à‰thique et pratiques communicationnelles de l' Eglise catholique pour la pacification de l'espace public au Burkina Faso

CHAPITRE II

L'ETHIQUE CHRETIENNE DE LA COMMUNICATION COMME OUTIL DE PACIFICATION DE L'ESPACE PUBLIC

2.1 L'éthique chrétienne de la communication : spécificités

La caractérisation de l'éthique chrétienne de la communication est une question qui a pris de court plus d'un. Et pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence que l'Eglise n'aborde pas les questions liées à l'information et aux médias de la même façon que tout autre structure. Selon l'abbé André Ouattara, vicaire de l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso, la marque spécifique de l'éthique chrétienne de la communication réside dans le culte de la vérité. Le public, poursuit-il, a droit à une information juste et vraie, exempte de toute manipulation à des fins personnelles ou égoïstes. Son confrère malien, l'abbé Alexis DEMBELE de Radio PARANA (San) fait un parallèle entre l'éthique chrétienne de la communication et l'éthique classique (journalistique) en faisant remarquer que la première privilégie l'environnement de la personne tandis que la seconde, tout en tenant compte de l'environnement, s'en sert pour montrer, pour choquer et pour indexer voire accabler.

Pour sa part, le sociologue Sénégal Oumar DIAGNE, directeur du CESTI de Dakar, sans prendre obstinément le parti du journalisme incisif et frondeur, estime tout de même que «  le projet est acceptable, il est même à encourager s'il contribue à enraciner, à implanter la République en mettant à nu les pratiques ou les travers risquant de lui porter préjudice »^31(*).

Quant à l'approche strictement chrétienne de la communication, elle est aussi perceptible à travers l'image du journaliste que projette l'Union Catholique Internationale de la Presse (UCIP) en soulignant que ce dernier a plutôt vocation à  « cultiver un certain esprit d'écoute, de partage, de mise en commun d'information réciproque, de connaissance mutuelle, de relations dans la vérité, d'ouverture à l'autre, de proximité fraternelle avec ceux qui n'appartiennent pas à des groupes dominants, avec les pauvres, avec les sans-voix »^32(*) . Ainsi, plutôt que de participer au désenchantement qui caractérise notre époque, le journalisme pourrait aider à bâtir un monde meilleur pour tous. Il en a le pouvoir à condition de le vouloir comme le confirme le témoignage de Jean Claude BERTRAND dans son ouvrage sur l'arsenal de la démocratie, les medias, la déontologie et la responsabilité sociale^33(*).

L'éthique chrétienne de la communication place l'homme au centre de l'activité informationnelle en lui conférant un supplément d'âmes qui le prédispose à faire une lecture plus humaine des événements. C'est ce qui fait dire à M. Edouard OUEDRAOGO directeur de publication du quotidien « l'observateur Paalga », que face à un même événement, le communicateur « ordinaire » se bornera à publier les faits contrairement à son collègue de sensibilité chrétienne qui s'avisera préalablement de vérifier l'intérêt social de l'information à publier. En vertu de l'éthique chrétienne de la communication, il se souciera particulièrement de savoir si l'information dont il est détenteur est de nature à aider le public à s'assumer et à s'élever et dans quelle mesure celle-ci concourt à la formation et à la diffusion de saines opinions publiques.

En somme, l'éthique chrétienne de la communication s'apprécie fondamentalement à travers cette inclination du communicateur qui en est pétri à rappeler à la société les valeurs durables qui font la dignité de l'Homme et qui permettent de construire une fraternité authentique.

* ³¹ Article sur « journalisme et Développement »in Quaderni, n°36, Paris, 1998, p.39

* ³² UCIP, pour une société de communication, éditions CANA, p.17

* ³³ J.C.BERTRAND, l'arsenal de la démocratie, Médias, déontologie et MARS, éditions Oeconomica,1999, pp.248-249 : « au début de 1984, un correspondant à Rome de ABC-TV