WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Politique, pauvreté et stabilité. le Sénégal peut-il basculer dans des violences sociales

( Télécharger le fichier original )
par Vivien MANEL
Institut français de géopolitique - Université Paris 8 - Master I géopolitique 2008
  

précédent sommaire

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

GLOSSAIRE

(Mot en wolof dans le texte)

Dieuf dieul : tirer profit de son labeur, son travail

Bour sine : roi du sine

Gamou : pélérinage confrérique

Goorgoorlou : littéralement faire l'homme, vivre de la débrouille

Gorgui : le vieux

Leeral askan wi: éclairer le people, la population, la nation

Louma : marché hebdomadaire

Massla : propension à toujours chercher le compromis et à éviter l'escalade Sama mame : mon grand père

Siaara : visite rendue au marabout ou pèlerinage au siège d'une confrérie Talibé : disciple ou mendiant

Xar matt: littéralement, fendre du bois, dans le texte, avoir des activités

parallèles

ANNEXES
LE SENEGAL EN QUELQUES CHIFFRES

Superficie : 196 190 km2

********************

Population (estimation 2009) : 13 711 597 habitants

Densité de population (2009) : 69,8 hab/km2

Proportion de la population âgée de moins de 15 ans (2008) : 41,9 % Proportion de la population âgée de plus de 64 ans (2008) : 3,0 % Espérance de vie (2009) : 59 ans

Proportion de la population urbaine (2008) : 42,3 %

Taux de fécondité (2009) : 4,95

Taux de natalité (2009) : 36,84 %0

Taux de mortalité (2008 : 10,72 %0

Taux d'accroissement naturel (2008) : 2,58 %

Taux de mortalité infantile (2008) : 58,93 %o

Taux de mortalité des moins de 5 ans : 116 %o

********************

PIB en millions de dollars US courants (2007) : 10.151

PIB en dollars US courants valeur PPA (2007) : 1700 par habitant PNB en dollars US courants (2008): 20, 6 milliards

Taux de croissance annuelle (2006) : 3,3 %

Source: CIA World Factbook (Version du 16 Mai 2008) et Sénégal-statistiques-mondiales.com10 - Sources : Agence Nationale de Statistique du Sénégal ; encyclopédie Universalis ; Encarta 2007 ; CIA's World Fact Book 2002 ; Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ; Sénégal-online

131

Part dans les importations mondiales (2006) : 0,03 % Par dans les exportations mondiales (2006) : 0,01 % Dépenses militaires en % du PIB (2008) : 1,9 %

Dépenses en éducation en pourcentage du PIB (2006) : 5 % Consommation d'électricité en kwh /habitant (2004) : 176 Population ayant accès à l'électricité (2000) : 32 %

*******************

Pourcentage de la population sous alimentée (2004) : 20 %

Taux de chômage (2007) : 48 %

Taux d'alphabétisation 15 ans et plus (2007) : 42,6 %

Nombre de lignes de téléphones fixes pour 1000 habitants (2006) : 23 Nombre de lignes de téléphones mobiles pour 1000 habitants (2007) : 320 Utilisateurs d'internet pour 1000 habitants (2006) : 54

Nombre de postes de télévision pour 1000 habitants (2001) : 77

Chronique de Souleymane Jules Diop ancien conseiller en

communication de l'ancien premier ministre de Wade, Idrissa Seck

Les ennemis du président

Souleymane Jules Diop Jeudi 13 Aoû 2009

« Voici venir le crépuscule. L'heure grave où l'on rend les comptes »

Michaïl BOULGAKOV

Il arrive à ce pays une étrangeté dont il ne faudrait pas se réjouir, encore moins se féliciter. La nomination de ministres pendant les vacances gouvernementales, les menaces contre des marabouts, les injures infâmes adressées à l'opposition forcent à une seule et même chose. Si Abdoulaye Wade fait toujours la preuve qu'il entend jouir de tous ses pouvoirs, il n'en est pas de même pour ce qui est de ses facultés mentales. Quelle qu'effroyable qu'elle puisse être, nous devons nous soumettre à cette conclusion et assumer qu'à la tête de ce pays jadis distingué par l'intelligence de ses hommes, se trouve désormais un vieillard gâteux. Un homme d'Etat qui s'attribue les biens de son pays, lui impose une hypothèque sur 1200 ans n'est déjà plus un homme. Je me suis soumis à cette évidence en voyant le président de la République fermement debout dans son boubou pour sacrer le monument sensé immortaliser sa propre bêtise et en faire témoignage aux générations futures. L'homme drapé contre les vents et les marées -je parle de l'autre-, la poitrine bien sortie et les abdominaux saillants, le rendait fier de sa copie. Mais regardez-le bien. Il n'a pas de tête. Je me suis demandé si les Coréens, sarcastiques à souhait, ne lui ont pas enlevé cette extrémité précieuse pour dire au Descartes de Kébémer, le père du « je prends, donc je suis », propriétaire intellectuel de cette doublure honteuse : « monsieur, regardez-vous bien, vous n'avez pas toute votre tête ».

La semaine dernière, il a pris son téléphone pour exiger de son ministre de la Communication, l'engagement de tous les moyens de l'Etat dans la bataille contre une photo représentant sa statue sur Internet. Le président Abdoulaye Wade a lui-même pourchassé la photo avec son équipe d'informaticiens, jusqu'à la localiser dans un coin de la planète virtuelle. Il reproche à cette statue refaite une trop grande ressemblance, ce qui nous a valu un communiqué du gouvernement et un mandat d'arrêt de diffusion international. Voilà à quoi est réduit le Sénégal, à traquer des images virtuelles, après avoir établi la censure systématique, comme l'ont si bien souligné mes amis de Sud quotidien. Quand il n'est pas en guerre contre les images virtuelles, Abdoulaye Wade

133

consacre l'essentiel de son effort à son combat contre ses ennemis virtuels. Jacques Diouf est pressenti pour se présenter en 2012, il lui consacre une longue campagne de calomnies à l'échelle internationale ; Amadou Moctar Mbow est présenté comme le potentiel candidat à une transition démocratique, il invite tous les cadres de son parti à lui réserver la totalité de leurs injures ; Ousmane Tanor Dieng est déclaré candidat, il sort tous les cadavres que lui avait laissés le Parti socialiste et ceux qu'il a lui-même placés dans les tiroirs. L'ADM finance les municipalités, il adresse une lettre aux responsables de la Banque mondiale pour les accuser de financer ses « ennemis ». Une véritable industrie de la guerre s'est développée autour de cet idéal autocratique. Elle fait vivre des centaines de mercenaires qui débusquent tous les jours les « ennemis du président » pour les mater sans pitié.

Cette comédie pitoyable n'est pas le signe d'une nervosité mal contenue. C'est le signe que le mégalomane est pris de folie et n'a honte de rien. On se disait que le passage de Hillary Clinton tout près de chez nous, au Cap-Vert, assoupirait au moins les velléités guerrières d'Abdoulaye Wade. C'est le moment qu'il a choisi pour pondre cette lettre scandaleuse qui ferait tomber n'importe quel chef d'Etat de son fauteuil.

Tout cela se fait sur fond de décisions irréfléchies. Il relève un ministre de ses fonctions, mais c'est pour s'empresser de le renommer le lendemain. Il relève le ministre de la Culture de ses fonctions, le nomme une semaine plus tard ministre d'Etat chargé d'un festival. Il prend une direction à un ministre, la lui rend le lendemain avec des excuses officielles. Le remaniement d'il y a six mois se poursuit encore, avec la nomination d'Innocence Ntap, redevenue ministre d'Etat au bout de 20 minutes d'audience. Pour couronner le tout, il sort du dernier Conseil des ministres avec cette décision étonnante de s'octroyer un mois de vacances quand ses ministres sont limités à une semaine. Le génie infatigable a-t-il enfin abandonné ses prétentions surhumaines ?

Nous n'assistons pas à une ambiance de fin de règne. Pire encore, nous assistons à une ambiance de fin de vie, sans que nous osions nous poser la question qui s'imposera à nous comme une réalité : qu'adviendra-t-il de nous tous ? Vont-ils, comme s'y préparent déjà les libéraux, se diviser en milices rivales et se combattre rageusement, avec des chefs de guerre de la trempe de Clédor Sène ; vont-ils laisser un ancien poissonnier et repris de Justice devenir notre président de la République par intérim ; ou alors, au nom des intérêts du clan, vont-ils tenir Pape Diop en respect et imposer Karim Wade à la tête du pays ?

Il semble que Viviane Wade soit la seule à avoir vraiment pris la mesure de la situation. Elle s'est arrogée une bonne partie des prérogatives présidentielles et ne rend compte qu'à sa propre personne. Quand Abdoulaye Wade nomme

au gouvernement, elle nomme. Quand il nomme dans le parti, elle nomme. Au point qu'il y a au palais de la République un gouvernement de ministres conseillers et de ministres d'Etat de la méme taille que celui de Souleymane Ndéné Ndiaye, prêts à agir. Les plumitifs engagés par le palais de la République promettent de s'y mettre, de sorte qu'au retour des vacances gouvernementales, il ne reste de ce « Jules »que sa mairie de Guinguineo. « On l'avait pris pour un roseau, c'est un chéne. Il ne plie pas », confient ceux qui assistent aux misères que lui cause le camp de Viviane Wade, déterminée à imposer son fils. Quel que soit le bout par lequel on la prend, la situation est assez grave pour nous obliger à l'action. Le président Lamine Diack l'a exprimé mieux que moi, en des termes qui inspirent le respect. Il nous faut agir ou périr.

Auteur: Souleymane Jules Diop

135

Sen24heures.com : Vendredi 31 Juillet 2009

Dialogue politique : Wade crache le feu sur l'opposition

Dans sa réponse à la lettre de l'opposition, le Chef de l'Etat n'a pas fait dans la dentelle. Il fait le procès de l'opposition en des termes peu diplomatiques. Le ton et le contenu de sa missive vont-ils consacrer l'enterrement de première classe d'un dialogue politique qui a du mal à démarrer ou s'agit-il juste de la surenchère ?

Le Président Abdoulaye Wade a trempé sa plume dans du vitriol pour répondre à la lettre de Benno siggil Sénégal sur le dialogue politique. Dans sa lettre réponse datée du 29 juillet dernier, le Chef de l'Etat déterre des cadavres et fait le procès du régime socialiste et de certains qui avaient réalisé avec lui l'alternance, avant de le quitter, et qui traîneraient des casseroles.

D'emblée il souligne : « J'accuse réception de votre lettre n° 002/888 du 27 juillet 2009 et m'empresse de vous dire que je ne vois aucune objection à soumettre les questions que vous évoquez à une structure appropriée, désignée d'un commun accord, à la seule condition du respect de la loi ; le contraire ne pouvant être demandé au Président de la République dont la mission principale est de respecter et de faire respecter les lois, conformément à son serment. » Il précise : « A la même instance, sera soumis l'examen de la liste des faits survenus sous le régime socialiste ou commis par l'un ou l'autre des vôtres pendant l'alternance alors qu'il exerçait des fonctions ministérielles.

L'exercice auquel vous nous conviez ayant manifestement pour but de faire le procès du régime de l'alternance, la logique de la chronologie des faits et du parallélisme des formes exige qu'on fasse, sur la méme lancée, celui du régime socialiste. 8ans tenir compte, dans un cas comme dans l'autre, de la notion de prescription et en commençant logiquement par les faits les plus anciens. » Pour étayer son propos Abdoulaye wade cite quelques exemples :

1. La mort du Commissaire Sadibou Ndiaye jeté du haut de la mamelle du phare alors qu'il sortait de la Présidence de la République,

2. Affaire Babacar Sèye : faudrait-il vous le rappeler, cette affaire a été instruite et jugée définitivement par le régime socialiste avant l'alternance. Y aurait-il une complicité du régime socialiste qui aurait caché certains éléments à la Justice ?

Avant de rejuger des citoyens qui ont été jugés contradictoirement et mis hors de cause, il serait plus logique de juger ceux qui, bien que mis en cause dans l'enquête et l'instruction n'ont jamais été convoqués devant la justice à cause de la protection dont ils jouissaient à l'époque. Après seulement, si ce nouvel examen de l'affaire ne conduit pas aux commanditaires, on parlerait

136

de "rejuger", c'est-à-dire remettre en cause des décisions de justice passées en force de chose jugée pour des faits frappés par la loi d'amnistie,

3. Sacrifices humains pour le pouvoir, consistant à capturer deux jeunes filles Albinos et à les enterrer vivantes,

4. Encaissement de chèques dans des comptes personnels à l'occasion de la construction de l'Hôtel Méridien Président,

5. Détournements de fonds au niveau du Secrétariat de la Présidence, à l'occasion de l'organisation de l'QGI en 1991,

6. Encaissement d'argent dans des comptes personnels à l'occasion du Premier Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar,

7. Vente de permis d'amodiation après attribution de milliers, d'hectares dans le Goudiry/Kidira à un camarade chargé de les monnayer,

8. Encaissement d'espèces versées pour l'obtention de permis de coupe par ceux-là même qui étaient chargés de protéger l'environnement,

9. Ventes illicites de terrains à l'aéroport par un Ministre,

10. Transferts à l'étranger de fonds par des ministres pour des montants sans rapport avec leurs revenus réguliers,

11. Transfert de 30 milliards de francs CFA à l'étranger selon des journaux de la Place, sans démenti, dénoncé à l'époque par la Banque Mondiale,

12. Détournement de billets de banques adirés, retirés de la circulation et prétendument incinérés,

13. Ventes illicites de licences de pêche (navires russes) pour des sommes encaissées dans des comptes personnels ouverts dans une banque de la place,

14. Détournement de drogue saisie et destinée à l'incinération qui fut simplement simulée,

15. Vente et trafic de passeports diplomatiques,

16. Affaires des bateaux Swift-Seagal et Adel Korban,

17. Accaparement et détournement de villas appartenant à l'Etat à Dakar-Plateau et Fann-Résidence,

18. Bradage et spoliation d'une bonne partie du Foncier Sénégalais avant 2000,

19.

Encaissement d'un chèque de 680 millions CFA par le Secrétaire Général de la Présidence alors que le pouvoir avait changé de main, dans les heures qui ont suivi la proclamation des résultats de l'élection présidentielle de 2000 et avant la passation de service,

20. Morts non élucidés par refus d'enquête par le pouvoir de l'époque, ce qui les rend non prescrits pendant toute la durée du régime.

Pour élucider tout cela, le Président Abdoulaye Wade pose des préalables :

Vous nous remettrez un document signé personnellement par les leaders de votre groupe et tous nos homologues du régime socialiste que nous avons remplacés déclarant que votre initiative les engage et ce, en raison des responsabilités individuelles que pourrait entraîner votre initiative, engagement de renoncer à toute forme de prescription des faits évoqués, Nous vous laissons le choix de l'instance qui va prendre connaissance de tous les faits et apprécier car, de toute évidence, vous ne pouvez pas être juge et partie. Dès que vous le voudrez, nous commencerons l'examen des questions articulées dans l'ordre chronologique. Nous devrons décider d'un commun accord de ce qu'il faudra faire des résultats de l'enquête.

Toutes les autres questions que vous évoquez relèvent de la gestion gouvernementale dont nous répondons régulièrement devant le Peuple ou ses Représentants à l'occasion d'échéances électorales et de débats parlementaires libres. Toutefois, nous sommes prêts, parallèlement à l'examen des faits articulés d'un côté et de l'autre, à participer avec vous, à un débat public contradictoire.

Nous avons toujours pensé que nos échanges devraient s'inscrire dans le cadre du fonctionnement normal de la démocratie avec un pouvoir qui exerce les responsabilités qui lui ont été confiées par le Peuple Sénégalais et une opposition qui s'oppose tout en aspirant au pouvoir. Ce souci a inspiré les dispositions que nous avons fait insérer dans la Constitution, consacrant l'opposition comme l'alter ego du Gouvernement et instituant le Chef de l'Opposition.

Mon action politique a toujours été irriguée par le souci de préserver l'interaction entre ces deux rouages de la démocratie, pouvoir et opposition, sans qu'il puisse y avoir une confusion dans les deux rôles. Je constate malheureusement que trop souvent vous avez la déplorable propension à vouloir dicter au Gouvernement ce qu'il a à faire au lieu de vous borner à faire des critiques comme vous l'autorisent la Constitution et les Lois. » Selon nos informations, le Chef de l'Etat semble particulièrement irrité par le passage de la lettre de l'opposition rappelant l'assassinat de Me Babacar Sèye.

Le dialogue politique est-il mort né ? Auteur: www.sen24heures.com

138

TENTATIVE de musellement: Wade perd son combat contre la presse - Wade, un casseur d'entreprises

- L'acharnement fiscal, une arme libérale

- Corruption, brimades et prisons pour museler la presse

XIBAR.NET (Dakar, 25 Aout 2009) Dès la fin de la période sabbatique, qui a suivi son élection à la présidence de la République, Abdoulaye Wade s'en prendra aux journalistes, qu'il considère comme ses vrais opposants ou les bras armés de ses adversaires politiques ; voire leurs porte-voix. Lui, qui opposant avait ses journaux, brisera des groupes de presse, donnera des leçons aux journalistes. Il les rabrouera et laissera emprisonner. Mais, la presse et debout plus que jamais. Elle exploite un nouveau créneau, qui pose déjà problème aux « général » libéral.

Me Wade, un casseur d'entreprises

Dans son combat contre la presse privée, qui refusait de lui servir d'instrument de propagande, Me Wade commencera par s'attaquer contre le groupe du trio gagnant : le Groupe Com 7, qui éditait trois quotidiens (Le Populaire, 7 Infos, Frasques) un hebdomadaire (Week-End) et qui avait une imprimerie rotative. Il passera par le maillon le plus faible de la chaîne, Bara Tall, pour disloquer le groupe. Entrepreneur, ce polytechnicien s'était trop approché des grâces du pouvoir. Il se plaisait à assumer son amitié avec le fils du président, Karim. Le président le mettra en relation avec son ami, Pierre Aïm. Les deux affronteront l'un des trois actionnaires et fondateurs du groupe Com 7, qui avait opté de n'enfiler un autre habit que celui d'opérateur économique. Leur troisième associé, le musicien Youssou Ndour, découragé par la tournure que prenait les évènements, préfèrera concentrer son attention et son énergie pour le succès de son propre groupe de presse : « Futurs médias ». Cependant, c'est comme si Me Wade avait coupé la tête d'une hydre : d'autres têtes ont germé et en plus grand nombre suite à ce «hold-up médiatique : L'Obervateur, L'Office, L'As, Station One et récemment L'Essentiel, « le magazine politique qui effraie le plus le régime », comme on le décrit et qui a été interdit de parution par arrêté ministériel, ont jailli des cendres du Groupe Com 7 ; sans compter la radio Futurs médias, etc.

Acte 2 :

Me Wade marchera sur le Groupe Sud, qui a sa radio (Sud Fm) et son journal (Sud Quotidien). Il commence par une opération de charme, en nommant l'une des chevilles ouvrières du groupe, Chérif El Valid Sèye, son conseiller en communication. Les nouvelles autorités chercheront, par le biais de La Poste à ferrer l'un des dirigeants du groupe, Abdou Latif Coulibaly, en affectant un marché à son épouse. Mais, l'ouvrage qu'il publiera par la suite, « Wade, un opposant au pouvoir : l'alternance piègée » viendra gâter les noces. En guise de représailles, M.Sèye sera révoqué de son poste. Le Groupe sera dépossédé du titre foncier qui lui avait été attribué et sur la base duquel il négociait des prêts auprès des banques de la place. Le groupe que dirige Babacar Touré est depuis lors à genoux. Suite à la diffusion d'une interview qu'un des responsables du mouvement rebelle de la région de Casamance avait accordée à un journaliste de la radio Sud Fm, la station-mère sera occupée par les policiers, les employés trouvés sur place acheminés au commissariat central et les émissions de Suf Fm suspendues. Mais la mobilisation contre cette injustice poussera le régime libéral à revenir en fin de journée sur sa décision.

L'acharnement fiscal, une arme libérale

Le groupe « Wal Fadjri » a eu aussi ses démêlées avec le régime. Pour mâter ce groupe qui appartient à Sidy Lamine Niasse, on tentera de brûler, de nuit, ses locaux. Puis, suivront des contraintes fiscales. Le signal de la télévision qui devait compléter la radio et le quotidien de Wal Fadjri tardera à être accordé à M. Niasse. Les insultes qu'il profèrera, par la suite contre le secrétaire général de l'Alliance des forces de progrès, Moustapha Niasse, ont-ils été le prix à payer pour que le « mollah » Sidy Lamine soit moins inquiété ? En tout cas, tout heureux, il s'est livré dernièrement, avec caméras et micros, au fils du président de la République, le ministre d'Etat Karim Wade, qui était passé lui rendre visite. Utilisera-t-il les mêmes canaux pour ne pas verser les taxes que lui réclame le Bureau sénégalais du droit d'auteur (Bsda) ?

140

Corruption, brimades et prisons pour museler la presse

Le greffier de formation, Madiambal Diagne, devenu patron de presse, après des articles publiés sous la plume du pseudonyme Moussa Sarr dans les colonnes de Walf Quotidien, se taillera une place dans l'espace médiatique ; grace à des moyens costauds derrière lesquels d'aucuns voient la main de l'ancien Premier ministre Idrissa Seck. Après « Le Quotidien », il lancera l'hebdomadaire « Week-end », puis une radio proclamée « Première Fm », qui a sombré. Elle fut sevrée de publicité, après une passe d'armes entre Madiambal Diagne et le ministre Thiérno LO suite à des millions que ce dernier avait obtenus de la présidence pour le compte du premier nommé. Madiambal sera accusé de tentatives de troubles à l'ordre public. Il connaîtra la prison, tout comme le Directeur de « L'Office », Moustapha Sow, dont le « crime » était d'avoir étalé au grand jour les agissements et « surfacturations » dans les « chantiers de Thiès ». Mais, en dépit de son « amitié » avec Karim et de ses entrées d'antan au palais de la République, Bara Tall prendra la relève de Moustapha Sow à la Maison d'arrêt et de correction de Rebeuss. Le journaliste et directeur de 24 H Chrono, El Malick Seck, sera également condamné et emprisonné avant d'être gracié par le chef de l'Etat. Les locaux de son journal et celui de L'As seront saccagés par des nervis à la solde d'un ancien ministre du régime libéral, Farba Senghor.

Aujourd'hui, l'Etat refuse, toujours, de délivrer à Yossou Ndour le signal pour sa télévision ; prête à diffuser depuis près d'un an. Ce qui est injuste. Pour des intérêts particuliers des libéraux, doit-on bloquer un projet porteur d'emplois et orienté vers l'information et l'éducation des populations ? La démocratie rime avec la diversité. Mais, Me Wade qui prOne cette valeur et cette exigence républicaines semble l'avoir oublié. Il essaie d'arrêter la mer avec ses bras. Combat vain d'autant que s'il peut faire des embuscades contre les journaux, radios et télévisions, il ne pourra que se résigner devant les journaux en ligne. Pour preuve, l'entretien que le journaliste et écrivain Abdou Latif Coulibaly avait accordé au confrère Pape Alé Niang, suite à la parution du dernier livre de celui-ci, « Contes et mécomptes de l'Anoci » est depuis sur la toile; malgré la décision de censure prise par son patron à 2S Tv, Elhadj Ndiaye. Parallèlement, la presse écrite continue à se développer au Sénégal, tout comme les sites et blogs. C'est dire que Me Wade n'a pas tort de prédire que c'est la presse qui fera sa perte. Il n'a pas si tort, parce que la presse relayant objectivement les faits et actes des gouvernants, les dirigeants qui s'écartent de la bonne gouvernance, de la transparence et de la justice ne peuvent que trembler. Qui se sent morveux, se mouche.

La Rédaction Mardi 25 Août 2009

précédent sommaire






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein