à‰thique et pratiques communicationnelles de l' à‰glise Catholique pour la pacification de l'espace public au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Anicet J. Laurent QUENUM Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maà®trise en sciences de l 2002 |
CHAPITRE IIICONTEXTE POLITICO -HISTORIQUE22(*)3.1 De la révolution à l'ouverture démocratiqueDe la Haute Volta des années 60 au Burkina Faso actuel, ce pays aura fait l'expérience de tous les régimes qui ont marqué l'histoire politique contemporaine sur le continent. Mais c'est surtout à partir des années 80 que l'évolution socio-politique du pays s'est accélérée avec la mise en oeuvre de la « Révolution démocratique et populaire » du 04 Août 1983 au 15 Octobre 1987, puis par une politique d'ouverture démocratique qui se précise en 1990 pour déboucher en juin 1991, sur l'avènement de la 4ème République avec la marque d'un Etat de droit. Mais avant d'en arriver là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts. En effet, la première République du président Maurice Yaméogo (1960-1966) a été marquée par son très fort ancrage à droite dans une politique d'isolement du communisme prônée par feu Félix Houphouët Boigny, alors président de Côte d'Ivoire. Les régimes d'exception de 1966 à 1970 et de 1974 à 1978 du président Sangoulé Lamizana, ainsi que de la 2ème République (1970- 1974) et de la 3ème République (1978-1980) du même président ont imprimé au pays une politique fluctuant entre la droite classique et le centre droit suivant les dosages que les circonstances du moment dictaient. De 1980 à 1982, avec l'avènement du comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) du colonel Seye Zerbo, le pays connaîtra un frémissement gauchissant avec une forte poussée socialiste. La tendance générale était plutôt centre gauche. Les clivages idéologiques, jusque là contenus dans les milieux civils, gagneront cependant les rangs de l'armée, exacerbant le conflit de génération entre les ainés et les jeunes officiers qui en découdront par les armes. Entre 1982 à 1983, avec le Conseil du salut du peuple (CSP), du commandant Jean Baptiste OUEDRAOGO, la Haute Volta sera gouvernée par un mélange explosif de patriotes progressistes et de communistes révolutionnaires. Le clivage idéologique sera porté à son paroxysme et très vite, la rhétorique révolutionnaire l'emportera. De 1983 à 1987, le capitaine Thomas Sankara et l'aile communiste du Conseil du salut du peuple (CSP) imposeront la Révolution sous la conduite du Conseil national de la révolution (CNR). Dans l'ensemble, les nouvelles structures dirigeantes sont formées de représentants de la nouvelle génération, issus pour la plupart de la petite bourgeoisie urbaine et éduquée. La Haute Volta deviendra le Burkina Faso et adoptera une nouvelle devise, un nouveau drapeau, un nouvel hymne et de nouvelles armoiries. Selon le rapport du Collège des Sage, ce régime s'est illustré par une vision manichéenne de la société voltaïque puis burkinabè avec d'un coté les bons et de l'autre, les mauvais pudiquement déclarés ennemis du peuple. Les premiers devant absolument éliminer les seconds. S'en suivront la chape de plomb et les excès de tous genres que connaitra le pays. La violence par le discours et la culture du terrorisme prendront leurs fondements sous ce régime jusqu'à son extinction le 15 octobre 1987 avec la mort du Capitaine Thomas Sankara. - Référendum sur le texte final de la Constitution le 02 juin 1991. Ce nouveau texte d'inspiration libérale institue la séparation des pouvoirs au sommet de l'Etat et l'existence de deux chambres (Assemblée des députés du peuple et la chambre des représentants) 23(*) et consacre le suffrage universel direct comme mode d'élection du président du Faso et des députés. Cette constitution promulguée le 11juin 1991 consacre ainsi l'avènement de la 4ème République. L'adoption de la nouvelle Constitution ouvre la voie à un cycle électoral mené à un rythme soutenu : · Election présidentielle le premier décembre 1991 ; · Elections législatives le 02 Mai 1992 ; · Elections législatives le 11 Mai 1997 ; · Elections municipales le 12 Février 1995 ; · Elections législatives le 11 mai 1997 Curieusement, cette conversion du régime à la démocratie ne fut guère synonyme d'apaisement et de cohésion sociale. Bien au contraire, la survivance des reflexes des états d'exception autorisera la persistance du terrorisme politique qui culmine le 13 décembre avec l'assassinat du journaliste Norbert ZONGO, retrouvé mort et carbonisé dans sa voiture avec trois de ses compagnons à Sapouy24(*). « Au moment même de sa mort, Norbert ZONGO enquêtait sur une autre mort, celle du chauffeur du frère de Blaise COMPAORE qui avait rendu l'âme à l'infirmerie du palais présidentiel »25(*). Le moins que l'on puisse dire est que les événements de Sapouy sont venus fragiliser le processus de démocratisation engagé dans les années 1990 et saper la paix sociale du Burkina Faso. * 22 Les informations contenues dans ce chapitre émanent de deux principales sources : - Le rapport du Collège des Sages - Institut International pour la Démocratie et l'Assistance Electoral (International IDEA). « la démocratie au Burkina-Faso », 1998, pp 21-22 * 23 L'Assemblée des députés du peuple est devenue Assemblée nationale tandis que la chambre des représentants dont la mission s'est révélée peu pertinente dans l'ensemble du tissu institutionnel, a été dissoute en 2002 * 24 Localité située à une centaine de kms au Sud de Ouagadougou * 25 L'hebdomadaire sénégalais Nouvel Horizon, N° 357 du 17 janvier 2003 |
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