CHAPITRE VI
INTERPRETATION DES RESULTATS
Le chapitre VI comprend quatre sections. La première
section porte sur l'analyse du profil sociologique des
enquêtés ; la deuxième réfère de
l'analyse de la participation de la population à la mise en oeuvre des
infrastructures et le suivi-évaluation des actions de
développement local ; la troisième traite quant à
elle de la participation réelle de la population au développement
local de la CR de Koumban et enfin la quatrième section a trait à
l'analyse des facteurs d'exclusion.
Section 1. De l'analyse du profil sociologique des
enquêtés
L'un des atouts de développement de la commune rurale
de Koumban est sa population. Les résultats de notre recherche nous ont
révélé que la majorité de celle-ci est
constituée de femmes et de jeunes dont la tranche d'âge la plus
importante, numériquement, parmi les enquêtés est celle de
25 à 29 ans, qui représente 16,18%, suivie de celle de 35
à 39 ans et de 30 à 34 ans qui représentent respectivement
14,51% et 12,90%. Ensuite vient la tranche de 65 et plus, 11,29% des
répondants (soulignons que l'importance numérique de cette
catégorie est due au fait que les enquêtes ont eu lieu en saison
des travaux champêtres, période à laquelle les vieux sont
les plus disponibles). Les tranches d'âge de 15 à 24 ans
représentent 14 ,51% ; celles de 40 à 64 ans
représentent 30,61% des enquêtés. Ce qui démontre la
richesse démographique et l'importance de la main d'oeuvre de la zone
d'étude.
Selon les économistes l'abondance des bras valides dans
une société constitue un capital humain important pour leur
développement socio-économique. C'est ce qui constitue l'espoir
de développement des pays en voie de développement.
Du point de vue du niveau d'instruction, la population de
Koumban est majoritairement analphabète, 56,48% des
enquêtés font partie de cette catégorie et 11,29% n'ont pas
franchi le niveau primaire ; ceux qui ont fait d'autres études que
l'enseignement général ne constituent qu'une proportion de 9,67%.
Les femmes sont moins instruites que les hommes, soit seulement 30,76% parmi
elles savent à peine lire et écrire contre 52,77% chez les
hommes. Ceci s'explique d'une part par le conservatisme de la population qui
privilégie la scolarisation des garçons par rapport aux filles et
d'autre part, par l'insuffisance d'infrastructures éducatives dans les
communautés comme à Morigbèdou où on a
transformé le magasin de la société cubaine qui a
bitumé la route Kankan-Kissidougou, en une école primaire
après le départ de ces derniers ; à cela s'ajoute
l'enclavement de plusieurs localités difficile d'accès comme
Yarakoura qui est situé à 28 Km et Lani-Ninki à 45 Km du
centre de Koumban.
L'enseignement arabe auquel se tourne un grand nombre de la
population n'est qu'à son stade embryonnaire. La totalité des
adultes et des jeunes qui l'ont appris actuellement, ont fait leurs
études dans la région de Kankan et les pays voisins : la
République du Mali, le Sénégal et la Mauritanie. Ils sont
les pionniers de cet enseignement à Koumban. On constate une
augmentation des écoles coraniques dans les foyers et aujourd'hui la
construction de deux écoles primaires arabes dans la localité. A
propos, un Imam a déclaré « par la grâce de
Dieu, bientôt nos enfants seront des fins connaisseurs du coran et toutes
les localités voisines viendront apprendre et chercher des enseignants
chez nous ».
L'inexistence d'école secondaire a contribué
pour sa part à maintenir le niveau d'instruction jusqu'à
présent au plus bas niveau ; à cela s'ajoute l'abandon
scolaire surtout chez les filles dont les parents ne permettent pas qu'elles
s'éloignent d'eux avant leur mariage.
Cependant, une prise de conscience sur le retard de
l'éducation dans la communauté a commencé à
produire des effets positifs, la construction des écoles arabes et le
collège en chantier sont quelques manifestations de ce changement
d'idée.
L'analyse du statut matrimonial et le type de famille des
enquêtés nous a permis de déceler que 75,81% des
enquêtés sont mariés, c'est la proportion la plus
importante. Dans cette société attachée à sa
tradition, le mariage est un facteur de reconnaissance sociale ; l'homme
s'y affirme par son statut matrimonial qui est le symbole de la
responsabilité. « L'âge moyen du mariage est
de 20 à 25 ans chez les garçons et de 14 à 16 ans
chez les filles », affirme Doukouré dans son étude
monographique et historique de Koumban. C'est ce qui explique d'ailleurs que le
nombre de célibataires est de loin plus bas chez les femmes que chez les
hommes. Aussi nous n'avons pas rencontré parmi nos enquêtés
des veufs ; cela s'explique par la solidarité entre les membres de
la communauté qui assistent les veufs qui se remarient aussitôt
après la perte de leurs conjointes, soit par Le Muso Nôrô
Bila (le sororat) ou les alliances entre les clans. Et les veuves sont
mariées aussitôt la fin de leur période de veuvage par les
« héritiers » légitimes, qui sont les
frères du conjoint décédé, c'est le système
du lévirat.
Nous constatons que la majorité des personnes
mariées sont des polygames, qui est perçu comme un pouvoir social
et un atout économique car plus la famille est nombreuse moins elle est
exposée au risque de la faim à cause de l'abondance de la main
d'oeuvre. Aussi, il n'existe pas dans la localité de famille polygame
au-delà de quatre épouses pour la raison religieuse car l'islam
condamne (en quelle que sorte) d'épouser plus de quatre femmes et la
communauté de Koumban est fortement musulmane.
Cette prise de responsabilité familiale et les
perceptions qui y sont associées peuvent faciliter l'émergence de
l'esprit d'appartenance à une communauté qui manifeste des
manques à gagner, et de ce fait se sentir responsable pour la recherche
de solutions aux problèmes de la dite communauté.
Cette communauté est majoritairement autochtone, si
77,42% de l'ensemble des enquêtés se déclarent autochtones
de Koumban et 19,35% se réclament descendants des familles de chefs
religieux, nous comprenons le degré d'attachement qu'ils ont par rapport
à la localité, la terre de leur ancêtre et l'importance que
la religion a dans la communauté. Les 22,58% des étrangers sont
là pour des raisons de service et ou d'exploitation de la mine d'or du
mont Koumban Kourou.
Ainsi, le fait d'être majoritairement originaire de la
localité facilite l'engagement de la population pour le
développement de la terre des ancêtres, comme il en apparaît
dans la nomination de certains GIE tels que Fabara-Kagni et
Fasso-dèmèn qui veulent dire, respectivement, « la
patrie est bonne et aide à la patrie ».
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