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La Politisation de l'Administration Publique Congolaise sous la deuxième République (1965-1997) Analyses et perspectives

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par Carlytho NZAZI LENGI
Université Pédagogique Nationale (U.P.N) de la RDC - Graduat 0000
  

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II.1.2. La personnalisation du pouvoir

La concentration du pouvoir entres les mains d'une personne découlait de l'accumulation de tous les pouvoirs par les président Mobutu. Il supprima d'abord le poste de premier Ministre en devenant lui-même chef du gouvernement. Ensuite, la révision constitutionnelle de 1974 fait du président de la République l'organe suprême du MPR, il était au dessus de tous les organes même de la constitution. Il cumulait les pouvoirs exécutifs, législatif et judiciaire, il était à la fois président de la République, chef de l'Etat, président du conseil législatif (Assemblée Nationale), président du conseil judiciaire, commandant suprême des forces armées, avec le grade de Maréchal. Il pouvait rendre des ordonnances-lois, arrêtés, juger, condamner, libérer, etc. Mobutu qui porta désormais le titre du président fondateur, exerçait la plénitude du pouvoir.

II.1.3. La suprématie du MPR, parti unique

Au moment de la prise du pouvoir, Mobutu avait interdit tous les partis politiques. Mais en 1967, il crée le sien propre, le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) lequel, de parti dominant théoriquement, va devenir le parti unique institutionnalisé, avant de finir comme l'unique institution du pays ou parti-Etat41(*).

Les trente première années des vies indépendante du pays sont marquées par le règne et la direction sans partage d'un seul parti politique, le MPR, durant quelque vingt-cinq ans le corps de volontiers de la République (CVR) ayant été son précurseur. Aucun autre parti dans l'histoire du pays y compris la période coloniale n'a réussi pareil exploit, réunissant toutes les conditions politiques pour s'atteler à la tache du développement économique et sociale. Cette tache n'a été réalisée. Il est nécessaire de connaître ce parti et surtout la lumière dont il a géré le pays42(*).

a. L'ascension du MPR

Le MPR a été crée en 1967 à partir d'une association politique, le Corps des Volontiers de la République (CVR), destiné soutenir le nouveau régime, mais comme le président Mobutu était à la recherche d'une légitimité, tenait à avoir un parti politique de son initiative, afin de vulgariser sa politique, il annonça la fondation du Mouvement Populaire de la Révolution en avril 1967 à Mbandaka. Cependant le parti fut présenté officiellement que le 20 mai 1967 à la cité de N'selé après l'élaboration de son manifeste. Donc cette date marque la création du MPR.

Jusque-là, le MPR demeura un parti unique de fait, car la constitution de 1967 prévoyait en principe deux partis politiques, mais la deuxième ne vit jamais le jour. C'est en 1970 lors du congrès extraordinaire que le Mouvement fut institutionnalisé, devenant ainsi le parti unique de droit et l'institution suprême. en 1974, l'année de grand bouleversement, le MPR est proclamé l'unique institution du pays (la suprématisation) tandis que les institutions traditionnelles, à savoir : le président de la République, le gouvernement, le parlement, les cours et tribunaux, deviennent des simples organes du parti unique. Celui-ci est défini comme la nation Zaïroise organisée politiquement43(*).

Enfin, pour couronner le tout en 1984, le MPR est hissé au rang de parti Etat, créant ainsi un amalgame institutionnel entre les deux avec la nette prédominance du premier. L'Etat en fait absorbé par le parti.

Lorsqu'on parcourt les réalisations des différents congrès ordinaires et des réunions du comité central du MPR un fait est manifestement constaté, l'affirmation et la réaffirmation de ces points fondamentaux :

1. La République du Zaïre est un Etat unitaire, démocratique, social et laïque ;

2. Le MPR est l'unique institution du Zaïre ;

3. Le MPR est un parti Etat et entant que tel, il est l'unique source de pouvoir et de légitimité ;

4. Le MPR est la nation congolaise organisée politiquement ;

5. Tout Zaïrois est membre du MPR ;

6. Le monopartisme reste est demeure le seul système politique au Zaïre et toute tentative de nature à mettre en cause cette option est un acte anti constitutionnel et contre révolutionnaire.

b. Les organes du MPR44(*)

Les organes du MPR étaient :

· Le président du Mouvement Populaire de la Révolution, président de la République ;

· Le congrès ;

· Le comité central ;

· Le bureau politique,

· Le conseil législatif ;

· Le comité exécutif ;

· Le conseil Exécutif ;

· Le conseil judiciaire.

Ils y avaient aussi les branches secondaires du parti, comme la commission de mobilisation, propagande et animation populaire (MOPAP), l'école du parti ou l'institut « Makanda Kabobi », la jeunesse (JMPR), la condition féminine, le syndicat unique, l'éducation politique des armées.

Mais tous ces organes n`ont pas joué un rôle d'importance égale, les plus influent furent, premièrement le président fondateur devenu l'incarnation du parti et par conséquent du pays. La révision constitutionnelle de 1974 le met au dessus de tous les organes et même de la constitution.

En deuxième lieu, il faut relever la place non moins importante occupée par le bureau politique. Ce dernier était un organe de conception, d'inspiration et de décision.ses décisions avaient force de loi et, c'est dans son sein que de mesure qui ont parfois bouleversé la cours de l'histoire du pays ont été prises suite de la quelle les changent de nom du pays, du fleuve et de nombreuses villes furent décidés, l'authenticité fut également à la base du mouvement de déchristianisation qui amena à l'abandon des prénoms chrétiens, à la suppression des fêtes religieuses, à l'interdiction de plusieurs communauté chrétiennes et à la fermeture de nombreuses églises : la JMPR fut introduite jusque dans des séminaires et les couvents.

Parmi les décisions aux conséquences néfastes prises par le bureau politique, nous devons également retenir en 1973, la Zaïrianisation ou la nationalisation qui prit l'allure d'une spoliation des biens étrangers au profit de la classe politique Zaïroise.

c. La doctrine du MPR45(*)

La plupart des partis uniques Africains en général, étaient crées d'abord pour asseoir l'autocratie, sans une préoccupation idéologique quelconque, c'est seulement après qu'on lui trouvait une idéologie collée. Il fut de même pour le MPR.

En effet, l'idéologie du MPR fut exprimée pour la première fois dans le manifeste de la N'selé, en mai 1967, alors que le parti avait déjà été crée un mois auparavant. Le manifeste proclamait le « Nationalisme » comme doctrine du MPR est rejetait toute idéologie importée. En 1971, c'est-à-dire quatre ans plus tard « l'Authenticité » définit comme une méthode de recours aux valeurs ancestrales.

En 1974, l'idéologie officielle du parti porta le nom de « Mobutisme » lui aussi défini comme l'ensemble des paroles, fait et gestes du président-fondateur tels qu'ils ressortaient de ses écrits et discours.

L'idéologie du MPR était inconstante, elle a changé dans le temps. De plus, elle fut superficielle : l'authenticité est restée un slogan, se limitant à des apparences telles que l'adoption des post-noms à la place des prénoms chrétiens et le port de l'abacost ou safari au lieu du costume et de la cravate, elle n'a pas su modifier le comportement du Congolais en profondeur, notamment en dégageant des valeurs authentiques qui aurait permis à le dernier de changer de mentalité, et en bien, quand au Nationalisme, il était de façade, le tribalisme et le régionalisme régnaient en maître.

* 41 Cours d'Histoire politique et Administrative du Congo, 2ème partie, déjà cité

* 42 KANKWENDA MBAYA., Le Zaïre vers quelles destinées ? éd. KODESRIA, Paris, 1992, P. 149

* 43 DENIS KIALUTA., L'engagement politique d'un chrétien, collection engagement social, Zaïre, 1993, P. 14

* 44 Journal officiel de la République du Zaïre

* 45 ROGER SHIMBA KANKWENDE., La Zaïreanerie, RSK, Lausanne, 1992, P. 23

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault