Ecole Nationale Supérieure de Statistique
et
d'Economie Appliquée
(ENSEA Abidjan)
Mémoire rédigé par
Sous la direction de
Ingénieur Statisticien - Economiste Directeur
CERMMA
Ingénieur des Travaux Statistiques Directeur
des études
Ensea - Abidjan
Soutenu publiquement le 10 Janvier
2011
Jury :
Ave r t i s s e m e n t | i
D é d i c a c e s | ii
Dédicaces
R e m e r c i e m e n t s | iii
Remerciements
"Cette étude a été diligentée
par M. KOUAKOU Jean Arnaud, Directeur des
études AT/AD/ITS, Ingénieur Statisticien Economiste de
formation. Qu'il nous permette de luitémoigner par la
présente note, notre sincère reconnaissance pour l'encadrement de
qualité
dont il nous a gratifiés, de même que pour
les nombreux projets auxquels il nous a associé tout le long de notre
stage.
Il n'a bien sûr été possible de la
réaliser que grâce à M. KOFFI N'Guessan,
Directeur de l'Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d'Economie
Appliquée (ENSEA) qui nous a permis d'effectuer ce
stage au sein de la structure dont il assure l'administration. Nous tenons
à lui exprimer l'expression de notre haute
déférence.
Par ailleurs, nous tenons à adresser nos francs
remerciements à tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de cette étude. Nos
remerciements particuliers vont au Professeur BELLO Toyidi,
à M. KOUADJO Jean Marc, à M. FE
Doukouré, à M. KANGA
Désiré, à M. NAYO Ankouvi et
à M. TIOTSOP Blaise.
Enfin, qu'il nous soit permis de témoigner notre
profonde gratitude à :
· Mme Christelle DUMAS et
MM. Noel Pi Alperin et Philippe Van Kerm pour
leur grande sollicitude envers nos diverses préoccupations ;
· M. KOUADIO Hugues,
Directeur des études des Ingénieurs Statisticien - Economistes
pour la formation de qualité dont il a su nous faire
bénéficier ;
· et à tous les enseignants de même
qu'à tout le personnel administratif de l'ENSEA pour
leur concours au bon déroulement de notre stage, mais aussi et surtout,
pour leur inestimable contribution à notre formation tant intellectuelle
qu'humaine."
S o m m a i r e | iv
Sommaire
Dédicaces ii
Remerciements iii
Sommaire iv
Abréviations, sigles et acronymes v
Table des illustrations vi
Avant-propos vii
Résumé & Abstract viii
Introduction générale 1
Chapitre I : Cadres théorique, conceptuel et
méthodologique de l'étude 6
Chapitre II : Etat des lieux et caractéristiques du
travail des enfants 19
Chapitre III : Typologie du travail des enfants :
Intensité, âges de début, pénibilité et
formes
du travail des enfants 37
Chapitre IV : Analyse de l'influence des
caractéristiques de l'enfant et du ménage sur la
propension de travail de l'enfant 48
Conclusion générale : synthèse et
recommandations 66
Annexes ix
Bibliographies xxi
Table des matières xxiii
A b r é v i a t i o n s , s i g l e s e t a c r o n y m
e s | v
Abréviations, sigles et acronymes
AD Adjoint Technique de la
Statistique
AIC Akaike Information Criteria
ASS Afrique Sub-Saharienne
AT Agent Technique de la
Statistique
BIC Bayesian Information Criteria
BIT Bureau International du Travail
BM Banque Mondiale
CAREF Centre d'Appui à la Recherche
et à la Formation
CERMMA Centre d'Etudes et de Recherches en
Micro et Macroéconomie Appliquées
CMEA Chefs de Ménage avec Enfant(s)
Actif(s)
CMENA Chefs de Ménage avec Enfant(s)
Non Actif(s)
DR District de Recensement
EA Enfants Actifs
ENA Enfants Non Actifs
ENSEA Ecole Nationale Supérieure de
Statistique et d'Economie Appliquée
ENV Enquête Niveau de Vie
EPT Education Pour Tous
FAO Fonds des Nations-Unies pour
l'Agriculture
F CFA Franc de la Communauté
Financière Africaine
GHK Geweke-Hajivassiliou-Keane
GTZ Coopération Technique
Allemande
IANP Indépendance des Alternatives
Non Pertinentes
IPEC Programme Internationale pour
l'Abolition du Travail des Enfants
IPU Indice de Pauvreté
Unidimensionnelle
ITS Ingénieur des Travaux
Statistiques
ISE Ingénieur Statisticien
Economiste
JK Jack-Knife
LR Likelihood Ratio
MEA Ménages avec Enfant(s)
Actif(s)
MLE Maximum Likelihood Estimation
MSEA Ménages Sans Enfant(s)
Actif(s)
OIT Organisation Internationale du
Travail
OMD Objectif du Millénaire pour le
Développement
ONU Organisation des Nations Unies
OR Odds Ratio
PFT Pires Formes de Travail
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Développement
ROC Receiver Operating
Characteristic
SCN Système de Comptabilité
Nationale
SE Secteur d'Enumération
SML Simulated Maximum Likelihood
UNICEF Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance
USA United State of America
ZD Zone de Dénombrement
Table des illustrations | vi
Table des illustrations
Liste des tableaux
Tableau 1 : Tableau comparatif des enfants actifs et non actifs
du point de vue de certaines caractéristiques
sociodémographiques 20
Tableau 2 : Caractéristiques des enfants actifs suivant
le type d'activités : cas du Burkina Faso 24
Tableau 3 : Caractéristiques des enfants actifs suivant
le type d'activités : cas de la Côte d'Ivoire 25
Tableau 4 : Caractéristiques des enfants actifs suivant
le type d'activités : cas du Mali 26
Tableau 5 : Part (en %) des différentes tâches
effectuées par les enfants actifs dans les activités
économiques autres qu'agricoles et domestiques 28 Tableau 6 :
Répartition des enfants actifs suivant les caractéristiques de
rémunération (proportions en %) 29 Tableau 7 : Répartition
de la population enfantine selon les comportements de travail et de
scolarisation .. 31 Tableau 8 : Tableau comparatif des caractéristiques
sociodémographiques des chefs de ménages selon qu'ils fassent
travailler leur(s) enfant(s) ou pas (proportions en %) 33 Tableau 9 : Tableau
comparatif des caractéristiques des ménages selon qu'ils fassent
travailler leur(s) enfant(s) ou pas 34 Tableau 10 : Prévalence du
travail des enfants actifs selon le niveau de pauvreté privative des
ménages (proportions en %) 35 Tableau 11 : Prévalence du travail
des enfants actifs selon le secteur d'activités et le niveau
d'instruction du
chef de ménage (proportions en %) 36
Tableau 12 : Caractéristiques des enfants actifs : les
horaires de travail dans les activités agricoles 37
Tableau 13 : Caractéristiques des enfants actifs : les
horaires de travail dans les activités économiques 38
Tableau 14 : Caractéristiques des enfants actifs : les
horaires de travail dans les activités domestiques 39
Tableau 15 : Caractéristiques des enfants actifs :
âges de début de travail selon les secteurs d'activités
39
Tableau 16 : Caractéristiques des enfants actifs : les
âges en début de travail selon le sexe 40
Tableau 17 : Pires formes de travail des enfants :
prévalences globale et sectorielle (proportions en %) 43
Tableau 18 : Pires formes de travail des enfants : part des
tâches effectuées (proportions en %) 44
Tableau 19 : Pires formes de travail des enfants :
fréquences d'exposition (en %) 45
Tableau 20 : Répartition des enfants actifs selon la
conformité aux normes de l'OIT (proportions en %) 46
Tableau 21 : Répartition des enfants actifs selon le type
d'activités et la conformité de leur emploi
(proportions en %) 47
Tableau 22 : Répartition des enfants travailleurs selon
la forme (légère ou non) et la conformité (en %) 47
Tableau 23 : Estimations logistiques des modèles
explicatifs du travail des enfants au Burkina Faso, en Côte
d'Ivoire et au Mali 53
Tableau 24 : Estimations simultanées des
probabilités de participations : cas du Burkina Faso 61
Liste des graphiques
Graphique 1 : Répartition des enfants selon le statut
d'activité (proportions en %) 19
Graphique 2 : Evolution de la prévalence de travail des
enfants (en %) selon l'âge (en années révolues) 21
Graphique 3 : Répartition des enfants actifs selon
l'âge et le sexe 22
Graphique 4: Taux d'activité selon le sexe (taux en %)
23
Graphique 5 : Activités dangereuses : prévalence
selon le sexe (proportions en %) 42
Avant-propos | vii
Avant-propos
Dans le but de confronter les outils et méthodes
statistiques aux données en situation réelle, nous avons
effectué, au titre d'élève Ingénieur Statisticien
Economiste (ISE) sur la période allant du 14 Juillet au 1er
Novembre 2010, un stage au sein du Centre d'Etudes et de Recherches en Micro et
Macroéconomie Appliquées (GERMMA), basé à
l'ENSEA.
Le présent document couvre en partie une étude
sur les conditions de vie et de migration des enfants. Gette
dernière étude commanditée par le Département du
travail américain, et supervisée par l'Université de
Tulane (Louisiane, USA), a nécessité une série
d'enquêtes réalisées par le cabinet Apidon (au Burkina
Faso), le GAREF (au Mali) et le GERMMA (en Côte d'Ivoire). Il est
important de préciser que nous n'avons pas participé à la
phase de collecte des données. Gette dernière phase, qui s'est
étalée sur trois (03) années, fut achevée en
Décembre 2009. Toutefois, nous avons eu à finaliser les
opérations d'apurements et d'optimisation des bases
constituées.
Plus précisément, ce mémoire porte sur
le thème : « Etude comparative des conditions de travail des
enfants issus des ménages agricoles au Burkina Faso, en Côte
d'Ivoire et au Mali ». Ge thème est une proposition de notre
structure d'accueil (ENSEA). L'objectif global fixé est d'aller
audelà de la question des pires formes de travail des enfants dans les
économies de plantation (Gf. protocole Harkin & Engel, 2001). En
outre, était-il important de s'intéresser au
phénomène dans sa globalité, le ménage
agricole1 étant dans les trois (03) pays soumis à
l'étude, l'unité de référence. Les enfants faisant
l'objet de cette étude sont donc issus de ce type particulier de
ménage.
Ge document expose donc les résultats essentiels
obtenus à l'issue de cette étude. Nous n'avons pas la
prétention d'avoir cerné tous les contours de ce vaste sujet. De
nouvelles pistes, des niveaux complémentaires d'analyses et de nouvelles
perspectives peuvent être explorés afin de l'améliorer.
1 Ménage où un ou
plusieurs membres entretiennent des parcelles de terres pour le compte du
ménage.
Résumé & Abstract | viii
Résumé & Abstract
? Basée sur une série d'enquêtes sur
les conditions de vie et de migration des enfants, cette étude met en
exergue l'ampleur et les caractéristiques du travail des enfants au
Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali. Quatre (04) enseignements
majeurs ont pu être tirés : (i) l'écrasante majorité
des enfants travaille en violation des normes internationales telles
qu'édictées par l'OIT. Cette absence de conformité
provient le plus souvent de la précocité des âges de
début d'activité des enfants, mais aussi du caractère
pénible, dangereux, forcé ou obligatoire de ces activités
; (ii) le niveau de pauvreté n'influence le travail des enfants qu'en
Côte d'Ivoire. Le sens de cette influence permet de confirmer l'axiome du
luxe puisque les ménages pauvres semblent faire participer relativement
plus leurs enfants au travail ; (iii) quel que soit le niveau d'instruction du
chef de ménage, l'entrée précoce des enfants dans le
marché de travail semble demeurer une donne stable impactée par
d'autres facteurs ; (iv) enfin, il existe une interdépendance entre les
décisions de participation aux différentes activités
étudiées.
Mots-clés : Travail des enfants ; protocole
Harkin & Engel ; modèle logistique ; probit
multivarié ; modèle séquentiel
; indice de pauvreté multidimensionnel ; axiome de
luxe.
? Based on a series of surveys on the living and
migration conditions of children, this study highlights the magnitude and
characteristics of child labour in Burkina Faso, Côte d'Ivoire and Mali.
Four (04) major lessons were learnt: (i) the overwhelming majority of children
working in violation of the international norms as issued by the ILO. This
non-compliance is often inherent in the early ages of childhood, as well as the
labour-intense, forced or compulsory nature of the activities; (ii) the level
of poverty influences child labour only in Côte d'Ivoire. The direction
of this influence confirms the luxury axiom since poor households relatively
send their children to work; (iii) whatever the level of education of the head
of the household, early entry of children into the labour market appears to
remain a stable deal impacted by other factors. In addition, school does not
seem to be a viable alternative discriminating child labour, as most working
children are in school; (iv) finally, there is interdependence between the
decisions to participate in the different activities studied.
Keywords : Child work ; child labor ; Harkin &
Engel protocol ; logistic model ; multivariate probit regression model ;
sequential model ; multidimensional poverty index ; luxury
axiom.
Email :
kodjohann@yahoo.fr
Introduction générale
1. Contexte et justification de l'étude
Au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Mali et plus
généralement dans les pays d'Afrique subsaharienne, le
phénomène du travail des enfants s'apparente à un
véritable fléau social (Ngodi, 2009). Les enfants victimes de ce
phénomène sont soit trop jeunes, devant plutôt
bénéficier de leur droit à l'éducation, ou soit, le
travail qu'ils doivent accomplir dépasse leurs capacités
physiques, psychologiques ou biopsychologiques. Ils constituent, en outre, une
large frange non officielle des "inactifs qui ne chôment pas" (Marcoux,
1994). Cette réalité est combattue par les représentations
internationales de même que par les législations nationales,
surtout après la dynamique impulsée par le protocole Harkin &
Engel (2001), dont l'objet était de combattre les pires formes de
travail des enfants dans les économies de plantations cacaoyères
en Côte d'Ivoire et au Ghana.
Dans les ménages agricoles, l'activité agricole
constitue la principale source de revenu. Or, le secteur agricole est celui
où la prévalence du travail des enfants est la plus
élevée (près de 70%)2. Selon la FAO, de
nombreux enfants issus des ménages agricoles sont astreints aux travaux
forcés, dangereux ou pénibles. Par ailleurs, ils sont le plus
souvent obligés de porter des charges beaucoup trop pesantes et de
manipuler des machines dangereuses. Ces enfants vivant dans des ménages
agricoles sont également exposés aux herbicides toxiques, aux
poussières, aux maladies et à des conditions hygiéniques
malsaines. Aussi, ces types de travaux - mais pas seulement - peuvent nuire
à leur bien-être, entraver leur éducation, leur
développement physiologique et menacer leur anticipation de revenus
futurs. Dans cette perspective peu enviable, les filles sont
particulièrement désavantagées, car elles doivent le plus
souvent associer aux travaux champêtres déjà bien
pénibles, des activités domestiques. Par ailleurs, les autres
types d'activités (autres qu'agricoles), méme s'ils sont
d'ampleur relativement moindre dans les ménages agricoles, n'en
constituent pas moins des foyers de constatation ou d'aggravation du
phénomène du travail des enfants.
Cette étude fera, à travers des enquêtes
récentes (2009), un large état des lieux afin de saisir l'ampleur
réelle et les caractéristiques du phénomène du
travail des enfants dans le monde agricole, de mettre en exergue les
éventuelles disparités existant entre ces trois (03) pays dans ce
domaine. Par ailleurs, elle tentera d'analyser d'autres aspects et
phénomènes - pauvreté, éducation, mobilité
spatiale, etc. - inhérents à la problématique du travail
des enfants.
2 Source : FAO, 2010.
2. Formulation du problème
La participation des enfants au travail des adultes est une
pratique culturelle enracinée et valorisée aussi bien en milieu
rural qu'urbain en Afrique occidentale, particulièrement en Côte
d'Ivoire, au Mali et au Burkina Faso (Andvig. et alii, BM, 2001). Cette
participation qui s'effectue le plus souvent - mais pas toujours - dans un
cadre familial, est un élément fondamental de socialisation de
ceux-ci (Oulaye et Peuhmond, 2009). Cette intégration précoce des
enfants aux activités domestiques et économiques vise à
les préparer à être, dans un futur plus ou moins lointain,
des acteurs de pérennisation des sources de revenu de la famille
(Augendra et Guerin, 2005). Ainsi, dans un environnement socioculturel
favorable à l'utilisation de la force de travail des enfants, la
réaction face au recours à la main d'oeuvre enfantine allait
encore, à la fin des années quatre-vingt (80), de
l'indifférence à la résignation, voir même au
déni. Cependant, l'année 1989 qui a vu les Nations Unies adopter
une convention relative aux droits de l'enfant, marquera un tournant
décisif en la matière. Désormais, la mobilisation d'un
soutien politique international en vue de l'éradication du travail des
enfants sera un objectif clairement et durablement affiché 3
(ONU, 2000). Cependant, malgré l'importance des efforts
déployés, l'OIT4 fait encore état, en 2010 dans
le monde, de trois cent cinq (305) millions d'enfants s'adonnant à une
activité économique. Plus grave, ce sont deux cent quinze (215)
millions d'enfants qui sont astreints à travailler. Au nombre de ces
derniers, cent quinze (115) millions s'adonnent à des travaux dangereux.
Toujours selon l'OIT, beaucoup d'entre ces enfants travaillent à temps
plein. Les autres combinent le travail avec l'école ou d'autres
activités non économiques. Par ailleurs, l'OIT affirme que la
plupart des enfants travailleurs (70%) continuent en 2010 d'être
employés dans l'agriculture. Le cinquième (1/5) seulement d'entre
eux est rémunéré et l'immense majorité constitue
des travailleurs familiaux non rémunérés. Ces statistiques
montrent que la maind'oeuvre enfantine, notamment celle issue du monde
agricole, constitue une part majeure de la population active mondiale.
Néanmoins, des progrès significatifs ont été
notés dans la campagne internationale qui vise à mettre fin au
travail des enfants. Comme le montre le récent rapport mondial de
l'OIT5 relatif à la 99ème session de la
Conférence Internationale du Travail tenue en 2010, l'ampleur du travail
des enfants continue de diminuer à l'échelle mondiale, même
si c'est à un rythme bien inférieur à ce qu'il en
était auparavant. Ce rapport note des signes perceptibles de
progrès, mais aussi, de profondes disparités
régionales.
3 Se référer aux objectifs
n°1 et n°2 des OMD : Objectif du
Millénaire pour le Développement, 2000.
4 Confère le rapport global 2010
intitulé : "Intensifier la lutte contre le travail des enfants".
5 OIT, "Accélérer l'action
contre le travail des enfants", 2010.
L'Afrique subsaharienne (ASS) où une croissance
démographique forte est couplée à un faible niveau de
revenus (PNUD, 2009), subit manifestement une pression sociale favorable
à l'utilisation de la main d'oeuvre enfantine. Cette dernière a
augmenté en volume6, aussi bien en valeurs relatives qu'en
chiffres absolus, contrairement aux régions Asie - Pacifique et
Amérique latine - Caraïbes où elle a régressé.
L'Afrique de l'Ouest et plus particulièrement le Burkina Faso, la
Côte d'Ivoire et le Mali, participent pour beaucoup, dans cette
évolution « contra cyclique » (OIT, 2009). En dépit
d'une diminution progressive de l'ampleur du phénomène dans ces
zones, le taux de recours à la main-d'oeuvre enfantine se maintient
à des niveaux encore élevés surtout dans les milieux
agricoles (Dumas, 2005). Les explications viendraient des limites
rencontrées par les politiques de scolarisation, et surtout de la
persistance de la pauvreté (Lachaud, 2004). Dans ces trois (03) pays
caractérisés par une grande voir extrême
pauvreté7, les enfants peuvent contribuer à la
constitution du revenu familial (Kanhur et Grootaert, 1995) en travaillant au
champ, en s'adonnant aux petits métiers du secteur informel (vendeurs de
rue, cireurs de chaussures, etc.) ou en restant travailler à la maison,
les parents ayant ainsi plus de temps à consacrer à leurs
activités génératrices de revenus. Ainsi, dans un contexte
économique encore marqué par les conséquences
désastreuses des politiques d'ajustements structurels des années
1980 et 1990, la quasi absence de protection sociale (OIT, 2003) se compense
plus ou moins par le revenu issu de la main d'oeuvre enfantine qui diminue
ainsi partiellement l'insécurité des ménages agricoles :
perte éventuelle de son emploi par le chef de famille, mauvaise
récolte, survenance d'une calamité naturelle ou incidence d'une
maladie ou de tout autre aléa de la nature ou de la vie. Devant ce
constat, il parait impérieux de dresser un état des lieux complet
du phénomène dans ces trois (03) pays afin d'en saisir l'ampleur
réelle et de dégager des éléments de ressemblance
et de dissemblance entre ces pays. Plus précisément, cette
étude permettra de répondre, dans une optique comparative, aux
interrogations suivantes : quels sont les déterminants du travail des
enfants en milieu agricole au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali ?
Le constat selon lequel le phénomène du travail des enfants
s'expliquerait par la pauvreté est-il vérifié dans ces
trois (03) pays ? En définitive, cette étude permettra de mettre
en évidence dans ces trois (03) pays, les liens plus ou moins
consensuels8traditionnellement établis entre pauvreté
et travail des enfants d'une part, et entre éducation et travail des
enfants, d'autre part.
6 Source : OIT, se référer à
l'introduction.
7 Se référer à :
Human Development Report, PNUD, 2009.
8 En effet, des auteurs ont remis en
cause ces liens : se référer à la revue de
littérature.
3. Objectifs de la recherche
L'objectif général de l'étude est de
contribuer à une meilleure compréhension du
phénomène du travail des enfants dans les ménages
agricoles au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali, afin de
réduire les pires formes du travail des enfants.
Plus spécifiquement, il s'agira de :
· faire une analyse comparative des conditions de
travail (profil comparatif, répartition sectorielle, typologie
qualitative du point de vue des travaux dits "non léger" et des pires
formes de travail, etc.) des enfants au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et
au Mali ;
· étudier les déterminants du travail des
enfants9 dans ces trois (03) pays dans une optique comparative ; les
liens suivants seront spécifiquement analysés :
- la relation entre le travail des enfants et l'éducation
des parents, notamment du chef de ménage ;
- la relation entre le travail des enfants et la pauvreté
des ménages.
· analyser les interactions entre les différentes
activités pratiquées par les enfants.
4. Hypothèses de recherche
Les hypothèses de l'étude sont les
suivantes10 :
· (H1) L'ampleur et les
caractéristiques du phénomène du travail des enfants n'est
pas le même entre la Côte d'Ivoire d'une part, et le groupe Burkina
Faso - Mali, d'autre part, compte tenu des réalités
socioéconomiques différentes de ces deux (02) groupes de pays
;
· (H2) La pauvreté favorise le
travail des enfants11 dans les trois (03) pays étudiés
;
· (H3) La propension d'un enfant
à travailler évolue positivement avec le niveau de scolarisation
de ses parents (particulièrement du chef de ménage)12
dans les trois pays étudiés ;
· (H4)13 Quel que soit le pays
considéré, les différentes activités menées
par les enfants sont complémentaires et interdépendantes.
9 Au sens de "travail non léger"
et au sens des "pires formes de travail".
10 Les trois dernières hypothèses (H2 à
H4) seront testées sur la base du critère des 14 heures minimum
hebdomadaire caractérisant le travail non léger.
11 Mise en évidence de l'axiome du
luxe (Basu & Van, 1998) (à vérifier pour le travail non
léger et les PFT).
12 Il s'agira de vérifier si la
propension des enfants à travailler dépend du niveau
d'instruction du chef de ménage (hypothèse à
vérifier pour le travail non léger et les PFT).
13 Il s'agira de mettre en
évidence de l'interdépendance des choix d'allocation du temps de
travail des enfants aux différentes activités (pour le travail
non léger).
5. Limites de la recherche
Cette étude ne porte que sur les enfants
âgés entre 10 et 17 ans. En effet, en raison des contraintes
imposées par le commanditaire des enquêtes statistiques
menées, les enfants de moins de 10 ans n'ont pas été pris
en compte, particulièrement au Burkina Faso et au Mali. Il s'agit d'une
limite qui rend quelque peu partielle les analyses menées, car le cas
des enfants âgés entre 5 et 10 ans aurait pu mériter un
intérêt particulier. Aussi, d'éventuelles
spécificités sur ce groupe d'age "occulté" auraient pu
être mises en évidence. Toutefois, les différences
demeurent assez minimes entre ces différentes classes d'age,
conformément à d'autres études menées
antérieurement. Cette limite n'entrave donc pas significativement la
pertinence des conclusions tirées quant aux caractéristiques du
travail des enfants dans les trois (03) pays concernés par la
présente étude, et aux recommandations formulées.
6. Ebauche du plan
Cette étude se décline en quatre (04) chapitres.
Les cadres théorique, conceptuel et méthodologique seront
précisés dans le premier chapitre. D'une part, il s'agira de
faire ressortir les fondements économiques et débats
théoriques qui sous-tendent la problématique
évoquée. D'autre part, il faudra procéder à une
définition des concepts qui seront utilisés tout au long de
l'étude de méme qu'à un exposé de la
méthodologie de collecte et d'analyse des données. Dans le
deuxième chapitre, une analyse descriptive approfondie sera menée
sur la participation des enfants au travail, en mettant l'accent dans un
premier temps, sur les éléments qui conditionnent, a priori, le
niveau de prévalence du travail des enfants, et dans un second temps sur
l'influence que peuvent avoir certaines caractéristiques des parents (ou
des ménages) sur la propension des enfants à travailler. Le
troisième chapitre s'intéressera aux formes des
différentes activités menées par les enfants. L'accent
sera mis à ce niveau sur les âges de début de travail des
enfants (étude de précocité) dans les différents
secteurs identifiés, sur le temps passé au travail et sur les
questions de pénibilité et de dangerosité du travail.
L'analyse de tous ces aspects permettra de dresser une typologie qualitative ou
normative du travail des enfants dans les trois (03) pays
étudiés. Le quatrième et dernier chapitre aura pour objet
d'expliquer les décisions de participation des enfants aux
différentes activités. Ce faisant, les déterminants de
l'offre de travail (non léger) des enfants seront au préalable,
identifiés. Enfin, une synthèse des analyses sera établie.
Cette synthèse sera suivie d'éléments de
recommandations.
Chapitre I : Cadres théorique, conceptuel et
méthodologique de l'étude
L'objet de ce chapitre est dans un premier temps, de faire le
point sur les théories et réflexions théoriques entourant
la problématique du travail des enfants, tout en évoquant des
travaux empiriques qui ont traité de la question. Ensuite, une mise au
point sur les termes et notions qui seront utilisées dans cette
étude, sera faite afin d'éviter tout équivoque. Enfin, la
démarche méthodologique ayant servie de base à la collecte
et à l'analyse des données sera exposée.
I.1 Revues théorique et empirique
La recherche théorique et empirique sur le travail des
enfants est relativement ancienne14. La littérature
économique propose divers modèles et théories traitant de
ce sujet. Il en est proposé ici, un exposé sommaire et
critique.
I.1.1 Les prémisses des réflexions
théoriques sur le travail des enfants
Le phénomène du travail des enfants a des
origines anciennes (Basu, 1999). Mais, les premières réflexions
et autres débats théoriques, de même que les premiers
modèles, remontent au 18e siècle. Les
précurseurs en la matière furent respectivement Karl Marx, Alfred
Marshall et Arthur Pigou. Les écrits de Marx interviennent à une
époque où la prévalence de la main d'oeuvre enfantine
était au plus fort dans les usines. Dans son ouvrage de
référence, «le Capital», publié en
1867, il élabore un modèle explicatif du travail des enfants.
Dans un contexte marqué par une machinisation accrue et une
taylorisation qui tend à devenir la norme, il explique le
phénomène par un besoin de plus en plus croissant des usines, en
main d'oeuvre "souple"15, plus adaptée aux nouveaux modes de
production. Les femmes et les enfants présentant
généralement une constitution physiologique se prêtant
à cette souplesse désormais requise, ils seront priorisés
par les industriels, dans leur quête inlassable de profits. Par ailleurs,
Marx explique que cette machinisation croissante qui aurait pu libérer
du temps pour plus de loisir, du fait d'une substitution du travail humain par
celui des machines, produira plutôt l'effet inverse. En effet, avec
l'utilisation des machines, la demande en "travail humain" des usines
décroît, ce qui fait baisser les salaires. Le coût de la
main d'oeuvre (facteur travail) devenant alors très faible, les
industriels deviennent disposés à embaucher d'avantage afin
d'augmenter leurs profits. Aussi, le salaire du seul chef de ménage
14 Dès le début du 18eme
siècle.
15 Corps flexibles au sens propre du
terme.
n'étant plus suffisant (car, trop faible), il sera
obligé de faire travailler toute sa famille, et partant, ses enfants.
Cette dynamique donne lieu à des équilibres multiples puisque
tous les enfants deviennent alors des travailleurs potentiels. Marx met
également en évidence les conséquences d'une telle
situation sur le niveau d'endettement des ménages qui ne peut que
s'élever, vu la nécessité pour ces derniers, d'assurer
leurs besoins fondamentaux. Cette analyse de la dette sera affinée par
Marshall (1920) qui identifiera, en outre d'autres causes explicatives du
phénomène du travail des enfants notamment le manque
d'éducation des parents qui a tendance à perpétuer le
phénomène de génération en
génération.
I.1.2 Les modèles contemporains sur le travail des
enfants
a. Les modèles de négociation
Les analyses théoriques contemporaines ont d'abord
été effectuées dans le cadre d'une modélisation des
comportements des ménages. L'objectif était d'expliquer les
décisions familiales simultanées de consommation et de travail
des enfants, mais aussi de scolarisation et de fécondité. Le
modèle néo-classique unitaire (d'équilibre unique) de
Rosenzweig et Evenson (1977) élaboré à cet effet, tentera
d'expliquer les liens qui prévalent entre la participation des adultes
au marché du travail, la scolarisation et le travail des enfants. De
plus, et dans le prolongement de ces travaux initialement menés, une
place grandissante sera accordée aux interrelations
décisionnelles et aux processus de négociations entre les parents
et les enfants d'une part, et entre les parents et les employeurs, d'autre
part. Les modèles dits, "de négociation",
développés dans cette optique, prendront ainsi en
considération le fait que le ménage ne soit pas
nécessairement géré par un "dictateur bienveillant" et
distingueront des champs d'analyse intra et extra ménage, du point de
vue des tractations qui interviennent entre les acteurs, telles que
définies précédemment. Dans le premier cas, où les
parents font preuve d'altruisme (négociation intra-ménage), ils
montrent que l'offre de travail des enfants dépend des salaires des
adultes et du nombre d'enfants se trouvant sur le marché du travail
(Basu, 1999). Par contre, dans le second cas (négociation
extra-ménage), si le salaire des adultes est également en
relation avec celui des enfants (Gupta, 1998), les parents ne se
préoccupent pas du bien-être de leurs enfants.
b. Les modèles d'équilibres multiples avec
altruisme
L'existence d'équilibres multiples (lorsque les enfants
sont des travailleurs potentiels) sur le marché du travail est une
éventualité sous-estimée par les approches
précédentes. Cette limite conduira Basu et Van (1998) à
proposer un modèle intégrant explicitement les questions de
pauvreté, sur fond de deux hypothèses :
l'"axiome de luxe" et l' "axiome de substitution".
Le premier axiome stipule que la participation des enfants au marché
du travail ne prévaut que si le ménage a un niveau de vie
inférieur à un seuil critique. Ainsi, dans un ménage
pauvre, un
enfant ne pourra être libéré de certains
travaux pour fréquenter l'école que dans la mesure
oüle ménage auquel il appartient est à
méme d'assurer sa subsistance sans son apport. En
d'autres termes, il apparait que le loisir des enfants, leur
scolarisation et plus généralement, leur "non-travail" sont des
biens de luxe dans le panier de consommation du ménage pauvre : il ne
pourrait pas se permettre de consommer de tels biens. Dans cette analyse, le
travail des enfants devient un mal nécessaire. Le statut des enfants
évolue en fonction de la variation du revenu familial. Ils sont
tantôt sur le marché du travail, et tantôt leur temps est
consacré au loisir et / ou à l'éducation. D'autre part,
l'"axiome de substitution" indique l'équivalence, à un facteur de
correction près, entre le travail des adultes et celui des enfants, ce
qui renforce l'éventualité d'un recours au travail des enfants.
Par conséquent, la participation des enfants au marché de
l'emploi dépend du niveau de pauvreté des ménages auxquels
ils appartiennent. En guise de formalisation, Basu et Van vont spécifier
une courbe d'offre de travail décroissante du salaire des parents,
comportant éventuellement deux équilibres stables. Un "bon
équilibre", caractéristique d'une situation dans laquelle les
salaires sont élevés et les enfants ne travaillent pas ; et un
"mauvais équilibre" traduisant à l'inverse du premier,
l'existence de gains faibles et d'une forte prévalence des enfants
actifs. En outre, ils démontrent que lorsque ce dernier équilibre
prévaut, l'interdiction du travail des enfants peut conduire, toutes
choses égales par ailleurs, à la restauration du "bon
équilibre".
I.1.3 Etudes empiriques
Des travaux empiriques ont traité de la question du
travail des enfants. Ils montrent, en général, que ce
phénomène est lié au niveau de pauvreté, à
l'éducation ainsi qu'aux normes sociales. Plus
généralement, ces travaux traitent des déterminants du
travail des enfants.
Les études de Yacouba Diallo et Koko Siaka
Koné (2001).
Dans une étude résultant d'une enquête
niveau de vie (ENV) auprès des ménages, effectuée en
Côte d'Ivoire au cours de l'année 1995, Diallo et Koné
examinent la relation entre le bienêtre du ménage et les
activités des enfants. Ils privilégient, dans leur
démarche analytique, les échelles d'équivalence dans le
calcul des seuils de pauvreté16. De plus, le nombre
relativement faible d'enfants travailleurs allant à l'école dans
l'échantillon d'étude limitera l'utilisation
16 Alors que la plupart des travaux
empiriques (Ray, 1998 ; Basu, 1999) se focalisent sur le niveau de vie moyen
des ménages ou les revenus de ceux-ci.
d'un probit bivarié qui aurait permis de tester la
probabilité pour les enfants de travailler et / ou d'aller à
l'école. Leur choix méthodologique s'est donc porté sur un
modèle multinomial, la variable dépendante étant le
logarithme des chances de choix. Dans ce modèle, les choix expriment
respectivement les statuts de travailleurs, d'inactifs (ni travail, ni
école) et d'élèves, la normalisation étant
effectuée par rapport à ce dernier statut. Les décisions
concernant ces différents statuts ont été soumises
à une même série de variables exogènes. Celles-ci
sont rassemblées en quatre groupes : les caractéristiques propres
aux enfants, le contexte familial des individus, les caractéristiques
spécifiques au chef de ménage et le lieu de résidence.
Les résultats de cette étude sont pour le moins
frappants. Les conclusions des estimations économétriques
concordent, pour l'ensemble du pays, avec celles du modèle
théorique de Basu et Van tel que défini plus haut,
particulièrement en ce qui concerne le rôle joué par le
facteur pauvreté. Toutefois, ces conclusions sont formellement
contredites lorsque l'on procède à une analyse suivant le genre.
Cette analyse révèle que les dépenses ou la
pauvreté des ménages ne constituent pas une variable
discriminante de l'insertion des jeunes filles dans les activités
socioéconomiques. En plus, l'emploi précoce (des enfants) s'est
révélé être un phénomène complexe dont
la dimension pauvreté des ménages est loin d'être la
composante la plus importante.
Diallo et Koné suggèrent, de ce fait, que les
politiques de lutte contre le travail des enfants prennent plus en
considération le capital social et les normes culturelles.
Les travaux de Jean Pierre Lachaud sur le Burkina Faso
(2004)
Dans une étude menée en 2004 par Lachaud au
Burkina Faso, à travers des données issues des enquêtes
prioritaires auprès des ménages (1998 et 2003), et mettant en
évidence l'ampleur du phénomène du travail des
enfants17 de même que l'impact de la pauvreté sur ce
phénomène, le choix méthodologique porta sur deux
approches complémentaires :
La première approche vise à tester
l'interdépendance des choix de scolarisation et de travail des enfants.
Pour ce faire, Lachaud postule que l'école a pour effet de soustraire
les enfants à de nombreuses activités, ce qui permet,
poursuit-il, d'appréhender pourquoi les enfants travaillent plutôt
que d'aller à l'école. Il utilise un modèle probit
bivarié. L'une des deux variables dépendantes indiquent si
l'enfant fait partie ou non de la population active, et l'autre spécifie
la fréquentation scolaire ou non. Pour ce type de modèle, Lachaud
a dû tenir compte de l'existence de possibles distributions
corrélées entre ces deux équations de choix.
17 Lachaud se questionnera, ex-post, sur
l'opportunité d'une législation trop sévère
à l'encontre du travail. des enfants, en l'absence de mécanismes
de réduction de la variabilité des gains des
ménages.
Le principal résultat de cette étude est que les
privations monétaires augmentent la probabilité pour un enfant de
travailler18 et réduisent la probabilité de
scolarisation. De plus, Lachaud met en évidence une relation inverse
entre la fréquentation scolaire des enfants et leur participation au
marché du travail. Par ailleurs, cette étude a aussi permis de
confirmer l'argument de "la gestion du risque". En effet, Lachaud montre que la
fluctuation du niveau de vie (mesurée par la variance des
dépenses en termes de pauvreté transitoire) augmente la
probabilité de travail des enfants tout en réduisant les chances
de scolarisation de ceux-ci, comparativement aux ménages situés
au-dessus de la ligne de pauvreté, alors que la
vulnérabilité des familles pauvres (vérifiée par
une faiblesse chronique des dépenses) n'affecte pas la propension des
enfants à travailler, de méme que, dans certains cas, leur
scolarisation, relativement aux familles plus aisées.
Afin d'approfondir l'analyse en termes de choix
interdépendants et de se prêter à une évaluation
comparative, Lachaud adoptera en complément, une approche
économétrique spatio-temporelle, les données dont il
dispose se prêtant à une évaluation pour chacune des 45
provinces du Burkina Faso sur les deux périodes de l'enquête (1998
et 2003). Pour corriger les problèmes liés dans ce type de
modélisation, aux effets d'interactions spatiales
(autocorrélations spatiales) et d'instabilités structurelles
(hétérogénéité spatiale) des données
de l'étude, il met en oeuvre dans un premier temps, un modèle
spatial autorégressif mixte avec
hétéroscédasticité, traduisant les changements
structurels dans le temps et dans l'espace. Ensuite, il estime les
déterminants du taux de participation des enfants au marché du
travail selon les différentes provinces. Le principal résultat
qu'il obtient de cette analyse spatiale est le suivant : indépendamment
du groupe d'age, la variation régionale de la pauvreté durable
est sans effet sur la prévalence du travail des enfants, contrairement
à celle de la pauvreté transitoire.
~Synthèse
Cette revue théorique et empirique ainsi
présentée, permet de tirer des enseignements qui guideront la
conduite de l'étude. Généralement, l'analyse empirique
explore un ensemble de déterminants du travail des enfants, en mettant
l'accent sur :
[a] les facteurs de l'offre de travail des enfants :
les normes (sociales, culturelles et juridiques), les politiques publiques, le
marché des capitaux, la pauvreté des ménages, la faiblesse
du système éducatif, la taille et la structure des ménages
;
18 Lachaud montrera donc que
l'hypothèse de l'« axiome de luxe ~ semble relativement robuste
dans le cas du Burkina Faso.
[b] et les facteurs de la demande de travail des
enfants : les coûts de production et la compétitivité
des entreprises, l'"informalisation" croissante de l'économie, le niveau
de développement technologique, le statut économique du chef de
ménage.
I.2 Cadre conceptuel de la recherche
L'objet de cette section est d'exposer les (choix de)
définitions de concepts liés à cette étude. Il
permettra d'entamer le cadre analytique de l'étude, en levant au
préalable, toute ambiguïté sur les notions les plus
fondamentales qui seront abordées.
I.2.1 Notion de conditions de travail
Le terme « condition de travail » renvoie à
l'environnement dans lequel vivent les travailleurs sur leur lieu de travail.
Il intègre la notion de pénibilité et de risques encourus
dans l'exercice du travail (Gollac et Volkoff, 2007). Hazem (2005)
définit les conditions de travail suivant trois (03) échelons :
les facteurs indirects, les facteurs représentatifs de l'environnement
du travail et les facteurs décrivant les conditions réelles dans
lesquelles s'accomplit le travail.
· S'agissant des variables indirectes, il identifie le
salaire, la durée de travail et les oeuvres sociales liées au
travail. Ces variables ont une influence indirecte sur les conditions de
travail. En effet, un bon salaire procure satisfaction à l'ouvrier et
tient lieu de compensation de ses conditions plus ou moins acceptables de
travail. De même, la réduction du temps de travail agit
positivement sur les conditions de travail. Par ailleurs, les prestations
sociales facilitent l'intégration des ouvriers dans l'entreprise, et
partant améliorent leurs conditions de travail.
· Concernant l'environnement du travail, il fait mention
de la sécurité, des conditions d'hygiène sur le lieu de
travail, de la pollution et des risques liés au travail. L'environnement
de travail est, affirme-t-il, "un facteur d'influence de première
importance des conditions de travail".
· Enfin, il identifie les conditions de travail au
poste, notamment le contenu du travail et les difficultés
inhérentes à son exercice, comme facteurs additionnels de
définition des conditions de travail.
Dans les trois (03) pays faisant l'objet de la
présente étude, le Code du travail renvoie
généralement "les conditions de travail" aux notions suivantes :
durée de travail, travail de nuit, repos hebdomadaire, jours
fériés, congés payés, voyages et transport, oeuvres
sociales, travail des femmes et des enfants. Ces notions feront l'objet d'une
attention particulière tout
au long de cette étude qui prendra en
considération les trois (03) niveaux d'influence des "conditions de
travail" identifiés plus haut.
I.2.2 Notion de pénibilité
La pénibilité est un concept difficilement
cernable du fait de son caractère subjectif. Elle est le plus souvent
approchée par trois (03) dimensions (Guérin, et al, 2006) :
· d'abord, la demande psychologique, qui intègre les
obstacles physiques perçus (bruit, chaleur, exposition à des
substances toxiques, etc.) et la pression psychologique ;
· ensuite, la latitude décisionnelle renvoyant aux
possibilités d'actions, de mobilité et d'évolution
professionnelle ;
· et enfin la récompense reçue,
monétaire ou non.
I.2.3 Définition, catégories et formes du
travail des enfants
Le travail des enfants est généralement
défini par l'OIT comme la participation de personnes mineures à
des activités à finalité économique et
s'apparentant plus ou moins fortement à l'exercice d'une profession par
un adulte.
Selon les normes internationales sur la statistique du
travail des enfants, la définition "large" englobe les enfants
âgés entre 5 et 17 ans qui, au cours de la période de
référence, ont exécuté toute activité
relevant du domaine de la production générale du système
de comptabilité nationale (SCN). L'OIT distingue trois (03) grandes
catégories d'enfants travailleurs : les enfants occupés
économiquement, les enfants astreints au travail et les enfants
exécutant des travaux dangereux.
· Les enfants occupés économiquement sont
ceux qui s'engagent dans toute activité dans le domaine de la production
telle que définie par le SCN, ne serait-ce qu'une heure au cours de la
période de référence. Ce concept comprend des formes de
travail relevant tant du secteur formel qu'informel, des tâches
effectuées dans le cadre familial et extra-familial, le travail
rémunéré en espèces ou en nature, à temps
partiel ou à plein temps ou le travail domestique
(rémunéré ou non) effectué par un enfant pour le
compte d'un employeur en dehors de son foyer.
· Les enfants astreints au travail constituent un sous
ensemble de la catégorie des enfants occupés
économiquement. Ils représentent en 2010 dans le monde,
près de 70 pour cent de ceux-ci. Cet ensemble regroupe les enfants
astreints au travail sous ses pires formes19 et ceux qui
accomplissent un travail sans avoir atteint l'age minimum
spécifié pour ce travail.
19 Confère la définition au
1.2.3.
· Les enfants effectuant des travaux dangereux sont
ceux s'adonnant à toute activité ou occupation qui, de par leur
nature ou leur type, se traduit directement ou indirectement par des effets
dommageables pour leur sécurité, leur santé et leur
développement moral. D'après l'Unicef, un peu plus de la
moitié des enfants astreints au travail dans le monde effectuent des
tâches dangereuses en 2010. En général, l'OIT entend par
conditions de travail dangereuses le travail de nuit et de longue durée,
l'exposition à des sévices physiques, psychologiques ou sexuels,
les travaux qui s'effectuent sous terre, sous l'eau, à des hauteurs
dangereuses ou dans des espaces confinés, les travaux qui s'effectuent
avec des machines, du matériel ou des outils dangereux ou qui impliquent
de manipuler ou de porter de lourdes charges, et les travaux qui s'effectuent
dans un milieu malsain pouvant, par exemple, exposer les enfants à des
substances, des agents ou des procédés dangereux, ou à des
conditions de température, de bruit ou de vibrations
préjudiciables à leur santé.
I.2.4 Débats autour d'une définition
opérationnelle de l'"enfant travailleur"
Toute étude portant sur le travail des enfants ne peut
se faire sans une prise de position préalable sur une définition
de la notion de l'"enfant travailleur". Cet impératif de choix de
définition est souvent lié d'une part, à la
multiplicité de méme qu'à la complexité des normes
nationales et internationales régissant le travail des enfants, et
d'autre part, à la disponibilité ou à la qualité
des données d'étude.
a. Des contraintes d'ordres normatifs
Les 138e20 et 182e21 conventions de
l'OIT fixent les limites des formes de travail qui sont inacceptables. Cette
étude distinguera dans le méme ordre d'idées, le travail
acceptable du travail inacceptable.
Le Travail acceptable (conforme aux
normes de l'OIT) est désigné par l'Unicef par le concept du
"Child Work". Sera considéré comme travail acceptable, tout
travail qui respecte les limites légales, qui ne perturbe pas la
santé ou le développement de l'enfant, qui ne nuit pas à
sa scolarité ou ne l'empêche pas de bénéficier d'une
formation. Ce type de travail peut constituer une expérience positive et
est autorisé à partir de l'âge de 12 ans en vertu de la
Convention n°138 de l'OIT.
Le Travail inacceptable (non-conforme
aux normes de l'OIT) est quant à lui, désigné par
la notion de "Child Labour" par l'Unicef. Il regroupe les types de travail
non-conformes aux
20 Sur l'âge minimum au travail :
1973.
21 Sur les pires formes de travail des
enfants : en ratifiant cette convention signée en 1999, les Etats
s'engagent à prendre des mesures immédiates pour interdire et
éliminer les pires formes de travail des enfants. Cette convention sert
de cadre d'application au protocole Harkin & Engel.
normes de l'OIT. Il fait référence à tous
les enfants de moins de 12 ans travaillant dans l'une quelconque des branches
de l'économie. De plus, il intègre les enfants âgés
de 12 à 14 ans et travaillant plus de 14 heures par semaine. Enfin, il
compte les enfants se livrant à des activités dangereuses et tous
les enfants confrontés aux pires formes de travail.
L'étude s'intéressera, en outre, aux travaux
dangereux et aux pires formes de travail des enfants. Les critères
essentiels concernant les travaux dangereux seront relatifs à
l'âge minimum et à la pénibilité, mais plus
généralement, aux normes de sécurité telles que
définies par la convention n°190 sur les travaux dangereux. En
général, l'étude se référera à la
liste de ces formes de travail telle que définie par l'OIT de
méme que par les législations nationales des pays
considérés. S'agissant des « pires formes de travail des
enfants », la convention n°182 de l'OIT tiendra lieu de document de
référence.
b. Des contraintes sur la disponibilité des
données
D'abord, les données de l'étude sont relatives
aux enfants dont l'âge est compris entre 10 et 17 ans. Les moins de 10
ans seront donc exclus. Ensuite, s'agissant des travaux dangereux, les
informations disponibles ne se réfèrent pas à des
métiers précis, mais plutôt à l'historique de
l'enfant dans son exposition à certains dangers. A priori, ceci peut
avoir pour effet de surestimer le nombre d'enfants s'adonnant à des
travaux dangereux. De plus, les données recueillies relativement
à ces formes d'activités ne concernent que les enfants ayant
travaillé (ou travaillant encore) dans le secteur agricole. L'analyse de
ces formes dangereuses de travail sera donc inévitablement partielle.
Par ailleurs, concernant les pires formes de travail des enfants, les
données disponibles sont relatives aux seuls travaux forcés et
obligatoires. En effet, il demeure difficile dans le cadre d'une enquête
généraliste22, de trouver des données fiables
sur certaines de ces pires formes de travail, notamment sur la servitude pour
dettes ou l'exploitation sexuelle. Enfin, à toutes ces contraintes,
s'ajoute les limites d'une définition du travail domestique qui, au sens
de l'OIT, ne permet pas de saisir l'ampleur réelle du
phénomène dans le contexte socioéconomique des pays
faisant l'objet de la présente étude.
c. La mesure du travail domestique : une nouvelle approche
L'OIT définit le travail domestique (de l'enfant) comme
étant celui effectué par un enfant pour le compte d'un employeur.
Cette définition parait assez restrictive, car elle ne tient pas compte
des enfants qui s'adonnent aux travaux domestiques dans leur propre
ménage dans des conditions parfois proches de celles d'un vrai
métier. Pour pallier cette insuffisance, il sera appliqué une des
dispositions de la convention n°138 qui fixe un seuil horaire
22 Comme celle qui sous-tend cette
étude (à la différence d'une enquête
spécialisée).
hebdomadaire légal de 14 h23, au-delà
duquel la notion de travail léger ne doit plus prévaloir. Aussi,
tout enfant qui effectue des activités domestiques chez ses propres
parents, au-delà d'un seuil hebdomadaire de 14 heures sera
considéré comme travailleur. La prise en compte de cette forme de
travail ménager se justifie par des formes déguisées
d'emploi qu'elle cache quelquefois, et qui conduit à une sous-estimation
de l'ampleur réelle du phénomène du travail des
enfants.
En définitive...
Dans cette étude, sera considéré comme
"enfant travailleur", tout enfant de 10 à 17 ans, économiquement
occupé, travaillant aussi bien dans les secteurs formels qu'informels,
ou comme travailleur domestique (si les critères tels que définis
ci-dessus sont vérifiés), qui a eu à effectuer durant au
moins une heure, une activité rémunérée ou non au
cours des 12 derniers mois.
Le choix de la période de référence se
justifie par le fait qu'un enfant, bien que n'ayant pas travaillé la
semaine ayant précédé l'enquête, ou méme
plusieurs semaines d'avant, peut toutefois avoir été travailleur
dans le passé et être juste dans une phase de chômage
conjoncturel, attendant l'occasion de "reprendre du service". Aussi,
l'étude s'intéresse non pas seulement aux enfants qui travaillent
actuellement, mais aussi à ceux qui ont déjà
travaillé dans un passé plus ou moins récent24.
Par ailleurs, une autre variante de cette définition excluant le travail
léger sera pris en compte dans la recherche des déterminants du
phénomène afin d'aboutir à des recommandations
ciblées et opérationnelles25.
I.3 Méthodologie de la recherche
I.3.1 Les données de l'étude
Les données utilisées pour cette étude
proviennent d'une série de quatre (04) enquêtes auprès des
ménages agricoles, supervisées par l'ENSEA pour le compte de
l'Université de Tulane. Ces enquêtes se sont
déroulées entre 2007 et 2009. Les deux premières se sont
tenues en Côte d'Ivoire. Les deux autres qui suivirent se sont
déroulées au Burkina Faso et au Mali.
La présente étude se concentrera sur la plus
récente des deux enquêtes réalisées en Côte
d'Ivoire et sur celles menées au Burkina Faso et au Mali (2009). Les
données ont été recueillies sur la base d'un sondage
à deux degrés, l'unité primaire étant la zone de
23 Ce critère horaire sera
généralisé à l'ensemble des secteurs
étudiés dans l'analyse économétrique (Cf. Chapitre
V) afin d'étudier les déterminants du travail « non
léger ».
24 Dans cette étude, "travailleurs
" et "actifs " traduisent ainsi la même réalité.
25 Il s'agit d'étudier les
facteurs explicatifs de ce type particulier de travail plus
généralement combattue.
dénombrement (ZD : Burkina, Mali) ou le district de
recensement (DR : Côte d'Ivoire) ; et l'unité secondaire, le
ménage agricole26.
Cette étude s'intéresse particulièrement
aux volets relatifs à l'enquête auprès des ménages.
Elle porte, en outre, principalement sur un échantillon de 719 (Burkina
Faso), 1458 (Côte d'Ivoire) et 741 (Mali) enfants âgés entre
10 et 17 ans révolus (détails dans le Tableau 26
en annexe).
I.3.2 Les outils d'analyse
Afin que les différents objectifs fixés plus haut
soient atteints, les méthodes et outils d'analyse suivants seront
utilisés : la statistique descriptive et la modélisation
économétrique.
a. Analyse descriptive
La statistique descriptive permettra, à travers des
tableaux de fréquences, de contingence et des graphiques, de
décrire et d'analyser les conditions de travail des enfants dans les
trois (03) pays faisant l'objet de cette étude. La question de
l'intégration des enfants au marché du travail sera
abordée. Les caractéristiques essentielles de ces "marchés
de travail" seront mises en évidence, dans une optique comparative.
Aussi, une typologie et un profil comparatif seront dressés. Dans cette
optique comparative, l'accent sera mis sur les caractéristiques
sociodémographiques et économiques (pauvreté).
Pratiquement, il sera estimé à ce niveau, sur
des variables d'intérêt, des caractéristiques de tendance
centrale et de dispersion. Les liaisons, indépendances ou
corrélations éventuelles entre certaines variables seront
également étudiées. Il sera utilisé, pour ce faire,
des tests d'indépendance, de liaison, de comparaison et de proportions
27 . L'analyse descriptive permettra ainsi de faire ressortir les
variables traduisant des phénomènes importants et des liaisons
déterminantes. Elle mènera, en outre, à la deuxième
et dernière étape : celle de la modélisation
économétrique.
b. Analyse économétrique
Cette analyse permettra de déceler les
corrélations entre certaines variables étudiées lors de
l'analyse descriptive, de méme que la manière dont elles
dépendent les unes des autres. Précisément, des
modèles explicatifs de l'offre de travail des enfants seront
élaborés. Ils permettront de prendre en compte, les interactions
entre les décisions de mise au travail des
26 Se référer au rapport
d'activités de l'ENSEA et au rapport d'étude de
l'Université de Tulane pour des détails sur la
méthodologie (références en annexe).
27 Le test de procédure de
Marascuilo sera privilégié, les différences de proportions
conduisant à une relation de dépendance.
enfants (Cigno et Rosati, 2005) et celles du choix du secteur
d'activités (Dumas et Lambert, 2006).
· Déterminants du travail des enfants
Les facteurs explicatifs du travail ("non léger") des
enfants seront estimés suivant des modèles logistiques binaires
qui seront appliqués sur des variables binaires construites à cet
effet, et indiquant pour chacun des trois (03) pays, si l'enfant a
été actif ou pas lors des douze (12) mois ayant
précédé l'enquête. Les tests de Hausman permettront
de choisir la forme idoine de distribution des erreurs, et la mise à
l'écart des observations aberrantes, influentes, atypiques ou de grande
puissance permettra d'obtenir le modèle le plus efficient possible. Il
sera également procédé à des tests de
détection d'hétéroscédasticité de
méme qu'à des tests de multi colinéarité entres les
variables explicatives retenues. Si nécessaire, des corrections seront
apportées à l'aide de procédures statistiques
adéquates.
· Estimation des décisions de participation
des enfants aux activités
L'estimation des décisions de participation (des
travailleurs non "léger") aux activités agricoles,
économiques autres que l'agriculture et domestiques peut se faire selon
deux (02) approches : une approche intégrée (estimations
simultanées) et une approche indépendante (estimations
séparées) Cette dernière approche parait peu
réaliste (Dumas, 2005), car elle suppose (par hypothèse) que ces
décisions sont indépendantes (ce qui est assez peu probable). La
présente étude optera donc pour un modèle à
équations simultanées. Ce modèle déterminera les
probabilités d'effectuer une activité agricole, économique
ou domestique, en tenant compte de l'interdépendance des choix de
participation, de la simultanéité des décisions
d'allocation du temps de travail des enfants et des possibilités de
doubles ou de triples participations. Ce faisant, les probables
corrélations entre les résidus des équations, si elles
avaient été estimées suivant la première approche,
seront corrigées.
La procédure de Cappellari et Jenkins (2003) sera
suivie pour construire un modèle probit multivarié. Ce dernier
servira donc d'outil d'estimation de ces différentes
probabilités. Le choix des variables explicatives se fera sur la base
des principaux travaux traitant de la question, qui seront exposés dans
la revue de littérature. Il s'agira principalement des
caractéristiques de l'enfant, de celles de l'environnement familial
auquel il appartient, de celles du chef de ménage et de celles relatives
à sa localisation géographique.
Il est important de noter que ce modèle permettra de
résoudre d'éventuels problèmes liés à
l'endogénéité des choix de participation de méme
qu'à la violation de l'hypothèse d'indépendance des
alternatives non pertinentes (Greene, 2003).
· Variables d'influences sur les pires formes de
travail des enfants
A l'aide d'un modèle séquentiel de type
logistique, les spécificités concernant les formes de travail des
enfants seront ressorties. Il s'agira spécifiquement de
s'intéresser à la question des pires formes de travail des
enfants pour en déceler les facteurs influents dans chacun des trois
(03) pays de l'étude.
· Construction d'un indice de pauvreté
multidimensionnel : bref exposé et justification de la
méthodologie
Afin de construire les différents modèles
évoqués plus haut, et même pour les besoins de l'analyse
descriptive, il sera estimé, par la méthode des ensembles flous,
une variable d'analyse particulière : un indice synthétique du
niveau de pauvreté global des ménages dans lesquels vivent les
enfants. En fait, la plupart des méthodologies de mesure de la
pauvreté présente un inconvénient majeur : elles se basent
sur une approche unidimensionnelle, considérant le revenu, et
occasionnellement des dépenses réalisées comme la seule
composante susceptible de capter le niveau de pauvreté. Toutefois, la
pauvreté est un phénomène dont les dimensions sont
multiples (Sen, 1982). Il serait extrêmement réducteur de la
ramener à sa seule dimension monétaire. D'ailleurs, il est
très approximatif de collecter des données fiables sur le revenu
des ménages agricoles, surtout dans un contexte marqué par une
multiplicité des activités génératrices de revenu
et une domination de l'économie informelle. Par ailleurs, les
ménages agricoles ont la particularité de consommer une partie de
leur récolte et les prix de valorisation de leurs cultures (souvent
destinées à l'exportation) fluctuent tout au long de
l'année. Pour toutes ces raisons, cette étude se propose,
à travers la construction d'un indice multivarié, de tester
l'influence du niveau général de pauvreté sur la
participation des enfants à la main d'oeuvre, en allant donc
au-delà d'une simple comptabilité des flux de revenus. Elle
s'appuiera sur les travaux de Pi Alperin et Van Kerm (2009) qui, au travers
d'une application de la théorie des ensembles flous (Zadeh, 1965),
mesureront la pauvreté sous plusieurs aspects en termes de niveaux de
privations28 au Luxembourg. Ces différents aspects peuvent
ainsi traduire, chacun, une dimension spécifique de la pauvreté.
Dans la présente étude, ils sont au nombre de cinq (05) et sont
relatifs à la valeur du logement, aux commodités du milieu de
vie, à la possession de biens durables (équipements et moyens de
transport), au revenu et à la possession d'actifs fonciers. Les
résultats de l'estimation se trouvent en annexe
29(Tableau 25).
28 Plus cet indice est fort, et plus le
ménage sera considéré comme pauvre.
29 Cette présente étude ne
porte pas sur la pauvreté multidimensionnelle : seul l'indice construit
sera utilisé.
Chapitre II : Etat des lieux et caractéristiques
du travail des enfants
L'objet de ce chapitre est, dans un premier temps, d'analyser
la participation des enfants aux différentes activités. Il
permettra d'avoir une première esquisse sur les déterminants de
l'offre de travail des enfants. De ce fait, les faits stylisés du
travail des enfants au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali seront
mis en évidence suivant une approche comparative. Dans un second temps,
une analyse d'impacts ou d'influences des caractéristiques des parents
en général, et du chef de ménage en particulier sur la
prévalence de travail des enfants30, sera menée. Il
permettra sur des bases descriptives, de mettre en exergue la pertinence de
certaines hypothèses, notamment de l'axiome de luxe.
II.1 Analyse de la participation des enfants à
la main d'oeuvre
II.1.1 Taux de participation des enfants à la main
d'oeuvre
Dans les populations étudiées, une grande
majorité des enfants travaille (Graphique 1). En effet,
c'est 96,8% des enfants burkinabés qui travaillent. Ils sont 94,87% au
Mali et 84,22% en Côte d'Ivoire. Ainsi, le taux de participation des
enfants de 10 à 17 ans au marché du travail est relativement
faible en Côte d'Ivoire (un peu plus de 8 enfants sur 10),
comparativement au Burkina Faso et au Mali où plus de 9 enfants sur 10
travaillent.
Graphique 1 : Répartition
des enfants selon le statut d'activité (proportions en %)
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
Enfants travailleurs Enfants non travailleurs
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Ces taux sont donc assez
différents d'un pays à l'autre. En effet, le test exact de Fisher
permet de mettre en évidence (au seuil d'erreur de 5%), une relation
liant le taux de participation au pays concerné. Cette relation est
tout de même de faible intensité (V de Cramer égale
à 0,2).
30 Voir Tableau 27 et
Tableau 28 en annexe pour les détails sur les
caractéristiques des chefs de ménages et des
ménages.
Aussi, le test de proportions basé sur la
procédure de Marascuilo31 fait ressortir entre le Mali et la
Côte d'Ivoire d'une part, et entre le Burkina Faso et la Côte
d'Ivoire d'autre part, des différences significatives aussi bien dans la
population active que dans celle des enfants non actifs. Toutefois, ces
différences sont non significatives entre le Burkina Faso et le Mali qui
présentent, à peu près les mêmes
profils32. Par ailleurs, le test confirme dans chacun de ces pays,
la significativité des différences entre les proportions
d'enfants actifs et celles des enfants inactifs.
Le Tableau 1 fait ressortir du point de vue de
certaines caractéristiques sociodémographiques, les
différences existant entre les enfants actifs et ceux ne travaillant
pas.
Tableau 1 : Tableau comparatif
des enfants actifs et non actifs du point de vue de certaines
caractéristiques sociodémographiques
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
|
|
EA
|
ENA
|
EA
|
ENA
|
EA
|
ENA
|
Structure par âge (en année
révolue)
|
|
|
|
|
|
|
10-14 ans 15-17 ans
|
62,64 37,36
|
91,30 8,70
|
65,62 34,38
|
80,81 19,19
|
66,43 33,57
|
86,84 13,16
|
Age moyen (en années) (JK)
|
13,35
|
11,70
|
13,25
|
12,10
|
13,35
|
12,22
|
Ecart-type (JK)
|
0,086
|
0,424
|
0,099
|
0,232
|
0,083
|
0,329
|
Structure par sexe (%)
|
|
|
|
|
|
|
Garçon
Fille
Rapport de masculinité
|
56,75 43,25 131,22
|
39,13 60,87 64,28
|
53,05 46,95 113,01
|
59,60 40,40 147,5
|
62,02 37,98 163,30
|
29,73 70,27 42,31
|
Religion (%)
|
|
|
|
|
|
|
Catholique Protestant Musulman Animiste
|
27,87 6,03 60,06 6,03
|
26,09 4,35 65,22 4,35
|
24,61 22,16 35,25 17,98
|
36,36 22,22 28,28 13,13
|
1,00 2,28 93,03 3,70
|
0 0
97,37 2,63
|
Proportion des natifs du pays
|
99,57
|
95,65
|
97,91
|
100,00
|
99,57
|
100,00
|
Scolarité (%)
|
|
|
|
|
|
|
Proportion des scolarisés les 12 derniers
mois
|
58,48
|
65,22
|
53,75
|
85,86
|
48,22
|
44,44
|
Types d'école fréquentée les 12
derniers mois
|
|
|
|
|
|
|
Maternelle
Ecole primaire Ecole secondaire Ecole religieuse
|
0,25 71,25 18,75 7,25
|
0 80,00 6,67 13,33
|
1,62 71,43 18,51 8,44
|
0
74,12
22,35
3,53
|
9,55 68,06 20,90 1,49
|
44,44 33,33 22,22
0
|
*EA : Enfant(s) actifs(s) ; ENA : Enfant(s) non
actif(s)
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. La proportion des 15-17
ans est relativement faible chez les inactifs (1 enfant sur 5),
en comparaison au groupe des actifs où ils représentent, en
moyenne, environ le tiers de la sous-
31 En général,
l'indépendance va de pair avec l'égalité des
différentes proportions.
32 Du point de vue des populations
actives et inactives.
population. Par ailleurs, alors que les enfants actifs sont
majoritairement de sexe masculin, la situation inverse est observée chez
les inactifs au Burkina Faso et au Mali. En effet, dans ces deux (02) pays, le
rapport de masculinité est respectivement de 64,29% et de 42,31%. Le cas
de la Côte d'Ivoire est différent, puisque les enfants de ces deux
(02) catégories de population sont majoritairement de sexe masculin.
Enfin, contrairement au cas du Mali, la proportion des enfants actifs
récemment scolarisés est beaucoup plus grande que celle des
enfants inactifs qui sont récemment allés à l'école
dans les deux (02) autres pays.
Distributions globales des enfants actifs selon
l'âge et le sexe
Les enfants actifs de ces trois (03) pays sont majoritairement
âgés de 10 à 14 ans (Graphique 7 en
annexe). En effet, c'est 66,43% des enfants actifs maliens qui appartiennent
à ce groupe d'ages. Ils sont respectivement de 63,19% et de 62,64% en
Côte d'Ivoire et au Burkina Faso. Dans la population enfantine inactive,
la classe des 10-14 ans est aussi très dominante (de l'ordre de 8
enfants sur 10) au Mali et en Côte d'Ivoire, et surtout au Burkina Faso
où ils représentent plus de 9 enfants sur 10. Plus
spécifiquement, il se remarque relativement à une
répartition par âge des enfants actifs, des tendances multiples
(Graphique 8 en annexe). Au Burkina Faso, les enfants de 15
ans sont les plus présents (15,95%). Ils sont suivis par ceux
âgés de 10 ans (15,37%) et de 12 ans (14,37%). Concernant la
Côte d'Ivoire, les enfants actifs de 12 ans sont les plus nombreux
(16,04%), suivis de ceux âgés de 10 ans (15,88%) et de 17 ans
(14,09%). Le Mali de son côté compte comme la Côte d'Ivoire,
une majorité d'enfants actifs âgés de 12 ans (17,5%).
Ceux-ci sont suivis d'enfants âgés de 13 ans (14,08%) et de 10 ans
(12,88%). La prévalence du travail des enfants semble ainsi augmenter
avec l'âge de ceux-ci (Graphique 2).
Graphique 2 : Evolution de la
prévalence de travail des enfants (en %) selon l'âge (en
années révolues)
100
95
90
85
80
75
70
10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Il faut noter que cette répartition par âge est
indépendante du pays concerné. Cette indépendance est, en
effet, mise en évidence par le test exact de Fisher (au seuil de 5%) de
même que par un V de Cramer très faible (0,0320), méme s'il
existe des différences significatives à l'intérieur de
chacune de ces deux (02) classes d'ages, entre les proportions du groupe
Burkina Faso - Mali, et la Côte d'Ivoire. Cette indépendance est
mise en exergue par l'égalité des proportions existant entre le
Burkina Faso et le Mali, aussi bien dans la tranche des 10-14 ans que dans
celle des 15-17 ans, selon le test de proportions de Marascuilo. Par ailleurs,
à l'intérieur des pays considérés, les
différences dans les proportions relatives à la classe d'ages
d'appartenance sont significatives, toujours selon ce même test.
Du point de vue de la répartition de la population
enfantine active par sexe, il convient de noter une relative domination des
garçons qui représentent dans les trois (03) pays, un peu plus de
la moitié de l'ensemble des enfants actifs. En outre, la part des filles
dans cette population active est de 45,03% en Côte d'Ivoire, pays
présentant la plus grande proportion de filles. La Côte d'Ivoire
est suivie par le Burkina Faso (43,25%) et le Mali (37,98%).
Graphique 3 : Répartition
des enfants actifs selon l'âge et le sexe
60%
Garcons Filles
40%
Burkina-Faso
66% 62% 64% 63%
34%
Garcons Filles
10-14 ans 15-17 ans
38%
Côte d'Ivoire
36% 37%
Garcons Filles
Mali
73%
27%
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Cette répartition par sexe n'est pas liée au
pays concerné (relation d'indépendance). Elle est assez
homogène. C'est ce que confirme le test d'indépendance de Fisher
(F=0,010 à 5%, V de Cramer égale à 0,0592), méme
s'il existe des différences significatives dans les proportions de
filles d'une part, et les proportions de garçons d'autre part, entre le
groupe Burkina -- Mali, et la Côte d'Ivoire. Cette indépendance
s'entrevoit, en effet, à travers l'égalité des proportions
existant entre le Burkina Faso et le Mali, aussi bien dans la population
féminine que masculine, selon le test de proportions de Marascuilo.
Par ailleurs, à l'intérieur des pays
considérés, les différences dans les proportions,
relatives au genre, sont significatives comme le confirme ce test. Cette
prédominance des enfants de sexe
masculin est observable au sein de chaque classe d'ages comme le
montre le Graphique 3, l'écart le plus frappant
étant constaté au Mali dans la population féminine.
De plus, au Burkina Faso et au Mali, la proportion de filles
actives est inférieure à celle des garçons (Graphique
4). En effet, le taux d'activité des garçons est
respectivement de 97,77% et de 97,54% au Burkina Faso et au Mali, alors que
chez les filles, il est respectivement de 95,56% et de 91,13%, dans ces deux
(02) pays. Ce n'est pas le cas en Côte d'Ivoire, où le taux
d'activités des filles (86,41%) excède celui des garçons
(82,52%).
Ces taux sont significativement différents aussi bien
dans la sous population féminine que masculine, entre la Côte
d'Ivoire et le Burkina Faso d'une part, et entre la Côte d'Ivoire et le
Mali d'autre part, selon les résultats du test de proportions de
Marascuilo. De plus, le test de proportions sur l'ensemble de la population
révèle que les taux d'activité des filles sont
différents entre les trois (03) pays au seuil de 5%. Concernant la
population masculine, il est à noter une différence de leur taux
d'activité entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire, et entre le
Mali et la Côte d'Ivoire, les taux d'activité étant
égaux entre le Mali et le Burkina Faso.
Graphique 4: Taux
d'activité selon le sexe (taux en %)
100
95
90
85
80
75
70
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
garcon fille
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
II.1.2 Les types d'activités
Les enfants travailleurs exercent dans trois (03) principaux
secteurs d'activités : les activités agricoles, les
activités économiques autres qu'agricoles33 et les
activités domestiques34.
Au Burkina Faso (Tableau 2), 92,49% des
enfants enquêtés s'adonnent aux activités agricoles. Ils ne
sont en revanche que 41,03% à être actifs dans les
activités domestiques, et seulement 15,99% dans les activités
économiques. Invariablement du type d'activité, les 10-14 ans
sont majoritaires sauf pour le cas des activités économiques
où 50,43% des enfants y travaillant sont âgés de 15 ans ou
plus. S'agissant de la répartition par sexe, il faut noter une
domination
33 Le terme "activités
économiques" sera souvent utilisé, par soucis de
simplification.
34 Les termes " activités
domestiques" et " travaux domestiques" seront invariablement
utilisés.
des garçons (plus de 140 garçons pour 100
filles) dans les activités agricoles, contrairement aux activités
économiques et domestiques marquées par une
prépondérance des filles (de l'ordre de 3 filles pour 2
garçons). Concernant les religions pratiquées, les musulmans sont
majoritaires (autour de 60%) dans cette population enfantine active. Ils sont
suivis des catholiques. Par ailleurs, une majorité d'entre ces enfants
actifs a été scolarisé (ou l'est encore) durant les 12
derniers mois ayant précédé l'enquête. Ils sont
60,34% dans le secteur des activités domestiques, 57,89% dans le secteur
agricole et 54,78% dans celui des activités économiques. Enfin,
près du quart des enfants actifs dans l'un et ou l'autre de ces trois
(03) secteurs, et ayant été récemment scolarisés, a
régulièrement manqué les cours au cours des 12 derniers
mois.
Tableau 2 :
Caractéristiques des enfants actifs suivant le type d'activités :
cas du Burkina Faso
BURKINA FASO : Echantillon de 719 enfants
|
|
|
|
Type d'activités
|
Agricole
|
Economique
|
Domestique
|
Effectifs (des sous-populations)
|
665
|
115
|
295
|
Proportion en % (par rapport à la population
totale)
|
92,49
|
15,99
|
41,03
|
Structure par âge (en années
révolues) et par sexe (en %)
|
|
|
|
10-14 ans
|
61,50
|
49,57
|
65,42
|
15-17 ans
|
38,50
|
50,43
|
34,58
|
Age moyen (JK)
|
13,42
|
14,01
|
13,26
|
Rapport de masculinité
|
140,94
|
61,97
|
66,66
|
Religion (%)
|
|
|
|
Catholique
|
27,67
|
33,04
|
28,47
|
Protestant
|
6,02
|
3,48
|
7,80
|
Musulman
|
60,00
|
56,52
|
57,29
|
Animiste
|
5,86
|
6,09
|
6,10
|
Scolarité (%)
|
|
|
|
Proportion des enfants scolarisés les 12 derniers mois
|
57,89
|
54,78
|
60,34
|
Proportion d'enfants scolarisés ayant
régulièrement manqué les cours sur les 12 derniers mois
|
23,90
|
23,81
|
25,28
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
En Côte d'Ivoire (Tableau 3), 73,73%
des enfants enquêtés sont actifs dans le secteur agricole. Ils ne
sont, par contre, que 36,15% à travailler dans les activités
domestiques, et 29,70% dans les activités économiques.
Indépendamment du type d'activités, les 10-14 ans sont
majoritaires (autour de 60% dans les trois secteurs). S'agissant de la
répartition par sexe, il faut noter comme dans le cas du Burkina Faso
(et du Mali : se référer au cas du Mali), une domination des
garçons (plus de 138 garçons pour 100 filles) dans le secteur
agricole, contrairement aux activités économiques et domestiques
marquées par une prépondérance des filles. En effet, il y
a 5 filles pour 4 garçons dans les activités économiques.
Par ailleurs, le
nombre de filles représente le double de celui des
garçons en ce qui concerne les activités domestiques. S'agissant
de la répartition suivant la religion, les musulmans sont majoritaires
(autours de 20% pour les activités agricole et économique, et 25%
pour les travaux domestiques) dans cette population enfantine active. Mais les
autres confessions sont plus ou moins bien représentées, surtout
celles chrétiennes, qui comptent, quel que soit le secteur
considéré, plus de 40% des enfants actifs. Par ailleurs, une
majorité d'entre ces enfants (actifs dans les secteurs agricole et
économique) a été scolarisée (ou l'est encore)
durant les 12 derniers mois ayant précédé l'enquête.
Ceci n'est pas le cas pour les enfants actifs dans les activités
domestiques, dont 46,49% seulement ont été à
l'école durant les 12 derniers mois. Enfin, il faut noter qu'un peu plus
du quart (27,35%) de ces enfants actifs dans le secteur agricole, et ayant
été récemment scolarisés, a
régulièrement manqué les cours au cours de ces 12 derniers
mois. Ils représentent respectivement, 32,65% et 36,24% dans les
secteurs domestiques et économiques.
Tableau 3 :
Caractéristiques des enfants actifs suivant le type d'activités :
cas de la Côte d'Ivoire
COTE D'IVOIRE : Echantillon de 1458 enfants
|
|
|
|
Type d'activités
|
Agricole
|
Economique
|
Domestique
|
Effectifs (des sous-populations)
|
1075
|
433
|
527
|
Proportion en % (par rapport à la population
totale)
|
73,73
|
29,70
|
36,15
|
Structure par âge (en années
révolues) et par sexe (en %)
|
|
|
|
10-14 ans
|
63,81
|
58,43
|
60,91
|
15-17 ans
|
36,19
|
41,57
|
39,09
|
Age moyen (JK)
|
13,30
|
13,58
|
13,49
|
Taux de masculinité
|
138,35
|
81,93
|
51,00
|
Religion (%)
|
|
|
|
Catholique
|
21,49
|
22,86
|
21,44
|
Protestant
|
21,12
|
20,32
|
24,29
|
Musulman
|
39,72
|
40,42
|
38,14
|
Animiste
|
14,60
|
13,39
|
13,09
|
Scolarité (%)
|
|
|
|
Proportion des enfants scolarisés les 12 derniers mois
|
53,40
|
50,35
|
46,49
|
Proportion d'enfants scolarisés ayant
régulièrement manqué les cours35
|
27,35
|
36,24
|
32,65
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Au Mali (Tableau 4), 89,88% des enfants
enquêtés sont actifs dans les activités agricoles.
Ils sont 49,26% à être actifs dans les activités
domestiques, et seulement 19,43% dans les
35 Sur les 12 derniers mois.
activités économiques. Invariablement du type
d'activités, les 10-14 ans sont majoritaires : près de 56% pour
les activités économiques et autours de 65% pour les
activités agricoles et domestiques. S'agissant de la répartition
par sexe, il faut noter une prépondérance des garçons
(plus de 180 garçons pour 100 filles) dans le secteur agricole. Cette
domination est également de mise, quoique relativement moins
marquée, dans les activités économiques (103
garçons pour 100 filles) et domestiques (105 garçons pour 100
filles).
Tableau 4 :
Caractéristiques des enfants actifs suivant le type d'activités :
cas du Mali
MALI : Echantillon de 741 enfants
|
|
|
|
Type d'activités
|
Agricole
|
Economique
|
Domestique
|
Effectifs (des sous-populations)
|
666
|
144
|
365
|
Proportion en % (par rapport à la population
totale)
|
89,88
|
19,43
|
49,26
|
Structure par âge (en années
révolues) et par sexe (en %)
|
|
|
|
10-14 ans
|
66,22
|
55,56
|
63,56
|
15-17 ans
|
33,78
|
44,44
|
36,44
|
Age moyen (JK)
|
13,36
|
14,13
|
13,60
|
Taux de masculinité
|
181,01
|
102,81
|
105,05
|
Religion (en %)
|
|
|
|
Catholique
|
1,05
|
0,69
|
1,10
|
Protestant
|
2,40
|
1,39
|
1,92
|
Musulman
|
92,64
|
94,44
|
93,42
|
Animiste
|
3,90
|
3,47
|
3,56
|
Scolarité (%)
|
|
|
|
Proportion des enfants scolarisés les 12 derniers mois
|
48,80
|
45,83
|
45,48
|
Proportion d'enfants scolarisés ayant
régulièrement manqué les cours
|
13,85
|
21,21
|
12,65
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Les musulmans sont ultra majoritaires (plus de 90%) dans cette
population enfantine active. Ils sont suivis des protestants, et plus
généralement par les confessions chrétiennes. Par
ailleurs, une proportion modeste de ces actifs mineurs a été
scolarisé durant les 12 derniers mois ayant précédé
l'enquête. Ils sont 48,83% dans le secteur économique, 48,80% dans
le secteur agricole et 48,48% dans celui des activités domestiques.
Enfin, il faut noter qu'un peu plus de 10% de ces enfants actifs dans les
activités agricoles et / ou domestiques, et ayant été
récemment scolarisés, a régulièrement manqué
les cours au cours de ces 12 derniers mois. Ils sont 21,21% à être
dans la même situation, dans le secteur des activités
économiques.
Synthèse sur les types d'activités :
comparaisons inter-pays
L'écrasante majorité des enfants âgés
entre 10 et 17 ans sont actifs dans l'un et / ou l'autre des secteurs
précités.
Ce taux de participation (relativement à l'ensemble de
la population) de la population enfantine aux activités est moins
élevé en Côte d'Ivoire (73,73%), comparativement au Burkina
Faso (96,80%) et au Mali (94,87%). Par ailleurs, dans les trois (03) pays
faisant l'objet de l'étude, la population enfantine active est surtout
présente dans le secteur agricole (Graphique 9 en
annexe). Ce secteur est suivi par celui des activités domestiques, les
activités économiques autres qu'agricoles venant en
dernière position.
Cependant, quelques disparités demeurent. En effet, la
proportion d'enfants participant aux activités économiques en
Côte d'Ivoire est 1,5 fois plus élevée que celle du Mali
(29,70% contre 19,43%) et représente le double de celle du Burkina Faso
(15,99%). Par ailleurs, la participation aux activités agricoles est
très élevée au Burkina Faso (92,49%). Ce pays est suivi
par le Mali (89,88%), la Côte d'Ivoire venant en troisième
position (73,73%).
Les tests de proportions de Marascuilo sous-tendent ces
observations et apportent certaines précisions. Les proportions
d'enfants travaillant dans le secteur agricole sont significativement
différentes de celles des enfants n'y travaillant pas dans les trois
(03) pays. Il en est de même dans le secteur des activités
économiques. Toutefois, au niveau des activités domestiques, les
proportions d'enfants actifs ne sont pas significativement différentes
de celles des enfants non actifs au Mali, mais le sont pour le cas du Burkina
Faso et de la Côte d'Ivoire.
Par ailleurs, une analyse inter-pays fait ressortir les
différences constatées auparavant. Les tests
d'indépendance font état (seuil d'erreur de 5%) d'une influence
du pays de provenance sur l'intensité de la participation des enfants au
travail en général, et plus spécifiquement dans les
secteurs agricole et économique. Ce lien est aussi de mise dans le
secteur domestique, mais son intensité y est relativement faible (V de
Cramer égale à 0,1096).
Les tests de proportions expliquent ces nuances. Dans le
secteur agricole, les proportions d'enfants actifs (respectivement non actifs)
sont significativement égales entre le Burkina Faso et le Mali. Il en
est de même pour le secteur des activités économiques. Pour
ces deux secteurs, les proportions d'enfants actifs (respectivement non actifs)
sont significativement différentes entre le Burkina Faso et la
Côte d'Ivoire, et entre le Mali et la Cote d'Ivoire. S'agissant du
travail domestique, le test fait état d'une différence de
proportions des enfants actifs (respectivement non actifs) entre le Burkina
Faso et la Côte d'Ivoire, et entre la Côte d'Ivoire et le Mali.
Toutefois, entre le Burkina Faso et le Mali, seules les
proportions des enfants travaillant dans ce secteur sont semblables, les
proportions d'enfants n'y travaillant pas étant significativement
égales (à 95%).
II.1.3 La nature des tâches effectuées dans
les secteurs agricoles et domestiques36
Les activités économiques effectuées par
les enfants font ressortir différentes tâches (Tableau
5). Les tâches les plus couramment effectuées
dans ce secteur d'activités sont relatives à la recherche de
fagots de bois (61,74% des enfants burkinabés, 60,56% des enfants
ivoiriens et 45,14% des enfants maliens)37, aux
aides non rémunérées dans un commerce familial de tout
genre (53,91% des enfants burkinabés, 49,53% des enfants ivoiriens et
30,56% des enfants maliens) et à la gestion de toute sorte d'affaires
(40,28% des enfants maliens 24,35% des enfants burkinabés et 15,26% des
enfants ivoiriens).
Comme le montre le Graphique 10 en annexe, les
ouvriers domestiques sont exclusivement de
sexe féminin au Burkina Faso, et largement majoritaires
en Côte d'Ivoire (87,50%) et au Mali(52,63%). Plus
généralement, les filles sont majoritaires sur la plupart des
tâches répertoriées.
Le test de proportions de Marascuilo fait ressortir de
manière générale, dans chaque pays, une différence
du point de vue de la nature des tâches effectuées (variable
composite) entre les proportions de filles et de garçons.
Tableau 5 : Part (en %) des
différentes tâches effectuées par les enfants actifs dans
les activités économiques
autres qu'agricoles et domestiques
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Activités économiques autres qu'agricoles
|
|
|
|
Gérer ou faire n'importe quel genre d'affaires
|
24,35
|
15,26
|
40,28
|
Faire n'importe quel travail pour une
rémunération
|
22,61
|
4,93
|
27,78
|
Faire n'importe quel travail en tant qu'ouvrier domestique
|
2,61
|
1,88
|
13,19
|
Aide non rémunérée dans un commerce familial
de tout genre
|
53,91
|
49,53
|
30,56
|
Faire tout travail de construction ou de grande
réparation
|
5,22
|
4,93
|
6,25
|
Pêcher du poisson, des crevettes, des crustacés ;
chasser
|
11,30
|
8,45
|
5,56
|
Chercher de l'eau ou du fagot pour l'usage du ménage
|
61,74
|
60,56
|
45,14
|
Produire tout autre bien pour l'usage du ménage
|
18,26
|
20,66
|
8,33
|
Travail domestique
|
|
|
|
Faire les achats pour le ménage
|
78,64
|
65,46
|
56,16
|
Réparer les équipements ménagers
|
21,69
|
8,16
|
18,63
|
Préparer de la nourriture
|
54,24
|
60,15
|
34,52
|
Nettoyer les ustensiles/la maison
|
75,25
|
81,02
|
56,99
|
Laver les vêtements
|
88,14
|
84,06
|
51,23
|
S'occuper des enfants, des personnes âgées ou des
malades
|
50,17
|
32,07
|
48,22
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. S'agissant du secteur
des activités domestiques, il faut dire que parmi les enfants y ayant
été actifs au cours des 12 derniers mois, 88,14% ont
affirmé avoir lavé les vêtements en Côte
36 Notons que les données
disponibles sont relatives aux seules activités économiques et
domestiques.
37 Il s'agit des enfants travaillant dans
ce secteur précis.
d'Ivoire. Ils sont, respectivement, 84,06% et 51,23% en
Côte d'Ivoire et au Mali. Ensuite, suivent les achats pour le compte du
ménage, qui ont été effectués par 78,64% des
burkinabés, 65,46% des enfants ivoiriens et 56,16% des enfants maliens
(Tableau 5).
S'agissant de la répartition selon le sexe
(Graphique 11 en annexe) dans ces différentes
tâches effectuées dans ce secteur, les femmes sont majoritairement
représentées, en général. Mais cette domination est
beaucoup plus accentuée pour les travaux de préparation de la
nourriture et de nettoyage des ustensiles, les garçons étant de
leur part, majoritaires, concernant des travaux de réparation
d'équipements électroménagers. Ici aussi, le test de
proportions de Marascuilo fait ressortir dans chacun de ces trois (03) pays,
une différence du point de vue de la nature des tâches
effectuées dans ce secteur (variable composite) entre les proportions de
filles et de garçons.
II.1.4 La rémunération dans les
différents secteurs d'activités
La proportion d'enfants rémunérés (en
nature ou en espèces) est très faible dans le secteur agricole au
Burkina Faso (14,24%), mais surtout en Côte d'Ivoire (5,30%) et au Mali
(4,82%) (Tableau 6). Par ailleurs, les
rémunérations annuelles moyennes sont nettement plus
élevées dans le secteur agricole dans ces deux (02) derniers pays
(plus de 35 000 F CFA), et constituent à peu près cinq (05) fois
celles du Burkina Faso. Ce dernier pays conjugue donc
rémunérations particulièrement faibles et proportions
relativement élevées d'enfants rémunérés.
Tableau 6 : Répartition
des enfants actifs suivant les caractéristiques de
rémunération (proportions en %)
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Secteur agricole
|
|
|
|
Proportion d'enfants rémunérés Moyenne
(JK)
|
14,24 7499,576
|
5,30 35171
|
4,82 36142,86
|
Ecart-type (JK)
|
1962,451
|
6396,601
|
12683,13
|
Intervalle de confiance (95%)
|
3571,30 11427,85
|
22316,55 48025,45
|
10119,23 62166,48
|
Secteur des activités
économique
|
|
|
|
Proportion d'enfants rémunérés
|
46,15
|
7,16
|
39,37
|
Moyenne (JK)
|
24623,17
|
49133
|
21521,59
|
Ecart-type (JK)
|
6245,45
|
12667,69
|
5882,27
|
Intervalle de confiance (95%)
|
12000,65 37245,69
|
22988,16 75277,84
|
9658,857 33384,33
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Concernant le secteur
des activités économiques, c'est en Côte d'Ivoire que la
part des enfants rémunérés est la plus faible (7,16%).
Ce pourcentage est nettement plus élevé au Mali et au Burkina
Faso puisque dans ces pays, c'est respectivement plus du tiers (39,37%) et
près de la
moitié (46,15%) des enfants actifs dans le secteur qui
sont rémunérés. La corrélation négative qui
semble prévaloir entre le niveau de rémunération et le
pourcentage d'enfants rémunérés est également
confirmée dans ce secteur. En effet, la rémunération
moyenne des enfants ivoiriens constituent près du double de celle des
enfants burkinabés et maliens.
Le test de proportions de Marascuilo renseigne sur la
spécificité de chacun des trois (03) pays relativement aux
proportions d'enfants rémunérés. En effet, il montre que
les proportions d'enfants rémunérés et celle des enfants
non rémunérés sont significativement différentes
dans les trois (03) pays.
Par ailleurs, les proportions d'enfants
rémunérés dans le secteur agricole sont différentes
dans ces trois (03) pays pris deux à deux. Il en est de même pour
les enfants non rémunérés dans ce même secteur, sauf
entre le Burkina Faso et le Mali. S'agissant du secteur d'activités
économiques, ce test montre qu'au Mali et en Côte d'Ivoire,
contrairement au Burkina Faso, les proportions d'enfants
rémunérés et non rémunérés sont
significativement différentes. Par ailleurs, les proportions d'enfants
rémunérés dans le secteur économique ne sont
différentes qu'entre le Mali et la Côte d'Ivoire. Par contre,
celles des enfants non rémunérés dans ce même
secteur sont différentes entre le Mali et la Côte d'Ivoire d'une
part, et entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire d'autre part.
II.1.5 Travail et scolarisation
Comme vu plus haut, une écrasante majorité des
enfants peut être considérée comme active, dans les trois
(03) pays. Toutefois, la plupart d'entre eux travaille en méme temps
qu'elle est scolarisée (Tableau 7). Aussi, du point de
vue des caractéristiques de travail et d'éducation, quatre (04)
catégories d'enfants se dégagent :
(i) les enfants actifs et récemment (ou toujours)
scolarisés ;
(ii) les enfants actifs et non scolarisés ;
(iii) les enfants non actifs et récemment (ou
toujours) scolarisés ;
(iv) et les enfants non actifs et
déscolarisés.
Les observations suivantes peuvent être faites sur ces
groupes identifiés :
[1] Les enfants actifs et scolarisés ou non constituent
l'écrasante majorité de la population enfantine dans ces trois
(03) pays : Ils sont plus de 90% au Burkina et au Mali et près de 85% en
Côte d'Ivoire. S'agissant de la première catégorie, le
Burkina Faso vient en tête (56,61%), suivi par le Mali (45,87%) et la
Côte d'Ivoire (45,54%). Dans la seconde catégorie, c'est le Mali
qui présente la plus grande part (49,26%) ; ensuite suivent le Burkina
Faso (40,19%) et
la Côte d'Ivoire (38,68%). Des tests de proportions
révèlent que les proportions d'enfants actifs et
scolarisés et celles d'enfants actifs et non scolarisés ne sont
pas significativement différentes au Mali. Elles le sont, par contre, au
Burkina Faso et en Côte d'Ivoire.
Tableau 7 : Répartition de
la population enfantine selon les comportements de travail et de
scolarisation
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Enfants actifs et récemment
scolarisés
|
|
|
|
Effectifs relatifs (%)
|
56,61
|
45,54
|
45,87
|
Age moyen (JK)
|
13,04
|
12,82
|
13,24
|
10-14 ans
|
68,30
|
74,25
|
69,32
|
15-17 ans
|
31,70
|
25,75
|
30,68
|
Garçons
|
58,97
|
59,34
|
66,67
|
Filles
|
41,03
|
40,66
|
33,33
|
Enfants actifs et non scolarisés
|
|
|
|
Effectifs relatifs (%)
|
40,19
|
38,68
|
49,26
|
Age moyen (JK)
|
13,78
|
13,97
|
13,45
|
10-14 ans
|
54,67
|
50,18
|
63,74
|
15-17 ans
|
45,33
|
49,82
|
36,26
|
Garçons
|
53,63
|
49,82
|
57,69
|
Filles
|
46,37
|
50,18
|
42,31
|
Enfants non actifs et récemment
scolarisés
|
|
|
|
Effectifs relatifs (%)
|
2,09
|
13,72
|
2,17
|
Age moyen (JK)
|
11,60
|
12,09
|
13,06
|
10-14 ans
|
93,33
|
82,50
|
75,00
|
15-17 ans
|
6,67
|
17,50
|
25,00
|
Garçons
|
33,33
|
63,50
|
37,50
|
Filles
|
66,67
|
36,50
|
62,50
|
Enfants non actifs non scolarisés
|
|
|
|
Effectifs relatifs (%)
|
1,11
|
2,06
|
2,70
|
Age moyen (JK)
|
11,87
|
13,40
|
11,60
|
10-14 ans
|
87,50
|
60,00
|
95,00
|
15-17 ans
|
12,50
|
40,00
|
5,00
|
Garçons
|
50,00
|
53,33
|
25,00
|
Filles
|
50,00
|
46,67
|
75,00
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. D'un point de vue
sectoriel, il faut dire que les résultats du test
précédent sont valables pour les activités agricoles.
Toutefois, dans le secteur d'activités économiques et
domestiques, des différences apparaissent. En effet, dans ces deux
(02) secteurs précités, les proportions d'enfants actifs et
scolarisés et celles d'enfants actifs et non scolarisés ne sont
pas significativement différentes dans les trois (03) pays. Par
ailleurs, dans le groupe des enfants actifs et scolarisés, les
proportions sont significativement égales entre le Mali et le
Burkina Faso, mais différentes entre le Burkina Faso et la Cote
d'Ivoire, et entre le Mali et la Côte
d'Ivoire. Enfin, chez les enfants actifs mais non
scolarisés, ces proportions sont différentes entre les trois (03)
pays, pris deux à deux.
[2] Quant aux enfants non actifs, ils constituent une
minorité. Parmi eux, ceux qui sont scolarisés sont plus nombreux
que ceux qui ne le sont pas, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire. En
effet, 2,09% (respectivement 13,72%) des enfants non actifs sont
scolarisés au Burkina Faso (en Côte d'Ivoire) alors que 1,11%
(respectivement 2,06%) ne sont pas scolarisés, dans ces deux pays
respectifs. Au Mali, c'est plutôt les enfants non actifs non
scolarisés (2,70%) qui l'emportent en effectif, sur ceux non actifs mais
scolarisés (2,17%). Il est à noter la relative grande part du
groupe des enfants non actifs mais scolarisés en Côte d'Ivoire
(13,72%) alors qu'ils ne sont que 2,17% au Mali et 2,09% au Burkina Faso.
Plus généralement, les enfants actifs et
scolarisés sont bien plus nombreux au Burkina Faso et en Côte
d'Ivoire que ceux travaillant et n'allant pas à l'école. Ce
rapport s'inverse dans le cas du Mali, où le nombre d'enfants actifs
n'allant pas à l'école (49,26%) dépassent celui de ceux
qui travaillent, mais fréquentent aussi une école (45,87%). Cette
classification s'observe également à l'intérieur de chacun
des secteurs d'activités considérés comme le montre le
Tableau 29 en annexe. Le test d'indépendance du
Chi-deux renforce ces spécificités pré notées. En
effet, avec une p-value nulle, ce test permet de rejeter l'hypothèse
d'indépendance (au seuil d'erreur de 5%). La classe d'appartenance des
enfants, du point de vue de l'état de travail et de scolarisation, est
donc liée au pays considéré comme le confirme le test de
proportions de Marascuilo (toutes les proportions sont significativement
différentes).
II.2 Influences des caractéristiques du
ménage et des parents sur le travail des enfants
Dans un premier temps, une analyse comparative globale sera
menée entre le groupe des enfants actifs et celui des non actifs. Cette
analyse, malgré son importance est, insuffisante et risque d'être
parcellaire. En effet, il est à noter la faible proportion d'enfants non
actifs dans la population étudiée. Aussi, sera-t-il
intéressant dans la suite, de s'intéresser à la sous
population des enfants actifs en y menant les mêmes niveaux
d'analyses.
II.2.1 Analyse comparative de l'influence des
caractéristiques du chef de ménage
Les caractéristiques des chefs de ménages ne sont
pas les mêmes relativement aux groupes des enfants actifs et non
actifs (Tableau 8). En effet, au Burkina Faso, le taux
d'alphabétisation est relativement plus important chez les chefs de
ménages faisant travailler leurs enfants,
comparativement à ceux ne faisant pas travailler leurs
enfants. La situation inverse s'observe toutefois en Côte d'Ivoire et au
Mali, où le taux d'alphabétisation est comparativement plus
élevé dans la sous population des chefs des ménages dans
lesquels des enfants travaillent. De plus, le rapport de masculinité des
chefs des ménages comptant des enfants travailleurs, est relativement
plus élevé en Côte d'Ivoire (84,12%), que celui des chefs
des ménages ne comptant pas d'enfants travailleurs. La situation inverse
est observée au Burkina et au Mali.
Tableau 8 : Tableau comparatif
des caractéristiques sociodémographiques des chefs de
ménages selon qu'ils fassent travailler leur(s) enfant(s) ou pas
(proportions en %)
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
|
Mali
|
|
CMEA
|
CMSEA
|
CMEA
|
CMSEA
|
CMEA
|
CMSEA
|
Age (moyen)
|
48,39
|
41,91
|
48,76
|
49,53
|
49,35
|
48,68
|
Proportion de Chefs de ménage Homme1
|
82,90
|
82,61
|
84,12
|
90,91
|
93,17
|
76,32
|
Religion (%)
|
|
|
|
|
|
|
Catholique
|
23,85
|
21,74
|
21,82
|
33,33
|
0,85
|
0
|
Protestant
|
6,03
|
4,35
|
18,85
|
18,18
|
1,71
|
0
|
Musulman
|
58,33
|
60,87
|
37,35
|
28,28
|
93,46
|
100,00
|
Animiste
|
11,64
|
13,04
|
18,85
|
17,17
|
3,98
|
0
|
Situation matrimoniale (%)
|
|
|
|
|
|
|
Marié Monogame
|
46,02
|
52,38
|
69,13
|
70,10
|
54,50
|
57,14
|
Marié Polygame
|
44,88
|
42,86
|
11,91
|
13,40
|
44,25
|
42,86
|
Célibataire ou jamais marié
|
1,30
|
0
|
3,25
|
3,09
|
0,31
|
0
|
veuf/ veuve
|
6,50
|
0
|
9,03
|
5,15
|
0,93
|
0
|
Niveau d'alphabétisation (%)
|
|
|
|
|
|
|
Proportion de Chef de ménage
alphabétisé1
|
23,30
|
14,29
|
38,81
|
54,64
|
21,58
|
35,71
|
Niveau d'instruction (%)
|
|
|
|
|
|
|
Aucun
|
79,51
|
90,48
|
59,75
|
46,39
|
81,21
|
64,29
|
Préscolaire
|
1,48
|
0
|
19,68
|
20,62
|
1,24
|
7,14
|
Primaire
|
8,20
|
9,52
|
13,00
|
25,77
|
10,71
|
17,86
|
Secondaire
|
2,30
|
0
|
0,54
|
1,03
|
4,19
|
3,57
|
Supérieur
|
0,49
|
0
|
5,05
|
1,03
|
0,16
|
0
|
*CMEA : Chefs de ménage avec enfant(s) actif(s) ;
CMENA : Chefs de ménage sans enfant(s) actif(s). (1) : Les
proportions sont significativement différentes dans chaque pays au seuil
de 5%.
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
II.2.2 Analyse comparative de l'influence des
caractéristiques du ménage
Les ménages sans enfants actifs ont, en moyenne, un
revenu plus élevé que ceux comptant un enfant actif (Tableau
9). Le gap est surtout très frappant en Côte
d'Ivoire où les ménages ne comptant aucun enfant travailleur
totalisent un revenu annuel moyen de plus de deux (02)
millions de francs CFA38. Ce constat est le
méme lorsqu'on s'intéresse à la pauvreté dans son
aspect multidimensionnel en allant au-delà de sa seule composante
monétaire. En effet, les ménages où l'on compte des
enfants travailleurs, sont en général plus pauvres que ceux ne
comptant pas d'enfants actifs, méme si le Mali fait figure d'exception
avec un écart non significatif (à 5%) selon les résultats
du test de proportions. Ce résultat pourrait permettre de comprendre
pourquoi la pauvreté peut être un facteur favorisant le travail
des enfants. Par ailleurs, dans les trois (03) pays considérés,
les ménages avec enfants actifs sont en général bien plus
peuplés que ceux où l'on ne dénombre pas d'enfants
actifs.
Tableau 9 : Tableau comparatif
des caractéristiques des ménages selon qu'ils fassent travailler
leur(s) enfant(s) ou pas
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
|
MEA
|
MSEA
|
MEA
|
MSEA
|
MEA
|
MSEA
|
Revenu global annuel moyen (en F CFA)
|
452524
|
465434
|
883260
|
2179637
|
792430
|
825032
|
Ecart-type (JK)
|
23537,74
|
152873
|
97123,4
|
609348,9
|
31656,72
|
119635,6
|
Taille moyenne (des ménages)
|
8,68**
|
7,04**
|
8,42
|
8,19
|
7,86
|
7,65
|
Ecart-type (JK)
|
0,175
|
0,718
|
0,168
|
0,385
|
0,115
|
0,381
|
Type de logement (%)
|
|
|
|
|
|
|
Villa moderne
|
1,15
|
4,35
|
5,76
|
16,16
|
0,57
|
0
|
Maison simple
|
16,52
|
17,39
|
56,37
|
56,57
|
22,19
|
7,89
|
Maison en bande
|
6,03
|
4,35
|
7,85
|
6,06
|
1,28
|
0
|
Cour commune
|
4,17
|
0
|
10,82
|
8,08
|
3,56
|
5,26
|
Case/Maison en banco/Baraque
|
70,79
|
73,92
|
17,62
|
11,11
|
71,27
|
86,84
|
Autres
|
1,44
|
0
|
1,57
|
2,02
|
1,13
|
0
|
Niveau moyen de privation
|
0,30937**
|
0,27140**
|
0,38349**
|
0,35897**
|
0,28354
|
0,27239
|
*MEA : Ménage avec enfant(s) actif(s) ; MSEA
: Ménage sans enfant(s) actif(s). **Ecart significatif au seuil de 5%
entre les MEA et les MSEA.
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Dans la suite de ce chapitre, les analyses seront faites
à l'intérieur de la sous population des enfants
actifs39.
II.2.3 Niveau de pauvreté des parents et prévalence
du travail des enfants
Le niveau de pauvreté semble impacter plus ou moins
faiblement la prévalence du travail des enfants au niveau des trois
(03) secteurs faisant l'objet des analyses (Tableau 30 en
annexe). Ce dernier tableau révèle une stabilité plus
ou moins manifeste du lien prévalant entre niveau de
38 Notons tout de même que les
comparaisons effectuées souffrent de la non prise en compte des
parités de pouvoir d'achat.
39 Justification dans le préambule
de ce chapitre.
pauvreté ou de privation et prévalence du
travail des enfants. En effet, les ménages des enfants actifs semblent
généralement plus pauvres (indice privatif plus
élevé) que ceux des enfants ne travaillant pas (Graphique 13
en annexe et Tableau 10). Aussi, au Mali, l'indice moyen
de privation des ménages maliens est plus élevé chez les
enfants actifs (0,2835387), comparativement aux ménages des enfants non
actifs (0,2723985). Au Burkina Faso (respectivement en Côte d'Ivoire),
les ménages des enfants actifs sont aussi globalement plus pauvres
(indice moyen de privation de 0, 3093701 pour le Burkina Faso ; 0,3771763 pour
la Côte d'Ivoire) que ceux des enfants non actifs (indice moyen de
privation 0,2714003 pour le Burkina Faso ; 0,3609773pour la Côte
d'Ivoire). La pauvreté semble ainsi influencer à la hausse la
prévalence du travail des enfants dans ces trois (03) pays. Toutefois,
des contradictions demeurent. Les évolutions mitigées qui
sous-tendent ces contradictions se retrouvent, en outre, sur le Graphique
13 en annexe qui traduit l'évolution globale du travail des enfants
en fonction du niveau de pauvreté de leurs parents.
Tableau 10 : Prévalence du
travail des enfants actifs selon le niveau de pauvreté privative des
ménages
(proportions en %)
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Niveau de pauvreté
|
|
|
|
Faible niveau de privation
Niveau moyennement faible de privation
Niveau moyennement fort de privation Ebl
Fort niveau de privation Ebl
|
96,13 95,54 95,51 98,71
|
82,60 83,97 86,22 83,58
|
93,53 96,49 94,19 95,29
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Ces nombreuses contradictions expliquent les résultats
des tests d'indépendance de Fisher qui permettent de réfuter
l'idée d'une indépendance entre le niveau de privation des
ménages et la propension des enfants à travailler dans les trois
(03) pays étudiés.
II.2.4 Influence du niveau d'instruction du chef de ménage
sur le travail des enfants
Dans les trois (03) pays, la prévalence du travail des
enfants ne semble pas liée au niveau d'instruction des parents de
ceux-ci (Tableau 11) (test de d'indépendance de Fisher
au seuil de significativité de 95%). En effet, quel que soit le niveau
d'instruction du chef de ménage, cette prévalence reste
généralement élevée, et ceci, dans tous les types
d'activités considérés (Graphique 14 et
Graphique 12 en annexe). Aussi, contrairement à ce que
l'on aurait pu soupçonner, il n'y a pas de relation significative
négative entre le niveau d'instruction du chef de ménage et la
prévalence du travail des enfants. En effet, au Burkina Faso, le travail
des enfants est par exemple, plus présent dans les ménages dont
le chef a atteint le niveau
secondaire, comparativement au niveau primaire dans les trois
(03) secteurs d'activité. C'est aussi le cas, au Mali où la
prévalence du travail des enfants est plus élevée dans les
ménages dont les chefs ont atteint le niveau supérieur,
comparativement à ceux n'ayant effectué que le préscolaire
ou méme n'ayant aucun niveau d'instruction, quel que soit le secteur
considéré. La méme remarque peut être faite pour la
Côte d'Ivoire. En effet, la prévalence du travail des enfants est
plus élevée dans les ménages dont les chefs ont atteint le
niveau supérieure, comparativement à ceux n'ayant effectué
que le préscolaire ou méme n'ayant aucun niveau d'instruction,
ceci étant valable pour les trois (03) secteurs.
Tableau 11 : Prévalence du
travail des enfants actifs selon le secteur d'activités et le niveau
d'instruction du chef de ménage (proportions en %)
Pays Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Activités agricoles (en %)
|
|
|
|
Aucun niveau
|
93,53
|
78,68
|
91,11
|
Préscolaire
|
80,00
|
77,66
|
76,92
|
Primaire
|
91,80
|
55,17
|
86,21
|
Secondaire
|
96,00
|
72,73
|
85,71
|
Ecole professionnelle
|
100,00
|
36,17
|
0,00
|
Supérieur
|
66,67
|
86,67
|
100,00
|
Activités économiques autres qu'agricoles
(en %)
|
|
|
|
Aucun niveau
|
14,75
|
29,90
|
17,95
|
Préscolaire
|
20,00
|
28,57
|
15,38
|
Primaire
|
14,75
|
31,47
|
28,74
|
Secondaire
|
32,00
|
0,00
|
22,86
|
Ecole professionnelle
|
50,00
|
34,04
|
0,00
|
Supérieur
|
0,00
|
28,00
|
22,86
|
Activités domestiques (en %)
|
|
|
|
Aucun niveau
|
38,49
|
37,87
|
49,74
|
Préscolaire
|
60,00
|
36,63
|
46,15
|
Primaire
|
37,70
|
28,88
|
48,28
|
Secondaire
|
48,00
|
18,18
|
48,57
|
Ecole professionnelle
|
50,00
|
29,79
|
0,00
|
Supérieur
|
66,67
|
42,67
|
100,00
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Les mêmes conclusions transparaissent dans le cadre
d'une analyse globale de la relation liant le travail des enfants et niveau
d'instruction du chef de ménage. Les tests exacts de Fisher permettent,
en outre, de rejeter (avec une significativité à 95%) pour les
trois (03) pays, l'hypothèse d'indépendance entre travail des
enfants et niveau d'instruction du chef de ménage dans chacun des
secteurs étudiés (Tableau 31 en annexe).
Chapitre III : Typologie du travail des enfants:
Intensité, âges de début, pénibilité et
formes du travail des enfants
L'objet de ce chapitre est de dresser une typologie
"qualitative" du phénomène du travail des enfants dans les trois
(03) pays. Les critères essentiels sont relatifs à la
conformité par rapport aux normes internationales telles que
définies par l'OIT : l'âge, les horaires de travail, la
dangerosité des tâches effectuées, etc. Par ailleurs, un
intérêt particulier sera accordé aux conditions dans
lesquelles travaillent ces enfants du point de vue de la
pénibilité au travail. Tout ceci permettra de procéder, in
fine, à une classification des enfants travailleurs en mettant en
exergue, en général, l'ampleur du travail non-conforme aux normes
de l'OIT et plus spécifiquement, celle des travaux non légers
ainsi que des pires formes de travail.
III.1 Intensité des activités40
Dans le secteur agricole (Tableau 12), le
temps d'occupation des enfants actifs en une journée tourne, en moyenne,
autours de 6 heures pour le Burkina Faso et le Mali. Ce temps, est en revanche,
d'environ 5 heures en Côte d'Ivoire. Les enfants travaillent en moyenne
moins longtemps en Côte d'Ivoire, relativement aux deux autres pays.
S'agissant de la durée hebdomadaire, les
différences apparaissent plus fondamentales. En effet, alors que les
enfants ivoiriens déclarent avoir travaillé, en moyenne, pendant
près de 14 heures par semaine, ceux du Burkina Faso et du Mali ont
déclaré respectivement, 30,11 heures et 35,21 heures comme
durée moyenne hebdomadaire de travail dans le secteur, soit, plus du
double du temps ouvré par les enfants ivoiriens.
Tableau 12 :
Caractéristiques des enfants actifs : les horaires de travail dans les
activités agricoles
|
Burkina Faso Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Nombre d'heures consacré aux travaux agricoles
dans une journée
|
|
Moyenne
|
6,043919
|
5,150875
|
6,427245
|
Ecart-type (JN)
|
0,1472171
|
0,083457
|
0,1012098
|
Intervalle de confiance
|
5,754787 6,333051
|
4,987109 5,31464
|
6,228504 6,625985
|
Nombre d'heures consacré aux travaux agricoles
durant les 7 derniers jours
|
|
Moyenne
|
30,11962
|
13,41399
|
35,21903
|
Ecart-type (JN)
|
0,7357832
|
0,5309804
|
0,9963085
|
Intervalle de confiance
|
28,67472 31,56452
|
12,37152 14,45646
|
33,26104 37,17701
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
40 Note : les estimations ci-dessus
proviennent du test de la moyenne de Jack Knife. Ces moyennes (temps de
travail, âge) sont significatives au seuil de 95%.
En fait, les durées hebdomadaires ne sont pas une
simple déduction (par sommation) du temps journalier de travail. En
effet, il apparait que tous les enfants ne travaillent pas forcément
pendant tous les jours de la semaine.
Dans le secteur des activités économiques
(Tableau 13), le temps journalier d'occupation des enfants
actifs est, en moyenne, de 3,4 heures pour la Côte d'Ivoire, près
de 5 heures pour le Burkina Faso et de 5,5 heures pour le Mali. Les enfants
maliens travaillent ainsi en moyenne, et par jour, plus longtemps, que ceux de
la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso.
S'agissant de la durée hebdomadaire, les
différences apparaissent plus fondamentales entre la Côte d'Ivoire
et le Mali d'une part, et le Burkina Faso, d'autre part. En effet, alors que
les enfants ivoiriens et maliens déclarent avoir travaillé, en
moyenne, pendant un peu plus de 11 heures la semaine, ceux du Burkina Faso et
du Mali ont déclaré 19,65 heures, soit, près du double du
temps ouvré par les enfants ivoiriens et maliens. Ici aussi, les
durées hebdomadaires apparaissent comme n'étant pas une simple
déduction du temps journalier de travail.
Tableau 13 :
Caractéristiques des enfants actifs : les horaires de travail dans les
activités économiques
Burkina Faso Côte d'Ivoire
Mali
Nombre d'heures consacré aux activités
économiques dans une journée
Moyenne
|
4,987179
|
3,407933
|
5,468085
|
Ecart-type (JN)
|
0,3715185
|
0,1428114
|
0,3804598
|
Intervalle de confiance
|
4,247392 5,726967
|
3,127147 3,688719
|
4,712567 6,223603
|
Nombre total d'heures consacré aux
activités économiques durant les 7 derniers jours
Moyenne
|
19,65476
|
11,46495
|
11,42857
|
Ecart-type (JN)
|
2,3796
|
0,7325451
|
1,437432
|
Intervalle de confiance
|
14,92183 24,38769
|
10,02486 12,90504
|
8,572862 14,28428
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Dans le secteur des activités domestiques
(Tableau 14), le temps d'occupation des enfants actifs en une
journée est, en moyenne, d'un peu plus de 4 heures pour le Burkina Faso
et la Côte d'Ivoire, mais de 5,14 heures pour le Mali. Les enfants
maliens travaillent en moyenne plus longtemps dans ce secteur, comparativement
aux enfants burkinabés et ivoiriens.
Concernant la durée hebdomadaire de travail, des
différences majeures apparaissent entre les trois (03) pays. En effet,
alors que les enfants burkinabés déclarent avoir
travaillé, en moyenne, pendant près de 14 heures la semaine, ceux
de la Côte d'Ivoire déclarent 18,61 heures en moyenne tandis que
les enfants maliens parlent d'une durée moyenne hebdomadaire
de 20,68 heures dans le secteur. Ici également, il
apparait que les durées hebdomadaires ne sont pas une simple
déduction du temps journalier de travail.
Tableau 14 :
Caractéristiques des enfants actifs : les horaires de travail dans les
activités domestiques
Burkina Faso Côte d'Ivoire
Mali
Nombre d'heures consacré aux travaux domestiques
dans une journée
Moyenne 4,111765 4,398707 5,148148
Ecart-type (JN) 0,2560023 0,101768 0,2577194
Intervalle de confiance 3,60639 4,617139 4,198696 4,598719
4,640745 5,655552
Nombre total d'heures consacré aux travaux
domestiques durant les 7 derniers jours
Moyenne 13,46377 18,61635 20,68065
Ecart-type (JN) 0,7713178 0,6446083 0,875988
Intervalle de confiance 11,94533 14,98221 17,34972 19,88298
18,95699 22,4043
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
III.2 Ages de début d'activité
Les enfants commencent à travailler à des
âges assez précoces, quel que soit le type d'activités
considéré. Mais des différences demeurent. Ces
différences sont liées non seulement au secteur
d'activités (Tableau 15), mais également au sexe
(Tableau 16).
Tableau 15 :
Caractéristiques des enfants actifs : âges de début de
travail selon les secteurs d'activités
Burkina Faso Côte d'Ivoire
Mali
Age en début des activités
agricoles
En
Moyenne 8,903678 8,348039 7,818339
Ecart-type (JK) 0,0903297 0,0787585 0,0839767
Intervalle de confiance 8,726258 9,081097 8,193492 8,502587
7,653402 7,983276
Age en début des activités
économique autres que l'agriculture
Moyenne 11,09574 9,37018 10,2
Ecart-type (JK) 0,2718673 0,1456227 0,2705455
Intervalle de confiance 10,55587 11,63562 9,083872 9,656488
9,663788 10,73621
Age en début des travaux domestiques
Moyenne
Ecart-type (JK)
Intervalle de confiance
|
7,970954 0,1384549 7,698212 8,243696
|
7,29918
0,0951663
7,112193 7,4861
|
68
|
6,908805 0,1004106 6,71125 7,10636
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. En effet, dans le
secteur agricole, les enfants commencent à travailler, en moyenne,
à partir de 8 ans au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, et
dès l'âge de 7 ans au Mali. Les différences (du point de
vue des ages de début d'activité) sont, comme dans le secteur
agricole, assez peu frappantes dans le cas des activités domestiques.
Dans ce secteur, les enfants commencent à travailler, en moyenne,
à partir de 7 ans (au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire) et de 6
ans au Mali. Les disparités sont un peu plus visibles dans le secteur
des activités économiques autres
que l'agriculture. En effet, dans ce secteur, c'est en moyenne
à partir de 9 ans que les enfants ivoiriens ayant déclaré
y être (ou avoir été) actifs, ont commencé à
travailler. Par contre, ceux du Mali (respectivement Burkina Faso) ont
commencé, en moyenne, à partir de 10 ans (respectivement 11 ans).
L'analyse transversale sectorielle (Tableau 15), du point de
vue de cette variable (âge de début), fait ressortir dans chaque
pays, une précocité dans le travail des enfants dans le domaine
des activités domestiques (autours de 7 ans en général, et
même 6 ans au Mali). Ensuite, suivent respectivement le secteur agricole
(en moyenne 8 ans) et le secteur des activités économiques autres
qu'agricoles (autours de 10 ans).
Les différences constatées entre types
d'activités ou entre pays, sont aussi relatives quelquefois au sexe de
l'enfant (Tableau 16). En effet, les âges de
début ne sont pas toujours les mêmes chez les filles et les
garçons. Les différences sont surtout frappantes au Burkina Faso,
dans les secteurs agricoles et domestiques au niveau desquels les filles
(respectivement les garçons) commencent plus tardivement à
travailler. Le cas du Mali où les filles travaillent en
général plus précocement que les garçons dans les
activités économiques et domestiques tandis que ce sont les
garçons qui commencent plus tôt dans le secteur agricole, peut
être aussi souligné.
Tableau 16 :
Caractéristiques des enfants actifs : les âges en début de
travail selon le sexe
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
|
Garçons Filles
|
Garçons Filles
|
Garçons Filles
|
Age en début des activités
agricoles
|
|
|
|
Moyenne Ecart-type (JN)
|
8,829912 9,013043
0,1179144 0,1407689
|
8,294416 8,421911
0,1025554 0,1231031
|
7,608466 8,215
0,0954837 0,1592269
|
P-value sous Ho (égalité)
|
0,3205
|
0,4245
|
0,0006
|
Age en début des activités
économique autres que l'agriculture
Moyenne
|
11,09091 11,09836
|
9,105882 9,575342
|
10,75926
|
9,660714
|
Ecart-type (JN)
|
0,5095461 0,3220563
|
0,2270444 0,1890855
|
0,4215997
|
0,334
|
P-value sous Ho (égalité)
|
0,9896
|
0,1099
|
0,0418
|
Age en début des travaux domestiques
Moyenne
|
8,589474 7,568493
|
7,322581 7,288288
|
7
|
6,824242
|
Ecart-type (JN)
|
0,2554515 0,1491744
|
0,1599329 0,1182462
|
0,1439102
|
0,1406702
|
P-value sous Ho (égalité)
|
0,0003
|
0,8670
|
0,3826
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
III.3 Problèmes physiques liés au travail
des enfants : les cas de blessures au travail
Dans le secteur agricole (Tableau 32 en
annexe), il y a eu au cours des 12 derniers mois moins d'enfants
blessés (44.14%) que d'enfants non blessés au Mali. C'est la
situation inverse qui
prévaut au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire
où les enfants ayant été blessés au cours de la
même période, comptent pour respectivement 51,28% et 53,58%.
S'agissant du secteur des activités économiques
(Tableau 32 en annexe), il y a eu au cours des 12 derniers
mois, dans les trois (03) pays, une minorité d'enfants ayant
été blessés. En effet, ils ne sont que 6,7% en Côte
d'Ivoire, 8,33% au Mali et 9,17% au Burkina Faso. Toutefois, le taux d'enfants
blessés est plus élevé au Burkina Faso (un enfant sur 10).
Ensuite suivent le Mali (8%) et la Côte d'Ivoire (7%).
Dans le secteur des activités domestiques
(Tableau 32 en annexe), la situation est similaire à
celui du secteur des activités économiques. Au cours des 12
derniers mois, les enfants ayant été blessés ne
représentaient que 3,56% de l'ensemble des enfants travaillant dans ce
secteur au Mali. Ils sont, respectivement, de 8,9% et de 14,99% au Burkina Faso
et en Côte d'Ivoire. Ils sont, en outre, relativement plus nombreux dans
ce dernier pays.
En guise de synthèse, il apparait que les blessures au
travail sont peu fréquentes dans les secteurs d'activités
économiques et domestiques au niveau des trois (03) pays d'étude.
Par contre, les cas de blessure sont assez courants dans le domaine agricole
où elles touchent, en général, un enfant sur deux.
III.4 Pénibilité : le port de lourdes
charges
L'analyse de la pénibilité au travail fait
ressortir trois (03) points essentiels (Graphique 15 en
annexe) :
· Globalement, une écrasante majorité
d'enfants actifs a déjà porté des charges lourdes dans les
trois (03) pays faisant l'objet de l'étude. La plus grande proportion
est dénombrée en Côte d'Ivoire (96,50%). Ce pays est suivi
par le Mali (91,18% des enfants actifs) et le Burkina Faso (89,51%).
· Au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, les
activités économiques sont celles pour lesquelles les enfants
sont beaucoup plus confrontés au port de lourdes charges, dans le
déroulement de leur travail. Ce secteur est suivi par celui des
activités agricoles et celui des activités domestiques.
· Au Mali, ce sont les activités agricoles qui
sont les plus pénibles, relativement à la lourdeur des charges
que les enfants peuvent être amenés à porter. En effet,
91,59% des enfants actifs ont déjà eu à porter de lourdes
charges. Ensuite viennent les travaux domestiques et les activités
économiques autres qu'agricoles.
Les tests d'indépendance révèlent une
influence du pays d'origine sur la propension des enfants à porter de
lourdes charges (p-value nulle à 95% de significativité). Les
différences de
proportions sont non significatives entre le Mali et le
Burkina Faso, et entre le Mali et la Côte d'Ivoire au sein de la
population des enfants actifs n'ayant jamais porté de lourdes charges.
Dans cette même population, elles sont significatives entre le Burkina
Faso et la Côte d'Ivoire. Par contre, concernant les enfants ayant
déjà porté de lourdes charges, les différences de
proportions sont significatives entre le Mali et la Côte d'Ivoire, et
entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire.
III.5 Activités dangereuses : le point sur le
secteur agricole
L'analyse des activités dangereuses (environnement,
outils et équipements, etc.), dans le monde du travail des enfants est
relative au seul secteur agricole. Ceci tient au fait que les enfants des
ménages agricoles sont surtout actifs dans ce secteur.
Cette analyse montre que dans les trois (03) pays
étudiés, une grande partie des enfants actifs ont
été confronté durant les 12 derniers mois, à des
travaux qui, de par leur nature ou leur type, se traduisent directement ou
indirectement par des effets dommageables pour leur sécurité,
leur santé et leur développement moral (Tableau 33
en annexe). Ce sont, en effet, 98,33% des enfants ivoiriens
travaillant dans l'agriculture qui ont été confronté
à ce type de travail. Au Burkina Faso et au Mali, ils
représentent respectivement 96,24% et 86,28% de l'ensemble des enfants
actifs. Notons que ce type d'activités touche en général
plus les garçons que les filles dans ces trois (03) pays (Graphique
5), l'écart le plus prononcé entre ces deux
groupes (de filles et de garçons) se remarquant au Mali (08 points
d'écart).
Graphique 5 : Activités
dangereuses : prévalence selon le sexe (proportions en %)
100
40
80
60
20
0
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
Garcons
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Les tests
d'indépendance révèlent une influence du pays d'origine
sur la propension des enfants à effectuer des activités
dangereuses (avec une significativité à 95%). Le V de
Cramer est de 0,2216. Les différences de proportions sont
significatives entre le Mali et le Burkina Faso, et entre le Mali et la
Côte d'Ivoire au sein de la population des enfants actifs ne
s'étant jamais livrés à ces formes d'activités.
Concernant les enfants ayant déjà effectués des travaux
dangereux, les différences de proportions ne sont
significatives qu'entre le Mali et la Côte d'Ivoire, et entre le Burkina
Faso et la Côte d'Ivoire.
III.6 Mesure des pires formes de travail des enfants
:
Dans cette catégorie des pires formes de travail des
enfants, seront concernés exclusivement les travaux forcés et
involontaires.
III.6.1 Caractéristiques des pires formes de
travail des enfants
L'analyse des pires formes de travail des enfants sera
effectuée relativement aux travaux forcés et obligatoires.
Ces formes de travail touchent une part relativement faible
de la population active enfantine (Tableau 17). Le
phénomène est beaucoup plus présent au Mali (21,19% des
enfants). Ensuite, suivent la Côte d'Ivoire (18,57%) et le Burkina Faso
(13,36%). Les garçons subissant les pires formes de travail sont, en
général, plus nombreux que les filles. L'écart relatif est
de 10 points au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, et d'environ 20 points
au Mali. De plus, ces formes de travail se retrouvent surtout dans le secteur
agricole, mais beaucoup plus hors des plantations de cacao (en Côte
d'Ivoire) et de Coton (au Burkina Faso et au Mali). En effet, au nombre des
enfants subissant ces formes de travail, 66,29% en ont été
victimes dans les autres activités agricoles au Burkina Faso. 50,66% des
enfants maliens subissant les pires formes de travail, en ont été
victimes dans ces activités autres qu'agricoles. Ils sont 54,51%
à l'avoir été en Côte d'Ivoire, relativement
à l'ensemble des enfants y ayant subi les pires formes de travail (dans
ces plantations hors cacao). Ensuite vient le secteur des activités
domestiques. En effet, c'est 54,61% des enfants maliens subissant les pires
formes de travail, qui en ont été victimes dans ce secteur. Ils
sont respectivement, 52,79% et 46,07% en Côte d'Ivoire et au Burkina
Faso.
Tableau 17 : Pires formes de
travail des enfants : prévalences globale et sectorielle (proportions en
%)
Population concernée : enfants actifs
|
|
|
|
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Ensemble
|
13,36
|
18,57
|
21,19
|
Structure par sexe
|
|
|
|
Garçons
|
54,26
|
50,21
|
59,09
|
Filles
|
45,74
|
49,79
|
40,91
|
Décomposition par types
d'activités
|
|
|
|
Activités agricoles de plantation (coton/cacao)
|
4,49
|
17,17
|
5,92
|
Autres activités agricoles
|
66,29
|
54,51
|
50,66
|
Activités économiques autres qu'agricoles
|
0,00
|
15,45
|
5,26
|
Travaux domestiques
|
46,07
|
52,79
|
54,61
|
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Les tests d'indépendance révèlent une
influence du pays d'origine sur le taux de participation aux pires formes de
travail. Cette liaison est d'assez faible intensité (avec un V de Cramer
de l'ordre de 0,1). Les différences de proportions ne sont, en outre,
significatives entre les trois (03) pays que pour les enfants contraints aux
pires formes de travail. Concernant les enfants non confrontés à
ces formes de travail, il faut noter que seules les proportions entre le
Burkina Faso et la Côte d'Ivoire, et entre le Mali et la Côte
d'Ivoire sont différentes.
III.6.2 Part des tâches effectuées par les
enfants soumis aux pires formes de travail
S'agissant des tâches concernées par les pires
formes de travail, les tâches agricoles (Tableau 18)
viennent en première position. Les enfants ont été, en
effet, majoritairement forcés à effectuer des travaux dans le
secteur agricole : le labour des champs de coton ou de cacao dans les trois
(03) pays (45,78% des enfants ivoiriens concernés par ces pires formes,
40,79% des enfants ivoiriens et 10,14% des enfants maliens), le transport de
seaux d'eau au Burkina Faso et au Mali et le transport d'eau en Côte
d'Ivoire (22,37%). En revanche, une proportion relativement faible des enfants
a été forcée à transporter des fagots ou troncs
d'arbres, à faire du semis dans les champs ou encore à couper du
bois. En Côte d'Ivoire, ces deux dernières tâches sont
même inexistantes et ne sont pas concernées, s'agissant des
travaux obligatoires ou forcés imposés aux enfants.
Tableau 18 : Pires formes de
travail des enfants : part des tâches effectuées (proportions en
%)
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Tâches
|
|
|
|
Forcés à abattre des arbres
|
0,00
|
|
0,68
|
Forcés à transporter des fagots/troncs
d'arbres
|
1,20
|
3,51
|
0,00
|
Forcés à transporter de l'eau
|
0,00
|
22,37
|
2,70
|
Forcés à transporter des seaux d'eau
|
15,66
|
|
4,73
|
Forcés à labourer le champ
|
45,78
|
40,79
|
10,14
|
Forcés à faire la récolte
|
0,00
|
|
2,03
|
Forcés à faire les semis
|
2,41
|
|
0,68
|
Forcés à couper du bois
|
4,82
|
|
0,00
|
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. III.6.3 Fréquences
d'exposition aux pires formes de travail
Concernant la fréquence d'exposition à ces
formes de travail (Tableau 19), il est à noter que la
majorité des enfants concernés par ces pires formes a
été exposée de 2 à 5 fois au cours des 12 derniers
mois. Ils sont en effet, 64,63% au Burkina Faso, 48,23% en Côte d'Ivoire
et 43,92% au Mali. Par ailleurs, ils sont respectivement 17,57%, 17,07% et
10,62% à avoir subi une fois, ces formes de travail au cours des 12
derniers mois. De plus, ceux d'entre ces enfants qui ont
subi de manière très régulière
(plus de 20 fois) ces formes de travail, sont relativement nombreux, surtout en
Côte d'Ivoire: 21,68% en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire, un peu
moins du double de la proportion des enfants maliens (11,49%) et
burkinabés (10,98%) vivant la même situation.
Tableau 19 : Pires formes de
travail des enfants : fréquences d'exposition (en %)
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Une fois
|
17,07
|
10,62
|
17,57
|
De 2 à 5 fois
|
64,63
|
48,23
|
43,92
|
De 6 à 20 fois
|
7,32
|
19,47
|
27,03
|
Plus de 20 fois
|
10,98
|
21,68
|
11,49
|
Activités agricoles
|
|
|
|
Une fois
|
15,58
|
9,71
|
18,57
|
De 2 à 5 fois
|
66,23
|
47,09
|
42,14
|
De 6 à 20 fois
|
6,49
|
20,39
|
27,86
|
Plus de 20 fois
|
11,69
|
22,82
|
11,43
|
Activités économiques autres
qu'agricoles
|
|
|
|
Une fois
|
23,08
|
7,53
|
9,09
|
De 2 à 5 fois
|
53,85
|
48,39
|
51,52
|
De 6 à 20 fois
|
7,69
|
24,73
|
24,24
|
Plus de 20 fois
|
15,38
|
19,35
|
15,15
|
Travail domestique
|
|
|
|
Une fois
|
24,39
|
6,09
|
16,18
|
De 2 à 5 fois
|
63,41
|
50,43
|
36,76
|
De 6 à 20 fois
|
2,44
|
20,87
|
32,35
|
Plus de 20 fois
|
9,76
|
22,61
|
14,71
|
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
III.7 Typologie des formes de travail
Au vue de l'analyse menée jusqu'alors, une
classification de la population des enfants actifs basée sur les
critères d'age, de pénibilité et d'intensité de
travail, conformément aux normes de l'OIT41, peut être
proposée. Le respect scrupuleux de l'ensemble des normes relatives
à ces critères permet de se rendre compte d'une
réalité bien cachée : la quasi-totalité des enfants
actifs des trois (03) pays de l'étude exercent leur activité
(pires formes compris) en violation des normes internationales telles que
définies par l'OIT (Graphique 16 en annexe et
Tableau 20). En effet, ils ne sont que 4,89% et 4,27% à
exercer un travail conforme à ces normes, respectivement en Côte
d'Ivoire et au Mali. La proportion est encore plus faible au Burkina Faso
où seulement 1,01% des enfants actifs effectuent ledit travail dans des
conditions respectueuses des normes internationales. Ce dernier pays est, en
outre, celui où le taux de
41 Se référer aux
définitions du travail acceptable et inacceptable dans le cadre
conceptuel de l'étude.
travail non-conforme aux normes internationales est le plus
élevé. Ces trois proportions sont différentes d'un pays
à l'autre (p-value nulle au seuil de 5%).
Tableau 20 : Répartition
des enfants actifs selon la conformité aux normes de l'OIT (proportions
en %)
Population concernée : enfants actifs
|
|
|
|
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Total enfants de 10 à 17 ans
|
719
|
1458
|
741
|
Conforme aux normes de l'OIT (effectifs /fréquences)
Non-conforme aux normes de l'OIT (effectifs / fréquence)
|
7 1,01
689 98,99
|
60 4,89
1 168 95,11
|
30 4,27
673 95,73
|
Structure par rapport au sexe des
non-conformes
|
|
|
|
Garçons Filles
|
57,18 42,82
|
55,57 44,43
|
63,15 36,85
|
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Le test de Fisher permet de conclure à un lien entre
le pays concerné et le taux de conformité aux normes de l'OIT. Il
fait ressortir l'existence de situations généralement
différentes entre ces trois (03) pays. Les résultats du test de
proportions suivant la procédure de Marascuilo confirment, par ailleurs,
des différences significatives de proportions entre ces trois (03) pays
au sein de la population enfantine travaillant suivant les normes de l'OIT.
Néanmoins, dans les populations d'enfants travaillant dans des
conditions violant les normes internationales, il y a une égalité
entre les proportions du Burkina Faso et du Mali, les différences de
proportions étant mise en évidence entre le Burkina Faso et la
Côte d'Ivoire d'une part, et entre le Mali et la Côte d'Ivoire
d'autre part. De plus, dans cette population travaillant en violation des
normes édictées par l'OIT, les enfants de sexe masculin sont
majoritaires (Graphique 17 en annexe).
Analyse sectorielle inter-pays
Une analyse sectorielle montre, par ailleurs, que tous les
secteurs étudiés sont touchés avec à peu
près la même ampleur par la non-conformité aux normes
(Tableau 21), dans les trois (03) pays d'étude.
Toutefois, il apparait que le Mali semble relativement moins touché par
cette non-conformité dans le secteur des activités agricoles. Les
enfants ivoiriens (92,84%) et maliens (94,44%) semblent également
relativement moins touchés par cette non-conformité dans le
secteur des activités économiques, comparativement aux enfants
burkinabés (98,26%). Enfin, le taux de non-conformité du travail
des enfants dans le secteur des activités domestiques est relativement
moins élevé (92,41%) que celui du Mali (94,79%) et du Burkina
Faso (98,98%). Les tests d'indépendance révèlent une
influence du pays d'origine sur le taux de participation au travail des enfants
dans les secteurs d'activités agricoles et domestiques. Cependant, ils
font conclure à une absence d'impact du pays concerné sur la
prévalence du
travail des enfants dans le secteur des activités
domestiques (p-value du test de Fisher égale à 0,077 avec un V de
Cramer de 0,0836).
Tableau 21 : Répartition
des enfants actifs selon le type d'activités et la conformité de
leur emploi (proportions en %)
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Enfants occupés dans le secteur
agricole
|
|
|
|
Proportion
|
92,49
|
73,73
|
89,88
|
Conformité
|
0,45
|
0,37
|
3,15
|
Non-conformité
|
99,55
|
99,63
|
96,85
|
Enfants occupés dans le secteur
économique autre qu'agricole
|
|
|
Proportion
|
15,99
|
29,70
|
19,43
|
Conformité
|
1,74
|
7,16
|
5,56
|
Non-conformité
|
98,26
|
92,84
|
94,44
|
Enfant occupés dans les activités
domestiques
|
|
|
|
Proportion
|
41,03
|
36,15
|
49,26
|
Conformité
|
1,02
|
7,59
|
5,21
|
Non-conformité
|
98,98
|
92,41
|
94,79
|
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Travail léger et travail non léger :
analyse comparative de conformité
Les résultats précédents montrent que
les horaires hebdomadaires peuvent parfois dépasser le seuil des 14
heures. En effet, 56% des enfants burkinabés s'adonnent à une
activité non légère. Ils sont, respectivement, 51% et 44%
au Mali et en Côte d'Ivoire (Tableau 22). Globalement,
il apparait que les mêmes proportions de non-conformité se
retrouvent chez les enfants travaillant plus de 14 heures par semaine. En
effet, c'est 98% de ces enfants qui pratiquent une activité violant les
normes de l'OIT. Ils sont 95% au Mali et 93% en Côte d'Ivoire. Par
ailleurs, un peu plus d'un enfant travailleur sur dix, dépassant ce
seuil hebdomadaire, est astreint aux pires formes de travail au Burkina Faso.
Au Mali et en Côte d'Ivoire, les proportions sont un peu plus
élevées (près de deux enfants sur dix).
Tableau 22 : Répartition
des enfants travailleurs selon la forme (légère ou non) et la
conformité (en %)
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Actifs au sens non léger (%)
|
56,15
|
43,96
|
51,42
|
Proportion non-conforme OIT
|
98,76
|
93,29
|
95,01
|
Proportion pires formes
|
13,18
|
19,97
|
18,37
|
Actifs au sens non léger par secteur
d'activités (%)
|
|
|
|
Activités agricoles Activités
économiques
|
52,51 8,94
|
36,69 13,79
|
46,83 12,28
|
Activités domestiques
|
41,20
|
36,15
|
49,26
|
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Chapitre IV : Analyse de l'influence des
caractéristiques de l'enfant et du ménage sur la propension de
travail de l'enfant
L'objet de ce chapitre est de déterminer les facteurs
explicatifs du travail des enfants. Les estimations
économétriques permettront de rechercher les déterminants
du travail « non léger », mais aussi les probabilités
de choix de participation des enfants aux différentes activités.
Par ailleurs, les facteurs explicatifs des pires formes de travail des enfants
seront identifiés. Une hypothèse de travail sera, en outre,
retenue afin de se conformer aux objectifs tels que définis par
l'étude : «seront considérés comme enfants
travailleurs, les enfants ayant effectivement été actifs, en
moyenne, pendant au moins quatorze (14) heures par
semaine»42.
IV.1 Les déterminants de la participation des
enfants au travail
Il est à noter que si les analyses faites
précédemment visaient à faire l'état des lieux du
phénomène du travail des enfants en n'occultant aucun aspect,
cette partie de l'étude vise surtout à trouver les facteurs
explicatifs du phénomène du travail non léger, beaucoup
plus sujet à débats43.
L'objectif est d'apprécier le poids des indicateurs du
travail des enfants, notamment le rôle joué par la pauvreté
des ménages où le niveau d'instruction des parents. Aussi, il
s'agira de savoir si la pauvreté des ménages, mesurée en
termes de privations (pauvreté multidimensionnelle) est, comme le
sous-tendent Basu et Van, la principale variable discriminante dans la mise au
travail des enfants.
Le raisonnement ceteris permettra non seulement d'observer
l'effet simultané d'un ensemble de variables explicatives du travail des
enfants, mais aussi de hiérarchiser les influences propres de chacune
d'elles.
IV.1.1 Choix et spécification des modèles
Les modèles explicatifs du travail des enfants de la
présente étude seront inspirés des travaux de Diallo
& Koné (2001) et Dumas (2005)44. Les facteurs expliquant
le travail des enfants seront de ce fait, estimés suivant un
modèle explicatif de régression, à variable
dépendante
42 Le critère des quatorze (14)
heures hebdomadaire (Cf. convention 138, OIT) se devait d'être
généralisé aux trois (03) secteurs afin de ne prendre en
compte que le travail dit "non léger".
43 Ce type de travail, quelle que soit
son intensité ou sa conformité, peut influer négativement
sur la scolarisation de l'enfant.
44 Avec quelques nouveaux
éléments dont les plus importants sont le statut de scolarisation
de l'enfant, la perception de sa scolarisation par l'enfant du point de vue des
gains futurs escomptés, le statut de présence des parents et le
mode de décision sur les finances du ménage.
dichotomique (construite à cet effet) et indiquant si
l'enfant a été actif ou pas lors des douze (12) mois ayant
précédé l'enquête.
La participation des enfants au marché du travail
sera, a priori, supposée soumise à une série de variables
exogènes : les caractéristiques propres à l'enfant, celles
du chef de ménage et enfin, le contexte familial. L'idée
première est qu'un enfant est amené à travailler compte
tenue de certaines réalités sociologiques et économiques
que son environnement sociofamilial lui fait subir. La présente
étude privilégiera, par ailleurs, les critères de pouvoir
explicatif dans la construction des modèles. Le modèle qui sera
retenu pour chaque pays sera donc optimal en termes d'explication du
phénomène dans ledit pays. Les variables pouvant être
retenues sont rassemblées en quatre (04) groupes :
· Groupe (1) : Il comprend la classe
d'ages45, le sexe, la nationalité, le lieu de naissance, le
statut de scolarisation de l'enfant et sa perception de l'école (du
point de vue des gains futurs escomptés par le fait qu'il soit
scolarisé : externalités futures).
· Groupe (2) : Il se compose des variables
décrivant l'environnement familial de l'enfant. Il regroupe le nombre
d'enfants en bas age dans le ménage (enfants âgés de 5 ans
ou moins), le nombre d'enfants de 6 à 14 ans (enfants d'ages scolaires),
le nombre d'enfants âgés entre 15 et 17 ans, le nombre d'individus
dont l'age est compris entre 18 à 54 ans (personnes en âges de
travailler) et le nombre de personnes âgées d'au moins 55
ans46. Il intègre également le niveau de
pauvreté du ménage (indice normalisé compris entre 0 et 1
et indiquant le degré de privation) de même que le statut de
présence des parents et le mode de prise de décision dans le
ménage concernant les questions financières (celui, celle ou ceux
qui prennent les décisions financières au sein du
ménage).
· Groupe (3) : Il rassemble un ensemble de
variables relatives aux caractéristiques du chef de ménage. Il
s'agit du sexe du chef de ménage, de son niveau
d'instruction47 et de son statut d'occupation.
45 Le carré de l'âge divisé par 100 a
été écarté du fait des problèmes de
colinéarité qu'il introduit dans les trois (03) modèle
respectifs. Par ailleurs, les classes d'âge ont été
préféré à l'âge afin de faire ressortir
d'éventuelles spécificités telles qu'apparues dans les
chapitres descriptifs.
46Les variables relatives au nombre
d'enfants dans le ménage sont fondées sur les implications des
modèles stratégiques, notamment sur l'effet d'entraînement
("trickle down effect").par lequel les comportements d'une personne sont
fortement influencés par la composition de sa cellule familiale. La
variable taille du ménage (nombre de personnes vivant dans le foyer) a
été délaissée du fait de multi
colinéarité.
47 Les variables liées au capital
humain ont un potentiel explicatif a priori considérable dans la mise au
travail des enfants (Koné & Diallo, 2001).
· Groupe (4) : Il fait
référence à une variable de type géographique et
repose ainsi sur les strates formées. Ces dernières ont
été constituées sur la base de l'intensité du
phénomène d'émigration vers le Ghana et la Côte
d'Ivoire (cas du Burkina Faso et du Mali), et sur l'intensité de la
production cacaoyère (en Côte d'Ivoire).
Il faut noter que certaines variables catégorielles
ont été recodées afin de réduire le nombre de
modalités et surtout d'aider à appréhender l'impact des
caractéristiques individuelles. C'est le cas notamment des variables
reflétant le niveau d'instruction du chef de ménage de
méme que son statut d'occupation.
Par ailleurs, d'autres variables catégorielles ont
été désagrégées : chacune de leur
modalité a été transformée en variables
indicatrices. Ce faisant, pour chacune de ces variables, une modalité
(dite de référence) sera mise de côté et n'entrera
donc pas dans l'estimation du modèle. Aussi, les interprétations
qui suivront seront généralement faites par rapport à
cette modalité non prise en compte.
S'agissant de la formalisation, le travail des enfants sera
expliqué par une modèle de choix discret où les enfants
(ou leurs parents) choisissent de travailler (de les faire travailler) ou pas.
En considérant Y la variable endogène indiquant si l'enfant
travaille ou non, la représentation pour chacun des trois (03) pays aura
la forme suivante :
( ) Y~ v ;
L'objet est d'expliquer [Y ] par un ensemble de variables ou
facteurs relatifs à l'enfant et à son environnement. Pour ce
faire, l'approche par la méthode des variables latentes sera
privilégiée (Rakotomalala, 2009).
Aussi, chaque variable d'intérêt Y (observable)
dépend d'une variable Y non observable (variable latente), directement
liées a priori, aux variables précitées. La nouvelle
spécification obtenue est :
(S ) Y { s Y avec Y
où est un vecteur dont les paramètres, inconnus,
seront estimés par la suite.
est le terme d'erreur englobant d'éventuelles erreurs de
mesure, d'échantillonnages et de spécification.
Ces erreurs sont supposées respectivement identiquement
distribuées, suivant une loi logistique (pour les trois
pays)48.
Les sont les vecteurs contenant les variables explicatives du
travail des enfants.
Le lien existant entre Y et est ainsi donné par : (Y~ |
~) ( ~), étant la
fonction de répartition d'une loi logistique.
L'estimation se fera suivant la procédure MLE de maximisation de la
fonction de vraisemblance.
IV.1.2 Interprétation et discussion des résultats
de l'estimation du modèle
Dans les trois (03) pays faisant l'objet de l'étude,
le travail des enfants ne dépend pas de la nationalité de
ceux-ci, ni de leur lieu de naissance49 ou même du lien de
parenté de ceux-ci avec le chef de ménage. Ceci peut se
comprendre dans la mesure où dans ces trois (03) pays, c'est plus de 90%
des enfants enquêtés qui sont issus de (en terme de
nationalité) (ou nés dans) leur pays respectifs. L'absence de
significativité du lien de parenté montre que l'argument selon
lequel la participation aux activités socioéconomiques des
ménages constitue l'une des principaux motifs de la mobilité des
enfants ne tient pas dans le contexte des ménages étudiés.
En effet, le fait d'être un enfant biologique du chef de ménage,
ou alors, d'être un enfant "confié" ou apparenté à
ce dernier ne modifie en rien la propension de l'enfant à participer
à la main d'oeuvre. De plus, la perception que les enfants ont de
l'utilité de l'école ne semble pas agir significativement sur
leur propension à travailler ou non. Ceci peut s'expliquer par le fait
que la décision de travailler et / ou d'aller à l'école ne
leur revient pas, en général, mais appartient à leurs
parents qui peuvent avoir d'autres préoccupations (comme des gains
financiers à court terme). En plus, la concurrence ne semble pas de mise
entre les décisions de travail et de scolarisation puisque les enfants
associent souvent sans grande difficulté, ces deux occupations. Par
ailleurs, la taille des ménages est peu significative (même
à 10%) dans l'explication du phénomène, contrairement
à la structure de ceux-ci qui parait plus indiquée pour
comprendre ce qui peut emmener un enfant dans une famille ou dans un
ménage, à s'adonner à une activité. Cela confirme
l'effet d'entraînement ("trickle down effect") postulé par les
modèles stratégiques, et qui sont ainsi le fait de la composition
des ménages. D'autre part, le mode de décision financière
au sein des ménages étudiés ne joue
48 Le choix de la forme de
distribution adaptée aux données disponibles a été
édicté par le test de Hausman au seuil de 5%. Pour le Burkina
Faso et le Mali, la différence entre le logit et le probit n'est pas
significative. Le choix s'est donc porté sur le logit du fait de ses
facilités d'interprétation. Quant au cas de la Côte
d'Ivoire, le test révèle une différence significative
entre les deux (02) modèles. Une analyse comparative du point de vue des
critères d'information a permis de choisir, a posteriori, le
modèle logit.
49 Ces deux variables font
décroitre le pouvoir explicatif des modèles construits
(résultats Tableau 23).
aucun rôle sur la propension des enfants à
travailler. Cela peut s'expliquer par le fait que, quand bien même la
personne prenant ces types de décisions peut différer d'un
ménage à l'autre, la motivation qui l'anime est souvent la
même : maximiser le revenu du ménage. De plus, il apparait que le
sexe du chef de ménage de même que son niveau d'instruction ne
sont pas déterminants dans l'explication du phénomène du
travail des enfants. Cela peut se comprendre en se référant aux
chapitres descriptifs50 qui ont montré que le lien entre
niveau d'instruction des parents et la prévalence du travail des enfants
était loin d'être manifeste. Par ailleurs, la forte
représentation des hommes dans la sous population des chefs de
ménage permet de comprendre pourquoi le sexe du chef de ménage ne
joue pas un rôle majeur.
Les variables retenues a postériori dans le
modèle explicatif du travail des enfants ont été celles
remplissant certaines conditions : elles sont significatives au seuil
général de 95%51, mais en plus, elles permettent
d'améliorer la significativité globale du modèle et
concourent, dans le même temps, à optimiser la qualité du
modèle52. Dans les trois (03) pays étudiés, ces
variables sont relatives à l'age de l'enfant, à son sexe et
à son statut de scolarisation, à la structure et au niveau de
pauvreté de son ménage d'appartenance de même qu'au statut
de présence de ses parents53, au statut d'occupation du chef
de ménage et à sa localisation géographique
(Tableau 23). Même si ces variables permettent
d'expliquer de façon générale le phénomène
du travail des enfants dans les trois (03) pays, il faut signaler que des
spécificités demeurent d'un pays à l'autre. Au Burkina
Faso, la structure du ménage, le statut de présence des parents,
le statut d'occupation du chef de ménage et les caractéristiques
d'ordres géographiques influencent la probabilité de travail des
enfants. Au Mali, le sexe de l'enfant serait un facteur déterminant. De
plus, la structure des ménages, le statut de présence des
parents, mais aussi, et à la différence du Burkina Faso, le
statut de scolarisation. S'agissant du cas de la Côte d'Ivoire, il se
remarque que les facteurs influents sont bien plus nombreux. En effet, hormis
l'ensemble des facteurs précités pour le Burkina Faso et le Mali,
il faudrait ajouter le facteur âge et le niveau de pauvreté.
Dans une perspective plus généralisée,
il faut noter que les enfants burkinabés sont ceux qui ont plus de
chance de travailler ou d'être actifs (probabilité marginale
prédite égale à 0,57). Ils sont suivis des enfants maliens
(0,52), les enfants ivoiriens étant ceux qui ont relativement moins de
chance de travailler, avec tout de même une probabilité de
0,43.
50 Notamment le Chapitre II.
51 Ou encore, à 90% pour les cas
les plus extrêmes.
52 Du point de vue des critères
d'adéquation du modèle aux données, du test de Hosmer
& Lemeshow et du linktest de Prégibon.
53 Cette variable traduit la
présence du père et / ou de la mère.
Tableau 23 : Estimations
logistiques des modèles explicatifs du travail des enfants au Burkina
Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali
Variable dépendante :
Probabilité pour un enfant d'être
actif
|
|
Coefficients
|
|
Effets Marginaux
|
|
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Burkina
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Caractéristiques de l'enfant
|
|
|
|
|
Classe d'âges - 10-14 ans1
|
-0,18824397
|
-0,35340517**
|
-0,25542939
|
-0,0460312
|
-0,0868629
|
-0,0634526
|
Sexe - Garçon1
|
-0,13509387
|
-0,95624001***
|
-0,79903657***
|
-0,0331306
|
-0,2315907
|
-0,195634
|
Scolarisation récente - Non scolarisé
|
-0,12565074
|
0,70421997***
|
0,30890262*
|
-0,0308923
|
0,1719858
|
0,0769266
|
Environnement familial
|
|
|
|
|
Effectif 0 - 5 ans
|
-0,02273907
|
0,14831973***
|
-0,07387148
|
-0,0055843
|
0,0362531
|
-0,0184245
|
Effectif 6 - 14 ans
|
0,02581281
|
-0,14636611***
|
0,10327786*
|
0,0063391
|
-0,0357756
|
0,0257588
|
Effectif 15 - 17 ans
|
-0,40011104***
|
-0,051044
|
0,40413464***
|
-0,0982597
|
-0,0124764
|
0,1007962
|
Effectif 18 - 54 ans
|
-0,04018604
|
-0,03932978
|
-0,01619053
|
-0,0098689
|
-0,0096132
|
-0,0040381
|
Effectif 55 ans et plus
|
-0,01043661
|
-0,11265297
|
-0,24638496**
|
-0,002563
|
-0,0275352
|
-0,0614515
|
Enfants vivant seulement avec son père1
|
-0,25108067
|
-0,10196381
|
0,95441021**
|
-0,0623125
|
-0,0247432
|
0,218497
|
Enfants vivant seulement avec sa mère1
|
-0,08057885
|
-0,17297256
|
-0,36643886
|
-0,0198636
|
-0,0418179
|
-0,0912262
|
Enfants ne vivant ni avec le père ni avec la
mère1
|
-0,576598**
|
-0,08768108
|
0,20637306
|
-0,1430802
|
-0,0213456
|
0,0511483
|
Niveau de pauvreté (privation)
|
-0,14616304
|
0,33316953**
|
-0,28700239
|
-0,0358949
|
0,081435
|
-0,071582
|
Caractéristiques du chef de
ménage
|
|
|
|
|
Agriculture1
|
-0,81762104**
|
0,12261946
|
-1,1022522**
|
-0,1841683
|
0,0297162
|
-0,2470048
|
Salarié1
|
|
-1,1428165***
|
-0,85535977
|
|
-0,239483
|
-0,2056146
|
Profession libérale1
|
-0,45229023**
|
-0,3139835**
|
-0,18669654
|
-0,1118646
|
-0,0754177
|
-0,0466287
|
Autres emplois 1
|
-0,11756887
|
0,07709319
|
-0,02755786
|
-0,029045
|
0,0189317
|
-0,0068766
|
Chômeur/Inactifs1
|
-0,55563929**
|
0,03204253
|
0,22936953
|
-0,1378341
|
0,0078439
|
0,0568759
|
Caractéristiques
géographiques
|
|
|
|
|
|
Strate (1) 1
|
0,66893935***
|
0,02056403
|
0,15812312
|
0,1629442
|
0,0050307
|
0,0394201
|
Strate (2) 1
|
0,57005308**
|
-0,78341276***
|
0,43107317*
|
0,1370612
|
-0,1833238
|
0,1065558
|
Constante
|
1,2664058**
|
1,2961146***
|
0,78485283
|
|
|
|
Eléments de qualité du
modèle
|
Significativité2
|
LR Chi2 Nombre
d'obs.
|
AIC BIC % de bon
classement
|
Sensitivité
Spécificité
|
Aire sous la courbe ROC
|
Burkina Faso
|
49,19 (0,000)
|
50,85 (0,000) 692
|
935,245 1021,497 63%
|
71% 52%
|
0,65
|
Côte d'Ivoire
|
168,43 (0,000)
|
215,565 (0,000) 1378
|
1712,719 1817,286 69%
|
56% 79%
|
0,73
|
Mali
|
63,50 (0,000)
|
71,685 (0,000) 702
|
940,3766 1031,455 63%
|
66% 60%
|
0,68
|
|
Indications : *** Significatif à 1% ; ** Significatif
à 5% ; * Significatif à 10%. (1) : variables binaires ; (2) : au
sens de Wald. Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous Stata
Influence des caractéristiques de
l'enfant
L'effet de l'âge : au Burkina Faso et au Mali,
la classe d'ages d'appartenance n'est pas un facteur déterminant de la
probabilité de participation à la force du travail chez les
enfants. Toutefois, elle l'est dans le cas de la Côte d'Ivoire. Dans ce
dernier pays, la propension des enfants à faire partie de la
main-d'oeuvre croît avec l'age, toute chose étant égale par
ailleurs. Ceci peut être expliqué par la nature bien souvent
physique du travail, notamment dans le secteur agricole, qui implique que
l'enfant, au fur et à mesure qu'il prend de l'age, soit d'avantage
sollicité. Ainsi, il apparait que dans ce dernier pays que les enfants
âgés de 10 à 14 ans ont moins de chance de travailler que
ceux appartenant à la classe des 15-17 ans. En effet, la
probabilité qu'un enfant de 10 à 14 ans effectue un travail est
de 8,7% inférieure à celle des enfants de plus de 14 ans.
L'effet du sexe : Contrairement au Burkina Faso
où il n'est pas significatif, le sexe semble jouer un rôle
important dans la détermination de la probabilité pour un enfant
d'être actif en Côte d'Ivoire et au Mali. Dans ces deux pays, la
propension de participation des garçons à la force de travail est
significativement moins importante que celle des filles. Ceci peut être
expliqué par la préférence des parents pour une
scolarisation des garçons, les filles se retrouvant majoritairement dans
les activités agricoles et surtout domestiques. Aussi, un garçon
a 23,2% (respectivement 19,6%) de chance de moins qu'une fille de travailler,
toute chose étant égale par ailleurs, dans ces deux pays
respectifs (Côte d'Ivoire et Mali).
L'effet du statut de scolarisation : le fait que
l'enfant ait été récemment scolarisé ou pas n'est
pas déterminant au Burkina Faso, mais l'est au Mali et surtout en
Côte d'Ivoire. Dans ce dernier pays, un enfant non scolarisé a
17,2% de chance de plus d'effectuer une activité qu'un enfant
scolarisé. Au Mali, ce différentiel de chance se réduit
à 7,7%. L'école peut ainsi jouer un rôle dans la lutte
contre certaines formes de travail des enfants.
Influence des caractéristiques des
ménages et du chef de ménage
L'effet de la structure du ménage : la
structure ou la composition du ménage influence la propension à
travailler dans les trois (03) pays faisant l'objet de l'étude, mais
à des niveaux différents. L'attitude des parents en
matière d'implication des enfants dans la force de travail est donc
corrélée à la structure par âge du ménage.
Ainsi, le nombre d'enfants en bas âge (de 0 à 5 ans) évolue
positivement avec la propension de travail des enfants en Côte d'Ivoire
alors qu'il n'est pas significatif dans les deux (02) autres pays. De plus, en
Côte d'Ivoire et au Mali, l'augmentation du nombre d'enfants d'ages
scolarisables (de 6 à 14 ans) se répercute de façon
contradictoire sur la propension des enfants à travailler alors qu'elle
est sans influence
significative au Burkina Faso. En fait, cette augmentation
(d'une unité) entraine une baisse de 3,6% (respectivement une hausse de
2,6%) de la propension à travailler d'un enfant en Côte d'Ivoire
(respectivement au Mali). Quant au nombre d'enfants âgés entre 15
et 17 ans, il est significatif au Burkina Faso et au Mali et sa variation d'une
unité entraine également des effets inverses : une diminution de
9,8% de la propension à travailler au Burkina Faso alors qu'au Mali,
c'est une augmentation de 10,1% de cette même propension qui en
résulte. Par ailleurs, le nombre de personnes en age de travailler
n'influence pas significativement la propension à travailler des
enfants. Ceci peut être expliqué par une attitude non altruiste
des parents qui privilégieraient la maximisation de l'utilité
à court terme qu'ils peuvent tirer des enfants en les faisant
travailler. Enfin, le nombre de personnes en âges avancés peut
également influer sur la propension des enfants à travailler. En
effet, c'est le cas au Mali où une augmentation unitaire de ce nombre
diminue la propension des enfants à travailler de 6,1 points. Une
explication possible serait que les personnes âgées, du fait de
leur expérience, inciteraient les parents directs de l'enfant à
orienter ce dernier vers l'école plutôt que vers une occupation
immédiate qui lui serait, à long terme préjudiciable,
puisque revenant à le condamner l'enfant à un travail dont les
gains seraient à termes, insuffisants pour le bien être de toute
la famille.
L'effet du statut de présence des parents :
Au Mali, un enfant vivant seulement avec son père a plus de chance
(21,8% de plus) de travailler qu'un enfant vivant avec ses deux (02) parents.
Au Burkina Faso, un enfant qui ne vit ni avec son père, ni avec sa
mère, a 14,3% de chance de moins, de travailler comparativement à
un enfant vivant avec ses deux (02) parents. Le fait de vivre avec un des deux
parents (ou méme avec les deux) n'épargne donc en rien, l'enfant,
quant à ses chances de travailler. Ce résultat renforce le
constat fait à propos de la non significativité de la variable
"lien de parenté de l'enfant". Il montre aussi que le fait de lier
travail des enfants et migration ou mobilité de ceux-ci, serait
extrêmement réducteur de ce phénomène qui parait
bien plus généralisé dans les sociétés
étudiées.
L'effet du niveau de pauvreté du
ménage : le lien entre pauvreté et prévalence du
travail des enfants semble contredit dans les cas du Burkina Faso et du Mali.
Dans ces deux (02) pays, il existe une relation négative entre le niveau
de privation et la propension de l'enfant à travailler. Toutefois, les
coefficients relatifs à cette variable ne sont pas significatifs pour
ces deux pays. En revanche, le lien est significatif pour le cas de la
Côte d'Ivoire et va dans le sens de l'axiome de luxe puisque la
probabilité de travail des enfants augmente à mesure que le
niveau de privation de leur ménage d'appartenance s'élève.
En effet, l'augmentation de l'indice multidimensionnel de pauvreté d'un
(1) point de pourcentage, se traduit par la hausse
de la propension des enfants à travailler de 8,1%. Ce
résultat semble confirmer en Côte d'Ivoire, l'hypothèse
traditionnelle selon laquelle la pauvreté des ménages serait une
cause majeure du travail des enfants (Basu & Van, 1998).
L'influence de la source principale de revenu du chef de
ménage : Au Burkina Faso et au Mali, le fait pour un enfant
d'être dans un ménage dont le chef tire la principale source de
revenus de l'agriculture diminue ses chances de travailler de 18,4% (Burkina)
et de 24,7% (Mali). Ce résultat pourrait montrer que contrairement
à certaines idées reçues, le secteur agricole n'est pas le
seul "domaine réservé" du travail des enfants. En Côte
d'Ivoire, le fait pour un enfant de vivre dans un ménage dont le chef
tire le revenu principal d'un travail salarié, diminue ses chances de
travailler de 23,9%. Cette diminution relative de la propension à
travailler des enfants prévaut également pour ceux dont le chef
de ménage exerce une profession libérale, au Burkina Faso et en
Côte d'Ivoire. Enfin, pour le seul cas du Burkina Faso, il faut souligner
que le fait pour un enfant, d'être dans un ménage dont le chef est
inactif diminue ses chances de travailler de 13,8%. Ce résultat qui
semble étonnant, à première vue, pourrait aisément
s'expliquer : il se pourrait, en effet, que le parent qui se retrouve au
chômage, et donc qui ne travaille pas, aura moralement du mal, à
imposer à son enfant de travailler alors que ce devait être
l'inverse (c'est lui qui devrait travailler).
Influence des caractéristiques
géographiques
Le facteur géographique est saisi à travers les
strates constituées pour les besoins de l'enquête. Ces strates
n'ont pas été constituées sur des critères
analogues 54 , mais leur prise en considération permet de
mieux expliquer le phénomène du travail des enfants. Ceci est
dû au fait que les critères de discrimination (intensité
d'émigration des enfants et de culture cacaoyère) retenus pour la
construction de ces strates, permettent de procéder à une
classification qui est intimement liée au degré de
prévalence du travail des enfants. Contrairement au Mali où ce
facteur géo localisateur n'est pas très déterminant, le
Burkina enregistre une hausse relative de la propension à travailler des
enfants des zones de faible (16,3% de chance de plus) et de moyenne (13,7% de
chance de plus) intensité d'émigration vers la Côte
d'Ivoire et le Ghana, relativement aux enfants habitant des zones de forte
émigration. Cela pourrait être expliqué par le faible exode
des enfants, ce qui rendrait ainsi beaucoup plus disponible leur force de
travail. Par ailleurs, le fait que les enfants vivent habituellement dans leur
ménage d'origine augmente les charges du ménage et augmente, par
conséquent, leur propension à travailler afin de contribuer aux
besoins grandissants du
54 Se référer à la
spécification du modèle (quatrième groupe de variables
explicatives).
ménage. En Côte d'Ivoire, l'analyse fait
ressortir que les enfants habitant les zones de faible ou moyenne production
cacaoyère, ont moins de chance de travailler (18,3% de chance de moins)
que les enfants issus des zones de forte production cacaoyère. Aussi, le
protocole Harkin & Engel trouve tout son sens puisque l'on voit, de ce
fait, que le fait pour un enfant issu d'un ménage agricole, d'être
implanté dans une zone de production cacaoyère, augmente
relativement sa probabilité d'exposition au travail non léger.
IV.2 Estimation des choix de participation des enfants
aux différentes activités
IV.2.1 Choix et justification du modèle
Les enfants faisant l'objet de cette étude allouent
essentiellement leur temps de travail aux activités agricoles,
économiques et au travail domestique. Il est important de
préciser qu'ils peuvent exercer plusieurs de ces activités de
façon parallèle55. Aussi, serait-il intéressant
de s'intéresser à chacune d'entre elles en relevant
d'éventuelles spécificités de même que des
interrelations entre les décisions de participation. En outre, une
estimation séparée suivant un modèle logistique pour
chaque activité ne parait pas adaptée, car les trois (03)
équations estimant chacune la probabilité de participation
à chacune de ces trois (03) activités pourraient être
corrélées. En effet, en estimant indépendamment les
décisions de participation aux différentes activités, le
risque d'obtenir des coefficients biaisés est réel puisqu'il peut
exister une simultanéité de ces décisions. Pour prendre en
compte cette simultanéité qui induit des risques
d'endogénéité (Wolff, 2004; Wooldridge, 2002),
l'estimation par la méthode du maximum de vraisemblance, d'un
modèle à plusieurs variables dépendantes (le probit
multivarié), plutôt que de trois (03) modèles probit (ou
logit) indépendants est généralement adoptée
(Cappellari & Jenkins, 2003). Ce modèle multivarié est donc
mieux adapté à l'estimation des finalités d'allocation du
temps des enfants, comparativement aux modèles traditionnels du fait
d'une probable concurrence postulée entre les
événements.
IV.2.2 Spécification du modèle
Formellement, il sera estimé de façon
simultanée, trois (03) probit binaire, pour chacun des trois (03) pays
faisant l'objet de l'étude.
La décision d'allocation du temps à l'une ou
l'autre de ces activités dépendra de plusieurs facteurs tels
que généralement définis dans le modèle global des
déterminants du travail des
55 Cf. Chapitre II.
enfants (Cf. section précédente). Soit 1 la
variable d'intérêt observable (binaire) spécifiant la
participation ou non de l'enfant i à l'activité
m. Le système d'équations suivant est obtenu :
( ) ~ v ; v * +
Notes : * + avec N = nombre d'enfant
A v g ;
A v g ;
A v .
Chaque variable d'intérêt ~ dépend d'une
variable 1' non observable (variable latente), directement liées aux
variables exogènes correspondant, a priori, à celles du
modèle global. La nouvelle spécification donne ainsi :
(S ) Y { s Y
s
avec 1' .
Les , sont les résidus des équations traduisant la
participation (ou non) aux
trois activités pour l'individu i. Ils
englobent d'éventuelles erreurs de mesure, d'échantillonnages et
de spécification (Green, 2002). Ces erreurs sont distribuées de
façon conjointe suivant une loi normale trivariée
d'espérance nulle et de matrice de variance-covariance, :
( )
est une matrice symétrique de dimension ( ) ayant la
valeur 1 sur sa diagonale
principale, et partout ailleurs, les coefficients de
corrélation entre les termes d'erreurs des différentes
équations de décision estimées. En cas
d'indépendance de ces décisions, ces coefficients sont nuls. Par
contre, ils sont significativement différents de zéro si lesdites
décisions sont interdépendantes.
Les sont les vecteurs contenant les variables explicatives du
choix de participation des
enfants à chacune des activités. Ces variables
ne sont pas forcément les mêmes pour chacun des trois (03)
secteurs considérés. En effet, seules les variables
significatives et / ou qui améliorent la significativité du
modèle explicatif global présenté dans la section
précédente ont été prises en considération.
Le critère de contribution à la consistance du modèle a
été également retenu dans le choix de ces variables. Elles
sont, en outre, relatives en général, à l'enfant, au chef
de ménage ou aux caractéristiques géo localisant.
IV.2.3 La méthode de simulation du maximum de
vraisemblance (SML)
La fonction de vraisemblance (fonction de distribution
cumulative normale trivariée) pour N observations est
donnée par :
L ? ( ; )
où est la fonction de densité d'une loi normale
multivariée (à trois variables) avec les
arguments et :
Note : ( ) avec k ~ k - , pour chaque i.
La matrice est constituée par les éléments
( ) tels que :
p 4 ;
;
La résolution du système S (de trois
équations) se fait donc à travers la maximisation de la fonction
de vraisemblance définie ci-dessous. Cette maximisation se fait suivant
une méthode de simulation des distributions normales
multivariées.
La présente étude optera pour le simulateur
Geweke-Hajivassiliou-Keane (GHK) 56 , programmé par
Cappellari et Jenkins (2003)57. Par ailleurs, le principe du
simulateur GHK est basé sur la possibilité d'exprimer la fonction
de densité d'une distribution normale multivariée comme un
produit séquentiel de probabilités conditionnelles
univariées (d'une distribution normale).
Dans ce cas précis (trois variables dépendantes),
il sera obtenu huit (08) probabilités conjointes (
possibilités) correspondant aux différentes combinaisons
possibles de
"réussite" (Y ) et d'"échec" (Y ) pour les
trois activités dont l'étude veut estimer la probabilité
du choix de participation. En effet, sachant que la combinaison des trois (03)
possibilités d'allocation de leur temps de travail par les enfants
génère sept (07) stratégies possibles et une option
supplémentaire consistant à n'exercer aucune de ces trois (03)
activités (enfant "oisif"), il sera nécessaire de
déterminer huit58 (08) contributions à la
vraisemblance. Il faut noter que les résultats obtenus sont
dépendants du nombre de tirages aléatoires (random
draws) utilisé pour le calcul de la fonction simulée de
vraisemblance. Ce nombre doit être au moins égal à la
racine carrée de la taille de l'échantillon étudié
(Cappellari & Jenkins, 2003).
56 Cf. Borsch et al. (1992), Borsch
& Hajivassiliou (1993), Keane (1994), et Hajivassiliou & Ruud
(1994).
57 Programme mvprobit de Stata
10.0.
58 Voir Tableau
37.
Aussi, le choix d'une cinquantaine (50) de tirages
aléatoires pour les trois (03) pays faisant l'objet de la
présente étude permettra d'avoir une estimation fiable des
paramètres.
IV.2.4 Interprétation et discussion des
résultats d'estimations
Les résultats de l'estimation (Tableau
34, Tableau 35 Tableau 36 en annexe
; Tableau 24) confirment et justifient l'utilisation d'un
modèle multivarié.
En effet, les tests du ratio de vraisemblance (LR tests)
indiquent que les différents coefficients de corrélation entre
les termes d'erreurs de chacune des équations estimées, sont
significativement non nuls dans les trois (03) pays, ce qui montre que les
décisions de participation aux trois (03) différentes
activités sont dépendantes les unes des autres. Aussi, les choix
de participation à une des trois (03) activités ne
dépendent pas uniquement des attributs propres à chacune d'elles,
mais aussi de l'existence d'autres options (activités)59. En
clair, les décisions de participation et les différentes
combinaisons provenant de ces décisions, relèvent d'une
procédure sélective.
Par ailleurs, ces coefficients sont tous positifs, ce qui
montre que les variables inobservées influençant la participation
de l'enfant aux activités agricoles sont positivement
corrélées avec les caractéristiques inobservées qui
influencent de leur côté, la participation aux activités
économiques de méme qu'aux activités domestiques.
Par ailleurs, le signe positif des coefficients de
corrélation entre les résidus des équations
estimées pour les trois (03) pays, indique que quel que soit le pays
considéré, la probabilité pour un enfant de participer aux
activités agricoles influence positivement celle qu'un enfant a de
travailler dans le secteur des activités économiques de
même que la probabilité de participation de l'enfant aux
activités domestiques. La transitivité étant de mise (les
raisonnements inverse prévalent également), il est donc possible
de conclure à liens de complémentarité entre ces trois
(03) types d'activité.
Analyse des variables d'influence sur les participations
sectorielles
Les différentes variables significatives
précédemment identifiées n'agissent pas de la même
façon selon le secteur considéré et le pays
concerné. En effet, du point de vue des déterminants du travail
des enfants dans chaque secteur, les résultats du modèle global
sont, en général, retrouvés. Toutefois, il faut noter
certaines différences significatives qui font ressortir une certaine
spécificité pour chaque pays.
59 L'hypothèse
d'indépendance des alternatives non pertinentes (IANP) est ainsi
levée.
Burkina Faso
L'analyse sectorielle montre qu'au Burkina Faso
(Tableau 24), le sexe de l'enfant ne détermine pas sa
propension à travailler dans le secteur agricole alors qu'il influence
la probabilité de travail de l'enfant dans les secteurs
économiques et domestiques. Dans ces deux (02) derniers secteurs, les
jeunes garçons ont moins de chance d'être actifs, comparativement
à leurs jeunes soeurs. Par ailleurs, la structure familiale est quelque
peu déterminante dans les secteurs agricoles et domestiques, mais sans
grande influence dans le secteur des activités économiques.
Enfin, la localisation géographique ne semble jouer un rôle que
dans le secteur agricole. En effet, à l'image des résultats
obtenus dans l'analyse intersectorielle, les enfants habitant les zones de
faible ou moyenne intensité d'émigration ont plus de chance de
travailler que ceux vivant dans les zones de forte émigration. Les
caractéristiques de l'enfant sont peu déterminantes dans sa
propension à s'adonner à une activité agricole, ce qui
n'est pas le cas concernant le secteur des activités économiques
et celui des activités domestiques.
Tableau 24 : Estimations
simultanées des probabilités de participations : cas du Burkina
Faso
|
Activités agricoles
|
Activités économiques
|
Activités domestiques
|
|
Coefficient
|
ET
|
Coefficient
|
ET
|
Coefficient
|
ET
|
Caractéristiques de l'enfant
|
|
|
|
|
|
|
Sexe - Garçon1
|
|
|
-0,38289954***
|
0,1214
|
-0,74573837***
|
|
Environnement familial
|
|
|
|
|
|
|
Effectif 0 - 5 ans
|
0,02244777
|
0,0384
|
-0,03290655
|
0,0519
|
0,01376145
|
0,0703
|
Effectif 6 - 14 ans
|
-0,02567761
|
0,0303
|
0,04979837
|
0,0397
|
0,03206008
|
0,0416
|
Effectif 15 - 17 ans
|
-0,10251695*
|
0,0557
|
0,01641181
|
0,0812
|
-0,13573402**
|
0,0315
|
Effectif 18 - 54 ans
|
0,00896765
|
0,0333
|
-0,02190073
|
0,0447
|
-0,03942107
|
0,0604
|
Effectif 55 ans et plus
|
-0,01133745
|
0,0545
|
-0,08475594
|
0,0776
|
0,01752499
|
0,0342
|
Enfants vivant seulement avec son père
|
-0,02717956
|
0,2020
|
-0,44997152
|
0,3428
|
-0,15982065
|
0,0563
|
Enfants vivant seulement avec sa mère
|
0,15270338
|
0,1558
|
0,10208101
|
0,1999
|
0,12077887
|
0,2136
|
Enfants ne vivant ni avec le père ni avec la
mère
|
-0,3276692**
|
0,1479
|
-0,03156096
|
0,2129
|
-0,31789571**
|
0,1606
|
Caractéristiques du chef de
ménage
|
|
|
|
|
|
|
Agriculture
|
-0,08111871
|
0,1759
|
-,3731268
|
0,2373
|
-0,04350627
|
0,1494
|
Salarié1
|
0,06571765
|
0,4504
|
-3,5573133***
|
0,2475
|
0,43930779
|
0,1735
|
Profession libérale1
|
-0,13835839
|
0,1115
|
-0,04084934
|
0,1452
|
-0,19024885
|
0,4807
|
Autres emplois 1
|
-0,04395662
|
0,1869
|
-0,01689091
|
0,2736
|
-0,1957326
|
0,1166
|
Chômeur/Inactifs1
|
-0,2070314
|
0,1386
|
0,01297843
|
0,1931
|
-0,22193613
|
0,2014
|
Caractéristiques
géographiques
|
|
|
|
|
|
|
Strate (1) 1
|
0,3667059***
|
0,1405
|
-0,13141987
|
0,1787
|
0,07045748
|
0,1430
|
Strate (2) 1
|
0,31127917**
|
0,1494
|
-0,21585697
|
0,1922
|
0,18377327
|
0,1468
|
Constante
|
0,00912378
|
0,2476
|
-0,63332093*
|
0,3293
|
0,36437125
|
0,1552
|
Coefficients de corrélations (LR
test)
|
P21 = 0,6812153***
|
|
|
|
|
|
P31 = 0,9313532***
|
P32 = 0,5796522***
|
|
|
|
(i) LR Test X2(3) : 451,865 (0,000) ; (ii) AIC =
1930,727 ; (iii) BIC = 2173,132
Indications : ET : Ecart-type ; ***
Significatif à 1% ; ** Significatif à 5% ; * Significatif
à 10% ; (iv) variables binaires,
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous Stata
Côte d'Ivoire
S'agissant de la Côte d'Ivoire, l'analyse du Tableau
34 (en annexe) montre l'ensemble des variables
influençant le comportement des enfants en termes de participation aux
différentes activités étudiées. Le sexe et
l'âge de l'enfant influencent de la méme façon (méme
signe méme si ce n'est pas la méme intensité) leur
propension à travailler dans les trois (03) secteurs. Ainsi, les
garçons (respectivement les 10-14 ans) ont-ils moins de chance de
travailler que les filles (respectivement le 15-17 ans). La pauvreté
semble influencer positivement la prévalence du travail des enfants dans
les trois (03) secteurs, mais seul le secteur agricole semble impacté
significativement par cet indicateur de bien-être. Par ailleurs, les
enfants habitant les zones de moyenne intensité de production
cacaoyère ont moins de chance de travailler, comparativement aux enfants
vivant dans les zones de forte production de cacao, et ceci, dans les trois
(03) secteurs.
Mali
Au Mali (Tableau 35 en annexe), le sexe de
l'enfant joue un rôle important dans sa propension à participer
aux activités économiques contrairement aux autres types
d'activités, à l'image du Burkina Faso. Les enfants
âgés de 10 à 14 ans ont moins de chance de travailler que
ceux ayant plus de 14 ans, et ce, dans les trois (03) secteurs
étudiés. Par ailleurs, la scolarisation ne semble n'avoir aucun
rôle dans la détermination de la probabilité de
participation des enfants aux différentes activités. Ce
résultat qui semble contradictoire peut s'expliquer : en effet, la
significativité de cette variable dans le modèle global est assez
limitée (10% de seuil d'erreur). Il en est de méme pour la
localisation géographique qui ne semble influer significativement (au
moins à 5%) la propension des enfants à travailler que dans le
secteur agricole. En effet, le fait pour un enfant d'habiter dans une zone de
faible ou de moyenne intensité d'émigration augmente ses chances
de travailler dans le secteur agricole.
Synthèse : Il apparait que
l'âge (Côte d'Ivoire, Mali), le sexe et la localisation
géographique sont les facteurs qui semblent les plus déterminants
quant à la participation au secteur d'activités dans les trois
(03) pays. La pauvreté n'est décisive, par contre, qu'en
Côte d'Ivoire.
Analyse des probabilités marginales de
participation
Le Tableau 36 (en annexe) indique les
différentes propensions marginales de participation aux trois (03)
activités. Les enfants ont à peu près une chance sur deux
de travailler dans les secteurs agricoles et domestiques au Mali, la propension
marginale à travailler dans le secteur économique n'étant
que de 0,12. En Côte d'Ivoire, c'est à peu près la
méme chose qui est
observée, avec toutefois, des degrés (de
probabilité) plus faibles en ce qui concerne les secteurs agricole et
domestique (près de 0,36). Ainsi, un enfant ivoirien a en particulier
une chance sur trois de travailler dans les secteurs agricoles et domestiques.
La situation du Burkina est un peu plus déséquilibrée en
faveur du secteur agricole pour lequel les enfants ont plus d'une chance sur
deux de travailler. Ce secteur est suivi par les activités domestiques
(0,42), les activités économiques autres qu'agricoles venant en
troisième position (0,09).
Analyse des probabilités prédites de
participation
S'agissant des interrelations entre les différentes
activités effectuées par les enfants, il s'avère, en
analysant les probabilités prédites (ou jointes) (Tableau
37 en annexe), que les dépendances et les
interrelations constatées entre les décisions de participation
à l'aide des tests du ratio de vraisemblance se justifient dans les
trois (03) pays, mais aussi, que des dissemblances significatives existent
entre eux. En effet, au Burkina Faso, un enfant a plus de chance de travailler
exclusivement dans le secteur agricole (0,43) et domestique (0,34). Les chances
pour qu'il participe à la fois à des activités agricoles
et domestiques sont de 0,30. Il a très peu de chance de participer
exclusivement à des activités économiques (0,02) ou encore
de juguler activités économiques et agricoles seules (0,009).
S'agissant d'une participation concomitante aux trois (03) types
d'activités, ses chances sont seulement de 0,074. Quant à la
Côte d'Ivoire et au Mali, c'est dans le travail domestique que les
chances d'une participation exclusive sont les plus grandes (0,26 en Côte
d'Ivoire, 0,38 au Mali). Ensuite vient le secteur des activités
agricoles et une participation concomitante aux travaux agricoles et
domestiques.
S'agissant d'une participation simultanée aux trois
(03) types d'activités, il apparait que les chances sont bien plus
grandes pour les enfants de ces deux pays, comparativement au cas des enfants
Burkinabés (0,07). Elles sont en effet, de 0,11 pour ces deux (02) pays
(Côte d'Ivoire et Mali). Pour ce dernier pays (Mali), les enfants n'ont
aucune chance de travailler exclusivement dans les secteurs agricoles et
économiques. Enfin, la probabilité pour les enfants de ne
participer à aucune des trois (03) activités est plus forte en
Côte d'Ivoire (0,55). Ce pays est suivi par le Mali (0,48) et le Burkina
Faso (0,43). Ces résultats sont conformes à ceux attendus, la
prévalence du travail des enfants étant plus élevée
au Burkina Faso, suivi du Mali et de la Côte d'Ivoire.
Analyse des probabilités conditionnelles de
participation
Dans cette section, l'analyse s'établira dans une
optique comparative entre le groupe des activités économiques
(agricultures et activités économiques autres qu'agricoles) et le
travail
domestique (Tableau 38 en annexe). Au
Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, la probabilité pour un enfant
d'être actif dans le secteur des activités domestiques sachant
qu'il s'adonne a priori à une activité agricole ou
économique (autre qu'agricole) est de 0,73 (Burkina Faso) et de 0,78
(Côte d'Ivoire). Au Mali, cette probabilité est bien plus
élevée. En effet, dans ce dernier pays, la chance pour un enfant
d'être occupé dans les activités domestiques alors qu'il
l'est déjà dans une activité économique est de
0,95. A l'inverse, les propensions pour les enfants d'être occupés
dans le groupe des activités économiques sachant qu'ils sont
déjà actifs dans les activités domestiques sont beaucoup
plus équilibrées dans les trois (03) pays. Toutefois, le groupe
Burkina Faso - Mali se distingue quelque peu de la Côte d'Ivoire. Cette
probabilité conditionnelle est, en effet, de 0,94 pour le Mali et de
0,92 pour le Burkina Faso alors que les enfants ivoiriens ont à ce
niveau des chances relativement moindres (0,86).
En général, les distributions conditionnelles
font ressortir des propensions conditionnelles assez élevées, ce
qui montre que des effets d'entrainement existent bel et bien du point de vue
de la participation aux activités inhérentes aux
différents secteurs. Cela confirme et renforce l'hypothèse de
dépendance entre les décisions de participation à chacune
de ces activités en même temps qu'il certifie les liens de
complémentarité entre celles-ci.
IV.3 Facteurs explicatifs des pires formes de travail
: mise en oeuvre d'un modèle séquentiel
IV.3.1 Explication de la démarche analytique
L'objet de cette section est de procéder à une
explication sur des bases empiriques, de la typologie des enfants travailleurs
non légers suivant qu'ils effectuent ou pas, un travail sous les pires
formes.
Pour ce faire, il faudra procéder à une
stratification séquentielle de la population d'étude afin de
tenir compte des états successifs qui prévalent à la
classification sur des bases de pires formes de travail. Le Graphique
18 (en annexe) montre l'"arbre de décision obtenu" et fait
ressortir les différents niveaux de séquences. Les chances pour
un enfant d'effectuer un travail sous les pires formes vont en grandissant, en
descendant de l'arbre60 (du haut vers le bas). L'étude
s'intéresse particulièrement au dernier niveau et tentera
d'identifier les facteurs qui favorisent les pires formes de travail des
enfants dans les trois (03) pays. A chaque noeud de l'arbre, la
"décision" de participation est estimée selon un modèle
logistique. Cela revient donc à estimer des modèles logistiques
en tenant compte des biais de sélection introduits par
60 De (1) à (4).
la décomposition de la population en sous-groupes
agencés de manière séquentielle (Gourieroux,
1989)61.
IV.3.2 Interprétation et discussion des
résultats
Le Tableau 39 (en annexe) synthétise
les résultats obtenus sur le dernier niveau des séquences
précédemment définies. Il porte sur les facteurs
explicatifs des pires formes de travail des enfants en tenant compte des effets
induits par les différentes transitions constatées.
A travers l'analyse des variables significatives, plusieurs
enseignements peuvent être tirés. Les plus importants sont les
suivants :
· Au Burkina Faso, les enfants dont les parents tirent
principalement leur revenu d'un travail salarié ont 15 fois plus de
chance d'être astreints à un travail sous ses pires formes
(travail forcé). Ceci peut être expliqué par le fait que
ces parents obligent leur enfant à travailler dans les champs,
puisqu'ils n'ont pas assez de temps à consacrer aux activités
champêtres, l'essentiel de leur revenu provenant d'autres types de
travail. Par ailleurs, le phénomène des pires formes de travail
serait beaucoup plus fréquent dans les zones de moyennes
intensités d'émigration.
· En Côte d'Ivoire, les enfants âgés
de 10 à 14 ans ont environ 45% de chance de moins d'être
contraints aux pires formes de travail qui touchent surtout les 15-17 ans. Il
en est de même pour les enfants vivant seulement avec leur mère.
Par ailleurs, les enfants issus de ménages dont le revenu principal
vient d'une profession libérale semblent moins exposés.
· Au Mali, le fait pour un enfant de ne vivre ni avec
son père ni avec sa mère, le préserve des pires formes de
travail. Par ailleurs, lorsque leurs parents tirent leur revenu principalement
d'une profession libérale, les enfants ont moins de chance d'être
soumis à aux pires formes de travail.
En clair, les facteurs explicatifs de l'exposition des enfants
aux pires formes de travail ne sont pas les même d'un pays à
l'autre. Par ailleurs, il apparait que le niveau de pauvreté ne semble
pas être une cause des pires formes de travail des enfants dans ces trois
(03) pays. En effet, les ménages pauvres ne semblent pas être plus
exposés à ces formes de travail comme le suggère la non
significativité de la variable "classe de pauvreté" dans les
trois (03) pays étudiés.
61 La procédure seqlogit sous
stata 10.0 sera utilisée (Maarten, 2007). Seule l'analyse du dernier
niveau de noeud (identifiant les facteurs explicatifs des pires formes de
travail des enfants) sera faite. Les résultats d'estimations sur les
noeuds antérieurs sont mieux pris en compte dans les modèles
logistiques globaux.
Conclusion générale : synthèse et
recommandations
Synthèse globale...
Cette étude avait pour objectif global d'établir
un état des lieux détaillé sur les conditions de travail
des enfants issus des ménages agricoles. Le point sur les
théories et travaux empiriques entourant la problématique du
travail des enfants a permis de cerner les contours des questions qui ont
été traitées par la suite.
L'analyse de la participation des enfants aux
différentes activités économiques, et plus
généralement de l'allocation de leur temps, a permis
d'établir les faits stylisés du travail des enfants au Burkina
Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali. L'écrasante majorité des
enfants issus des ménages agricoles est active. Le Burkina Faso et le
Mali se distinguent de la Côte d'Ivoire, s'agissant des taux
d'activités : plus de neuf enfants (respectivement huit enfants) sur dix
travaillent dans ces deux premiers pays (respectivement en Côte
d'Ivoire). Les secteurs d'activités concernés sont divers.
L'agriculture vient en première position, occupant près d'un
enfant sur huit (8) dans les trois pays. Ensuite vient le secteur des
activités domestiques qui occupe à peu près la
moitié des enfants. Le secteur des activités économiques
autres qu'agricoles reste peu sollicité, avec toutefois, une relative
prépondérance en Côte d'Ivoire où près d'un
enfant sur trois y est actif.
La typologie qui s'en est suivie a permis d'aboutir à
certains résultats essentiels. En fait, l'écrasante
majorité des enfants travaille en violation des normes internationales
telles qu'édictées par l'OIT. Le taux de non-conformité
est particulièrement élevé au Burkina Faso (99%), la
Côte d'Ivoire et le Mali n'étant toutefois pas bien loin (95%). La
non-conformité des travaux pratiqués par les enfants est le plus
souvent inhérente à la précocité des âges de
début d'activité, mais aussi au caractère pénible,
forcé ou obligatoire de ces travaux. Aussi, le taux d'enfants astreint
aux pires formes de travail reste à des niveaux non négligeables
: le Mali vient première position (un enfant sur cinq), suivi par la
Côte d'Ivoire (19%) et le Burkina Faso (13%). Cependant, c'est surtout la
dangerosité du travail que ce défaut de conformité met en
évidence. Les fortes proportions d'enfants s'adonnant à des
activités dangereuses sont révélatrices de cet état
de fait : plus de 96% au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, et près
de 87% au Mali.
L'essentiel de ces résultats a été soumis
à une évaluation empirique par des
méthodes économétriques. La mise en oeuvre d'une
série de modèles a permis de se rendre compte en ce qui
concerne, en particulier, le travail non "léger", que la
nationalité de l'enfant, sa perception
de l'éducation, son lieu de naissance et son lien de
parenté, mais aussi le niveau d'instruction de ses parents, le sexe du
chef de ménage et le mode décision sur les finances au sein du
ménage n'impactent pas significativement la probabilité qu'un
enfant a de travailler.
Au terme de cette étude, et au regard des
résultats obtenus, il apparait que les objectifs ont été
globalement atteints. La pertinence des hypothèses de recherche a pu
faire l'objet d'une évaluation a posteriori.
- Conformément à la première
hypothèse que l'étude de l'ampleur et des caractéristiques
du phénomène de travail des enfants dans les trois (03) pays,
permet de procéder à posteriori à une classification en
deux (02) groupes : la Côte d'Ivoire d'une part, et le groupe Burkina
Faso - Mali, d'autre part. Ce résultat semble prévisible, car il
obéit à la structure socioéconomique de ces pays qui fait
ressortir, a priori, cette classification.
- Le niveau de pauvreté n'influence le travail (non
léger) des enfants qu'en Côte d'Ivoire. Le sens de cette influence
permet de confirmer l'axiome du luxe (Basu & Van, 1998) puisque les
ménages pauvres semblent faire participer relativement plus leurs
enfants à la force de travail. Toutefois, au Burkina Faso et au Mali, la
pauvreté semble avoir un impact négatif sur la prévalence
du travail des enfants. Ce résultat qui semble contredire l'axiome de
luxe doit tout de méme être fortement nuancé voir
délaissé. En effet, la pauvreté ne joue pas dans ces deux
(02) pays un rôle explicatif significatif du phénomène du
travail des enfants. La deuxième hypothèse n'a donc pu être
validée que pour le cas particulier de la Côte d'Ivoire.
- La propension d'un enfant à travailler ne
dépend pas du niveau de scolarisation du chef de ménage. La
troisième hypothèse n'est donc pas validée. Quel que soit
le niveau d'instruction du chef de ménage, l'entrée
précoce des enfants dans le marché de travail semble demeurer une
donne stable impactée par d'autres facteurs.
- Dans les trois pays, les choix de participation aux trois
(03) types d'activités sont interdépendants. Ces décisions
sont liées, des liens de complémentarité ayant pu
être mis en évidence. La quatrième hypothèse est
ainsi confirmée.
Plus globalement, il apparait du point de vue des facteurs
explicatifs du travail des enfants, que la réalité du travail des
enfants est beaucoup plus étroitement lié aux normes
socioculturelles au Burkina-Faso et au Mali alors qu'en Côte d'Ivoire,
c'est surtout des facteurs économiques qui en sont la cause.
Apports et intérêt, perspectives...
Cette étude a permis d'aller au-delà de la
question des pires formes de travail des enfants pour établir un
schéma descriptif global suivant une approche nouvelle prenant en compte
une certaine forme de travail domestique. Par ailleurs, cette étude a
permis de nuancer certaines conclusions établies voir
préétablies par les organismes internationaux s'occupant de la
problématique du travail des enfants (OIT, Unicef, etc.) et qui tendent
à s'universaliser, apparaissant hasardeuses dans le contexte
socioéconomique particulier des pays d'Afrique subsaharienne, et
particulièrement du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire et du Mali.
Le lien immédiat établi entre promotion de la scolarisation et
réduction du travail des enfants, le rapprochement systématique
fait entre pauvreté des ménages, mobilité des enfants et
prévalence du travail enfantine, ne semblent pas toujours
prévaloir de façon indiscutable dans les études de cas de
cette présente analyse. Le travail des enfants apparait comme un
phénomène relevant d'une logique socioéconomique propre
aux sociétés africaines subsahariennes. En outre, les normes
culturelles qui prévalent dans cette partie du monde prédisposent
à certaine une tolérance envers certaines formes de travail des
enfants, considérées comme des gages de socialisation et de
responsabilisation des enfants.
Ces constats ouvrent ainsi de nouvelles perspectives d'analyse
qui mériteraient d'être explorées. Par ailleurs, les effets
de substitutions entre le travail des enfants et celui des adultes, qui peuvent
influer le comportement de ces derniers relativement à la
décision de participation des enfants au travail, auraient pu
mériter une analyse particulière.
...et recommandations
Au-delà des objectifs fixés, des
éléments idoines de recommandations allant dans le sens d'une
lutte ciblée et efficace contre le travail des enfants sous ces formes
inacceptables se doivent d'être proposés. Ils s'adresseront
essentiellement aux organismes nationaux ou internationaux qui oeuvrent dans le
domaine de la lutte contre le travail des enfants sous ces formes insoutenables
(ou inacceptables). En effet, chercher à mettre un terme au travail des
enfants serait pour les organismes de lutte, une stratégie vouées
à l'échec et la manifestation d'une incompréhension totale
des sociétés subsahariennes62. Cette
réalité est très manifeste au Burkina Faso et au mali,
où nombre de variables liées aux normes socioculturelles ont pu
être mises en évidence dans l'explication du travail des enfants.
Le travail des enfants relève d'une utilité certaine et participe
à l'éducation de ceux-ci. Ce phénomène n'est donc
pas forcément
62 On pourra même parler de "choc
des civilisations".
un mal ou un frein à l'épanouissement de
l'enfant. D'ailleurs, la plupart des enfants qui travaillent sont
également scolarisés. Par conséquent, la scolarisation
n'est pas le simple résultat d'un arbitrage d'avec le travail. Les
organismes de lutte doivent donc faire la part des choses en intégrant
les réalités anthropologiques et sociales des pays
concernés à leur vision, afin d'adapter au mieux leur
stratégies de lutte contre les formes de travail qui méritent
réellement une lutte acharnée : les formes inacceptables de
travail63.
[ R1] Selon la FAO, 70% des enfants travailleurs sont issus
des ménages agricoles. Aussi, les enfants sont beaucoup plus actifs dans
les fermes et les plantations que dans les usines ou autres bureaux. Cette
étude a, en outre, permis de noter que la prévalence du travail
des enfants est sensiblement plus importante dans le monde agricole, en
comparaison aux chiffres nationaux des trois (03) pays étudiés.
Il est donc primordial que les organismes de lutte contre le travail des
enfants surtout sous ses pires formes, dans ces trois (03) pays, multiplient
leurs efforts dans le monde agricole en orientant prioritairement leurs actions
sur les secteurs agricoles et domestique.
[ R2] Le fait pour les enfants de travailler ne semble pas
gêner considérablement leur éducation. La scolarisation est
donc loin d'être un substitut parfait au travail par rapport auquel, elle
n'est d'ailleurs pas en concurrence. Miser sur la seule promotion de la
scolarisation serait ainsi une stratégie vouée à
l'échec. La politique de l'Education Pour Tous (EPT), à travers
une éducation primaire obligatoire doit, en outre, continuer
d'être promue. Toutefois, elle doit venir en complément à
d'autres mesures visant à expliquer le bien-fondé pour les
parents de ne pas exposer leurs enfants à certaines formes de travail
pouvant être dommageables pour le bien-être et
l'émancipation de leurs enfants.
[ R3] Le rôle de la pauvreté parait assez
limité pour les cas particuliers du Burkina Faso et du Mali. En fait,
les normes sociales favorables à l'utilisation de la main d'oeuvre
enfantine jouent un rôle déterminant dans la mise au travail de
ceux-ci. Il faudrait ainsi mettre un accent particulier sur la sensibilisation
des populations en insistant sur l'utilité future, du point de vue de la
maximisation de la satisfaction des ménages d'une scolarisation et / ou
du "non travail" de l'enfant. En Côte d'Ivoire où le niveau de
pauvreté influe significativement la propension des enfants à
travailler, des politiques visant à améliorer le bien-être
des populations en milieux agricoles sont indiquées. Plus
généralement, il apparait que le travail des enfants dans
l'agriculture est surtout lié aux systèmes de subsistance des
ménages
63 Voir le cadre conceptuel.
agricoles et à leur vulnérabilité
économique. Créer d'autres sources de revenus pour les
ménages réduirait la nécessité de faire travailler
les enfants et permettrait à leur famille de les envoyer à
l'école.
[ ] La localisation géographique joue un rôle
essentiel surtout au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire. Dans ce dernier
pays, il apparait que la prévalence du travail enfantine est plus forte
dans les zones de forte intensité de culture cacaoyère. De plus,
l'estimation séquentielle a permis de montrer, à travers l'effet
croisé de la scolarisation et de la localisation, que les pires formes
de travail sont plus présentes dans ces zones. Les conclusions
tirées après la mise en marche du protocole Harkin & Engel
sont ainsi confirmées. Des actions prioritaires doivent donc y
être menées. Toutefois, l'ampleur du travail enfantine est aussi
alarmante dans les autres régions Il est donc nécessaire de
concentrer les efforts déployés aussi bien dans les
régions productrices de cacao que dans les zones hors production cacao.
Au Mali et
surtout au Burkina Faso, ce sont les zones de moyenne et de forte
intensité d'émigration quisont les plus
concernées par le phénomène. Des actions prioritaires
doivent donc y être menées par les organismes
intéressés par la problématique du travail des enfants.
[ 5] Les facteurs explicatifs de l'exposition des enfants aux
pires formes de travail ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre.
Les approches de lutte doivent s'adapter à chaque pays, les
stratégies standards étant a priori vouées à
l'échec. Les stratégies à privilégier doivent, en
outre, mettre l'accent sur la sensibilisation des parents et l'adoption de
mesures légales coercitives de lutte pour une éradication, somme
toute, souhaitable.
A n n e x e s | ix
Annexes
Annexe I : Estimation de l'indice multidimensionnel de
pauvreté privative
Tableau 25 : Résultats
d'estimation de l'indice multidimensionnelle de pauvreté
privative
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
|
Mali
|
|
IPU
|
Contribution
|
IPU
|
Contribution
|
IPU
|
Contribution
|
Dimension 1 : valeur du logement
|
|
|
|
|
|
|
Types de logement
|
0,7659
|
3,10
|
0,3106
|
4,47
|
0,7779
|
2,76
|
Statut de propriété
|
0,1172
|
3,81
|
0,1510
|
3,51
|
0,0375
|
1,74
|
Montant du loyer
|
0,3188
|
5,53
|
0,5353
|
4,12
|
0,4628
|
5,04
|
Nombre de chambre à coucher
|
0,4839
|
5,53
|
0,5191
|
4,19
|
0,4993
|
4,90
|
Dimension 2 : commodités du milieu de
vie
|
|
|
|
|
|
|
Source d'approvisionnement en eau
|
0,4446
|
3,52
|
0,4960
|
3,85
|
0,6779
|
2,21
|
Source d'énergie pour la cuisine
|
0,0103
|
0,46
|
0.0431
|
1,50
|
0,0007
|
0,04
|
Source d'éclairage
|
0,2865
|
3,50
|
0,3759
|
4,07
|
0,4378
|
3,03
|
Dimension 3 : possession de biens durables
|
|
|
|
|
|
|
Possession d'une radio
|
0,2600
|
5,76
|
0,2698
|
5,66
|
0,1508
|
4,57
|
Possession d'une télévision
|
0,9551
|
0,72
|
0,6540
|
4,44
|
0,8741
|
1,88
|
Possession d'un téléphone
|
0,6661
|
4,45
|
0,7309
|
3,67
|
0,6574
|
4,42
|
Possession d'un réfrigérateur
|
0,9936
|
0,11
|
0,8974
|
1,55
|
0,9941
|
0,09
|
Possession d'un moyen de transport
|
0,1172
|
4,13
|
0,3072
|
5,80
|
0,1406
|
4,42
|
Dimension 4 : revenu
|
|
|
|
|
|
|
Revenu annuel
|
0,5087
|
9,40
|
0,5586
|
8,33
|
0,5499
|
9,04
|
Recettes vente coton/cacao
|
0,3836
|
10,04
|
0,3869
|
9,41
|
0,2670
|
9,69
|
Recettes activités économiques
|
0,4763
|
9,65
|
0,5756
|
8,14
|
0,5201
|
9,34
|
Dimension 5 : possession d'actifs fonciers
|
|
|
|
|
|
|
Superficie de terres possédée
|
0,4414
|
15,57
|
0,4935
|
13,89
|
0,5041
|
18,76
|
Superficie de terre cultivée
|
0,5029
|
14,91
|
0,5310
|
13,40
|
0,5400
|
18,07
|
Total (%)
|
|
100
|
|
100
|
|
100
|
Dimension 1 : Logement
|
0,2737
|
17,77
|
0,3049
|
16,28
|
0,2044
|
14,44
|
Dimension 2 : Commodités
|
0,1153
|
7,49
|
0,1764
|
9,42
|
0,0747
|
5,28
|
Dimension 3 : Biens durables
|
0,2335
|
15,16
|
0,2956
|
21,12
|
0,2176
|
15,38
|
Dimension 4 : Revenu
|
0,4481
|
29,10
|
0,4849
|
25,89
|
0,3971
|
28,06
|
Dimension 5 : Actifs fonciers
|
0,4695
|
30,48
|
0,5112
|
27,29
|
0,5211
|
36,83
|
Niveau agrégé (moyen) de
privation
|
|
0,3080
|
|
0,3746
|
|
0,2830
|
Note : IPU : Indice de pauvreté unidimensionnel
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous Stata
Annexe II : Présentation des populations
d'étude
Tableau 26 :
Caractéristiques sociodémographiques des enfants (10-17 ans,
2009)
Burkina Faso Côte d'Ivoire
Mali
Effectifs
|
719
|
1458
|
741
|
Structure par âge (en année révolue)
(%)
|
|
|
|
10-14 ans 15-17 ans
|
63,56 36,44
|
65,78 34,22
|
67,48 32,52
|
Age moyen (en années) (JK)
|
13,30042
|
13,18176
|
13,2973
|
Ecart-type (JK)
Intervalle de confiance (95%) de JK
|
0,085241 13,13307 13,46777
|
0,0630059 13,05816 13,30535
|
0,0814096 13,13748 13,45712
|
Structure par sexe (%)
|
|
|
|
Garçon
Fille
Rapport de masculinité
|
56,19 43,81 128,25
|
56,10 43,90 127,81
|
60,41 39,59 152,55
|
Religion (%)
|
|
|
|
Catholique Protestant Musulman Animiste
|
27,82 5,98 60,22 5,56
|
24,28 22,15 37,59 13,44
|
0,95 2,16 93,38 3,51
|
Proportion des natifs du pays
|
91,24
|
98,35
|
96,76
|
Scolarité (%)
|
|
|
|
Proportion d'enfants scolarisés les 12 derniers
mois
|
58,69
|
59,26
|
48,04
|
Types d'école fréquentée les 12
derniers mois
|
|
|
|
Maternelle
Ecole primaire Ecole secondaire Ecole religieuse
|
0,24 71,57 18,31 7,47
|
1,62 70,02 21,53 6,71
|
11,33 66,29 20,96 1,42
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Graphique 6
: Structure par âge et par sexe des enfants de l'étude
(10-17 ans, 2009) (effectifs absolus)
800
400
700
600
500
300
200
100
0
Garcons Filles
Burkina-Faso
10-14 ans 15-17 ans
Garcons Filles
Côte d'Ivoire
Garcons Filles
Mali
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Tableau 27 :
Caractéristiques des chefs de ménage
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Effectifs
|
719
|
672
|
741
|
Age (moyen)
|
48,18436
|
48,87725
|
49,32254
|
Ecart-type (JK)
|
0,5846102
|
0,5281064
|
0,4847545
|
Intervalle de confiance (95%) de JK
|
47,0366 49,33212
|
47,84029 49,9142
|
48,37088 50,2742
|
Proportion de Chef de ménage Homme
|
82,89
|
85,12
|
92,31
|
Religion (%)
|
|
|
|
Catholique
|
23,78
|
23,51
|
0,81
|
Protestant
|
5,98
|
18,75
|
1,62
|
Musulman
|
58,41
|
36,01
|
93,79
|
Animiste
|
11,68
|
18,60
|
3,78
|
Situation matrimoniale (%)
|
|
|
|
Marié Monogame
|
45,48
|
69,28
|
54,39
|
Marié Polygame
|
41,72
|
12,14
|
42,51
|
Célibataire ou jamais marié
|
3,48
|
3,23
|
1,75
|
veuf/ veuve
|
6,26
|
8,45
|
1,21
|
Niveau d'alphabétisation (%)
|
|
|
|
Proportion de Chef de ménage alphabétisé
|
23,64
|
41,17
|
22,54
|
Niveau d'instruction
|
|
|
|
Aucun Préscolaire
|
83,86 1,51
|
57,76 19,82
|
81,02 1,80
|
Primaire
|
9,20
|
14,90
|
12,05
|
Secondaire
|
3,77
|
0,61
|
4,85
|
Supérieur
|
0,45
|
4,45
|
0,14
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Tableau 28 :
Caractéristiques des ménages enquêtés
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Revenu global annuel moyen (en F CFA)
|
445956,1
|
1074244
|
771599,6
|
Ecart-type (JK)
|
29939,35
|
93716,86
|
32200,66
|
Intervalle de confiance (95%) de JK
|
387147,6 504764,7
|
1021358 1389027
|
708379,8 834819,3
|
Taille moyenne (des ménages)
|
8,632823
|
8,391369
|
7,854251
|
Ecart-type (JK)
|
0,1708844
|
0,1540881
|
0,1108538
|
Intervalle de confiance (95%) de JK
|
8,297331 8,968316
|
8,088816 8,693922
|
7,636626 8,071876
|
Types de logement (%)
|
|
|
|
Villa moderne
|
1,26
|
7,29
|
0,54
|
Maison simple
|
16,60
|
56,40
|
21,52
|
Maison en bande
|
6,00
|
7,59
|
1,22
|
Cour commune
|
4,04
|
10,42
|
3,65
|
Case/Maison en banco/Baraque
|
70,99
|
16,67
|
72,26
|
Autres
|
1,12
|
1,64
|
0,81
|
Niveau moyen de privation
|
0,3080
|
0,3798251
|
0,2817
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Annexe III : Caractéristiques des enfants
travailleurs
Graphique 7 : Répartition
des enfants actifs selon la classe d'âges (en %)
40
70
60
50
30
20
10
0
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
10-14 ans 15-17 ans
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Graphique 8
: Répartition des enfants actifs selon l'âge (en
années révolues) (en %)
10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans
20
18
16
14
12
10
8
6
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Graphique 9
: Répartition des enfants actifs selon le type (ou secteur)
d'activités (en %)
100
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
80
60
40
20
0
Activités agricoles Activités domestiques
Activités économiques
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Graphique 10 : Taux de
participation des filles dans les différentes tâches
effectuées par les enfants actifs dans les activités
économiques autres qu'agricoles (en %)
Effectuer d'autres activités économiques
Aide non rémunéré dans un commerce...
Production de bien pour le ménage
Construction ou grande réparation
Chercher de l'eau ou du fagot
Faire un travail rémunéré
Ouvrier domestique
Gérer une d'affaire
Pêcher ou chasser
Mali Côte d'Ivoire Burkina-Faso
0 20 40 60 80 100
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Graphique 11 : Taux de
participation des filles dans les différentes tâches
effectuées par les enfants actifs dans les activités
domestiques (en %)
Effectuer d'autres travaux domestiques
S'occuper des enfants, gens âgés ou ...
Nettoyer les ustensiles et la maison
Réparer les équipements ménagers
Faire les achats pour le ménage
Préparer de la nourriture
Laver les vêtements
Mali Côte d'Ivoire Burkina-Faso
0 50 100
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Graphique 12
: Répartition de la population enfantine selon les statuts de
travail et de scolarisation (en %)
Enfants actifs et non scolarisés
Enfants actifs et récemment scolarisés
Enfants non actifs et
récemment scolarisés
Enfants non actifs non scolarisés
Burkina-Faso Côte d'Ivoire
60
50
40
30
20
10
0
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Tableau 29 : Répartition
de la population enfantine active selon le secteur d'activités et le
statut de scolarisation (proportions en %)
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Tout secteur confondu
|
|
|
|
Enfants actifs et récemment scolarisés Enfants
actifs et non scolarisés
|
58,48 41,52
|
54,07 45,93
|
48,22 51,78
|
Secteur agricole
|
|
|
|
Enfants actifs et récemment scolarisés
|
57,89
|
53,40
|
48,80
|
Secteur économique
|
|
|
|
Enfants actifs et récemment scolarisés
|
54,78
|
50,35
|
45,83
|
Travail domestique
Enfants actifs et récemment scolarisés
|
60,34
|
46,49
|
45,48
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Tableau 30 :
Prévalence du travail des enfants actifs selon le secteur
d'activités et le niveau de pauvretéprivative des
ménages (proportions en %)
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Type d'activités
|
|
|
|
Activités agricoles
|
|
|
|
Faible niveau de privation
|
90,32
|
74,34
|
88,24
|
Niveau moyennement faible de privation
|
89,81
|
75,22
|
91,81
|
Niveau moyennement fort de privation
|
93,59
|
74,19
|
88,37
|
Fort niveau de privation
|
92,90
|
70,09
|
92,35
|
Activités économiques autres
qu'agricoles
|
|
|
|
Faible niveau de privation
|
18,71
|
24,48
|
17,06
|
Niveau moyennement faible de privation
|
14,01
|
24,49
|
19,88
|
Niveau moyennement fort de privation
|
16,67
|
32,26
|
23,84
|
Fort niveau de privation
|
14,84
|
35,19
|
14,71
|
Activités domestiques
|
|
|
|
Faible niveau de privation
|
45,16
|
35,99
|
51,18
|
Niveau moyennement faible de privation
|
40,76
|
29,15
|
48,54
|
Niveau moyennement fort de privation
|
39,74
|
36,66
|
50,58
|
Fort niveau de privation
|
51,11
|
41,06
|
46,47
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Graphique 13 : Evolution de la
prévalence de travail des enfants en fonction du niveau de
pauvreté des ménages (proportions en %)
100
95
90
85
80
Faible niveau de privation
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
Niveau moyennement faible de privation
Niveau moyennement fort de privation
Fort niveau de privation
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Graphique 14 : Evolution de la
prévalence de travail des enfants en fonction du niveau d'instruction du
chef de ménage (proportions en %)
100
95
90
85
80
75
70
65
60
Aucun niveau Préscolaire Primaire Secondaire Ecole
professionnelle
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
Supérieur
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Tableau 31 : Prévalence du
travail des enfants actifs selon le niveau d'instruction du chef de
ménage : cas global (proportions en %)
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Taux d'activité global des enfants
|
96,80
|
84,22
|
94,87
|
Niveau d'instruction des parents
|
|
|
|
Aucun niveau
|
96,40
|
86,64
|
95,73
|
Préscolaire
|
100,00
|
87,55
|
76,92
|
Primaire
|
96,72
|
72,41
|
91,95
|
Secondaire
|
96,00
|
72,73
|
97,14
|
Ecole professionnelle
|
100,00
|
68,09
|
100,00
|
Supérieur
|
100,00
|
94,67
|
100,00
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants
Tableau 32 : Synthèse sur
les blessures au travail : prévalence dans les secteurs
d'activités (proportions en %)
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Types d'activités
|
|
|
|
Activités agricoles
|
|
|
|
Enfants ayant été blessés Enfants n'ayant
pas été blessés
|
51,28 48,72
|
53,58 46,42
|
44,14 55,86
|
Activités économiques autres
qu'agricoles
|
|
|
|
Enfants ayant été blessés Enfants n'ayant
pas été blessés
|
9,17 90,83
|
6,7 93,3
|
8,33 91,67
|
Travail domestique
|
|
|
|
Enfants ayant été blessés Enfants n'ayant
pas été blessés
|
8,9 91,1
|
14,99 85,01
|
3,56 96,44
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Graphique 15
: Port de lourdes charges : répartition selon le secteur
d'activités (en %)
100
95
90
85
80
Activités agricoles Activités économiques
Travaux domestiques
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Tableau 33 :
Travaux dangereux : prévalence dans le secteur agricole suivant le sexe
(proportions en %)
Pays
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Garçons
|
97,43
|
98,72
|
89,28
|
Filles
|
94,57
|
97,78
|
81,01
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants. Graphique 16
: Répartition des enfants actifs selon la conformité de
leur travail aux normes de l'OIT (en %)
100 80 60 40 20 0
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
Travail conforme Travail non conforme
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Graphique 17 : Enfants
travaillant en violation des normes : répartition selon le sexe (en
%)
Burkina-Faso Côte d'Ivoire Mali
40
60
20
0
Garcons Filles
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants.
Annexe IV : Analyse des choix d'allocation du temps des
enfants
Tableau 34 : Estimations
simultanées des probabilités de participations : cas de la
Côte d'Ivoire
|
Activités agricoles
|
Activités économiques
|
Activités domestiques
|
|
Coefficient
|
ET
|
Coefficient
|
ET
|
Coefficient
|
ET
|
Caractéristiques de l'enfant
|
|
|
|
|
|
|
Classe d'âges - 10-14 ans1
|
-0,20721118**
|
0,0838
|
-0,25984777**
|
0,1017
|
-0,17740177**
|
0,0880
|
Sexe - Garçon1
|
-0,31251297***
|
0,0705
|
-0,53881136***
|
0,0844
|
-0,88012927***
|
0,0727
|
Scolarisation récente - Non scolarisé
|
0,43812862***
|
0,0731
|
0,35784935***
|
0,0885
|
0,3653514***
|
0,0764
|
Environnement familial
|
|
|
|
|
|
|
Effectif 0 - 5 ans
|
0,06903756***
|
0,0257
|
0,02571006
|
0,0325
|
0,0553888**
|
0,0265
|
Effectif 6 - 14 ans
|
-0,04313537*
|
0,0221
|
-0,07127059***
|
0,0276
|
-0,03899075*
|
0,0229
|
Effectif 15 - 17 ans
|
-0,07163051**
|
0,0363
|
-0,08950166**
|
0,0414
|
-0,03909879
|
0,0361
|
Effectif 18 - 54 ans
|
-0,0021912
|
0,0186
|
-0,02693739
|
0,0233
|
-0,01986369
|
0,0189
|
Effectif 55 ans et plus
|
0,03958745
|
0,0510
|
0,07241228
|
0,0591
|
-0,03636188
|
0,0518
|
Niveau de pauvreté (privation)
|
0,20940599***
|
0,0786
|
0,08872522
|
0,1034
|
0,1134758
|
0,0804
|
Caractéristiques du chef de
ménage
|
|
|
|
|
|
|
Agriculture
|
0,10420856
|
0,1444
|
-0,0942712
|
0,1630
|
-0,07726519
|
0,1443
|
Salarié1
|
-0,40008928**
|
0,1871
|
0,27973844
|
0,1874
|
-0,5467058***
|
0,1765
|
Profession libérale1
|
-0,16364787*
|
0,0926
|
0,14760429
|
0,1008
|
-0,09271979
|
0,0940
|
Autres emplois 1
|
-0,14193969
|
0,1548
|
-0,32738446
|
0,2238
|
-0,31742811*
|
0,1675
|
Chômeur/Inactifs1
|
-0,02352569
|
0,0969
|
-0,14559862
|
0,1182
|
0,10460152
|
0,1010
|
Caractéristiques géographiques
|
|
|
|
|
|
|
Strate (1) 1
|
0,00463422
|
0,0959
|
0,10886317
|
0,1107
|
0,1200297
|
0,0995
|
Strate (2) 1
|
-0,31179871***
|
0,0870
|
-0,25889671**
|
0,1054
|
-0,30080109***
|
0,0898
|
Constante
|
0,1349604
|
0,2079
|
-0,3070416
|
0,2307
|
0,53076838**
|
0,2084
|
Coefficients de corrélations
|
P21 = 0,6690252
|
|
|
|
|
|
P31 =0,9020639
|
P32 =0,698236
|
|
|
(i) LR Test X2(3) : 886,723 (0,000) ; (ii) AIC =
3702,502 ; (iii) BIC = 3987,882
Indications : *** Significatif à 1% ; **
Significatif à 5% ; * Significatif à 10% ; (iv) variables
binaires0,
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous Stata
Tableau 35 : Estimations
simultanées des probabilités de participations activités :
cas du Mali
|
Activités agricoles
|
Activités économiques
|
Activités domestiques
|
|
Coefficient
|
ET
|
Coefficient
|
ET
|
Coefficient
|
ET
|
Caractéristiques de l'enfant
|
|
|
|
|
|
|
Classe d'âges - 10-14 ans1 Sexe - Garçon1
|
-0,1940115**
|
0,0942
|
-0,34687442** -0,36042207***
|
0,1437 0,1201
|
0,06692438 -0,5020245***
|
0,0431 0,0973
|
Scolarisation récente - Non scolarisé
|
0,11496757
|
0,0944
|
0,13612666
|
0,1220
|
0,13159294
|
0,0963
|
Environnement familial
|
|
|
|
|
|
|
Effectif 0 - 5 ans
|
|
|
-0,0706116
|
0,0450
|
|
|
Effectif 6 - 14 ans
|
|
|
0,03710257
|
0,0347
|
|
|
Effectif 15 - 17 ans
|
|
|
-0,02489875
|
0,0912
|
|
|
Effectif 18 - 54 ans
|
|
|
0,12719802***
|
0,0427
|
|
|
Effectif 55 ans et plus
|
|
|
0,12045008
|
0,0802
|
|
|
Enfants vivant seulement avec son père
|
0,25490728
|
0,2338
|
0,11830459
|
0,3302
|
0,44413999*
|
0,2329
|
Enfants vivant seulement avec sa mère
|
-0,45681049*
|
0,2469
|
-0,31409539
|
0,3768
|
-0,14427711
|
0,2308
|
Enfants ne vivant ni avec le père ni avec la
mère
|
-0,04026132
|
0,1437
|
0,05873016
|
0,3768
|
0,01125576
|
0,1429
|
Caractéristiques du chef de
ménage
|
|
|
|
|
|
|
Agriculture
|
0,02999995
|
0,1985
|
0,08178197
|
0,2844
|
-0,04891433
|
0,1805
|
Salarié1
|
-0,08524825
|
0,2808
|
-0,22549736
|
0,3461
|
-0,16402347
|
0,2937
|
Profession libérale1
|
-0,16428928
|
0,1328
|
0,21937613
|
0,1613
|
-0,20597451
|
0,1292
|
Autres emplois 1
|
0,19335918
|
0,1674
|
0,66947288***
|
0,1821
|
0,26593809
|
0,1678
|
Chômeur/Inactifs1
|
0,0446432
|
0,1206
|
0,11705231
|
0,1553
|
0,07024178
|
0,1217
|
Caractéristiques géographiques
|
|
|
|
|
|
|
Strate (1) 1
|
0,28037694**
|
0,1344
|
0,06942434
|
0,1751
|
0,04976964
|
0,1365
|
Strate (2) 1
|
0,34160469**
|
0,1429
|
0,17061295
|
0,1804
|
0,26459349*
|
0,1402
|
Constante
|
-0,29605027
|
0,2574
|
-10,5067916***
|
0,3937
|
0,07566501
|
0,2420
|
Coefficients de corrélations (LR test)
|
0,7392536***
|
|
|
|
|
|
0,9944515***
|
0,7790174***
|
|
|
(i) LR Test (3) : 803,702 (0,000) ; (ii) AIC = 1783,908 ; (iii)
BIC = 2009,7
*** Significatif à 1% ; ** Significatif à 5% ; *
Significatif à 10% ; (iv) variables binaires0,
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous
Stata Tableau 36 : Tableau des probabilités
marginales de participation selon le secteur d'activités
Probabilité marginales
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Activités agricoles
|
0,5136849
|
0,3597054
|
,4677192
|
Min - Max
|
0,1167884 0,6880443
|
0,0411707 0,7587349
|
0,1217244 0,7182196
|
Activités économiques
|
0,0904992
|
0,1374897
|
0,1208174
|
Min - Max
|
1,60e-07 0,3151109
|
0,0042321 0,5355589
|
0,0164308 0,5035004
|
Activités domestiques
|
,4187485
|
0,3621704
|
0,4876082
|
Min - Max
|
0,0583048 0,8049603
|
0,030759 0,8089169
|
0,1781015 0,8377164
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous Stata
|
|
Annexes | xix
|
Tableau 37 : Tableau des
probabilités prédites sur les huit stratégies
possibles
|
|
Probabilités jointes
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Participation aux trois (03) activités
|
0,0743709
|
0,106803
|
0,1112776
|
Participation aux activités économiques et
domestiques
|
0,0009979
|
0,0108865
|
0,0040138
|
Participation aux activités agricoles et domestiques
|
0,2970164
|
0,1800317
|
0,3302237
|
Participation aux activités agricoles et
économiques
|
0,0092723
|
0,0061837
|
0,00000
|
Participation aux activités domestiques
|
0,3443776
|
0,2553675
|
0,3763306
|
Participation aux activités économiques
|
0,0161283
|
0,0306867
|
0,0095398
|
Participation aux activités agricoles
|
0,4393139
|
0,2529024
|
0,3564416
|
Participation à aucune activité
|
0,4347266
|
0,5519087
|
0,4806186
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous
Stata Tableau 38 : Tableau des distributions
conditionnelles de participations
Burkina Faso
Probabilités conditionnelles Groupe
activités économiques Activités domestiques
Groupe activités économiques 1 (0,000) 0,9220759
(0,0852763)
Activités domestiques 0,7266559 (0,1953976) 1 (0,000)
Côte d'Ivoire
Probabilités conditionnelles Groupe
activités économiques Activités domestiques
Groupe activités économiques 1 (0,000) 0,8632955
(0,0900672)
Activités domestiques 0,7758302 (0,153253) 1 (0,000)
Mali
Probabilités conditionnelles Groupe
activités économiques Activités domestiques
Groupe activités économiques 1 (0,000) 0,9363258
(0,0848317)
Activités domestiques 0,9493784 (0,0734962) 1 (0,000)
Enfants travailleurs
Enfants non travailleurs (1)
Travail léger (2)
Victime des PFT (4)
Non victime des PFT (3)
Travail non léger
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants
xix | P a g e
Note : Probabilité de (ligne i) sachant (colonne
j) ; Lecture : p.ex. (~ |~ ). Erreurs standards entre
parenthèses Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous
Stata Graphique 18 : Graphe des séquences de
possibilités
Annexes | xx
Tableau 39 : Résultat de
l'estimation séquentielle sur la mise en évidence des facteurs
explicatifs des pires formes de travail dans les trois (03) pays
Variable dépendante :
Probabilité
de s'adonner aux PFT
|
|
Coefficients
|
|
Odds Ratios (OR)
|
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Burkina Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Caractéristiques de l'enfant
|
|
|
|
|
Classe d'âges - 10-14 ans
|
-0,55772557
|
-0,75176995**
|
0,03593159
|
0,5725097
|
0,4715312
|
1,036585
|
Sexe - Garçon
|
0,74119489
|
0,16514127
|
0,31411595
|
2,098441
|
1,17956
|
1,369048
|
Scolarisation récente - Non scolarisé
|
1,8248647
|
-0,25783144
|
-1,0245389
|
6,201956
|
0,7727255
|
0,3589619
|
Environnement familial
|
|
|
|
|
Effectif 0 - 5 ans
|
-0,01638498
|
-0,02224428
|
0,16972961
|
0,9837485
|
0,9780013
|
1,184984
|
Effectif 6 - 14 ans
|
-0,09496122
|
0,0540319
|
0,03496197
|
0,9094082
|
1,055518
|
1,03558
|
Effectif 15 - 17 ans
|
0,17900893
|
0,33128801**
|
-0,16711004
|
1,196031
|
1,392761
|
0,8461065
|
Effectif 18 - 54 ans
|
-0,11130953
|
0,02709951
|
-0,13695585
|
0,8946618
|
1,02747
|
0,8720087
|
Effectif 55 ans et plus
|
0,12765939
|
-0,05834395
|
0,0545706
|
1,136166
|
0,9433254
|
1,056087
|
Enfants vivant seulement avec son père
|
1,5469945
|
0,93643085
|
-0,5229387
|
4,697331
|
2,550861
|
0,592776
|
Enfants vivant seulement avec sa mère
|
0,89146961
|
-0,82921686**
|
-0,64329343
|
2,438711
|
0,4363909
|
0,5255587
|
Enfants ne vivant ni avec le père ni avec la
mère
|
0,53212216
|
-0,51586979*
|
-1,3259545***
|
1,702542
|
0,5969811
|
0,2655494
|
Classe de pauvreté (privative)
|
-0,30052949
|
0,3471283
|
0,22720243
|
0,7404261
|
1,414998
|
1,255084
|
Caractéristiques du chef de
ménage
|
|
|
|
|
Agriculture
Salarié
Profession libérale
|
-0,23531735 15,205198*** -0,8064027**
|
0,05674104 1,2459099 -0,46913164*
|
0,49242051 -0,62693995 -1,1002723***
|
0,79032 1,058382
4013597 3,476096
0,4464612 0,6255452
|
1,636272 0,5342241 0,3327805
|
Autres emplois
|
1,5788991
|
0,27427624
|
-0,20224413
|
4,849614 1,315578
|
0,8168955
|
Chômeur/Inactifs
|
-1,2380167**
|
0,04030004
|
0,14985407
|
0,2899587 1,041123
|
1,161665
|
Caractéristiques géographiques
|
|
|
|
|
Strate (1)
|
0,36553938
|
0,04692484
|
-1,6373248
|
1,441291 1,048043
|
0,1944997
|
Strate (2)
|
1,5715876**
|
-0,17915958
|
-0,97024237
|
4,814285 0,8359725
|
0,3789912
|
Effets croisés de la scolarisation et du niveau de
pauvreté
|
-0,20965669
|
-0,08731457
|
-0,07295789
|
0,8108626 0,9163888
|
0,92964
|
Effets croisés de la scolarisation et du sexe de
l'enfant
|
0,04635859
|
-0,1301212
|
0,42347571
|
1,04745 0,877989
|
1,527261
|
Effets croisés de la scolarisation et de la
géolocalisation
|
-3,213357**
|
1,0718187*
|
1,2012316
|
0,0402214 2,920687
|
3,324209
|
AIC
|
1401,716
|
3102,949
|
1496,159
|
Note : L'arbre de décisions a été
spécifié comme suit :
|
BIC
|
1728,67
|
3479,393
|
1824,042
|
Niveau 1 : (2) (3) (4) ; Niveau 2 : (3) (4) ; Niveau 3 :
(4)64
|
Source : TULANE-ENSEA, 2009, Enquêtes sur les
conditions de vie et de migration des enfants, estimation sous Stata
64 Se référer au Graphique 18
pour les correspondances modalités-codes,
Bibliographies
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des enfants dans le secteur cacao d'Afrique de l'Ouest : une base de
données des interventions», Rapport d'étude, Payson
Center.
Table des m a t i è r e s | xxiii
Table des matières
Dédicaces iiRemerciements
iiiSommaire iv
Abréviations, sigles et acronymes
v
Table des illustrations viAvant-propos
viiRésumé & Abstract viiiIntroduction
générale 1
1. Contexte et justification de l'étude
1
2. Formulation du problème 2
3. Objectifs de la recherche 4
4. Hypothèses de recherche 4
5. Limites de la recherche 5
6. Ebauche du plan 5
Chapitre I : Cadres théorique, conceptuel et
méthodologique de l'étude 6
I.1 Revues théorique et empirique
6
I.1.1 Les prémisses des réflexions
théoriques sur le travail des enfants 6
I.1.2 Les modèles contemporains sur le travail
des enfants 7
I.1.3 Etudes empiriques 8
I.2 Cadre conceptuel de la recherche
11
I.2.1 Notion de conditions de travail
11
I.2.2 Notion de pénibilité
12
I.2.3 Définition, catégories et formes
du travail des enfants 12
I.2.4 Débats autour d'une définition
opérationnelle de l'"enfant travailleur" 13
I.3 Méthodologie de la recherche
15
I.3.1 Les données de l'étude
15
I.3.2 Les outils d'analyse 16
Chapitre II : Etat des lieux et
caractéristiques du travail des enfants 19
II.1 Analyse de la participation des enfants à
la main d'oeuvre 19
II.1.1 Taux de participation des enfants à la
main d'oeuvre 19
II.1.2 Les types d'activités
23
T a b l e des m a t i è r e s | xxiv
II.1.3 La nature des tâches effectuées
dans les secteurs agricoles et domestiques 28
II.1.4 La rémunération dans les
différents secteurs d'activités 29
II.1.5 Travail et scolarisation 30
II.2 Influences des caractéristiques du
ménage et des parents sur le travail des enfants 32
II.2.1 Analyse comparative de l'influence des
caractéristiques du chef de ménage 32
II.2.2 Analyse comparative de l'influence des
caractéristiques du ménage 33
II.2.3 Niveau de pauvreté des parents et
prévalence du travail des enfants 34
II.2.4 Influence du niveau d'instruction du chef de
ménage sur le travail des enfants 35
Chapitre III : Typologie du travail des enfants :
Intensité, âges de début, pénibilité et
formes du travail des enfants 37
III.1 Intensité des activités
37
III.2 Ages de début d'activité
39
III.3 Problèmes physiques liés au
travail des enfants : les cas de blessures au travail 40
III.4 Pénibilité : le port de lourdes
charges 41
III.5 Activités dangereuses : le point sur le
secteur agricole 42
III.6 Mesure des pires formes de travail des enfants
: 43
III.6.1 Caractéristiques des pires formes de
travail des enfants 43
III.6.2 Part des tâches effectuées par
les enfants soumis aux pires formes de travail 44
III.6.3 Fréquences d'exposition aux pires
formes de travail 44
III.7 Typologie des formes de travail
45
Chapitre IV : Analyse de l'influence des
caractéristiques de l'enfant et du ménage sur la propension de
travail de l'enfant
48
IV.1 Les déterminants de la participation des
enfants au travail 48
IV.1.1 Choix et spécification des
modèles 48
IV.1.2 Interprétation et discussion des
résultats de l'estimation du modèle 51
IV.2 Estimation des choix de participation des
enfants aux différentes activités 57
IV.2.1 Choix et justification du modèle
57
IV.2.2 Spécification du modèle
57
IV.2.3 La méthode de simulation du maximum de
vraisemblance (SML) 59
IV.2.4 Interprétation et discussion des
résultats d'estimations 60
IV.3 Facteurs explicatifs des pires formes de travail
: mise en oeuvre d'un modèle séquentiel 64
IV.3.1 Explication de la démarche analytique
64
IV.3.2 Interprétation et discussion des
résultats 65
Conclusion générale : synthèse
et recommandations 66
Annexes ix
Bibliographies xxiTable des
matières xxiii
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|