La loi de la force en politique: l'art de gouverner dans Le Prince de Machiavel( Télécharger le fichier original )par Alex BATUHOLA MUNKANU Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius/Kimwenza, RDC - Bachelier en Philosophie 2008 |
III.1.3. L'exercice du pouvoir comme responsabilité de l'autorité politiqueDéfinie généralement comme une obligation de répondre des conséquences de ses actes, la responsabilité reste ancrée au coeur même de toute action humaine. C'est pourquoi, avant toute chose, il serait utile de distinguer la responsabilité juridique, qui n'est rien d'autre que le fait de répondre de ses actes devant les hommes, de la responsabilité morale qui renvoie à la conscience. La responsabilité à laquelle nous faisons allusion ici, est celle qui renvoie à la conscience pour tout agir humain. Car, l'autorité devrait être assumée par un homme de valeur et de beaucoup de qualités (intelligence, promptitude, facilité de parole, originalité, un sens de jugement, etc.). Il devrait être efficace et devrait faire preuve de responsabilité (homme sérieux, créatif, dynamique, etc.). Dès lors, si l'on s'accorde sur le fait que prendre parti, lutter, être courageux sont les caractéristiques de l'homme politique, et surtout du chef politique, l'activité de ce dernier est subordonnée à un principe de responsabilité totalement étranger, voire opposée à celui du fonctionnaire.108(*) Car, selon Max Weber, « l'honneur du fonctionnaire consiste dans l'habileté à exécuter consciemment un ordre sous la responsabilité de l'autorité supérieure, même si - au mépris de son propre avis- il s'obstine à suivre une fausse voie. Par contre, l'honneur du chef politique est celui de la responsabilité personnelle ».109(*) Voilà pourquoi, ne défendre aucune cause ou n'avoir aucun sentiment de responsabilité, relève des tentations auxquelles le politicien devra faire face dans notre pays. En effet, l'irresponsabilité du politicien conduit, non seulement à rechercher le pouvoir pour le pouvoir mais également à ne jouir du pouvoir que pour lui même sans tenir compte des autres qui sont « ses compagnons de route ». Par ailleurs, la responsabilité de l'autorité implique confiance et contrôle. De fait, s'il n'est pas permis au chef de l'Etat d'imposer ses vues aux autres au risque de devenir une dictature, l'autorité politique doit par contre fournir toutes les informations nécessaires pour faciliter la prise des décisions collectives et demander à chacun de rendre compte de son travail. Cela lui permet de s'assurer qu'effectivement, chacun fait bien sa tâche et de cette manière rendre possible une certaine transparence. En guise de conclusion, dans la mesure où la finalité de l'Etat est le bonheur de tous les citoyens, il serait difficile de soutenir avec Machiavel la légitimité de l'emploi de la violence pour parvenir au pouvoir. On a rarement vu un tyran devenir un bon dirigeant une fois arrivé au pouvoir. Pour illustrer cela, nous avons fait recours aux dirigeants Africains et aux acteurs politiques dont la visée machiavélique d'enrichissement personnel et d'exploitation de l'autre caractérise l'action politique. Parvenu au pouvoir par des moyens de la violence, les dirigeants africains refusent de quitter le pouvoir. Il crée plutôt des mécanismes qui leur permettent de demeurer le plus longtemps possible au pouvoir. C'est la voie ouverte à la dictature et à l'irresponsabilité dont nous avons parlé. * 108 Ibid., p.128-9 * 109 Ibid.., p.129 |
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