CONCLUSION GENERALE
Les pays de la zone CEMAC sont inscrits dans une dynamique
mondiale comportant plusieurs facettes, les unes tout aussi importantes que les
autres. L'une des facettes concerne la croissance et le développement. A
cet effet, des objectifs ayant pour horizon l'an 2015, ont été
définis par les institutions internationales. L'objectif principal est
alors la réduction de moitié de la pauvreté d'ici à
2015. La croissance ou mieux le développement des pays concernés
constitue un moyen d'aboutir à la réalisation de cet objectif.
L'autre axe concerne la consolidation et l'optimisation de la zone CEMAC qui
passe par la libre circulation des biens et des personnes à
l'intérieur de la zone, la promotion du commerce intra-zone, le
renforcement de la convergence des politiques économiques et des
indicateurs macroéconomiques, la stabilité
politico-économique des pays, etc.... C'est dans ce
contexte que s'inscrit cette étude relative au lien
politique monétaire- croissance économique.
Quant à l'intérêt d'une
telle étude, il peut s'observer à trois niveaux :
théorique, pratique et celui de la politique économique.
Au niveau théorique, il s'agit de ressortir l'influence
des variables monétaires et financières sur les variables
réelles ; de montrer l'importance, voire la place centrale de politique
monétaire pour tout objectif de croissance économique.
L'intérêt à ce niveau est aussi de revisiter la
théorie relative à l'impact de la politique monétaire sur
l'activité économique dans son évolution afin de faire
ressortir l'enjeu d'une telle étude. Lequel enjeu réside dans la
mise en place de règles de politiques économiques
communautaires.
Au niveau pratique, cette étude se veut un
complément remarquable dans l'analyse de l'influence de la politique
monétaire sur la croissance économique en zone CEMAC. Ceci
grâce à l'approche méthodologique utilisée.
Au niveau de la politique économique, cette recherche
pourra fournir aux décideurs de politique économique et plus
particulièrement aux autorités en charge des questions
monétaires et financières, un élément
d'appréciation sur la politique monétaire menée par la
BEAC depuis les reforme des années 1990. Afin de pouvoir
éventuellement faire des ajustements en vue de soutenir les politiques
économiques générales des Etats membres sans
préjudice de l'objectif de stabilité monétaire que s'est
fixé cet institut d'émission.
La question principale de la présente
étude est la suivante : quel est l'impact de la politique
monétaire sur la croissance économique en zone CEMAC ?
L'objectif poursuivi de manière générale,
est d'évaluer l'impact de la politique monétaire sur la
croissance économique dans la sous région CEMAC. Dans la
littérature, il existe plusieurs manières de rendre compte des
caractéristiques de la relation politique monétaire-croissance.
On peut évoquer la linéarité ou
non, la négativité ou non, la causalité,
la neutralité à long terme ou non. Une seule étude ne
suffirait pour prendre en compte toutes ces préoccupations.
Afin d'atteindre l'objectif ci-dessus, nous procédons
par la méthode généralisée des moments (GMM)
appliquée à un panel dynamique selon le model utilisé par
Beck, Levine et Loayza (1999) ensuite une analyse en données de panel
est utilisée pour estimer une équation de croissance
dérivée d'une version modifiée du modèle de Grauwe
et Polan (2005). Les calculs sont effectués pour les six pays de la
CEMAC sur la période 1986-2006. En ce qui concerne les méthodes
d'inférence, il ressort des tests qu'il n'y a pas d'effets fixes dans la
zone CEMAC. Toutefois, quels que soient la méthode adoptée et le
modèle employé, le résultat reste le
même. La politique monétaire axée sur le rôle
joué par les agrégats nominaux de monnaie et de crédit a
une influence négative sur la croissance économique en zone
CEMAC. L'inflation a quant à elle une influence négative et non
significative sur la croissance économique. Même si nous rejetons
l'hypothèse forte que la politique monétaire a un impact positif
direct sur la croissance économique. Les différentes analyses
théoriques et les estimations faites dans le cadre de cette étude
nous amènent à envisager un impact mitigé de la politique
monétaire sur la croissance économique.
Les perspectives engendrées par cette
étude sont de trois ordres. Aux niveaux théorique et empirique,
cette étude n'a pas conduit à un consensus. Cependant, c'est un
apport de plus pour l'Afrique et la zone CEMAC en particulier. Pour ce qui est
de la recherche, cette étude ouvre de nouveaux horizons au sein de
l'Afrique centrale et à l'intérieur de la zone Franc. Il est
aussi possible de tester nos résultats en se servant d'une autre
méthode de calcul ou d'une approche différente.
A partir de là, quelques propositions de politiques
économiques peuvent être faites. De manière
générale, ces propositions concernent les deux principaux aspects
de la politique économique en économie ouverte, à savoir
les relations avec l'extérieur, d'une part, et les conditions
économiques d'autre part. concrètement, nous proposons une
maîtrise des tensions inflationnistes dans la sous-région. Ensuite
nous suggérons une discipline budgétaire accrue. Enfin, nous
suggérons le renforcement de l'efficacité de la politique
monétaire notamment avec un accent sur le soutien à
l'activité économique dans la sous-région.
Quant à l'extérieur, il serait
intéressant de promouvoir les exportations. Afin de faire entrer les
devises dans nos pays ce qui permettrait d'assurer une couverture
extérieure suffisante de la monnaie émise par la BEAC.
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