UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
Faculté des Arts, Lettres
Faculty of Arts, Letters
et Sciences Humaines
and Social Sciences
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Département de Psychologie
Departement of Psychology
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Laboratoire de Psychologie
Experimental and Social Expérimentale et Sociale
Psychology Laboratory
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Environnement psychosocial et attitudes
vis-à-vis de la langue maternelle : le cas des adolescents
balengs de la ville de Yaoundé
Erreur ! Source du renvoi
introuvable.
Mémoire rédigé en vue de l'obtention du
diplôme de maîtrise en psychologie.
Option : psychologie sociale
Par :
Heritt Bertran NEMBOT TATIO
Licencié en psychologie
Sous la direction de:
Dr. George FONKENG EPAH
Chargé de cours, université de Yaoundé
1
Octobre 2007
Je dédie ce travail :
À André TATIO et Anne MENETSE, mes
parents ;
À mes frères et soeurs ;
À Berberie et Barnabé TELLA.
REMERCIEMENTS
Nous exprimons notre gratitude à tous ceux et toutes
celles qui, d'une manière ou d'une autre, nous ont aidé à
réaliser ce mémoire.
Tout d'abord, nous remercions notre directeur de recherche,
Docteur George FONKENG EPAH, pour son assistance avertie, son sens critique et
sa rigueur scientifique. Tout au long du déroulement du
travail, il nous a guidé et a suggéré des pistes
de réflexion.
Nous tenons à remercier également tous les
enseignants du Département de Psychologie qui se sont occupés de
notre formation.
Nous exprimons ici notre gratitude à la SIL
(Société International de Linguistique), qui grâce à
sa riche documentation, nous a permis d'effectuer cette recherche.
De même à tous nos amis et
particulièrement à Martial WAKEU qui nous a beaucoup aidé
au cours de la correction de notre texte.
Nous ne voudrions pas manquer d'adresser ici des remerciements
à Apollinaire TAKOUNGANG pour ses encouragements.
Finalement, des remerciements sincères s'adressent
à notre famille qui nous a soutenu et encouragé pour nous
permettre de réaliser ce mémoire.
Résumé
L'objet de la présente étude a trait au lien qui
existe entre l'environnement psychosocial des adolescents Baleng et leur
attitude négative vis-à-vis de la LM. Elle prend son fondement
sur l'observation des comportements langagiers de ces derniers. Ils manifestent
une certaine gêne lorsqu'ils sont appelés à parler leur
langue maternelle en public. Au regard de ce constat et soucieux d'apporter une
explication, nous avons formulé la question de recherche
suivante : l'environnement psychosocial des adolescents Baleng les
prédispose-t-il à une attitude négative vis-à-vis
de leur langue maternelle ?
Il en découle une hypothèse
générale selon laquelle : l'environnement psychosocial
des adolescents Baleng les prédispose à une attitude
négative vis-à-vis de leur langue maternelle. Pour rendre
opérationnelle cette hypothèse, elle a été
éclatée en quatre hypothèses de recherche qui sont :
HR1 : la manière dont
la langue maternelle est pratiquée au sein de la famille
prédispose les adolescents Baleng à une attitude négative
vis-à-vis d'elle ;
HR2: l'irrégularité
des contacts avec la communauté linguistique prédispose les
adolescents Baleng à une attitude négative vis-à-vis de
leur langue maternelle ;
HR3 : la mauvaise
promotion de la langue maternelle prédispose les adolescents Baleng
à une attitude négative vis-à-vis d'elle ;
HR4 : l'influence
des membres de l'outgroup prédispose les adolescents Baleng à une
attitude négative vis-à-vis de leur langue maternelle.
L'enquête menée à l'aide d'un
questionnaire a permis de recueillir des données auprès d'un
échantillon de 208 sujets au niveau d'étude secondaire obtenu
à travers la méthode d'échantillonnage par réseaux.
Ces données ont été soumises à des analyses
corrélationnelles à partir des tests basés sur
l'indice de corrélation Point-Bisérial (noté
rpb) et celui de Bravais Pearson (noté
rxy).
Nous avons constaté à partir de leurs respectifs que toutes nos hypothèses de recherche ont
été confirmées à un seuil de
significativité.
Ce qui nous a conduit à la conclusion selon laquelle
l'environnement psychosocial des adolescents Baleng les prédispose
à une attitude négative vis-à-vis de leur langue
maternelle.
Abstract
The aim of this study is to explore the possible link which
exists between the psychosocial environment of adolescents of Baleng and their
negative attitude towards their mother tongue. The study takes its foundation
from the observation of the language behaviours of these youths. They express
certain uneasiness when they have to speak their mother tongue in public and,
as such a depreciation of the mother tongue. In regard to this situation and in
an attempt to bring out an explanation, we have asked the following research
question: Does the psychosocial environment of the Baleng
adolescents predispose them to have a negative attitude towards their mother
tongue?
The general hypothesis from this question is as follows:
the psychosocial environment of the Baleng's adolescents predisposes them to
have a negative attitude towards their mother tongue. To render it
operational, this hypothesis was subdivided into four research hypotheses which
are:
RH1: the manner in which the
mother tongue is used within the family predisposes the Baleng adolescent to
have a negative attitude towards it;
RH2: irregularity of contacts with
the linguistic community predisposes the Baleng adolescent to have a negative
attitude towards their mother tongue;
RH3: lack of promotion of the
mother tongue predisposes the Baleng adolescent to have a negative attitude
towards it;
RH4: the influence of members of
the out-group predisposes the Baleng adolescent to have a negative attitude
towards their mother tongue.
Our survey was carried out with a sample of 208 subjects for
secondary level obtained by snowball sampling. We have done correlation
analysis of data through Point-Biseral index (noted rpb)
and Pearson index (noted rxy).
From their respective we have noted that the four research hypotheses have been
confirmed at the level of significance. So, we have concluded that the
psychosocial environment of the Baleng's adolescents predisposes them to have a
negative attitude towards their mother tongue.
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
Tableau 1 :
Estimations et classification du nombre de locuteurs des langues locales au
Cameroun
...........................................................................
.............................19
Tableau 2:
caractéristiques de la motivation intrinsèque et
extrinsèque.........................38
Tableau 3 :
Répartition des sujets selon le
sexe......................................................52
Tableau 4 :
Répartition des sujets selon l'âge
.......................................................52
Tableau 5:
Répartition des sujets selon le niveau
scolaire........................................52
Tableau 6 :
Répartition des sujets selon le lieu de
naissance.....................................53
Tableau 7 :
Répartition des sujets selon la langue du
père.......................................53
Tableau 8 :
Répartition des sujets selon la langue de la
mère.....................................53
Tableau 9 :
Répartition des sujets selon le niveau de maîtrise de la
langue.................54
Tableau 10 :
Récapitulatif des variables, modalités et indicateurs des
hypothèses de
recherche.........................................................................................................65
Tableau 11 :
Répartition des sujets selon la langue utilisée le plus par les
parents.......66
Tableau 12 :
Répartition des sujets selon la langue utilisée le plus par le
père.............66
Tableau 13 :
Répartition des sujets selon la langue utilisée le plus par la
mère............67
Tableau 14 :
Répartition des sujets selon la langue utilisée le plus avec les
frères/soeurs.....................................................................................................67
Tableau 15 :
Répartition des sujets selon le temps passé dans le village
pendant
l'enfance.........................................................................................................68
Tableau 16:
Répartition des sujets selon leurs rapports actuels avec le
village.............68
Tableau 17:
Répartition des sujets selon les rapports entretenus avec les
associations culturelles de
Baleng.........................................................................................69
Tableau 18 :
Répartition des sujets selon leur participation aux
cérémonies...............69
Tableau 19 :
Répartition des sujets selon leur connaissance des émissions
radiodiffusées ou télévisées existantes en langue
baleng...............................................................69
Tableau 20 :
Répartition des sujets selon le nombre de musiciens connus chantant en
langue
baleng...................................................................................................70
Tableau 21:
Répartition des sujets selon leur connaissance de lieu d'enseignement de
la langue
baleng...................................................................................................70
Tableau 22 :
Répartition des sujets selon leur connaissance des élites
Baleng...............71
Tableau 23 :
Répartition des sujets selon l'utilisation de la langue baleng à
l'église.....71
Tableau 24 :
Répartition des sujets selon l'item
21..................................................71
Tableau 25 :
Répartition des sujets selon l'item
22.................................................72
Tableau 26 :
Répartition des sujets selon l'item
23.................................................72
Tableau 27 :
Répartition des sujets selon l'item
24.................................................73
Tableau 28:
Répartition des sujets selon l'item
25..................................................73
Tableau 29 :
Répartition des sujets selon l'item
26.................................................74
Tableau 30 :
Répartition des sujets selon l'item
27.................................................74
Tableau 31:
Répartition des sujets selon l'item
28..................................................75
Tableau 32:
Répartition des sujets selon l'item
29..................................................75
Tableau 33
Répartition des sujets selon l'item
30....................................................75
Tableau 34:
Répartition des sujets selon l'item
31.................................................76
Tableau 35:
Répartition des sujets selon l'item
32...................................................76
Tableau 36 : score
de l'attitude vis-à-vis de la LM chez les sujets des deux
catégories (0 et 1).
.............................................................................................................78
Tableau 37 : score
de attitude vis-à-vis de la LM chez les sujets des deux
catégories (0 et 1).
.................................................................................................................80
Tableau 38 : score
de attitude vis-à-vis de la LM chez les sujets des deux
catégories (0 et 1).
.................................................................................................................82
Tableau 39 :
Relation entre l'influence des membres de l'outgroup (X) et les attitudes
envers la langue maternelle (Y) chez les 208
sujets...................................................84
Tableau 40 : résultats
de calcul de la corrélation de
Pearson...................................85
Figure 1 : Conception
schématique des attitudes d'après Rosenberg et Hovland
(1960).............................................................................................................26
Figure 2 : Conception
schématique des attitudes d'après Ajzen et Fishbein
(1975)......27
Figure 3 :
Théorie sur la motivation. Viau,
1994....................................................39
Liste des sigles et abréviations
ANACLAC : Association Nationale des
Comités de Langue au Cameroun
HR : hypothèse de recherche
LM : langue maternelle
L1 : première langue
L2 : seconde langue
MINEDUB : Ministère de l'Education
et de Base
MINESEC : Ministère de
l'Enseignement Secondaire
= coefficient de corrélation Point-Bisérial
calculé
= coefficient de corrélation Point-Bisérial
critique
= coefficient de corrélation de Pearson calculé
= coefficient de corrélation de Pearson critique
RH: research hypothesis
SIL : Société Internationale
de Linguistique
UNESCO: United Nations Educational, Scientific
and Cultural Organization
(Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture)
VD : variable dépendante
VI : variable indépendante
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Plusieurs chercheurs dans le domaine de la psychologie, de la
psychologie sociale ou de l'anthropologie ont tenté de décrire et
de comprendre l'influence des facteurs culturels et psychologiques sur le
développement et le comportement humain. Cette influence se traduit par
la diversité des conduites humaines et des comportements quotidiens
à travers le monde. Plus spécifiquement, certains de ces
chercheurs s'intéressent aux phénomènes psychosociaux qui
surviennent lorsque les individus et les groupes d'individus se trouvent dans
une situation de contacts linguistiques. Ces phénomènes sont
d'autant plus remarquables, dans les milieux urbains qui accueillent un grand
nombre d'individus ayant quitté leur village d'origine pour s'y
installer. Et qui, de ce fait, entrent en contact avec d'autres, eux aussi
venant de milieux divers. Ainsi, plusieurs langues coexistent dans les
communautés urbaines.
Ces situations de contacts linguistiques et culturelles ne
sont pas sans conséquences. Elles impliqueraient éventuellement
des changements relatifs aux comportements langagiers des groupes et des
individus.
La mort des langues est aujourd'hui un phénomène
réel qui alimente les débats aussi bien au sein des gouvernements
que dans la communauté scientifique. Ainsi pour plusieurs raisons, des
locuteurs sont motivés à abandonner l'utilisation de leur propre
langue au profit d'autres venant d'ailleurs. Les parents utilisent de plus en
plus ces langues secondes pour communiquer avec leurs enfants. C'est ainsi que
de nos jours, il est rare de trouver des personnes encore capables d'utiliser
leur langue maternelle comme étant effectivement leur première
langue. Et on assiste à une perte des langues qui de ce fait peut
être irréversible. Partant, pour aborder ce sujet, il serait tout
d'abord convenable de s'interroger sur les facteurs qui motivent des individus
à abandonner leur langue maternelle au profit des langues
étrangères. Autrement dit, il faut se demander pourquoi des
individus négligent-ils leur langue maternelle ? Cela ne serait-il
pas lié à certains facteurs de l'environnement
psychosocial ? D'où le sujet de la présente
étude intitulé « Environnement
psychosocial et attitudes vis-à-vis de la langue maternelle : le
cas des adolescents balengs de la ville de Yaoundé ».
Cette étude a ainsi pour but d'examiner ces comportements issus
des rapports entre les groupes d'individus en situation de contacts
linguistiques. Plus spécifiquement, il s'agit pour nous de
vérifier si l'environnement psychosocial des adolescents balengs de la
ville de Yaoundé les prédispose à
une attitude négative vis-à-vis de leur langue maternelle.
Dès lors, pour mener à bien cette recherche, le présent
travail a été subdivisé en deux principales parties
constituées de cinq chapitres.
Dans la première partie intitulée
« cadre théorique » nous présenterons les
deux premiers chapitres.
Le chapitre intitulée « problématique
de l'étude », nous permettra d'aborder dans un premier temps
la problématique qui a motivé notre démarche de recherche.
Puis, d'énoncer nos questions de recherche. Nous soulignerons enfin
dans ce chapitre l'importance et l'originalité de la présente
recherche.
Le second chapitre quant à lui, commencera par une
revue des écrits sur les principaux concepts de notre travail en faisant
état de quelques travaux qui ont traité des comportements
langagiers. Par la suite, nous présenterons les théories qui
sous-tendent notre travail. Il s'agit plus précisément des
théories des motivations psychosociales et de l'influence sociale.
La deuxième partie de ce travail intitulée
« cadre opératoire » est composée des trois
derniers chapitres. Ainsi, la méthodologie de recherche adoptée
est décrite dans le troisième chapitre. Ici, nous
présenterons d'abord notre population et décrirons notre
échantillon d'étude. Ensuite, nous fournirons une description de
l'instrument que nous avons utilisé, sa mise à l'essai et le
cadre général de la cueillette des données. Nous
présenterons enfin le plan d'analyse statistique utilisé dans
cette recherche.
Dans le quatrième chapitre, il sera question d'une part
de la présentation des données et de la vérification des
hypothèses de recherche d'autre part.
Le cinquième et dernier chapitre sera consacré
à l'interprétation des principaux résultats obtenus dans
la présente recherche. Nous terminerons ce chapitre par quelques
suggestions que nous avons faites.
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE
CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE DE
L'ÉTUDE
Il est question dans ce chapitre de poser le problème,
formuler la question de recherche, présenter les objectifs et les
intérêts de l'étude, délimiter l'étude et
définir les concepts clés.
I.1. CONTEXTE DE L'ÉTUDE
Le Cameroun est l'un des pays africains confrontés
à la réalité du multilinguisme. Avec plus de 14 millions
d'habitants, il compte environ 283 langues locales. Celles-ci sont en contact
avec deux langues européennes exogènes, héritées de
l'époque coloniale : le français et l'anglais
(Grimes, 2005). Aujourd'hui, cette richesse linguistique et
culturelle semble être en danger de disparition. D'après Ngalasso
(2006 : e-texte), « le phénomène de
mondialisation constitue une menace pour les pays africains sur plusieurs
plans. » Sur le plan linguistique, « les
langues et les cultures africaines sont susceptibles d'être
phagocytées par celles des pays riches, et partant, elles sont
condamnées à disparaître » (Ngalasso,
op.cit.).
Comme tout pays en voie de développement, le Cameroun
connaît aujourd'hui une urbanisation galopante qui provoque un exode
rural massif des membres de communautés ethnolinguistiques
variées, originaires des milieux culturels divers vers les
métropoles dans le but soit de trouver un emploi, soit de poursuivre
leurs études. Partant, les écoles, loin d'être
homogènes en ce qui concerne les langues maternelles des
élèves, présentent des mosaïques ethnolinguistiques
de plus en plus complexes. Ainsi les phénomènes de mondialisation
et d'exode rural agissent en concomitance pour mettre en danger les langues
locales. Ce d'autant plus que les langues dites
« officielles » sont les seules langues de scolarisation.
Ceci suscite ainsi un questionnement sur le devenir des langues africaines,
porteuses de cultures, dans ce « rendez-vous, des donner et
des recevoir qu'est la mondialisation » (Ngalasso, op.cit.).
Face à cela, les gouvernements affrontent deux injonctions
contradictoires : « sauver l'extraordinaire
diversité culturelle qu'a créée la diaspora de
l'humanité et, en même temps, nourrir une culture
planétaire commune à tous » (Morin, 1993,
cité par Zouali, 2004 : 34).
Sur le plan international, l'UNESCO en vue de protéger
les langues du monde, patrimoine de l'humanité, recommande aux
responsables des politiques éducatives de prendre à propos des
langues, de la scolarisation et des programmes scolaires, certaines
décisions et relève également qu' « il
est nécessaire de veiller à ce que l'éducation assure
à la fois, et d'une manière équilibrée, la
capacité à employer les langues locales et un accès aux
langues mondiales de communication.» (UNESCO, 2003 : 4)
La politique éducative camerounaise quant à
elle, en adoptant le français et l'anglais comme langues de
communication formelle et donc langues de scolarisation, recommande et
encourage en même temps l'apprentissage et l'utilisation de la langue
maternelle en milieu familial. Dans ces circonstances, on s'attendrait à
ce que tout citoyen normal soit à mesure de parler au moins
deux langues: d'abord sa langue maternelle, et par la suite au moins l'une
des langues officielles qui sera pour lui l'instrument de communication dans
les situations extrafamiliales et administratives. D'ailleurs, selon les
linguistes, la langue maternelle est supposée être la
première langue acquise par l'individu dès le bas âge.
Chomsky (1965, cité par Piatelli-Palmarini 1979 : 53) souligne
qu'elle est une langue qui se développe
« naturellement » par l'interaction verbale, sans
grande intervention de la conscience. Par contre la seconde langue fait appel
à des activités conscientes et à des stratégies
cognitives. De même, on s'attendrait logiquement que chacun aime et parle
sa langue maternelle. Car il existe un attachement personnel ou
émotionnel entre elle et l'individu. C'est ainsi qu'elle est
appelée langue première (Gfeller, 2000).
Cependant, on observe qu'aujourd'hui les individus se
détachent progressivement de leur langue maternelle pour s'attacher
plutôt aux langues secondes. C'est ce que Lambert (1974) appelle
« bilinguisme soustractif». Autrement dit,
l'acquisition de la langue seconde n'est plus complémentaire à
celle de la langue première, mais en relation de compétition avec
celle-ci.
Ainsi, selon certaines prévisions, les langues locales
connaîtront dans les décennies avenir, un sort tragique si rien
n'est fait dans l'immédiat. En ce sens, une étude
réalisée par Person (1980, cité par Ngamassu, 2006)
prévoit l'extinction irrémédiable de l'ensemble des
langues locales au Gabon, dans le sud du Cameroun et en Côte d'Ivoire
pour les années 2030-2040.
Bitjaa Kody, révèle à travers une
enquête quantitative menée en 2000 sur la dynamique des langues
à Yaoundé, que l'usage des langues nationales est en voie de
disparition jusqu'au sein des ménages endogamiques, lieux par excellence
présumés de leur usage. A travers cette étude, les adultes
francophones déclarent qu'en famille, ils utilisent la langue maternelle
dans 52% des situations évoquées contre 42% de temps
d'utilisation du français. Les jeunes de 10 à 17 ans
interrogés dans les mêmes ménages, déclarent qu'ils
utilisent le français à 70% dans les mêmes situations de
communication familiale contre 25% de temps d'utilisation des langues
familiales potentielles. D'autre part, 32% des jeunes de 10 à 17 ans
interrogés dans la ville de Yaoundé ne parlent aucune langue
camerounaise et ont le français comme seule et unique langue de
communication.
Au vu de tout ce qui précède, on peut constater
que le phénomène est important et que les langues locales
seraient réellement vouées à la disparition. Ce
phénomène est particulièrement remarquable chez les
adolescents de la communauté baleng de la ville de Yaoundé.
En observant de près ces derniers, nous avons
constaté qu'effectivement ils parlent de moins en moins leur langue.
Dans la majorité des situations, le français se pose comme
l'outil de communication le plus sollicité ou simplement
préféré. On serait ainsi très admiré par son
entourage si on a un niveau de maîtrise élevé en
français ce qui n'est pas le cas avec la LM. Parmi ces adolescents, on
peut observer une catégorie qui, dans toutes les situations de
communication (famille, amitié, école...) n'emploie que le
français même si leurs parents utilisent couramment la LM. C'est
ainsi que l'on rencontre dans des foyers les enfants qui répondent
toujours en français à leurs parents au cours des conversations.
Pourtant, la parole leur est adressée en LM. Certains n'utilisent que
rarement ou encore jamais la LM hors du cadre familial. Pour d'autres, ce
serait un scandale de parler cette langue en présence d'un
étranger ; ils éprouvent parfois de la honte de dire aux
amis leurs origines ethnolinguistiques. Ceci est parfois un signe de
modernité pour les uns ou une manière de faire la
différence pour les autres. C'est pourquoi le fait de s'exprimer en LM
devient parfois l'objet de railleries. D'où les expressions du genre
« ne faites pas descendre la pluie !» ou
encore « ne nous parlez plus le chinois !» Ceci
montre que les langues maternelles devraient être reléguées
au second plan voire abandonnées.
Si certains parents réagissent parfois contre ce
comportement, d'autres par contre restent indifférents. Car, pour eux,
en ce qui concerne la maîtrise des langues, la priorité devrait
revenir aux langues officielles qui sont un atout pour la réussite
scolaire et sociale de leur progéniture. Il en ressort un
problème d'évaluation en termes d'avantages et
d'inconvénients liés à la maîtrise d'une langue ou
de jugement sur le prestige de celle-ci.
Nombreux sont ceux qui indexent les parents comme responsables
d'un tel phénomène. Certains sociolinguistes à l'instar de
Hamers et Blanc (2000) ont désigné l'environnement social urbain
comme un déterminant crucial du type de bilinguisme à
développer. Ce milieu étant caractérisé par les
contacts de plusieurs langues, il favorise par là, la perte des langues
d'origine des individus. Pour Gardner (2001), l'attitude envers l'apprentissage
et l'utilisation d'une langue serait déterminée par la motivation
de l'individu. Il s'agit pour cet auteur, d'une motivation relative à
l'utilité de la langue ou au besoin d'intégrer le groupe qui la
parle.
Nous avons pensé qu'en psychologie et dans notre
contexte, il serait plus pertinent de prendre en compte plusieurs facteurs pour
expliquer ce phénomène qui s'impose. Ainsi à partir des
faits susmentionnés, nous avons formulé quatre questions de
recherche.
I.2. FORMULATION DU PROBLÈME ET QUESTION DE
RECHERCHE
Le problème que nous soulevons dans cette recherche est
celui de l'attitude qu'ont les adolescents balengs de la ville de
Yaoundé vis-à-vis de leur langue maternelle. Il se dégage
des observations menées auprès de ces derniers que la
maîtrise de la langue maternelle ne détermine pas
nécessairement son usage. En effet on remarque que certains adolescents
éprouvent de la gêne lorsqu'ils sont appelés à
parler leur langue maternelle. Ceci dans le but parfois d'exprimer une certaine
modernité pour les uns ou de créer une différence pour les
autres. Or, la langue maternelle est supposée être la langue dans
laquelle l'individu s'exprime en toute spontanéité. Par ailleurs,
connaissant l'importance du milieu de vie de l'individu sur sa conduite, nous
avons pensé qu'une prise en compte de plusieurs facteurs liés
à l'environnement psychosocial pourrait nous aider à mieux
expliquer ce phénomène. C'est ainsi que nous avons
formulé la question de recherche suivante : l'environnement
psychosocial des adolescents balengs de la ville de Yaoundé les
prédispose-t-il à une attitude négative vis-à-vis
de leur langue maternelle ? Cette question donne lieu à quatre
questions de recherche à savoir :
QR1 : la manière dont
la LM est pratiquée au sein de la famille prédispose-t-elle les
adolescents balengs de la ville de Yaoundé à une attitude
négative vis-à-vis d'elle ?
QR2 : la mauvaise promotion
de la LM prédispose-t-elle les adolescents balengs à une attitude
négative vis-à-vis d'elle ?
QR3 :
l'irrégularité des contacts avec la communauté
linguistique prédispose-t-elle les adolescents balengs de la ville de
Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis de leur
LM ?
QR4 : l'influence des membres
de l'outgroup prédispose-t-elle les adolescents balengs de la ville de
Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis de leur
LM?
Ces questions nous conduisent ainsi à la
présentation de l'objectif de notre travail.
I.3. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE
Nous allons repartir les objectifs de notre étude en
deux grands aspects ou dimensions à savoir : l'objectif
général et les objectifs spécifiques.
I.3.1. Objectif général
Nous nous proposons pour objectif général de
vérifier s'il existe un lien entre l'environnement psychosocial des
adolescents balengs de la ville de Yaoundé et leur attitude
vis-à-vis de la langue maternelle. Car, si les circonstances sociales et
psychologiques sont favorables, le développement bilingue de l'individu
peut se faire de façon avantageuse et lui permettre de développer
une bilingualité additive ou équilibrée (Hamers &
Blanc, 2000). Cet objectif général ne peut concrètement
être atteint que par le biais des objectifs spécifiques.
I.3.2. Objectifs spécifiques
En étudiant le lien entre l'environnement psychosocial
et l'attitude de l'adolescent baleng de la ville de Yaoundé
vis-à-vis de sa LM, nous avons quatre objectifs spécifiques
à atteindre. Il s'agit :
de vérifier le rôle de la pratique de la LM au sein de la
famille sur l'attitude de l'adolescent baleng vis-à-vis de cette langue.
Car, le milieu familial est l'environnement immédiat où l'enfant
apprend et s'habitue avec sa LM ;
de vérifier le lien entre la promotion sociale de la langue et
les attitudes des adolescents balengs vis-à-vis de leur LM. Car si la LM
est valorisée par l'entourage de l'adolescent, il est probable qu'il
soit motivé à la parler et qu'il ait une perception positive
de cette langue. Et cette valorisation passe par les médias, les
activités culturelles, l'enseignement de la langue, etc. ;
de vérifier si l'irrégularité des contacts de
l'adolescent baleng avec sa communauté linguistique a un effet sur son
attitude négative vis-à-vis de sa LM. Car une
fréquentation régulière des milieux dans lesquels la
langue principale est la LM, en observant des tierces personnes parler
correctement et en public la LM, l'adolescent pourrait être
encouragé à la parler et par ricochet avoir une attitude positive
vis-à-vis d'elle ;
de vérifier le lien entre l'influence exercée par les
membres de l'outgroup et l'attitude de l'adolescent baleng
vis-à-vis sa LM. En ce sens qu'éviter de parler sa LM peut
provenir du fait que l'adolescent craint les moqueries de ses amis ou
même d'être rejeté par ces derniers.
Après avoir posé le problème de
l'étude et énoncé les objectifs, il est opportun de se
demander en quoi cette recherche est importante et originale.
I.4. INTÉRÊT DE L'ÉTUDE
Notre étude revêt un double
intérêt à savoir scientifique et social.
I.4.1. Intérêt scientifique
L'objectif principal de notre étude consiste à
évaluer l'incidence de l'environnement psychosocial de l'adolescent
baleng de la ville de Yaoundé sur son attitude vis-à-vis de sa
LM. En dépit de nombreux écrits sur le phénomène de
disparition des langues au Cameroun, aucune recherche, à notre
connaissance, ne semble avoir étudiée la relation entre ces
variables surtout chez une population aussi spécifique que celle dont
nous avons retenue. Il s'agit des jeunes adolescents balengs de la ville de
Yaoundé. Ce domaine étant longtemps resté l'apanage des
linguistes, les psychologues ou les psychosociologues semblent rester à
l'écart alors que le problème est d'actualité. Il s'agit
ainsi d'une des rares études en psychologie qui jette un
éclairage sur ce phénomène dans notre contexte.
Partant, notre étude permettra de comprendre que
l'environnement psychosocial, en termes de milieu où l'individu vit des
expériences, joue un rôle important sur la formation de ses
attitudes son comportement. Surtout, en aménageant cet environnement, on
pourrait orienter le comportement dans le sens escompté en le
renforçant par exemple, par des processus motivationnels (Wilson,
Lindsey & Schooler, 2000).
I.4.2. Intérêt social
Des études ont montré la place de la LM dans
l'acquisition des connaissances dans des disciplines scolaires et même
dans l'acquisition des autres langues. D'après Pépin et Dionne,
(1997), la LM joue un rôle important dans la résolution des
problèmes concrets ; elle permet la compréhension de
certains concepts en Mathématiques chez l'élève, une
créativité authentique et un esprit d'invention. Une langue n'est
pas seulement une grammaire et un vocabulaire, elle est aussi le reflet d'une
culture. Ainsi, la perte d'une langue a des implications socioculturelles
immesurables (Launey, 2006). Le fait de conserver sa langue est un moyen
sûr de conserver sa culture. Car, on ne peut exprimer son identité
culturelle qu'en parlant sa langue. Cette étude peut ainsi aider dans le
sens d'une protection des langues qui sont un patrimoine culturel.
Elle peut aider dans une certaine mesure les décideurs
politiques ou les organismes qui voudraient protéger les langues locales
en ce sens qu'avant d'agir ils auront compris quels sont les facteurs qui
motivent les gens à abandonner leur langue. Nous pouvons ainsi dire que
la présente recherche est importante parce qu'elle répond aux
objectifs de l'UNESCO adoptés par le Cameroun qui consistent à
former des citoyens non seulement ouverts au monde mais aussi enracinés
dans leur culture.
I.5. DÉLIMITATION DE L'ÉTUDE
Nous ne nous intéressons pas ici à ce qui est du
processus d'acquisition du langage ou des performances linguistiques qui
relève du domaine de la psycholinguistique, mais des facteurs
psychosociaux influençant les comportements vis-à-vis de la
langue. C'est ainsi que notre étude se situe dans le champ de la
psychologie sociale et trouve sa validité théorique dans les
études sur la motivation et l'influence sociale. Cette étude se
veut corrélationnelle et prédictive. Elle vise à mettre en
relation l'environnement psychosocial des adolescents balengs de la ville de
Yaoundé et leur attitude vis-à-vis de la LM.
D'un point de vue géographique, nous avons choisi la
ville de Yaoundé. Ce choix est lié au fait que cette ville est
cosmopolite. On y rencontre une mosaïque de groupes ethnolinguistiques
différents, ce qui crée une véritable situation de
contacts des langues.
Du point de vue de la population d'étude, nous nous
intéressons aux adolescents balengs qui fréquentent un
établissement secondaire de Yaoundé et dont au moins le
père a pour langue maternelle le baleng. Notre choix pour cette
population scolarisée se justifie par le fait qu'étant en milieu
scolaire, les adolescents sont en contact quotidien avec non seulement la
langue de scolarisation mais aussi avec les membres de communautés
ethnolinguistiques différentes. De même, les adolescents
influencés par les autres cultures parfois à travers les
média, sont plus sensibles au phénomène d'acculturation.
Ils sont tentés de préférer les cultures
étrangères qui seraient de grands prestiges, « qui
seraient à la mode ». Nous nous intéressons dans
notre étude aux adolescents natifs de Baleng à cause de notre
connaissance de ce groupe puisque c'est la communauté dans laquelle nous
avons vécu et c'est là que nous avons pu observer facilement le
phénomène.
I.6. DÉFINITION DES CONCEPTS
Le sens et l'orientation d'un terme sont
généralement déterminés par le contexte dans lequel
il est utilisé. Afin d'éviter toute confusion ou
ambiguïté, il est souhaitable de nous arrêter un instant sur
la définition des termes essentiels employés dans la
présente étude.
I.6.1. L'environnement
Sillamy (1990: 253) définit l'environnement comme
« un système de forces s'exerçant sur l'individu et
auxquels celui-ci réagit de façon particulière, selon son
intérêt et ses capacités ».
D'après Doron et Parot (2004 : 263),
l'environnement désigne l' « ensemble des conditions
extérieures à un organisme, et de nature à l'influencer.
Le terme est assez généralement synonyme de milieu. Ce dernier
s'emploie cependant aussi bien à propos des conditions
internes. »
Pour les psychologues interactionnistes, l'environnement
désigne le milieu dans lequel vit l'organisme et avec lequel il
interagit. Selon les domaines de recherche et les approches théoriques,
on privilégiera cependant tantôt l'environnement social,
tantôt l'environnement artificiel, tantôt l'environnement naturel,
etc. c'est ainsi que dans notre étude nous privilégions
l'environnement psychosocial.
I.6.2. L'environnement psychosocial
L'environnement psychosocial est le cadre de vie d'un individu
ou d'une collectivité donnée, limité par un horizon
circonstanciel et spatial. Tout ce qui entoure un individu et exerce sur lui
une certaine action ou influence est considéré comme son
environnement psychosocial. Cet environnement comporte plusieurs aspects :
physique, moral, culturel, relationnel...)
Parlant de l'environnement comme champ d'interaction au centre
duquel se noue l'action sociale Rocher (1978 : 37) recourt à Lewin
(1967) dans sa théorie du champ et écrit :
« la psychologie de Lewin replace l'interaction des personnes
dans son environnement total, social sans doute mais aussi biologique et
physique. Les états somatiques des personnes, les objets qui l'entourent
ou qu'elles manipulent font partie de la situation globale de l'action sociale
et peuvent influencer de façon notable ».
Cependant, dans notre étude, l'environnement
psychosocial n'aura pas une conception aussi large que celle de Rocher. Elle se
limitera aux aspects sociaux du milieu. Nous prendrons également, en
compte le climat psychologique qui naît de l'interaction entre les
éléments de cet environnement. Aussi entendons-nous par
environnement psychosocial des adolescents baleng de la ville de
Yaoundé, l'ensemble des influences auxquelles ils sont exposés et
qui entraînent chez eux une certaine attitude vis-à-vis de la
langue maternelle.
1.6.3. La langue
Le Petit Larousse, (2002 : 586) définit la langue
comme un « système de signes verbaux propre à une
communauté d'individus qui l'utilise pour s'exprimer et communiquer
entre eux. » On a par exemple le baleng, le
français, le duala ou l'ewondo comme langues.
1.6.4. La langue maternelle/langue première
Une langue maternelle peut se définir comme la langue
de la première socialisation d'un enfant. C'est la langue qui est
acquise, à en croire Bresse (1987, cité par Baker, 1996 :
13), « dès le plus jeune âge par simple interaction
avec la mère et plus largement avec l'environnement familial, langue qui
est supposée être mieux maîtrisée que toute autre
acquise ou apprise ultérieurement »
On a ainsi l'habitude de dire que la langue parlée la
première, celle de la première enfance, est naturellement la
langue maternelle. Or, s'il est vrai que cet apprentissage est un
phénomène émotionnel résultant de l'imitation
inconsciente de personnes de l'entourage de l'enfant avec lesquelles il
entretient une relation affective intense, ce rôle n'est pas toujours
assumé par la mère et l'enfant peut avoir autour de lui plusieurs
langues différentes.
Dans le présent travail, nous entendons par langue
maternelle non pas la langue de la mère, mais celle qui appartient
à la culture spécifique au sujet. Nous nous représentons
ainsi schématiquement le sujet comme parlant la langue de ses parents
dans ses classes parentales de référence.
1.6.5. Langue seconde et langue officielle
Pour l'UNESCO (2003), la langue seconde renvoie à
« une langue acquise par une personne en plus de sa langue
maternelle. » Ainsi, parler une langue seconde pour l'individu
c'est parler toute autre langue que sa langue de nativité.
Quant à la langue officielle, c'est celle reconnue par
les autorités d'un pays ou d'une institution pour les affaires
administratives (UNESCO, op. cit.).
Au Cameroun, il s'agit du français et de l'anglais qui
sont adoptés par la législation comme langues utilisées
dans tous les secteurs d'activités, y compris l'administration,
l'enseignement, la justice, etc. dans notre travail, les
expressions langue seconde et langue officielle sont
interchangeables.
1.6.6. Langue véhiculaire
Cette expression est utilisée pour désigner
toute langue servant de base de communication entre membres de
communautés linguistiques différentes. Le français,
l'anglais ou le pidgin-english ont ce statut au Cameroun.
1.6.7. Langue vernaculaire
Par opposition à langue véhiculaire et à
la langue nationale, elle désigne une langue parlée seulement
à l'intérieur d'une communauté. L'UNESCO en 1953 a
défini le vernaculaire comme la langue d'un groupe politiquement
dominé par un autre groupe qui parle une autre langue (Bitjaa Kody,
2000). La vernacularisation est le processus qui consiste à enlever
toutes les fonctions sociales importantes à une langue dominée
pour les confier à la langue dominante.
1.6.8. Le multilinguisme
Le terme multilinguisme fait
référence à la fois à une situation où
plusieurs langues sont parlées dans une certaine zone
géographique et à la capacité d'une personne de
maîtriser plusieurs langues. En tant que tel, le multilinguisme est une
caractéristique essentielle du Cameroun et de ses villes.
1.6.9. Le bilinguisme
D'après Doron et Parot (2004) « Le
bilinguisme désigne la capacité d'un individu ou d'une
communauté à utiliser couramment deux langues
différentes. »
Selon Deshays (cité par Planche 2002 : 535),
« le bilinguisme désigne la capacité d'un individu
à utiliser deux langues avec une correction phonétique suffisante
pour éliminer tout obstacle à la bonne compréhension de ce
qui est dit, ainsi qu'une maîtrise du vocabulaire et des structures
grammaticales comparables à celle d'un autochtone du même milieu
social et culturelle ». Dans notre étude il s'agit de la
capacité d'un individu à utiliser sa langue maternelle et la
langue officielle. Selon Baker (1996), il existe une différence
fondamentale entre la compétence bilingue et l'utilisation de deux
langues. Alors que certains individus bilingues peuvent parler couramment deux
langues mais ont tendance à préférer l'une d'entre elles,
d'autres peuvent moins bien maîtriser ces langues mais passer de l'une
à l'autre plus fréquemment.
1.6.10. L'attitude
D'après Ebale (2001 : 4), «Moscovici
(1960) définit l'attitude comme un schéma dynamique de
l'activité psychique, schéma cohérent et sélectif,
relativement autonome, résultat de l'interprétation et de la
transformation de modèle de l'individu. »
Il existe autant de définitions de la notion d'attitude
que d'auteurs si intéressant tels que Allport (1954, cité par
Thomas & Alaphilippe, 1993: 32) qui la définit comme étant
« une disposition mentale et neurologique, tirant son
organisation de l'expérience et exerçant une influence directrice
ou dynamique sur les réactions de l'individu envers tous les objets et
toutes les situations qui s'y rapportent ». Joulé et
Beauvois (1987) définissent ce concept comme étant
« une évaluation globale qu'un individu porte sur un
objet. Cette évaluation synthétise un ensemble de savoirs,
d'opinions et de croyances. » Ainsi, dans notre étude
nous pouvons dire que l'attitude est ce qui permet de sélectionner,
d'anticiper, de soutenir, d'orienter le comportement. C'est le sentiment
d'être pour ou contre l'objet qui détermine le comportement,
l'aimer ou ne pas l'aimer, essayer de s'en approcher ou de s'en
éloigner. Ainsi, l'attitude de l'adolescent envers la LM serait ici la
disposition, l'état d'esprit dans lequel il se trouve lorsqu'il est
appelé à parler cette langue.
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTÉRATURE ET
INSERTION THÉORIQUE
2 .1. REVUE DE LA LITTÉRATURE
2.1.1. GÉNÉRALITÉS SUR LES LANGUES
2.1.1.1. Les dimensions de la langue
2.1.1.1.1. La langue comme véhicule d'une
culture.
La langue est souvent définie comme un
« système de signes verbaux propre à une
communauté d'individus qui l'utilise pour s'exprimer et communiquer
entre eux » (Le Petit Larousse, 2002 : 586). Cependant,
d'après Launey (2006), cette caractérisation constituerait en
fait une conception très pauvre de la réalité de la
langue. D'abord parce qu'un instrument n'est pas intéressant en tant que
tel : il ne vaut que par ce qu'il permet de réaliser. Ensuite,
parce que si c'est donc la communication qui est le point intéressant de
la langue, elle peut prendre tellement de formes que si tout usage de la langue
entre deux ou plusieurs êtres humains est communication, on tend vers une
définition tautologique de type la langue est ce qui permet de faire
usage de la langue...
Une langue n'est pas seulement une grammaire et un
vocabulaire, elle est aussi le reflet d'une culture. Selon Serres (1996
cité par Zouali, 2004 : 29), « les langues sont un
trésor et véhiculent autre chose que des mots. Leur fonction ne
se limite pas au contact et à la communication. Elles constituent d'une
part des marqueurs fondamentaux de l'identité; elles sont structurantes
d'autre part de nos perspectives. »
Cette formule aurait des allures d'évidence
intouchable, et la notion de culture peut ici être comprise dans le sens
anthropologique comme un ensemble de références partagées
incluant des savoirs, des savoir-faire, des lieux, des valeurs, des croyances,
une organisation sociale, une mémoire collective, etc. Cette proposition
représente une approche plus riche que la
précédente : elle suggère d'abord que c'est par
elles-mêmes, et non en tant qu'instruments, que les langues ont de
l'intérêt. Et si on s'y tient, elles s'ouvrent sur des
perspectives très intéressantes en termes de
légitimité de certaines revendications, d'efficacité
pédagogique, de stimulation intellectuelle, et d'incitation au respect
mutuel. La langue permet la transmission de la culture et des systèmes
de connaissances chez ses locuteurs. Elle est le seul moyen qui permet de
véhiculer les expériences et les valeurs culturelles
accumulées d'une génération à une autre (Launey,
2006).
D'après Batibo (2005), les sociétés
africaines ont développé des cultures très riches qui
sont enchâssées et transmises à travers chaque langue. La
langue est ainsi un moyen principal par quoi les expériences non
seulement culturelles, mais aussi conceptuelles et matérielles sont
passées non seulement verticalement de générations en
générations mais aussi horizontalement d'une
société à une autre. Cette transmission se fait le plus
souvent à travers des histoires variées telles que les contes,
les chants, la littérature orale... Ce qui fait ainsi des langues un
patrimoine pour l'humanité.
2.1.1.1.2. La diversité linguistique comme
patrimoine de l'humanité
Si une langue n'est pas juste un simple contenant, elle a
aussi un contenu culturel et artistique particulier. Ainsi comme la
biodiversité, la diversité linguistique est une
caractéristique importante des richesses de l'humanité.
« Une langue vaut bien une cathédrale, un château,
une épopée, une symphonie, une théorie
philosophique... » (Launey, op.cit. : e-text). Ceci veut
dire en particulier que toute langue a droit à être
valorisée mais aussi et surtout que vouloir éradiquer une langue
est une forme de vandalisme, et que l'absence de toute politique de
préservation ou de valorisation ressemble à ce qui se passe quand
on laisse un monument tomber en ruine. Il incombe donc aux États
nationaux de se donner les moyens de préserver ce patrimoine en donnant
à l'ensemble des langues parlées par leurs citoyens les moyens de
continuer à vivre en tant que langue : c'est-à-dire,
à permettre aux locuteurs d'assurer la transmission
intergénérationnelle sans avoir l'impression de rendre un mauvais
service à leurs enfants, et à adopter des politiques
d'aménagement linguistique qui permettent entre autres à ces
langues de prendre le tournant de la modernité.
2.1.1.1.3. La langue maternelle comme socle de
l'acquisition des connaissances.
D'après Launey (op.cit.), si la langue maternelle est
la première expérience qu'un être humain fait du langage en
général, alors le bon sens pédagogique veut que cette
expérience soit menée jusqu'au bout, et même soit soutenue
par l'institution scolaire. Une persécution ouverte ou larvée des
langues maternelles dans le cadre scolaire est notoirement contre-productive
car elle crée un mal-être cognitif et identitaire (puisque cela
est une façon de dire en gros à l'enfant : "tout le travail
intellectuel que tu as accompli dans l'acquisition de ta langue n'a servi
à rien, ce n'est pas une vraie langue, tu dois tout recommencer à
zéro !"), et surtout elle crée un mal-être
vis-à-vis du langage en général, si l'enfant est
amené à concevoir la diversité linguistique comme un
domaine conflictuel, dans lequel sa naissance l'a mis du côté des
perdants. De ce point de vue, selon Launey (2006 : e-text), «
la persécution de la langue maternelle est beaucoup plus grave, car
elle a probablement des conséquences cognitives plus critiques ; et
l'institution scolaire devrait accepter l'idée qu'en développant
une langue maternelle autre que le français, les futurs citoyens ne
menacent pas plus la République que ceux qui écrivent de la main
gauche... » En tout état de cause, il faut assurer une
présence scolaire des langues maternelles chaque fois que cela est
possible, et ce, surtout dans les petites classes, c'est-à-dire à
l'âge où le langage n'est pas complètement
stabilisé, avec comme perspective de former, non des
néo-francophones mal à l'aise dans leur bilinguisme, mais des
bilingues équilibrés sachant développer harmonieusement
une double compétence.
2.1.1.2. LES LANGUES NATIONALES AU CAMEROUN
2.1.1.2.1. Situation sociolinguistique
Selon les estimations du nombre de locuteurs des langues
locales faites par la SIL et contenues dans « Ethnologue »
de Grimes (2005), nous pouvons classer les langues camerounaises, effectivement
appelées langues nationales, en quatre groupes allant de celles
définitivement éteintes à celles majoritaires mais
vernacularisées, en passant par celles en voie de disparition:
Tableau 1 : Estimations et
classification du nombre de locuteurs des langues locales au
Cameroun
Groupe
|
Nombre de locuteurs natifs
|
Nombre de langues
(N = 283)
|
Statut
|
1
|
0
|
14
|
éteintes
|
2
|
Moins de 1000
|
72
|
Résiduelles
|
3
|
1000 à 100.000
|
183
|
Minoritaires
|
4
|
100.000 à 700.000
|
14
|
Majoritaires
|
Source : Grimes, 2005 :
682
A cette liste, Grimes (op.cit.) ajoute le français,
l'anglais et le pidgin-english dont le nombre de locuteurs non natifs
est supérieur à 2.000.000 pour chacune.
Ces chiffres montrent ainsi qu'effectivement les langues
camerounaises sont en voie de disparition. En effet, aucune langue camerounaise
n'échappe totalement à ce destin si nous prenons comme
critères d'évaluation le poids démographique, le statut,
les fonctions sociolinguistiques qui sont les indicateurs de la vitalité
d'une langue.
Sur le plan du statut officiel, le français surtout, et
l'anglais dans une moindre mesure, assurent la communication formelle entre
l'État et ses propres citoyens d'une part, et avec les nations
étrangères d'autre part. Ce sont les langues de l'administration,
de la justice, des médias audiovisuels, de la publicité, de
l'enseignement, de la littérature et de la presse écrite. Leur
utilisation est obligatoire dans toutes les situations où l'État
est représenté. En plus, elles assurent la réussite
sociale de ceux qui les maîtrisent. Les langues nationales sont
réduites à un usage oral, grégaire et familial. Leur
fonction emblématique n'est exploitée qu'à des fins
politiques ponctuelles lors des campagnes électorales. Aucune de ces
langues n'est utilisée ni dans l'administration, ni dans la presse
écrite, ni dans la publicité, ni à la
télévision nationale, ni dans l'enseignement formel, ni dans les
campagnes d'alphabétisation financées par le budget de
l'État. Les langues du groupe 4 et certaines langues du
groupe 3 ci-dessus, sont utilisées pour un temps d'antenne
hebdomadaire très limité dans les stations provinciales des
radios pour la répercussion de certaines instructions gouvernementales
aux masses d'illettrés. C'est ainsi que dans les usages, les langues
camerounaises perdent progressivement du terrain au profit des langues
étrangères. « L'espace géographique de
certaines langues véhiculaires du Cameroun (éwondo et duala) se
réduit quotidiennement sous l'avancée du français. Ces
langues ne sont plus connues des jeunes générations dans les
zones où elles furent véhiculaires il y a vingt ans; et leur
emploi comme langue maternelle est menacé par l'usage fréquent du
français jusque dans la communication familiale. »
(Bitjaa Kody, 2001 : e-text)
2.1.1.2.2. La politique linguistique du Cameroun
La politique linguistique d'un pays est la manière dont
l'État gère l'utilisation des langues présentes dans tous
les secteurs de la vie nationale conformément à l'idéal
gouvernemental et aux objectifs socio-économiques et culturels à
atteindre.
Pour Ngalasso (1981: 281), « avoir une politique
linguistique, c'est d'abord prendre conscience que la langue est un fait de
culture et un facteur de développement économique et social tout
à fait primordial, c'est ensuite chercher à harmoniser les
objectifs de communication et d'éducation en langues nationales avec le
projet général de développement. »
L'idée d'un État - Nation sur le modèle
européen (une nation = une ethnie = une langue) fut importée au
Cameroun vers la fin du 19ème siècle par le
gouvernement colonial allemand. Elle fut ensuite consolidée sous le
mandat français, puis reçue comme un précieux
héritage par le gouvernement du Cameroun nouvellement
indépendant. Sur le plan linguistique, l'objectif visé dans la
création de l'État - Nation était l'imposition d'une seule
langue à l'ensemble du pays. Sous le mandat puis la tutelle
française (1916 -1960) par exemple, la politique linguistique a
été celle de la francisation sans équivoque contre une
marginalisation sans exception des langues locales des domaines
générateurs de prestige et de revenus économiques, afin de
tenir ces langues et leurs locuteurs à l'écart de toute
participation au développement du pays (Bitjaa Kody, 2001). Les
Constitutions de la République Fédérale (1961) et de la
République Unie (2 juin 1972) furent adoptées dans le même
esprit, mais dans le but déclaré de préserver l'Etat -
Nation et l'unité nationale si durement acquis.
La Constitution de la République du Cameroun du 18
janvier 1996 est la première depuis l'indépendance du pays en
1960, à porter une mention des langues nationales en son titre premier,
article premier, alinéa 3 qui stipule que:
° La République du Cameroun adopte l'anglais
et le français comme langues officielles d'égale valeur.
° Elle garantit la promotion du bilinguisme sur toute
l'étendue du territoire.
° Elle oeuvre pour la protection et la
promotion des langues nationales.
La Loi No 98/004 du 14 avril 1998 d'Orientation de
l'Éducation au Cameroun, consécutive à la Constitution de
1996, préconise l'insertion de l'enseignement des langues nationales
dans le système éducatif camerounais, dans le but d'assurer leur
survie propre et celle des cultures qu'elles expriment d'une part, et dans
l'objectif de (Titre I, Article 5) «former des citoyens
enracinés dans leur culture, mais ouverts au monde d'autre
part. »
2.1.1.2.3. Mise en oeuvre actuelle de la politique
linguistique
Des institutions officielles comme le MINEDUB, le MINESEC et
leurs inspections provinciales, départementales et d'arrondissements, le
Centre linguistique pilote et ses succursales provinciales, sont dotées
d'un personnel enseignant et administratif chargé, entre autres, de la
diffusion et du bon usage des langues officielles et langues d'enseignement que
sont le français et l'anglais, conformément aux volets a et b de
l'article 3 de la Constitution. Le budget de l'État du Cameroun
prévoit annuellement le financement de la mise en oeuvre de cette
politique du bilinguisme officiel français/anglais.
Parallèlement, le gouvernement de la République
du Cameroun, envisage théoriquement de protéger et de promouvoir
les langues nationales en introduisant l'enseignement de certaines à
l'école. Néanmoins, d'après Tadadjeu, Sadembouo et Mba
(2004), aujourd'hui une nouvelle attitude apparaît dans toutes les prises
de position publique ayant trait à la culture africaine et à
l'enseignement des langues nationales en particulier.
Au Cameroun la preuve la plus significative réside
dans le fait que la protection et la promotion des langues camerounaises sont
désormais garanties non seulement par la nouvelle Constitution et la Loi
d'Orientation de l'Éducation au Cameroun, mais aussi plus
récemment par le décret n° 2002/004 du 04 janvier 2002
réorganisant le ministère de l'éducation nationale et
créant au niveau provincial des inspections pédagogiques parmi
lesquelles celles des langues nationales et la participation officielle des
délégués provinciaux et des inspecteurs d'arrondissement
du ministère de l'éducation nationale aux stages de formations et
de recyclage des enseignants. Cependant, d'après Tadadjeu et al.
(Op.cit.) cela ne deviendra concret que lorsqu'on publiera des textes
d'application de cette loi de 1998 qui établirons officiellement
l'entrée des langues nationales dans les programmes scolaires
officielles. Cette initiative pourrait peut-être sortir les langues
camerounaises des oubliettes dans lesquelles les ont forcées les langues
coloniales depuis plus d'un siècle.
2.1.1.2.4. Le village Baleng et la langue baleng
Baleng est un village Bamiléké perché
dans les hauts plateaux montagneux de l'Ouest-Cameroun. La rivière Noun
marque sa frontière Nord avec les Bamoun. Il est séparé au
Nord-ouest par deux villages : Bapi et Baden. A l'Ouest, Bamougoum le
sépare du village Bansoa et du village Baméka. Il partage ses
frontières Sud et Est avec Bafoussam (voir annexe).
Les Balengs comme tous les Bamilékés seraient
venus de la Haute Egypte. Les principales étapes de leur
émigration sont : la plaine Tikar, et le Haut-Mbam, le pays Bamoun. Tous
n'ont pas traversé le fleuve Noun, certains sont restés dans le
pays Bamoun et se sont mélangés aux autochtones. L'histoire orale
rapporte que les Balengs, furent les premiers Bamilékés à
traverser le Noun. En témoigne sa frontière Nord actuelle
séparée par cette rivière.
Les langues bamilékés en général
présentent plusieurs similitudes avec la langue de l'Égypte
pharaonique. S'agissant de la langue baleng, elle est un dialecte
appartenant au sous-groupe linguistique Fe'fe' du nord qui
lui-même appartient à la famille des langues du Niger-congo
(Grimes, 2005).
2.1.2. LA NOTION D'ENVIRONNEMENT
Dans son acception la plus courante en psychologie, le terme
environnement est synonyme de milieu et désigne l'espace de vie d'un
individu, d'un groupe ou d'une espèce (niche écologique). Sans
autres spécifications, il englobe le milieu physique et le milieu social
(le terme entourage s'appliquant, plus particulièrement chez l'homme, au
milieu social proche). L'expression milieu socioculturel est souvent
préférée pour marquer la spécificité du
milieu social humain, où les productions et représentations
culturelles tiennent une place importante à côté des
congénères eux-mêmes. Les activités des organismes
sont généralement conçues comme des adaptations au milieu,
qui peuvent néanmoins consister à l'aménager, à le
modifier, voire à le construire.
Par facteurs de milieu, on entend l'ensemble des conditions
externes, physiques et sociales, contribuant à déterminer les
conduites d'un organisme et influençant sont développement.
Aussi, l'environnement regroupe des facteurs psychologiques
concernant les stimulations sensorimotrices, linguistiques, affectives,
sociales de l'individu : le rôle des attitudes parentales, du niveau
socio-économiques, des cultures sociales et ethniques. L'environnement
culturel est certainement constitué en très grande partie par la
famille et par l'école, la famille jouant un rôle
déterminant pour les stimulations précoces et l'acquisition du
langage, l'école étant le lieu privilégié des
acquisitions intellectuelles.
Le milieu intérieur d'après Doron et Parot
(2004), est un concept biologique dû à Claude Bernard.
Désignant l'ensemble des processus physiologiques interactifs au sein de
l'organisme concourant à l'homéostasie, caractérisé
par le maintien des constantes biologiques propres à l'espèce.
Ceux-ci jouent un rôle considérable dans le
comportement et mettent un accent particulier sur l'ensemble des structures du
système nerveux qui détermine et contrôle le fonctionnement
des organes de sens. Les sens jouent un rôle très important dans
le comportement en ce sens que tout comportement passe par les trois phases
suivantes : sensation, perception et réaction.
Nous retenons ainsi que l'environnement, qu'il soit
intérieur ou extérieur, influence et oriente
considérablement le comportement de l'individu. Ainsi pour une bonne
compréhension des attitudes et des comportements, le psychologue doit
accorder une attention sur tous les aspects de l'environnement en
général et sur les aspects de l'environnement social en
particulier.
2.1.3. LA NOTION D'ATTITUDE
2.1.2.1. Définition et
caractéristiques
Thurstone (1931, cité par Dufresne, 1992 : 8)
définit l'attitude de la façon suivante :
« L'attitude est la disposition pour ou contre un objet
psychologique. La disposition dans sa forme primitive est décrite comme
une attirance ou une aversion. L'attirance est la forme positive de la
disposition, laquelle dans plusieurs situations compliquées
apparaît comme aimant l'objet psychologique, le justifiant, le
préférant de différentes façons. L'aversion est la
forme négative de la disposition, laquelle est décrite comme
détestant l'objet psychologique, le dénigrant, le
détruisant, ou par ailleurs réagissant contre
lui. »
Dans ce sens, l'attitude ainsi décrite par Thurstone se
définit avant tout par la perception positive ou négative
à l'égard d'un objet psychologique. Être favorable ou
défavorable, être pour ou contre. Elle serait donc
constituée selon lui de la somme des sensations, des idées, des
convictions, des sentiments relatifs à un objet déterminé.
L'attitude peut aussi se définir comme une tendance
relativement stable à répondre à quelqu'un ou à
quelque chose de manière qui reflète une évaluation
(positive ou négative) de cette personne ou chose. Ce sont des tendances
à évaluer une entité avec un certain degré de
faveur ou de défaveur, habituellement exprimées dans des
réponses cognitives, affectives et comportementales.
Cette définition peut être
complétée par un certain nombre de précisions sur la
nature et les caractéristiques des attitudes telle que notées par
Tapia et Roussay (1991 : 15) :
- les attitudes sont dans tous les cas le fruit de
l'expérience au sens d'une confrontation entre la personnalité et
le milieu social, et sont dont pour l'essentiel acquises ;
- elles sont relativement stables ou durables ce qui n'exclut
toutefois pas, des possibilités de changements, de transformations sous
l'influence de certains facteurs ;
- elles sont polarisées, c'est-à-dire soit
positives, soit négatives selon l'objet considéré ou la
stimulation perçue ;
- Il faut enfin noter que l'attitude est une construction
hypothétique ; elle ne peut être directement
appréhendée, de sorte que la mesure nécessite le recours
à un instrument, dit échelle d'attitude, composée d'un
ensemble de questions permettant d'en explorer les différentes
facettes.
2.1.2.2. Formation de l'attitude
Selon certains auteurs (Thomas & Alaphilippe, 1993), la
formation de l'attitude traite des interactions entre organismes sociaux et
milieu. Deux types de conceptions sur la formation des attitudes se sont
développés : d'une part, l'attitude serait
intériorisée dès l'enfance au titre des composantes
stables de la personnalité (origine intrinsèque des attitudes),
d'autre part, les théories soulignent l'importance des groupes de
référence auxquels l'individu est confronté et qu'il va
devoir choisir (origine extrinsèque des attitudes). Dans ce dernier cas,
le développement de l'attitude peut être tributaire de
l'observation des résultats des conduites de tierces personnes dans des
contextes déterminés (apprentissage par observation ou modelage)
ou encore peut dépendre de l'exposition à un discours social dont
le vecteur aura une valeur affective positive pour le sujet.
Généralement, on considère que la construction des
attitudes se fait à la fois à partir des expériences
directes et indirectes des individus et à partir d'apprentissages
à caractère symbolique fondés sur du discours à
caractère formel et informel (Ajzen, 2001). Cette façon de
concevoir la dynamique de construction des attitudes et les relations entre ces
dernières d'une part et, d'autre part, les probabilités de
structuration de conduites stables en fonction tant des expériences
antérieures que des apprentissages symboliques informels que l'individu
réalise tout au cours de son existence s'avère cohérente
avec le modèle sociocognitif de l'apprentissage social (Bandura, 1976,
1982). Si l'attitude peut se définir comme une préparation
à l'action, le comportement relève d'une intention du
sujet qui dépend à la fois de sa propre évaluation
à l'égard de sa conduite et de celle qu'il prête à
son entourage (Fishbein et Ajzen, 1975).
2.1.2.3. La structure de l'attitude
Des différentes définitions, il ressort qu'une
attitude est acquise, qu'elle oriente le comportement à l'égard
d'objets dans une direction donnée, que c'est une sorte de disposition
mentale. Cette définition reflète le point de vue mentaliste qui
considère que les attitudes ont une structure multidimensionnelle
comprenant des composantes cognitives, affectives et conatives, qu'elles
influencent le comportement mais qu'elles ne peuvent être
observées directement et que, par conséquent, elles sont
inférées à partir des observations (Rosenberg et Hovland,
1960) :
En bref, le domaine affectif correspond à la
réponse émotive (positive ou négative) qu'une personne
ressent lorsqu'elle est en présence réelle ou
évoquée de l'objet. Cette personne probablement a acquis un
ensemble de connaissances ou de croyances envers cet objet : domaine
cognitif. C'est ici que les représentations sociales,
partagées par le sujet, trouvent leur point d'ancrage dans les
attitudes. La personne a aussi acquis un ensemble de comportements ou
d'habitudes se rapportant à cet objet : domaine comportemental
ou psychomoteur. Pour Rosenberg et Hovland (op.cit.), par exemple si une
attitude comporte ces trois composantes, il devrait exister une certaine
consistance entre elles. Aussi, pour changer une attitude il faudrait
intervenir sur les trois composantes. Un schéma dû à ces
deux auteurs résume les effets d'un stimulus sur ces différentes
composantes de l'attitude :
Fig.1 : Conception schématique des
attitudes d'après Rosenberg et Hovland (1960).
Variables dépendantes
mesurables
Variables intermédiaires
Variables indépendantes mesurables
Réponses nerveuses du système nerveux
sympathique.
Déclarations verbales au sujet des affects
Affects
Stimuli :
Individu, situations, conséquences sociales, groupes
sociaux et autres « objets d'attitudes »
Réponses perceptibles.
Déclarations verbales sur les croyances
Cognitions
Attitudes
Actions manifestes. Déclarations verbales concernant le
comportement
Comportement
Source : Thomas et Alaphilippe,
1993 : 21
Par opposition à l'approche précédente,
une autre approche représentée par Ajzen et Fishbein (1975 ;
2000) et Ajzen (2001) propose une structure unidimensionnelle. Tout en
reconnaissant cette multidimensionnalité dans la relation
attitude-comportement, ces auteurs limitent la mesure de l'attitude à la
seule composante affective et /ou évaluative la considérant comme
un concept relativement simple. Plutôt que de voir les croyances et les
intentions comportementales comme une partie de l'attitude, ils
préfèrent les voir comme des phénomènes qui sont
reliés aux attitudes. Ainsi, selon leur modèle, la composante
conative est définie par l'intention de comportement alors que la
composante cognitive est définie par les croyances; enfin la composante
affective est définie par les attitudes. Cette relation peut être
schématisée comme suit :
Fig.2 : Conception schématique des
attitudes d'après Ajzen et Fishbein
Source : Fishbein et Ajzen,
1975 : 13
Cette distinction a été établie dans un
contexte de mesure des attitudes, en ces termes : «The
concept " attitude" should be used only when there is strong evidence
that the measure employed places an individual on a bipolar affective
dimension» (Fishbein et Ajzen 1975 : 13).
En fait, dans les deux approches on infère
l'idée que les attitudes sont corrélées avec les
comportements.
2.1.2.4. Relation entre attitude et comportement
Très tôt les psychologues se sont
intéressés à la relation existant entre
l'attitude d'une personne et son comportement.
Fondamentalement, les auteurs suggéraient que les attitudes pouvaient
expliquer les actions humaines. En ce sens, on considérait les
attitudes comme étant un indicateur plausible du comportement.
Cependant, de nombreuses expériences ont démontré que les
comportements d'un individu pouvaient être en décalage par rapport
à ses attitudes (Corey, 1937; LaPiere, 1934 ; Wicker, 1969,
cités par Thomas & Alaphilippe, 1993). Ce décalage
éventuel d'après Tapia et Roussay (1991 : 21) peut
être attribué à diverses causes :
- L'influence de la situation immédiate, comportant de
nombreux stimuli agissant directement sur le comportement (lequel peut
obéir à une logique qui ne doit rien aux attitudes). Ainsi,
quelles que soient ses attitudes, un individu peut se comporter en raison
direct de sa situation économique. Exemple une personne plutôt
pacifiste pourra se trouver contrainte de travailler dans une usine d'armement
pour assurer la subsistance de sa famille ;
- l'action de plusieurs attitudes complémentaires ou
contradictoires sur le comportement. Par exemple, un individu favorable
à sa langue maternelle mais manifestant un désir accru de
s'intégrer à un nouveau groupe pourra choisir de parler plus la
langue de ce groupe ;
- le décalage entre le moment où l'on
étudie les attitudes d'un sujet et celui du comportement réel
observé. Dans cet intervalle de temps les attitudes peuvent être
transformées, notamment en fonction d'évènements
particuliers. Par exemple en période d'élection entre le moment
où les instituts de sondages mesurent les intentions de vote et celui du
vote effectif, les changements d'opinions sont fréquent, notamment,
lorsqu'un certains nombre de scandales politiques sont dénoncés.
Cependant plusieurs études ont été
menées et on a trouvé des corrélations assez fortes entre
une mesure spécifique de comportement et des mesures d'attitude variant
en spécificité. Ajzen et Fishbein (1975 : 62) ont ainsi
mentionné que pour mettre en évidence ces corrélations,
Une prise en compte complète du comportement doit spécifier non
seulement quelle action est accomplie, mais aussi l'objet, le contexte et le
moment.
2.1.4. FACTEURS PSYCHOSOCIAUX ET COMPORTEMENTS
LANGAGIERS
2.1.4.1. La notion de bilinguisme additif et
soustractif chez Lambert (1974)
D'après Landry et Allard (1990), Lambert fut le premier
qui mentionne de façon explicite deux formes de bilinguisme, soit une
forme « additive » et une forme «
soustractive ». Chacune se développant en fonction
du milieu socioculturel dans lequel a lieu l'expérience bilingue. Dans
le premier cas, il y a addition à la formation linguistique et à
la culture de la personne. L'individu acquiert une langue seconde et incorpore
certains éléments d'une autre culture mais sans préjudice
à la culture et au développement de sa langue maternelle. Dans ce
cas, l'individu manifeste un haut degré de compétence (autant
orale qu'écrite) dans les deux langues, maintient son identité et
son sentiment d'appartenance à l'endogroupe tout en ayant des attitudes
positives envers l'exogroupe et la langue de ce groupe, et continue à
avoir des occasions d'utiliser d'une façon permanente sa langue
première dans une variété de contextes sociaux et
institutionnels (Landry & Allard, 2000). Dans notre contexte les enfants
vivant en campagne c'est-à-dire dans leur milieu d'origine où ils
sont démographiquement majoritaires (et donc la langue dominante est
naturellement leur LM), et scolarisés dans des programmes en langue
seconde (le français par exemple) peuvent être cités comme
de bons représentants du « bilinguisme
additif ».
Par contre, la deuxième forme du bilinguisme
appelée « soustractive » se manifeste
surtout dans un milieu où le groupe de l'individu est
minoritaire (Lambert, op.cit.); il s'agit par exemple dans notre contexte
des milieux urbains où le français/anglais est majoritaire ou
dominant et les langues maternelles minoritaire ou dominées. Dans ce
cas-ci, d'après Hamers (1992) l'individu qui appartient à une
communauté rejette ses propres valeurs socioculturelles au profit de
celles d'une langue culturellement et économiquement plus prestigieuses.
C'est-à-dire que l'acquisition de la langue seconde n'est plus
complémentaire à celle de la langue première, mais en
relation de compétition avec celle-ci, puisque la langue seconde devient
progressivement dominante dans le vécu langagier des membres de la
communauté. Landry et Allard (1990) soulignent que ce type de
bilinguisme est instable puisqu'il signale une transition graduelle vers
l'unilinguisme dans la langue seconde. De plus, précisent-ils, cette
transition se manifeste non seulement par une diminution de la
compétence en langue maternelle, mais par un désir accru
d'intégrer la communauté linguistique dominante et par la perte
de l'identité ethnolinguistique avec l'endogroupe. Ce type de
bilinguisme peut être à la source de problèmes
d'identité ethnique ou d'un danger continuel d'assimilation (Landry
& Allard, op.cit.). Ces auteurs précisent que ce
phénomène est souvent lié au phénomène
sociétal de la perte collective d'une langue minoritaire. Aux
États-Unis, de nombreux enfants d'immigrés ayant appris l'anglais
très tôt cessent de développer leurs compétences en
L1 et passent à la L2 tout en perdant leur L1. Il s'est
avéré aussi que chez ces enfants, cet abandon de l'usage de la
langue maternelle a eu une influence sur le maintien de leur identité
ethnique (Lambert, 1974).
En somme, le modèle de Lambert sur le comportement
langagier du bilingue est très important à considérer dans
le cadre de notre étude. Celui-ci met l'accent sur la
nécessité de l'articulation de plusieurs facteurs, entre autres,
une bonne compétence dans les deux langues (L1 et L2) et une
identification ethnique aux deux groupes linguistiques.
2.1.4.2. La notion de statut ethnolinguistique chez
Giles et al. (1977)
Giles, Taylor et Bourhis (1977) ont défini la notion de
statut ethnolinguistique en proposant le concept de vitalité
ethnolinguistique (Jürgen, 1996). Ces auteurs définissent la
vitalité ethnolinguistique (VE) comme étant un ensemble de
facteurs socioculturaux qui font qu'un groupe est susceptible de se comporter
comme une entité distincte et active dans ses rapports avec d'autres
groupes ethniques. La V.E. est définie par trois variables
structurales : 1) le statut social des groupes; 2) les variables
démographiques; 3) le support institutionnel.
Le statut d'un groupe ethnolinguistique se
définit en fonction du prestige social, économique, et
linguistique du groupe. Il peut être estimé en considérant
les facteurs comme la langue de travail dans les entreprises, la langue d'usage
dans les échanges commerciaux, le niveau socio-économique des
membres de la communauté.
Les variables démographiques sont celles qui
reflètent le nombre des membres d'une communauté sur un
territoire, la proportion relative de cette population par rapport à la
population totale ou par rapport à un groupe dominant et la
concentration de la population sur le territoire.
Le support institutionnel selon Giles et al.
(cités par Jürgen, 1996), se mesure en fonction du degré et
de l'étendue de la représentation formelle et informelle d'un
groupe au sein des institutions de la société. Il peut
être aussi mesuré en analysant le statut de la langue sur le plan
juridique, la langue de l'affichage public, les postes occupés dans la
fonction publique etc. ; ou en observant le degré d'accès
à l'éducation dans la langue première, l'accès aux
différents médias culturels etc. À cet
effet, Jürgen (op.cit. : 64) a aussi précisé que:
« ... plus un groupe contrôle ses propres institutions ou
exerce du pouvoir au sein d'organisations sociales importantes, plus
élevée sera la vitalité linguistique du groupe et plus la
langue sera utilisée sur les plans social et institutionnel. »
Dans le même sens, Hamers et Blanc (2000 : 216)
considèrent en outre que : « ...plus un groupe a
de vitalité, plus il a de chances de survivre en tant que groupe
distinct, avec une langue distincte; inversement, moins il fait preuve de
vitalité, moins il aura de chances de survivre. »
Ainsi, il appert que la vitalité globale d'une
communauté linguistique est le résultat de l'interaction des
trois sortes de variables : le statut social du groupe, sa force
démographique et sa représentation sur le plan institutionnel.
À cet égard, Jürgen (1996) souligne que l'interaction de ces
variables crée le contexte social et socio-institutionnel dans lequel
s'installe la dynamique des relations intergroupes.
Plusieurs recherches empiriques se sont appuyées sur
cette théorie de Giles, et al. (1977) et ont montré que les
compétences langagières et le désir d'intégrer leur
communauté chez les membres d'un groupe linguistique sont davantage
déterminés par la vitalité de leur communauté que
par les qualités personnelles des individus (Landry et Allard, 1990,
2000 ; Hamers & Blanc, 2000 ; Clément, 1984). Ainsi, les
groupes ayant un faible degré de vitalité ethnolinguistique,
selon le construit théorique de Giles et ses collaborateurs, auraient
tendance à graduellement cesser d'utiliser la langue et à
s'intégrer culturellement à un ou à différents
groupes dominants. D'une manière inverse, les groupes ayant davantage de
vitalité ethnolinguistique auraient tendance à maintenir
l'utilisation de la langue et à demeurer une entité collective
distincte et active au sein de la société.
Ces travaux s'avèrent intéressants pour notre
recherche. En ce sens qu'ici on ressort le lien entre les attitudes et
comportements langagiers de l'individu et des facteurs sociaux qui sont le
degré de vitalité ethnolinguistique de sa communauté. Nous
pouvons traduire dans notre étude la vitalité
ethnolinguistique par l'expression « promotion sociale
de la langue ».
2.1.4.2. Situation de multilinguisme et comportements
langagiers
Hamers et Blanc (2000) soulignent que, lorsque des individus
se trouvent dans une situation de contact de plusieurs langues, la langue
utilisée par tous est appelée langue majoritaire et les langues
maternelles des individus langues minoritaires. Les usages langagiers peuvent
être influencés par le milieu social qui reflète notamment,
le prestige et la vitalité de la communauté linguistique
majoritaire. Le réseau social de communication des individus peut
être dominé par la langue seconde. Ces individus peuvent donc
vivre des difficultés d'appartenance et d'identité. Ils peuvent
même dévaloriser et rejeter leur propre langue. La langue
d'origine sera maintenue si et seulement si les usages langagiers dans le
milieu social et dans le milieu familial se déroulent à forte
prédominance dans les langues maternelles et si seule l'école
permet l'apprentissage de la langue seconde. En effet, les recherches voulant
promouvoir un usage parfait des deux langues (LM et L2) dans ce contexte,
semblent s'appuyer sur le modèle de Landry et Allard (1990).
2.1.4.3. « Milieux de vie »
et développement du bilinguisme chez Landry et Allard
L'intérêt que revêt le modèle
de Landry et Allard réside dans le fait que ce modèle permet de
saisir l'importance de l'environnement social, et plus
précisément l'importance du degré de vitalité
ethnolinguistique, sur le développement du bilinguisme additif (Landry
& Allard, 1990). Ce modèle vise à neutraliser l'influence
soustractive de la langue dominante sur la langue minoritaire par une
modification de l'environnement social qui encadre les activités des
membres de la communauté. Cette modification passe par la valorisation
sociale de la langue en question car selon ces auteurs l'environnement social
et démographique entourant les membres d'une communauté
ethnolinguistique s'avère un déterminant crucial du type de
bilinguisme à développer.
En fait, ce modèle est constitué de trois
« milieux de vie » à savoir, le milieu
familial, le milieu institutionnel et le milieu scolaire. Ces milieux
représentent le réseau de l'enfant où il a contact avec la
L1 et la L2. Plus particulièrement, ce modèle prédit les
effets de la langue de scolarisation en fonction de la vitalité de la
communauté linguistique.
Par ailleurs, ce modèle prédit que pour le
groupe à Haute vitalité ethnolinguistique
l'usage des deux langues sera privilégié si la L1 est largement
favorisée dans le milieu familial et le milieu social puisque l'enfant
est fortement scolarisé en L2. Le bilinguisme sera aussi favorisé
si l'enfant peut avoir des contacts avec la L1 dans le milieu
socio-institutionnel. Aussi, la scolarisation en L2 aura peu d'effets
négatifs sur la compétence cognitive en L1 en raison du haut
degré d'interdépendance L1/L2 (Landry & Allard, 2000).
Ces auteurs montrent aussi que lorsque le groupe a une faible
vitalité ethnolinguistique, le modèle prévoit pour ce
groupe une forte scolarisation en L1 et une ambiance forte en cette langue dans
le milieu familial. Le modèle prédit que ces enfants qui se
trouvent dans un contexte minoritaire à faible vitalité
ethnolinguistique et qui sont très scolarisés en L1 et qui sont
aussi régulièrement confrontés à cette langue dans
le milieu familial, auront non seulement des scores de compétence
langagière plus élevés en L1 que les enfants moins
scolarisés en L1, mais de plus, des scores aussi élevés en
L2 que ces derniers (op. cit.).
Ces recherches ont aussi démontré l'influence
des réseaux sociaux individuels sur les comportements langagiers. Ainsi,
Landry et Allard (1990) et Hamers et Blanc (2000) parlent du réseau
individuel de contact linguistique (RICL) comme étant celui qui
représente le niveau où s'actualise la majorité des
expériences ethnolinguistiques de l'individu. Il consiste en toutes les
occasions où les individus peuvent utiliser leur langue maternelle: dans
les interactions avec les membres de leur famille, les amis, les voisins, les
camarades d'école et les collègues de travail (Landry &
Allard, op.cit.). Cet ensemble du RICL d'un individu est
déterminé par la vitalité relative de sa
communauté. C'est lui qui détermine en partie le comportement
langagier de l'individu en situation de contact des langues et est
également fondamental dans le maintien ou non d'une communauté
linguistique.
Dans le cadre de notre recherche, il s'agit bien des contacts
de l'adolescent avec les membres de sa communauté. Plus
précisément il s'agit de ses rapports avec non seulement son
village mais aussi avec les associations culturelles de son village. Ces
rapports permettant un contact considérable du sujet avec sa LM,
influencent son comportement langagier puisqu'ils donnent au sujet des
occasions de parler cette langue.
2.1.4.4. Variables contextuelles et
attitudes/comportements langagiers : le modèle psychosociale de
Clément
A travers ses recherches, Clément (1984, 1996) a
tenté de montrer les liens entre les variables affectives et
contextuelles qui semblent influencer directement les attitudes et les
comportements langagiers de l'individu.
Selon Clément (1984), le réseau individuel est
le déterminant immédiat des attitudes et des comportements
langagiers de l'individu. Les caractéristiques du réseau sont
à la base de deux processus motivationnel, l'un d'entre eux
identifié comme étant le processus affectif,
décrit les influences relatives et antagonistes de l'attrait pour
l'autre groupe linguistique. Le deuxième processus, dit de confiance
langagière (ou l'anxiété) relative de l'individu par
rapport à l'utilisation de la langue.
Le processus affectif est également relié
à la fréquence de contact. Ce processus affectif pousse
l'individu à établir le contact avec les membres de son groupe
ethnique et que, dépendant de la qualité et de la
fréquence de contact, celui-ci en retire une confiance langagière
plus ou moins prononcée (Clément, op. cit.). Aussi, les aspects
structuraux du réseau influencent la confiance langagière de
l'individu. Des contacts fréquents et diversifiés permettront
l'utilisation variée des fonctions langagières et donc
l'évolution d'un sentiment d'aise plus prononcé à
l'égard de leur utilisation. Clément (ibid.) souligne
hypothétiquement que la qualité du contact devrait être
directement reliée à la confiance de l'individu en sa
capacité d'utiliser adéquatement la langue. Sur la base des
recherches faites en milieu multiculturel, Clément (1984, 1996) a conclu
que la confiance langagière est le déterminant immédiat de
la motivation individuelle à apprendre et à utiliser tel ou tel
code langagier. Et cette confiance s'acquiert via les contacts avec
l'endogroupe.
En résumé, la motivation dans l'apprentissage et
dans l'utilisation d'une langue est une fonction séquentielle des
caractéristiques du réseau de communication individuel, de
processus affectif et de processus de confiance langagière.
Clément (1984) parle aussi des variables contextuelles
comme influençant les attitudes et les comportements langagiers de
l'individu. Selon lui, dans un contexte multiculturel où il y a contact
intergroupe, où plusieurs langues coexistent dans une communauté,
la langue du groupe majoritaire serait la langue la plus importante et qui aura
le plus de prestige auprès de tous les membres de la communauté.
Toutefois, les membres du groupe minoritaire verront leurs cultures et leurs
valeurs dépréciées et par conséquent
évalueront leur appartenance à ces groupes au profit du partage
de la culture dominante. Cette tendance
« intégrative » sera directement reliée
à la vitalité du groupe parlant la langue seconde. Sous des noms
divers « integrativeness »,
« integrative motive ». Ce concept d'attrait
à l'égard de l'autre groupe fut le fondement théorique de
plusieurs recherches dans le domaine de l'acquisition des langues secondes
(Gardner, 2000; Gardner & Lambert, 1959). Cette tendance vers
l'intégration est un processus dû à l'influence des membres
de la communauté majoritaire. Lorsque le sujet voit sa culture
et sa langue dépréciées, il évalue son appartenance
à ce groupe au profit du partage de la culture dominante. Il manifeste
un désir de devenir semblable aux membres de la
communauté majoritaire.
En somme, le modèle psychosocial de Clément
(op.cit.) montre les liens entre les variables affectives et contextuelles et
leur influence sur les attitudes et le comportement langagier de l'individu;
ainsi, en fonction de la fréquence des contacts de l'individu avec la LM
et de l'influence des membres de l'outgroup, l'individu pourra aller
jusqu'abandonner sa langue et ses origines ethniques pour s'intégrer au
groupe de la langue de la communauté majoritaire.
2.2. LES THEORIES EXPLICATIVES DU SUJET
2.2.1. LES MOTIVATIONS PSYCHOSOCIALES
La motivation est un domaine de recherche très
prolifique en psychologie. Dans ce champ d'étude, la motivation est
considérée comme un centre de la régulation biologique,
cognitive et sociale de l'individu. Pour plusieurs chercheurs, le concept de
motivation « représente le construit hypothétique
utilisé afin de décrire les forces internes et/ou
externes produisant le déclenchement, la direction,
l'intensité et la persistance du comportement » (Vallerand
& Thill, 1993 ; cité par Sarrazin, 2001 :1).
La motivation n'est pas une réalité tangible
mais une construction hypothétique qui n'existe qu'à travers des
manifestations comportementales à partir desquelles on infère
l'état de motivation d'une personne. Le comportement humain est
déterminé par de multiples facteurs en interaction, ce qui
confère à la motivation un caractère éminemment
dynamique. Parmi ces facteurs « en interaction »
responsables de la motivation des individus, la plupart des théories
contemporaines mettent l'accent sur deux types de variables :
l'environnement social, et les cognitions des individus.
D'où le qualificatif « sociocognitif » ou
« psychosocial » qui
entoure ces approches théoriques (Sarrazin, 2001).
Le contexte et les agents sociaux qui sont au contact de
l'individu auraient donc la capacité d'orienter sa motivation. Mais en
dernier ressort, celle-ci semble surtout déterminée par un vaste
ensemble de cognitions inter-reliées, telles les croyances
d'efficacité, de contrôle, ou d'impuissance, ou aussi les valeurs
et les buts que l'on cherche à atteindre. Il existe plusieurs
théories permettant de mieux comprendre et de mieux expliquer la
motivation, mais nous n'en retiendrons que celles qui correspondent le mieux
à notre étude.
2.2.2.1. La pyramide de Maslow
A la base des théories humanistes, l'humain est vu
comme un être fondamentalement bon se dirigeant vers son plein
épanouissement. Le but recherché par le psychologue humaniste est
de permettre à tout individu de se mettre en contact avec ses
émotions et ses perceptions afin de se réaliser pleinement
c'est-à-dire atteindre l'actualisation de soi.
Pour Maslow (1970), le comportement est aussi notre
désir conscient de croissance personnelle. Selon lui, les besoins sont
organisés selon une hiérarchie où, à la base, on
retrouve les besoins physiologiques élémentaires et au sommet,
les besoins psychologiques et affectifs d'ordre supérieur. Ce sont ces
besoins qui créent la motivation.
- A la base de la pyramide on retrouve les besoins de maintien
de vie (respiration, alimentation, élimination, maintien de la
température, repos et sommeil...). Ces besoins sont fondamentaux. -
L'étage de dessus représente les besoins psychologiques : de
sécurité, de propreté et de maîtrise (pouvoir sur
l'extérieur). - Le troisième étage est
représenté par les besoins sociaux : d'affectivité,
d'estime de la part des autres et d'appartenance. Si ces besoins de base sont
satisfaits, il y a apparition, selon ce que l'on appelle le principe
d'émergence, d'autres besoins dits besoins secondaires du
développement, qui sont plus de l'ordre de la réalisation de soi,
comme être libre, que du comblement de manques. - le quatrième
étage est le besoin d'estime de soi même (sentiment d'être
utile, d'avoir de la valeur) - une fois ce besoin satisfait, on peut
accéder au sommet de la pyramide c'est-à-dire arriver à la
réalisation de soi (accroître ses connaissances, développer
ses valeurs, avoir une vie intérieure...). Ainsi pour comprendre le
comportement des gens, il faut découvrir quels besoins ils cherchent
à combler, reconnaître que les individus sont motivés par
ce qu'ils recherchent plutôt que par ce qu'ils ont obtenu.
2.2.2.1. Motivation intrinsèque et motivation
extrinsèque
Une autre théorie de la motivation, qu'il convient
d'évoquer ici, est celle de Deci et Ryan (1985). Elle est fondée
sur la distinction entre motivation intrinsèque et motivation
extrinsèque. La motivation intrinsèque est
considérée comme le plus haut niveau de motivation
autodéterminée que peut atteindre un individu. Elle est
également la source d'énergie qui sert de départ à
la nature active de l'organisme humain. Dans des termes plus concrets, la
motivation intrinsèque implique que l'individu pratique une
activité parce qu'il en retire du plaisir et une certaine satisfaction
(Deci, 1975). Elle se rattache à la tâche et au self. La
motivation extrinsèque quant à elle se rattache à
la reconnaissance sociale et aux gains. Elle survient lorsque
l'individu tente d'obtenir quelque chose en échange de la pratique de
l'activité (Deci, 1975). L'activité n'est pas pratiquée
pour le plaisir qu'elle apporte, mais pour des raisons souvent totalement
externes au sujet. Le sujet est intéressé par un renforcement
extérieur à l'activité : punition, récompense,
pression sociale, etc. Les caractéristiques de chacune d'elles peuvent
être résumées dans le tableau suivant:
Tableau 2: caractéristiques de la
motivation intrinsèque et extrinsèque
Motivation intrinsèque
|
Motivation extrinsèque
|
- préférence pour le défi
|
- préférence pour le travail facile
|
- curiosité/intérêt
|
- faire plaisir à son entourage/bonne image de soi
|
- indépendant de son entourage
|
- dépendant de son entourage pour résoudre ses
problèmes
|
- indépendance de jugement
|
- dépendant de l'avis des autres pour décider de
quoi faire
|
- critères internes de réussite
|
- critères externes de réussite
|
Source : Deci et Ryan (1985)
L'individu qui a une motivation intrinsèque est
motivé par les tâches et par le plaisir de les accomplir. Alors
que celui qui a une motivation extrinsèque est motivé par des
raisons externes. Les activités doivent ainsi favoriser le
développement d'une motivation extrinsèque chez les sujets qui
ont une considération basse du self et qui ont besoin de l'approbation
de l'entourage. De toute façon, il est souvent difficile de distinguer
l'une de l'autre, car il y a comme un continuum entre motivation
intrinsèque et motivation extrinsèque, qui restent difficiles
à séparer. Pour construire une motivation intrinsèque
d'après Deci (op.cit.), on devrait :
- choisir des thèmes qui correspondent à
l'intérêt des individus - assurer un choix - favoriser la
participation active et la coopération entre les individus - se servir
des jeux - Proposer des activités nouvelles et variées - donner
un feedback régulier en ce qui concerne le développement des
capacités et des compétences.
Si l'entourage ou l'enseignant désire développer
une motivation extrinsèque chez les élèves, il doit : -
louer l'effort et le succès des élèves ; - indiquer
l'utilité et l'importance de l'activité pendant qu'ils sont en
train de l'accomplir.
Somme toute, Selon la théorie de Deci et Ryan, le
contexte et les facteurs (déterminants) sociaux et environnementaux
peuvent faciliter ou nuire à la motivation
autodéterminée.
2.2.2.2. L'approche contextuelle de la motivation chez
Viau
L'approche contextuelle
d'après Viau (1994 : 27) «fonde
l'étude des phénomènes humains sur l'interaction qui
existe entre les comportements d'une personne, ses caractéristiques
individuelles et l'environnement dans lequel elle évolue ». Ce
qui est fondamental dans cette approche c'est la grande
importance qu'elle accorde à l'interprétation de la
situation aux déterminants cognitifs et affectifs de la motivation et
aux conditions contextuelles. Ainsi, les caractéristiques individuelles
et les caractéristiques contextuelles interagissent pour
déterminer la motivation.
En contexte scolaire par exemple, Viau (op.cit.)
considère la motivation comme un état dynamique qui a ses
origines dans les perceptions qu'un élève a de lui-même et
de son environnement et qui l'incite à choisir une activité,
à s'y engager et à persévérer dans son
accomplissement afin d'atteindre un but.
Pour mesurer la motivation Viau propose l'observation des
choix que l'élève fait pour s'engager dans l'activité et
aussi l'évaluation de la performance. Il présente son
modèle motivationnel de la manière suivante :
Fig.3 : Théorie sur la motivation. Viau,
1994.
Déterminants
Contexte
Motivation
Perception :
- de la valeur d'une activité ;
- de sa compétence à l'accomplir ;
- de la contrôlabilité.
Choix
Indicateurs
Engagement cognitif
Persévérance
Performance
Source : Bernaus, 1992
La motivation ou démotivation se produit en interaction
avec le contexte. Les individus ne sont pas motivés ou
démotivés in abstracto. Pour que l'individu soit motivé il
faut susciter sa curiosité et son intérêt pour
l'activité. Ces facteurs sont essentiels pour développer la
motivation, et des attitudes positives envers l'activité. En plus,
l'individu doit percevoir la valeur d'une activité et aussi être
conscient qu'il peut l'accomplir, parce qu'il est compétent et peut la
contrôler par lui-même ou en collaboration avec le groupe.
L'intérêt ou la motivation des individus pour accomplir les
activités va se manifester à travers leur engagement cognitif et
leur persévérance au travail, qui vont contribuer à aller
jusqu'au bout dans leur performance.
Si le contexte crée une dynamique positive chez
l'individu, celui-ci percevra la valeur du travail à accomplir,
s'estimera capable de réussir et aura le sentiment de contrôler
cette situation. Ces perceptions suscitant chez lui une forte motivation, il
choisira de s'engager sur le plan cognitif dans l'accomplissement de cette
activité en utilisant des techniques et des connaissances
appropriées et persévérera jusqu'à ce qu'il ait
atteint l'objectif qu'il s'est fixé. Son engagement cognitif et la
persévérance lui permettront de réaliser une bonne
performance.
Lorsque l'individu réagit de façon positive
à un événement, Viau parle d'une dynamique fonctionnelle,
c'est à dire d'une dynamique dans laquelle les perceptions qu'un
individu a de lui-même influencent favorablement sa motivation et ses
attitudes et l'amènent à choisir de s'engager cognitivement dans
une activité et à persévérer. Lorsqu'il
réagit de façon négative, on parle plutôt d'une
dynamique dysfonctionnelle, puisque les perceptions de l'individu influencent
négativement sa motivation et ses attitudes et l'amènent à
choisir de ne pas s'engager dans une activité. Cette dynamique
motivationnelle devrait être connue par les spécialistes qui
désirent améliorer la motivation des individus.
2.2.2.4. Motivation et apprentissage d'une langue: la
théorie de R. Gardner
La première théorie psychosociale dans
l'apprentissage des langues a été formulée par Gardner et
ses associés. Gardner et Lambert ont été les premiers
à proposer en 1959 un modèle qui identifie le rôle des
attitudes et de la motivation dans l'acquisition et le maintient de la langue.
Bien que ce modèle ait subi plusieurs changements au fils des
années, il existe une similitude entre les versions
précédentes (Gardner & Lambert, 1959; Gardner, 1985) et les
nouvelles versions (Gardner, 2000, 2001).
La variable de motivation selon ce modèle est
constituée de trois éléments :
a) l'effort consacré à
apprendre la langue;
b) le désir d'atteindre un but et
enfin,
c) le plaisir d'apprendre.
Dans ce sens, Gardner fait référence à
l'orientation chez l'apprenant. Il identifie deux formes d'orientation :
une «orientation intégrative » et une
«orientation instrumentale » (Gardner,
2001). L'orientation intégrative renvoie à un désir
chez l'apprenant de connaître la culture de la communauté de
langue cible ou de s'approcher d'elle. À l'opposé l'orientation
instrumentale réfère à un besoin chez l'apprenant
d'apprendre la langue dans un but pragmatique. Selon Gardner, ces orientations
font partie du processus d'apprentissage chez l'apprenant d'une langue seconde.
Toutefois, précise-t-il, l'apprenant qui a une orientation
intégrative c'est celui qui désire le plus apprendre la langue,
il a des attitudes positives envers le contexte d'apprentissage et fait plus
d'effort pour apprendre cette langue (Gardner, 1985, 2001). Les attitudes
envers le contexte d'apprentissage impliquent des attitudes envers
différents aspects de la situation d'apprentissage. Ces attitudes seront
positives ou négatives selon les individus et selon le contexte
d'apprentissage.
Par ailleurs, le modèle de Gardner (2001), regroupe
d'autres variables et facteurs qui peuvent être aussi liées
à la motivation. Toutefois, l'«integrativeness » et
les attitudes envers la situation d'apprentissage sont les deux piliers de la
motivation, et c'est cette motivation qui contribue à déterminer
la performance linguistique. Ceci explique donc, l'interdépendance des
trois variables constituant la motivation intégrative.
Bref, l'importance du modèle de Gardner, c'est qu'il
nous permet de prévoir par exemple l'impact des prédispositions
affectives sur la motivation et les attitudes de l'apprenant, et enfin sur son
niveau de réussite dans l'apprentissage/usage de la langue. Plusieurs
études ont montré que les attitudes exercent une influence sur la
motivation à apprendre qui, à son tour, occasionne la
réussite (Gardner, 2000). Ceci, nous amène à avancer
l'idée selon laquelle, plus l'individu a des attitudes positives, plus
élevé sera son niveau de motivation à parler la LM et
inversement.
2.2.3. LA THEORIE DE L'INFLUENCE SOCIALE
Le sens que nous donnons au concept de l'influence social
s'inspire de celui de Moscovici (1984). Elle consiste au fait que dans une
relation humaine normale mettant un pôle majoritaire en interaction avec
un pôle minoritaire au tour d'un objet de relation, qu'un des pôles
fasse une pression sur l'autre afin de l'amener à adopter sa vision de
l'objet qu'il veut dominante. Il s'agit en fait d'un processus au cours duquel
un pôle est contraint de faire sien la perception de l'objet que se fait
l'autre pôle. Dans le cas de notre recherche, l'objet de la relation est
la langue. La L2 est la langue du pôle majoritaire tandis que la LM est
la langue du pôle minoritaire.
Il y a deux modalités d'influence sociale. Une qui est
celle du processus majoritaire où la majorité exerce une pression
sur la minorité. L'autre modalité est celle du processus
minoritaire au cours duquel la minorité exerce une influence sur la
majorité. Mais dans notre étude, il sera plus question de la
première. Il s'agit dans notre contexte de l'influence de la
majorité sur la minorité parlant la LM. Cette majorité est
l'ensemble du milieu extra familial de l'adolescent constitué des
pairs, de l'école, bref de toute personne ne faisant pas partie de son
outgroup. Étant donné que cet environnement extra familial est
dominé par les L2. Des processus spontanés comme l'imitation, la
contagion, la production des normes collectives, ou encore la
conformité résultante du milieu sont à la base de la
formation des attitudes.
2.2.3.1. L'imitation et la contagion : influence
sur les attitudes et les comportements sociaux
Pour Tarde (1890, cité par Tapia et Roussay,
1991 : 45) le processus fondamental permettant d'expliquer la tendance
à l'uniformisation des attitudes et des comportements au sein des
sociétés est celui de l'imitation. Cette notion
définit le comportement d'un sujet qui calque ses attitudes ou ses actes
sur ceux d'un autre qui lui sert volontairement ou non de modèle ou
d'idéal. Toutefois, l'imitation ne peut se réduire, en tant que
processus social, à une simple reproduction d'attitudes ou de conduites,
sans créativité, ni intelligence de la part de celui ou ceux qui
imitent ; au contraire, le résultat de l'imitation est toujours, en
dernière analyse, un produit nouveau et personnel. Par exemple, un
phénomène collectif comme celui de la mode peut être
assimilé à un processus d'imitation sociale, si nous
considérons que la fonction essentielle de la mode est de permettre la
ressemblance avec un modèle au sens large de ce terme.
Les études de Le Bon (1963, cité par Tapia et
Roussay, 1991 : 46) portant sur les comportements humains dans les foules
ont permis de dégager le concept de contagions, pour décrire le
phénomène de propagation et d'amplification de certains
émotions et sentiments au sen des foules. Selon Le Bon, la tendance
à l'uniformisation des attitudes et des comportements au sein des
sociétés repose de la même façon sur la propagation
des modèles dominants de comportements.
Les recherches réalisées sur l'imitation et la
contagion sociale permettent de conclure :
- que la tendance à l'uniformisation des attitudes et
des comportements au sein des sociétés s'opère à
l'insu des individus ou des groupes constitutifs de ces
sociétés ;
- que les attitudes et les comportements des individus en
situation de groupe ont tendance à se calquer sur les attitudes et les
comportements dominants dans ces groupes. Autrement dit les individus se
rallient inconsciemment et insensiblement aux attitudes et comportements
dominants.
2.2.3.2. La formation des normes et des attitudes
Au cours d'une expérience devenue
célèbre, Sherif (1936, cité par Blanchet et Trognon, 1994)
soumet individuellement puis collectivement de sujet à l'effet
autocinétique. La tâche de ces sujets consiste à
évaluer l'ampleur perçue du déplacement d'un point
lumineux. Dans ces conditions expérimentales les sujets ne disposant pas
d'un cadre perceptif de référence (sujets naïfs), sont
contraints d'élaborer leur propre cadre de référence. Les
résultats de cette expérience peuvent être succinctement
résumés de manière suivante :
- individuellement chaque sujet élabore une norme de
référence à partir de laquelle il évalue l'ampleur
des déplacements du point lumineux ;
- collectivement et en raison des communications qu'ils
établissent et des échanges sur leurs estimations individuelles,
les sujets créent une norme de référence commune
(différente de celle élaborée individuellement) et
conservent cette norme, même en dehors de la situation de groupe ;
- la norme collective intégrée par l'individu va
constituer un facteur important de détermination ou de modification de
ses réactions ou attitudes face à une situation nouvelle. Les
travaux de Sherif (op.cit.) ont mis en évidence l'effet de l'influence
du groupe sur la formation et la modification des attitudes individuelles dans
les situations ou l'individu ne dispose pas de référence
préalable.
Sherif conduit d'autres expériences montrant notamment
la manière dont s'exerce l'influence sociale sur les individus. Il en
résulte que le degré de l'influence peut être
différent selon les sujets et que si ceux-ci prennent conscience
progressivement au cours des expériences de la formation de la norme du
groupe, ils ne sont pas toujours conscients de l'influence qui s'exerce sur eux
de la part d'autres membres du groupe. Tout cela signifie que :
- si les attitudes sont des prédispositions à
réagir à des objets, à des situations, ou à des
personnes, ces prédispositions peuvent être modifiées,
expérimentalement et sous l'influence de l'environnement ;
- la formation des attitudes tout comme celle des normes n'est
pas toujours consciente.
Notons que dans le cas d'une situation expérimentale
comme celle que nous venons de décrire, l'individu est totalement
privé de cadre de référence, alors que dans des situations
habituelles il se sert de références préétablies
pour agir, ou évaluer une situation.
Les cadres de référence sont fournis par
l'environnement immédiat ou plus lointain du sujet et plus
fondamentalement par les groupes sociaux auxquels il appartient ou aspire
à appartenir. Dans le premier cas de figure, le groupe est
qualifié de groupe d'appartenance, dans le second de groupe
référence (Tapia & Roussay, 1991).
Divers études ont montré, en effet, que le
rejet, par exemple, par des personnes économiquement ou socialement
défavorisées de leur groupe d'appartenance, les conduit à
s'identifier à d'autres groupes (socialement plus prestigieux) et
adopter des attitudes en conformité avec les normes de ces groupes. Par
ailleurs, l'adoption d'attitudes peut résulter soit d'une
référence positive, soit d'une référence
négative à des groupes sociaux. Dans le premier cas, les
attitudes auront pour finalité de rapprocher, physiquement,
idéologiquement, intellectuellement l'individu du groupe
référence et dans le second cas elles auront pour
finalité de l'en éloigner. (Tapia & Roussay, op.cit.). Il
faut enfin mentionner une autre fonction du groupe
référence, celle de permettre de porter des jugements
(positifs ou négatifs) sur soi-même ou sur son groupe
d'appartenance.
Il convient de souligner que dans le premier cas (recherche
de la reconnaissance par un groupe plus prestigieux), le groupe de
référence joue un rôle actif, c'est-à-dire que ses
membres peuvent accorder ou refuser cette reconnaissance, alors que dans le
second cas (élaboration de jugements sur son groupe ou sur
soi-même) le groupe de référence ne constitue qu'un simple
point de repère.
2.2.3.3. La conformité
Le processus de conformité est la forme de l'influence
sociale connue par les travaux d'Asch (1931). La conformité peut
être définie comme « la modification d'un
comportement par laquelle l'individu répond aux pressions d'un groupe en
cherchant à se mettre en accord par l'adoption des normes qui lui sont
proposées ou imposées» (Fischer, 1987 : 67). Dans
la conformité, nous trouvons trois éléments
distincts : l'existence de tensions entre les positions antérieures
d'un individu et les pressions auxquelles il est plus ou moins fortement
soumis ; l'adhésion qui s'opère chez l'individu à ce
qui lui est proposé ; enfin le résultat de cette
modification, qui comporte à la fois une part de négation de
certains aspects du comportement antérieur et une part d'affirmation de
soi par l'adoption de comportements nouveaux. Ainsi, dans notre contexte
l'adolescent en abandonnant sa LM s'affirme par l'adoption du
français/anglais comme langue de communication.
Pour Moscovici (1979 : 182), « la
conformité définit le comportement d'un individu ou d'un
sous-groupe lorsque le comportement est déterminé par des normes
et des attentes légitimes du groupe, situation qui conduit l'individu ou
le sous-groupe à assimiler à ses propres jugements et opinions
les jugements et les opinions du groupe réel ou idéal,
indépendamment de tout écart originel. » Il faut
noter que ce changement dans le comportement ou les opinions d'une personne
résulte d'une pression du groupe qui peut être réelle ou
imaginaire.
La conformité ainsi définie varie
selon la conviction de l'individu. Il peut se conformer soit parce qu'il croit
que le groupe possède la meilleur information, soit parce que les normes
du groupe sont contraignantes. Aussi, la conformité revêt-elle,
selon la conviction du sujet, diverses formes qui se manifestent après
un travail cognitif d'interprétation du message auquel il est
exposé. Kelman (1961, cité par Mvessomba, 1998) distinguait
plusieurs réponses possibles à l'influence dont les plus
importantes sont : l'intériorisation, l'identification et le
suivisme.
L'identification est la réponse à l'influence
d'un individu qui désire en priorité être semblable aux
membres du groupe majoritaire. Ce qui est satisfaisant pour lui, ce n'est pas
le comportement même qui résulte de l'influence, mais ce
comportement permet une définition de soi impliquant une relation
satisfaisante aux personnes auxquelles on doit s'identifier. Il s'agit ici
d'adopter le comportement, les attitudes et les opinions de ceux qu'on aime et
à qui on veut ressembler. Cette identification débouche
très souvent sur la conversion que Mead (1963, cité par
Mvessomba, 1998) définit comme « le processus par lequel
un individu en interaction avec d'autres devient comme eux en faisant les
mêmes choses sans que ce processus n'émerge dans ce que nous
nommons conscience ».
La conversion diffère de l'identification dans la
mesure où l'individu adopte sans le savoir, souvent sans le vouloir, les
manières de faire, d'agir et de sentir des personnes de son entourage,
sans y opposer aucune résistance. Avec le suivisme, la résistance
au changement d'attitude est plus consciente.
Dans le suivisme, il y'a l'idée de suivre,
c'est-à-dire venir ou aller après quelques chose ou quelqu'un.
C'est un processus interindividuel qui se joue dans un groupe et qui consiste
comme le dit Moscovici et Paicheler de « faire comme tout le
monde » (1984 : 144), de ressembler aux autres. Dans le
suivisme, l'individu cherche à faire plaisir au groupe en manifestant
ses attitudes et ses opinions par complaisance pour le groupe. Le suiveur ne se
préoccupe pas de la justesse de la position, ni du bien fondé de
l'appariement de son comportement à celui du groupe. Il imite le groupe
pour ne pas être différent de ses membres. Il s'agit de se diluer
dans le groupe, se perdre dans la masse pour ne pas être
marginalisé au sein du groupe.
Un individu se conforme ainsi lorsqu'il modifie sous la
pression d'un groupe ses attitudes ou son comportement pour adopter les
attitudes et les comportements prescrits par le groupe.
A partir de ses travaux, Asch (1955) conclut que la
conformité est le résultat d'un besoin de repérage chez
l'individu, car il s'efforce d'être en harmonie avec les autre
comportements et croyances auxquels il est confronté.
On peut en conclure que moins une personne a confiance en
elle, plus elle est susceptible de subir les pressions en direction de la
conformité. Ceci s'avère cohérent dans notre contexte avec
la notion de vitalité ethnolinguistique chez Giles et al. (1977). Hamers
et Blanc (2000 : 216) considèrent en outre que :
« ...plus un groupe a de vitalité, plus il a de chances de
survivre en tant que groupe distinct, avec une langue distincte; inversement,
moins il fait preuve de vitalité, moins il aura de chances de
survivre. »
Nous avons fait dans les lignes précédentes
référence à l'importance des modèles dominants ou
majoritaires dans la modification des attitudes individuelles ou collectives.
Toutefois, il existe, fort heureusement, des cas où une minorité
peut influencer la majorité ou à défaut résister
à l'influence de la majorité.
2.2.3.3. L'influence des minorités
Dans notre étude, il est important de dire un mot sur
l'influence sociale minoritaire. C'est une situation où le pôle
minoritaire exerce une influence manifeste sur la majorité. Il s'agit
dans notre contexte de certains adolescents qui ayant le sentiment que leur
communauté a un haut degré de vitalité ethnolinguistique
auraient tendance à maintenir l'utilisation de la langue quelle que soit
la situation dans laquelle ils se trouvent, et à demeurer une
entité distincte et active au sein de la société.
Parmi les recherches consacrées à
l'identification des conditions permettant à une minorité
d'influencer une majorité, font autorité celles menées par
Moscovici (1979). Les conditions sine qua non de l'influence des
minorités actives seraient celles-ci :
- le groupe minoritaire pour être influent doit diffuser
une image de lui-même traduisant la confiance et la
solidarité ;
- il doit être perçu comme autonome et
indépendant ;
- il doit être consistant, en ce sens qu'il doit
être clair, que son efficacité est tributaire de
l'unanimité de ses membres, de la cohérence des prises de
positions de ceux-ci avec les orientations profondes du groupe, enfin, de la
persistance dans le temps des attitudes collectives.
2.3. RELATION THÉORIQUE ENTRE LES VARIABLES
2.3.1. Relation entre environnement et attitude
Morissette et Gingras (1989) conçoivent les attitudes
comme une disposition intérieure de la personne qui se traduit par des
réactions émotives modérées qui sont apprises puis
ressenties chaque fois que cette personne est en présence de l'objet;
ces réactions émotives la portent à s'approcher ou
à s'éloigner de cet objet.
Toutefois, les attitudes et le comportement subissent
l'influence des facteurs soit externes soit internes à l'individu. Les
processus sociaux tels que l'imitation, la conformité jouent un
rôle important dans la formation des attitudes. Dans le domaine de
l'acquisition d'une langue, Gardner (op.cit.) fait remarquer que le milieu
socioculturel dans lequel a lieu l'apprentissage influence les attitudes, car
un individu attache les croyances et la culture de la communauté
où il évolue à ses attitudes. Le contexte social englobe
non seulement la famille et les amis mais aussi la communauté au sens
large.
Baker (1996) a mené une étude sur la relation
entre les attitudes envers la langue et l'environnement social, autour de 797
élèves âgés de 11 à 14 ans au Pays de Galles.
Les résultats ont montré une plus grande corrélation entre
les variables environnantes et les attitudes observées alors que la
corrélation entre les attitudes et les attributs individuels
(l'âge, le sexe et la compétence linguistique) est moins
évidente. L'hypothèse de l'influence de l'environnement est donc
renforcée.
2.3.2. Environnement et motivation à
apprendre/parler la langue
Selon Baker (op.cit.) la présence
significative de la langue dans l'environnement
est un impératif pour toute langue vivante. L'acquisition d'une
langue indifféremment de l'âge de l'apprenant n'est jamais un
processus exclusivement intellectuel. Cet apprentissage sollicite la
totalité de la personne : son affectivité, sa
psychomotricité à différents niveaux et son intellect.
La qualité d'un apprentissage dépend de son
intensité et de sa régularité, ce qui nécessite un
environnement favorable. Les motivations ne sont pas purement linguistiques.
Pour cela, il faut des modèles ou des incitations (motivations), du
milieu familial, social, de l'environnement scolaire.
En somme, de la relation entre l'environnement psychosocial et
l'attitude, nous dirons que l'environnement psychosocial est à la fois
source d'influence et de motivation pour l'individu. Les attitudes envers la
langue sont déterminées par les valeurs individuelles,
elles-mêmes influencées par le contexte social (Spolsky, 1989,
cité par Baker, 1996).
Cette synthèse justifie ainsi notre choix des
théories présentées plus haut pour soutenir notre
étude. Ceci nous conduit à la formulation de nos
hypothèses.
2.4. FORMULATION DES HYPOTHÈSES
Dans le cadre de la recherche scientifique, le chercheur
formule toujours une hypothèse générale et des
hypothèses de recherche.
2.4.1. Hypothèse générale
Notre hypothèse générale est
formulée comme suit : l'environnement psychosocial des
adolescents balengs de la ville de Yaoundé les prédispose
à une attitude négative vis-à-vis de leur langue
maternelle. Cette hypothèse n'étant pas directement
vérifiable, il est nécessaire pour nous de formuler d'autres
hypothèses plus précises et plus concrètes.
2.4.2. Hypothèses de recherche
L'opérationnalisation de notre Hypothèse
générale donne lieu à quatre hypothèses de
recherche:
? HR1 : la manière
dont la langue maternelle est pratiquée au sein de la famille
prédispose les adolescents Baleng de la ville de Yaoundé
à une attitude négative vis-à-vis d'elle ;
? HR2 : la
mauvaise promotion de la langue maternelle prédispose les adolescents
Balengs de la ville de Yaoundé à une attitude
négative vis-à-vis d'elle ;
? HR3 :
l'irrégularité des contacts avec la communauté
linguistique prédispose les adolescents Balengs de la ville de
Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis
de leur langue maternelle ;
? HR4 :
l'influence des membres de l'outgroup prédispose les adolescents balengs
de la ville de Yaoundé à une attitude négative
vis-à-vis de leur langue maternelle.
Le prochain chapitre de notre travail sera consacré
à la méthodologie de recherche.
DEUXIEME PARTIE : CADRE OPERATOIRE
CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE
Dans les chapitres précédents, nous avons
présenté la problématique de notre étude, le cadre
théorique et la revue des écrits correspondant à notre
problématique de recherche. Dans le présent chapitre, il sera
question de la méthodologie que nous avons adoptée pour mener
notre étude. Le présent chapitre comprend cinq parties : la
présentation de la population et du plan
d'échantillonnage, l'instrument utilisé, et sa
mise à l'essai, le cadre général de la cueillette des
données, le plan de l'analyse statistique. Et après cela nous
ferons un rappel des hypothèses qui conduisent notre recherche et de
leurs variables.
3.1. Population et échantillonnage
3.1.1. Population
La population sur laquelle nous tavaillons est
constituée des adolescents balengs de la ville de Yaoundé
scolarisés du niveau secondaire. Nous désignons par adolescent
baleng tout adolescent dont au moins le père a pour village d'origine
Baleng.
3.1.2. Plan d'échantillonnage
Le plan d'échantillonnage sert à décrire
la stratégie que nous avons utilisée pour choisir
l'échantillon. C'est-à-dire les personnes ou
éléments à inclure dans l'étude comme source de
données. Étant donné que dans les établissements
scolaires les adolescents balengs sont très dispersés, il est
difficile pour nous d'accéder à la population total. En plus de
cela, nous menons notre enquête pendant la période des vacances.
De ce fait, pour notre étude nous n'avons pas procédé par
une technique d'échantillonnage probabiliste.
La méthode d'échantillonnage par réseaux
ou « boule de neige » nous est parue la mieux
adaptée. C'est « une technique qui consiste à
choisir des sujets, qu'il serait difficile de trouver autrement, selon des
critères déterminés. On se base sur les réseaux
sociaux, les amitiés et le fait que les amis ont tendance à
posséder des caractéristiques communes » (Fortin,
1996 : 208). Cette méthode nous a permis d'interroger 208 sujets
dans différents quartiers de Yaoundé présentant les
caractéristiques de notre population.
3.1.3. Caractéristiques de l'échantillon
La présente section fournit des informations relatives
aux personnes qui ont répondu au questionnaire. Nous avons recueilli des
données à l'aide des items 1, 2, 3, 4, 5, 6 de notre
questionnaire. Ces données sont relatives au sexe, à l'âge,
au niveau scolaire, au lieu de naissance, à la langue maternelle du
père et de la mère, ainsi qu'au niveau de maîtrise de la
langue. Elles permettent de décrire l'échantillon des
répondants que nous avons pu constituer.
Tableau 3 : Répartition des sujets
selon le sexe
Sexe
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Masculin
|
110
|
52,9
|
Féminin
|
98
|
47,1
|
Total
|
208
|
100,0
|
A partir du tableau ci-dessus, nous pouvons constater que,
52,9% des enquêtés sont de sexe masculin. Alors que, 47,1% sont de
sexe féminin. Ceci indique que les deux sexes sont suffisamment
représentés dans notre échantillon.
Tableau 4 : Répartition des
sujets selon l'âge
Age
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
13-16 ans
|
40
|
19,2
|
17-20 ans
|
123
|
59,1
|
21-24 ans
|
45
|
21,6
|
Total
|
208
|
100,0
|
Ce tableau nous montre que l'âge des sujets qui
constituent notre échantillon varie entre 13 et 24 ans, la moyenne
d'âge étant de 18,5, l'écart-type est de 2,5. Cependant la
tranche comprise entre 17 et 20 ans est la plus représentée avec
un pourcentage de 78,5%.
Tableau 5: Répartition des sujets
selon le niveau scolaire
Niveau scolaire
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Cycle 1
|
75
|
36,1
|
Cycle 2
|
133
|
63,9
|
Total
|
208
|
100,0
|
Étant donné que nos sujets sont tous des
élèves du secondaire inscrits au cycle 1 ou 2, les
résultats de ce tableau viennent spécifier à cet
égard que, 36,1% sont du cycle Secondaire 1, alors que 63,9% sont au
cycle 2.
Tableau 6 : Répartition des
sujets selon le lieu de naissance
Lieu de naissance
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Village
|
51
|
24,5
|
Ville
|
157
|
75,5
|
Total
|
208
|
100,0
|
Au regard du tableau ci-dessus, nous constatons que la
majorité de nos enquêtés (soit 75,5%) déclare
être née dans un milieu urbain. Tandis que 24,5% seulement disent
être nés dans leur village d'origine. C'est-à-dire à
Baleng. Ces résultats pourraient expliquer la mauvaise maîtrise de
la langue par la grande majorité.
Tableau 7 : Répartition des
sujets selon la langue du père
La langue du père
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Baleng
|
208
|
100
|
Non-baleng bamiléké
|
0
|
0
|
Non-baleng non-bamiléké
|
0
|
0
|
Total
|
208
|
100,0
|
Comme l'indique le tableau ci-dessus, 100% des sujets
affirment que leur père a pour langue d'origine le baleng. Ceci
vient du fait que, pour constituer notre échantillon nous avions
sélectionné uniquement des adolescents dont au moins le
père est originaire de Baleng.
Tableau 8 : Répartition des
sujets selon la langue de la mère
La langue de la mère
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Baleng
|
169
|
81,3
|
Non-baleng bamiléké
|
39
|
18,8
|
Non-baleng non-bamiléké
|
0
|
0
|
Total
|
208
|
100,0
|
Par ailleurs, 81,3% de nos sujets affirment que leur
mère a pour langue d'origine le baleng et 18,8% seulement ont
une mère non-baleng Bamiléké et personne n'affirme avoir
une mère non bamiléké. Ceci montre que 18,8% de nos
enquêtés sont issus d'une famille exogamique dont les langues des
parents sont plus ou moins rapprochées.
Tableau 9 : Répartition des
sujets selon le niveau de maîtrise de la langue
Maîtrise de la langue baleng
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Je ne la comprends pas
|
8
|
3,8
|
Je la comprends, mais ne la parle pas
|
40
|
19,2
|
Je la comprends et la parle un peu
|
104
|
50,0
|
Je la comprends et la parle bien
|
56
|
27
|
Total
|
208
|
100,0
|
En revanche, chez les adolescents balengs, les
résultats d'après le tableau ci-dessus, indiquent que, leur
niveau de maîtrise de la langue s'est révélé
être dans un pourcentage de 3,8% « je ne la comprends
pas »; 19,2% « je la comprends, mais ne la parle
pas»; 50% « je la comprends et la parle un
peu» et 27% « je la comprends et la parle
bien ». Ces résultats montrent que la majorité de
ces adolescents maîtrise mal et parle peu la langue en question (soit un
pourcentage de 73%).
3.2. Technique de cueillette des données
Dans le domaine de la psychologie sociale, l'enquête est
l'une des méthodes les plus utilisées. En fait, dans le langage
courant, le mot « enquête » signifie:
quête d'informations, collecte de témoignages, recherche pour
savoir quelque chose. De façon générale, en sciences
humaines, l'enquête vise à obtenir des renseignements sur des
individus ou sur une population donnée à propos de leurs
opinions, de leurs croyances ou de leurs comportements (Jones, 2000,
cité par Zouali, 2004 :145). Selon le type d'information que le
chercheur souhaite collecter, la précision des réponses
désirées, le nombre de personnes concernées, le chercheur
est appelé à choisir entre plusieurs alternatives :
l'observation, l'entretien ou le questionnaire (Krosnick, 1999).
Dans notre étude, nous avons opté pour le
questionnaire comme outil nécessaire pour effectuer notre enquête.
Car cet instrument permet de recueillir un maximum de données par le
biais de questions, mobilise le moins de personnes possibles et le moins de
temps possible, permet ainsi un retour rapide des informations, il peut
être adapté en fonction de la population à l'étude
et en fonction de l'objet de la recherche, et finalement, il est facile d'en
vérifier la validité (Krosnick, op.cit.).
3.2.1. Description du questionnaire
Afin de répondre à nos questions de recherche,
nous avons construit un questionnaire comportant 32 items repartis en six
parties.
La partie1 étant la partie identificatoire,
elle a pour but de nous renseigner sur l'âge du sujet, son sexe, son
niveau de scolarité, son lieu de naissance, son niveau de maîtrise
de la LM et le village d'origine de son père ainsi que celui de sa
mère.
La partie2 porte sur les renseignements à
propos de la pratique de la langue maternelle en milieu familial.
La partie3 porte sur les
interactions de l'adolescent avec les membres de sa communauté
ethnolinguistique. Centrée sur les habitudes linguistiques et
culturelles, cette partie vise à recueillir des renseignements sur les
fréquentations du village et des lieux culturels par le sujet.
La partie4 a pour objectif de recueillir les
données sur la promotion sociale de la langue.
La partie5 quant à elle mesure l'influence des
membres de l'outgroup sur les attitudes et comportements de nos sujets
vis-à-vis de la LM.
Et la Partie6 enfin tente de mesurer
les attitudes des sujets vis-à-vis de leur langue maternelle. Dans
cette partie du questionnaire nous avons formulé un certain nombre
d'énoncés fondés sur des croyances ou des comportements
face à cette langue. La tâche du répondant consistait
à indiquer pour chaque énoncé, son niveau d'accord au
moyen de l'échelle de Likert (1932, cité par Thomas et
Alaphilippe, 1993) en cinq points définie à une
extrémité par « Tout à fait
d'accord» et à l'autre par « Pas du tout
d'accord ».
Nous avons utilisé l'échelle de Likert
puisqu'elle est considérée comme une des échelles les plus
utilisées pour mesurer les attitudes et aussi, à cause de la
facilité avec laquelle on peut développer les
énoncés devant faire parti du questionnaire (Krosnick, 1999). Si
le sujet se place sur un échelon inférieur à 3, ceci
signifie qu'il est en accord avec l'énoncé et par
conséquent manifeste une attitude négative. Si par contre, il se
positionne sur un échelon supérieur à 3, ceci indique
qu'il est en désaccord avec l'énoncé et qu'il a une
attitude plutôt positive. Si alors, il se positionne à 3, ceci
indique qu'il manifeste une attitude neutre. Lors de l'analyse statistique, les
scores individuels s'obtiennent par l'addition des notes obtenues à
chaque item.
Nous devons noter que chacune des parties de ce questionnaire
comporte un mode d'évaluation et des stratégies de questionnement
différentes. C'est ainsi qu'il y a des parties composées
d'énoncés à échelle de fréquence
représentées par des numéros et des mots. Par exemple, en
ce qui a trait aux questions se rapportant aux items 20, 21, 22, 23 et 24, les
sujets répondaient au moyen de l'échelle suivante :
Il y a aussi des questions dont le sujet est appelé
à répondre par « oui » ou par
« non ».
3.2.2. La mise à l'essai de l'instrument
Il était important de faire une mise à l'essai
de notre questionnaire afin de réduire les erreurs ou les sources
d'erreurs susceptibles de provoquer une proportion importante de variations
dans nos données. Krosnick (op.cit.) parle de l'importance de la
validité d'un instrument de mesure comme étant une
nécessité qui donne un minimum de confiance et de
crédibilité scientifique à la recherche. «Les
instruments de mesure choisis doivent permettre d'appréhender le mieux
possible le phénomène que l'on cherche à mesurer»
(Krosnick, op.cit. : 4).
A cet effet, une étude pilote s'est
avérée aussi nécessaire dans le cadre de notre recherche.
Un total de 10 sujets a complété les six parties du
questionnaire. Nous leur avions demandé de lire le questionnaire, de le
remplir et enfin de donner une rétroaction relative aux problèmes
de compréhension, aux erreurs typographiques et à la
présentation.
Le premier objectif de cette étude pilote était
de vérifier la clarté et la compréhension de l'ensemble
des parties du questionnaire. Le deuxième objectif était d'une
part d'évaluer le temps requis pour l'administration du questionnaire
et, d'autre part, de noter les réponses des adolescents afin d'en tenir
compte dans la mise au point finale du questionnaire.
Le résultat de cette mise à l'essai a
été d'une grande utilité dans la mesure où il nous
a permis de reformuler certaines questions. En plus, nous avons eu une
idée plus précise du temps requis pour la passation de ce
questionnaire qui était d'environ 15 minutes.
3.3. Le cadre général de la cueillette
des données
La cueillette des données a été
effectuée dans quatre principaux quartiers de la ville de
Yaoundé. Il s'agit plus précisément, des
quartiers Emombo, Ekounou, Mvog-ada et Nkomo. Ces quartiers ont
été retenus pour la cueillette des données, étant
donné le grand nombre des natifs de Baleng concentré dans ces
zones. Les données ont été recueillies par nous-même
dans un cadre familial. Nous nous déplacions avec l'aide des amis aux
domiciles des adolescents, et à la fin de chaque rencontre l'enfant nous
référait à un autre enfant baleng, en prenant soin de nous
donner ses coordonnées. Ainsi cette méthode nous a permis
d'obtenir notre échantillon au cours de la période allant du 11
juillet au 04 août 2007.
Sur un total de 230 questionnaires passés sur le
terrain, nous sommes rentrés en possession de 217. Et sur les 217 sujets
ayant complété toutes les parties du questionnaire, seulement 208
ont été véritablement exploités. Pour éviter
de fausser nos analyses statistiques, neuf sujets ont été
éliminés lors du dépouillement du questionnaire car ils ne
semblaient pas répondre sérieusement à certaines
questions. Les données recueillies sur le terrain au cours de
l'enquête ont été analysées en utilisant une
technique qui mérite d'être préalablement
présentée.
3.4. Le plan de l'analyse statistique
Le dépouillement du questionnaire et le traitement
statistique ont été réalisé via le logiciel SPSS
(Statistical Package for the Social Sciences). Nous avions
procédé à deux types d'analyses : descriptive et
corrélationnelle.
3.4.1. Analyse descriptive
Après dépouillement du questionnaire nous avions
procédé à une analyse descriptive. Celle-ci consistait
notamment à examiner les résultats des informations recueillies,
à les ordonner, et à les présenter sous forme de tableaux
de fréquence. Ces tableaux nous permettant ainsi d'observer les
tendances générales des résultats.
3.4.2. Analyses des corrélations
L'objectif visé par cette analyse est de
répondre à notre question de recherche à savoir s'il
existe un lien corrélationnel entre l'environnement psychosocial des
adolescents balengs et leur attitude vis-à-vis de la langue maternelle.
La réponse à cette question passe par la vérification des
hypothèses de recherche qui en découlent. Étant
donné que chacune des parties du questionnaire comporte un mode
d'évaluation et des stratégies de questionnement
différentes, nous avons à cet effet utilisé deux outils
d'analyse statistique : le test de corrélation
Point-Bisérial (noté rpb)
et celui de Bravais Pearson (noté
rxy).
3.4.2.1. Le coefficient de corrélation de
Pearson
Le coefficient de corrélation de Pearson
(rXY) est une technique qui
mesure le degré et la direction de la relation entre deux variables
ordinales. Cet instrument nous permettra de répondre à la
question 4 de notre recherche, à savoir le lien qui existe entre
l'influence des membres de l'outgroup et les attitudes des adolescents Balengs
vis-à-vis de leur langue maternelle. Le choix de ce type d'analyse
s'appuie sur le fait que les variables de cette hypothèse de recherche
étaient mesurées à partir d'une échelle par
intervalle suite au calcul des scores.
Généralement, le but de cette analyse est d'une part, de
vérifier si deux variable (X et Y) croissent ou décroissent
ensemble, d'autre part, de mesurer jusqu'à quel degré elles
croissent ou décroissent ensemble.
? Le test d'hypothèses avec le coefficient de
corrélation de Pearson
Pour tester une hypothèse avec la statistique de
Pearson, il y a cinq principales étapes à suivre.
? Émission de l'hypothèse
nulle
La question principale qu'on se pose au départ d'une
étude est celle de savoir si la relation entre les variables à
l'étude est significative ? Autrement dit le
coefficient de corrélation de Pearson est-il significativement
différent de 0 ? Ainsi on émet le test d'hypothèse
bilatéral suivant :
Avec H0 = hypothèse nulle
H1 =
hypothèse alternative
? Calcul de la valeur du coefficient de
corrélation (rXY) entre X et Y de
l'échantillon
Le coefficient de corrélation d'échantillon
(rXY) peut être
donné sous forme de rapport : degré avec lequel X et Y varient ensemble/ degré avec
lequel X et Y varient séparément. Ou encore covariance de X et Y/
variance de X et Y séparément. Ceci revient à la formule
à partir des données brutes suivante :
Où,
n = nombre de paire d'observations
ÓXY = somme des produits croisés de X et Y
ÓX et ÓY sont respectivement les sommes des
scores de X et de Y
ÓX2 = somme des carrés des scores
pour X
ÓY2 = somme des carrés des scores
pour Y
(ÓX) 2 = carré de la somme des scores
pour X
(ÓY) 2 = carré de la somme des scores
pour Y
? Localisation de la valeur critique de dans le tableau.
Pour obtenir cette valeur, il convient d'abord de
définir le degré de liberté. Il s'obtient à travers
la formule suivante : ddl = n - 2 avec n = taille de
l'échantillon. Ensuite on détermine le seuil de signification
qu'on peut noter (). Pour notre étude, . Nous pouvons donc lire le rXY à 0,05 avec le ddl qui
convient sur la table. Notons qu'il s'agit d'un test bilatéral.
? Comparaison du coefficient de corrélation
calculé () au coefficient de corrélation critique ( ) et prise de décision
Au terme de nos calculs, au seuil de signification,
Nous rejetterons H0 si =
Par contre, nous accepterons H0 si >
? Interprétation du coefficient de
corrélation de Pearson
Il s'agit à cette étape de répondre
à la question de départ, celle de savoir si est significativement différent de 0.
Après le calcul de l'indice, on doit s'assurer qu'il soit compris dans l'intervalle -1 =
rxy = 1. Ainsi, lorsqu'on notera rxy = -1 et
rxy = 1 cela décrit respectivement une corrélation
linéaire parfaite négative et une corrélation
linéaire parfaite positive. On notera rxy = 0 pour signifier
qu'il y a absence de corrélation linéaire entre les variables
à l'étude.
- Si 0 = rxy = 0,20, on note une corrélation
faible ;
- Si 0,20 = rxy = 0,40, la corrélation est
peu significative ;
- Si 0,40 = rxy = 0,60, la corrélation est
dite moyenne ;
- Si 0,60 = rxy = 0,80, la corrélation est
significative ;
- Si 0,80 = rxy = 1 la corrélation est
forte.
Après avoir déterminé le coefficient de
corrélation entre deux variables métriques, il est important
d'apprécier l'importance du lien qui existe entre elles. Le calcul du
coefficient de détermination () permet ainsi d'obtenir la variabilité commune entre
les variables. On l'obtient en multipliant par 100 le coefficient de
corrélation élevé au carré.
3.4.2.2. Le coefficient de corrélation
Point-Bisérial
L'indice de corrélation Point-Bisérial est
semblable à celui de Pearson. Cependant, il est utilisé lorsqu'on
veut mettre en relation deux variables dont l'une est continue -mesure par
intervalle ou par ratio- et l'autre dichotomique -exemple oui/non ;
positif/négatif- (Amin, 2004). L'objectif visé par cette analyse
était de tester nos trois premières hypothèses de
recherche, à savoir le lien qui existait entre la pratique de la LM au
sein de la famille, la promotion sociale de la langue, les contacts de
l'adolescent baleng avec l'ingroup et les attitudes des adolescents
Balengs vis-à-vis de leur langue maternelle. Le choix de ce genre
d'analyse s'appuie sur le fait que les VD de ces trois hypothèses
étaient mesurées à partir d'une échelle de
mesure par intervalle (les scores des attitudes) alors que leurs
VI étaient des variables nominales dichotomiques.
Ainsi, lorsque l'on assigne des valeurs à ces variables
dichotomiques, il s'agit d'une manière simple d'identifier les sujets
appartenant à un groupe ou à une catégorie. Partant, un
sujet peut appartenir soit au groupe nommé 0 soit au groupe nommé
1. L'indice de corrélation Point-Bisérial se calcule par la
formule suivante :
Avec :
Moyenne de la variable continue Y des sujets de la variable
dichotomique catégorisée par la valeur 1
Moyenne de la variable continue Y des sujets de la variable
dichotomique catégorisée par la valeur 0
SY = écart-type de la variable continue Y
des deux groupes de sujets (0 et 1)
n1 = effectif des sujets de la
catégorie 1
n0 = effectif des sujets de la
catégorie 0
L'effectif total des sujets de l'échantillon n =
n1 + n0
? Test de significativité
du coefficient de corrélation Point-Bisérial
Pour tester la significativité du coefficient de
corrélation Point-Bisérial, on adopte la même
procédure utilisée pour la corrélation de Pearson (Amin,
2004).
La valeur absolue de rpb
calculée à partir des données c'est-à-dire,
/rpb/ est
comparée avec la valeur critique de la corrélation de Pearson
avec un degré de liberté ddl = n - 2 pour un niveau de
significativité d'un test soit bilatéral soit unilatéral.
Si =, l'hypothèse nulle (Ho) sera rejetée.
Si par contre >, l'hypothèse nulle (Ho) sera acceptée.
En ce qui concerne l'interprétation du coefficient de
corrélation Point-Bisérial, le calcul du coefficient de
détermination de (), permet d'obtenir la proportion de variabilité commune
entre la variable dichotomique et la variable continue.
C'est donc grâce à ces outils statistiques sus
présentés que nous avons pu tester nos hypothèses. Mais
avant cela nous ferons dans les lignes qui suivent un bref rappel de ces
hypothèses, des variables et de leurs modalités.
3.5. Rappel des hypothèses, des variables et de
leurs modalités
La question de recherche de notre travail est la
suivante : l'environnement psychosocial des adolescents balengs de la
ville de Yaoundé les prédispose-t-il à une attitude
négative vis-à-vis de leur langue maternelle ?
La réponse anticipatoire à cette question a
constitué notre hypothèse générale.
3.5.1. L'hypothèse générale, les
variables et les modalités
L'hypothèse générale est formulée
comme suit : l'environnement psychosocial des adolescents balengs de
la ville de Yaoundé les prédispose à une attitude
négative vis-à-vis de leur langue maternelle.
3.5.2. Définition des variables
Dans la recherche scientifique, nous avons deux principales
variables, à savoir la variable dépendante et la variable
indépendante.
3.5.2.1. La variable indépendante (V.I.)
La variable que nous manipulons dans le but de contrôler
ou d'analyser les effets sur le comportement étudié
est « l'environnement psychosocial des adolescents
balengs ». Les modalités de cette variable sont :
La manière dont la langue maternelle est
pratiquée au sein de la famille ;
L'irrégularité des contacts avec la communauté
linguistique ;
La mauvaise promotion de la langue maternelle ;
L'influence des membres de l'outgroup.
Chacune de ces modalités nous a permis de formuler une
hypothèse de recherche.
3.5.2.2. Variable dépendante (V.D.)
C'est elle qui est le comportement ou la
réponse que nous mesurons. La variable dépendante de notre
hypothèse générale est : « attitude
vis-à-vis de la langue maternelle ». Les modalités
de cette variable sont :
- attitude négative ;
- attitude neutre ;
- attitude positive.
La vérification de l'hypothèse
générale passe par l'énonciation des hypothèses de
recherche.
3.5.3. Hypothèses de recherche, variables et
modalités
L'opérationnalisation de notre Hypothèse
générale donne lieu à quatre hypothèses de
recherche :
? Hypothèses de
recherche 1
La manière dont la langue maternelle est
pratiquée au sein de la famille prédispose les adolescents
balengs de la ville de Yaoundé à une attitude
négative vis-à-vis d'elle.
- VI : La manière dont la langue maternelle est
pratiquée au sein de la famille;
- VD : attitude négative vis-à-vis de la
langue maternelle.
? Hypothèses de
recherche 2
L'irrégularité des contacts avec la
communauté linguistique prédispose les adolescents balengs de la
ville de Yaoundé à une attitude négative
vis-à-vis de leur langue maternelle.
- VI : l'irrégularité des contacts avec la
communauté linguistique ;
- VD : attitude négative vis-à-vis de la
langue maternelle.
? Hypothèses de recherche
3
La mauvaise promotion de la langue maternelle
prédispose les adolescents balengs de la ville de Yaoundé
à une attitude négative vis-à-vis d'elle.
- VI : la mauvaise promotion de la langue maternelle;
- VD : attitude négative vis-à-vis de la
langue maternelle.
? Hypothèses de
recherche 4
L'influence des membres de l'outgroup prédispose les
adolescents balengs de la ville de Yaoundé à une
attitude négative vis-à-vis de leur langue maternelle.
- VI : l'influence des membres de
l'outgroup.
- VD : attitude négative vis-à-vis de la
langue maternelle.
Nous avons affecté des indicateurs à chacune des
variables afin de les rendre plus explicites. Ainsi, nous avons
récapitulé dans le tableau ci-dessous les variables, les
modalités et les indicateurs des hypothèses de recherche de notre
étude.
Ce tableau mettra fin à la description de la
procédure telle que suivie dans le cadre de notre recherche. Et le
prochain chapitre sera consacré à la présentation et
l'analyse des données.
CHAPITRE 4: PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET
VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
4.1. RÉSULTATS DES ANALYSES DESCRIPTIVES
Dans ce chapitre, nous allons présenter les
résultats des analyses descriptives relatifs aux items de notre
questionnaire. Et ce, sous forme de tableaux d'effectifs et de
fréquences. C'est ainsi que nous présenterons au total 26
tableaux.
Tableau 11 : Répartition des
sujets selon la langue utilisée le plus par les parents
Langue utilisée le plus
par les parents
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Français/ Anglais
|
71
|
34,1
|
baleng
|
137
|
65,9
|
Total
|
208
|
100,0
|
Dans le Tableau ci-dessus, 65,9% des enquêtés
affirment que leurs parents utilisent plus la langue maternelle pour se
communiquer. Par contre, seuls 34,1% déclarent que la langue seconde est
la plus utilisée par leurs parents. Ceci indique une confrontation de la
majorité de nos enquêtés à la langue maternelle en
milieu familial. Mais l'impact ne sera grand que si les parents parlent
à leurs enfants régulièrement en cette langue.
Tableau 12 : Répartition des
sujets selon la langue utilisée le plus par le
père
Langue utilisée le plus par le
père
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Français/ anglais
|
106
|
51
|
Baleng
|
102
|
49
|
Total
|
208
|
100,0
|
Contrairement au tableau précédent, le tableau
12, rapporte que 51% des enquêtés déclarent que la langue
par laquelle leur père leur adresse le plus la parole est le
français/ anglais; alors que 49% de ceux-ci déclarent le
baleng.
Tableau 13 : Répartition des
sujets selon la langue utilisée le plus par la
mère
Langue utilisée le plus par la
mère
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Français/anglais
|
103
|
49,51
|
Baleng
|
105
|
51,49
|
Total
|
208
|
100,0
|
Avec la mère nous observons que la tendance est
similaire à la précédente. 49,51% des
enquêtés ont indiqué le français/ anglais comme la
langue la plus utilisée par la mère pour leur parler ;
tandis que 51,49% ont indiqué le baleng. De façon
générale, on peut remarquer que même si la majorité
des parents utilisent la LM pour communiquer, ils n'utilisent pas
nécessairement cette langue pour parler à leurs enfants. Ainsi,
d'après les tableaux 11, 12, et 13, bon nombre des enquêtés
sont peu confrontés en milieu familial à leur langue maternelle.
Ceci pourrait dans une certaine mesure expliquer leur faible niveau de
maîtrise de cette langue tel qu'indiqué aux tableaux 9 et 14.
Tableau 14 : Répartition des
sujets selon la langue utilisée le plus avec les
frères/soeurs
Langue utilisée le plus avec les
frères/soeurs
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Français/ anglais
|
182
|
87,5
|
Baleng
|
26
|
12,5
|
Total
|
208
|
100,0
|
En outre, lorsqu'il s'agit de l'usage des langues que le sujet
lui-même fait avec ses frères/soeurs, ce tableau met en
évidence la prédominance des sujets qui affirment employer plus
les langues secondes, soit un pourcentage de 87,5%. Ceux qui affirment employer
plus la LM constituent seulement les 12,5% de notre échantillon. Ceci
indique une fois de plus que chez ces adolescents, la communication en LM reste
très peu fréquente, telle que nous le soulevions dans la
problématique.
Tableau 15 : Répartition des
sujets selon le temps passé dans le village pendant
l'enfance
Temps passé dans le village pendant
l'enfance
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Je n'y étais jamais allé
|
23
|
11,1
|
J'y allais rarement
|
74
|
35,6
|
J'y passais parfois les grandes vacances
|
87
|
41,8
|
J'y ai grandi
|
24
|
11,5
|
Total
|
208
|
100,0
|
Il s'agit en effet ici, de pouvoir classer nos sujets selon
qu'ils ont fréquenté leur village pendant l'enfance ou pas. On
peut donc remarquer à travers ce tableau qu'une majorité des
sujets se positionne sur « j'y passais parfois les grandes
vacances » soit 41,8%, suivi de « j'y allais
rarement » 35,6%, de «j'y ai grandi »
11,5% et finalement de «je n'y étais jamais
allé », qui représente 11,1% des
enquêtés.
Tableau 16: Répartition des
sujets selon leurs rapports actuels avec le village
Rapports actuels avec le village Baleng
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Je n'y suis jamais allé
|
15
|
7,2
|
J'y vais rarement
|
103
|
49,5
|
J'y passe souvent mes grandes vacances
|
62
|
29,8
|
J'y passe toujours mes grandes vacances
|
28
|
13,47
|
Total
|
208
|
100,0
|
Par ailleurs, à la question concernant les rapports
actuels des sujets avec leur village, la majorité, soit 49,5% disent
qu'ils vont rarement dans leur village, 29,8% de sujets quant à eux
affirment qu'ils y passent souvent leurs grandes vacances. 13,47% disent qu'ils
y passent toujours leurs grandes vacances et finalement 7,2% affirment qu'ils
n'y sont jamais allé.
Tableau 17: Répartition des sujets
selon les rapports entretenus avec les associations culturelles de
Baleng
Rapports avec les associations
culturelles de Baleng
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
J'ignore leur existence
|
59
|
28,4
|
Elles ne m'intéressent pas
|
20
|
9,6
|
Je ne participe pas à leurs
activités
|
49
|
23,5
|
Je participe à leurs
activités
|
80
|
38,5
|
Total
|
208
|
100,0
|
La lecture du tableau ci-dessus montre que très peu
d'adolescents balengs entretiennent des rapports avec les associations
culturelles de leur communauté. Seulement 38,5% indiquent participer aux
activités de celles-ci ; alors que 28,4% déclarent
ignorer leur existence, 23,5% affirment ne pas participer à leurs
activités et 9,6% enfin affirment qu'elles ne leur intéressent
pas.
Tableau 18 : Répartition des
sujets selon leur participation aux cérémonies
coutumières
Participation aux cérémonies
coutumières
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
0 cérémonies sur 6
|
7
|
3,4
|
1 cérémonie sur 6
|
55
|
26,4
|
2 cérémonies sur 6
|
48
|
23,1
|
3 cérémonies sur 6
|
43
|
20,7
|
4 cérémonies sur 6
|
25
|
12,0
|
5 cérémonies sur 6
|
25
|
12,0
|
6 cérémonies sur 6
|
5
|
2,4
|
Total
|
208
|
100,0
|
Il s'agissait ici pour le répondant d'indiquer parmi
les six cérémonies coutumières proposées celles
auxquelles il a déjà assisté. Le présent tableau
permet de constater que 52,9% de nos sujets participent à moins de
3 cérémonies sur 6 contre 47,1% qui affirment
participer à au moins 3 cérémonies sur
6.
Tableau 19 : Répartition des
sujets selon leur connaissance des émissions radiodiffusées ou
télévisées existantes en langue baleng
Existence d'émissions radiodiffusées ou
télévisées en langue baleng
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Non
|
113
|
54,3
|
Oui
|
95
|
45,7
|
Total
|
208
|
100,0
|
Il s'agit ici de voir à quel niveau nos sujets sont
confrontés à leur langue à travers les médias. La
majeure partie des adolescents affirme ne connaître aucune
émission radiodiffusées ou télévisées en
langue baleng soit 54,3%. 45,7% seulement déclarent connaître
une émission diffusée en langue baleng. Ce qui montre que ces
individus sont relativement peu confrontés à leur langue dans les
médias.
Tableau 20 : Répartition des
sujets selon le nombre de musiciens connus chantant en langue
baleng
Nombre de musiciens connus chantant en langue
baleng
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Aucun
|
19
|
9,1
|
Un seul
|
44
|
21,2
|
Quelques uns
|
95
|
45,7
|
Plusieurs
|
50
|
24,0
|
Total
|
208
|
100,0
|
A la question qui se rapporte à l'item 17, à
savoir le nombre de musiciens connus chantant en langue baleng, les
résultats comme nous pouvons le remarquer dans ce tableau,
suggèrent que le nombre de fois que «Quelques
uns » a été souligné chez les
enquêtés est de 45,7%, suivi de
«Plusieurs » 24% ; de «Un seul»
21,2% et enfin de «Aucun» 9,1% seulement. Ce qui montre que
les adolescents balengs sont plus exposés à leur langue à
travers la musique que les médias.
Tableau 21: Répartition des sujets
selon leur connaissance de lieu d'enseignement de la langue baleng
Connaissance de lieu d'enseignement de la langue
baleng
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Non
|
205
|
98,5
|
Oui
|
3
|
1,5
|
Total
|
208
|
100,0
|
On peut remarquer à travers ce tableau, qu'une large
majorité des sujets déclare ne pas connaître un lieu
où la langue baleng est enseignée soit un pourcentage de 98,5%
contre 1,5% seulement qui dit en savoir un. Ceci illustre un manque de
promotion de la langue. Ainsi les adolescents balengs n'ont eu aucune chance
d'apprendre leur langue dans une institution (formelle ou non) autre que la
famille.
Tableau 22 : Répartition des
sujets selon leur connaissance « des élites
balengs »
Connaissance « des élites
Balengs »
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Aucun
|
59
|
28,4
|
Un seul
|
13
|
6,3
|
Quelques-uns
|
87
|
41,8
|
Plusieurs
|
49
|
23,6
|
Total
|
208
|
100,0
|
Pour ce qui est de la connaissance des
« élites balengs », la majorité, soit 41,8%
affirment en connaître quelques-uns et 23,6% plusieurs ; alors
que 28,4% soulignent qu'ils n'en connaissent aucun et 6,3% un seul.
Tableau 23 : Répartition des
sujets selon l'utilisation de la langue baleng à
l'église
Utilisation de la langue baleng à
l'église
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Jamais
|
72
|
34,6
|
Rarement
|
72
|
34,6
|
Souvent
|
33
|
15,9
|
Assez souvent
|
11
|
5,3
|
Très souvent
|
20
|
9,6
|
Total
|
208
|
100,0
|
A la question qui se rapporte à l'item 20, à
savoir la fréquence à laquelle la langue baleng est
utilisée à l'église, les sujets devaient répondre
en indiquant le terme correspondant au degré de fréquence auquel
cette langue est utilisée selon l'échelle suivante :
«jamais», «rarement»,
«souvent», «assez souvent»,
«très souvent». Le tableau ci-dessus montre de
façon générale que, la langue baleng est très peu
utilisée à église. Et comme nous pouvons le remarquer, le
nombre de fois que « jamais » a été
souligné est de 34,6%, de même que
«rarement », 34,6%. Suivi de
« souvent » 15,9%, de « très
souvent » 9,6% et finalement de « assez
souvent » 5,3% seulement.
Tableau 24 : Répartition des
sujets selon l'item 21
Tendance à se moquer de moi
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Très souvent
|
42
|
20,2
|
Assez souvent
|
36
|
17,3
|
Souvent
|
33
|
15,9
|
Rarement
|
57
|
27,4
|
Jamais
|
40
|
19,2
|
Total
|
208
|
100,0
|
Ce tableau laisse transparaître que plus de la
moitié (53,4%) les répondants affirment subir plus ou moins des
railleries de la part de leurs camarades lorsqu'ils parlent leur langue
maternelle. D'une part, 19,2% d'entre eux ont déclaré
n'être « jamais » raillés par leurs
camarades et 27,4% « rarement ». D'autre part,
15,9% disent l'être « souvent » ; 17,3%
« assez souvent » et 20,2%,
« très souvent ».
Tableau 25 : Répartition des
sujets selon l'item 22
Impression de grossièreté
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Très souvent
|
19
|
9,1
|
Assez souvent
|
63
|
30,3
|
Souvent
|
55
|
26,4
|
Rarement
|
45
|
21,6
|
Jamais
|
26
|
12,5
|
Total
|
208
|
100,0
|
A l'examen des résultats relatifs à l'item 22,
tel qu'indiqué dans le tableau ci-dessus, nous constatons que 9,1% des
sujets se situent sur l'échelon « très
souvent », 30,3% sur l'échelon « assez
souvent », 26,4% de sujets quant eux se situent sur
l'échelon « souvent ». De même, sur
« rarement » on a un pourcentage de 21,6% et 12,5%
enfin sur l'échelon « jamais ». Ce qui
indique qu'environ 65,9% des sujets, ont l'impression que la langue maternelle
est grossière en fonction des réactions des autres.
Tableau 26 : Répartition des
sujets selon l'item 23
Parler le baleng en public, suscite des
énervements chez certaines personnes
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Très souvent
|
47
|
22,6
|
Assez souvent
|
29
|
13,9
|
Souvent
|
68
|
32,7
|
Rarement
|
34
|
16,3
|
Jamais
|
30
|
14,4
|
Total
|
208
|
100,0
|
Pour ce qui est de l'usage de la langue baleng en public, il
ressort de ce tableau que la majorité, soit 32,7% affirme que
« Souvent » certaines personnes qui ne sont pas de
cette tribu vont même jusqu'à s'énerver. Dans 22,6% de cas,
les sujets disent « très
souvent » suivi de
« rarement » 16,3%, de
« jamais » 14,4% et enfin de
« assez souvent », 13,9% des
cas.
Tableau 27 : Répartition des
sujets selon l'item 24
Honteux de parler sa langue auprès des autres
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Très souvent
|
36
|
17,3
|
Assez souvent
|
19
|
9,1
|
Souvent
|
31
|
14,9
|
Rarement
|
22
|
10,6
|
Jamais
|
100
|
48,1
|
Total
|
208
|
100,0
|
D'après ce tableau, il appert que 48,1% des adolescents
balengs affirment qu'ils n'ont « jamais » honte
lorsque leurs camarades qui ne sont pas Bamiléké les entendent
parler leur langue; 14,9% disent
« souvent » ; 17,3%
« très souvent » ; 10,6%
« rarement » et 9,1% déclarent
« assez souvent ».
Les tableaux ci-dessus nous ont permit de repartir les
données de l'enquête en ce concerne les caractéristiques de
l'environnement dans lequel vivent les sujets de notre étude. Il reste
à savoir si toutefois elles correspondent aux attitudes de ces derniers
vis-à-vis de la langue maternelle.
Notons que la suite de notre travail consiste à
présenter dans les tableaux 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, et 35 les
résultats des analyses descriptives relatifs aux attitudes envers la
langue maternelle. Nous avons évalué ces attitudes à
partir d'un certain nombre de propositions fondées sur des croyances ou
des comportements face à la langue baleng. Les sujets doivent exprimer
leur réaction à chaque énoncé sur une
l'échelle d'évaluation allant de 1 à 5.
Tableau 28: Répartition des sujets
selon l'item 25
Inutile pour un jeune d'apprendre LM
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Tout à fait d'accord
|
20
|
9,6
|
D'accord
|
35
|
16,8
|
Sans opinion
|
16
|
7,7
|
Pas d'accord
|
58
|
27,9
|
Pas du tout d'accord
|
79
|
38,0
|
Total
|
208
|
100,0
|
Concernant les attitudes relatives à
l'intérêt pour l'apprentissage de la langue maternelle, les
réponses positives sont plutôt majoritaires. 38% de nos
enquêtés ne sont « Pas du tout
d'accord » avec l'énoncé; aussi 27,9% disent
qu'ils ne sont « Pas d'accord » ; par contre,
9,6% de réponses sont pour « tout à fait
d'accord » et 16,8% pour
« d'accord ». Il appert ainsi que, même si
les individus parlent peu leur langue comme l'indique le tableau 9 (soit
73,1%), néanmoins 65,9% trouvent qu'il est utile d'apprendre cette
langue.
Tableau 29 : Répartition des
sujets selon l'item 26
le baleng a moins de valeur par rapport
à l'éwondo
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Tout à fait d'accord
|
27
|
13,0
|
D'accord
|
22
|
10,6
|
Sans opinion
|
45
|
21,6
|
Pas d'accord
|
51
|
24,5
|
Pas du tout d'accord
|
63
|
30,3
|
Total
|
208
|
100,0
|
Pour ce qui est de la comparaison du baleng avec
l'éwondo, la majeure partie des sujets, soit 30,3%
répondent par « pas du tout
d'accord » ; 24% par « pas
d'accord »; 21,6% se positionnent sur l'échelon
« sans opinion », 13% sur « tout
à fait d'accord » et seulement 10,6% disent
être « d'accord » que la langue
baleng a moins de valeur que l'éwondo.
Tableau 30 : Répartition des
sujets selon l'item 27
Inutilité du baleng pour les
sciences
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Tout à fait d'accord
|
66
|
31,7
|
D'accord
|
45
|
21,6
|
Sans opinion
|
48
|
23,1
|
Pas d'accord
|
28
|
13,5
|
Pas du tout d'accord
|
21
|
10,1
|
Total
|
208
|
100,0
|
Il ressort de ce tableau que la langue baleng s'avère
être inutile pour l'instruction des sujets. Cela se vérifie par
les résultats obtenus. En effet, 31,7% des enquêtés
répondent par « tout à fait
d'accord », 21,6% par
« d'accord » ; contre 19,8% pour
« pas d'accord » et 12,0% seulement pour
« pas du tout d'accord ». Par ailleurs, 23,1% de
sujets étant embarrassés par cet énoncé ont
répondu par « sans opinion ». Ceci signifie qu'en ce
qui concerne l'utilité de la langue baleng pour
l'épanouissement intellectuel, 53,4% manifestent une attitude
négative envers cette langue et 23,6% seulement ont une attitude
positive.
Tableau 31: Répartition des sujets
selon l'item 28
Non utilisation de la LM dans les lieux
publics
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Tout à fait d'accord
|
53
|
25,5
|
D'accord
|
58
|
27,9
|
Sans opinion
|
9
|
4,3
|
Pas d'accord
|
49
|
23,6
|
Pas du tout d'accord
|
39
|
18,8
|
Total
|
208
|
100,0
|
Par ailleurs, pour ce qui est de l'utilisation de la langue
maternelle dans les espaces publics, plus de la moitié des sujets
(53,4%), déclare ne pas aimer la parler dans un lieu public manifestant
ainsi une attitude négative. Seulement 34,1% sont en désaccord
avec l'énoncé c'est-à-dire qu'ils manifestent une attitude
positive et 4,3% sont sans opinion.
Tableau 32: Répartition des sujets
selon l'item 29
Gênant de parler la LM auprès des
autres
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Tout à fait d'accord
|
52
|
25,0
|
D'accord
|
43
|
20,7
|
Sans opinion
|
9
|
4,3
|
Pas d'accord
|
62
|
29,8
|
Pas du tout d'accord
|
42
|
20,2
|
Total
|
208
|
100,0
|
Bien que la majorité de nos sujets manifeste des
attitudes positives vis-à-vis de la langue maternelle par rapport
à l'item 29 (soit 29,8% de « pas d'accord »
et 20,2% de « pas du tout d'accord »), 45,7%
d'entre eux expriment des attitudes plutôt négatives ; 25%
déclarant être « tout à fait
d'accord » avec l'énoncé et 20,7%
« d'accord ».
Tableau 33 Répartition des sujets selon
l'item 30
Intonation grossière
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Tout à fait d'accord
|
36
|
17,3
|
D'accord
|
18
|
8,7
|
Sans opinion
|
62
|
29,8
|
Pas d'accord
|
49
|
23,6
|
Pas du tout d'accord
|
43
|
20,7
|
Total
|
208
|
100,0
|
Chez les sujets de notre étude, les résultats
indiquent dans ce tableau que l'échelon « sans
opinion » à été retenu dans la
majorité des cas soit un pourcentage de 29,8% ; cependant,
« pas d'accord » à été retenu
dans 23,6% des cas, « pas du tout d'accord » dans
20,7% des cas, « tout à fait d'accord »
dans 17,3% des cas et « d'accord » seulement dans
8,7%des cas. Toutefois, ces résultats indiquent que plus de personnes
(soit 44,3%) expriment à travers cet énoncé une attitude
positive envers la LM et 26% seulement une attitude négative.
Tableau 34: Répartition des sujets
selon l'item 31
Je m'efforce à parler ma langue maternelle comme
des personnes qui ont grandi au village
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Pas du tout d'accord
|
12
|
5,8
|
Pas d'accord
|
20
|
9,6
|
Sans opinion
|
20
|
9,6
|
D'accord
|
51
|
24,5
|
Tout à fait d'accord
|
105
|
50,5
|
Total
|
208
|
100,0
|
Ce tableau laisse transparaître que, une large
majorité des enquêtés affirment qu'ils
s'efforcent à parler leur langue maternelle comme des personnes qui ont
grandi au village. En effet, les résultats du tableau montrent que
l'échelon le plus retenu par les sujets est « tout
à fait d'accord », soit un pourcentage d'occurrences de
50,5%, suivi de 24,5% de «d'accord » et finalement de
9,6% de « pas d'accord» et seulement 5,8% de
« pas du tout d'accord ».
Tableau 35: Répartition des sujets
selon l'item 32
J'évite de faire savoir à mes camarades
que je suis Baleng
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Tout à fait d'accord
|
32
|
15,4
|
D'accord
|
52
|
25,0
|
Sans opinion
|
9
|
4,3
|
Pas d'accord
|
55
|
26,4
|
Pas du tout d'accord
|
60
|
28,8
|
Total
|
208
|
100,0
|
Il ressort de ce tableau que, 40,4%
d'enquêtés affirment éviter quand c'est possible, de faire
savoir à leurs camarades qu'ils sont balengs. Néanmoins, la
majorité, soit 55,2% affirment le contraire avec un pourcentage de
28,8% pour l'échelon «pas du tout d'accord » et
de 26,4% pour l'échelon « pas
d'accord ».
La vérification des hypothèses de recherche qui
suit nous permettra de déterminer la corrélation qui existe entre
les facteurs de l'environnement psychosocial et l'attitude des adolescents
balengs vis-à-vis de leur langue maternelle.
4.2. VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES DE
RECHERCHE
Avant d'amorcer cette partie consacrée à la
vérification des hypothèses, il serait pertinent de rappeler
brièvement l'objectif de notre recherche. Le but de notre étude
est d'examiner la relation entre l'environnement psychosocial des adolescents
balengs de la ville de Yaoundé et leurs attitudes vis-à-vis de la
langue maternelle. Il s'agit de voir si selon la qualité de
l'environnement psychosocial favorable ou défavorable l'individu aurait
des attitudes positives ou négatives vis-à-vis de la langue
maternelle. Quatre hypothèses de recherche ont été
formulées autour de cet objectif. La vérification des
hypothèses de recherche se fera au moyen du test de corrélation
Point-Bisérial (noté rpb) pour les trois
premières et de celui de Bravais Pearson (noté
rxy) pour la quatrième.
4.2. 1. Hypothèse de recherche no1
Cette hypothèse a été formulée
comme suit : « la manière dont la langue maternelle
est pratiquée au sein de la famille prédispose les adolescents
balengs de la ville de Yaoundé à une attitude
négative vis-à-vis d'elle. »
La vérification de cette hypothèse passe par un
certain nombre d'étapes telles qu'annoncées au paragraphe
3.4.1.
- Étape 1 : Émission de
l'hypothèse nulle et de recherche
H0 : la manière dont la langue
maternelle est pratiquée au sein de la famille ne prédispose pas
les adolescents balengs à une attitude négative vis-à-vis
d'elle.
Ha : la manière dont la langue
maternelle est pratiquée au sein de la famille prédispose les
adolescents balengs à une attitude négative vis-à-vis
d'elle.
- Étape 2 : Calcul de la valeur du coefficient
de corrélation Point-Bisérial (rpb
cal)
La mise en rapport des résultats de l'item 9 relatifs
aux renseignements sur la pratique de la langue maternelle en milieu familial
et les scores relatifs à la mesure de l'attitude vis-à-vis de la
langue, va nous permettre de tester cette hypothèse.
Nous avons ainsi regroupé les sujets en deux
catégories et avons assigné le chiffre 0 à la
catégorie de ceux qui affirment que la langue la plus parlée par
leur père est le Français/Anglais et le chiffre
1 à ceux qui affirment que c'est la langue baleng. Ainsi nous
avons obtenu les résultats suivant, où les scores
élevés indiquent une attitude positive et les scores faibles une
attitude négative.
Tableau 36 : score de l'attitude
vis-à-vis de la LM chez les sujets des deux catégories (0 et
1).
le français/anglais comme langue la plus
utilisée (0)
|
le baleng comme langue la plus utilisée
(1)
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
12
|
2
|
23
|
1
|
20
|
1
|
31
|
11
|
14
|
3
|
24
|
8
|
22
|
2
|
32
|
14
|
15
|
4
|
25
|
6
|
23
|
1
|
33
|
10
|
16
|
1
|
26
|
7
|
24
|
2
|
34
|
12
|
17
|
7
|
27
|
6
|
25
|
3
|
35
|
4
|
18
|
6
|
28
|
3
|
26
|
4
|
36
|
6
|
19
|
5
|
29
|
9
|
27
|
6
|
37
|
2
|
20
|
16
|
31
|
4
|
28
|
5
|
38
|
5
|
21
|
10
|
34
|
1
|
29
|
5
|
40
|
1
|
22
|
7
|
|
|
30
|
8
|
|
|
Rappelons la formule :
A partir des données contenues dans le
tableau, les résultats obtenus après calcul sont les
suivants :
et
- Étape 3 : comparaison
du coefficient de corrélation calculé () au coefficient de corrélation critique ( ) et prise de décision
La valeur du coefficient de corrélation calculé
est supérieure à la valeur critique. Nous rejetons ainsi l'hypothèse nulle et concluons que la
corrélation entre nos deux variables est significativement
différente de zéro. En d'autres termes, comme réponse
à notre première hypothèse de recherche, nous dirons que
la manière dont la langue maternelle est pratiquée au sein de la
famille prédispose les adolescents balengs à une attitude
négative vis-à-vis d'elle.
Le coefficient de détermination implique que la proportion de variabilité commune entre les
deux variables est de 0,50. C'est-à-dire que 50% de variation de la
manière dont la langue maternelle est pratiquée au sein de la
famille explique celle de l'attitude des adolescents balengs vis-à-vis
de cette langue.
4.2.2. Hypothèse de recherche no2
Cette hypothèse a été formulée
comme suit : « l'irrégularité des contacts
avec la communauté linguistique prédispose les adolescents
balengs de la ville de Yaoundé à une attitude négative
vis-à-vis de leur langue maternelle. »
- Étape 1 : Émission de
l'hypothèse nulle et de recherche
H0 :
l'irrégularité des contacts avec la communauté
linguistique ne prédispose pas les adolescents balengs de la ville de
Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis de leur
langue maternelle.
Ha :
l'irrégularité des contacts avec la communauté
linguistique prédispose les adolescents balengs de la ville de
Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis de leur
langue maternelle.
- Étape 2 : Calcul de la valeur du
coefficient de corrélation Point-Bisérial (rpb
cal)
Nous nous servirons ici des résultats de l'item 13 que
nous mettrons en relation avec les scores de la variable dépendante.
Ainsi, nous assignons la valeur 1 à la catégorie de sujets
ayant des rapports réguliers avec le village Baleng et la valeur 0
à la catégorie ayant des rapports plutôt
irréguliers.
rapports irréguliers (0)
|
rapports réguliers (1)
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
12
|
2
|
23
|
2
|
25
|
1
|
33
|
9
|
14
|
3
|
24
|
10
|
27
|
3
|
34
|
13
|
15
|
4
|
25
|
8
|
28
|
3
|
35
|
4
|
16
|
1
|
26
|
11
|
29
|
8
|
36
|
6
|
17
|
7
|
27
|
9
|
30
|
6
|
37
|
2
|
18
|
6
|
28
|
5
|
31
|
15
|
38
|
5
|
19
|
5
|
29
|
6
|
32
|
14
|
40
|
1
|
20
|
17
|
30
|
2
|
|
|
|
|
21
|
10
|
33
|
1
|
|
|
|
|
22
|
9
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 37 : score de l'attitude
vis-à-vis de la LM chez les sujets des deux catégories (0 et
1).
Rappelons la formule :
A partir des données contenues dans le
tableau, les résultats obtenus après calcul sont les
suivants :
et
- Étape 3 : comparaison
du coefficient de corrélation calculé () au coefficient de corrélation critique ( ) et prise de décision
La valeur du coefficient de corrélation calculé
est largement supérieure à la valeur
critique. Entraînant ainsi le rejet de l'hypothèse
nulle et la conclusion selon laquelle la corrélation entre nos deux
variables est significativement différente de zéro. En d'autres
termes, comme réponse à notre deuxième hypothèse de
recherche nous dirons que l'irrégularité des contacts avec la
communauté linguistique prédispose les adolescents balengs de la
ville de Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis
de leur langue maternelle. Ainsi, il convient à présent de se
demander jusqu'à quel niveau ces deux variables évoluent
ensemble.
Le coefficient de détermination implique que la proportion de variabilité commune entre les
deux variables est de 0,70. C'est-à-dire que 70% de variation des
contacts avec la communauté linguistique explique celle de l'attitude
des adolescents balengs de la ville de Yaoundé vis-à-vis de leur
LM.
4.2.3. Hypothèse de recherche no3
Cette hypothèse a été formulée
comme suit : « la mauvaise promotion de la langue maternelle
prédispose les adolescents balengs de la ville de Yaoundé
à une attitude négative vis-à-vis
d'elle »
- Étape 1 : Émission de
l'hypothèse nulle et de recherche
H0 : la mauvaise promotion de
la langue maternelle ne prédispose pas les adolescents balengs de la
ville de Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis
d'elle.
Ha : la mauvaise promotion de
la langue maternelle prédispose les adolescents balengs de la ville de
Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis
d'elle.
- Étape 2 : Calcul de la valeur du coefficient
de corrélation Point-Bisérial (rpb
cal)
Pour tester cette hypothèse, nous mettrons en relation
les résultats de l'item 16 avec les scores de la variable
dépendante. Ainsi, nous assignons la valeur 1 à la
catégorie de sujets connaissant des émissions diffusées en
langue baleng et la valeur 0 à la catégorie de
sujets ne connaissant pas d'émissions diffusées en langue baleng.
Tableau 38 : score de l'attitude
vis-à-vis de la LM chez les sujets des deux catégories (0 et
1).
Sujets ne connaissant pas d'émissions
diffusées en langue baleng (0)
|
Sujets connaissant des émissions
diffusées en langue baleng (1)
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
12
|
2
|
24
|
8
|
14
|
1
|
30
|
8
|
14
|
2
|
25
|
6
|
18
|
1
|
31
|
13
|
15
|
4
|
26
|
8
|
20
|
2
|
32
|
12
|
16
|
1
|
27
|
11
|
21
|
1
|
33
|
10
|
17
|
7
|
28
|
5
|
22
|
5
|
34
|
12
|
18
|
5
|
29
|
8
|
24
|
2
|
35
|
3
|
19
|
5
|
31
|
2
|
25
|
3
|
36
|
6
|
20
|
15
|
32
|
2
|
26
|
3
|
37
|
1
|
21
|
9
|
34
|
1
|
27
|
1
|
38
|
5
|
22
|
6
|
35
|
1
|
28
|
3
|
40
|
1
|
23
|
2
|
37
|
1
|
29
|
6
|
|
|
Rappel de la formule :
A partir des données contenues dans le
tableau, les résultats obtenus après calcul sont les
suivants :
et
- Étape 3 : comparaison
du coefficient de corrélation calculé () au coefficient de corrélation critique ( ) et prise de décision
La valeur du coefficient de corrélation calculé
est supérieure à la valeur critique. Entraînant ainsi le rejet de l'hypothèse
nulle et la conclusion selon laquelle la corrélation entre nos deux
variables est significativement différente de zéro. C'est donc
dire qu'il existe un lien significatif entre la mauvaise promotion de la langue
maternelle et les attitudes négatives des adolescents balengs de la
ville de Yaoundé vis-à-vis d'elle. Ainsi, il convient de voir
à quel degré cette relation est significative.
Le coefficient de détermination implique que la proportion de variabilité commune entre les
deux variables est de 0,53. C'est-à-dire que 53% de variation de la
promotion de la langue explique celle de l'attitude des adolescents balengs de
la ville de Yaoundé vis-à-vis de leur LM.
4.2.4. Hypothèse de recherche no4
Cette hypothèse a été formulée
comme suit : « l'influence des membres de l'outgroup
prédispose les adolescents balengs de la ville de Yaoundé
à une attitude négative vis-à-vis de leur langue
maternelle. »
Pour vérifier cette hypothèse, étant
donné que les deux variables que nous mettons en relation sont
mesurées à partir d'une échelle de mesure par intervalle,
nous ferons usage du test de Pearson (rXY
cal). Ce dernier exige les mêmes
étapes que la corrélation Point-Bisérial.
- Étape 1 : Émission de
l'hypothèse nulle et de recherche
H0 : l'influence des membres de l'outgroup ne
prédispose pas les adolescents balengs de la ville de Yaoundé
à une attitude négative vis-à-vis de leur langue
maternelle.
Ha : l'influence des membres de l'outgroup
prédispose les adolescents balengs de la ville de Yaoundé
à une attitude négative vis-à-vis de leur langue
maternelle.
- Étape 2 : Calcul de la valeur du coefficient
de corrélation de Pearson (rXY cal)
Tableau 39 : Relation entre
l'influence des membres de l'outgroup (X) et les attitudes envers la langue
maternelle (Y) chez les 208 sujets.
Influence des membres
l'outgroup (X)
|
Attitude vis-à-vis de la LM (Y)
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
Scores
|
Effectif
|
4,00
|
1
|
12,00
|
2
|
29,00
|
14
|
5,00
|
5
|
14,00
|
3
|
30,00
|
8
|
6,00
|
4
|
15,00
|
4
|
31,00
|
15
|
7,00
|
13
|
16,00
|
1
|
32,00
|
14
|
8,00
|
25
|
17,00
|
7
|
33,00
|
10
|
9,00
|
11
|
18,00
|
6
|
34,00
|
13
|
10,00
|
18
|
19,00
|
5
|
35,00
|
4
|
11,00
|
13
|
20,00
|
17
|
36,00
|
6
|
12,00
|
12
|
21,00
|
10
|
37,00
|
2
|
13,00
|
5
|
22,00
|
9
|
38,00
|
5
|
14,00
|
18
|
23,00
|
2
|
40,00
|
1
|
15,00
|
18
|
24,00
|
10
|
|
|
16,00
|
25
|
25,00
|
9
|
|
|
17,00
|
15
|
26,00
|
11
|
|
|
18,00
|
14
|
27,00
|
12
|
|
|
19,00
|
7
|
28,00
|
8
|
|
|
20,00
|
4
|
|
|
|
|
Rappel de la formule :
A partir des données contenues dans le
tableau, les résultats obtenus après calcul sont les
suivants :
Tableau 40 : résultats de
calcul de la corrélation de Pearson
|
Influence de l'outgroup (X)
|
Attitude vis-à-vis de la LM (Y)
|
Influence de l'outgroup (X)
|
Corrélation de Pearson
|
1
|
0,812
|
Sig. (bilatérale)
|
...
|
0,000
|
N
|
208
|
208
|
Attitude vis-à-vis de la LM (Y)
|
Corrélation de Pearson
|
0,812
|
1
|
Sig. (bilatérale)
|
0,000
|
...
|
N
|
208
|
208
|
- Étape 3 :
Localisation de la valeur critique et prise de
décision
La valeur du coefficient de corrélation calculé
est supérieure à la valeur critique. Entraînant ainsi le rejet de l'hypothèse
nulle et la conclusion selon laquelle la corrélation entre nos deux
variables est significativement différente de zéro. C'est donc
dire que, l'influence des membres de l'outgroup prédispose les
adolescents balengs de la ville de Yaoundé à une attitude
négative vis-à-vis de leur langue maternelle. Aussi il convient
à présent de voir jusqu'à quel niveau cette relation est
significative.
Le coefficient de détermination indique que la proportion de variabilité commune entre les
deux variables est de 0,66. C'est-à-dire que 66% de variation de
l'influence de l'outgroup explique celle de l'attitude des adolescents balengs
de la ville de Yaoundé vis-à-vis de leur LM.
CHAPITRE 5: INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
ET SUGGESTIONS
5.1. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DES
HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
Avant d'amorcer cette discussion, il nous semble utile de
rappeler que le but de notre recherche est de savoir si l'on peut
établir une relation significative entre l'environnement psychosocial
des adolescents balengs de la ville de Yaoundé et leur attitude
négative vis-à-vis de la langue maternelle.
A partir de nos questions de recherche, ainsi que des
hypothèses qui en découlaient, nous discuterons dans le
présent chapitre des principaux résultats. Dans le but de rendre
plus claire la discussion relative à la vérification des
hypothèses, et aussi afin d'éviter l'effet de redondance, nous
avons décidé de procéder hypothèse par
hypothèse telles qu'elles étaient présentées dans
le chapitre précédent.
5.1.1. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 1
Rappelons qu'il s'est agit pour nous dans cette
hypothèse de mesurer la relation qui existe entre l'attitude des
adolescents balengs de la ville de Yaoundé vis-à-vis de leur LM
et la manière dont celle-ci est pratiquée au sein de la famille.
En d'autres termes, il s'agit de répondre à la question de savoir
si la manière dont la langue maternelle est pratiquée au sein de
la famille prédispose les adolescents balengs à une attitude
négative vis-à-vis d'elle.
A partir du test de corrélation Point-Bisérial,
nous sommes parvenus à la conclusion selon laquelle il existe une
corrélation significative entre la manière dont la langue
maternelle est pratiquée au sein de la famille et les attitudes de nos
sujets vis-à-vis d'elle. C'est-à-dire que, le soit. Le coefficient de détermination quant à lui, indique qu'il y a une proportion de
variabilité commune de 50% entre ces deux variables. Partant, moins la
langue maternelle est utilisée par les membres de la famille, en
occurrence les parents, plus l'attitude de nos sujets est négative
envers elle et vice versa. Le milieu familial est le lieu principal en dehors
duquel l'individu ne pourrait acquérir sa langue maternelle. Surtout
dans le contexte urbain où les enfants passent plus de temps avec leurs
pairs qu'avec leurs parents à cause de nombreuses préoccupations
de ces derniers. C'est ainsi que d'après nos statistiques, les attitudes
des adolescents qui en famille ont été plus confrontés
à la LM sont positives à 78,12% des cas alors que celles de ceux
qui ont été moins confrontés ne le sont qu'à 55,65%
donc une différence de 22,47%.
En effet, une étude de Landry et Allard (2000) a
montré dans ce sens que lorsqu'un individu ou un groupe est en situation
de contact des langues, l'attitude positive vis-à-vis des deux langues
(LM et L2 ou) sera privilégié si la LM est largement
favorisée dans le milieu familial et le milieu social étant
donné que l'enfant est fortement scolarisé en L2. Ainsi, la
scolarisation en L2, langue dominante (sur le plan démographique) aura
peu d'effets négatifs sur la compétence cognitive en LM, langue
dominée en raison du haut degré d'interdépendance
LM/L2.
Ainsi, si les enfants qui se trouvent dans un contexte
minoritaire à faible vitalité ethnolinguistique sont fortement
confrontés à la LM et ont des contacts fréquents avec
cette langue dans le milieu familial ils auront non seulement des scores de
compétence langagière plus élevés mais aussi des
attitudes très positives envers l'utilisation de cette langue (Landry et
Allard, op.cit.).
5.1.2. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 2
Notre deuxième l'hypothèse de
recherche s'est intéressée à vérifier s'il existe
un lien entre l'irrégularité des contacts avec la
communauté linguistique et l'attitude
négative des adolescents balengs de la ville de Yaoundé
vis-à-vis de leur LM. Il faut dire qu'il s'est agit de voir si les
attitudes des adolescents balengs vis-à-vis de leur LM pouvaient varier
en fonction des contacts avec leur communauté.
Le test de corrélation Point-Bisérial nous a
permis de parvenir à la conclusion selon laquelle il existe une forte
corrélation entre la qualité de contacts avec la
communauté linguistique chez nos sujets et leurs attitudes
vis-à-vis de la LM. C'est-à-dire que le soit. Le coefficient de détermination indique une proportion de variabilité commune de 70% entre
ces deux variables.
Ainsi des séjours réguliers dans son village et
les fréquentations des associations culturelles de sa communauté
donnent à l'adolescent des occasions de se confronter à sa
langue. Car, c'est dans ces différents milieux qu'il aura des occasions
de parler cette langue avec les membres de son groupe d'appartenance.
Selon Landry (2001), un vécu langagier qui assure plus
de contacts avec la culture et la langue du groupe d'appartenance aura des
effets positifs sur le maintien de leur identité ethnolinguistique. Les
contacts sociaux ainsi que langagiers en milieu urbain sont essentiellement en
langue seconde mais avec une présence forte de la langue maternelle dans
certains domaines culturels, celle-ci ne court aucun risque de disparition.
Aussi, Clément (1996) a découvert dans ses
recherches qu'il existe un lien entre les variables affectives et
contextuelles qui semblent influencer directement les attitudes et les
comportements langagiers de l'individu. Selon cet auteur, la confiance
langagière est le déterminant immédiat de la motivation
individuelle à apprendre et à utiliser tel ou tel code langagier.
Cette confiance s'acquiert via les contacts avec l'ingroup.
De même, Landry et Allard (1990), Hamers et Blanc (2000)
parlent du réseau individuel de contacts linguistiques comme
étant celui qui représente le niveau où s'actualise la
majorité des expériences ethnolinguistiques de l'individu. Il
consiste en toutes les occasions où les individus peuvent utiliser leur
langue maternelle: dans les interactions avec les membres de leur famille, les
amis, les voisins, les camarades d'école et les collègues de
travail.
5.1.3. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 3
Notre troisième hypothèse de
recherche se proposait de vérifier s'il existe une corrélation
entre la mauvaise promotion de la LM et l'attitude négative des
adolescents balengs vis-à-vis de cette langue. Les résultats
obtenus à l'aide du test de corrélation Point-Bisérial,
nous montre qu'il existe une corrélation significative entre les deux
variables, car nous avons ou avec une proportion de variabilité commune de 0,53. Cela
dit, les attitudes des adolescents balengs de la ville de Yaoundé
vis-à-vis de leur LM à 53% de cas varient en fonction de la
qualité de la promotion de cette langue.
Ces résultats corroborent avec les propos de Landry
(1994) qui fait remarquer qu'un nombre restreint des membres de la
communauté sur le plan démographique, un faible capital
économique, un nombre limité d'institutions culturelles
(écoles, médias, organisations culturelles), un faible capital
politique (c'est-à-dire le groupe est peu représenté au
sein des institutions politiques) risquent d'enfreindre ou de délimiter
grandement le réseau individuel des contacts linguistiques et, par
conséquent, l'utilisation de la langue première comme
véhicule de la culture d'un groupe ethnolinguistique devient presque
impossible.
Ainsi, la promotion sociale d'une langue est une
manière efficace de la valoriser. Cette valorisation motive les
individus à apprendre la langue, les amène à avoir une
perception positive de cette langue. Notons que le plus souvent, les individus
aimeraient apprendre une langue pour son utilité. Gardner (2001) dans
ses travaux parle de l'orientation instrumentale qui réfère
à un besoin chez l'apprenant d'apprendre la langue dans un but
pragmatique. Hamers et Blanc (2000) soulignent en effet que, le comportement
langagier du bilingue varie suivant un certain nombre de paramètres tels
que le statut de la langue, son domaine d'utilisation, le statut des groupes,
etc.
Tout ce qui précède s'inscrit en droite ligne
avec les recherches de Deci (1975) sur la motivation extrinsèque.
Celle-ci survient lorsque l'individu tente d'obtenir quelque chose en
échange de la pratique de l'activité. L'activité n'est pas
pratiquée pour le plaisir qu'elle apporte, mais pour des raisons souvent
totalement externes à l'individu, c'est-à-dire pour ce qu'elle
lui rapporte et ceci doit correspondre aux attentes de son entourage.
Des études (Clément, 1984 ; Gardner, 1985)
ont effectivement montré que les individus ont une perception positive
envers une langue et sont motivés à l'apprendre si elle donne
facilement accès à l'emploi et assure la promotion sociale de ses
détenteurs. La maîtrise du français apparaît donc
indispensable sur le plan économique et social. Cette valorisation du
français motive les jeunes à améliorer leur maîtrise
de cette langue. Dans notre contexte, la maîtrise de la LM n'assure pas
l'épanouissement intellectuel ni économique et social de ses
détenteurs. L'épanouissement intellectuel passe par la
maîtrise des langues officielles puisque l'école n'autorise pas
les LM. Le tableau numéro 30 nous rapporte que 53,4%
des enquêtés affirment que lorsqu'il faut faire des
choses importantes comme les sciences, la langue baleng devient
inutile. Seuls 23,6% affirment le contraire. Aussi, la nécessité
de connaître et d'utiliser les langues officielles est souvent en
relation avec la possibilité de gagner sa vie. Il n'existe pas de
métiers désirables qu'on pourrait exercer avec la langue locale
seulement. C'est aussi les langues officielles qui permettent la
mobilité géographique des individus. L'appartenance à un
groupe de semblables ainsi que la participation à un réseau de
communication au sein de ce groupe ne suffisent pas aux individus bien que ce
soit très important.
La théorie des motivations de Maslow (1970)
établit une hiérarchie de besoins : des besoins
physiologiques aux besoins de réalisation de soi en passant par les
besoins de sécurité, d'appartenance et d'estime de soi. Dans
notre contexte, la LM ne permet pas de satisfaire ces principaux besoins. Il
s'agit aussi des besoins d'appartenances. Tout cet ensemble de besoins
conditionne ainsi les attitudes des individus vis-à-vis des langues.
5.1.4. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 4
Notre quatrième hypothèse de recherche avait
pour but de vérifier s'il existe une corrélation entre
l'influence des membres de l'outgroup et l'attitude de l'adolescent baleng
vis-à-vis de sa langue maternelle. Il s'est agit de voir dans quelle
mesure la présence ou les réactions de ceux qui n'ont pas la
même LM que l'adolescent baleng pourraient influencer ses attitudes
vis-à-vis de sa langue. L'indice de corrélation de
Pearson montre qu'il y a une forte corrélation entre l'influence des
membres de l'outgroup et les attitudes de l'adolescent baleng vis-à-vis
de sa langue maternelle. C'est-à-dire que ou avec un coefficient de détermination 0,66
indiquant une proportion de variabilité commune de 66% entre ces
deux variables.
Par ailleurs, les résultats de l'analyse descriptive
relèvent d'après les tableaux 31 et 32 que les sujets
évitent d'employer leur langue maternelle dans les espaces publics. Ceci
dans le but d'éviter les moqueries des autres. Il s'agit ainsi pour ces
adolescents d'une façon de s'intégrer dans le groupe majoritaire
sans se faire distinguer des autres à travers leur LM, en adoptant ainsi
la langue de la majorité démographique qui est le
français. Gardner (2001) a parlé de la motivation
« intégrative » pour traduire le comportement de
l'individu qui parle une langue dans le but de pouvoir s'intégrer,
à un degré plus ou moins prononcé, à divers aspects
culturels du groupe parlant la langue en question.
Cette attitude de peur et de honte ne donnant ainsi aucune
occasion à l'adolescent de s'exercer dans sa langue d'origine en dehors
du milieu familial. Ces réactions leurs conduisant ainsi à avoir
une perception négative de leur LM et une démotivation à
l'apprendre et à la parler. Asch (1955) a conclut à partir de
ses travaux que la conformité est le résultat d'un besoin de
repérage chez l'individu. Car, il s'efforce d'être en harmonie
avec les autres comportements et croyances auxquels il est confronté.
D'après le processus de conformité, l'individu
peut se conformer soit parce qu'il croit que le groupe possède la
meilleure information, soit parce que les normes du groupe sont contraignantes.
L'individu peut ainsi préférer la langue française parce
qu'il pense qu'elle est meilleure par rapport à sa LM.
Cette influence reflète une faible vitalité
ethnolinguistique du groupe du sujet. Le groupe ayant un faible degré de
vitalité ethnolinguistique, selon le construit théorique de Giles
et al. (1977) aurait tendance à cesser graduellement d'utiliser la
langue et à s'intégrer culturellement dans un ou
différents groupes dominants.
Ces propos mettent fin à la discussion entourant les
résultats obtenus dans la présente étude. Par ailleurs, en
nous appuyant sur ces résultats, nous nous proposons de faire quelques
suggestions à l'endroit des parents, de la communauté baleng et
des pouvoirs publics.
5.2. SUGGESTIONS
D'abord aux parents, nous leur recommandons d'assurer la
transmission de la langue maternelle à leurs enfants. Ceci, en
l'utilisant comme principale langue de communication au sein de la famille.
Étant donné qu'ils sont plus confrontés aux langues
secondes qu'à leur langue maternelle une fois qu'ils se retrouvent hors
du cadre familial.
Aussi, serait-il bénéfique que les parents
permettent à leurs enfants de passer régulièrement les
vacances au village en compagnie des grands-parents, cadre idéal,
où la langue maternelle ne rencontre pas de rival.
La communauté baleng dans le but de permettre
l'émergence et la survie de sa langue devrait faire une bonne promotion
de celle-ci. Elle doit dans ce sens mettre sur pied un nombre suffisant
d'institutions culturelles comme des lieux d'enseignement de la langue, des
émissions radiodiffusées ou télévisées, des
organisations culturelles, afin de rendre possible les contacts linguistiques
et, par conséquent, l'utilisation de la langue baleng comme
véhicule de la culture de ce groupe.
Par ailleurs, nous voulons à travers cette recherche
encourager les pouvoirs publics qui envisagent mettre sur pied une politique
linguistique qui prend en compte les langues locales des populations. Une
politique d'enseignement des langues locales doit donc s'intégrer dans
un projet destiné à faire des langues locales de
véritables outils de développement économique et culturel
permettant à leurs détenteurs de participer effectivement
à la construction nationale. Afin que la future politique linguistique
du Cameroun soit couronnée de succès, elle doit être
soutenue par l'aménagement d'un cadre de promotion sociale dans les
langues camerounaises. Et, une campagne nationale de sensibilisation
organisée et financée par le gouvernement devra ensuite expliquer
aux populations les nouvelles fonctions sociolinguistiques confiées
à leurs langues maternelles dans l'optique de l'amélioration de
leurs conditions de vie.
Parallèlement, nous encourageons le centre ANACLAC qui,
avec le Département de Linguistique de L'Université de
Yaoundé I, a pris de l'initiative relative à l'élaboration
des programmes d'enseignement de quelques langues camerounaises dans les
écoles primaires. De même, nous encourageons le MINEDUB qui
envisage d'intégrer ces langues dans les programmes scolaires
officielles. Ceci avec déjà la création des inspections
pédagogiques provinciales des langues nationales, la formation et le
recyclage des enseignants dans ce domaine.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Au terme de cette étude, il serait convenable de faire
un bref rappel de notre problématique et des objectifs qui l'ont
conduite. En effet, nous sommes parti de l'observation selon laquelle
aujourd'hui les LM sont en train de perdre le terrain chez les jeunes
adolescents en général et chez les jeunes adolescents balengs en
particulier. Il arrive aux individus d'éprouver de la gêne ou un
sentiment de honte lorsqu'il faut parler leur langue en public. Ainsi, il est
rare de trouver des personnes capables d'utiliser leur LM comme étant
effectivement leur première langue. Des études (Bitjaa Kody,
2000) ont d'ailleurs montré que l'usage des langues locales dans la
ville de Yaoundé est en voie de disparition jusqu'au sein des
ménages endogamiques, lieux par excellence présumés de
leur usage. De même, une étude réalisée par Person
(cité par Ngamassu, 2006) en 1980 prévoyait l'extinction
irrémédiable de l'ensemble des langues locales au Cameroun et
dans d'autres pays d'Afrique pour les années 2030-2040. Tout se passe
aujourd'hui comme si les individus pour plusieurs raisons
préféraient plus les langues étrangères à
leur propre langue.
Pourtant, comme l'a dit Gfeller (2000), il existe un
attachement personnel ou émotionnel à la langue maternelle et on
devrait logiquement l'aimer et la parler. Il se pose donc ici un
problème d'attitudes vis-à-vis de l'apprentissage et/ou de
l'utilisation de la langue maternelle chez les sujets de notre étude. En
effet qu'est-ce qui explique l'attitude négative des adolescents baleng
de la ville de Yaoundé vis-à-vis de leur langue maternelle ?
Cette situation nous a amené à effectuer une
recherche dans le but de vérifier la relation entre l'environnement
psychosocial et l'attitude négative des adolescents balengs de la ville
de Yaoundé vis-à-vis de leur langue maternelle.
Le cadre théorique de notre travail nous a permis de
décrire dans un premier temps les différentes variables de notre
étude. Nous avons ainsi expliqué les notions d'environnement et
d'attitude d'une part, et présenté quelques
généralités sur la langue maternelle et sur la politique
linguistique au Cameroun d'autre part. Cette partie nous a permis dans un
deuxième temps la compréhension des processus psychosociaux qui
peuvent conduire les individus à abandonner leur langue maternelle au
profit des langues étrangères. De ce fait nous avons
identifié à travers des travaux de plusieurs chercheurs quelques
facteurs psychosociaux liés aux attitudes envers les langues. Nous avons
enfin présenté les théories qui sous-tendent notre
étude.
Cette recension des écrits nous a permis de mieux
cerner la problématique et de poser la question de recherche ainsi:
l'environnement psychosocial des adolescents balengs de la ville de
Yaoundé les prédispose-t-il à une attitude négative
vis-à-vis de leur langue maternelle ? La réponse
provisoire à cette question de recherche ayant servi d'hypothèse
générale est la suivante : l'environnement psychosocial
des adolescents balengs de la ville de Yaoundé les prédispose
à une attitude négative vis-à-vis de leur langue
maternelle.
Cette hypothèse générale a donnée
lieu à quatre hypothèses de recherche à savoir :
HR1 : la manière dont
la LM est pratiquée au sein de la famille prédispose les
adolescents balengs de la ville de Yaoundé à une attitude
négative vis-à-vis d'elle ;
HR2 : la mauvaise promotion
de la LM prédispose les adolescents de la ville de Yaoundé
balengs à une attitude négative vis-à-vis d'elle ;
HR3 :
l'irrégularité des contacts avec la communauté
linguistique prédispose les adolescents balengs de la ville de
Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis
de leur langue maternelle ;
HR4 : l'influence des membres
de l'outgroup prédispose les adolescents balengs de la ville de
Yaoundé à une attitude négative vis-à-vis
de leur langue maternelle.
Afin de vérifier ces hypothèses de recherche, un
questionnaire a été mis au point et distribué à 208
adolescents baleng de quelques quartiers de la ville de Yaoundé.
L'enquête s'étant déroulée de la période
allant du 11 juillet au 04 août 2007. Les données ainsi
collectées ont été analysées par le biais de deux
outils statistiques (le test de corrélation Point-Bisérial et
celui de Bravais Pearson) et les résultats interprétés
à la lumière des théories des motivations psychosociales
et de l'influence sociale.
De l'analyse descriptive des données, nous avons
constaté d'une part qu'effectivement, la majorité (soit 73%) des
enquêtés non seulement maîtrise mal leur langue maternelle,
mais aussi, la parle peu. D'autre part, nous avons constaté que, presque
tous les sujets considèrent cette langue comme inutile pour eux
notamment parce qu'ils trouvent qu'elle n'a pas de valeur en tant que langue
d'apprentissage. De même, la majorité évite d'utiliser
cette langue dans les espaces publics. De façon générale,
nous pouvons ainsi conclure que nos sujets manifestent une attitude
négative vis-à-vis de leur langue maternelle, comme nous le
mentionnions à la problématique.
A partir des analyses corrélationnelles, nous avons
constaté que toutes nos hypothèses de recherche sont
significatives à un seuil. Confirmant ainsi notre hypothèse générale.
Au terme de cette étude, nous pouvons affirmer qu'en
procédant à ces différentes analyses nous avons pu
atteindre le but principal de notre recherche et pouvons conclure que
l'environnement psychosocial des adolescents balengs les prédispose
à une attitude négative vis-à-vis de leur langue
maternelle. Autrement dit, un environnement favorable dans ce sens est
susceptible de permettre la formation d'attitudes positives vis-à-vis de
la langue maternelle et inversement, un environnement défavorable
entraîne la formation d'attitudes négatives vis-à-vis de la
langue maternelle.
Cependant, vu la complexité du phénomène
d'attitudes et de comportements langagiers, nous ne pensons pas avoir
épuisé son explication. Partant, il apparaît que de
nombreuses pistes de recherche sont possibles.
Ainsi, pour renforcer les résultats de cette recherche,
nous proposons par exemple de mener une recherche similaire, mais avec des
membres d'autres communautés en visant de faire une comparaison entre
ces groupes.
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²TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.................................................................1
PREMIÈRE PARTIE : CADRE
THÉORIQUE......................................3
CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE DE
L'ÉTUDE........................................4
I.1- CONTEXTE DE
L'ÉTUDE...........................................................................4
I.2- FORMULATION DU PROBLÈME ET QUESTIONS DE
RECHERCHE ........7
I.3-OBJECTIFS DE L'ÉTUDE
..................................................................8
I.3.1-Objectif
général...........................................................................8
I.3.2-Objectif
spécifiques.....................................................................8
I.4- INTÉRÊT DE
L'ÉTUDE...................................................................9
I.4.3- Intérêt scientifique
....................................................................9
I.4.1- Intérêt
social..........................................................................10
I.5-DÉLIMITATION DE L'ÉTUDE....10
I.6- DÉFINITION DES CONCEPTS....11
I.6.1. L'environnement
......................................................................11
I.6.2. L'environnement
psychosocial.....................................................12
1.6.3. La langue....12
1.6.4. La langue maternelle/langue
première............................................13
1.6.5. Langue seconde et langue officielle......13
1.6.6. Langue véhiculaire......14
1.6.7. Langue vernaculaire......14
1.6.8. Le
multilinguisme ...................................................................14
1.6.9. Le
bilinguisme.......................................................................14
1.6.10.
L'attitude............................................................................15
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTÉRATURE ET
INSERTION
THÉORIQUE.......................................................................................16
2.1. REVUE DE LA
LITTÉRATURE.........................................................16
2.1.1. GÉNÉRALITÉS SUR LES
LANGUES..............................................16
2.1.1.1. LES DIMENSIONS DE LA LANGUE......16
2.1.1.1.1. La langue comme véhicule d'une
culture....16
2.1.1.1.2. La diversité linguistique comme patrimoine
de l'humanité...............17
2.1.1.1.3. La langue maternelle comme socle de l'acquisition
des
connaissances................................................................................17
2.1.1.2. LES LANGUES NATIONALES AU CAMEROUN
.................................................18
2.1.1.2.1. Situation
sociolinguistique......................................................18
2.1.1.2.2. La politique linguistique du Cameroun....20
2.1.1.2.3. Mise en oeuvre actuelle de la politique
linguistique..........................21
2.1.1.2.4. Le village Baleng et la langue
baleng.........................................22
2.1.2. LA NOTION
D'ENVIRONNEMENT..................................................23
2.1.3. LA NOTION
D'ATTITUDE...............................................................24
2.1.3.1. Définition et
caractéristiques....................................................24
2.1.3.2. Formation de
l'attitude............................................................25
2.1.3.3. La structure de
l'attitude.........................................................26
2.1.3.4. Relation entre attitudes et
comportements.....................................27
2.1.4. FACTEURS PSYCHOSOCIAUX ET COMPORTEMENTS
LANGAGIERS..................................................................................29
2.1.4.1. La notion de bilinguisme additif et soustractif chez
Lambert...............29
2.1.4.2. La notion de statut ethnolinguistique chez Giles et
al. ......30
2.1.4.2. Situation de multilinguisme et comportements
langagiers..................32
2.1.4.3. « Milieux de vie » et
développement du bilinguisme chez Landry et
Allard.........................................................................................32
2.1.4.4. Variables contextuelles et attitudes/comportements
langagiers : le modèle psychosociale de Clément (1984)
........................................................34
2.2. LES THÉORIES EXPLICATIVES DU
SUJET ................................................35
2.2.1. LES MOTIVATIONS
PSYCHOSOCIALES..........................................35
2.2.2.1. La pyramide de
Maslow..........................................................36
2.2.2.1. Motivation intrinsèque et motivation
extrinsèque............................37
2.2.2.2. L'approche contextuelle de la motivation chez
Viau........................39
2.2.2.4. Motivation et apprentissage d'une langue: la
théorie de R. Gardner ......40
2.2.3. LA THÉORIE DE L'INFLUENCE
SOCIALE......................................41
2.2.3.1. L'imitation et la contagion : influence sur les
attitudes et les comportements sociaux.....42
2.2.3.2. La formation des normes et des
attitudes.......................................43
2.2.3.3. La conformité......45
2.2.3.4. L'influence des
minorités........................................................47
2.3. RELATION THÉORIQUE ENTRE LES
VARIABLES..........48
2.3.1. Relation entre environnement et attitude ....48
2.3.2. Environnement et motivation à apprendre/parler
la langue ...................48
2.4. FORMULATION DES HYPOTHÈSES
.............................................49
2.4.1. Hypothèse
générale..................................................................49
2.4.2. Hypothèses de
recherche............................................................49
DEUXIÈME PARTIE : CADRE
MÉTHODOLOGIQUE.........................50
CHAPITRE 3:
MÉTHODOLOGIE............................................................51
3.1. Population et
échantillonnage......51
3.1.1.
Population................................................................................51
3.1.2. Plan
d'échantillonnage..............................................................51
3.1.3. Caractéristiques de
l'échantillon...................................................52
3.2. Technique de cueillette des
données.54
3.2.1. Description du
questionnaire........................................................................55
3.2.2. La mise à l'essai de l'instrument
.................................................................57
3.3. Le cadre général de la
cueillette des données ......57
3.4. Le plan de l'analyse
statistique.........................................................58
3.4.1. Analyse
descriptive.......................................................................58
3.4.2. Analyses des corrélations......58
3.4.2.1. Le coefficient de corrélation de
Pearson...........................................58
3.4.2.2. Le coefficient de corrélation
Point-Bisérial.....................................61
3.5. Rappel des hypothèses, des variables
et leurs modalités...........................62
3.5.1. L'hypothèse générale,
les variables et les
modalités..............................62
3.5.2. Définition des
variables................................................................62
3.5.2.1. La variable indépendante (V.I.)....62
3.5.2.2. Variable dépendante
(V.D.)......................................................63
3.5.3. Hypothèses de recherche, les variables et les
modalités......63
CHAPITRE 4: PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
ET VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES DE RECHERCHE......66
4.1. Résultats des analyses
descriptives.........................................................66
4.2. Vérification des hypothèses de
recherche......77
4.2. 1. Hypothèse de recherche
no1.......................................................77
4.2.2. Hypothèse de recherche
no2.........................................................99
4.2.3. Hypothèse de recherche
no3...........................................................81
4.2.4. Hypothèse de recherche
no4............................................................83
CHAPITRE 5: INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS ET
SUGGESTIONS....................................................................................86
5.1. Interprétation des résultats
des hypothèses de recherche...........................86
5.1.1. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 1......86
5.1.2. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 2........................................87
5.1.3. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 3.....................................88
5.1.4. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 4......90
5.2.
Suggestions.................................................................................91
CONCLUSION
GÉNÉRALE....................................................................93
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES.....................................................96
TABLE DES
MATIÈRES......................................................................101
ANNEXES.........................................................................................104
Annexes 1 :
questionnaire................................................................105
Annexes 2 : carte de
l'ouest..............................................................109
Annexes 3 : table de
Pearson............................................................110
ANNEXES
|