Haà¯ti, un panorama socio économique désastreux. Tentatives d'analyses et d'explications(1970-2005)( Télécharger le fichier original )par Jean Luc FENELUS Institut national d'administration, de gestion et des hautes études internationales( INAGHEI) - Licence en adminsitration 2006 |
DEUXIEME PARTIEQuelles solutions pour le developpement ?CHAPITRE 2 Les Tentatives de Planification pour le développement économique d'Haïti Née en URSS en octobre 1917, la planification est une entreprise complexe tant par sa compréhension que par les méthodes d'élaboration et d'exécution. Mais la difficulté majeure de la réussite d'un plan de développement, loin d'être sa conception globale, réside dans la structuration des projets. Ce problème confronté par certains pays en voie de développement notre touche également Haïti. A propos du système de la planification nationale, l'ingénieur Théophile Roche dit qu' «à l'intérieur du système socio-économique national, on distingue plusieurs composantes en interaction constante qui donne lieu à des approches différentes de planification privilégiant des variables dites caractéristiques»36(*). En effet, l'histoire de la planification en Haïti a commencé à partir de l'année 1957 avec le vote par l'Assemblée Nationale d'une nouvelle constitution prévoyant la création du Grand Conseil Technique des Ressources Nationales et du Développement économique (GCTRNDE). Dès la mise en place de cet organisme en 1958 jusqu'à la création en 1963 du Conseil national de développement et de planification (CNDP), le processus de planification se trouvait encore dans sa phase de démarrage et, par conséquent, ne pouvait avoir qu'une portée limitée dans la préparation des plans de développement ultérieurs. Néanmoins, la pratique de cette technique a permis aux responsables de convaincre les divers partenaires sociaux de la nécessité pour l'Etat de jouer un rôle d'arbitre tout en orientant la croissance économique et la répartition équitable des fruits de cette croissance. Cependant la planification a tout de même permis aux agents économiques de mettre en évidence le fait que les retards accumulés par le pays ne pouvaient en aucune façon se rattraper dans un court laps de temps. Au cours de cette étape, l'organisation de la planification était assez simple et se résumait en un organisme central très léger. Cet organisme s'occupait principalement de la formulation des mesures visant non seulement à réglementer la gestion des affaires publiques, mais aussi à réaliser l'austérité financière. Entre 1963 et 1978 on assista alors à une évolution assez rapide du système national de planification tant du point de vue méthodologique que sur le plan institutionnel37(*). A partir de 1971 l'organisme de planification crée son premier plan quinquennal et élabore par la suite un certain nombre de projets ont été initiés dans divers domaines de développement. A titre d'exemples, nous pouvons citer : Ø Les Îlots de développement expérimentés par le Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) dans la plaine du Cul-de-sac et dont le modèle fut appliqué dans plusieurs zones du pays en 1979 telles que Léogane (Îlot de Bongnotte), Gonaïves (Îlot Des barrières), St Marc (Îlot Désarmes), Jacmel (Îlot des orangers), Belladère (Îlot de croix fer), de Hinche (Îlot Labelonne), Les Cayes (Îlot de welsh-chalette), Fonds-Nègres (Îlot d'Abraham), Wanaminttre (Îlot d'osmond), Jérémie (Îlot de chambellan); Ø Les unités spatiales de développement (USD) qui sont des stratégies préconisées par le Ministère du plan depuis le second plan quinquennal de 1979 - 1981 visant à découper le territoire national en 4 grandes régions de planification tout en respectant les limites administratives dont voici les grandes lignes : Ø mise en place d'un programme de production des denrées de base en vue de la réduction des sorties de devises consacrées à l'importation d'aliments de base. A la longue ce programme devait permettre d'atteindre l'autosuffisance alimentaire ; Ø parallèlement était lancé un programme de production des matières premières industrielles des produits d'exportation, dans l'objectif de stimuler la croissance des produits tels que : Pitre, cacao, café, coton qui occupaient jadis une place importante dans le commerce extérieur du pays. En outre, au cours de la période des deux plans quinquennaux 1971 à 1981 l'accent fut surtout mis sur l'agriculture. La priorité était portée sur l'alimentation pour obtenir l'autosuffisance alimentaire. On s'est lancé également dans le développer de l'agro-industrie. Le plan quinquennal 1981 - 1986 a connu de graves difficultés. Le secteur agricole a lourdement souffert des méfaits des termes de l'échange. Les produits d'exportation ont eux aussi été touchés. C'est le cas du café par exemple. Cette période a aussi supporté les retombées du cyclone Allen qui a ravagé les zones sucrières du pays et a détruit une bonne partie des têtes de bétail des paysans. Mais, bien avant Allen, la décision de l'Etat haïtien de détruire les porcs indigènes atteints d'une soi-disante peste porcine africaine pour les remplacer parles porcs blancs a également largement défavorisé les termes de l'échange. Il convient de signaler que, entre 1986 et 1995, il y a eu plusieurs autres plans programmes de développement. Ainsi, nous pouvons citer : Ø le programme intermédiaire de développement 1986-1988 conduit par le Commissariat à la promotion nationale et à l'administration publique (CPNAP) ; Ø programme d'actions économiques et sociales du gouvernement militaire sous la responsabilité du Commissariat à la promotion nationale et à l'Administration publique (CPNAP), octobre 1988 ; Ø programme d'actions globales à effets immédiats conduit par le Ministère de la planification, de la coopération externe et de la fonction publique, Mai 1990 ; Ø programme quinquennal d'investissements publiques 1990-1995 mené par le Ministère de la planification, de la coopération externe et de la fonction publique38(*). En dehors des plans quinquennaux cités plus haut, un programme de plan biennal a été initié entre 1989 et 1991 par le Ministère de la planification et de la coopération externe en septembre 1989. Malheureusement ce plan n'a pas été publié et encore moins accompli. En somme on peut dire que ce fut un plan mort-né. De 1960 à nos jours, les gouvernements qui se sont succédés ont entrepris des démarches en vue de planifier le développement en Haïti. Des plans, Programmes et projets ont été élaborés et exécutés. Du nombre de ces derniers nous pouvons citer: les trois plans quinquennaux qui s'étalent de 1971 à 1986; les Îlots de développement; les USD (Unités Spatiales de Développement) et toute une série de projets publics initiés dans diverses zones ou régions du pays telles que l'Artibonite, le Nord, dans le Sud, etc. Cependant, toutes ces interventions n'ont pas pu aboutir à des résultats escomptés -c'est à dire les objectifs assignés à ces projets n'ont pas été atteints. En un mot, les conditions de vie de la population n'ont pas changé. Ces projets, loin de soulager les problèmes, ont plutôt crée de double emploi diminuant ainsi la force des administrations locales. On a donc assisté aux gaspillages de ressources financières, de moyens et d'énergie. On a assisté également à une absence de coordination de ces projets et à l'inadaptation des Institutions chargées de leurs exécutions. Dans les pages qui suivent, nous allons tenter d'analyser quelques uns de ces programmes et quelles étaient leurs réelles chances de succès. Les unités spatiales de développement (USD) ont été des zones d'intervention à l'intérieur desquelles les actions de développement se sont concentrées dans un premier temps pour permettre d'inventorier les potentialités économiques de chacune de ces régions et dans un second temps de démarrer avec les activités génératrices de revenus. Pour garantir l'efficacité des USD, il est apparu qu'elles devaient répondre à des critères à la fois géographiques, techniques et territoriaux.Au point de vue géographique, le centre devrait être une ville d'une certaine importance, capable d'assurer la gestion de l'espace considéré. L'identification des USD devrait aussi se reposer sur le principe suivant lequel, même si le développement agricole ne permettait pas d'arriver au développement intégral, la potentialité agricole reste malgré tout un élément de base. * 36Théophile Roche, planification et développement, Ministère de la Planification. * 37 Théophile Roche, planification et développement, op cit p 17 * 38 Ernst A.Bernardin, l'espace rural haïtien: bilan des 40 ans d'exécution des programmes de développement nationaux et internationaux, P .138. |
|