Introduction
Si on considère d'emblée le développement
comme étant la résultante largement contingente d'interactions
entre acteurs, plutôt que comme l'apport de techniques, de savoirs ou de
finances, la communication prend une importance déterminante dans
l'élaboration des stratégies de développement.
Une approche réellement concertée et
appropriée du développement requiert que chaque acteur puisse
avoir accès aux moyens et aux informations lui permettant de prendre une
part active et équitable dans la conception et la réalisation des
projets. Depuis longtemps déjà, des panoplies d'outils
d'information et de techniques de communication sont déployées
afin de faciliter cet accès et on ne compte plus aujourd'hui les
initiatives ayant pour objectif l'appropriation des médias audiovisuels
et informatiques par les populations elles-mêmes. En Afrique, la tendance
se caractérise en particulier depuis une quinzaine d'années par
l'émergence de centaines de radios locales et communautaires.
Ces radios communautaires sont au coeur de la valorisation et
de l'autonomisation des communautés. Elles ont des fonctions
distractives, éducatives, informatives et culturelles au profit des
populations dans les localités concernées.
Au Bénin, la libéralisation de l'espace
audiovisuel est devenue une réalité depuis août 1997 ;
ainsi dans le cadre de l'application de la loi 97-010 du 20 août 1997
portant libéralisation de l'espace audiovisuel, plusieurs nouvelles
chaînes de radiodiffusion sonore émettent au Bénin.
Aussi bien l'intervention de l'Etat à travers la Haute
Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC), que celle des
partenaires étrangers dont la France et la Suisse à travers
respectivement l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) et
le Programme d'Appui à la Communication (PACOM) ont permis d'enraciner
et de promouvoir les radios communautaires. Ces accompagnements ont conduit
à l'atteinte de résultats significatifs; on peut retenir :
- La création d'un cadre juridique,
réglementaire, administratif et institutionnel qui assure une
clarification des rôles respectifs de l'Etat, des représentants
des communautés et des intervenants extérieurs. La HAAC, dans
cette configuration, est plus résolument sensible et favorable à
la promotion du droit à l'information des populations rurales et
périurbaines en oeuvrant activement à la création et au
renforcement de la viabilité des radios communautaires;
- l'enrichissement du paysage radiophonique par
l'implantation /la restructuration et la mise en onde de dix (10) radios
communautaires, fruits d'un partenariat dynamique entre les communautés
et le PACOM;
- le fonctionnement de plus en plus maîtrisé des
radios communautaires, par des conseils d'administration élus, qui
acquièrent progressivement les compétences pour assumer leur
charge vis à vis de la radio, des communautés, de l'Etat et des
intervenants extérieurs;
- les radios disposent d'agents assez bien formés,
conscients de leurs place, rôle et responsabilités par rapport aux
communautés ;
- un fonctionnement régulier et une gestion sociale
des radios fondés sur une vision claire des enjeux relatifs au
développement participatif, au genre et à une gouvernance de
qualité ;
- l'émergence d'un réseau de radios
communautaires (ayant évolué vers une Fédération),
comme force de négociation au plan national, face aux institutions de
l'Etat, s'ancrant résolument dans le tissu relationnel du
développement local, capables de porter les revendications du droit
à l'information des communautés à la base et d'organiser
les solidarités nécessaires à la viabilité des
radios mises en place ;
- la capitalisation systématique de
l'expérience d'accompagnement des projets de radios communautaires et la
mise en place de divers instruments pour assurer la viabilité sociale,
économique, matérielle et technique des radios ;
- l'émergence progressive d'un nouveau modèle
de radio, tirant les enseignements nécessaires des expériences
antérieures au Bénin et en Afrique, un modèle de radio au
service des communautés et contrôlé par elles, mais visant
l'idéal de fonctionnement d'une véritable entreprise de presse
;
- l'amélioration progressive de la qualité des
productions et la mise en place d'un système de feed-back qui permet une
meilleure prise en compte des préoccupations des différentes
couches sociales.
Toutefois, beaucoup de problèmes de gestion se posent
dans cet environnement communautaire, ce qui ne permet pas de combler toutes
les attentes des autorités béninoises en charge de la
communication, des partenaires techniques et financiers ainsi que celles des
communautés.
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