1 RESUME
En vue de contribuer à l'amélioration de la
lutte contre le paludisme, nous avons mené des investigations sur base
d'un questionnaire, auprès de 447 ménages portant sur leurs
connaissances, leurs attitudes et leurs pratiques en matière des
activités de lutte contre le paludisme dans la Zone de Santé de
Kisanga, à Lubumbashi.
Spécifiquement, 29,75% des ménages n'ont pas de
moustiquaires imprégnées d'insecticide (MII) dont la couverture
opérationnelle est de 35,29%. Seulement 16,09% des enfants de moins de 5
ans et 47,14% des femmes enceintes dorment régulièrement sous la
MII. La possession des MII est significativement associée avec la
profession des chefs de ménages, et avec la présence des femmes
enceintes. Dans 86,25% des ménages les petits enfants fébriles
ont été traités dans les 48 heures du début de la
fièvre. Le médicament le plus prescrit en première
intention est la quinine (57,65%), aux dépens de l'ACT (3,85%). Dans les
ménages où l'ACT n'a jamais été prescrite, on
évoque que les prestataires de soins ne la prescrivent pas (73,14%), ou
les malades refusent de la prendre à cause de ses effets secondaires
(20,74%), ou encore, le ménage manque d'argent pour l'acheter (6,12%).
Seulement 4% des femmes enceintes ont reçu au moins 2 doses de SP au
cours de leur dernière grossesse. Enfin, seulement 14% des
ménages participent aux activités d'assainissement du milieu.
D'une manière générale, 58% des ménages ont de
bonnes connaissances, 71% ont de bonnes attitudes, et seulement 28% ont de
bonnes pratiques. Les interviewées informées par l'IT ou le RECO
ont meilleures connaissances ; par contre, il n'y a pas d'association
significative entre les connaissances et le niveau d'études. Sur base de
ces informations, un programme éducationnel s'avère indispensable
en vue de renforcer les connaissances des ménages et leur faire adopter
de meilleures attitudes et pratiques.
Mots clés : Activités de lutte, paludisme,
connaissance, attitudes, pratiques, ménages
2 Chapitre 1. INTRODUCTION 1.1. ETAT DE LA
QUESTION
Le paludisme est une maladie parasitaire causée par un
protozoaire du genre Plasmodium transmis à l'homme par piqüres des
moustiques femelles infestés du genre Anophèle; il constitue la
maladie parasitaire la plus importante des êtres humains (Kasper D. et
coll., 2005).
Le paludisme trouve son étiologie dans quatre genres de
plasmodium: le Plasmodium falciparum, le Plasmodium vivax, le Plasmodium ovale
et le Plasmodium malariae. Le Plasmodium falciparum est responsable de 74% des
cas de paludisme dans le monde, c'est également lui qui est
associé à la forme la plus grave de cette maladie. (WHO,
2005).
On estime que 3,3 milliards de personnes étaient
exposées au risque de paludisme en 2006. Sur ce total, 2,1 milliards
couraient un risque faible (moins d'un cas signalé pour 1000 habitants)
et vivaient pour 97 % ailleurs qu'en Afrique. Au nombre de 1,2 milliard
restants, les personnes exposées à un risque élevé
(au moins un cas pour 1000 habitants) vivaient en majorité dans les
Régions africaines (49 %) et de l'Asie du Sud-est (37 %). 190-311
millions d'épisodes de paludisme ont été
enregistrés en 2008 dont 85% des cas en Afrique. 80% des cas
notifiés en Afrique se retrouvaient dans 13 pays, et plus de la
moitié au Nigéria, en RDC, en Ethiopie, en Tanzanie et au Kenya.
On estime entre 708.000 et 1.003.000, le nombre de décès par
paludisme en 2008, dont 89 % ont eu lieu en Afrique, 6% dans la région
méditerranéenne et 5% en Asie du Sud-est. 85 % des cas de
décès concerne les enfants de moins de cinq ans (WHO, 2009).
Particulièrement en RDC, un taux de mortalité spécifique
de 158/100000 a été attribué au paludisme en 2006 (WHO,
2010).
Le paludisme constitue donc un problème majeur de
santé publique en RDC (Anonyme, 2008) où il se situe toujours au
1er rang des affections meurtrières. À titre
indicatif, les enquêtes menées à Kinshasa par le PNLP en
2001 dans sept zones de santé (ZS) ont montré que le paludisme
était responsable de 59 % des motifs de consultations externes chez les
enfants de moins de 5 ans, 48 % des hospitalisations chez les enfants de moins
de 5 ans, 37 % des décès survenus chez les moins de 5 ans en
hospitalisation, 41 % des motifs de consultations externes chez les femmes
enceintes, 54 % des hospitalisations chez les femmes enceintes.
Le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) de la
RDC a fait siennes les stratégies pour le contrôle de paludisme
telles que proposées par l'OMS à travers l'Initiative
« Faire Reculer le Paludisme » en 1998, et
adoptées par les pays africains en 2000 à Abuja (PNLP, 2007). Ces
stratégies se résument en quatre axes qui sont :
- La lutte anti vectorielle intra et péri domiciliaire
grâce à des méthodes appropriées de protection
individuelle et collective notamment par les MII, l'épandage
intradomiciliaire d'insecticides rémanents, la destruction des
gîtes larvaires et l'aménagement de l'environnement ;
- Le traitement préventif intermittent (TPI) chez les
femmes enceintes ;
- La prise en charge précoce (dans les 48 heures
suivant le début de la fièvre) et efficace des cas du paludisme
à tous les niveaux de la pyramide sanitaire par utilisation des
associations médicamenteuses à base d'artémisinine (ACT)
pour les cas de paludisme simple, et utilisation de la quinine en
deuxième intention et pour les cas de paludisme compliqué et
grave.
- La préparation et la riposte aux épidémies
dues au paludisme.
En 2007, à travers le Plan Mondial d'Action contre le
Paludisme, les Nations Unies, l'Assemblée Mondiale de la Santé et
l'initiative « Faire Reculer le Paludisme » avaient-elles
formulé des objectifs logiques pour la couverture en interventions et
des objectifs d'impact pour 2010 et 2015: La couverture des populations
à risque devrait atteindre au moins 80% à la fin de 2010 pour les
trois interventions-clés: MII, traitement précoce du paludisme
avec les antipaludéens efficaces et TPI de la femme enceinte (RBM, 2008)
; les objectifs d'impact globaux étant une réduction de la
morbidité et de la mortalité palustres d'au moins 50% entre 2000
et 2010, et d'au moins 75% en 2015 (OMS, 2009). Mais ces objectifs,
d'après le Rapport de l'OMS sur la situation du paludisme dans le monde
pour l'année 2009, restent encore bien loin à approcher car des
108 pays d'endémie paludéenne, seuls 13 petits pays ont pu les
réaliser, mais leur effort se dilue dans les nations les plus
peuplées comme la RDC.
La mise en oeuvre des activités pour atteindre ces
objectifs exige beaucoup de ressources, et même si le FRP a pu mobiliser
en 2009 des fonds à la hauteur de 1.700.000.000 $US - alors que ceux
mobilisés en 2003 étaient seulement de 300.000.000 $US - pour
financer ces activités dans les pays endémiques, les
contributions de gouvernements nationaux restent faibles et sont difficiles
à établir (OMS, 2009). Ainsi, par exemple, la part
réservée au secteur de santé par le Gouvernement Congolais
dans le budget varie autour de 4,69%, avec un taux
d'exécution de 46,8%, représentant en
définitive seulement 2,19% du budget national entre 2003 et 2006 (PNLP,
2007).
Les dépenses domestiques pour le paludisme ont
augmenté dans beaucoup de pays du monde, bien qu'il ait pu y avoir des
baisses entre 2007 et 2008. En RDC, pays où 59,2% de la population vit
avec moins de 1 $US par jour et où la moyenne du revenu personnel annuel
est de 290 $US (OMS, 2009) ; le traitement du paludisme grave était
estimé en 2005 dans une étude de Mulumba et Coll., à 95
$US chez un enfant (PNLP, 2007).
Le paludisme affecte la santé et la richesse des pays
et des personnes. Un modèle économétrique du paludisme
suggère que les pays à forte endémie paludéenne ont
des niveaux de revenu représentant seulement 33% de ceux des pays sans
paludisme et la croissance économique annuelle dans les pays de forte
endémie palustre a toujours été inférieure à
celle des pays sans paludisme (WHO, 2004) . Les économistes attribuent
au paludisme un déficit de croissance annuel pouvant atteindre 1,3% dans
certains pays d'Afrique. (WHO, 2005).
Pour asseoir les stratégies de lutte contre le
paludisme, le PNLP en RDC s'appuie sur le système national de
santé, système au sein duquel la zone de santé est
l'unité opérationnelle de planification et de mise en oeuvre de
la politique nationale de santé axée sur la stratégie des
soins de santé primaires (Anonyme, 2006).
Pour atteindre les objectifs de contrôle du paludisme
lui assignés, la ZS qui est un système cohérent devant
répondre aux critères de qualité, recourt à un
réseau des services de santé de premier échelon et
à un hôpital général de référence
(HGR). Cependant, la mise en oeuvre des stratégies pour le
contrôle du paludisme dans un contexte de soins de santé primaires
ne pourrait produire de bons résultats si la communauté (qui
constitue la quatrième structure de la zone de santé après
le BCZ, l'HGR, et les CS) n'est pas associée aux activités qui la
concernent directement. Parlant de la communauté, l'OMS dit : « les
soins de santé primaires mettent les familles et la collectivité
au centre du système de santé. En mettant l'accent sur
l'appropriation à l'échelon local, ils font honneur à la
capacité d'adaptation et à l'ingéniosité de
l'esprit humain et ouvrent la porte à des solutions que les
collectivités créent, s'approprient et entretiennent. »
(OMS, 2008).
Si des études foisonnent en matière de lutte
antipaludique, peu font état des connaissances, attitudes et
pratiques dans les ménages en cette matière, et globalement, la
connaissance serait
évaluée seulement à 50%, les bonnes
attitudes à 77,6% et les bonnes pratiques à 23% selon une
étude menée en 2000 au Bénin, par Kiniffo et Coll.
Qu'en est-il des ménages de la ZS Kisanga ?
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