant
d'avoir le crédit ?
|
- Epargne........................1 - Présentation d'une
caution. 2 - Présentation d'une garantie.3 - Autre (à
préciser).............5
|
|
Q402
|
Comment trouvez-vous ces
conditions ?
|
- Compliquées..................1 -
Abordables.....................2 - Simples.........................3
|
|
Q403
|
Comment trouvez-vous le taux d'intérêt qui vous est
appliqué ?
|
- très élevé.......................1 -
Assez élevé....................2 - Peu
élevé......................3 -Ne sait
pas.....................4
|
|
Q404
|
Que pensez-vous du montant des crédits dont vous
bénéficiez ?
|
- Très insuffisant..............1 - peu
insuffisant...............2 - Suffisant......................3
|
|
Q405
|
Comment trouvez-vous le délai de remboursement des
crédits ?
|
- Normal........................1 -
Court...........................2
|
|
Q406
|
Votre mutuelle répond-t-elle à vos besoins en
matière de crédit ?
|
- Oui..............................1 -
Non.............................2
|
|
Q407
|
Comment trouvez-vous le
comportement du personnel de la mutuelle ?
|
- Correct.........................1 -
Reprochable..................2
|
|
Q408
|
Que pouvez-vous dire du
comportement des agents de terrain de votre mutuelle ?
|
- Correct.........................1 -
Reprochable..................2
|
|
Guide d'entretien individuel destiné au
directeur de la mutuelle
1- Parlez-nous de l'historique de la mutuelle -les conditions de
sa création
-objectifs
-mode de fonctionnement (moyens d'action)
2- Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites
face dans vos prestations de service?
3- Dites nous comment vous pensez y remédier : (avec
quels moyens ? ; êtesvous assistés par les
bénéficiaires ?)
-
4- Comment jugez-vous les résultats obtenus par rapport
à vos attentes ?
5- Parlez nous des innovations à venir
Guide d'entretien individuel destiné au
responsable du service renseignements et adhésions
1-Quels sont les différents services qu'offre votre
institution ?
2-Quelles sont les conditions d'adhésion de la mutuelle ?
> Adhérent simple
> Adhérent membre
3-Faites-nous la situation des adhésions de la mutuelle
depuis 2008.
> Nombre total des adhérents > Nombre total des
tontiniers > Nombre total des membres
4-Quelles stratégies employez-vous pour atteindre votre
population cible ?
-Quelle est cette population cible ? -Pensez-vous l'avoir
atteinte ?
Guide d'entretien individuel destiné au
responsable de la direction d'exploitation
1-Parlez-nous de l'organisation de l'épargne au sein de
votre institution depuis 2008 > Mobilisation de l'épargne
> Différentes sortes de dépôts > Les
taux en vigueur
2-Quelles sont les conditions d'octroie de crédits ?
3-Depuis 2005, combien de demandes de crédits vous
sont-elles adressées ?
4-Combien sont satisfaites ?
- Pourquoi pas toutes ?
- Y a-t-il pas d'autres moyens pour y parvenir ?
- Quelles stratégies pour l'avenir en matière de
satisfaction des demandes de crédits ?
5- Combien de bénéficiaires de crédits
ont-ils pu rembourser ? -combien n'ont pas pu rembourser ? (cas de retard, cas
de fuite du bénéficiaire, cas d'incapacité).
-Pourquoi cette incapacité à rembourser ?
6- Quelles mesures pensez-vous prendre pour palier à ces
problèmes ?
Annexe 2- CARTE DE LA PREFECTURE DE TCHAOUDJO.
Sources : Préfecture de Tchaoudjo /
Région Centrale
Table des matières
SOMMAIRE.............................................................................ii
DEDICACE..............................................................................iii
REMERCIEMENTS....................................................................iv
SIGLES ET
ACCRONYMES.........................................................vi
LISTE DES
TABLEAUX.............................................................vii
INTRODUCTION........................................................................1
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
DE
L'ETUDE....................................................
.............................6
CHAPITRE 1 : CADRE
THEORIQUE..............................................7
1-1-Justification du choix du sujet .......................................
....7 1-2-Revue de la litterature...
............................................. ... 9 1-2-1- Genese et evolution
des IMF..............................................9 1-2-2- Principes
clés de la microfinance .......... .............................15
1-2-3- Les objectifs de la
microfinance........................................20 1-2-4- La microfinance
et les OMD............................................22 1-2-5- Microfinance et
pauvrete................................................26 1-2-6- Les obstacles
que rencontre la microfinance en Afrique............34
CHAPITRE 2 : PROBLEMATIQUE 43 2-1-
Position du probleme... ...................................................43
2-2- Les objectifs de la
recherche.............................................45 2-3-Les
hypothèses de la recherche............... ............................46
2-4- Analyse des
concepts......................................................46 2-5-
Modèle
d'analyse.........................................................52
DEUXIEME PARTIE : CADRE PHYSIQUE ET
METHODOLOGIQUE
DE
L'ETUDE...........................................................................54
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE DE
L'ETUDE................................................................................55
3-1-Historique de la préfecture de
Tchaoudjo................................55
3-2-Présentation géoclimatique et
démographique de la préfecture de
Tchaoudjo..........................................................................56
3-3- Aperçu socio-
politique.....................................................57 3-4-
Activités socio-
économiques.............................................59
CHAPITRE 4 : LA METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE...........................................................................61
4-1-La recherche documentaire.....................
............................61
4-2- L'univers d'enquête et l'échantillonnage ..
.............................62
4-2-1-L'univers
d'enquête......................................................62 4-2-2-
L'échantillonnage........................................................63
4-3- Les instruments
d'investigation...........................................64 4-3-1- La
recherche quantitative................................................65 4-3-2-
La recherche qualitative..................... ............................66
4-4- Déroulement de
l'enquête.................................................67 4-5- Les
difficultés
rencontrées..................................................68
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES
ET
INTERPRETATION DES RESULTATS ............
.............................71
CHAPITRE 5 : ANALYSE DES DONNEES 72
5-1 : IDENTIFICATION DES
ENQUETES.......................................72 5-2 :
FINNCEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES ET EVALUATION DES
REVENUS....................................................75
5-3: UTILISATION DES REVENUS ET RETOMBEES
SOCIALES......................... 81 5-4 :
APPRECIATION DE LA POPULATION BENEFICIAIRE DES SERVICES OFFERTS PAR LES
IMF.............................................86
CHAPITRE 6 : INTERPRETATION DES
RESULTATS~~~~~~..90 6-1-Le profil socio-démographique et
professionnel des adhérents des IMF~.90 6-2- L'importance de la
consistance du montant des crédits pour une
efficience..................................................................................93
6-3- La microfinance, un outil efficace pour l'amélioration des
conditions de vie
despopulations...........................................................................97
RECOMMANDATIONS............................................................101
CONCLUSION.........................................................................104
BIBLIOGRAPHIE 107
ANNEXES..............................................................................110
TABLE DES MATIERES 117
|