MINISTERE DE
L'ENSEIGNEMENT REPUBLIQUE DU MALI
SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE UN PEUPLE
-UN BUT - UNE FOI
SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE BAMAKO
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES
ET DE GESTION (F.S.E.G)
MEmoire
POUR L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE
EN
SCIENCES ECONOMIQUES
OPTION :
GESTION
THEME :
LACONTRIBUTION DE LA DECENTRALISATION A
LAREDUCTION DE LA PAUVRETE AU MALI
PRESENTE ET SOUTENU PAR :
SOUS LA DIRECTION DE :
M. Georges Aliou DAKOUO M.
Ousmane DOUCOURE
MEMBRES DU JURY:
M. Amadou Garan KOUYATE
M. Bréhima TRAORE
PROMOTION: 2004 - 2008
Date de soutenance: Bamako, le 13 Octobre 2009
DEDICACES
Ce mémoire est dédié à la
mémoire de mon feu grand père.
« Vinafo Georges Dakouo »
Paix à son âme.
REMERCIEMENTS
De nombreuses personnes ont contribué à la
réalisation de ce modeste travail d'une manière ou d'une
autre.
Je profite de l'occasion qui m'est offerte pour remercier tout
le corps professoral de la Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion (FSEG) ; particulièrement mon directeur de mémoire
M. Ousmane DOUCOURE, qui a bien voulu diriger mon travail malgré
ses multiples occupations.
J'adresse mes vifs remerciement à :
· Mon père Laurent DAKOUO ;
· Ma mère Ya- Nouhi ZERBO ;
· Mon oncle Brahima ZERBO ;
· Toute la famille DAKOUO, et ZERBO ;
· Mes amis(es).
Je ne saurais terminer sans remercier toutes les personnes
qui, de loin ou de près m'ont aidés à la
réalisation de ce présent mémoire ; ainsi qu'à
toute la promotion 2004-2008 de la FSEG.
Table des matières
DEDICACES
I
REMERCIEMENTS
III
Liste des tableaux
V
Sigles et abréviations
VI
RESUME
VIII
INTRODUCTION GENERALE
1
Chapitre I : La
Décentralisation : Revue de la littérature.
4
I. Concepts
théoriques de la décentralisation :
4
I.1. Objectifs de
la décentralisation :
4
I.2. Processus de
la décentralisation au Mali :
7
II. La
Décentralisation au Mali.
9
II.1. Mise en
oeuvre de la décentralisation :
10
II.2. La
problématique de transfert des compétences :
14
Chapitre II : Contribution de la
décentralisation à la réduction de la
pauvreté.
17
I.
Décentralisation et réduction de la
pauvreté :
18
I.1 Diagnostic et
analyse de la pauvreté au Mali :
19
I.2. La
décentralisation au Mali : Quel apport dans la réduction de
la pauvreté ?
25
II. Les canaux de
réduction de la pauvreté par la
décentralisation.
35
II.1.
Décentralisation et fourniture des services sociaux de
base :
35
II.2.
Décentralisation et accès aux services
sociaux:
38
Conclusion :
42
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
45
Annexes
i
Annexe n°1 : Contribution des PFT
aux financements des collectivités territoriales.
ii
Annexe n°2 : Méthodologie
de mesure de l'incidence de la pauvreté des conditions de vie au
Mali
iii
Annexe n°3 : Compétences
de la commune en matière de Santé, d'Education et de
l'Hydraulique
v
Liste des tableaux
Tableau n°1: Les
trois niveaux des collectivités territoriales au
Mali...............................14
Tableau n°2 :
Evolution de l'indice de développement humain (IDH) du
Mali..................22
Tableau n°3 :
Evolution de l'incidence de la pauvreté monétaire par milieux de
résidence de 1994 à 2006 en
pourcentage................................................................................24
Tableau
n°4 : Evolution de la
pauvreté des conditions de vie par milieux de résidence de 2001
à 2006 en
pourcentage.....................................................................................24
Tableau n°5 :
Composition et rôles des comités
d'orientation.........................................30
Tableau
n°6 : Evolution des appuis aux
collectivités territoriales sur la période 2005 à 2007
(fonctionnement et BSI) en millions de
FCFA...............................................................33
Tableau
n°7 : Indicateurs financiers
de performance des collectivités territoriales............34
Tableau n° 8 :
L'accès des populations à l'eau potable selon
le milieu en pourcentage......41
Sigles et abréviations
ANICT : Agence Nationale
d'Investissement des Collectivités Territoriales
ASACO : Association de Santé
Communautaire
BSI : Budget Spécial
d'Investissement
CEDELO : Centre d'Expertises pour la
Décentralisation et le Développement Local
CSLP : Cadre Stratégique de
Lutte Contre la Pauvreté
CSCRP : Cadre Stratégique pour la
Croissance et la Réduction de la Pauvreté
CCT : Code des Collectivités
Territoriales
CC : Conseil Communal
CCC : Centre des Conseillers
Communaux
CCN : Cellule de Coordination
Nationale
CL : Collectivité(s)
Locale(s)
CLO : Comités Locaux
d'Orientation
CNO : Comité Nationale
d'Orientation
CRO : Comités Régionaux
d'Orientation
CSCOM: Centre de Santé
Communautaire
CT : Collectivité(s)
Territoriale(s)
DAF : Direction Administrative et
Financière
DHD : Développement Humain
Durable
DNCT: Direction Nationale des
Collectivités Territoriales
ELIM : Enquête
Légère Intégrée auprès des Ménages
EMEP : Enquête Malienne
d'Evaluation de la Pauvreté
FCFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine
FENU : Fonds d'Équipement des Nations
Unies
FICT : Fonds d'Investissement des
Collectivités Territoriales
FSI : Fonds Spécial
d'Investissement
Hab. : Habitant
IDH : Indice de Développement
Humain
INSTAT : Institut National de la
Statistique
IPH : Indice de Pauvreté
Humaine
Kcal/jr : Kilocalorie par Jour
Kcal/kg: Kilocalorie par Kilogramme
MATCL: Ministère de l'Administration
Territoriale et des Collectivités Locales
MDRI : Mission de la
Décentralisation et des Réformes Institutionnelles
ODHD/LCP : Observatoire de
Développement Humain Durable/ Lutte Contre la Pauvreté
OISE : Outil Informatisé de
Suivi-Evaluation
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PARAD: Programme d'Appui à la
Réforme Administrative et de la Décentralisation
PAS : Programme d'Ajustement
Structurel
PDSEC : Programme de
Développement Economique Social et Culturel
PIA : Programme d'Investissement
Annuel
PIB : Produit Intérieur
Brut
PISE : Programme d'Investissement du
Secteur de l'Education
PPA : Parité de Pouvoir
d'Achat
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
PRODEC : Programme Décennal de
l'Education
PRODESS : Programme de
Développement Sanitaire et Social
SAFIC : Système d'Analyse
Financière et Institutionnelle des Collectivités
SSB : Services Sociaux de Base
RESUME
La décentralisation traduit le partage de pouvoir et de
responsabilité entre l'Etat et les collectivités territoriales,
dans la prise en charge des questions de développement économique
local, social et culturel d'ordre régional ou local. Au Mali, la
réduction de la pauvreté est ancrée dans toutes les
stratégies de développement et la décentralisation joue un
rôle important parmi ces stratégies.
L'objectif de cette étude est de savoir dans quelle
mesure la décentralisation contribue-t-elle à la réduction
de la pauvreté au Mali. Spécifiquement, il s'agit d'identifier la
contribution de la décentralisation à la réduction de la
pauvreté ; et les canaux par lesquels la décentralisation
contribue à la réduction de la pauvreté. L'analyse
documentaire a été la méthodologie adoptée pour les
atteindre.
Ainsi, il ressort de cette étude que la
décentralisation contribue à la réduction de la
pauvreté par l'offre des services de proximité (éducation,
santé, eau potable, électricité), leurs accès
à moindre coût, et de façon efficace par les populations
améliorant les conditions de vie.
Cependant, pour accentuer cette contribution le transfert de
compétences et de ressources aux autorités locales doit
être effectif et de même développer des techniques pour
recueillir les avis des citoyens sur la nature et la qualité des
services à leur fournir.
INTRODUCTION
La plupart des Etats Africains sont engagés depuis le
début des années 1990, sous l'égide des bailleurs de fonds
dans des réformes institutionnelles via notamment la politique de
décentralisation (SAWADOGO, R.A ; 2001).
Les événements de mars 1991 ont marqué
l'ancrage du Mali dans un régime démocratique et dans un
état de droit. Suite à ces événements, le peuple
malien a exigé plus de transparence dans la gestion des affaires
publiques ou locales. Pour faire face aux défis de développement,
qui se posent avec acuité surtout dans les domaines prioritaires de
base, le Mali a choisi d'entreprendre la politique de décentralisation.
Cette politique se définit comme un système administratif
consistant à permettre à une collectivité humaine
(décentralisation territoriale), ou à un service
(décentralisation technique) de s'auto-administrer sous le
contrôle de l'Etat, en les dotant de la personnalité juridique,
d'autorité propre, et des ressources nécessaires (SALL, A.
1993).
Au Mali, la réduction de la pauvreté est au
coeur des politiques macro-économiques et sectorielles du gouvernement.
Les efforts de développement, et d'amélioration des conditions de
vie des populations au cours de ces dernières années, ont
été faits dans le cadre de la mise en oeuvre du cadre
stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) comme document
unique de négociation entre l'Etat et ses partenaires, adopté en
mai 2002 et en mettant un accent particulier sur la décentralisation
censée en accélérer le rythme (ODHD/LCP, 2003). La
décentralisation apparait comme une stratégie de gestion
publique. Elle est basée sur une répartition particulière
des pouvoirs, des responsabilités, et des ressources dans une
communauté, afin de parvenir à une gestion des ressources, et des
relations entre les institutions, et aussi d'atteindre l'objectif ultime une
amélioration des conditions de vie de cette communauté.
L'incidence de la pauvreté monétaire au Mali,
est passée de 68,3% en 2001 à 64,4% en 2006 selon la
méthode de l'énergie nutritive, sur la même période,
celle de la pauvreté des conditions de vie est passée de 64%
à 58%1(*). En effet,
la pauvreté se manifeste en termes de manque qualificatif, ou
quantitatif qu'une personne, ou une communauté doit combler pour vivre
décemment. Elle fait donc référence à la non
satisfaction d'un certain nombre de besoins jugés essentiels pour les
communautés pour vivre convenablement. Il ne fait aucun doute, que la
pauvreté n'est pas uniquement une question de pénurie de travail,
ou d'insuffisance de revenu. Elle est la conséquence de conditions
d'existence précaire dans certains secteurs. La politique à ces
différents secteurs doit être coordonnée à
l'échelon local, de ce fait, la décentralisation peut devenir un
instrument en faveur d'une politique de lutte contre la pauvreté. Le
Mali fonde beaucoup d'espoir sur la politique actuelle de
décentralisation, en vue de lutter contre la pauvreté. Par
conséquent le gouvernement a créé et soutenu un dispositif
d'appui financier de réduction de la pauvreté par
l'amélioration de l'accès des populations aux services sociaux de
base, par l'instauration d'une bonne gouvernance locale et par le renforcement
des capacités des collectivités territoriales, qui sont dans leur
grande majorité en difficulté financière pour faire face
aux besoins de leurs populations. Il est donc nécessaire de
reconnaître l'importance de la décentralisation, vu
l'intérêt qu'elle suscite et les problèmes auxquels elle se
propose d'apporter des solutions. L'intérêt économique, et
social que la décentralisation suscite en tant que système de
gestion de proximité ont motivé le choix du thème :
« La contribution de la décentralisation à
la réduction de la pauvreté au
Mali ».
L'assise juridique est achevée et la
décentralisation est devenue effective au Mali par les
élections locales de 1999, et avec la création de 761
collectivités, dont 703 communes, 49 cercles, et 8 régions, et 1
district (Bamako).
Dans quelle mesure la décentralisation contribue- t-
elle à la réduction de la pauvreté ?
L'objectif global de ce travail est de savoir comment la
décentralisation contribue-t-elle à la réduction de la
pauvreté au Mali.
Les objectifs spécifiques sont les suivants :
· identifier les canaux par lesquels la
décentralisation contribue à la réduction de la
pauvreté ;
· mettre en exergue la contribution de la
décentralisation à la réduction de la pauvreté.
La méthodologie adoptée, pour atteindre ces
objectifs est l'analyse documentaire. Elle s'intéresse à la base
de données de la direction nationale des collectivités
territoriales (DNCT), de l'institut national de la statistique (INSTAT), et de
l'observatoire de développement humain durable (ODHD). Ainsi le plan
retenu est le suivant :
La première partie présente le concept
théorique de la décentralisation ;
La seconde partie portera sur la contribution de la
décentralisation à la réduction de la pauvreté,
ainsi que les canaux à travers lesquels la décentralisation
contribue à la réduction de la pauvreté.
Chapitre I : La
Décentralisation : Revue de la littérature.
Pour mieux cerner l'analyse qui suit, il est indispensable de
souligner les principes et caractéristiques essentiels du processus de
décentralisation.
L'objectif de ce chapitre est de passer en revue le processus
de décentralisation au Mali, tout en essayant de clarifier les notions
liées à son concept.
I. Concepts
théoriques de la décentralisation :
La décentralisation est avant tout une question
institutionnelle et politique. Il s'agit pour l'Etat central de
transférer au profit des collectivités certaines
compétences et ressources correspondantes. Au départ, elle peut
se définir comme un mouvement de reforme politique et administrative
permettant de céder, en nombre variable et selon différents
dosages, des fonctions, des responsabilités, des ressources et des
pouvoirs politiques et budgétaires aux échelons inférieurs
de l'Etat. (MacLean, 2003). Il peut aussi s'agir d'une cession de fonctions ou
de responsabilité à des institutions parapubliques ou
privées (Rondinelli, 2002).
Avant de parler du processus de la décentralisation
dans notre pays, il est nécessaire de s'attarder sur les objectifs de la
décentralisation.
I.1. Objectifs de la
décentralisation :
La décentralisation est un système
d'administration consistant à permettre à une collectivité
humaine de s'administrer elle-même sous le contrôle de l'Etat, en
la dotant de la personnalité juridique d'autorité propre et des
ressources2(*). Elle est
aussi une technique d'organisation administrative par laquelle, l'Etat octroie
à d'autres personnes morales de droit public, le soin de s'administrer
elles-mêmes. Il s'agit pour l'Etat de créer d'autres
entités infra étatiques (régions, cercles ou communes), et
de leur accorder dans le cadre de la loi, le droit de gérer leurs
propres affaires. Ces entités infra-étatiques sont des
Collectivités Territoriales décentralisées.
En sciences économiques, la décentralisation est
perçue comme un moyen d'optimiser l'allocation des biens collectifs.
Elle permet d'ajuster la fourniture de ces biens aux préférences
locales. Ainsi, elle se réfère à un mode de gestion qui
permet de rapprocher le consommateur du centre de production, et à la
recherche d'une efficacité accrue. Ainsi les objectifs assignés
à la décentralisation au Mali sont les suivants :
Ø Objectif global :
L'objectif global recherché par la
décentralisation s'inscrit dans celui du CSLP à savoir,
réduire la pauvreté au Mali.
Ø Objectifs
spécifiques :
Ils concernent les effets attendus sur les
bénéficiaires directs (Etat, collectivités,
société civile, et secteur privé local), et se
résument ainsi :
· Améliorer la répartition des services de
base et équipements publics ;
· Renforcer la capacité d'intervention des
collectivités territoriales ;
· Améliorer la performance des services
déconcentrés ;
· Renforcer l'exercice de la tutelle ;
· Développer l'offre qualitative des services de
proximité ;
· Promouvoir la participation populaire et le
contrôle citoyen dans la gestion des affaires locales.
La décentralisation est appréhendée
à travers quelques critères qui constituent en même temps
les conditions à remplir pour qu'on puisse parler de
décentralisation.
- La première condition est la reconnaissance d'une
personnalité juridique (à la structure
décentralisée) distincte de celle de l'Etat et l'existence
d'affaires locales à la charge de la collectivité ;
- La deuxième condition implique la désignation
des autorités locales dans la localité et par la
collectivité locale elle-même. Il faut en somme assurer
l'indépendance personnelle des autorités
décentralisées.
- La troisième condition est le contrôle de
l'Etat, sur les actes et sur les personnes des autorités locales. Ce
contrôle se justifie par le fait que la collectivité locale est
autonome et non pas indépendante. Mais il ne doit pas être trop
étroit au risque de faire disparaître cette autonomie (c'est un
contrôle de tutelle et non pas un contrôle hiérarchique
comme dans le cas de la déconcentration).
Dans plusieurs travaux, la décentralisation est
analysée suivant différentes considérations. Outre celles
liées à l'optimisation de la production de biens collectifs, les
analyses de la décentralisation mettent en relief les
considérations telles que le transfert de pouvoir aux acteurs locaux, le
renforcement des capacités locales, l'apprentissage de la gouvernance
participative, la lutte contre la pauvreté etc. Suivant certaines
analyses, la décentralisation revêt différentes formes. Il
s'agit en particulier de la forme démocratique (politique) et
administrative.
La littérature économique distingue
différentes notions de la décentralisation, la plus citée
est celle développée par Rondinelli, qui fait remarquer que la
décentralisation renferme les trois concepts suivants :
- La déconcentration
(décentralisation administrative),
qui désigne la transmission de la charge de travail ou
sous une forme plus large le transfert du pouvoir de décision des
organes gouvernementaux vers des organes locaux qui demeurent sous la tutelle
et la direction du gouvernement central ;
- La délégation
(décentralisation politique), qui désigne le
transfert de pouvoirs et/ou de responsabilités en matière
d'élaboration de politiques publiques et d'administration pour des
tâches soigneusement définies, à des institutions ou
à des organismes qui sont indépendants ou sous le contrôle
indirect du gouvernement central ;
- La dévolution (ou
décentralisation fiscale), qui est la forme la plus poussée de
décentralisation, où des gouvernements infranationaux
établis de façon indépendante se voient confier à
la fois la responsabilité de fournir un ensemble de services publics et
le pouvoir de prélever des impôts et des frais pour financer ces
services. Dans un régime de dévolution, les gouvernements
infranationaux disposent de pouvoirs indépendants, leur permettant de
lever leurs propres fonds et de prendre des décisions en matière
d'investissement.
La décentralisation renvoie à l'idée de
gouvernance locale et met l'accent sur l'auto-administration des
collectivités, s'inscrivant plutôt dans une logique de
démocratie locale (J. Baguenard, 2004).
I.2. Processus de la
décentralisation au Mali :
Les évènements de mars 1991 et
l'avènement de la 3ème république ont
marqué l'ancrage du Mali dans un régime démocratique et de
respect de l'Etat de droit. Cette volonté a été
instituée dans la constitution du 25 Février 1992, dans ces
articles 1er à 24. Ainsi, l'administration a connu une
évolution selon les principes démocratiques par la place faite
aux populations dans les affaires publiques. C'est la libre administration ou
décentralisation, qui signifie une administration détachée
de tout lien hiérarchique avec l'administration centrale. Ce principe
confère certaines tâches publiques à des personnes
publiques distinctes de l'Etat, et fonctionnant de façon autonome au
moyen de leurs organes élus.
En effet, la décentralisation au Mali est
l'aboutissement d'une longue quête, dont les débuts remontent
à l'époque précoloniale, par la création des
communes mixtes, de moyen exercice, et de plein exercice.
En 1919, le Mali obtint ses premières communes à
savoir Bamako, Kayes, qui étaient considérées comme des
communes mixtes de plein exercice. En 1953 et 1954, Mopti et Ségou
deviennent respectivement des communs mixtes, et suivies en 1958 par la
création des communes de moyen exercices de : Gao, Kati, Koulikoro,
Koutiala, Kita, Nioro, San, Sikasso, et Tombouctou.
A l'indépendance, la constitution du 22 septembre 1960
déclare en son article 41que « toutes les
collectivités territoriales de la république seraient
administrées librement par des organes
élus ». En 1966, elle se contente seulement
d'harmoniser les treize (13) communes urbaines héritées de
l'administration coloniale pour en faire des communes de plein exercice
avec l'adoption de la loi n° 66-9/AN RM du 2 mars 1966 portant
Code des municipalités au Mali.
La deuxième république, qui garda les
mêmes dispositifs constitutionnels, ne se borne qu'a ériger Bamako
en 1978, en un district composé de six (6) communes et plus celle de
Bougouni en 1982.
A la veille de la troisième République, le Mali
ne comptait que dix neuf (19) communes et avec un Etat centralisé autour
des arrondissements, des cercles, et des régions, dont les
autorités étaient nommées par le pouvoir central. C'est
dans ce cadre que ce fut amorcé le processus de décentralisation
au Mali suite aux événements de mars 1991 et le mouvement de la
rébellion autonomiste Touareg.
Ainsi, fut adoptée, après la constitution du 25
février 1992 qui pose le principe de la décentralisation du
territoire, la loi n° 93-008 du 11 février 1993 déterminant
les conditions de libre administration des collectivités territoriales
(CT). Avec l'adoption de la loi 96-059 du 4 Novembre 1996, le processus de
décentralisation trouve un second souffle, et une ampleur sans
précédent sous la 3ème République, avec
la création de 682 nouvelles communes, portant le nombre total des
communes à 701 en 1999 ; et cependant avec des communes urbaines,
et rurales. L'assise juridique est achevée et la décentralisation
est devenue effective au Mali par les élections locales de 1999, et
avec la création de 703 communes, 49 cercles, et 8 régions, avec
le district de Bamako.
Depuis son démarrage en 1999, la
décentralisation a été un véritable défi
pour les gouvernements successifs. Depuis l'accession du Mali à la
souveraineté nationale, les autorités se sont attelées
à la recherche des solutions aux difficultés qui se posent avec
acuité, surtout dans les domaines prioritaires de base : la
santé, l'éducation, l'eau potable.
Les différents régimes qui se sont
succédés de 1960 à 1991 n'ont pas réussi à
apporter des solutions pérennes à l'accès des populations
aux services publics de proximité. Face à ce défi de
développement, le Mali a adopté une politique de
décentralisation de type « octroyé3(*) » doublé du
type « revendiqué4(*) » en ce sens que c'est l'Etat qui a
décidé sous forte suggestion des bailleurs de fonds de
transférer certaines de ses compétences aux collectivités
locales (CL). Et cela dans le but d'associer les populations aux prises de
décisions et à toutes les actions de développement les
concernant. Ainsi, elle apparaît comme un outil essentiel au
développement local et partant la réduction de la
pauvreté.
II. La
Décentralisation au Mali.
En effet, à la différence de nombre de pays
africains, la décentralisation au Mali est un engagement moral souscrit
par l'ensemble de la classe politique et de la société civile
à la conférence nationale. La traduction de cette recommandation
en des dispositions constitutionnelles confirme la convergence de la
volonté populaire et de celle politique au sujet de la
décentralisation.
En faisant le choix constitutionnel de la
décentralisation, le Mali a fait celui de la fondation de l'appareil
d'Etat, d'autant que la décentralisation implique une redistribution des
rôles et responsabilités entre l'Etat et les collectivités
territoriales (CT).
II.1. Mise en oeuvre de la
décentralisation :
Tous les contours de la décentralisation (assise
juridique, découpage territorial, institutions locales) sont aujourd'hui
définis et le système fonctionne. Ainsi, Selon la loi n°
93-008 portant sur la libre administration des CT, au Mali en son article
1er stipule que les collectivités territoriales au Mali
sont :
· Les régions ;
· Le district de Bamako ;
· Les cercles ;
· Les communes urbaines et les communes rurales.
Ces entités sont dotées de la
personnalité morale, et de l'autonomie financière.
· La commune :
La commune est la CT décentralisée de base, la
constitution d'une commune résulte de la volonté des villages ou
des fractions de vivre ensemble, au vu des approches de solidarité et
économique de la nouvelle entité ainsi
créée. La commune peut être urbaine ou
rurale.
Urbaine lorsqu'elle est constituée par des
quartiers ; et rurale si c'est des villages et ou fractions qui la
compose.
Dans chaque commune est institué un conseil communal
composé des membres élus par les citoyens résidant dans la
commune.
Le conseil communal se compose comme suit :
- Communes de moins de 10.000 Hbts : 11
membres
- Communes de 10.000 à 20.000 Hbts : 17
membres
- Communes de 20.001 à 40.000 Hbts : 23
membres
- Communes de 40.001 à 70.000 Hbts : 29
membres
- Communes de 70.001 à 100.000 Hbts : 33
membres
- Communes de 100.001à 150.000 Hbts : 37
membres
- Communes de 150.001 à 200.000 Hbts : 41
membres
- Communes de plus de 200.000 Hbts: 45
membres
Le chiffre de la population à prendre en compte est
celui du dernier recensement administratif. Le mandat du conseil est de cinq
ans.
L'organisation, le fonctionnement, et l'attribution des
compétences de ces deux catégories de communes sont
identiques.
La loi leur confère la mission principale de programmer
et de mettre en oeuvre des actions de développement économique,
social et culturel d'intérêt local.
· Le cercle :
Le cercle est la CT de niveau intermédiaire, de mise en
cohérence entre la région et la commune. Le regroupement de
plusieurs communes forme le cercle. Il est aussi doté de la
personnalité morale et de l'autonomie financière.
Dans chaque cercle est institué un conseil de cercle et
un bureau du conseil de cercle. Les membres de ce conseil sont élus au
scrutin secret par les conseillers communaux ainsi qu'il suit :
- communes de moins 20.000 habitants : 2
représentants;
- communes de 20.001 à 50.000 habitants : 3
représentants
- communes de 50.001 à 100.000 habitants : 4
représentants;
- communes de plus de 100.000 habitants : 5
représentants
De même le bureau du conseil de cercle comprend le
président du conseil de cercle et deux vice-présidents. Ils sont
tenus de résider dans le cercle ; et élus en son sein au
scrutin uninominal par le conseil. Le vote est secret.
· La région :
La région est une CT dotée de la
personnalité morale et de l'autonomie financière elle est
composée de cercles.
Elle a une fonction de mise en cohérence des
stratégies de développement et d'aménagement du territoire
(art. 122 du CCT).
Il faut noter que dans chaque région est
instituée une Assemblée Régionale composée de
membres élus en leur sein au scrutin secret par les conseillers de
cercle ; et un bureau de l'assemblée régionale.
Le nombre de représentants par conseil de cercle est
fixé comme suit :
- cercles de moins de 100.000 habitants : 2
représentants;
- cercles de 100.001 à 200.000 habitants : 3
représentants;
- cercles de plus de 200.000 habitants : 4
représentants.
Le bureau régional est composé du
président de l'Assemblée et de deux vice-présidents. Ils
sont tenus de résider dans la région.
Ils sont élus en son sein au scrutin uninominal par
l'Assemblée Régionale. Le vote est secret.
· Le district de Bamako :
La collectivité territoriale du district de Bamako est
régie par un statut particulier conformément à la loi
96-025 du 21 février 1996, portant statut particulier du district de
Bamako. Elle est composée de six communes urbaines.
Chacune de ces communes ont leur conseil et bureau communal,
ses organes délibérants sont le conseil du district et le bureau
du district ayant à sa tête le maire du district comme
président et deux vice-présidents.
v Mode de fonctionnement
des collectivités territoriales :
L'organe délibérant de la commune est le conseil
communal, élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans.
Le nombre des membres du conseil varie entre 11 et 45 en fonction de la taille
de la population. L'exécutif de la commune est assuré par le
bureau communal composé du Maire (président du conseil) et de ses
adjoints au nombre de trois à cinq en fonction de la taille de la
population.
Les adjoints sont chargés des questions suivantes :
- affaires économiques et financières ;
- affaires domaniales et foncières ;
- cadre de vie, voirie et urbanisme ;
- état-civil et recensement ;
- affaires éducatives, sociales, culturelles et
sportives.
Les attributions spécifiques des adjoints sont
définies par arrêté du maire.
La loi prévoit des sessions ordinaires, au nombre de
quatre par an et des sessions extraordinaires dont le nombre est
indéterminé, dépendant des circonstances. La
délibération requiert, en principe, la présence de la
majorité absolue des membres du conseil. Mais, à la
deuxième convocation pour le même ordre du jour le conseil peut
valablement délibérer, même si le quorum n'est pas atteint.
Les collectivités territoriales peuvent créer des commissions
spécifiques de travail dont seuls peuvent être membres des
élus ; mais une commission peut faire appel à toute personne
ressource morale ou physique pour se faire aider dans ses tâches.
Les décisions du conseil communal sont prises par
délibération, surtout celles relatives au budget et au programme
de développement économique, social et culturel (PDSEC). Les
sessions du conseil communal sont publiques, sauf si les deux tiers des membres
en décident autrement. Du reste, les sessions relatives au budget, au
programme de développement, aux comptes communaux, aux dons et legs sont
obligatoirement publiques. Cette disposition permet à chaque citoyen qui
le souhaite d'assister aux débats sur les affaires de la commune ; elle
prouve la volonté du législateur malien à donner un
caractère transparent à la gestion publique communale.
Chaque conseil communal élit en son sein ses
représentants au conseil de cercle. De même, chaque conseil de
cercle élit en son sein ses représentants à
l'assemblée régionale.
Les membres du conseil de cercle et de l'assemblée
régionale élisent en leur sein, respectivement le bureau de
cercle et le bureau de l'assemblée régionale qui sont des organes
exécutifs.
Le tableau ci-dessous présente les différents
organes des CT du Mali.
Tableau n° 1: Les
trois niveaux des collectivités territoriales au Mali
Niveau de CT
|
Représentation des Collectivités
territoriales
|
Organe délibérant
|
Exécutif
|
Responsable
|
Commune
|
Conseil communal
|
Bureau Communal
|
Maire
|
Cercle
|
Conseil de cercle
|
Bureau Conseil cercle
|
Président du conseil de cercle
|
Région
|
Assemblée régionale
|
Bureau de l'AR5(*)
|
Président de l'AR
|
Source : Fonds
d'équipement des nations unies (FENU), 2005
II.2. La
problématique de transfert des compétences :
La décentralisation est un partage de pouvoirs et de
responsabilités entre l'Etat et les CT. Elle porte sur l'ensemble des
affaires locales qui n'ont pas besoin d'être traitées par l'Etat
lui-même, cela fait sortir la notion de l'intérêt local qui
est la base de toute entité décentralisée.
Il n'y a pas de décentralisation sans partage de
responsabilité entre l'Etat et les autres acteurs du
développement dont les collectivités
décentralisées ; le transfert des compétences est la
substance de la décentralisation.
Ainsi un certain nombre de compétences ont
été transférées automatiquement6(*) aux collectivités
dès la mise en place des organes élus.
La commune partage dorénavant certains pouvoirs de
l'Etat, elle est responsable de son développement, c'est à cette
fin que l'Etat lui transfert des compétences qui intéressent
directement les populations et qu'elles peuvent gérer à leur
niveau.
La mission fondamentale assignée aux
collectivités territoriales est de « concevoir, programmer et
mettre en oeuvre les actions de développement économique, social
et culturel d'intérêt régional ou local » de ce
fait elles sont dotées des compétences pour une meilleure
exécution des pouvoirs qui leur sont conférés.
v Les compétences
générales :
- L'élaboration de programme de
développement ;
- L'élaboration de plan d'aménagement de
territoire, ou de l'espace ;
- La préparation, le vote et l'exécution du
budget et les comptes communaux ;
- La création et la gestion des services et organismes
communaux, et l'organisation des interventions dans le domaine
économique ;
- Les modalités d'application du statut du
personnel ;
- La fixation des taux d'impôts et taxes dans les
limites autorisées par la loi ;
- Les emprunts, et l'octroi de subventions ;
- La réglementation de la police
administrative ;
- L'acceptation ou le refus des dons et legs.
v Les compétences
spécifiques7(*) :
En outre, des compétences générales les
CT disposent des compétences spécifiques. Celles de la commune
sont :
- L'enseignement préscolaire et
l'alphabétisation ;
- Le premier cycle de l'enseignement fondamental ;
- Les dispensaires, maternités, hygiène
publique, et assainissement, et les centres de santé
communautaires ;
- Les infrastructures routières, et de communication
classées dans le domaine communal ;
- L'hydraulique ;
- Les foires, et les marchés ;
- Les sports, arts et la culture.
En juin 2002, il a été transféré
des compétences relatives à l'éducation, à la
santé, et à l'hydraulique.
L'exercice des compétences transférées
rencontre des problèmes liés à la rareté des
ressources humaines, ainsi qu'à la détermination des ressources
financières au titre des compétences ainsi
transférées.
Après un bref aperçu sur la
décentralisation au Mali, il est nécessaire d'analyser la
contribution de la décentralisation à l'amélioration des
conditions de vie des populations qui est la principale motivation du
processus.
Chapitre II : Contribution de
la décentralisation à la réduction de la
pauvreté.
Le Mali a adopté la politique de la
décentralisation pour lutter contre la pauvreté par la promotion
de la démocratie locale et la participation active des populations dans
le processus de prise de décisions au niveau de la gestion des
collectivités territoriales.
Cet engagement politique en faveur de la
décentralisation est ancré dans le CSLP, qui définit trois
axes stratégiques pour l'atteinte de son objectif ultime à savoir
la réduction de la pauvreté. Ces axes stratégiques sont
les suivants :
Ø assurer le développement de la gouvernance et
la participation (par la décentralisation et la dévolution des
services publics) ;
Ø développement humain durable et le
renforcement de l'accès aux services sociaux de base ;
Ø développement des infrastructures de base et
secteurs productifs.
L'analyse de la contribution de la décentralisation
à la réduction de la pauvreté sera
considérée dans ce mémoire au regard de la
définition de la décentralisation qui met l'accent sur le
renforcement des capacités des populations et des institutions locales.
A cet effet, la définition de la pauvreté qui s'associera est
celle proposée par Sen, qui la définit comme une absence de
droits d'accès aux ressources et le manque de maîtrise des pauvres
sur leur destin, et sur les décisions qui les concernent. La
décentralisation peut ainsi être considérée comme un
moyen important de lutte contre la pauvreté parce qu'elle a un fort
potentiel de contribution au renforcement des capacités des plus
défavorisés à effectuer des choix et à prendre en
charge leurs propres affaires.
L'objectif de ce chapitre est la mise en exergue de la
contribution de la décentralisation à la réduction de la
pauvreté, ainsi qu'à l'indentification des canaux de
réduction de la pauvreté à travers la
décentralisation.
I. Décentralisation
et réduction de la pauvreté :
La décentralisation est, et demeure la plus grande
réforme de notre pays. La génération du
phénomène traduit la volonté des autorités
politiques de notre pays de faire de la décentralisation la pièce
maîtresse de l'approfondissement de la démocratie et de la
réduction de pauvreté.
Selon Bossuyt.J, et J.Gould (2000), peu de politiques
définissent explicitement la lutte contre la pauvreté comme un
objectif de la décentralisation. Cependant l'atteinte de certains
objectifs à travers la décentralisation peut avoir une incidence
sur le cadre de vie des populations et donc un impact sur la
pauvreté.
A partir du modèle formulé par Parker (1995), on
peut schématiser le lien entre les deux concepts comme suit :
Schéma : Décentralisation sur
trois fronts et réduction de la pauvreté
Décentralisation Retombés
Résultats Impacts
Politique
-Imputabilité politique
- Libertés civiles
-Transparence politique -
Revenus accrus
- Productivité accrue
-Droits politiques
-Représentation politique
-Système démocratique pluraliste
-Alphabétisation accrue
-Services adaptés aux
besoins
Fiscale
-Mobilisation des ressources -Services efficients
-Mortalité infantile-Ressources fiscale
-Affectation des ressource
plus faible
- Autonomie fiscale
-Capacité fiscale -Services efficaces
-Niveau de vie
-Prise de décision fiscale
plus élevé
-Services durables
-Croissance de la
société civile
Administrative
-Capacité adm
-Structures et systèmes
administratifs
-Responsabilité adm
- Participation
-Transparence adm
Temps
Source: Adapté de
Parker; Andrew N. (1995), Decentralization: The way Forward for Rural
Development? Policy Research Working Paper 1474.
Avant la mise en exergue de la contribution de la
décentralisation à la réduction de la pauvreté, il
est impératif de répondre à la question : qu'est ce
que la pauvreté et quel est son profil au Mali ?
I.1 Diagnostic et analyse
de la pauvreté au Mali :
La pauvreté est devenue la préoccupation
prépondérante des pays en développement, des partenaires
au développement et organisations internationales à la fin des
années 1980, suite aux résultats mitigés des programmes
d'ajustement structurels (PAS).
v Définition de la
pauvreté :
Vue la complexité de la pauvreté, elle
soulève d'énormes problèmes de définition notamment
celui même « pauvre ». Ce concept varie en fonction
des milieux, des périodes et les conjonctures. Cette variation est
perceptible au plan économique, social, politique ou même au vu
des institutions internationales. Ainsi, la Banque mondiale évalue la
pauvreté à partir d'un seuil qui est d'un dollar par jour. Dans
cette optique toute personne ayant un revenu inférieur à un
dollar est considérée comme pauvre.
La vision du PNUD est tout autre, elle est fondée sur
les questions d'inégalité, d'accès à un certain
nombre de ressources. Il utilise donc, de ce fait l'indice de pauvreté
humaine (IPH)8(*).
Selon le CSLP, la pauvreté est un
phénomène multidimensionnel pour lequel il n'y a pas de consensus
sur une définition ou un concept unique. Les mesures du
phénomène dépendent fortement du concept adopté.
Les études antérieures réalisées au Mali sur le
sujet ont révélé qu'il existe trois formes de
pauvreté. Il s'agit de :
- La pauvreté de conditions de vie :
Ce type de pauvreté se traduit par une difficulté
de satisfaire un grand nombre de besoins fondamentaux, et que l'on se trouve en
situation de manque dans des domaines relatifs à l'alimentation,
à la santé, à l'éducation, au logement, aux
équipements (Dubois, 1998)9(*). Il s'agit donc, de tout ce qui touche aux conditions
d'existence des individus dans un ménage.
- La pauvreté monétaire ou de
revenu : Elle exprime un aspect de niveau de vie et
résulte d'une insuffisance de ressources engendrant une consommation
insuffisante. Il s'agit d'appréhender le bien être, reconnu comme
comparateur universel de la pauvreté (PNUD, 1999) à travers
l'utilité. Ainsi sa mesure s'appuie, soit sur le revenu, ou sur la
consommation traduite en valeur monétaire.
- La pauvreté de
potentialité : Se définit comme
une privation de droits et de libertés, une situation à l'origine
d'une manque à la fois de capacités et de potentialités
fonctionnelles élémentaires pour atteindre un niveau minimal de
bien être acceptable. Elle est caractérisée par le manque
de capital (accès à la terre, aux équipements, au
crédit, à l'emploi, etc.).
Après ces aspects définitionnels, il est
nécessaire d'avoir une vision sur la situation du Mali face à ce
fléau.
v Analyse de la pauvreté au
Mali :
Avant d'analyser la situation de la pauvreté au Mali,
il est important de rappeler la méthode de mesure du
phénomène.
· Mesure :
La pauvreté est appréciée à partir
d'un indicateur appelé seuil de pauvreté ou ligne de
pauvreté. Différentes méthodes ont été
utilisées pour la détermination du seuil de pauvreté au
Mali, les résultats varient suivant les méthodes, cependant
chacune de ces études fait ressortir une grande ampleur du
phénomène.
La méthode utilisée pour la détermination
de ce seuil est basée sur le besoin calorifique journalier d'un individu
d'âge adulte bien portant. L'OMS10(*) a évalué ce besoin
énergétique à 2450 Kcal/jr. la consommation en
équivalent riz est de 3500 Kcal/Kg. Pour tenir compte des consommations
non-alimentaires la valeur monétaire minimale nécessaire est
majorée de sa moitié. Ainsi la dépense minimale
Dm= 1,5[(2450/3500) P7jrs] 52 semaines.
Où P est le prix moyen annuel du Kg de riz
(Source : DHD, Mali 1999 P.38).
Les indices de pauvreté peuvent être
calculés par diverses formules, dont la plus célèbre est
celle de J. Foster, J. Greer, et E. Thorbeck (FGT)11(*) développée en
1984. Elle a donc la propriété de prendre en compte la
décomposition de la pauvreté. La formule est la
suivante :
Pá = á
Où :
S : seuil de pauvreté ;
N : nbre total de la population ;
n : nbre de pauvres ;
Rj : revenu de la jième personne
pauvre ;
á : degré d'aversion pour le pauvre.
Si :
á = 0, P0
mesure l'incidence de la pauvreté ou le
pourcentage de pauvre dans la population totale ; c'est à dire le
pourcentage d'individus ayant un revenu annuel moyen inférieur au
montant du seuil de pauvreté.
á = 1, P1 mesure la
profondeur de la pauvreté. C'est l'effort
supplémentaire que doivent déployer les pauvres pour atteindre le
seuil.
á = 2, P2 mesure
la sévérité de la
pauvreté. C'est la moyenne des carrés
exprimés en proportion du seuil.
La pauvreté est aussi mesurée par l'Indice de
Développement Humain, qui est un indicateur composite qui mesure le
niveau de potentialités humaines élémentaires sous trois
(3) angles cruciaux ; il est la moyenne arithmétique des trois
indicateurs12(*) :
· La durée de vie, mesurée par
l'espérance de vie à la naissance ;
· Le niveau d'éducation, mesuré par un
indicateur combinant pour 2/3 le taux d'alphabétisation des adultes et
pour le 1/3 restant le taux de scolarisation combiné (tous ordres
d'enseignements confondus) ;
· Le niveau de revenu ou encore niveau de vie,
mesuré par le PIB réel/hbt. ; exprimé en
parité de pouvoir d'achat (PPA).
Tableau n°
2 : Evolution de l'IDH du Mali
Années
|
1989
|
1990
|
1992
|
1995
|
2000
|
2005
|
IDH
|
0,26
|
0,296
|
0,23
|
0,32
|
0,35
|
0,38
|
Sources : Observatoire de
développement humain durable (ODHD), 2000 ; Programme des nations
unies pour le développement (PNUD), 2007
Dans ce tableau on constate une amélioration de lIDH de
1989 à 1990, et en 1992 elle décroit baisse dûe aux
évenements de 1991, ensuite elle suit une tendance croissante jusqu'en
2005. Elle traduit une amélioration de la pauvreté humaine sur
cette période.
· Situation de la pauvreté au
Mali :
La pauvreté constitue une préoccupation
essentielle à l'échelle mondiale au point que sa réduction
est devenue un des objectifs du millénaire pour le développement.
Le Mali, pays pauvre très endetté (PPTE), est
classé au 173 ème rang sur 177 pays en 2007 par le
PNUD suivant l'indice de développement humain (IDH). L'IPH-1 du Mali est
estimé à 56,4% (PNUD, 2007). Selon CSCRP, 64,4% de la population
malienne vit en dessous du seuil de pauvreté monétaire
établi à 153310 FCFA en 2006. La même source évalue
l'incidence de la pauvreté des conditions de vie à 58% en 2006
contre 68% en 2001, soit une baisse de 6 points de pourcentage.
Au Mali, l'ampleur du phénomène diffère
selon les milieux de résidences (urbain, rural), de l'espace
géographique et même du sexe. Du point de vue du milieu de
résidence, la pauvreté monétaire touchait 36,62% en
1994 ; 26,2% en 2001 et 20,12% en 2006 dans les zones urbaines ;
tandis qu'elle est passée de 75,77% en 1994 ; 73,8% en 2001, et
73,04% en 2006 dans les zones rurales. En s'intéressant à la
pauvreté des conditions de vie, elle est passée de 32,9% à
32% sur la période 2001-2006 en milieu urbain, contre 75,7% à
70,1% pendant la même période en milieu rural.
Tableau n°
3 : Evolution de l'incidence de la pauvreté monétaire
par milieu de résidence de 1994 à 2006 en
pourcentage.
Milieux
|
1994
|
2001
|
2006
|
Inc.13(*).
|
Prof14(*).
|
Sév15(*).
|
Inc.
|
Prof.
|
Sév.
|
Inc.
|
Prof.
|
Sév.
|
National
|
68,8
|
32,3
|
18,5
|
68,3
|
31,4
|
17,6
|
64,4
|
24,1
|
12,6
|
Urbain
|
36,62
|
12,1
|
5,4
|
26,2
|
9,2
|
3,8
|
20,12
|
6,3
|
2,6
|
Rural
|
75,77
|
36,6
|
21,3
|
73,8
|
31,4
|
17,6
|
73,04
|
26,5
|
14,8
|
Sources : Cadre
stratégique pour la croissance et la réduction de la
pauvreté (CSCRP), 2006; Institut national de la statistique
(INSTAT) ; ODHD, 2005
L'analyse de ce tableau démontre une diminution
progressive de la pauvreté, on constate que l'incidence de la
pauvreté baisse de 4,4 points de pourcentage sur la période 1994
à 2006, de même la profondeur et la sévérité
de la pauvreté baissent également sur la même
période.
Tableau n° 4 : Evolution de la
pauvreté des conditions de vie par milieu de résidence de 2001
à 2006 en pourcentage.
Milieux
|
2001
|
2006
|
Inc.
|
Prof.
|
Sév.
|
Inc.
|
Prof.
|
Sév.
|
National
|
64,4
|
27,1
|
14,5
|
58,1
|
22,3
|
11,4
|
Urbain
|
32,9
|
9,8
|
4,2
|
32
|
10,5
|
4,9
|
Rural
|
75,7
|
33,3
|
18,1
|
70,1
|
27,7
|
14,4
|
Kayes
|
67,3
|
26,9
|
13,9
|
55,1
|
18
|
8
|
Koulikoro
|
79,4
|
35
|
19,5
|
54,7
|
20,9
|
10,5
|
Sikasso
|
84,4
|
44
|
26,7
|
84,6
|
40,5
|
23,4
|
Ségou
|
58,5
|
20,7
|
9,4
|
67,4
|
25,7
|
12,8
|
Mopti
|
67,5
|
26,3
|
14,6
|
58,9
|
19,7
|
9,3
|
Tombouctou
|
45
|
12,3
|
5,1
|
48,5
|
16,4
|
7,7
|
Gao
|
42,5
|
11,2
|
4
|
37,4
|
8,6
|
2,7
|
Kidal
|
43,4
|
11,2
|
5
|
8,4
|
1
|
0,3
|
Bamako
|
29,2
|
7,7
|
2,6
|
14,4
|
3,8
|
1,7
|
Source : CSLP, 2002 ; ELIM,
2006 ; ODHD, 2007
Les tendances de la pauvreté des conditions de vie par
milieux de résidence, et par région sont
énumérées dans le tableau n°4.
Sur la période 2001 à 2006, l'incidence de la
pauvreté dans toutes les régions baisse excepté les
régions de Sikasso, Ségou, et Tombouctou. La plus variation est
perceptible au niveau de la région de Ségou dont l'incidence
passe de 58,5% en 2001 à 67,4% en 2006 soit une hausse de 8,9 points de
pourcentage.
S'agissant de la profondeur, seule la région de
Tombouctou a connu une hausse entre 2001 à 2006, pour la
sévérité de la pauvreté les régions de
Ségou et Tombouctou connaissent une hausse sur la période. Au
niveau national tous les indicateurs de la pauvreté (incidence,
profondeur, et sévérité), baissent entre les deux dates
traduisant une amélioration des conditions de vie des ménages
maliens.
L'hétérogénéité de la
pauvreté dans les régions s'explique par de nombreux facteurs
notamment : la pluviométrie, l'organisation sociale, et
l'environnement naturel.
L'objectif principal du CSLP, est la réduction de la
pauvreté au Mali. Pour atteindre cet objectif, il a été
institué trois grands axes d'orientations stratégiques parmi
lesquels l'amélioration de la gouvernance et de la participation.
Cette orientation de la stratégie de réduction
de la pauvreté suppose que les autorités de notre pays
perçoivent la décentralisation comme un outil de lutte contre la
pauvreté, ou du moins un instrument permettant de redynamiser la lutte
contre la pauvreté.
I.2. La
décentralisation au Mali : Quel apport dans la réduction de
la pauvreté ?
Une justification de la décentralisation est le
contrôle du pouvoir par les administrés et la gestion
participative. Cette dernière constitue un élément
fondamental sur lequel se base les politiques publiques dans plusieurs pays
pour favoriser une gestion locale des ressources publiques. Certaines
justifications de la décentralisation sont en effet construites autour
de la supposition qu'une participation accrue des populations dans la prise de
décisions publiques constitue un élément positif dans la
mesure où, elle peut améliorer l'efficience et
l'équité dans la gestion des ressources locales (Agrawal et
Ribot, 1999)16(*).
En favorisant une participation locale aux décisions
publiques, la décentralisation renforce le rôle des CT, et des
acteurs de la société civile. Elle accroît la
capacité des plus défavorisés à effectuer des choix
car elle renvoie à la capacité des populations et des
institutions qu'elles se donnent, de prendre en charge leurs propres affaires.
La décentralisation constitue ainsi un facteur de renforcement du
pouvoir des populations défavorisées qui accroît leur
capacité de contrôle et de participation aux décisions.
A travers le principe de participation, la
décentralisation peut être aussi considérée comme un
moyen de lutte contre la pauvreté. Selon Sen (2002), la pauvreté
n'est pas seulement une question de faible niveau de revenu. Elle est aussi un
manque de maîtrise des pauvres sur leur destin et les décisions
qui les concernent. En impliquant davantage les populations locales dans la
prise de décisions et la gestion des affaires les concernant, la
décentralisation répond à une volonté de
réduction de la pauvreté. L'implication des acteurs locaux dans
les initiatives concourant à leur bien-être collectif
répond à cet objectif.
Depuis son démarrage la décentralisation a
été perçue comme un outil essentiel pour le
développement local. Elle permet le renforcement des capacités
des CL, et le développement des initiatives de proximité. Les CL,
sont considérées comme des espaces de fourniture d'un paquet de
services publics de proximité aux populations, à cet effet elles
peuvent être un vecteur non moins important dans la lutte contre la
pauvreté.
Avec le processus de la décentralisation en cours, il
y'a désormais un partage de compétences en matière de
politique de développement. La relative autonomie des CT, ne saurait
signifier leur détachement ou une déconnexion d'avec les
politiques centrales assignées dans le CSLP.
La mission assignée aux CT au Mali est la conception,
la programmation, et la mise en oeuvre des actions de développement
économique, social, et culturel d'intérêt régional
ou local17(*).
A cette fin, elles deviennent des acteurs incontournables du
développement économique local de leurs terroirs, et avec comme
retombées l'amélioration des conditions de vie des populations.
Le but de la décentralisation est de remettre le destin et la gestion du
territoire aux populations afin que celles-ci puissent se retrouver dans les
décisions les concernant.
Le gouvernement local a un avantage clair dans
l'évaluation des besoins et priorités locaux, ainsi que dans
l'identification des pauvres grâce à leur plus grande
proximité de la population, leur familiarité avec les situations
institutionnelles. En règle générale, elles sont capables
d'assurer les services avec plus d'efficacité qu'une autorité
distante centralisée. La proximité de la population réduit
de façon significative les coûts de communication et de
transaction dans la conception et l'application de stratégies de lutte
contre la pauvreté. Mais, cependant il reste confronter à de
multiples contraintes non négligeables à savoir le manque de
transfert de certaines compétences clés pour la cause, et ainsi
que de la pénurie de leurs ressources financières, et du manque
de ressources humaines.
Les CL sont responsables du développement dans les
différentes compétences de leur ressort. Elles sont
chargées d'élaborer et de mettre en oeuvre des stratégies
de lutte contre la pauvreté pour l'amélioration des conditions de
vie des populations dans une approche participative et partenariale. Eu
égard à cela, chaque commune à son niveau élabore
des plans de développement intitulés Programme de
Développement Economique Social et Culturel (PDESC) , pour une
période généralement de cinq (5) ans, comprenant tous les
secteurs de développement de la vie des communautés à
travers un processus participatif pour une meilleure prise en compte des
besoins vitaux des populations et pour une responsabilisation des citoyens. Au
Mali, les priorités actuellement retenues par plusieurs communes dans
leur PDSEC prennent en compte des initiatives liées à
l'amélioration de l'accès des populations à
l'éducation de base, aux soins de santé et à l'eau
potable. Ces initiatives figurent parmi les priorités inscrites dans le
CSLP.
A cela, la commune élabore annuellement un plan de
développement appelé Plan d'Investissement Annuel (PIA), qui
porte sur l'ensemble des investissements prévus au cours de
l'année budgétaire concernée.
Le PIA est l'outil qui facilite le passage du PDSEC et le
budget. Ainsi, en mettant en oeuvre le PDESC qui prend en compte les
aspirations prioritaires des populations, la commune joue un rôle
primordial dans la lutte contre la pauvreté.
Avec la décentralisation, il a été
conféré aux CT un certain nombre de responsabilités
pertinentes bien qu'il ne figure aucune référence sur leurs
responsabilités en matière de réduction de la
pauvreté. Cependant, elles sont compétentes dans certains
domaines leur permettant d'aborder les causes spécifiques de certaines
manifestations de la pauvreté. Eu égard à ces
compétences, les actions des CT sont ainsi orientées vers les
secteurs sociaux ou elles exercent plus d'effets sur les conditions de vie de
leurs populations.
On pourrait affirmer que le rôle que peuvent jouer les
CT dans la réduction de la pauvreté dépend, dans une large
mesure de leur capacité à stimuler ou à prendre des
mesures directes dans le domaine socio-économique et à concevoir
une politique sociale dans le cadre de leurs limites territoriales.
v Potentialités des collectivités
territoriales dans la réduction de la pauvreté :
Vue l'ampleur de la mission assignée aux CT, on
pourrait affirmer que leur rôle dans cette mission de
développement local est intimement liée dans une très
grande mesure à leurs potentialités (capacités) techniques
et de leurs ressources financières.
Au Mali, le dispositif d'appui technique aux CT, a
été mis en oeuvre pour palier au déficit
d'expérience et de compétence des nouvelles entités. Cet
appui repose sur une composante technique et des cadres de concertations
appelés comités d'orientations. Il est constitué par les
centres des conseils communaux (CCC) dont les opérateurs sont les
projets et ONG disposant des ressources humaines et financières
suffisantes pour assurer des missions d'appui à la maîtrise
d'ouvrage des CT. Leur mission est le renforcement des capacités, et
d'apporter à celles-ci une assistance technique à la maitrise
d'ouvrage dans la réalisation des investissements, d'animer les
activités des comités d'orientations.
Au niveau national la cellule de coordination (CCN), est
chargée de la coordination des activités des CCC ; une autre
cellule légère assure l'intermédiaire entre les CCC et la
CCN. Le second pilier du dispositif d'appui est représenté par
les comités locaux d'orientations (CLO), au niveau des cercles, au
niveau régional on trouve les comités régionaux
d'orientations (CRO), et enfin au niveau national le comité national
d'orientation (CNO).
Le tableau ci- dessous énumère la composition et
les rôles des comités d'orientation.
Tableau n°
5 : Composition et rôles des comités
d'orientation.
NIVEAUX
|
COMITES
D'ORIENTATION
|
COMPOSITION
|
ROLES
|
National
|
CNO
|
MATCL (Président), DNCT, ANICT,
Ministères sectoriels, chambres
d'Agriculture, de Commerce et de
Métiers, AMM, CCA/ONG,
SECO/ONG
|
-Veiller au bon fonctionnement
du dispositif d'appui technique,
- créer une synergie entre les
projets des CT et les programmes
sectoriels,
- créer une synergie entre les
projets des différents intervenants
|
Régional
|
CRO
|
Haut Commissaire (Président), préfet,
assemblée régionale, les chambres
d'Agriculture, de Commerce et des
Métiers
|
Définir, coordonner, orienter,
suivre et évaluer les appuis
techniques liés à la mise en oeuvre
des PDESC
|
Local
(cercle)
|
CLO
|
Préfet (président) conseils communaux,
conseils de cercle, chambre
d'agriculture et de métiers, ONG
|
- Approuver le programme de
travail du CCC
- Suivre les tâches des CCC
|
Source : SNV et CEDELO, 2005
· Financement des collectivités
territoriales :
Le financement est l'ensemble des ressources internes,
externes d'une CT permettant la réalisation des activités
inscrites au budget.
Le simple fait de créer des collectivités
territoriales et de leur reconnaître des compétences ne suffit pas
pour que ces instances puissent d'emblée exercer ces compétences
et aient les moyens de les mettre en oeuvre. En ce sens la loi n°93-008
déterminant les conditions de la libre administration des CT, en son
art. 4 stipule que : « tout transfert de
compétences à une collectivité doit être
accompagné du transfert concomitant par l'Etat à celle-ci des
ressources et moyens nécessaires à l'exercice normal de ces
compétences ».
Quant à la mobilisation des ressources, elle est la
clé du développement local. La faiblesse des budgets locaux
relève plus du faible niveau réel de prélèvement
local que la pauvreté économique des CT (Yatta, 2006). La
mobilisation des ressources financières est un élément
crucial pour le succès de la décentralisation. Sans autonomie
financière il ne peut y avoir d'autonomie de gestion.
Les CT gèrent leur développement grâce
à des ressources de diverses origines, principalement les taxes et
impôts locaux et les fonds de péréquation, les fonds
versés par l'Etat central, ceux provenant des partenaires techniques et
financiers (PTF), ceux provenant de la valorisation du patrimoine (foncier,
ressources naturelles, sites touristiques, marchés) et enfin ceux
provenant de la population tant externe qu'interne.
Selon Yatta, quand les CT prélèvent et
dépensent les économies locales se portent mieux ; et
affirme que c'est l'incapacité des gouvernements locaux de
dépenser qui est à l'origine d'un cercle vicieux dans le quel la
pauvreté de cadre de vie entraine la stagnation voire la
régression relative de l'économie locale. Ainsi, moins une CL
prélève et dépense plus toute la population finit par
s'appauvrir.
La dynamique des CT, ainsi que leur capacité d'investir
dépendent de leur possibilité de mobilisation des ressources.
- Les ressources des collectivités
territoriales :
Les ressources dont disposent les CT, sont :
· Les transferts financiers de l'Etat aux
CL :
Au Mali, un ensemble de transfert a été mis en
place au bénéfice des CL, le plus important de ces transferts est
le fonds d'investissement des collectivités territoriales (FICT).
L'agence nationale d'investissement des collectivités
territoriales (ANICT), est la composante du dispositif d'appui financier aux
CT. L'ANICT est un établissement public national à
caractère administratif créée par la loi n°00-042 du
07 juillet 2000. Elle a été mise en place pour gérer les
subventions que l'Etat alloue aux CL pour le financement des investissements
locaux. L'ANICT met à la disposition des CT des droits de tirages
destinés à soutenir les investissements publics en tenant compte
de certains critères notamment la taille de la population, et de son
niveau de désenclavement. Cependant l'accès aux fonds de l'ANICT
est conditionné à l'élaboration d'un plan de
développement et au paiement d'une quote part de 20% du montant total de
réalisation de l'infrastructure demandée. Les transferts de
budget de l'Etat aux CT sont constitués des subventions d'appui de
l'Etat au fonctionnement des CT, ainsi que l'appui BSI aux Assemblées
Régionales et au Conseil du District pour la réalisation des
infrastructures dans les domaines de l'hydraulique, de l'éducation et du
désenclavement.
Depuis le démarrage des collectivités
territoriales, l'Etat consent annuellement aux CT des subventions
destinées au fonctionnement et/ou à l'investissement. Les efforts
financiers de l'Etat, se chiffrent globalement à 18
124 000 000 FCFA sur la période 2001-2007.
Tableau n° 6 : Evolution des appuis
aux CT sur la période 2005 à 2007 (fonctionnement et BSI) en
millions de FCFA.
Année
Régions
|
2005
|
2006
|
2007
|
Total Subv.
|
Total BSI
|
Total Général
|
Subv.
|
BSI
|
Subv.
|
BSI
|
Subv.
|
BSI
|
|
Kayes
|
242
|
400
|
242
|
350
|
242
|
148
|
726
|
898
|
1.624
|
Koulikoro
|
243
|
320
|
243
|
280
|
232
|
50
|
718
|
650
|
1.368
|
Sikasso
|
273
|
126
|
273
|
456
|
264
|
280
|
810
|
862
|
1.672
|
Ségou
|
250
|
400
|
250
|
80
|
241
|
0
|
741
|
480
|
1.221
|
Mopti
|
225
|
200
|
225
|
400
|
217
|
100
|
667
|
700
|
1.367
|
Tombouctou
|
125
|
250
|
125
|
0
|
121
|
0
|
371
|
250
|
621
|
Gao
|
92
|
269
|
92
|
240
|
83
|
0
|
267
|
509
|
776
|
Kidal
|
35
|
150
|
35
|
416
|
33
|
170
|
103
|
736
|
839
|
Conseil du District
|
0
|
343
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
343
|
343
|
Total
|
1.485
|
2.458
|
1.485
|
2.222
|
1.433
|
748
|
4.403
|
5.428
|
9.831
|
Source : DAF/MATCL, 2008
Ce tableau retrace les subventions de fonctionnement, et appui
BSI de l'Etat de 2005 à 2007 ; ainsi au titre des trois
années 2005, 2006 et 2007, les subventions de l'Etat aux CT se sont
élevées à 13 713 600 000 FCFA, repartis comme
suit :
Subventions au fonctionnement : .........4 403 000 000
FCFA
Subvention BSI (Régions & District de
Bamako) ...5 428 000 000 FCFA
Subvention ANICT (FICT) : ..................3 882 600
000 FCFA
On remarque une diminution des subventions dans toutes les
régions en 2007, de même les BSI sont en perpétuelle
diminution de 2005 à 2007. Ces subventions étaient
destinées au démarrage des CT, en 2007 le Ministère des
finances affirme que celles-ci ont bien démarré d'où cette
baisse conséquente des subventions.
· Les ressources propres des
CT :
Les ressources propres des CT, proviennent
essentiellement de la fiscalité locale et les produits par nature.
Les ressources fiscales sont :
- Les impôts d'Etat transférés aux
collectivités ;
- Les impôts locaux dont les taux sont fixés par
la commune par la délibération du conseil dans les fourchettes
définies par la loi ;
- Les impôts et taxes indirects.
Tableau n° 7 : Indicateurs financiers
de performance des CT
Recettes totales/Hbts
|
1174,2 FCFA
|
Recettes propres/Hbts
|
257,5 FCFA
|
Recettes propres/Recettes totales
|
23%
|
Dépenses de fonctionnement/dépenses totales
|
38%
|
Dépenses de structure/Dépenses totales
|
35%
|
Dépenses de services/Dépenses totales
|
66%
|
Source : SAFIC, 2007
Il ressort de ce tableau, la faiblesse des recettes totales
des CT due à une fiscalité locale basée sur des
impôts dont le recouvrement pose souvent des problèmes, et de
faibles taux. La faiblesse des recettes se traduit par la faible part des
habitants dans les recettes propres ; de même on remarque que les
dépenses de services occupent la plus grande part de pourcentage dans
les dépenses totales.
Produits par nature sont :
- Les produits de l'exploitation et les recettes
tarifaires;
- Les produits financiers;
- Les revenus du domaine ;
· Contribution des Partenaires Techniques et
Financiers (PTF):
La contribution des PTF, est constituée par l'appui
budgétaire et celui institutionnel de la Commission Européenne CE
à travers le PARAD (annexe n°1). Les ressources accordées
par les Partenaires Techniques et Financiers aux collectivités
territoriales de 2006 à 2009 sont de l'ordre de
34 765 722 000F CFA.
Après cet exposé sur l'apport de la
décentralisation à la réduction de la pauvreté au
Mali, il est opportun d'analyser les canaux à travers lesquels la
décentralisation peut contribuer à la réduction de la
pauvreté.
II. Les canaux de
réduction de la pauvreté par la
décentralisation.
Avec l'évolution de la définition de la
pauvreté passant d'une notion de manque de revenu et de privations
matérielles à une perception multidimensionnelle et qualitative,
intégrant l'accès et le contrôle des ressources, privation
humaine, manque de moyens d'actions et de pouvoir. Les stratégies de
réduction de la pauvreté ont mis l'accent sur les
infrastructures, ainsi que l'amélioration des services sociaux de base
tels que l'éducation, la santé, eau potable, et la gestion
locale. La décentralisation peut donc contribuer à atteindre ces
objectifs.
II.1.
Décentralisation et fourniture des services sociaux de
base :
La décentralisation suppose la réalisation des
tâches par les collectivités à partir des besoins que les
populations ont elles mêmes définis. La crédibilité
de la décentralisation est jugée dans une large mesure sur la
capacité des CL à assurer la fourniture des services sociaux de
base (SSB) aux populations.
Dans cette perception la décentralisation apparait
comme un moyen efficace, d'autant plus que l'Etat central à lui seul ne
saurait satisfaire cette offre. L'implication des acteurs non gouvernementaux
est souhaitée. Selon la Banque mondiale18(*), les conditions de vie d'une population ne peuvent
s'améliorer si les groupes pauvres n'accèdent pas à des
SSB abordables et de bonne qualité notamment en matière de
Santé, d'éducation, d'eau potable, d'assainissement, et
d'électricité. Il apparait donc que les CL ne peuvent rester en
dehors de ces enjeux dans la mesure où les lois de la
décentralisation, leur reconnaissent une responsabilité accrue en
la matière.
En effet, l'Etat central est dans l'incapacité
d'apprécier pleinement la diversité des conditions locales et
d'évaluer les besoins et les capacités locales, sur ce les CT
jouent un rôle prépondérant dans la mesure où elles
sont informées par rapport aux besoins et aux priorités locaux en
vertu de leur proximité de la population. La décentralisation
permet de renforcer les capacités des CT, en matière de
conception, planification, gestion, et d'évaluation des politiques
locales d'accès aux SSB.
Elle vise à transférer le pouvoir aux
populations locales par le biais des principes de libéralisation et
d'équité en vue de réaliser un développement
économique et social, qui soit mené par elles- mêmes, et
qui met l'accent sur la réduction de la pauvreté. Ainsi un
système performant de planification, fourniture, de fonctionnement, et
l'entretien des infrastructures et des services de base pour la
réduction de la pauvreté dévient un résultat
imputable à la décentralisation.
Dans le contexte malien, il a été
transféré aux CT des compétences dans les domaines
prioritaires d'amélioration des conditions de vie des populations
à savoir : Santé, Education, et Hydraulique, qui constituent
les principaux moyens permettant aux pauvres de sortir de leur état de
pauvreté. Avec leur mandat spécifique en matière de
gestion du développement local et des finances locales, les CT ont des
avantages certains en vertu de leur connaissance des situations locales surtout
par rapport aux groupes sociaux pauvres.
L'une des répercussions immédiates des CT au
Mali, a été la réalisation sous leur maîtrise
d'ouvrage d'importants investissements ayant contribué à la
réalisation des SSB. Ces réalisations contribuent à
l'atteinte des indicateurs du CSLP, relatifs à l'axe II basé sur
le développement humain durable et l'accès aux SSB.
Indicateurs CSLP liés aux services de
base
Dans le cadre du PARAD, trois (3) indicateurs CSLP ont
été retenus pour traduire l'évolution des services sociaux
de base au niveau des collectivités :
Ø % de villages disposant d'au moins un point d'eau
moderne fonctionnel : le taux fin 2006 est de 74 %
Ø « Pourcentage des femmes enceintes ayant
été consultées au moins une fois au cours de leur
grossesse », précisé par le sous indicateur « nombre de
consultations prénatales dont bénéficie en moyenne chaque
consultante ». Les valeurs pour ces indicateurs fin 2006 sont de 58 % de
consultation et de 1,92 consultations en moyenne
Ø Taux brut de scolarisation des filles au 1er cycle.
Le taux fin 2006 est de 69,5 %
|
Source : MATCL, 2007
L'accès à un service fait allusion à la
possibilité qu'a un agent de disposer avec ou sans coût de ce
service pour satisfaire un besoin. L'un des arguments économiques pour
appuyer la décentralisation est que, celle-ci permet une meilleure
allocation des ressources pour une production efficace des biens et services.
Les collectivités qui ont en charge la fourniture locale des services
tels que ceux de l'éducation, des soins sanitaires et de l'hydraulique,
qui ont un important rapport avec le développement humain permet
d'assurer l'accès des pauvres à ces dits services et influencent
de ce fait le bien être de cette population. Il apparait que le niveau
d'éducation des pauvres, ainsi que leur situation sanitaire sont
dérisoires ; cependant leur accès aux facteurs de
productions est également très limité. La
décentralisation a l'avantage de développer une structure
productrice proche des populations en tenant compte des facteurs
disponibles.
Les collectivités locales étant dotées de
pouvoirs visant à accroître l'offre des services de santé,
d'éducation et d'eau, il va s'en dire que l'offre de services sera
conditionnée par l'efficacité des collectivités locales
à mettre en place des structures éducatives et sanitaires dans le
but de permettre aux populations d'y accéder facilement et ainsi
améliorer leur état de santé et leur niveau d'instruction
afin de pouvoir participer efficacement à la création et à
l'augmentation de la richesse locale.
II.2.
Décentralisation et accès aux services sociaux:
Les services sociaux occupent une place de choix en raison de
leur nature. En effet, ce sont les biens auxquels une communauté
confère, non pas uniquement une valeur individuelle, mais en même
temps une grande utilité pour les groupes qui la composent.
Les services et infrastructures de base pour les soins de
santé, de l'éducation, l'eau contribuent à
l'amélioration du bien être des populations, mais bien souvent
passent à coté des pauvres. Ils peuvent être inexistants,
inaccessibles, inabordables, et de mauvaise qualité technique ou
dysfonctionnels (SNV, 2005).
L'éducation et la santé sont au centre de ces
services qui comprennent, également l'assainissement, l'accès
à l'eau potable. Une population bien éduquée, et en bonne
santé constitue plus que, les richesses naturelles un facteur de
développement. Ainsi face à l'incapacité de l'Etat de
satisfaire les demandes d'éducation, et de santé en très
forte croissance, la redistribution des rôles entre les niveaux central
et local s'est progressivement imposée comme une réponse efficace
pour corriger les imperfections des politiques centralisatrices de
l'administration.
De ce fait, la décentralisation occupe une grande place
dans ces réformes. L'instauration de la bonne gouvernance qui est l'une
des motivations du processus de la décentralisation, devrait
améliorer considérablement l'équité, la
qualité, l'efficience, et l'efficacité en matière de
production et d'accès aux SSB.
L'Etat du Mali a initié des programmes sectoriels dans
le domaine de l'éducation et de la santé avec une large
implication des collectivités pour la bonne mise en route de ses
stratégies.
· L'éducation :
Le programme décennal de l'éducation (PRODEC),
est le programme sectoriel du secteur de l'éducation.
Selon le CSCRP, l'objectif du PRODEC d'ici l'an 2015 est que
« Tous les enfants maliens achèvent une éducation de
base de qualité et le secteur éducatif fournit au pays les
ressources humaines nécessaires à son
développement ».
La lutte contre la pauvreté passe nécessairement
par la valorisation des ressources humaines ; ce qui implique notamment de
mettre l'accent sur l'éducation et la formation des populations.
L'accès aux systèmes éducatifs est dès lors un
facteur déterminant du développement humain dont l'impact
s'inscrit à long terme.
Les mesures d'accompagnement de la politique éducative
se trouvent détaillées dans le PRODEC. Cependant la plus
importante demeure la mise en oeuvre effective des transferts de
compétences et des ressources prévues dans le cadre de la
décentralisation.
Ainsi le taux brut de scolarisation TBS au
1èr cycle au niveau national est de 80,4% en 2008 contre
77,6% en 2004 ; de même la parité fille/garçon est
passée de 68% en 2004 à 81% en 2008 et ceci grâce à
la mise en oeuvre du PRODEC. Le taux brut de scolarisation des filles est de
72,7% en 2008.
S'agissant de l'alphabétisation, le taux est
passé de 24% en 2003 à 26,4% en 2007. La mise en oeuvre du
PRODEC, et le programme d'investissement sectoriel de l'éducation PISE a
permis la réalisation des infrastructures, et la formation du personnel
enseignant.
· La santé :
Au Mali, la politique sectorielle pour le secteur de la
santé est le Programme de Développement Sanitaire et Social
(PRODESS). Cette nouvelle politique repose avant tout sur le rôle accru
confié aux populations en matière de mobilisation de ressources,
gestion des centres de santé, et sur la déconcentration de
certaines responsabilités au sein du ministère de la
santé.
A cela, les stratégies adoptées ont pour but
l'amélioration des indicateurs de santé des populations et en
particulier les plus pauvres surtout en zone rurale dont concentrent 80% de la
population malienne.
Avec sa mise en oeuvre, on peut noter comme résultat le
surcroit du nombre de CSCOM, fonctionnels est passé de 753 en 2005
à 826 en 2007. La proportion de population vivant dans un rayon de 5 km
d'un centre de santé fonctionnel est passée de 50% en 2005
à 54% en 2008.
L'accès des populations aux structures de santé,
mesuré par le taux d'accessibilité aux services sanitaires est
passé de 38% en 2001 à 43% en 2005 dans un rayon de 5 km, et de
63% en 2001 à 72% en 2005 dans un rayon de 15 km. L'expansion
géographique de l'offre des services de santé de base est encore
peu soutenue par un renforcement des compétences, la
déconcentration de la gestion financière et l'implication des
utilisateurs dans la gestion des associations de santé communautaire
ASACO.
Bien que ces structures contribuent à
l'amélioration du système de santé, elles manquent de
personnels qualifiés surtout dans les communes
éloignées.
· L'hydraulique :
L'objectif de l'Etat dans le domaine de l'eau est de
contribuer au développement du pays en apportant des solutions
appropriées aux problèmes liés à la
disponibilité de l'eau dans le respect d'une gestion durable des
ressources en eau.
Il s'agit surtout de satisfaire les besoins en eau des
populations, en vue de diminuer les maladies liées à la
consommation des eaux impropres, ainsi que l'amélioration de la
qualité de vie.
Tableau n° 8 : L'accès des
populations à l'eau potable selon le milieu en pourcentage.
Niveaux
|
1991
|
2002
|
2005
|
2007
|
National
|
-
|
-
|
57
|
72,7
|
Rural
|
36
|
54,1
|
64,4
|
68,4
|
Urbain
|
38
|
65,8
|
70,2
|
74,2
|
Source : ELIM, 2006
Concernant la mise en valeur des ressources en eau on note des
progrès importants dans l'accès des populations, tant en milieu
urbain que rural, à des sources d'eau potable. En effet, la proportion
de la population rurale ayant accès à une source d'eau meilleure
(robinet, borne fontaine, forage, puits à grand diamètre) est
passée de 36% en 1991 à 54,1% en 2002 et 68,4% en 2007. La
progression a été plus importante en milieu urbain car ce
pourcentage est passé de 38% en 1991 à 65,8% en 2002. Cette
tendance s'est poursuivie, car en 2007, 72,7% des ménages maliens
consomment de l'eau potable, avec 74,2% pour le milieu urbain contre 68,4% pour
le milieu rural.
S'agissant de l'électricité le taux
d'accès de la population à l'électricité au niveau
du pays s'est établi à 17,38% en 2007 contre 15% en 2005. Dans
les zones géographiques, il est de 15,3% en 2008 en milieu rural contre
57,56% en milieu urbain à la même date.
Conclusion :
Comme souligné précédemment dans le
chapitre I, les premières tentatives de décentralisation au Mali
datent des années d'avant les indépendances. Et depuis, les
différents régimes politiques qui se sont succédés
au pouvoir ont tenté à leur manière d'organiser le
territoire. Cependant, il faut noter que la décentralisation sous sa
forme actuelle, tout comme l'ouverture démocratique avec le pluralisme
politique, a pris de l'importance comme axe fondamental d'impulsion du
développement au Mali depuis que les principaux bailleurs de fonds ont
commencé à considérer la décentralisation comme un
instrument essentiel de développement local et partant de
réduction de la pauvreté. En effet, les bailleurs de fonds,
implicitement, ont adopté la stratégie de financement
basée sur l'engagement véritable dans la voie de la
décentralisation. Du reste, c'est ce qui justifie le fait que de plus en
plus, dans les pays en développement, les organismes internationaux de
développement et les ONG préfèrent travailler avec les
structures décentralisées de l'État ou directement avec
les populations.
Sur le plan financier, le déséquilibre est
financé par les transferts de subventions de l'État. Mais
jusque-là le système de transfert et le montant à
transférer, plus ou moins laissés à la discrétion
du gouvernement central, n'ont pas permis aux collectivités
territoriales d'avoir les ressources de base qui soient à la hauteur des
ambitions de la décentralisation au Mali.
La faiblesse des ressources financières locales
constitue un handicap majeur qui, risque de reporter les
échéances des missions de développement local et de
réduction de la pauvreté dévolues aux autorités
locales et aux populations à la base. La décentralisation
comporte des insuffisances majeures sur le plan financier et en matière
de démocratie locale dont la persistance est susceptible de compromettre
la réalisation des objectifs de développement économique
et de réduction de la pauvreté qui lui sont assignés.
La décentralisation procure des avantages aux
collectivités locales pour lutter contre la pauvreté,
perçue comme un phénomène à multiples facettes.
Cette étude a privilégié celle basée sur les
conditions de vie des populations. Ainsi au terme de la présente
étude, il ressort que la décentralisation contribue à la
réduction de la pauvreté notamment par la prise de
décisions de développement socio-économique par les
populations elles-mêmes du fait de la proximité des organes de
décisions ainsi que leur participation dans la définition,
l'offre, et l'accès aux services sociaux de base (éducation,
santé, eau potable, électricité), considérés
comme des facteurs essentiels à l'amélioration du cadre de
vie.
Les recommandations issues de cette étude
sont :
v Renforcer les capacités des collectivités
locales particulièrement leurs capacités à mobiliser des
ressources financières pour promouvoir le développement
socio-économique de leur ressort ;
v Développer des techniques pour recueillir les avis
des citoyens sur la nature et la qualité des services à
fournir ;
v Faciliter le renforcement et l'amélioration du cadre
partenarial entre les différents acteurs de développement (Etat,
collectivités, secteur privé...), pour une meilleure
programmation de la mise en oeuvre des actions de développement ;
v Améliorer la base de données en ce qui
concerne le degré de pauvreté, surtout au niveau des communes
pour mieux cerner la pauvreté et pour mesurer les impacts d'intervention
en matière de développement ;
v Alléger la quote part des collectivités
locales pour recevoir des financements de l'ANICT, enfin de permettre aux
collectivités la réalisation d'investissement à la hauteur
des attentes des citoyens.
Ce mémoire se limite au contexte malien, et les
difficultés rencontrées se situent à la non
disponibilité des données statistiques sur la pauvreté au
niveau des communes, permettant d'apprécier pleinement la contribution
de la décentralisation à la réduction de la
pauvreté ; et de même le manque d'informations sur les
infrastructures dans les collectivités locales.
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développement dans le monde : mettre les services de base à
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décembre 2006.
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http://www.uncdf.org/francais/local_developpement/uploads/thematic/UNCDF_SAFIC.pdf
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des collectivités locales pour réaliser les objectifs du
millénaire pour le développement OMD, 2006.
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repère n°5, 2005.
http://www.oecd.org/reperes
Kanfimbou, H et Sanon, J :
Décentralisation et réduction de la pauvreté au Burkina
Faso : Quelles stratégies ? CEDRES, Université de
Ouagadougou, 2007.
Loi n°93-008 AN-RM du 11 Février
1993 déterminant les conditions de la libre administration des
collectivités territoriales modifiée par la loi 96-056 du 16
octobre 1996.
Loi 95-034/AN-RM du 12 Avril 1995 portant
code des collectivités territoriales.
Loquai, C : Décentralisation et
réduction de la pauvreté : perceptions des liens dans les
politiques et les pratiques, étude de cas portant sur la
république de Guinée, document de réflexion ECDPM
n°32, 2001.
MDRI : Lois et Décrets
de la Décentralisation, Mars, 1999.
MDRI : Formation des élus locaux,
cahier du participant ; juillet 2000
Moussa, L.L., & Ilboudo, E :
Décentralisation en Afrique de l'Ouest et du Centre, Apprendre des
expériences locales et intersectorielles : études de cas du Ghana
et du Mali. Rapport de recherche. Bamako : ROCARE / ERNWACA,2007.
ODHD/LCPM : Aide, Endettement,
Pauvreté, 2000.
ODHD/LCPM : Croissance,
équité et pauvreté au Mali, 1999.
ODHD/LCPM : Décentralisation et
réduction de la pauvreté au Mali, 2003.
ODHD/LCPM : Dynamique de l'analyse de la
pauvreté au Mali de 1993 à 2003 ; 2005.
Rondinelli, D: What is Decentralization?
in J. Litvack and J. Seddon (eds.) Decentralization Briefing Notes
(Washington, DC: World Bank Institute), 1999.
http://www.worldbank.org/publicsector/decentralization
Sall, A : Le pari de la
décentralisation au Mali : Contribution, SODIFI, 1993.
Sawadogo, R.A : Etat Africains face
à la décentralisation : la chaussure sur la tête,
KARTHALA, 2001.
Sen, A : Ethique et économie et
d'autres essais : traduit de l'anglais par Sophie Marnat, 2è
édition Quadrige, PUF, 2002.
Yatta, F.P (2006). Gouvernance
financière locale
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/La_gouvernance_financiere_-_Francois_yatta_.pdf
Mémoires :
Dolo Domo Emanuel « la
décentralisation territoriale et le développement local :
cas de la région de Mopti » FSEG, 2003- 2007.
Drissa Mansa Sidibé «
Croissance et réduction de la pauvreté de revenu au
Mali « Dakar, DESS, COFEB, 2003.
Annexes
Annexe n°1 : Contribution des PFT aux
financements des collectivités territoriales.
Libellés
|
2 006
|
2 007
|
2 008
|
2 009
|
TOTAUX
|
I- Contribution de CE/PARAD Appui
Budgétaire
|
FICT /ANICT
|
6 670 749
|
5003 062
|
4335 987
|
3668 912
|
1 678 710
|
ADERE
|
889 433
|
667 075
|
578 132
|
489 188
|
2 623 828
|
Appui Communautaire
|
889 433
|
667 075
|
578 132
|
489 188
|
2 623 828
|
Fonds d'appui technique CCC/SECOM
|
1 556 508
|
1167 381
|
1011 730
|
856 080
|
4 591 699
|
Sous total I en milliers de FCFA
|
1 000 6124
|
7 504 593
|
6 503 981
|
5 503 368
|
29 518 066
|
II-Contribution de CE/PARAD Appui
Institutionnel
|
AT (permanente et court terme : ANICT, DNCT, CCN...)
|
918340 (non ventilé par année)
|
918 340
|
Renforcement capacités (Appui CCN, Etudes, Formations,
échanges, équipement, communication, appui aux associations
d'élus/HCC etc.)
|
1311914 (non ventilé par année)
|
1 311 914
|
Coopération décentralisée
|
1 508 701 (non ventilé par année)
|
1 508 701
|
Contrôle externe
|
787 148 (non ventilé par année)
|
787 148
|
Suivi-évaluation (Base OISE, Revues)
|
721 553 (non ventilé par année)
|
721 553
|
Sous total II en milliers de FCFA
|
|
5 247 656
|
Total Contribution CE I+II en milliers de
FCFA
|
34 765 722
|
Source : ANICT, DNCT ;
2009
Annexe n°2 :
Méthodologie de mesure de l'incidence de la pauvreté des
conditions de vie au Mali.
La pauvreté possède de multiples dimensions.
Elle se caractérise entre autres par le besoin de prestations
élémentaires de santé, d'éducation de base,
d'accès à l'eau potable ainsi qu'à d'autres services
essentiels qui doivent être fournis par la communauté afin
d'empêcher les individus de sombrer dans un état de
dénuement. Á partir de ce concept, l'incidence et la profondeur
de la pauvreté peuvent être déterminées à
partir des informations relevées sur les infrastructures
socio-économiques.
La méthodologie repose sur un indicateur
(Is) appelé « score de
pauvreté» qui varie de 0 à 20. Les types d'infrastructures
retenues pour l'élaboration de l'Is sont :
d'éducation (1er et 2nd cycles de
l'école fondamentale, centre d'alphabétisation), de
santé (hôpital, dispensaire, pédiatrie
maternelle et infantile, maternité, centre de santé
communautaire), d'accès à l'eau potable (forage,
puits moderne à grand diamètre), de
sécurité alimentaire et de revenu (banque de
céréale, caisse villageoise).
L'Is d'un village est la somme des
scores partiels présentés dans le tableau ci-après. L'Is
d'une région est la moyenne des scores des villages qui la composent.
Scores partiels par type d'infrastructures
Type d'infrastructures
|
0 km
|
0 à 5 km
|
Plus de 5 km
|
Observations
|
Éducation
Premier cycle
Second cycle
Centre d'alphab.
Santé
Hôpital
Dispensaire
PMI
Maternité
CSCOM
Eau potable
Forage
Puits moderne
Sécurité aliment.
Banque de céréale
Revenu
Caisse villageoise
|
3.0
1.0
2.0
4.0
1.0
1.0
1.0
3.0
2.5
3.0
0.5
1.0
|
1.5
0.5
0.0
2.0
0.5
0.5
0.5
1.5
0.0
0.0
0.0
0.0
|
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
|
Si une localité dispose d'un dispensaire, d'une PMI, d'une
maternité, alors le CSCOM n'est pas noté et inversement
|
Total
|
20
|
|
|
|
Le logiciel AGIS a été utilisé pour
déterminer les distances entre les villages et les infrastructures afin
de déterminer les scores partiels. Pour classer les localités
selon le degré de pauvreté, les classes de valeurs de
l'Is ci-dessous ont été retenues :
Moins pauvre
|
10 = Is = 20
|
Pauvre
|
5 = Is < 10
|
Très pauvre
|
0 = Is < 5
|
La mesure de la pauvreté par un indicateur tel que
l'Is permet d'identifier les zones où se
concentre la pauvreté au sein d'un pays ou d'une région.
Toutefois, l'approche présente deux insuffisances : premièrement,
la méthode ne s'applique pas aux fractions nomades et
deuxièmement, elle homogénéise le niveau de
pauvreté de l'ensemble des individus d'une même
localité.
Source : CSLP, 2002
Annexe n°3 :
Compétences de la commune en matière de Santé, d'Education
et de l'Hydraulique
Santé
|
Education
|
Hydraulique
|
§ Elaboration et mise en oeuvre du plan de
développement de la santé ;
§ Création et entretien des
Infrastructures ;
§ Autorisation de créer des centres de
santé communautaire
(CSCOM) ;
§ Conclusion de la convention d'assistance mutuelle avec
les associations de gestion des centres de santé (ASACO) ;
§ Subvention aux ASACO ;
§ Recrutement du personnel ;
§ Mise en place d'un stock de roulement initial de
médicaments
essentiels ;
§ Lutte contre la vente illicite des
médicaments ;
§ Information, éducation,
communication en santé ;
§ Mise en oeuvre des politiques et stratégies
nationales de prévention et de lutte contre les
maladies ;
§ Mobilisation sociale autour des objectifs
socio-sanitaires.
|
§ Elaboration et mise en oeuvre du plan de
développement de l'éducation ;
§ Appui à l'élaboration de la carte
scolaire ;
§ Construction et entretien des
infrastructures préscolaires et
scolaires ;
§ Détermination des modules spécifiques
n'appartenant pas à la
Nomenclature nationale ;
§ Recrutement et gestion du personnel ;
§ Subvention des écoles communautaires ;
§ Organisation et fonctionnement des cantines ;
§ Organisations des examens ;
§ Productions des statistiques scolaires ;
§ Suivi des centres d'alphabétisation.
|
§ Elaboration et mise en oeuvre du plan de
développement de l'hydraulique (alimentation en eau potable) ;
§ Construction et entretien des infrastructures ;
§ Contrôle et suivi des structures
agréées de gestion des
infrastructures ;
§ Recrutement des exploitants chargés du
fonctionnement des
infrastructures.
|
Source : SVN et CEDELO, 2005
* 1 ELIM : Tendances et
déterminants de la pauvreté au Mali, 2001-2006
* 2 MDRI : formation des
élus locaux, cahier du participant ; juillet 2000.
* 3 Ce type, se manifeste une
volonté plus ou moins forte de l'Etat mais indéniable de partager
le pouvoir. Il fait un projet de lois pour créer les
collectivités locales au moment où cela lui semble opportun. A ce
niveau, la décentralisation se fait au gré de l'Etat, la tutelle
reste en général très forte, les moyens financiers
octroyés sont insuffisants par rapport aux compétences.
* 4 Dans ce cas le pouvoir
central en situation de faiblesse met en place une décentralisation pour
céder à une revendication qui lui est extérieure. Elle
peut provenir de l'intérieur (conflits sociaux) ou de l'extérieur
(exigence des bailleurs de fonds).
* 5 Assemblée
Régionale
* 6 Il s'agit de
l'état civil, le recensement, la police administrative,
l'hygiène, l'assainissement, les archives, et la documentation.
* 7 Ces compétences ne
sont pas exhaustives
* 8 L'IPH est un indice
composite qui prend en compte la capacité de vivre longtemps et en bonne
santé (indicateur de longévité), le savoir (indicateur
d'instruction) et la possibilité de disposer d'un niveau de vie
décent (indicateur de conditions de vie exprimé par le
pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté
monétaire).
* 9 Cité par ELIM,
2006
* 10 Organisation Mondiale
de la Santé
* 11 Cité par Drissa
Mansa Sidibé : mémoire DESS, Croissance et réduction
de la pauvreté de revenu au Mali ; Dakar COFEB, 2003
* 12 Croissance,
Equité et pauvreté au Mali, ODHD/LCPM, 1999
* 13 Incidence de la
pauvreté
* 14 Profondeur de la
pauvreté
* 15
Sévérité de la pauvreté
* 16 Cité par Moussa,
L.L ; & Ilboudo, E ; 2007.
* 17 Art 3 de la loi
93-008
* 18 Rapport sur le
développement dans le monde, 2004
|