1 INTRODUCTION
GENERALE
De nos jours, les problèmes de détermination du
taux de change se trouvent au coeur des débats politiques. Ils sont
les préoccupations premières de toutes les mesures de politique
économique et font l'objet de plusieurs études. Les effets du
mésalignement du taux de change sur les économies reste
aujourd'hui l'un des défis majeurs auxquels sont confrontés les
gestionnaires de politique économique. La principale difficulté
est liée à la détermination d'un taux de change
d'équilibre surtout qu'il n'est pas observable.
Le Bénin à l'instar des autres pays est
confronté à la problématique de détermination du
taux de change qui lui permettra de réaliser les grands
équilibres interne et externe. Malgré l'adoption de plusieurs
mesures de politique économique notamment les différents
Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) et autres mesures de redressement de
l'économie béninoise, le pays est toujours confronté
à un déséquilibre structurel de ses principales variables
macro-économiques. En effet, le Bénin a été
lourdement affecté par la crise économique et financière
des années 1980. Cette crise était caractérisée par
un ralentissement de la croissance économique, de sérieuses
difficultés de trésorerie qui se sont traduites par le non
paiement des salaires des fonctionnaires pendant plusieurs mois (en 1988), des
déficits budgétaires et extérieurs trop importants et le
sinistre du système bancaire1(*). Cette situation a amené le Bénin a fait
l'option d'une économie libérale qui s'est traduite par
d'importantes réformes visant la restauration de l'environnement
macroéconomique viable. De ce fait le pays a été contraint
par sa situation économique précaire à adhérer aux
PAS2(*) en 1989.
L'évaluation de la mise en oeuvre de ces programmes
montre que les résultats sont mitigés aussi bien sur le plan de
la compétitivité de l'économie que sur le plan de la
réalisation des performances économiques du pays. Ceci semble
dire que le taux de change réel qui sert d'indicateur de mesure avec le
reste du monde n'est pas à son niveau optimal. Cet état de chose
risque de compromettre
la réalisation des performances du pays en
matière de compétitivité sur le plan interne
qu `externe à cette ère de mondialisation des
économies et d'une poussée exponentielle de l'émergence
des blocs régionaux.
En effet, en raison de l'importance de la réalisation
des équilibres interne et externe au sein d'une économie,
MUNDELL-FLEMING (1961) préconise à travers la règle de
MUNDELL, que les mesures de politique économique doivent être
combinées de manière efficiente.
Ainsi donc, la politique budgétaire doit autant que
possible suivre l'équilibre intérieur et la politique
monétaire, l'équilibre extérieur. Il s'en suit que la
variable taux d'intérêt est un instrument performant au service de
la politique de change et monétaire dans la réalisation de
l'équilibre externe.
Au regard de tout ce qui précède, la
réalisation de ces différents équilibres au sein d'une
économie ne peut être effective sans au préalable une
bonne connaissance des variables pertinentes capables d'influencer la
détermination du taux de change réel d'équilibre. De par
le rôle du taux de change réel d'équilibre dans
l'accroissement de l'activité économique via la
compétitivité, cette étude mérite d'être
menée spécifiquement de manière à identifier et
à comprendre les déterminants du taux de change
d'équilibre. Ainsi, cette étude permettra de prévoir de
façon fiable le niveau du taux de change compatible à la
réalisation des grands équilibres macroéconomiques moteur
d'une croissance économique durable et soutenable. C'est la pertinence
de cette réflexion qui nous amène à porter notre
étude sur le thème « Analyse des facteurs
explicatifs du taux de change d'équilibre au
BENIN ».
S'il ressort que le développement économique
durable auquel aspirent les pays africains en général et le BENIN
en particulier, nécessite un niveau de croissance considérable,
cette accélération de la croissance est nécessaire au
regard du mouvement forcé d'intégration de plus en plus
poussée de l'économie mondiale. Pour cela, il s'avère
indispensable de créer et de soutenir un système productif
susceptible d'accomplir ce rôle en prenant appui sur le taux de change
réel d'équilibre qui pourrait autant que
possible surmonter les effets du mésalignement. Un moyen pour le faire
est de suivre l'évolution des facteurs explicatifs du taux de change
réel d'équilibre. Ce taux de change réel
d'équilibre est l'objet de la présente étude.
Quels sont les déterminants du taux de change
d'équilibre au BENIN ? C'est à ce niveau que réside
la problématique de cette étude. Cette question de recherche
serait appréhendée à travers les questions
spécifiques ci-après :
Ø Quels sont les facteurs explicatifs de
l'équilibre interne ?
Ø Quels sont les déterminants de
l'équilibre externe ?
L'étude des facteurs explicatifs du taux de change
d'équilibre par une approche économétrique permettrait
plus facilement de comprendre et d'identifier les déterminants de ce
taux de change d'équilibre au Bénin.
Cette étude a pour objectif principal d'analyser les
déterminants du taux de change d'équilibre au Bénin
à l'aide d'un certain nombre de variables explicatives afin de permettre
aux gestionnaires de la politique économique d'apprécier dans le
temps leur contribution à l'activité économique.
En d'autres termes elle vise à assurer
l'adéquation entre le niveau du taux de change réel attendu et le
taux de change dit d'équilibre optimal à l'économie.
De façon spécifique, il s'agira :
ü d'estimer la contribution des fondamentaux internes sur
le taux de change d'équilibre ;
ü d'évaluer l'accélération des
variables fondamentales externes sur le taux de change d'équilibre.
Pour atteindre les objectifs spécifiques ci-dessus,
nous avons formulé un certain nombre d'hypothèses :
les variables fondamentales internes notamment la masse
monétaire et le déficit budgétaire ont une influence
positive sur le taux de change d'équilibre ;
les capitaux extérieurs en qui s'identifie
l'équilibre externe ont une incidence négative et significative
sur le taux de change d'équilibre.
Le présent mémoire se compose de trois
chapitres. Le premier chapitre présente la revue de littérature
et les techniques d'analyse. Le deuxième, quant à lui
procèdera à la spécification du modèle et
présentera les résultats des tests préliminaires de cette
étude. Enfin, dans le troisième chapitre, nous
présenterons et analyserons d'une part les différents
résultats empiriques de l'étude et d'autre part, donnerons des
suggestions de politique économique.
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REVUE DE LITTERATURE ET TECHNIQUES D'ANALYSE
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Ce chapitre vise à présenter le cadre
théorique auquel se rapporte (mire) la question de recherche à
travers une revue de littérature de quelques auteurs ayant
abordé les déterminants du taux de change d'équilibre
(section 1). Ensuite, il sera question d'exposer la
méthodologique via les techniques d'analyse de cette
étude (section 2).
SECTION 1 : Revue de littérature
Le cadre canonique de cette réflexion est basé
sur les théories du taux de change, le modèle de MUNDELL-FLEMING
en économie ouverte et les dilemmes de politique économique.
PARAGRAPHE 1 : LA THÉORIE TRADITIONNELLE
DU CHANGE
A- Le coeur de la théorie
La théorie du taux de change a été au
coeur des débats dans les échanges internationaux et trouve son
point de mire dans la théorie de la parité du pouvoir d'achat.
En effet, le change est l'opération par laquelle on se
procure contre de la monnaie nationale des moyens de paiement valables à
l'étranger et inversement. Ainsi définies les opérations
de change donnent lieu à des offres et à des demandes de devises
qui se rencontrent sur un marché et permettent de déterminer le
taux de change encore appelé cours de change. Ce marché
fonctionne à travers plusieurs modalités notamment les
différents types de cotation. A travers les cotations, les agents
économiques se comportent différemment afin que chaque partie
puisse tirer profit de son opération en utilisant les diverses mesures
de couvertures et les diverses innovations financières du marché
de change.
On peut retenir que le taux de change est la valeur de la
monnaie nationale exprimée en monnaie étrangère et est
influencé par plusieurs facteurs. En effet, les opérations de la
balance des paiements engendrent une offre et une
demande de monnaie permettant ainsi la détermination du
prix qu'est le taux de change. Divers facteurs économiques influencent
cette offre et cette demande de
devise. La théorie monétaire internationale nous
permet de distinguer notamment les facteurs fondamentaux et les facteurs
psychologiques.
v Les facteurs fondamentaux du taux de change
s'énumèrent de façon
générale comme le volume des échanges de
biens et de services, les niveaux et l'évolution des prix à
l'intérieur et à l'extérieur, les niveaux des taux
d'intérêt à l'intérieur et à
l'extérieur, les niveaux des activités économiques
internes et externes.
Par ailleurs, lorsque le solde de la balance courante
dégage un excédent, il y a une offre nette de devise ce qui
entraîne une appréciation de la monnaie nationale au
détriment de la monnaie étrangère. En cas de
déficit de la balance courante, il y a une demande nette de devise et la
monnaie nationale tend à se déprécier au profit de la
devise étrangère qui s'améliore. Il s'en suit que la
valeur internationale d'une monnaie est le reflet des niveaux des prix à
l'intérieur et à l'étranger ou le reflet des
évolutions des prix à l'intérieur et à
l'étranger.
Ces reflets impliquent la notion de parité des
pouvoirs d'achat (absolue et relative) développée par G. CASSEL
(1916). En fait on peut retenir avec cet auteur qu'il y a parité du
pouvoir d'achat entre deux pays lorsque le prix est identique dans les deux
pays après conversion par le taux de change. Au cas contraire on assiste
au phénomène de sous évaluation ou de surévaluation
de la monnaie nationale ou de la monnaie étrangère. Les
variations du taux de change peuvent être contournées par le fait
qu'il y a une relation entre le taux de change et les taux
d'intérêt. Ainsi on invoque le taux de change d'équilibre.
Ce dernier peut-être obtenu à travers un libre fonctionnement du
marché de change à terme ou à travers les mouvements
internationaux des capitaux ou soit par la psychologie des agents
économiques. Ainsi on peut noter qu'en dehors des facteurs fondamentaux
il y a des facteurs psychologiques qui influencent le taux de change.
v Les facteurs psychologiques.
Depuis les années 1970 les fluctuations des taux de
change ne sont plus expliquées par les seuls déterminants
fondamentaux. Les anticipations et la spéculation des agents
économiques jouent un rôle essentiel dans l'instabilité des
taux de change. En effet, en vue de maximiser leur profit, ces agents
économiques anticipent ou spéculent. Cette pratique provoque la
variation du taux de change. Les théories de la surévaluation ou
des bulles spéculatives expliquent mieux les comportements des agents
économiques.
B- Les théories du taux de change
réel
Nous retenons essentiellement la théorie de la
surévaluation du taux de change et la théorie des bulles
spéculatives.
Selon la théorie de la surévaluation du taux de
change, le taux de change d'équilibre à long terme dépend
des déterminants fondamentaux mais à court terme les variations
du taux de change sont influencées par les facteurs psychologiques
d'où la possibilité d'une surévaluation. On peut admettre
selon la thèse de la parité du pouvoir d'achat que le taux de
change d'équilibre dépend du taux d'inflation. En effet si le
taux d'inflation nationale s'élève alors il en résulterait
une dépréciation de la monnaie nationale. Dire qu'il y a
surévaluation du taux de change revient à dire qu'à
court terme la dépréciation de la monnaie nationale sera plus
forte que ce qui est nécessaire pour établir le taux de change
d'équilibre à long terme. Cette théorie de la
surévaluation ne permet pas d'expliquer la surévaluation durable
d'une monnaie telle qu'elle a été observée entre 1980 et
1985 pour le dollar américain. La théorie des bulles
spéculatives a été développée pour
approfondir l'analyse du rôle des anticipations sur l'évolution
du taux de change.
Rappelons qu'une bulle spéculative est un écart
durable et cumulatif entre la valeur d'équilibre d'une variable et sa
valeur observée.
La spéculation crée un écart entre le
taux de change du marché et la valeur de ce taux correspondant aux
fondamentaux. Il faut souligner que la spéculation est observée
sur un marché lorsque les intervenants de ce marché
espèrent un retournement de tendance et adoptent simultanément la
même attitude. Ainsi les comportements psychologiques des
spéculateurs ont une importance capitale sur le fonctionnement du
marché de change et sur les évolutions effectives de ce
dernier.
Etant donné que ces déséquilibres ne
peuvent pas durer indéfiniment, il est nécessaire à
présent de recourir aux théories de rééquilibrage
du taux de change. Il faut noter qu'un tel rééquilibrage
résulte d'une manipulation des composantes de la balance des
paiements à travers ses sous soldes. Trois approches
sont évoquées en vue d'atteindre cet objectif. Parmi ces
modalités on retrouve l'approche de l'effet-prix, l'approche de
l'absorption qui combine l'effet-prix et l'effet revenu et l'approche
monétaire qui met en exergue les encaisses réelles de la
dévaluation.
Selon les auteurs MARSHALL-LERNER et ROBINSON ces trois
modalités sont manipulables «si les élasticités
d'offres à l'importation et à l'exportation sont infinies et si
la balance courante est initialement en équilibre la condition
nécessaire et suffisante pour qu'une dévaluation de la monnaie
nationale améliore la balance courante est que la somme des
élasticités prix en valeur absolue de la demande nationale
d'importation et de la demande extérieure d'exportation soit
supérieure à l'unité». Quels sont alors les
différents facteurs qui influencent le taux de change d'équilibre
des pays en voie de développement en général et celui du
Bénin en particulier?
C- Analyse de la revue empirique de littérature
En nous appuyant sur les travaux de MIREILLE LINJOUOM (2004)
sur les déterminants du taux de change réel au Cameroun, nous
relèverons les différents facteurs du taux de change réel
de quelques pays selon certains auteurs.
Selon EDWARD (1989), les termes de l'échange, les flux
de capitaux, les taxes à l'importation, les dépenses du
gouvernement, le différentiel de productivité, l'excès de
crédit domestique, la dévaluation nominale sont les
déterminants fondamentaux de taux de change réel en Afrique du
Sud.
Notons que d'après Mc DONALD et RICCI (2003) pour ce
même pays, ces facteurs sont le différentiel des taux
d'intérêt réel, le produit intérieur brut par
tête, les cours des matières premières, le degré
d'ouverture, le solde budgétaire et les avoirs extérieurs nets.
En synthétisant l'analyse selon ces deux approches, on
note une mineure différence dans les facteurs explicatifs du taux de
change réel au sein du pays considéré. Ce fait, loin
d'être une différence méthodologique, peut être
dû à l'environnement économique qui prévalait dans
chaque période d'étude. En effet, l'année 1989 est
marquée par une morosité de l'activité économique
dans presque tous les pays en développement (PED). Au lendemain des
reformes structurelles via les PAS, les économies deviennent de plus en
plus émergentes.
C'est dans ce contexte que DONALD et RICCI ont
réévalué les déterminants du taux de change
réel de ce pays.
Par ailleurs, ELBADAWI (1994), a eu à mener cette
étude pour le Ghana. Selon cette étude, les fondamentaux du
taux de change d'équilibre ont pour noms les termes de l'échange,
les flux d'entrée de capitaux, l'ouverture, les taxes à
l'importation, les dépenses du gouvernement, le différentiel de
productivité, le crédit domestique et la dévaluation
nominale.
BAFFES et ELBADAWI (1999) abordant cette réflexion
pour la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso ont retenu comme fondamentaux du
taux de change réel, les termes de l'échange, l'ouverture, le
solde commercial, le Produit Intérieur Brut par tête,
l'investissement par tête et le niveau des prix à
l'étranger.
Quant à KALINDA MKENDA (2001) dans le cas de la
Zambie, il retient les termes de l'échange, les dépenses
publiques, l'investissement, les réserves de
change, les taxes indirectes, le taux de croissance
réel de long terme comme fondamentaux du taux de change réel.
ZINZOGAN (2000) retient pour le BÉNIN les fondamentaux
ci-après : les termes de l'échange, les dépenses
publiques, la masse monétaire, les taxes indirectes.
De tout ce qui précède, il est montré
que les problèmes que soulève la détermination du taux de
change d'équilibre sont au coeur des débats de politique
économique. La surévaluation persistante et les
mésalignements justifient les situations d'équilibre et de
déséquilibre du taux de change selon respectivement KAMMSKY et
MERILL LUNCH (1998) puis EDWARDS et SAVASTANO (1999).
Soulignons avec WILLIAMSON (1998) que la préoccupation
majeure des économistes est une définition appropriée du
concept de taux de change d'équilibre et d'estimer sa valeur. Avec cet
auteur, on peut dire que lorsqu'un taux de change nominal est défini, le
taux de change d'équilibre peut être atteint à partir des
ajustements nécessaires. Alors le taux de change nominal
approprié coïncide avec le taux de change d'équilibre de
long terme. Le taux de change d'équilibre est celui qui peut
réaliser les équilibres interne et externe d'une économie.
Il y a mésalignement dès lors que le taux de change
s'écarte de son sentier d'équilibre.
Les études sur les déterminants du taux de
change d'équilibre et leurs importances sur le mésalignement du
taux de change ont constitué une part importante dans les recherches
tant empiriques que théoriques au cours de ces dernières
années. Les études de EDWARDS (1989) sur les pays en
développement montrent que l'évolution du taux de change
effectif réel est liée aux politiques macro économiques
mises en place par les gouvernants et aussi à l'environnement
économique internationale. L'auteur insiste sur la
nécessité de bien choisir les variables économiques qui
sont en interaction avec cet indicateur. Selon lui le taux de change
d'équilibre de long terme est uniquement affecté par des
variables réelles classées en deux catégories à
savoir les variables
structurelles (ou fondamentales) externes et celles internes.
Au nombre des fondamentaux externes il retient les prix mondiaux (les termes
de l'échange), les flux de capitaux (ou la dette extérieure), et
le taux d'intérêt mondial. Les fondamentaux internes ou
domestiques recouvrent des variables dépendant de la politique
gouvernementale, telles que le déficit budgétaire, les taxes
à l'importation, les quotas à l'importation et les
contrôles de change. Cet auteur a testé empiriquement un
modèle qui révèle que les facteurs réels ou
nominaux affectent le taux de change à court terme alors qu'à
long terme, seuls les facteurs réels affectent le taux de change
d'équilibre soutenable. Il examine également le lien qui existe
entre le mésalignement du taux de change d'équilibre et les
performances macroéconomiques. Il parvient à la conclusion selon
laquelle les pays qui maintiennent leurs taux de change plus proche de leur
taux de change d'équilibre sont plus performants que ceux qui entrent
dans des mésalignements de leurs taux de change. Dans le même
ordre d'idée les travaux de BAFFES et AL(1990) ont montré que
dans certaines régions de l'Amérique Latine, l'instabilité
des taux de change a freiné la croissance des exportations tandis qu'en
Asie, le développement des exportations a été
favorisé par des taux de change stables.
Le taux de change réel ne suffit pas aux
décideurs de politique économique d'assurer les équilibres
internes et externes. Pour approfondir ces réflexions Mundell et
Fleming proposent une nouvelle approche : la théorie ISLM-BP. Nous
présenterons ce modèle et soulignerons sa pertinence dans
l'analyse de la détermination du taux de change d'équilibre.
Paragraphe 2: Le modèle ISLM-BP et les dilemmes
de politique économique
A- Le modèle IS-LM en économie ouverte
Le modèle IS-LM de HICKS et HANSEN décrit
l'équilibre de sous emploi afin de rendre compte de la théorie
keynésienne. La courbe IS présente les
conditions d'équilibre sur le marché des
produits et LM présente les conditions d'équilibre sur le
marché de la monnaie.
Le modèle ISLM-BP élaboré par Mundell et
Fleming a étendu ce raisonnement au cas d'une économie ouverte
avec les hypothèses sur la nature du change et le degré de
mobilité des capitaux. La droite représentative de
l'équilibre externe est BP. Elle est fonction du revenu et du taux
d'intérêt (i). La balance globale est composée de la
balance des transactions courantes qui est fonction du revenu (Y) et de la
balance des capitaux qui est fonction du taux d'intérêt.
La droite BP dont la pente dépend de la propension
marginale à importer et du degré de mobilité des capitaux
est croissante dans le système d'axe (i ; y). Une augmentation de Y
(revenu) entraîne une augmentation des importations, ce qui suscite un
solde négatif de la balance commerciale obligeant à relever le
taux afin que l'entrée des capitaux compense les sorties dues aux
importations de marchandises. L'équilibre externe (BP) peut-être
au dessous (excédent externe), ou au dessus (déficit externe) de
l'équilibre interne (ISLM). En retenant comme objectif de politique
économique le plein emploi et l'équilibre externe, nous pouvons
graphiquement représenter quatre situations de
déséquilibre : inflation et déficit externe ;
inflation et excédent externe ; chômage et déficit
externe ; et enfin chômage et excédent externe.
La maîtrise des mécanismes de politique
économique et la connaissance de la portée réelle des
instruments utilisés sont nécessaires. Cela implique une
adéquation entre le choix des types d'instruments et celui des types
d'objectifs à atteindre. Pour avoir un équilibre interne et
externe il est nécessaire de faire recours aux instruments comme la
politique monétaire et celle budgétaire d'où naît le
dilemme de politique économique car en tenant compte du régime
de change la résolution d'un déséquilibre peut
entraîner un autre.
B- Dilemmes de politique économique
Les dilemmes de politique économique résultent
de la possible contradiction entre l'équilibre interne et
l'équilibre externe. Les différentes combinaisons des
déséquilibres (interne et externe) conduisent à l'une des
quatre situations ci-dessus évoquées. Ainsi donc, il y a dilemme
de politique économique lorsque la politique pour corriger un
déséquilibre conduit à l'aggravation de l'autre. Ceci pose
le problème lié au choix, à l'affectation et à la
combinaison des politiques conjoncturelles en économie ouverte. Les
travaux du professeur ALBERT ONDO
OSSA (2001) sur les dilemmes de politique économique en
pays sous développé nous aideront à étayer nos
réflexions sur la pertinence du modèle de Mundell et de Fleming
dans la présente étude.
En effet, à en croire l'auteur, les politiques
initiées dans le cadre des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) sont
source de dilemmes. Ceci est dû au fait que les objectifs de politique
économique sont mal ordonnés et l'affectation des instruments aux
objectifs est non rationnelle. Selon le principe de cohérence de
Tinbergen que la politique économique consiste en la manipulation
délibérée d'un certain nombre d'instruments à des
fins précises. Cette théorie préconise autant
d'instruments que d'objectifs. En ce qui concerne le choix des instruments
à en croire ALBERT ONDO OSSA (2001) trois types de politiques sont
envisageables en vue d'obtenir des équilibres interne et externe. Il
s'agit de : politique budgétaire restrictive, politique
monétaire restrictive et politique de change axée sur la
dévaluation. Etant donné que les mêmes instruments peuvent
autant servir à la stabilisation interne (lutte contre l'inflation et le
chômage) qu'à l'ajustement externe (l'équilibre de la
balance extérieure), il se pose inévitablement un problème
de choix que pouvait élucider le modèle théorique de
Mundell Fleming. Ce modèle encore appelé principe d'efficience
montre qu'en cas de change fixe et en tenant compte des avantages comparatifs,
les instruments de politique économique à savoir politique
budgétaire et politique monétaire sont envisageables. Ainsi il
revient à affecter la politique budgétaire à la
stabilité (équilibre interne) et la politique monétaire
à la maîtrise de la balance des
paiements (équilibre externe). La politique
monétaire permet d'attendre le plein emploi si les capitaux sont
internationalement mobiles et sensibles aux taux d'intérêt. Ce qui
n'est toujours pas vérifié dans les pays en développement.
Ainsi à partir du modèle de Mundell Fleming on comprend la
manipulation que l'on peut faire du taux de change surtout en change fixe.
De tout ce qui précède, s'il est vrai que la
détermination du taux de change réel d'équilibre n'est
chose facile en raison des nouveaux facteurs non quantifiables tels que les
psychologiques ; un consensus est retrouvé au sein des
économistes et qui atteste que les déterminants fondamentaux tels
que les termes de l'échange,le degré d'ouverture de
l'économie, l'afflux des capitaux ,le taux international
d'intérêt, les dépenses publiques en biens non
échangeables, le prix international de biens importables, le taux des
droits de douane ,l'absorption totale peuvent mieux expliquer le niveau de taux
de change d'équilibre au sein d'une économie toutes chose
égale par ailleurs.
Section 2 : SOURCES de données et
techniques d'analyse
Paragraphe 1 : Sources des données
Les données utilisées dans cette étude
sont secondaires. Elles proviennent des indicateurs de développement de
la Banque Mondiale (World development indicators 2005) ; des annuaires
statistiques de l'INSAE, des Statistiques des finances publiques du
Ministère de l'Economie et des Finances.
La période de l'étude s'étend de 1980
à 2006 et se justifie par le souci de couvrir un nombre suffisant
d'années pour dégager des tendances plus ou moins
significatives.
Paragraphe 2 : Techniques d'analyse
Pour conduire à terme cette étude, l'estimation
économétrique sera utilisée pour appréhender les
facteurs explicatifs du taux de change d'équilibre au Bénin.
A cet effet la méthode des moindres carrés
ordinaires (MCO) sous le logiciel Eviews 3.1 serait utilisée. Par
ailleurs d'autres tests seront exécutés il s'agit de :
Ø Le test de multi colinéarité de
Klein
Le test de multi colinéarité est effectué
pour prévenir le risque de l'instabilité des coefficients des
moindres carrés. Il permet également de voir si la matrice des
variables exogènes est régulière
(c'est-à-dire inversible) et finie. Pour y parvenir, le test de Klein
sera appréhendé. Ce test est fondé sur la comparaison du
coefficient de détermination R² calculé sur le modèle
à k variables et les coefficients de corrélation simple
r²xi xj entre les variables explicatives. La règle de
décision est la suivante :
Si R²< r²xi xj, il y a
présomption de multi colinéarité
Ø Le test de stationnarité des variables
de Dickey-Fuller
Les séries économiques ne sont ni stationnaires
ni Co-intégrées par nature. Les valeurs obtenues à chaque
date ne sont pas toujours issues d'une même loi de probabilité. Il
faut toujours au préalable stationnariser les séries non
stationnaires afin d'éviter le risque de «régression
fallacieuse». Lorsque les variables ne sont pas stationnaires,
l'estimation des coefficients par les MCO ne converge pas vers les vrais
coefficients et les tests usuels des t de Student et
f de Fisher ne sont plus valides. Le test que nous allons
utiliser pour étudier la stationnarité des variables, est celui
de Dickey Fuller Augmenté (ADF) avec les hypothèses
suivantes :
Ho : Présence de racine unitaire (Série non
stationnaire)
H1 : Absence de racine unitaire (Série
stationnaire)
La règle de décision est la suivante :
ü Si ADF stat < ADF critique
alors l'hypothèse H0 est vérifiée. La variable
est donc non stationnaire
ü Si ADF stat = ADF critique alors
l'hypothèse H1 est vérifiée et la variable est
stationnaire.
Ø Le test d'ADF sur les résidus de long
terme
Le test d'ADF sur les résidus est fait pour confirmer
l'hypothèse d'une co-intégration entre les variables ; ainsi
dès lors que le résidu est stationnaire, l'hypothèse d'une
co-intégration entre les variables est acceptée. La règle
de décision est la suivante :
Si le t-statistique ADF est inférieur à la
valeur critique au seuil de 5%, alors il y a absence de racine unitaire dans
les résidus.
Ø Les tests de cointégration
Le recours au test de cointégration permet de savoir si
l'estimation par les MCO de la relation de long terme entre les variables est
possible. Il permet également d'éviter le risque d'estimer des
relations fallacieuses et d'interpréter les résultats de
manière erronée car très élevé. De plus il
permet de voir s'il y a lieu ou pas d'estimer un modèle à
correction d'erreur.
Pour ce faire deux approches sont possibles d'être
effectués à savoir :
ü L'approche d'ENGEL et GRANGER qui montre l'existence
d'une évolution stable à long terme entre les séries et de
plus l'existence d'une co-intégration entre les variables.
ü L'approche de JOHANSEN permet par la
méthode de maximum de vraisemblance de tester l'existence d'une relation
de long terme dans les séries temporelles stationnaires et d'obtenir
tous les vecteurs de co-intégration dans un cadre multivarié.
Suite à ses tests, nous procéderons aux
estimations de la relation de long terme et de celui de court terme sur les
variables et les tests de validations suivants seront appliqués aux deux
estimations :
Ø Test sur la qualité des
résidus
§ Le test d'auto corrélation de
BREUSCH-GODFREY
Ce test permet de voir si les erreurs du modèle
estimé sont corrélées ou non. La statistique de BREUSCH
GODFREY est GB=nR² avec p le nombre de retard des résidus ; n
le nombre d'observations ; R² le coefficient de détermination.
Elle suit une distribution de khi-deux à p degré de
liberté. On parle de non corrélation des erreurs lorsque
nR²<khi-deux(p) ou si la probabilité donnée par Eviews
est > à 5%.
§ Le test de normalité de JARQUE et BERA
Il est fondé sur la notion d'asymétrie
(Skewness) et d'aplatissement (Kurtosis).
Pour calculer des intervalles de confiance prévisionnels et pour
effectuer les tests de Student sur les paramètres, il faut que le bruit
blanc at suive une distribution normale. La statistique de JARQUE
BERA suit une loi de khi-deux à deux degrés de liberté
sous l'hypothèse de normalité. On accepte l'hypothèse de
normalité des résidus lorsque l'une ou l'autre des conditions
suivantes est vérifiée :
ü Si la valeur estimée de la statistique de Jarque
Bera est inférieure à celle lue dans la table de khi-deux au
seuil de 5% à deux degrés de liberté (5,99).
ü Si la probabilité de la statistique de Jarque
Bera fournie par Eviews est supérieure au seuil de 5%.
§ Le test
d'hétéroscédasticité de WHITE
Ce test permet de savoir s'il y a
hétéroscédasticité des résidus du
modèle et de détecter son origine. A cet effet, il
régresse le carré des résidus en fonction des
carrés des variables du modèle. La décision du test est
basée sur la statistique de Fisher du modèle estimé. A
l'image de celle de GB, la statistique de White est utilisée W=
nR2 et suit un khi deux à p degré de liberté,
lorsque n est
grand. L'hypothèse d'homoscédasticité des
erreurs est acceptée si la probabilité affichée est >
à 5%.
Ø Le test de stabilité du
modèle ;
Ce test a pour objectif d'étudier la stabilité
du modèle. Le modèle de court terme étant dynamique, il
ne s'applique qu'au modèle de long terme. Si la courbe ne coupe pas le
corridor (en pointillés) alors le modèle est stable ; par
contre, il est instable dès lors que la courbe coupe le corridor
Ø Analyse de la significativité globale
du modèle et celui des coefficients : test de FISCHER
L'analyse de la significativité des coefficients se
fera en deux étapes : l'analyse du point de vue de la
significativité globale de l'ajustement d'une part et celle de la
qualité individuelle des estimateurs d'autre part.
L'appréciation de la qualité globale de
l'ajustement se fait avec la statistique de Fischer qui indique si les
variables explicatives ont une influence significative sur la variable à
expliquer ou pas.
Les hypothèses qui sous-tendent cette analyse
sont :
Ho : tous les coefficients sont nuls
H1 : il existe au moins un coefficient non
nul
L'arbitrage se fait par la comparaison de la valeur de la
statistique de Fischer estimée à celle tabulée de
Fischer.
Le logiciel Eviews fourni automatiquement la
probabilité associée à la statistique de Fischer
calculée, ce qui facilite l'analyse. Il suffira donc de comparer la
probabilité associée à la statistique de Fischer au seuil
de 5% retenu. Dans le cas où la probabilité associée
à la statistique de Fischer est inférieur à 5%, alors
l'hypothèse Ho sera rejetée au profit de l'hypothèse
alternative selon laquelle la régression est globalement
significative.
Pour se prononcer sur la significativité individuelle
des estimateurs, on utilise la statistique de student directement fournie par
Eviews. Lorsqu'au seuil
considéré la valeur de la statistique de student
estimée est supérieure à celle tabulée par student,
alors on retient l'hypothèse de significativité des coefficients.
Dans le cas contraire, l'hypothèse de non significativité des
coefficients sera acceptée. Il sera utilisé ici, comme cela a
été précédemment fait, la probabilité de
rejet que fournit le logiciel Eviews au seuil retenu.
Ce qui facilitera l'analyse de la significativité
individuelle est qu'une variable explicative sera significative si sa
statistique de Student en valeur absolue et sa probabilité est
inférieure à 5%.
Eu égard à tout ce qui précède, il
est prépondérant de procéder à la
spécification du modèle pouvant contribuer à
appréhender les facteurs explicatifs du taux de change
d'équilibre au BENIN.
SPECIFICATION DU MODELE ET RESULTATS DES TESTS
PRELIMINAIRES
Dans ce chapitre, il s'agira de procéder à une
présentation du modèle de référence. Ceci, nous
permettra de bien spécifier le modèle auquel s'y prête
l'analyse des facteurs explicatifs du taux de change d'équilibre au
BENIN. Par ailleurs, nous exécuterons des principaux tests de diagnostic
afin de pouvoir prétendre faire les différentes estimations.
Section 1 : ModèleS de reference et
specification
Paragraphe 1 : Modèles de reference
La détermination des facteurs explicatifs du taux de
change réel d'équilibre prend appui, essentiellement, sur les
trois modèles de référence à savoir le
modèle FERER, le modèle NATREX et le modèle BEER.
D'abord, le modèle FERER entendu Fundamental
Equilibrium Real Exchange Rate développé par WILLIAMSON (1994),
considère le taux de change réel d'équilibre fondamental
comme étant le taux de change effectif réel permettant
d'atteindre simultanément les équilibres interne et externe
à moyen terme. Selon l'auteur, l'équilibre interne est
caractérisé par la convergence des économies vers un
sentier de croissance non-accélérateur d'inflation
c'est-à-dire vers un taux de chômage établi au niveau
naturel (NAIRU.). L'équilibre externe se définit essentiellement
par une cible de balance courante qui correspond généralement
à un solde soutenable mais pas nécessairement en
équilibre. Le FERER analyse la dynamique de change de moyen terme en
faisant explicitement référence aux déterminants
réels du taux de change et en particulier les
déséquilibres de la balance courante et les écarts de
production.
S'inspirant de ce modèle, Baffes et al (1999) ont
écrit : TCER* = TCER* (GN, GT, AIDE, RW,
rAEN) où RW représente le taux d'intérêt mondial,
GT les dépenses gouvernementales en biens
échangeables, GN les dépenses
gouvernementales en biens non échangeables, AIDE le
flux d'aide au développement et rAEN représente le service de la
dette extérieure.
Ensuite, le modèle NATREX, entendu Natural Real
Exchange Rate, développé par STEIN (1994) conjointement avec
ALLEN (1995) et SAUERNHEIMER (1996), considère le taux de change comme
étant le taux de change réel naturel. Le NATREX intègre
explicitement les problèmes de convergence structurelle
représentée par les différentiels de productivité.
Ainsi la détermination d'un taux de change réel naturel tient
copte essentiellement de l'effet BALASSA-SAMUELSON (BS) selon lequel le taux de
change réel est fonction des différentiels de croissance de
productivité. Le NATREX lève une partie des insuffisances du
modèle FERER. Car l'effet BS permet d'expliquer les écarts du
taux de change réel à la parité des pouvoirs d'achat
absolue qui n'est généralement pas vérifié entre
des économies qui n'ont pas le même niveau de
développement. En plus de l'effet BS le taux de change réel
d'équilibre est aussi fonction du solde de la balance courante qui
devient endogène et non plus posé comme cible tendancielle.
Cependant, contrairement au FERER le NATREX reste difficilement applicable aux
économies en développement et en transition. SAMI MOULEY (2004)
s'appuie sur ce modèle et écrit : e* =
e*(Ënt, ðt, a, i, i*, bc,
Pnt) où Ënt
et Ët représentent respectivement la
productivité dans le secteur des biens échangeables et celui des
biens non échangeables, a le portefeuille total d'actifs, i et i* les
taux d'intérêt domestique et étranger, bc le solde de la
balance commerciale, Pnt le prix des biens non échangeables
en terme de monnaie domestique.
De même OSCAR KUIKEU trouve le modèle
suivant : e* = e* (gn, gt, b, q, n, tot) où
gn est la part des dépenses publiques en biens non
échangeables gt est la part des dépenses publiques en
bien échangeables avec : b la balance commerciale ; q le
coût des transactions ; n les mesures tarifaires ; tot le
degré d'ouverture lié aux termes de l'échange. Signalons
ici que e* est aussi le taux de change qui assure simultanément
l'équilibre interne et celui externe.
L'équilibre interne correspond à
l'équilibre du marché du travail et à l'équilibre
des biens non échangeables. L'équilibre externe est
réalisé lorsque la solde de la balance courante est nulle.
Enfin, le modèle BEER entendu Bechavioral Equilibrium
Exchange Rate est développé par MAC (1997) puis par CLARK (1998).
C'est une approche dynamique comme le NATREX. Mais les fondamentaux
n'apparaissent que de façons indirectes. Ainsi notre réflexion va
plus s'appuyer sur les deux premiers modèles.
De tout ce qui précède, ces modèles de
détermination du taux de change réel d'équilibre
révèlent que les variables ci-après l'influencent
significativement. Il s'agit de :les termes de l'échange ;les
flux de capitaux ;le taux d'intérêt mondial ; la masse
monétaire ; le déficit budgétaire ; la
dépense gouvernementale.
Paragraphe 2 : Spécification du modèle
En s'appuyant sur ces modèles de départ, et au
regard des enseignements issus de la revue, le modèle à
spécifier se présente comme suit :
A- Variable expliquée (TCER)
La variable expliquée de notre étude est
désignée par le taux de change effectif réel. La
réalisation du taux de change d'équilibre est la
résultante du TCER puis des variables économiques du pays. Ceci
étant, le taux de change d'équilibre se définit comme le
prix relatif des biens échangeables par rapport aux biens non
échangeables qui assure la réalisation simultanée des
équilibres interne et externe. L'équilibre interne est celui du
marché des biens non échangeables associés à un
taux de chômage établi à un niveau naturel, alors que
l'équilibre externe découle de la satisfaction de la contrainte
budgétaire intertemporelle qui stipule que la somme actualisée de
la balance courante est nulle (approche microéconomique). En revanche,
selon WILLIAMSON (1994) le taux de change réel d'équilibre se
définit comme étant le taux de change réel effectif
permettant d'atteindre simultanément les équilibres interne et
externe à
moyen terme. Ce taux de change effectif réel serait
notre variable endogène (approche macroéconomique).
B- Variables explicatives
Compte tenu de la littérature empirique en la
matière et de la spécificité de l'économie du
Bénin, les variables ci-après sont retenues pour expliquer les
déterminants du taux de change réel d'équilibre au
BENIN.
Ø les termes de l'échange
(TE)
Les chocs des TE influencent le taux de change
d'équilibre à travers les prix relatifs des biens non
échangeables par rapport aux prix des biens échangeables il sont
définis comme le prix relatif des exportations par rapport aux prix des
importations. L'impact des variations des termes de l'échange sur le
taux de change d'équilibre est théoriquement ambiguë selon
les auteurs comme ELBADAWI et SOTO (1997) ARON et Al (1997) et EDWARDS (1989).
Ø Les dépenses du gouvernement
(G)
La variable de comportement de gouvernement est une variable
fondamentale qui a un impact également ambigu sur le taux de change
d'équilibre. Cet impact dépend de l'importance relative des biens
échangeables et celle en biens non échangeables dans
l'économie à en croire les auteurs ci-dessus cités.
Une augmentation de la consommation des biens
non échangeables par le gouvernement financée par emprunt
entraîne une hausse des prix des biens non échangeables. Ce qui
entraîne l'appréciation du TCER d'équilibre. Par la suite,
le paiement des dettes de l'Etat par augmentation des impôts
réduit le revenu disponible et la demande globale. Cette baisse de la
demande globale se traduit par une réduction des prix des biens non
échangeables et la dépréciation du TCER
d'équilibre. L'analyse de la modification de la consommation des biens
échangeables par l'Etat conduit aux mêmes
résultats. Le coefficient affecté à cette variable peut
être soit positif, soit négatif.
Ø Les flux de capitaux (KE)
Les flux de capitaux affectent les prix relatifs des biens
échangeables et non échangeables et par conséquent le taux
de change d'équilibre.
EDWARDS (1989) montre dans son étude portant sur les
pays en développement qu'une augmentation des flux de capitaux dans
l'économie conduit à une appréciation du taux de change.
Dès lors un relâchement du contrôle des flux de capitaux
conduirait à une dépréciation du taux de change. Une
entrée de capitaux dans l'économie entraîne
l'appréciation du TCER ; tandis qu'une sortie de capitaux
déprécie le TCER. En effet, une entrée de capital
entraîne l'accroissement de la demande des biens non échangeables
et donc la hausse de leurs prix. Nous attendons que le signe affecté
à cette variable soit négatif.
Ø La masse monétaire (MM)
Une augmentation de la masse monétaire se manifeste par
une appréciation du TCER. Une baisse de la masse monétaire se
manifeste par la dépréciation du TCER. En effet, toute
augmentation de la masse monétaire conduit à la hausse des prix
des biens échangeables et à la diminution des réserves de
change. Il s'ensuit une appréciation du TCER. On peut donc s'attendre
à ce que le coefficient de la variable masse monétaire soit
négatif.
Ø Déficit budgétaire
(DB)
La dépendance d'un pays de l'extérieur pour
financer son déficit a des influences sur le taux de change
d'équilibre. En effet lorsqu'une nation fait recours à l'aide
extérieure pour financer son déficit cela implique dans un
premier temps des entrées de capitaux mais déprécie dans
un second temps la monnaie nationale. Alors le volume des dettes vis à
vis de l'extérieur à un impact sur le taux de change
d'équilibre.
A l'instar de EDWARD (1989), le modèle à
spécifier expliquant la relation entre le taux de change effectif
réel et les variables macro-économiques conduisant à
l'équilibre sont :
Ø Capitaux extérieurs (KE) supposés agir
négativement
Ø Déficit budgétaire (DB) supposé
agir négativement
Ø la masse monétaire (MM) supposée avoir
les signes +/-
Ø les termes de l'échange (TE) supposés
avoir les signes +/-
Ø les dépenses de l'Etat (G) supposées
avoir les signes +/-
Ainsi donc, le modèle spécifié se
présente comme suit :
LTCERt = ao +
a1LKEt +a2LMMt
+a3LGt +a4LTEt
+a5LDBt +Rt
Avec Rt le résidu et les ai (i
? o) les paramètres des variables exogènes.
Dans le modèle, les ai sont
supérieurs à zéro. Ce modèle s'identifie à
une relation de long terme.
Avec :
· LTCERt , le logarithme du taux de change
effectif réel de l'année t ;
· LKEt, le logarithme des capitaux
extérieurs de l'année t ;
· LMMt, le logarithme de la masse
monétaire de l'année t ;
· LDBt, le logarithme du déficit
budgétaire de l'année t;
· LGt , le logarithme de la dépense
gouvernementale de l'année t;
· LTEt ; le logarithme des termes de
l'échange de l'année t ;
· åt, c'est la différence entre
le modèle vrai et celui spécifié.
C- Critères de vérification des
hypothèses
La vérification des hypothèses se fera sur la
base des critères et indicateurs suivants :
La première hypothèse sera
vérifiée par la significativité de
l'élasticité des
variables masse monétaire et déficit
budgétaire. Si les coefficients affectés à ces variables
sont positifs et que la probabilité associée au t de Student est
inférieure à 5% cette hypothèse sera
acceptée ; dans le cas contraire elle sera rejetée.
De même la deuxième hypothèse sera
acceptée si le coefficient affecté aux
capitaux extérieurs est significativement
négatif. Si non, elle sera rejetée.
Section 2 : Résultats des tests
préliminaires
Paragraphe 1 : Les tests préliminaires
A- Test de KLEIN
Le tableau ci-après donne la matrice des coefficients
de corrélation entre les variables TCER, TE, MM, KE, G et DB.
Tableau 2.1 : Matrice des coefficients de
corrélation entre les variables
|
TCER
|
MM
|
G
|
DB
|
KE
|
TE
|
CER
|
1
|
0.59
|
0.42
|
0.31
|
0.63
|
0.35
|
MM
|
0.59
|
1
|
0.80
|
0.02
|
0.78
|
0.45
|
G
|
0.42
|
0.80
|
1
|
0.11
|
0.79
|
0.43
|
DB
|
0.31
|
0.02
|
0.11
|
1
|
0.13
|
0.18
|
KE
|
0.63
|
0.78
|
0.79
|
0.13
|
1
|
0.43
|
TE
|
0.35
|
0.45
|
0.43
|
0.18
|
0.43
|
1
|
Source : tiré d'eviews
La comparaison des carrés des coefficients de
corrélation entre la variable TCER et les variables TE, MM, KE, G DB et
du carré du coefficient de détermination R2 ( voir
tableau n°2 et 3 en annexe ) laisse supposer d'une absence de
colinéarité entre les variables. Elles sont donc
corrélées et linéairement indépendantes
d'après le test de klein.
Ceci étant, on dira qu'il y a absence de
multicolinéarité entre les variables exogènes et la
variable endogène.
B- Test de stationnarité d'ADF sur les
variables
Il s'agira pour nous de tester la stationnarité
de toutes les séries avant de procéder au test de
cointégration. Les résultats sont consignés dans le
tableau ci-après.
Tableau 2.2 : Résultats du test ADF sur
les variables
Séries
|
Niveau de la différence
|
Type de modèle
|
Retards
|
Niveau de confiance
|
T- statistiques ADF
|
Valeurs critiques
|
Observations
|
TCER
|
0
|
[1]
|
1
|
5%
|
-0,911517
|
-1,9552
|
Non stationnaire
|
TCER
|
1
|
[1]
|
1
|
5%
|
-3.206507
|
-1,9559
|
Stationnaire
|
TE
|
0
|
[2]
|
0
|
5%
|
-1.820240
|
-2,9798
|
Non stationnaire
|
TE
|
1
|
[2]
|
1
|
5%
|
-3,592263
|
-2,9850
|
Stationnaire
|
LKE
|
0
|
[3]
|
1
|
5%
|
-3,034326
|
-3,6027
|
Non stationnaire
|
LKE
|
1
|
[2]
|
0
|
5%
|
-7,166717
|
-2,9850
|
Stationnaire
|
LMM
|
0
|
[3]
|
1
|
5%
|
-2,092100
|
-3,6027
|
Non stationnaire
|
LMM
|
1
|
[2]
|
0
|
5%
|
-5,969876
|
-2,9850
|
Stationnaire
|
LDB
|
0
|
[1]
|
1
|
5%
|
-0.541609
|
-1.9552
|
Non stationnaire
|
LDB
|
1
|
[1]
|
0
|
5%
|
-6.431125
|
-1.9552
|
Stationnaire
|
LG
|
0
|
[3]
|
1
|
5%
|
-2.914118
|
-3.6027
|
Non stationnaire
|
LG
|
1
|
[1]
|
0
|
5%
|
-4.922941
|
-1.9552
|
stationnaire
|
NB: Modèle [1] = modèle sans constante ni
trend ; Modèle [2] = modèle avec constante et sans
trend ; Modèle [3]= modèle avec constante et trend
Source : réalisé par l'auteur
à partir des résultats obtenus sous Eviews 3.1
La réalisation de ce test nous a permis de constater
que toutes les variables sont stationnaires en différence
première.
Par ailleurs, le test ADF réalisé sur le
résidu de la relation de long terme a donné les résultats
suivants :
Tableau 2.3 : Test ADF sur les résidus
de long terme
Variable
|
Niveau de différence
|
type de modèle
|
niveau de confiance
|
T.Statistique ADF
|
Valeur critique
|
Residlt
|
0
|
[1]
|
5%
|
-8,375995
|
-1,9552
|
Source : réalisé par l'auteur
à partir des résultats obtenus sous Eviews 3.1
Compte tenu de la non significativité de la tendance
et de la constante, le test de racine unitaire a été
exécuté sur le modèle [1] (sans constante, ni trend). Ce
test a révélé l'absence de racine unitaire dans la
série des résidus. Le résidu issu de la relation de long
terme est donc stationnaire ; ce qui révèle qu'un risque de
cointégration existe entre les variables. Pour lever l'équivoque
le test de cointégration serait ainsi effectué en terme de
vérification.
C- Test de cointégration
Le tableau ci-dessous résume les résultats de
la trace sur les variables.
Tableau 2.4: Résultats du test de la
trace sur les variables
Hypothèses nulles
|
valeurs propres
|
Trace statistiques
|
Valeurs critiques 1%
|
R = 0
|
0.863703
|
102.0022
|
90.45
|
R = 1
|
0.664058
|
52.17928
|
66.52
|
R = 2
|
0.378788
|
24.90884
|
45.58
|
R = 3
|
0.238193
|
13.00677
|
29.75
|
R = 4
|
0.173304
|
6.205205
|
16.31
|
R = 5
|
0.056246
|
1.447240
|
6.51
|
Source : Résultats sous Eviews 3.1
L'analyse des résultats contenus dans ce tableau
révèle que la statistique de JOHANSEN relative à la
première valeur propre est supérieure au seuil de 1%
(102.0022> 90.45) à sa valeur critique ; on
rejette donc l'hypothèse nulle selon laquelle il n'existe aucune
relation de cointégration (R= O) au seuil de 1%.
En revanche, on accepte l'hypothèse (R = 1) selon
laquelle il existe au plus une relation de cointégration entre les
variables du modèle (52.17928< 66.52) d'après la
2ème ligne de tableau). Ainsi donc, on considère
qu'il existe bel et bien une relation de cointégration entre les
variables. Ce qui confirme ainsi l'existence de cointégration
révélé par le test d'ENGLE et GRANGER.
En somme ces tests ainsi réalisés nous
permettent de procéder aux différentes estimations dans la mesure
où les séries sont non stationnaires en niveau et sont
cointégrées. De ce fait, il convient d'estimer leur relation
à travers un modèle à correction d'erreur (ECM).
Avant cette étape, il convient de procéder aux
tests sur les résidus.
Paragraphe 2 : Tests de validation
A- Les tests sur les résidus
Ø test de normalité de Jarque-Bera
(JB)
Dans le cadre de cette étude, les résultats
obtenus montrent que les erreurs sont normales pour les deux modèles.
Pour le modèle de long terme JB=2.447305 < 5.99 et celui du court
terme, JB = 2,026676< 5,99 (graphique n°2 et 3 en annexes).
Ø Le test d'autocorrélation des
erreurs.
Les résultats de ce test figurant en annexe (tableau
n° 5 et 7 en annexe) nous montrent que les erreurs sont non
corrélées. A titre illustratif, on a : probabilité=
0,875795 > 5% pour le modèle de court terme et celui de long terme
Probabilité= 0,993306 > 5%.
Ø Le test
d'hétéroscédasticité des erreurs
Pour le modèle de court terme, Probabilité=
0,052921 >5% et celui de long terme la probabilité est de 0,623919
> 5% (tableau n°6). Ainsi, les erreurs des estimations sont
homoscédastiques.
B- Significativité des coefficients
Cette analyse se fera en deux étapes : l'analyse
du point de vue de la qualité globale de l'ajustement d'une part et
celle de la qualité individuelle des estimateurs d'autre part.
Dans le cas de cette étude, la probabilité
(F-statistic) = 0,000012 est inférieure à 5% pour le
modèle de long terme : l'hypothèse nulle est rejetée
et la relation de long terme est globalement significative. Ce résultat
est conforme à la valeur de la statistique R² (ici R²= 0,83)
qui renseigne lui aussi sur la qualité de l'ajustement selon qu'elle est
proche de l'unité.
Pour se prononcer sur la significativité individuelle
des estimateurs, on utilise la probabilité directement fournie par
Eviews. Les résultats de l'estimation de la relation de long
terme montrent clairement qu'à 5%, seules les variables ; masse
monétaire et déficit budgétaire sont significatives car
les probabilités associées sont inférieures à 0,05.
En ce qui concerne la dynamique de court terme, le coefficient
associé au résidu de l'équation de long terme
décalé est négatif (-0.608726) et significativement
différent de 0 (prob = 0,000000 < 5%). Le modèle à
correction d'erreur est donc accepté.
Par ailleurs, le R²= 0,96 et la probabilité
(F-statistic)=0,000000< 5% nous renseignent sur la qualité globale du
modèle de court terme. Notons que toutes les variables explicatives
retenues de la dynamique de court terme sont significatifs et la plus part
d'elles ont les signes attendus.
C - Autres tests
Ø Test de causalité de
GRANGER
Granger a proposé ce concept en 1969 : la variable
X est la cause de Y, si la prédictibilité de Y est
améliorée lorsque l'information relative à X est
incorporée à l'analyse. On dira que X cause Y, s'il est
préférable de prédire Y en connaissant X que sans le
connaître.
De manière pratique, on teste les
hypothèses :
Ho : non causalité
H1 : causalité
De l'eviews, l'hypothèse nulle Ho est acceptée
lorsque la probabilité est supérieure à 5%. De l'annexe
(tableau n° 7 ; page 47), il ressort que :
§ MM cause G (0.0355< 5%) ;
Ce résultat révèle qu'il existe une
relation univoque de cause à effet entre la masse monétaire en
circulation dans l'économie et la dépense gouvernementale toute
chose égale par ailleurs.
§ G cause TCER (0.04366< 5%) ;
La causalité univoque existante entre la
dépense gouvernementale et le taux de change effectif réel
révèle que le niveau de la dépense gouvernementale
peut influencer celui du taux de change effectif réel.
§ KE cause G (0.04159 < 5%) ;
Ce résultat révèle que les capitaux
extérieurs ont une influence sur le niveau des dépenses
gouvernementales.
§ DB cause KE (0.01183 < 5%) ;
Il est retenu qu'une relation de causalité existe
entre le déficit budgétaire et les capitaux
extérieurs.
S'il est vrai que ces liens de causalité
révélés par ce test, constituent une relation purement
statistique, l'on pourra toutefois admettre le bien fondé d'une telle
relation. Ainsi donc, il est admis qu'il existe une relation de
causalité à long
terme entre les principales variables TCER, KE, DB, MM, G et
viennent ainsi confirmer les résultats issus de la cointégration
puis de la corrélation précédemment
étudiée.
Ø Test de stabilité de CUSUM
Comme le révèle le graphique ci-après,
l'eviews montre une courbe contenue dans un corridor.
Ceci étant, le modèle objet de cette étude
est stable.
Graphique N °1 : Test de stabilité de
CUSUM
Source : tiré d'Eviews
L'étude économétrique ainsi
achevée, il convient de passer à l'analyse économique des
résultats ainsi obtenus.
ANALYSE DES RESULTATS EMPIRIQUES ET SUGGESTIONS
Le présent chapitre vise à procéder
à l'interprétation des résultats empiriques des
déterminations du taux de change réel d'équilibre au
BENIN. A cet effet, il s'agira à partir des résultats
précédents de procéder à une interprétation
économique, de vérifier et de pouvoir valider les
hypothèses de recherche puis de procéder aux suggestions de
politique économique susceptibles de déboucher à une bonne
gestion de l'équilibre interne et externe par les autorités en
charge de la politique économique du pays.
Section 1 : presentation et analyse des resultats
empiriques
Paragraphe 1 : presentation des résultats
A- Modèle de la relation de long
terme
Le tableau N°2 en annexe résume les
résultats de la relation de long terme. Compte tenu des résultats
obtenus on peut écrire :
LTCERt = 17 - 0,16LGt -
0.56LTEt + 0.13LDBt -0.95LKEt +
0.69LMMt
R2 =0,83 n = 27
Le coefficient de détermination (R²) est de 0,83
et la probabilité de la statistique de Fischer (0,000012) indiquent que
le modèle semble être de bonne qualité. Néanmoins
certaines variables qui sont significatives dans ce modèle, n'ont pas
les signes attendus.
B- La dynamique de court terme
Le tableau N°3 en annexe présente les
résultats de la relation de court terme. La lecture de ces
résultats permet d'écrire la relation de court terme
suivante :
DLTCERt= 0.4 - 0,22DLGt -
0,09DLTEt + 0,07DLDBt +0,98DLMMt -
0,92DLKEt - 0,60Residlt
0,2658DDOt + 0,0143Dum - 0,8932Resid1(-1) -
0,1187d89
(5,01) (2,03)
(-5,78) (-6,14)
R² =0,96 ; n=26
La présentation des différents résultats
des estimations étant faite, il convient de procéder à
leur interprétation économique pouvant déboucher sur des
suggestions de politique économique pertinentes.
PARAGRAPHE 2 : INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS ET VALIDATION DES HYPOTHÈSES
A- Interprétation des résultats
Les résultats issus de l'estimation indiquent que les
variables sont stationnaires en différence première. Cela
révèle qu'un choc sur l'économie a un effet temporaire sur
le taux de change effectif réel au Bénin.
Le coefficient du terme de correction d'erreur, qui sert
à mesurer la vitesse d'ajustement du taux de change effectif
réel par rapport à son niveau d'équilibre
s'élève à - 0,608726. Ce coefficient est significatif et
négatif au seuil de 5%, la formulation du modèle sous une forme
à correction d'erreur est bonne. Tout effet exercé par une
variable fondamentale sur le sentier d'équilibre du TCER est
nécessairement soumis à une force de rappel. Ce niveau
élevé de la vitesse d'ajustement au Bénin indique que le
retour à l'équilibre y est relativement plus rapide. La vitesse
d'ajustement au Bénin est aussi supérieure à celle
estimée par J.S. NDO NDONG (2002) dans son étude sur le Gabon (-
0,56).
Ainsi pour résorber 95% du déséquilibre
du TCER au Bénin, il faut environ trois ans et deux mois (3.19)2(*) contre trois ans et six mois au
Gabon (3,6), trois ans et huit mois au Burkina Faso (3,8) et huit ans en
côte d'Ivoire.
Par ailleurs, les résultats obtenus
révèlent qu'au Bénin, l'évolution du TCER est
expliquée par des variables réelles et monétaires. Ce
résultat souligne la nécessité d'une gestion
appropriée des fondamentaux réelle et monétaire pour la
stabilité du TCER à court terme étant
donné la sensibilité de l'économie béninoise aux
chocs extérieurs.
Par ailleurs, l'estimation de la dynamique de court terme
indique que la masse monétaire a une incidence positive et
significative sur le taux de change effectif réel. En effet, un
accroissement d'un point de la masse monétaire entraînerait une
appréciation du niveau de ce taux de change effectif réel
à l'ordre de 0.98 point, toutes choses égales par ailleurs.
De la même manière, le déficit
budgétaire a un effet positif et significatif sur le taux de change
effectif réel. Une augmentation de 10 % du niveau du déficit
budgétaire provoquerait une dépréciation du taux de change
effectif réel à l'ordre de 7 % dans la mesure où le Benin
ait recours aux ressources extérieurs pour le financement de son
déficit dans la plus part des cas. Dans ce cas, ce résultat est
conforme à la prédiction théorique selon laquelle une
hausse des prix relatifs des biens non échangeables, provoquée
par des déficits du budget, exerce une pression inflationniste qui
conduit à la dépréciation du taux de change réel.
Ainsi donc l'accumulation du déficit budgétaire sur une longue
période est néfaste pour la compétitivité des biens
domestiques par rapport aux biens étrangers. Les prix
élevés des biens domestiques favorisent en effet les importations
au détriment des exportations.
Néanmoins, on note que le signe négatif attendu
n'est pas vérifié. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que le
BENIN fait recours à d'autre source de financement de son déficit
autre que les capitaux extérieurs.
En revanche, les dépenses publiques ont un effet
négatif et significatif sur le niveau du TCER à court terme.
Ainsi, une diminution de la dépense gouvernementale d'un point
conduirait à une dépréciation du TCER de l'ordre de 0.07
point ceteris paribus. En d'autre terme, il ressort que, dans le but de
procéder au remboursement des dettes extérieures, l'Etat augmente
les prix des biens non échangeables. Ce qui engendre une
dépréciation du TCER.
Il est également à noter que les capitaux
extérieurs ont une incidence négative dans la dynamique du TCER.
Ainsi, un accroissement des capitaux extérieurs de 10% entrainerait une
dépréciation du TCER de l'ordre de 9,2%.
Ceci s'explique par le ai qu'une entrée de capitaux
dans l'économie entraîne dans un premier temps
l'appréciation du TCER. En revanche, dans un second temps, cette
entrée, conduit à une dépréciation du TCER. En
effet, une entrée de capital entraîne l'accroissement de la
demande des biens non échangeables et donc la hausse de leurs prix. Ce
qui déprécie le TCER.
De même, l'incidence des termes de l'échange sur
le TCER est significativement négative. Il s'en suit qu'une
détérioration des termes de l'échange d'un point
entrainerait une dépréciation du TCER de l'ordre de 0.09 point
toue chose égale par ailleurs.
En somme, les résultats issus de notre étude
notamment celui de la dynamique de cour terme, montre que les variables telles
que la masse monétaire, le déficit budgétaire, les
capitaux extérieurs, les termes de l'échange, la dépense
gouvernementale ont une incidence significative dans la réalisation de
l'équilibre interne et externe via TCER au sein d'une
économie.
Ces résultats, tout en corroborant la plus part des
études empiriques en la matière notamment celle de EDWARDS
(1994), viennent confirmer la théorie économique.
B- Vérification des hypothèses
La première hypothèse suppose que les variables
fondamentales internes notamment la masse monétaire et le déficit
budgétaire ont une influence positive
sur le taux de change l'équilibre. Le résultat
issu de l'estimation de court terme vient en conclure. Ceci étant,
l'hypothèse N°1 est donc validée.
La deuxième hypothèse suppose que les capitaux
extérieurs en qui s'identifie l'équilibre externe ont un effet
négatif et significatif sur le taux de change d'équilibre. Les
résultats de l'estimation économétrique montrent que les
capitaux extérieurs influencent le taux de change
effectif réel du BENIN. Ceci étant l'hypothèse N°2
est vérifiée.
La validation de ces hypothèses d'étude nous
permet de faire des suggestions de politique économique afin de pouvoir
donner une meilleure orientation à la politique de change au BENIN.
SECTION 2 : Suggestions de politique
économique
Les mésalignements du taux de change effectif
réel constituent l'une des causes de la faible
compétitivité des économies africaines. Il est
montré que la gestion du taux de change a des conséquences sur
l'investissement privé. Une dépréciation réelle du
change est susceptible d'affecter l'investissement à travers le
coût réel du capital, le taux d'intérêt réel
et le rendement réel [DORNBUSH, 1988 ; SEVERN et SOLIMANO, (1993)].
Le maintien ou le renforcement de la compétitivité internationale
d'une économie nécessite donc une régulation du taux de
change effectif réel. Le renforcement de la compétitivité
de l'économie béninoise par l'instrument du taux de change
effectif réel pourra se faire à travers les axes cibles
ci-dessous.
Paragraphe 1 : La réorientation des
dépenses gouvernementales
Il s'agira d'oeuvrer à l'accroissement des ressources
de l'Etat et de veiller à l'utilisation faite de ces ressources. A cet
effet, il serait utile :
Ø D'élargir l'assiette fiscale en imposant la
consommation de luxe de l'élite
Ø D'investir dans les secteurs traditionnels de
développement des infrastructures (santé, éducation,
développement social et communautaire).
En matière d'éducation, les dépenses du
gouvernement doivent être orientées vers l'édification du
capital humain. Les ressources du gouvernement doivent aussi être
utilisées pour le renforcement du partenariat avec le secteur
privé.
Ø D'orienter les dépenses publiques vers les
biens non échangeables (services générant de la main
d'oeuvre locale...).
De même, l'étude a montré que la masse
monétaire a un effet négatif sur le taux de change effectif
réel du Bénin.
A cet effet, une bonne politique monétaire basée
sur la lutte contre l'inflation pourrait contribuer à mieux
maîtriser son effet sur le TCER. Par ailleurs le taux de croissance de la
masse monétaire doit aussi suivre celui du taux de croissance du
PIB ; comme l'indique la règle de TINBERGEN (1916).
Paragraphe 2 : Assainissements du déficit
budgétaire et de l'environnement des affaires
Il ressort de cette étude que la variation du taux de
change effectif réel par rapport au déficit budgétaire
est -6. Ceci révèle qu'une attention particulière doit
être retenue à l'égard du niveau du déficit
budgétaire au Bénin.
Certes un effort est engagé vers une résorption
de ce déficit depuis 1994. Néanmoins, il n'est pas encore
suffisant pour atténuer de manière sensible son
effort sur le niveau d'endettement. De ce fait, une politique
de réduction du déficit budgétaire basée sur des
reformes structurelles doit être entreprise à travers les axes
cibles suivants :
Ø élargissement de l'assiette fiscale dans le
but de générer des recettes supplémentaires au
budget ;
Ø assainissement des finances publiques en vue
d'atténuer les phénomènes de double emploi
constatés dans les administrations ;
Ø promotion des taux de croissance à deux
chiffres ; car un taux assez élevé réduit les
opportunités d'endettement.
Ceci justifie l'idée selon la quelle les performances
macroéconomiques ont tendance à limiter dans une certaine
proportion les contraintes liées aux besoins en capitaux
extérieurs.
Par ailleurs, pour améliorer la
compétitivité de l'économie, l'Etat doit moderniser le
cadre administratif et légal dans le but de protéger les droits
de propriétés et de décourager les fuites de capitaux. Il
est possible par exemple de simplifier les innombrables règlements et
obligations qui compliquent la tâche des entrepreneurs. Il devra aussi
être question de minimiser l'incidence des changements fréquents
de politique et des incertitudes qu'elle engendre. La corruption joue
négativement sur l'investissement et la croissance en encourageant les
activités rentières par rapport aux activités productives.
La lutte contre la corruption doit donc être prise au
sérieux. De même une autre implication du point de vue de la
politique économique est que l'ouverture commerciale est un facteur
stimulant la performance économique par un effet direct sur cette
dernière et aussi en créant les conditions pour attirer plus
d'investissements directs étrangers. Il faudra donc oeuvrer pour la mise
en place de politiques tendant à insérer davantage le
Bénin dans l'économie mondialisée.
CONCLUSION GENERALE
Cette étude avait pour objectif d'analyser les
déterminants du taux de change d'équilibre de l'économie
béninoise. Les facteurs explicatifs du taux de change d'équilibre
au BENIN mis en évidence par notre travail économétrique
correspondent à un ensemble d'hypothèses qui permettent de mieux
comprendre les déterminants des équilibres interne et externe. Le
taux de change d'équilibre qui s'identifie par le taux de change
effectif réel malgré sa méconnaissance par les pouvoirs
publics reste une variable fondamentale dans tout processus d'émergence
d'une économie et s'impose de ce fait aux pays les moins avancés
dont le BENIN. On le retrouve en amont et en aval des activités
économiques via la compétitivité.
Les résultats issus de nos estimations nous ont permis
de conclure que :
v la masse monétaire a une incidence positive et
significative sur le taux de change effectif réel. En effet, un
accroissement d'un point de la masse monétaire entraînerait une
appréciation du niveau de ce taux de change effectif réel
à l'ordre de 0.98 point,
v le déficit budgétaire a un effet positif et
significatif sur le taux de change effectif réel. Une augmentation de 10
% du niveau du déficit budgétaire provoquerait une
dépréciation du taux de change effectif réel à
l'ordre de 7 % dans la mesure où le Benin ait recours aux ressources
extérieurs pour le financement de son déficit dans la plus part
des cas. Néanmoins, s'il est vrai que le déficit
budgétaire influe sur le TCER, on note que le signe négatif
attendu n'est pas vérifié. Ceci pourrait s'expliquer par le fait
que le BENIN fait recours à d'autre source de financement de son
déficit autre que les capitaux extérieurs.
v les dépenses publiques ont un effet négatif
et significatif sur le niveau du TCER à court terme. Ainsi, une
diminution de la dépense gouvernementale d'un point conduirait à
une dépréciation du TCER de l'ordre de 0.07 point ceteris
paribus.
v les capitaux extérieurs ont une incidence
négative dans la dynamique du TCER. Ainsi, un accroissement des capitaux
extérieurs de 10% entrainerait une dépréciation du TCER
de l'ordre de 9,2%.
v l'incidence des termes de l'échange sur le TCER
est significativement négative. Il s'en suit qu'une
détérioration des termes de l'échange d'un point
entrainerait une dépréciation du TCER de l'ordre de 0.09 point
toue chose égale par ailleurs.
Ces résultats, tout en corroborant la plus part des
études empiriques en la matière notamment celle de EDWARDS
(1994), viennent confirmer la théorie économique. Ainsi, ce
résultat souligne la nécessité d'une gestion
appropriée de ces fondamentaux pour la stabilité du TCER
étant donné la sensibilité de l'économie
béninoise aux chocs exogènes.
De tout ce qui précède, compte tenu de la
pertinence de ces résultats sur le TCER via la
compétitivité de l'économie, quelques mesures de
politiques économiques pouvant être scrutées ont
été proposées aux décideurs publics dans le sens
:
· D'une réorientation des dépenses
gouvernementales ;
· De l'assainissement de l'environnement des affaires et
du déficit budgétaire.
Au regard de tout ce qui précède, s'il est vrai
que cette étude a fait sortie les déterminants du taux de change
d'équilibre, elle ignore les chocs exogènes et des facteurs
psychologiques pouvant influencer le taux de change d'équilibre du
BENIN. Ainsi, l'économie béninoise pourrait émerger dans
cet univers exigent par la prise en compte d'autres variables
déterminantes des équilibre interne et externe. De ce fait des
études ultérieures gagneraient à intégrer de
façon explicite la question des éléments psychologiques et
des chocs exogènes dans l'analyse des facteurs explicatifs du taux de
change d équilibre du BENIN.
1-) ARTUS P. (1997), « Economie des
taux de taux de change », Economica.
2-) ARON J., ELBADAWI I., KAHN B. (1997), «
An econometric model of the real equilibrium exchange rate for south
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3-) BAFFES J., ELBADAWI I., 0'CONNEL (1997),
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Policy Research Working Papers, 1800, the world Bank, august
4-) BOROWISKI D. & COUHARD C (1999) Quelle
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du CEPII n°77, 1er trimestre
5-) BOURBONNAIS R (2003),
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6-) CASSEL. G (1916) `'The present situation
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7-) Duval, R. (2000), « Estimation
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Development Economics, 29, P. 311- 341
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11-) KAMMSKY G. (1998) « Leading
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12-) LINJOUOM MIREILLE (2004).
« Estimation taux de change réel d'équilibre et choix
d'un régime de change pour le Cameroun », cahier de recherche
Eurisco.
13-) LINJOUM MIREILLE (2004),
« Impact du taux de change sur la politique de change du
Cameroun », cahier de recherche Eurisco.
14-) MEMEVEGNI Arthur (2008)
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BENIN » Mémoire de maîtrise FASEG/UP ;
15-) OCDE (1985), Gestion du taux de change
et conduite de la politique monétaire », Etudes
monétaires
16-) ONDO OSSA A. (1992), « Taux de
change du franc CFA et construction européenne », Mondes en
Développement, tome 20, n°77/78, PP 59 - 74
17-) TINBERGEN, J(1916) «
Techniques modernes de la politique économique » Dunod, Paris
1961
18- ) WILLIAMSON, J. (1994),
« estimates of FERER » in J. Williamson ed (1994)
Washington DC, PP 177 - 243. Volet 47 pp 148.
* 1 BIPEN 2000
* 2 De 1989 à 2002, trois P.A.S.
ont été mis en oeuvre par le Bénin sous la houlette des
institutions de BRETON WOOD.
* 2 ELBADAWI et Alii (1997) ont
déterminé le temps requis pour résorber x % d'un choc
extérieur. Leur calcul est le suivant (1-á)t =(1-x)
,où á est la valeur absolue du terme de correction d'erreur et t
est le nombre d'années requises.