Essai d'analyse du fonctionnement du secteur informel dans la diminution du chômage au Burundi : cas des activités informelles à Bujumbura mairie( Télécharger le fichier original )par Faustin MULINDAHABI Université Martin Luther King - Licence en gestion et administration des affaires 2010 |
III.2.3.2. Mobilité vers la pluriactivitéLa pluri-activité, est l'exercice d'activités secondaires, à l'insuffisance de revenus tirés de l'activité principale. La divisibilité des produits, et leur demande évolutive en raison de la faiblesse de leur pouvoir d'achat des salariés, incite les individus ou les ménages à rechercher des revenus complémentaires dans le secteur informel en créant des activités diverses pour augmenter leur pouvoir d'achat. Les fonctionnaires, parallèlement à leurs activités professionnelles, exercent dans l'informel des activités similaires. L'importance de ce phénomène s'explique en grande partie par la faiblesse des revenus qui ne permettent pas une satisfaction correcte des besoins de base. Le secteur informel comprend plusieurs branches d'activités, étant peu structuré, les ménages ou individus développent au sein des quartiers le petit commerce de détail, à domicile, ambulant ou flottant et beaucoup d'activités dans l'artisanat telles que, la boulangerie, la cordonnerie, les ateliers de couture, des menuiseries, des soudures, des kiosques, garage, etc. Ainsi, près des trois-quarts des chefs d'unités de production au Burundi considèrent le secteur informel comme un mode privilégié d'insertion dans le marché de travail. 31% invoquent la possibilité d'obtenir un meilleur revenu que le salaire auquel ils pourraient prétendre et 12% refusent le statut de travailleur dépendant et mettent en avant le désir d'être leur propre patron (ISTEEBU, 2007, pp.5-7). Face à la pauvreté, les agents augmentent leur pluriactivité. C'est-a-dire en plus de l'activité principale développent une seconde activité; même une troisième activité si possible. Cette pluriactivité est à mettre en relation avec la crise économique (arriéré des salaires, hausse des impôts, chômage...). Cette forme d'association entre travail formel et informel est très répandue au Burundi. Elle permet aux travailleurs de garder leur système de sécurité sociale. Une telle stratégie prend des formes diverses, elle montre que dans nombre de cas il existe une complémentarité entre emploi formel et activités informelles (exemple : utilisation du capital ou des inputs de l'entreprise formelle pour une activité informelle). Les individus qui se déplacent vers la pluriactivité travaillent souvent à temps partiel dans leur emploi formel. Réfugiés dans le secteur informel, ils développent un langage, caractérisé par divers néologismes, traduisant leur lutte pour la survie et le progrès; en témoignent des expressions comme, par exemple : kwiyungunganya29(*). Souvent mise en avant par les fonctionnaires au Burundi, la pluri-activité est considérée comme une stratégie des ménages et des individus pour accroître leur revenu. Sur 128 975 actifs occupés à Bujumbura, 9 544 déclarent exercer une activité secondaire au cours de la semaine de référence, ce qui porte le taux de pluri-activité à 7,4%. Les emplois secondaires ont le même profil que les emplois principaux. Le commerce et les services sont encore plus présents ici avec respectivement 25,2% et 32,6% des emplois secondaires. Ils s'exercent presque exclusivement dans le secteur informel qui en accueille 89% à lui seul, tandis que le privé formel n'en accueille que 1,8% (Idem, p.23). * 29 Kwiyungunganya, en langue kirundi, l'expression signifie littéralement : s'occuper utilement. |
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