INTRODUCTION GENERALE
L'exploitation artisanale de l'or appelée orpaillage
est une ancienne pratique encore observée de nos jours. L'or,
métal précieux du système cubique de faible dureté
(2,5 à 3), est le plus ductile et le plus malléable des
métaux (FAUCAULT A. et RAOULT, J-F. 2001). Il a fait la fierté et
la grandeur des puissants empires qui ont existé à travers le
monde. La production aurifère a longtemps été
assurée par les artisans miniers et parallèlement depuis la
révolution industrielle, par les industries minières.
Au Burkina Faso, le début de l'exploitation artisanale
de l'or se situerait selon l'archéologue KIETHEGA J-B (1980, 1983),
entre le 15e et le 18e siècle. Elle était
pratiquée principalement dans les régions de l'est et du
sud-ouest. Les différentes régions du pays ont connu des
ruées à des périodes distinctes. En effet, à la
faveur de la sécheresse de 1974, le secteur minier a connu au Burkina
Faso un essor remarquable favorisant une forte densité de la population
sur les sites d'orpaillage du nord du pays. Au sud-ouest par contre, l'ampleur
de l'orpaillage fut seulement effective à partir de la fin des
années 90 avec la découverte de gisements de filon
aurifère. En 2009, la province du Poni comptait 19 sites d'orpaillage
officiellement déclarés dont 14 dans le département de
Kampti. Cela se traduit par une recrudescence de l'immigration dans cette
région qui, connue pour la fertilité de ses sols, était
déjà depuis les années 70, une destination
appréciée des migrants agricoles (WERTHMANN K. 2007).
Mais si l'exploitation artisanale de l'or attire de nombreuses
personnes en leur apportant des revenus substantiels qui améliorent
leurs conditions de vie, elle comporte des conséquences nuisibles
à l'homme et son environnement. En effet, outre
l'insécurité liée à cette activité du fait
de son caractère artisanal, on assiste dans les sites d'orpaillage,
à des transformations sanitaires et environnementales. Ces
transformations se traduisent par les éboulements, la dégradation
des ressources naturelles et les épidémies.
I. LA PROBLEMATIQUE
L'or est une valeur refuge par excellence depuis des
siècles. Il est insensible aux inflations actuelles. En effet,
contrairement au cours de certaines ressources minières, celui de l'or
ne cesse de croître. Cela favorise une intense extraction industrielle de
ce métal mais surtout artisanale. Au Burkina Faso, malgré
l'existence d'industries minières, l'exploitation artisanale de l'or
occupe une place très importante. Depuis la fermeture de la mine
industrielle de Poura et de la mine semi-industrielle d'Essakane en 2001, la
production d'or était assurée jusqu'en 2006 par les artisans
miniers (ORCADE, 2006).
La contribution de l'orpaillage dans l'économie
nationale est significative. Selon la Direction Générale des
Mines, de la Géologie et des Carrières (DGMGC, 2009), il a fourni
entre 1986 et 2008, 18 tonnes d'or métal soit 53 milliards de francs CFA
pour l'économie nationale. Dans les collectivités locales,
à la même période il a contribué pour plus de 3
milliards de francs CFA sous forme d'appui aux budgets provinciaux. En 2009,
selon le FMI, l'exploitation de l'or a apporté au Burkina, 180 milliards
de FCFA, plaçant ainsi ce métal au rang de premier produit
d'exportation du pays. Jusque-là, l'or occupait la troisième
place des produits d'exportation du pays, soit (6%) des produits
exportés après le coton (60%) et les produits de l'élevage
(18%).
Par ailleurs l'orpaillage constitue une source de revenus pour
les populations locales. En effet, autour des sites d'exploitation artisanale,
se développent des activités génératrices de
revenus telles que le petit commerce, la restauration, la forge, les
débits de boisson, le transport, les vidéos-cinémas, etc.
Ces activités sont développées aussi bien par les
autochtones que par les orpailleurs étrangers. L'orpaillage
apparaît de ce fait comme une source de création d'emplois et de
revenus pour les populations rurales. Ainsi, il joue un rôle fondamental
dans le développement socio-économique du pays et des populations
locales.
Le site aurifère de Fofora dans le Département
de Kampti au sud-ouest du pays, est un exemple d'exploitation artisanale de
l'or qui procure des revenus aux exploitants.
Cependant sur les sites d'orpaillage, on assiste au
développement de conditions favorables à l'apparition de
nouvelles maladies. En effet, les sites d'orpaillage sont communément
considérés comme des zones à grands risques où se
développent diverses maladies. Cela suscite les interrogations suivantes
:
- Qu'est-ce qui explique la particularité de la situation
sanitaire dans les sites d'exploitation artisanale de l'or ?
- Quelles sont les maladies spécifiques à
l'orpaillage ?
- Les méthodes d'extraction de l'or sont-elles en cause
?
- Les comportements des orpailleurs sur le site expliquent-ils
cela?
Ces interrogations nous ont conduits à formuler les
hypothèses de travail suivantes :
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