à‰thique et pratiques communicationnelles de l' à‰glise Catholique pour la pacification de l'espace public au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Anicet J. Laurent QUENUM Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maà®trise en sciences de l 2002 |
2.2 Les enjeux étiques de la réconciliationSelon le Petit Larousse, se réconcilier reviendrait à faire cesser le désaccord qui existait avec quelqu'un. Or, l'un des moyens d'y accéder passe par la vérité, la justice et le pardon. Difficile en effet de passer l'éponge sur un crime politique et d'amorcer une quelconque réconciliation tant qu'un dialogue ne s'est pas instauré entre criminels et victimes. De part et d'autre, cela requiert un dépassement, une grandeur d'âme. Plus précisément, l'humilité de l'aveu, du remords et du repentir chez le coupable et la sagesse de la magnanimité et de la tolérance chez la victime. Au plan éthique, la réconciliation est une nécessité. Et la grandeur d'un peuple réside aussi dans sa capacité à faire une croix sur le passé et à dépasser ses contradictions internes (quelle que soit leur gravité !) par des voies pacifiques. En tout état de cause, le pardon demeure la pièce maîtresse de la réconciliation. Ainsi, par delà toutes considérations, il faut pouvoir pardonner, selon cette recommandation de la sociologue Allemand Hannah ARENDT : « celui qui ne peut pardonner, se contraint de ressentir chaque fois le même sentiment vide de sens qu'est la vengeance »64(*). On retiendra que le but ultime de la réconciliation est de restaurer les relations brisées entre l'offenseur et l'offensé. 2.3 Le pardon en questionPour démontrer la complexité de la notion du Pardon qui, selon lui, est d'essence divine et donc au delà des capacités humaines, l'archevêque de Bobo-Dioulasso, Mgr Anselme T. SANON a pu déclarer ceci : « L'homme dans son état actuel ne peut pardonner. Ou bien, il baisse l'échine par peur du pire ; ou bien, il attend comme un faucon pour se venger à son tour. Mais dire que tout est fini, l'homme à lui seul ne peut pas le faire ; le pardon est divin ». Et poursuit en distinguant trois possibilités de réaction dans les situations spécifiques de crise et de conflits : - La première est de rester dans l'attitude de vengeance ; ce qui veut dire que vous ajoutez la vengeance à la vengeance ; - La deuxième possibilité qui paraît la plus humine, est d'approcher le tribunal et de demander un jugement ; - La troisième qui est l'aboutissement des deux premières est qu'on finira par s'asseoir pour se parler. De cette approche de pacification de l'espace public, il ressort sans ambages que l'impunité et le pardon ne sauraient faire bon ménage. Pour garantir une réelle volonté de réconciliation, le Collège des Sages a recommandé que l'application de la catharsis commence par le premier responsable, le président du Faso lui suggérant de prononcer devant la nation un bref discours solennel dans lequel, en tant que premier responsable, il : - Assume l'entière responsabilité de ce qui s'est passé et qui traumatise le peuple ; - Demande pardon ; - Promet que de telles pratiques n'auront plus cours ; - S'engage à travailler à l'avènement d'une société plus humanisée et plus consensuelle. * 64 http://home.planet.nl |
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