CHAPITRE V. LES MALADIES RENCONTREES SUR LE SITE
D'OR DE FOFORA
Les maladies rencontrées sur le site de Fofora sont
diverses. Ces maladies ont été régroupées en 3
catégories. Il s'agit des maladies émanant de l'orpaillage, des
maladies liées aux conditions de vie et des maladies
comportementales.
I. LES MALADIES EMANANT DE L'ORPAILLAGE
D'une façon ou d'une autre, l'orpaillage est à
l'origine de l'apparition et de la persistance des maladies sur le site. Les
maladies qui sont directement causées par l'orpaillage sont les
blessures traumatiques, les Infections Respiratoires Aiguës et les
maladies dues aux produits chimiques utilisés dans le traitement.
I.1 Les blessures traumatiques
Les blessures traumatiques sont causées par un choc ou
un coup reçu par un individu. Elles sont fréquentes chez les
creuseurs et les transformateurs mécaniques. Parmi les 131
enquêtés individuellement, 10 personnes soit 7,6 % souffrent
fréquemment de blessures traumatiques. De cet effectif, 30 % sont des
creuseurs, 30 % des transformateurs mécaniques, 20% des
enquêtés hors de leurs lieu de travail (tableau n°14 annexe).
Les 20 % sont des laveurs qui ont généralement des plaies non
traumatiques dues à une longue durée des mains dans l'eau. Ce mal
est soigné avec du henné et du citron. Parmi ceux qui souffrent
de traumatisme, les creuseurs sont les plus exposés du fait de leur
présence dans presque toutes les étapes de l'orpaillage. Les
causes de ces traumatismes sont les chutes d'outils de travail, les
éboulements, l'écrasement des doigts lors du concassage du
minerai et les défauts de fonctionnement des moulins. Ces traumatismes
sont accrus par la fatigue et la durée du travail (12 heures pour le
creuseur, 10 heures pour le meunier et un temps variant pour le concasseur et
le laveur selon la quantité du minerai).
Les traumatismes par chutes de matériel de travail sont
fréquents pendant les travaux tandis que ceux causés par les
éboulements sont plus fréquents en fin de saison pluvieuse.
Pendant cette période, en moyenne 3 cas d'éboulement sont
enregistrés par la police départementale. Selon cette même
source, la sécurité est souvent interpellée pour des
traumatismes souvent mortels de suite d'éboulement. Les victimes de ces
éboulements sont surtout ceux qui risquent leur vie à la
recherche de l'or dans les puits abandonnés suite à une
inclinaison ou un éboulement. Ces derniers,
appelés couramment « topomane » par les orpailleurs, sont
considérés comme des voleurs et leur mort dans les puits les
préoccupe peu. Selon les témoignages, la mobilité de
l'orpailleur fait que sa disparition dans un puits n'est pas aussitôt
remarquée. Ces victimes sont souvent abandonnées dans le puits
où a eu lieu le drame. Ce puits est abandonné pendant un temps et
les travaux reprennent après avoir simplement enseveli le corps dans un
coin du puits. Ceux qui survivent sont ramenés clandestinement à
leur domicile sans informer la police locale.
En plus de ces traumatismes directement liés à
l'extraction du minerai, les traumatismes par Accident de la Voies Publique
(AVP) et par Coups et Blessures Volontaires (CBV) sont fréquents sur le
site et dans le département. Cela est en partie dû au fort taux de
consommation d'amphétamines par certains orpailleurs. La
fréquentation du département par les orpailleurs augmente les
AVP, mettant en danger les habitants du département. En effet, la prise
d'amphétamine, d'alcools frelatés et de bien d'autres excitants
sont, selon un agent du centre médical de Kampti, la principale cause
des accidents répétés dans le département. Selon la
gendarmerie de Kampti, en 2009, il y a eu dans le département 4 cas
d'accidents de la voie publique et tous étaient des orpailleurs. Pendant
le trimestre de juillet à septembre 2009, la police de Kampti a
enregistré 4 cas d'accidents de la voie publique. Dans ces cas
recensés par la police du département, au moins un orpailleur
était impliqué. Quant aux coups et blessures volontaires, la
gendarmerie a enregistré en 2009, 29 cas dont 7 cas d'orpailleurs. La
police quant à elle a enregistré 4 cas de CBV de juillet à
septembre. Les 3 cas étaient des orpailleurs. Les CBV et les AVP sont en
baisse par rapport aux années 2005 et 2006. En effet, à
l'ouverture du site de Fofora en 2005 et 2006, la révolte des
autochtones occasionnait des affrontements avec les orpailleurs. En 2007 par
contre, avec la baisse des gains par la diminution des rendements des puits
d'orpaillage et de la présence des forces de l'ordre sur quelques sites
du département à l'image de Fofora, les AVP et les CBV ne cessent
de baisser.
Dans le registre de santé du CM/Kampti, les
traumatismes ont différentes causes selon que l'on soit sur un site d'or
ou pas. Plus de 65% des souffrants d'un traumatisme sont des adultes hommes,
21% sont des adultes femmes, et seulement 14% ont moins de 14 ans (figure
n°6).
Les causes des traumatismes de 98% des patients ayant pour
origine un site d'or sont des blessures par pioche, pierres, matériels
de travail, CBV ou par AVP. Ces blessés sont généralement
des hommes de plus de 14 ans que l'on rencontre sur les sites dans les
différentes étapes de transformation du minerai aurifère.
Ces blessures sont perçues par les orpailleurs comme des accidents de
travail sans importance. Par contre, dans les autres localités du
département, les victimes de traumatisme sont surtout
des enfants ou des personnes âgées qui ont été
blessées par des cornes de boeuf, des accidents de vélo, la daba
ou par une chute d'un arbre, etc.
Figure n° 6: cas de Figure n° 7: nombre de
traumatisme par an
traumatisme selon l'âge dans le département
de Kampti
Source : CM/Kampti
Le nombre annuel de patients traumatiques a varié en
fonction de l'âge depuis 2005 (figure n°7). A partir de la
ruée de 2005, il y a une augmentation du nombre de patients hommes de
plus de 14 ans jusqu'en 2006, puis une faible baisse en 2007. La diminution du
nombre de patients dévient considérable en 2008 avant un
léger rehaussement en 2009. En effet, 2006 correspond à la
période d'intense activité où les puits des sites du
département, surtout Fofora étaient peu profond et très
productifs. L'intensité des travaux entraîne des blessures,
d'où l'importance chiffrée du nombre de patients en 2006. En 2007
la baisse s'explique par une diminution des travaux. Les profondeurs
inaccessibles et la découverte d'autres sites d'or dans les
départements voisins, ont ralenti les travaux sur les sites du
département de Kampti. Il s'en suit alors une baisse importante du
nombre de patients traumatiques en 2008. Quant à 2009, une augmentation
se fait sentir sur la figure. Cette augmentation résulte du
déguerpissement des orpailleurs de certains sites d'or comme celui de
Konkéra et des sites des autres départements de la province et du
Ghana.
Ces traumatismes pour la plupart ne sont traités qu'en cas
d'infection. Cela engendre un nombre élevé de malades de plaies
infectées et un ralentissement des travaux par les malades.
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