3.2 Quelques causes structurelles de la crise politique
Selon, le rapport du Collège des sages,
l'élément fondamental en cause dans cette crise se rapporte
à la culture politique de la classe dirigeante actuelle. En effet, la
majeure partie de cette classe politique dirigeante est issue du militantisme
estudiantin de la fédération des étudiants d'Afrique noire
en France (FEANF) et de ses démembrements.
Cette génération, notamment issue de
l'éclatement de l'Union générale des étudiants
voltaïques (UGEV), est marquée par la culture politique de la
guerre froide faite de radicalisme, d'exclusion et de lutte des classes
à outrance sur le plan intérieur et par le partage du monde en
révolutionnaires amis du peuple et en capitalistes réactionnaires
ennemis du peuple.
Devenus leaders politiques, les étudiants d'hier n'ont
pas su effectuer la mutation nécessaire pour devenir des hommes d'Etat,
tant et si bien que des valeurs telles que le patriotisme, l'humanisme, le
respect de la vie humaine, la morale, les us et coutumes qu'incarnait
l'ancienne génération de politiciens, ont cédé la
place à la violence politique avec les assassinats, les disparitions,
les vandalismes, les tortures et les autres actes répréhensibles
comme la corruption, les détournements, etc. Le fait que le premier
assassinat politique de l'histoire du pays soit survenu en novembre 1982 lors
de l'irruption des jeunes militaires au pouvoir confirme cette analyse du
collège des sages. Cette nouvelle politique va déteindre sur les
institutions et marquer le comportement des acteurs politiques : violation
des libertés fondamentales, nombrilisme politique, culte de la
personnalité, confiscation du pouvoir, fraude électorale et
élections boycottées, etc.
Dans cette conjoncture, la responsabilité de tous les
acteurs de la scène politique nationale est engagée : le
pouvoir, l'opposition et la société civile et plus que jamais, la
jeune démocratie burkinabé est à l'épreuve de la
maturité.
La construction de la cité juste, avec la
promesse de la paix, commence par le juste emploi des mots
(Sagesse
chinoise)
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