WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Essai d'analyse du fonctionnement du secteur informel dans la diminution du chômage au Burundi : cas des activités informelles à  Bujumbura mairie

( Télécharger le fichier original )
par Faustin MULINDAHABI
Université Martin Luther King - Licence en gestion et administration des affaires 2010
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

REPUBLIQUE DU BURUNDI

UNIVERSITE MARTIN LUTHER KING

FACULTE DE GESTION ET ADMINISTRATION DES AFFAIRES

ESSAI D'ANALYSE DU FONCTIONNEMENT DU SECTEUR INFORMEL DANS LA DIMINUTION DU CHOMAGE AU BURUNDI : CAS DES ACTIVITES INFORMELLES A BUJUMBURA MAIRIE

Par:

MULINDAHABI Faustin

et

GISAHO Mussa

Mémoire présenté et défendu

publiquement en vue de l'obtention

du grade de licencié en Gestion et

Administration des Affaires

Membres du Jury:

- Président : NIYUNGEKO Paul

- Directeur : Docteur NDAYEGAMIYE Adrien 

- Secrétaire : NIMPAYE Emery

Bujumbura, Novembre 2010

DEDICACE

A mon regretté père,

A toute ma famille,

A mes chers amis et connaissances,

Je dédie ce mémoire.

MULINDAHABI Faustin.

A mon regretté père,

A ma très chère mère pour tous les sacrifices consentis, son amour et soutien

A mes frères et soeur

A mes cousins et cousines

A mes regrettés oncles et tantes

A mes amis et camarades de classe

A toutes mes connaissances.

Je dédie ce mémoire.

GISAHO Mussa

REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail, qu'il nous soit permis d'exprimer notre gratitude à l'endroit de ceux qui nous ont prêté main-forte pour la réalisation de ce mémoire.

Nous tenons à remercier et à exprimer notre reconnaissance à notre directeur de mémoire, Docteur Adrien NDAYEGAMIYE pour avoir accepté de nous encadrer. Sa démarche méthodique, sa disponibilité et surtout sa rigueur scientifique nous ont permis d'apprendre énormément pendant ce travail. Grâce à vous, nous avons pu réaliser ce travail consciencieusement. Nous vous en sommes profondément reconnaissants. Que le Seigneur vous accorde ses abondantes bénédictions!

Notre remerciement s'adresse également à tous les professeurs de l'U.M.L.K., pour les connaissances qu'ils nous ont dispensées tout au long de nos études à l'UMLK.

Enfin, qu'il nous soit permis d'exprimer globalement nos remerciements à toutes les personnes physiques et morales, qui de près ou de loin , ont manifesté leur appui et ont contribué à la réalisation de ce mémoire.

GISAHO Mussa

MULINDAHABI Faustin

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AFRISTAT   : Observatoire Economique et Statistique d'Afrique Subsaharienne

ASBL  : Association Sans But Lucratif

BIT : Bureau International du Travail

BM  : Banque Mondiale

BNDE : Banque Nationale pour le Développement Economique

BTE  : Bureau Technique d'Etudes

CIST : Conférence Internationale des Statisticiens du Travail

CSLP : Cadres Stratégiques nationaux de Lutte contre la Pauvreté

CURDES  : Centre Universitaire de Recherche pour le Développement Economique

et Social

DSRP : Documents Stratégiques de Réduction de la Pauvreté

EAC  : East African Community 

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FIDA : Fonds International de Développement Agricole

FMI : Fonds Monétaire International

IDEC   : Institut de Développement Economique

IDH  : Indice du Développement Humain

IMF  : Institution de Microfinance

IRD  : Institut de Recherche pour le Développement

ISTEEBU  : Institut de statistique et d'étude économique du Burundi

OBR : Office Burundais des Recettes

OCDE  : Organisation de Coopération et de Développement Economique

ONG   : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

Op.Cit  : Opere citato

PAM   : Programme Alimentaire Mondial

PAS : Programmes d'Ajustement Structurel

PIB  : Produit Intérieur Brut

PIP   : Programme d'Investissement Public

PME  : Petites et Moyennes Entreprises

PMRSE  : Projet Multisectoriel de Réinsertion Socioéconomique

PNB   : Produit National Brut

PNUD  : Programme des Nations Unies pour le Développement

PQDES : Plan Quinquennal de Développement Economique et Social

PTPCE  : Projet de Travaux Publics et de Création d'Emplois

PVD : Pays en Voie de Développement

QUIBB  : Questionnaire Unifié des Indicateurs de Base du Bien-être

RDC  : République Démocratique du Congo

SF  : Secteur Formel

SI  : Secteur Informel

SNDD  : Stratégies Nationales de Développement Durable

SOGEMAC  : Société de Gestion du Marché Central

TVA : Taxes sur Valeur Ajoutée

UEMOA  : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UMLK  : Université Martin Luther King

UPI   : Unité de Production Informelle

UPRONA  : Union pour le Progrès National

Liste des tableaux

Tableau no1 : Evolution des offres et demande d'emploi sur le marché burundais

de 1988 à 2000...................................................... 38

Tableau n°2 : Offre d'une vue synthétique des différentes interventions....... 43

Tableau n°3 : Répartition des emplois supprimés suite à l'embargo............. 42

Tableau no4 : Evolution de la pauvreté, 1990-2000................................. 44

Tableau no5 : Circulation de l'information sur le marché du travail informel

au Burundi............................................................... 53

Tableau no6 : Questionnaires posés répondus et non répondus .................. 69

Tableau no7 : La composition du secteur informel du point de vue genre...... 70

Tableau no8 : Structure des emplois par secteur institutionnel.................... 71

Tableau no9 : Création d'emploi...................................................... 72

Tableau no10 : Affectation des bénéfices dans le SI ............................... 73

Tableau n11: Embauche dans le SI selon catégorie............................... 74

Tableau no12 : Mécanisme de communication pendant le recrutement.......... 76

Tableau no13 : Supplément de revenu ............................................... 78

Tableau no14 : Accueil des différentes opinions des différentes personnes

en rapport avec la pérennité des activités informelles........... 83

Liste des Graphiques

Graphique 01 : Circulation de l'information sur le marché du travail informel au

Burundi................................................................... 54

Graphique02 : Structure des emplois par secteur institutionnel..................... 72

Liste des figures, photos

Annexe no1 : Couture, un metier rémunérateut: Il fait vivre beaucoup de menages.. A

Annexe no2 : Le commerce ambulant et les marchés informels........................ B

Annexe no3 : Vendeuse des fruits ......................................................... C

Annexe no4 : Commerce des fruits et légumes autours du marché central de

Bujumbura..................................................................... D

Annexe no5 : Aménagement de nouveaux stands du coté nord du marché central de

Bujumbura ......................................................................E

Annexe no6  : Restaurants-alimentation préparée....................................... F

Annexe no7 : Interdiction de l'élevage urbain ........................................... G

Annexe no8  : Menaces de l'environnement................................................ H

Annexe no9 : Questionnaire.................................................................... I

TABLE DES MATIERES

Dédicace.................................................................................. i

Remerciements......................................................................... ii

Liste des sigles et abréviations....................................................... iii

Liste des tableaux....................................................................... v

Liste des figures, photos............................................................... v

Table des matières......................................................................  vi

INTRODUCTION GENERALE................................................... 1

1. Choix et intérêt du sujet.............................................................. 1 

2. Contexte et justification du choix................................................... 1

3. Problématique et Objectif de l'étude................................................ 2

4. Hypothèses.............................................................................. 4

5. Méthodologie .......................................................................... 5

6. Articulation du travail.................................................................. 5

CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE................... 7

Introduction................................................................................. 7

I.1. Définition des concepts............................................................... 7

I.1.1. Secteur Informel ..................................................................... 7

I.1.2. Chômage ............................................................................. 10

I.1.3. Le marché du travail ............................................................... 12

I.1.4.La main-d'oeuvre ..................................................................... 12

I.1.5. Pluriactivité .......................................................................... 12

I.1.6. Supplément du revenu.............................................................. 13

I.1.7. Pérennité  ............................................................................ 13

I.1.8. Développement ..................................................................... 13

I.2. Cadre théorique........................................................................ 14

I.2.1. Dynamiques du changement social vues sous l'angle du processus de

désencastrement de K. Polanyi.................................................... 14

I.2.1.1. Accumulation et fragilisation des masses populaires ......................... 16

I.2.1.2. Désencastrement de l'économie dans les analyses de K. Polanyi............ 17

I.2.2. Le débrouillardisme et les réseaux informels.................................... 19

I.2.3. Mouvements de résistance des acteurs populaires............................... 26

Conclusion .................................................................................. 26

CHAPITRE II. LE DEVELOPPEMENT DU SECTEUR INFORMEL ET SON

IMPORTANCE ...................................................... 27

Introduction ................................................................................. 27

II.1. Emergence du secteur informel dans le temps et dans l'espace................. 27

II.1.1. Dans le temps......................................................................... 27

II.1.2. Dans l'espace......................................................................... 32

II.2. Emergence et évolution du S.I. au Burundi....................................... 34

II.2.1. Dans le temps....................................................................... 34

II.2.2. Dans l'espace ........................................................................ 40

Conclusion.................................................................................. 45

 

CHAPITRE III. DYNAMISME DU SECTEUR INFORMEL DANS LE

CONTEXTE SOCIOECONOMIQUE AU BURUNDI...... 46

Introduction ................................................................................. 46

III.1. Impact de la croissance démographique sur l'emploi ........................... 47

III.1.1. Généralités sur les effets de la croissance démographique en PVD

(Afrique sub-saharienne) ........................................................... 47

III.1.1.1. Explosion démographique ...................................................... 47

III.1.1.2. Urbanisation rapide ............................................................ 48

III.1.2. Phénomène migratoire : éviction du marché de travail ....................... 50

III.2. Modes d'accès à l'emploi et au revenu complémentaire......................... 51

III.2.1. Regards sur les pratiques des activités informelles dans les PVD......... 51

III.2.2. Accès à l'emploi informel et le rôle des réseaux sociaux ..................... 52

III.2.3. Modes d'acquisition de revenu complémentaire ............................... 54

III.2.3.1. Accéder au « petit crédit » (tontines) et échange de service ............... 54

III.2.3.2. Mobilité vers la pluriactivité .................................................. 55

III.3. Chômage et insuffisance de revenus sur le marché du travail burundais..... 57

III.3.1. Population active et emploi ...................................................... 57

III.3.2. Une croissance économique incapable de répondre aux besoins d'emplois

et d'accroissement du revenu ................................................... 59

Conclusion.................................................................................. 61

CHAP IV. DEMARCHE EMPIRIQUE............................................ 62

Introduction.................................................................................. 62

IV.1. Délimitation spatio-temporelles du champ d'observation...................... 63

IV.1.1. La recherche documentaire....................................................... 63

IV.1.2. Collecte des informations de terrain............................................. 64

IV.1.3. Procédure d'échantillonnage et souplesse méthodologique.................. 64

IV.1.4. Techniques de collecte des données de terrain................................ 66

IV.1.5. Difficultés rencontrées............................................................ 67

IV.2. Analyse et interprétation des informations obtenues............................ 68

IV.2.1. Résultats obtenus lors de la vérification de la première hypothèse......... 68

IV.2.1.1. Recherche documentaire...................................................... 68

IV.2.1.2. La description des unités d'observation et la méthode des proportions.. 69

IV.2.1.3. Création d'emplois.............................................................. 71

Conclusion partielle........................................................................ 79

IV.2.2. Résultats obtenus lors de la vérification de la deuxième hypothèse......... 80

IV.2.2.1. Recherche documentaire...................................................... 80

IV.2.2.2. Réponses obtenues après le travail de terrain ........ ...................... 82

Conclusion partielle ........................................................................ 90

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS...................... 91

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................... 97

ANNEXES

INTRODUCTION GENERALE

1. Choix et intérêt du sujet 

La situation du chômage fait du secteur informel un thème majeur d'investigation et d'analyse. L'informel dont d'aucuns doutent jusqu'à nos jours des capacités ou qualités développantes justifiera à travers cette étude, sa vraie place et son vrai rôle dans la résorption du chômage.

L'ampleur prise par l'économie informelle au Burundi en général et dans la mairie de Bujumbura en particulier ne nous a pas laissé indifférents. Cette étude présente modeste contribution à l'explication et à la compréhension actuelle de ce phénomène peut être socioéconomique d'une part; et de mettre à la disposition de tout intellectuel désireux de cogiter sur l'économie informelle un outil de travail judicieux d'autre part.

2. Contexte et justification du choix

« Les jeunes - hommes et femmes - sont notre plus précieux atout pour le présent et l'avenir mais ils forment un groupe de population qui est très vulnérable. Durement touchés par la montée générale du chômage (....). Le lien entre le chômage des jeunes et l'exclusion sociale a été clairement démontré, l'impossibilité de trouver du travail créant chez eux un sentiment de fragilité et d'inutilité tout en les exposant à la tentation de se livrer a des activités illégales... (BIT, Août 2004, p.1) ».

Comme dans bien d'autres pays d'Afrique, le secteur informel occupe une place très importante dans l'économie du Burundi. Le taux de chômage atteint 21% au Burundi en milieu urbain, en 2007, contre 19% en 2006 (ISTEEBU, 2008, p.35). Selon une étude récente de l'ISTEEBU, ce secteur représente 77% du PIB nominal et 90% des emplois au Burundi chaque année sont créés dans ce secteur (ISTEEBU, op. Cit, p.36).

Environ 57.000 unités de production informelles comptaient dans Bujumbura Mairie représentant près de 80% des emplois de la capitale (ISTEEBU, 2007, p.9).

Partant de l'observation et constats réalisés dans certaines communes de Bujumbura mairie, sa population est entrain de connaître une situation de survie due aux insuffisances ou encore aux défaillances de l'économie formelle. En effet, celle-ci n'étant pas en mesure de faire face au chômage et aux sous emplois, voit la population recourir à une source d'espoir (SI) afin d'améliorer leurs conditions de vie.

Le développement du secteur informel au Burundi devient de plus en plus dynamique et élargit ses activités. Son existence remet en question la légitimité et l'autorité gouvernementale puisqu'il fait prendre conscience à l'État de son incapacité à générer suffisamment d'emplois et à répondre aux besoins de la population demandeurs d'emplois.

3. Problématique et Objectif de l'étude

La littérature développée sur le secteur informel au Burundi se limite davantage aux aspects économiques, notamment à l'élargissement de l'assiette fiscale (ISTEEBU, op.Cit., p.4), d'une part, et son mal encadrement (CSLP, 2006, p.24; Rutake P. et Ranguza I., 1991 p.19) d'autre part.

Aussi à travers la lecture des différents plans quinquennaux, ainsi que les stratégies globales du développement du Burundi, il y a lieu de remarquer que le gouvernement burundais n'a pas encore défini clairement le rôle que joue le SI. Celui-ci n'a jamais été pris en considération comme un domaine pouvant relever le niveau de développement économique, social et technique du pays (KWIZERA Bénita, 2009, p.17) alors qu'il peut être considéré comme un moyen de diminuer le problème du chômage et de la pauvreté grandissant (COREKE Jeanne, 2004, p.2). L'importance accordée au S.I actuellement s'explique par le fort taux de croissance de la population urbaine.

La population nouvellement installée doit trouver ses propres moyens de survie, car ni la fonction publique, ni l'industrie ne sont en mesure de l'accueillir (CURDES, 1987, p.16).

De plus, l'accroissement de l'emploi urbain, en attirant la population rurale entraînerait une augmentation du chômage. Plus le taux de création d'emplois urbain sera élevé, plus le taux de chômage et de migration augmenteront (TODARO M., 1969, pp.138-148).

En nous appuyant sur les idées de K. Polanyi sur les dynamiques de changement social ainsi que les mouvements de résistance des acteurs populaires, notre approche du SI propose de mettre en évidence son effort potentiel de créer des emplois, de suppléer au revenu contribuant ainsi aux efforts de développement endogène et autocentré.

En effet, les activités sur le marché du travail sont profondément encastrées dans les relations sociales, la majorité des individus trouvant leur emploi par relations (K. POLANYI, 1983, pp.77-79). Le développement par la modernisation, n'a pas réussi à désencastrer l'économie de la sphère sociale. La structure du lien social implique que les interactions individuelles s'inscrivent dans des structures plus vastes, créées par des normes et des institutions. Les individus ou les ménages s'adonnent à des pratiques d'économie populaire comme activités économiques d'appoint.

C'est donc par l'impossibilité pour l'Etat de satisfaire une demande sociale forte en matière d'emploi au Burundi, que le SI de par sa capacité réelle ou supposée à générer des emplois et des revenus pour une frange importante de la population, peut constituer aujourd'hui une solution au problème récurrent du chômage et de la pauvreté.

Objectif de l'étude

Notre recherche vise à mieux approfondir la connaissance du secteur informel, à comprendre leur contribution réelle à l'économie en terme de création d'emplois et de revenus pour pouvoir résorber le chômage et lutter contre la pauvreté d'une part, à suggérer aux autorités de maintenir le potentiel de création d'emplois du secteur informel d'autre part.

Comme, on le dit le plus souvent, on ne peut espérer faire reculer la pauvreté et le chômage sans créer des opportunités économiques pour ceux qui se trouvent au bas de l'échelle socio-économique et qui sont les plus nombreux.

Ce travail nous permettra en outre de répondre aux questions suivantes :

§ Le SI permet-il la résorption du chômage et le supplément de revenu à ses membres?

§ Est-il possible de le faire disparaître dans la mesure où ceux qui y vivent ne peuvent aller ailleurs ?

La réponse à ces questions viendra comme une conséquence et une réponse populaire aux réalités du milieu, une adaptation aux réalités de l'environnement social, économique et politique et l'importance de ce secteur dans ce milieu où le chômage et le sous-développement sont considérés comme étant endémiques.

4. Hypothèses

Pour répondre aux questions de départ, nous avons émis deux hypothèses à savoir :

- le secteur informel fonctionne comme un secteur d`absorption du chômage et contribue au supplément de revenu.

- La pérennité tient au fait que les activités non structurées font partie des réalités de la vie quotidienne.

5. Méthodologie

L'approche méthodologique est appuyée par le long travail de documentation (ouvrages, rapports, revues, articles, internet,...). Afin d'obtenir les informations complémentaires pour notre étude, l'observation directe ou l'interview de face à face, plus la collecte des données de terrain au moyen du questionnaire, de l'observation indirecte seront privilégiées.

Les différentes informations recueillies auprès des répondants seront traitées à l'aide des méthodes statistiques, analytique, en l'occurrence les méthodes des proportions. L'analyse et l'interprétation des résultats nous permettront de confirmer ou d'infirmer nos hypothèses.

6. Articulation du travail

Hormis l'introduction et la conclusion générale, notre travail est subdivisé en quatre chapitres.

Dans le premier chapitre, nous passons en revue du cadre conceptuel et théorique sur le secteur informel. Dans la première section définition de différents concepts, dans la seconde, nous allons parler le cadre théorique. Dans le premier point, nous empruntons à la pensée de Polanyi, les analyses faites sur les dynamiques du changement social face à l'accumulation capitaliste et les processus de développement. Dans le second, nous nous attelons à présenter, le débrouillardisme et les réseaux informels par rapport aux changements de rapport capital/travail et enfin l'existence des mouvements de résistance des acteurs populaires.

Dans le deuxième chapitre, nous essayerons de décrire le développement du S.I. et son importance dans le temps et dans l'espace dans la première section; et la deuxième section concerne l'émergence et l'évolution du secteur informel burundais.

Dans le troisième chapitre, sont développés tendances de l'expansion du secteur informel dans le contexte socioéconomique au Burundi. Ce chapitre comprend trois sections, l'impact de la croissance démographique sur l'emploi dans la première section; les modes d'accès à l'emploi et au revenu complémentaire au sein du secteur informel dans la seconde section et enfin, le chômage et l'insuffisance de revenu sur le marché du travail burundais dans la troisième section.

Enfin le quatrième chapitre porte sur la démarche empirique.

CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

Introduction

Cette analyse va se faire en décrivant les définitions des concepts du S.I. (section 1) et le cadre théorique (section 2).

Dans la première section, nous tenterons de clarifier au mieux les concepts-clés de la recherche afin que l'on sache ce dont il est question. Il s'agit de concepts de : secteur informel et ses synonymes, chômage, marché du travail, mains d'oeuvre, pluriactivité, absorption de mains d'oeuvre, pérennité et développement. Tandis que dans la deuxième section, nous allons parler le cadre théorique dans laquelle la manifestation de la crise de modernisation dans les pays en développement, les dynamiques de changement social par rapport à la crise de modernisation, les rapports des individus créent et inventent une régulation en fonction du rôle et de la place qu'occupent ces individus dans la société et dans le jeu social. Karl POLANYI est notre référence dans l'élaboration de notre cadre théorique à travers son ouvrage, "La grande transformation" qui traite des origines politiques et économiques de l'effondrement de la civilisation du 19e siècle, ainsi que le changement qu'il a provoquée.

I.1. Définition des concepts

I.1.1. Secteur Informel

Une très abondante littérature existe, de nos jours, au sujet du secteur informel. Soit dit en passant, la majorité des grandes théories touchant l'informel ont été élaborées en Amérique latine tandis que la plupart des études de terrain ont eu lieu en Afrique. Du radical « forme » et du préfixe « in », le secteur informel peut être traduit mot à mot comme le secteur « dénué de forme». Cette absence de forme pourrait être imputable à une difficulté d'appréhension de ce monde marqué par une grande hétérogénéité tant des acteurs, des activités que des relations avec les différentes institutions.

Les définitions proposées évoluent dans le temps mais aussi varient de théorie en théorie ou d'auteur en auteur. En 1972, le Rapport du Kenya (BIT, 1972) proposait sept critères que sont : « facilité d'accès à l'activité ; utilisation de ressources locales ; propriété familiale de l'entreprise ; échelle d'activité réduite ; usage de techniques qui privilégient le recours à la main-d'oeuvre ; qualifications acquises hors du système officiel de formation ; marchés concurrentiels et sans réglementation (Bruno LAUTIER, 1994, p.13)».

Le secteur informel est une représentation d'activités économiques difficile à définir. Il se définit davantage par ses manifestations et ses causes que par un concept précis donc dans ce contexte.

Ainsi, le secteur informel au Burundi selon l'ISTEEBU (ISTEEBU, op. Cit, p.36), se définit par opposition au secteur formel. Il rassemble toutes les activités économiques de production et/ou de vente qui ne sont pas officielles. Certaines peuvent nécessiter un local (garage, restaurant, salon de coiffure, etc.) mais d'autres peuvent se dérouler sur la voie publique (vente des cartes téléphoniques, des beignets, etc.)

Pour définir si une activité économique est informelle, différents critères peuvent être utilisés : - y a- t-il un enregistrement dans les registres administratives ? - une comptabilité est-elle tenue ? - des impôts sont-ils payés ? - les salariés sont- ils déclarés ?

L'enquête réalisée au Burundi sur le secteur informel « appelée enquête 123 » (ISTEEBU, op. Cit, p.4) retient uniquement les deux premiers critères pour définir ce secteur.

Du point de vue de la branche de l'activité, on distingue entre les activités de production et les activités de service. A ce niveau, plusieurs classifications des activités informelles ont été fournies par différents auteurs.

Ainsi, par exemple, Anne de Lattre distingue trois catégories principales: les artisans ruraux, les artisans urbains, et les prestataires de services de toute nature (Anne de LATTRE, 1990, p.31-35). Marc Penouil parle quant à lui d' « informel de subsistance » correspondant à l'ensemble des petits métiers n'impliquant pas ou peu de capital, d' « artisanat traditionnel rural » où les volumes de production sont faibles et la technologie peu capitalistique et enfin d' « informel concurrentiel » offrant des biens ou des services se voulant concurrents de ceux produits par le secteur moderne (Marc PENOUIL,1990, pp.1-6 et 24).

Il nous parait important de souligner qu'aucune définition n'a rencontré l'unanimité des auteurs sur l'informalité de ces activités économiques hétérogènes. De même, eu égard à la multiplicité des caractéristiques de ce secteur informel, il est peu probable qu'une activité les collectionne toutes à la fois.

Quant au degré d'officialité de l'activité, il existe des activités pratiquées au grand jour (le secteur informel localisé selon J. CHARMES comme par ex : garage, ateliers, bistrots, etc.) et les activités clandestines ou nuisibles (le secteur informel non localisé : prostitution, vente des produits interdits, comme par ex : kanyanga, urumogi, etc.).

Dans la littérature : le « secteur informel », est aussi identifié sous plusieurs appellations ou synonymes soit de «l'économie informelle», « activités informelles» ou « secteur non structuré » selon les différents auteurs, et ces différents concepts représentent sensiblement la même réalité. Malgré ces synonymes, dans le but de faciliter l'écriture, nous avons utilisé les termes « économie informelle » et « secteur informel ».

Le terme « économie informelle » est le plus imposé (LAUTIER B., 1995, p.26) parmi les diverses appellations utilisées notamment par MacGaffey, économie non formelle, souterraine, secteur informel, secteur marginal, économie informelle, secteur non réglé de l'économie, économie au noir, économie occulte, invisible,... ( MACGAFFEY J., 1993, p.144).

D'autres auteurs, H. Jospin, Lubell et J. Mouly l'appellent secteur non structuré; A.N. Bose, K. Hart1(*), D. Mazumbar et S.V. Sethuraman préfèrent parler de secteur informel. M. Penouil par contre propose l'appellation de secteur en transition (MILANDU M., 1990, p.94).

Pour J.P. Peemans, l'économie informelle en Afrique, c'est l'économie populaire séculaire qui appartient à un tissu de production existant avant la colonisation, mais qui a été à la fois marginalisée et diversifiée par cette dernière et pendant une bonne partie de la post colonie (J.P. PEEMANS, 1997, p.109).

I.1.2. Chômage 

Le chômage est la situation d'une personne qui, souhaitant travailler et ayant la capacité de le faire (âge notamment), se trouve sans emploi malgré ses recherches. L'absence d'emploi peut résulter d'une entrée dans la vie active, du désir de retrouver un emploi après une période d'inactivité, d'un licenciement, d'une démission volontaire ou d'un désir de changer d'activité2(*).

Le chômage et le sous emploi consistent en l'utilisation d'un facteur de production en dessous de sa pleine capacité. Généralement, le terme sous emploi est utilisé au sens de chômage.

Le chômeur au sens du BIT «actifs inoccupés» comprennent toutes les personnes ayant atteint l'âge de 15 ans, qui au cours de la période de référence étaient à la fois :

· « sans travail », c'est-à-dire, n'étaient pourvues ni d'un emploi salarié ni d'un emploi non-salarié,

· « disponibles pour travailler » dans un emploi salarié ou non salarié durant la période de référence ;

· « à la recherche d'un emploi », c'est-à-dire, qui avaient pris des dispositions spécifiques au cours d'une période récente spécifiée pour chercher un emploi salarié ou un emploi non salarié, tandis que

Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active. Quant à la résorption du chômage, elle est la disparition progressive, totale ou partielle d'une anomalie « chômage » (Petit Larousse, 1995, p.882).

Le concept de chômage se présente sous diverses formes au regard de ses facteurs producteurs, nous citerons :

§ Le chômage naturel (ou frictionnel) :Selon Paul Antony Samuelson définit le chômage frictionnel comme celui qui résulte des mouvements incessants des personnes entre les régions et les emplois passant souvent d'un emploi à un autre, soit pour trouver mieux soit après avoir obtenu un diplôme, soit encore pour avoir changer de ville (SAMUELSON P.A., 1987, p.11).

Ce chômage est lié au délai d'ajustement de la main d'oeuvre d'un emploi à un autre. Ce type de chômage est considéré comme le chômage involontaire, a dit monsieur DITEND YAV (DITEND, Y., 2001, p.38).

§ Le chômage conjoncturel : Certains auteurs l'appellent chômage cyclique ou encore Keynésien. Il correspond à un ralentissement de l'activité économique provoquant une réduction temporaire des besoins de main d'oeuvre dans l'économie.

§ Le chômage structurel : C'est le chômage qui est lié aux déséquilibres des changements de structures économiques dans un pays, provoquant une inadéquation qualitative entre l'offre et la demande de travail. L'évolution des qualifications dues aux évolutions techniques conduit à rendre inemployable une partie de la population active qui ne trouve plus d'emplois correspondant à ses qualifications3(*).

§ I.1.3. Le marché du travail

Le marché du travail est différemment défini selon les courants économiques. Selon l'économie néoclassique, le marché du travail est le cadre (ou plutôt une série de cadres spécifiques) où les offreurs de travail (les actifs) se confrontent à des demandeurs (entreprises, administrations,...) qui leur proposent un salaire en contrepartie de leur travail, cette confrontation déterminera un niveau de salaire à l'équilibre4(*).

I.1.4.La main-d'oeuvre

La main-d'oeuvre désigne la part du travail dans le prix de revient d'un objet fabriqué.

Par extension, ce mot composé désigne l'ensemble des ouvriers et travailleurs qui fabriquent et construisent dans le cadre d'une usine, d'une entreprise ou d'une région donnée (voir population active)5(*).

L'Absorption de mains d'oeuvre signifie le fait de donner du travail à une multitude de personnes sans emploi (diplômés, chômeurs, laissés-pour-compte).

I.1.5. Pluriactivité

La pluriactivité désigne la combinaison, par une même personne, de plusieurs activités professionnelles sur l'année. Cette définition est très large. Elle couvre en fait toutes les situations dans lesquelles une personne sort du schéma classique d'un emploi ou d'un statut professionnel unique, sur la durée6(*).

La pluriactivité peut être traduite par le mot de « magendo », une sorte d'économie plurielle qui comporte généralement une part prédominante d'échange social informel et qui s'exprime en termes de structure de l'allocation de temps en fonction des besoins réels des individus ou des familles, non nécessairement pauvres (NDAYEGAMIYE Adrien, 2007, p.10).

Les activités cumulées peuvent être exercées  soit alternativement ou simultanément (par exemple lorsqu'une personne cumule plusieurs emplois à temps partiel).

I.1.6. Supplément du revenu 

Il correspond aux revenus complémentaires en provenance des activités diverses du secteur informel :

- pour satisfaire les besoins fondamentaux et

- joindre les deux bouts du mois pour ceux qui travaillent dans l'informel.

I.1.7. Pérennité 

Elle désigne un caractère de ce qui dure toujours ou très longtemps (Petit Larousse, 1995, p.765).

I.1.8. Développement

Le développement est l'acte de faire croître, de progresser, de donner de l'ampleur, de se complexifier au cours du temps. Le développement économique désigne les évolutions positives dans les changements structurels d'une zone géographique et d'une population : démographiques, techniques, industriels, sanitaires, culturels, sociaux,... De tels changements engendrent l'enrichissement de la population et l'amélioration des conditions de vie. C'est la raison pour laquelle le développement économique est associé au progrès7(*).

I.2. Cadre théorique

Dans cette section, nous empruntons à la pensée polanyienne, les analyses faites sur l'accumulation capitaliste et les processus de développement. Nous nous attelons à présenter les changements de rapport capital/travail ainsi que les mouvements de résistance des acteurs populaires.

Cette section comprend 3 points :

- le dynamisme du changement social par rapport aux changements structurels en cours qui accorde un primat aux relations des choses par rapport aux relations entre les hommes;

- le débrouillardisme et les réseaux sociaux dans l'exercice des activités au sein du secteur informel ;

- La résistance des acteurs populaires face au processus insécurisant du modèle de modernisation-accumulation.

I.2.1. Dynamiques du changement social vues sous l'angle du processus de

désencastrement de K. Polanyi

Cette section, nous permet d'élaborer notre grille de lecture avec l'analyse de l'évolution des dynamiques de changement social par rapport aux modes d'exploitation capitaliste. Pour cette fin, nous allons nous servir des réflexions de Karl POLANYI à travers ses lectures des pratiques populaires à partir d'une perspective dynamique par rapport aux changements structurels en cours.

Polanyi défendait la thèse selon laquelle jusqu'à la révolution industrielle l'économie était encastrée dans la sphère sociale, et qu'elle s'en serait par la suite largement détachée pour constituer un champ beaucoup plus autonome. C'est dans cette perspective que se situent les réflexions sur la nouvelle économie sociale, le tiers ou troisième secteur ou l'économie solidaire.

Le terme «  Nouvelle sociologie économique » est apparu dans les années 1980 pour qualifier un nombre important de travaux, majoritairement américains, participant à un renouveau des recherches sociologiques sur les activités économiques. Depuis, la Nouvelle sociologie économique a pu être assimilée à des ensembles plus ou moins homogènes et plus ou moins vastes. Pour autant, une convention demeure quant à ce qu'il est convenu de rassembler derrière ce terme. Historiquement, elle renvoie à des dynamiques de champs disciplinaires, impliquant pour les partisans de la Nouvelle sociologie économique de gagner en visibilité et de se distinguer d'autres courants comme la Socio-économie.

A partir de 1970, certains changements profonds affectent la vie économique dans les pays industrialisés. On définit les sociétés contemporaines comme post-fordistes ou post-modernes. De plus en plus, les gens ne veulent plus entendre parler ni de la bureaucratie, ni des interventions de l'État dans l'économie, ni des grandes organisations hiérarchiques. On parle aujourd'hui de globalisation et de flexibilité, des perspectives offertes par les comportements ouvertement utilitaires dans des contextes où la régulation, libérée du poids de l'État-providence, est censée produire innovation et efficacité.

Selon cette perspective, nous passons en ce moment d'un capitalisme « providentialiste » à un capitalisme global. Il s'agit d'un système moins structuré, dominé par les flux financiers et les flux d'informations où le travail des gens, la vie des familles sont instables et où la capacité de contrôle des États-nations sur leurs économies est faible.

Selon Polanyi « si l'existence de formes d'organisation repose sur des principes de coopération, le concept pur d'interaction du marché construit sur l'idée de compétition utilitariste atomisée ne correspond pas à des formes d'organisation, mais au contraire présuppose l'absence d'organisation (Karl POLANYI, op.cit, p.22).

I.2.1.1. Accumulation et fragilisation des masses populaires

Au début des années 1970, le capitalisme va réagir face au ralentissement de la productivité en substituant le travail par la robotisation et en délocalisant la production. Au courant de cette même décennie, on observe en plus l'éclatement de ce compromis capital-travail. Face à cette montée des conflits, le capital va tenter de se libérer des contraintes sociales. Dans les années 1980, on voit apparaitre un "régime d'accumulation flexible", régime d'accumulation qui tient de temps en temps compte de la critique du système dans la progression de l'accumulation. Devant la montée de la vulnérabilité des masses liée à la mondialisation, les rapports de force capital/travail seront affectés. C'est pendant cette décennie qu'il y aura une nouvelle réflexion sur la reconnaissance de la nouvelle pauvreté comme résultat de la restructuration globale du capitalisme. Le débat sur l'exclusion sociale se développe vers les années 1990 et derrière ce concept, il y a la question sociale qui s'était déjà posée en terme de paupérisation au 19ème siècle, dans la période pure du capitalisme sauvage et qui ressurgit au début des années 1980.

De ce fait, le développement conçu dans la logique des processus d'accumulation peut se lire en termes de rapports de force, en termes de conflits puisque les dynamiques complexes se construisent et se déconstruisent autour d'acteurs et d'enjeux de pouvoir et de domination.

Pour J.P. PEEMANS, "l'accumulation apparait comme ce type de logique que certains acteurs viennent surimposer à la logique de l'économie populaire et à la logique du marché, soit en essayant de les marginaliser, soit la plupart du temps en essayant de les soumettre ou de les utiliser."(J.P. PEEMANS, 0p.Cit, p 430).

Un grand enjeu de la pensée sur le développement, souligne Peemans, c'est de savoir renverser la perspective traditionnelle sur le rapport entre l'économie populaire et l'accumulation de type capitaliste.

Permettre au mécanisme du marché de diriger seul le sort des êtres humains et de leur milieu naturel, reconnait Polanyi, cela aurait pour résultat de détruire la société. Nous retrouvons à travers cette réflexion de Polanyi l'analyse de Wallerstein concernant la marchandisation des processus sociaux (WALLERSTEIN I., 2002, p. 16.). L'économie devenant désencastrée du reste de la société, le mobile de gain et de productivité dicte l'organisation de la société.

Le pouvoir capitaliste va développer le marché intérieur (autorégulateur) autour de la politique mercantiliste ayant pour objectif la mobilisation des ressources. Comme stratégie pour faire aboutir ce projet d'accumulation, les marchands vont se liguer avec les Etats. Comme le fait aussi remarquer M. Beaud, "l'histoire montre que, lorsque le capitalisme prend racine dans un pays, il est fragile; il a besoin de l'Etat et de couches actives et entreprenantes de la société [...] Mais, au fur et à mesure qu'il prend force et ampleur, il fait preuve d'autonomie; il s'intéresse à d'autres marchés, recherche d'autres alliances, parfois d'autres soutiens; sa reproduction tend à s'autonomiser par rapport à celle de la société où il s'est formé." (BEAUD M., 2000, p.54)

I.2.1.2. Désencastrement de l'économie dans les analyses de K. Polanyi

Le désencastrement dont parle Polanyi dans « La Grande Transformation », insiste longuement sur les changements institutionnels (mouvement des enclosures, fin des poor laws, développement de machines spécialisées...) qui ont permis l'établissement de l'économie libérale du XIXe siècle. C'est alors le marché qui détermine comment la société doit fonctionner, et non plus l'inverse, quand l'économie était encore « encastrée » dans les relations sociales. Livrée à la seule loi de l'offre et de la demande, la société est alors menée à l'autodestruction. Le marché, dès lors, a imposé sa logique à l'économie et, progressivement, à toute la société.

A partir du 19ème siècle, on observe des formes de misère, des formes de pauvreté liées à la concentration du prolétariat dans les villes. C'est une forme de paradoxe par rapport à l'idéologie du libéralisme qui prônait l'amélioration des conditions d'existence à travers la croissance économique. Déjà à cette époque, les nouveaux pauvres sont au coeur même du système. "Les capitalistes ont cherché à marchandiser, dans leur recherche d'une accumulation toujours plus grande, des processus sociaux de plus en plus nombreux, dans toutes les sphères de la vie économique." (WALLERSTEIN I., 2002, p. 16.). Polanyi va essayer de déconstruire le paradigme dominant. Il soutient, pour justifier sa position, que l'essentiel pour ces sociétés "traditionnelles", c'est le maintien des liens sociaux et communautaires essentiels. Bien que la société humaine soit naturellement conditionnée par des facteurs économiques, les mobiles des individus ne sont qu'exceptionnellement déterminés par la nécessité de satisfaire aux besoins matériels. Pour la survie de l'organisation dans ces sociétés, les membres de la communauté se doivent d'assurer les obligations de réciprocité qui permettent de consolider les liens sociaux à travers les principes de don et contre-don, de redistribution et de subsistance (Éric Bidet, 2001). A ce propos, M. Davis arrive, pour sa part, à affirmer dans son analyse sur l'histoire du 19ème siècle que "la marchandisation de l'agriculture élimine la réciprocité villageoise traditionnelle qui permettait aux pauvres de subsister en temps de crise" (DAVIS Mike, 2003, p.38).

L'analyse critique du libéralisme économique faite par K. Polanyi montre le risque de cette idéologie du libéralisme qui pèse sur la société toute entière. Le projet de cette idéologie, c'est de désencastrer la sphère économique du reste de la société et d'en faire un sous-système principal qui va subordonner tous les autres et accorder un primat aux relations des choses par rapport aux relations entre les hommes. Pour Polanyi, l'économie de marché est un système commandé et réglé par le seul marché.

La thèse de Polanyi, c'est que l'idée d'un marché s'ajustant lui-même ne pouvait exister de façon suivie sans anéantir la substance humaine et naturelle de la société, sans détruire l'homme et sans transformer son milieu en désert (POLANYI, op. Cit, p.22.). Au lieu que l'économie soit encastrée dans les relations sociales, c'est plutôt ces dernières qui deviennent encastrées au système des marchés à travers le mobile du gain, le mobile de productivité, et le mobile de profit (Idem, p.88)

Le marché autorégulateur a permis le « désencastrement » de l'économie et de la technique, leur séparation d'avec la société : les sphères de la production et de la distribution des biens ne sont plus sous le contrôle de la population, ni sous un contrôle politique et social comme dans les sociétés traditionnelles, mais apparaissent aux mains d'intérêts privés en concurrence pour le gain maximum.

Le désencastrement de l'économie fait au « marché autorégulateur» dans les analyses de Karl POLANYI, ne vise alors pas à présenter une économie fonctionnant dans un vide social (RONAN Le Velly, 2006, p.6). L'apport anthropologique de Polanyi, est d'avoir affirmé le rôle social de l'homme dans les processus de développement des sociétés. Dans sa tentative d'explications de l'effondrement de la civilisation du 19ème siècle, Polanyi n'a pas cherché une séquence convaincante d'événements saillants, mais une explication de leur tendance en fonction des institutions humaines. Pour la consolidation de la durabilité de ces sociétés détruites par le marché, il faudrait que l'économie soit englobée dans le social. Le problème de développement surgit dans la société dès que l'économie devient désencastrée de la sphère sociale. Là encore, c'est tout le contraire, puisque pour lui, le marché autorégulateur est une institution culturelle qui a nourri le projet politique de la libéralisation économique.

I.2.2. Le débrouillardisme et les réseaux informels.

En comparant cette économie populaire aux autres systèmes économiques, Polanyi (1983) signale d'abord le poids exceptionnel qu'y prennent les échanges marchands dans la satisfaction des besoins humains. Une économie de marché est alors une économie où se généralise la recherche du gain individuel et « une économie gouvernée par les prix du marché et par eux seuls » (POLANYI, op.cit, p.71). Polanyi décrit ensuite les conséquences dramatiques de ce mouvement : pollution, désorganisation sociale, vice, perversion sont des mots qu'il lui associe. Enfin, souligne Polanyi, l'Etat et sa politique ne doivent rien permettre qui empêche la formation et l'organisation de ces marchés (régulé et autorégulé).

Pourtant, argumente-t-il, le principe de la société pré-moderne est fondé sur l'accumulation pour la subsistance. Les différents acteurs vendent le surplus au marché dans lequel ils interviennent de manière complémentaire, sans détruire le système de base. Le marché autorégulateur constitue un renversement du système de ces sociétés, c'est une chose nouvelle.

L'encastrement social de l'économie fait fonctionner certaines organisations micro-économiques. Ce n'est pas seulement la recherche du profit ou la performance économique; mais aussi et surtout l'entretien permanent d'un réseau de relations sociales capables d'assurer la "sécurité sociale" des individus membres, particulièrement en temps de crise. Et plus on est connecté à ce réseau, plus les conditions minimales de survie sont garanties par le mécanisme de redistribution non formelle.

En plus des formes de redistribution socioéconomique inspirées de la macroéconomie keynésienne8(*), K. Polanyi fait remarquer qu'il existe une autre forme "cachée" d'échanges, marchands et non, qu'il nomme "mécanismes de redistribution par réciprocité", faits de dons et de contre-dons (ex: les tontines, crédits de confiance, arrangements mutuels); qui permettent aux membres de la société de survivre ou de progresser sans nécessairement compter sur la redistribution de l'Etat.

La manifestation du dynamisme et ingéniosité dans l'exploitation des petites unités de productions est fréquente, surtout dans les activités commerciales au sein du S.I encastrées dans des réseaux sociaux (liens de parenté, de voisinage, camaraderies, relations professionnelles, affinités religieuses, etc.). Il permet de répondre aux besoins des populations urbaines, d'abord les plus pauvres, à travers la petite production marchande, le commerce de micro-détail ou des services de proximité.

La raison d'être de ces réseaux dans ces activités est de satisfaire de façon durable les besoins fondamentaux des personnes à charge (social) et non pas tellement faire des profits ou investir. Le financement de ces initiatives reste par ailleurs souvent très lié au réseau familial, et de ce fait, assez durable.

Parmi les facteurs d'émergences de l'économie informelle, figure notamment la recherche d'un complément de revenu au travers d'activités parallèles menées par les catégories socioprofessionnelles du secteur tant public que privé. L'exploitation de ces petites unités de productions conduit ainsi à l'économie informelle. La meilleure façon d'améliorer ses revenus face aux difficultés d'améliorer sa productivité, c'est la pratique des activités informelles, soit en tant que source d'obtention des revenus complémentaires.

Signalons enfin que pour Polanyi, si la "Révolution industrielle" a apporté une amélioration "presque miraculeuse" des instruments de production, elle a par contre induit un bouleversement social et technique, accompagné d'une "dislocation catastrophique" de la vie du peuple. Pendant un siècle, la dynamique de la société moderne a été gouvernée par un double mouvement: le marché s'est continuellement étendu, mais ce mouvement a rencontré un "contremouvement" contrôlant cette expansion dans des directions déterminées. Ainsi donc, le "contremouvement" consista à contrôler l'action du marché en ce qui concerne les facteurs de production que sont le travail et la terre.

Au dix-neuvième siècle, l'extension du marché a entraîné des réactions de la part de la société, parmi lesquelles la constitution d'associations, puis la construction d'un État social protecteur. C'est ce processus historique que Salamon a rappelé en soulignant que les associations étaient effectivement « la première ligne de défense »( SALAMON L.M., 1990, p.41). Les activités d'économie populaire vont de la survie à une reconstruction des liens sociaux à travers les réseaux.

Ces acteurs populaires s'inscrivent dans des stratégies innovantes tant dans les initiatives individuelles que dans des organisations d'économie populaire de type associatif et aussi de type coopératif.

Vers la fin des années 1960, les mouvements contestataires sont apparus, lorsque la « face noire » du développement commençait à se manifester, mettant ainsi en cause non seulement la pensée unique, mais aussi le modèle d'accumulation et de consommation (de masse) occidentale pour leur impact négatif sur la qualité de vie des individus (NDAYEGAMIYE A., op.cit, p.34).

I.2.3. Mouvements de résistance des acteurs populaires

Le renouveau de la sociologie économique s'est produit en réponse a une double crise dans le domaine des savoirs sur l'économie et la société (crise des paradigmes néoclassique, keynésien et marxiste) et dans le monde réel de l'économie (crise du fordisme et de l'Etat providence et émergence de la mondialisation).

Confrontées à une pareille déchirure du tissu social, la société réagit en protégeant ses membres, ce qui entre en contradiction avec les exigences du marché autorégulé. Les populations ont été poussées à s'organiser en petits groupes plus ou moins institutionnalisés. Elles se sont davantage associées pour s'apporter mutuellement secours. Ce sont des mouvements critiques qui constituent des réponses à la crise d'accumulation et de régulation.

La préoccupation de Peemans notamment à travers ses analyses sur le développement réel des peuples, c'est de savoir comment les acteurs redéveloppent des stratégies séculaires d'organisation sociale face à la dégradation de leurs conditions de vie et à l'insécurisation de leur avenir.

Les populations ne sont pas restées passives durant la période de la crise de modernisation. Dans leur ouvrage « L'empire », Negri et Hardt présentent les modes de résistance mis en place par la société face à la modernisation néo-libérale (Michael HARDT et Antonio NEGRI, 2000, pp. 319-328.). Pour eux, il s'est établi un nouvel ordre mondial sous la dénomination de « L'empire » à travers lequel, des logiques et de structures nouvelles du pouvoir au niveau des élites globales sont liées à une nouvelle forme de souveraineté.

Contre ce nouvel ordre mondial, s'érigent des résistances des populations. Ils font certes allusion dans leurs analyses à des résistances observables à travers des mouvements antimondialisations de la dernière décennie. Faisons toutefois observer avec Peemans, que la résistance des peuples et des gens à l'imposition de l' « ordre des choses » est une très longue histoire. Malheureusement, l'approche de l'histoire du développement en termes de modernisation-rattrapage a complètement négligé l'histoire persistante des myriades de petits producteurs, ruraux et urbains, dont les prouesses quotidiennes pour survivre et se maintenir, n'ont guère pesé lourd en termes d'économie de la puissance et en termes de comptabilité de la croissance (J.P. PEEMANS, 2002, p.429). Cette exclusion sociale a créé les mouvements de résistance des acteurs populaires de tout le temps, les peuples ont toujours résisté soit sous forme d'une poussée collective allant au-delà d'une simple agitation momentanée, soit sous forme des mouvements ouvriers ou de mouvements nationalistes. C'est autant dire que ces mouvements de résistance des masses populaires sont séculaires. Ils ont été quelques fois étouffés, mais ont toujours survécu sous plusieurs formes.

De ce fait, le développement conçu dans la logique des processus d'accumulation peut se lire en termes de rapports de force, en termes de conflits puisque les dynamiques complexes se construisent et se déconstruisent autour d'acteurs et d'enjeux de pouvoir et de domination. Pour J.P. Peemans, "l'accumulation apparait comme ce type de logique que certains acteurs viennent surimposer à la logique de l'économie populaire et à la logique du marché, soit en essayant de les marginaliser, soit la plupart du temps en essayant de les soumettre ou de les utiliser."(J.P. PEEMANS, 2002, P.430). Un grand enjeu de la pensée sur le développement, souligne Peemans, c'est de savoir renverser la perspective traditionnelle sur le rapport entre l'économie populaire et l'accumulation de type capitaliste.

La lecture de l'histoire nous rappelle certes qu'au XIXème siècle au Nord, la détérioration des conditions de vie des classes populaires a bien été endogène à une poussée de la sphère de l'accumulation et à une modification des rapports de force entre secteurs capitalistes et secteurs d'économie populaire. Mais il permet aussi de montrer que cette évolution a pu être contrée lorsque des mécanismes de sécurisation et de résistance collective ont pu être mis en place dans des contextes locaux particuliers. Il y a toujours eu des formes de gouvernance locale et domestique, attestées par des pratiques populaires séculaires, mais celles-ci se trouvent de plus en plus marginalisées. Dans les pays en développement, les masses populaires ont dû incorporer de nouvelles règles de comportement socio-économique sous l'influence de la modernisation. Elles ont su en même temps, conserver des formes de solidarité et d'organisation communautaire, dans la logique de réciprocité et de redistribution (K. POLANYI, op.cit, pp. 77-79; J.P. PEEMANS, op.cit, pp. 439-442 et p. 459). Cette gouvernance historique des masses populaires rejoint la réflexion de Braudel concernant la dynamique des acteurs de premier niveau dans l'organisation des structures de leurs quotidiens (BRAUDEL F. 1985, p.38). Polanyi l'a désignée par "Gouvernement populaire". Dans son entendement, le "Gouvernement populaire" constitue les corps populaires qui répondirent à l'échec du système international pendant les années 1920.

Dans le Sud, il s'agit des groupements associatifs et des réseaux d'association parallèlement aux instances instituées par l'Etat et les autres organes de pouvoir (Partis politiques et/ou syndicats). Ces réseaux d'acteurs sociaux représentent une réalité locale, moitié souterraine, moitié officielle, assurant la reproduction sociale à la satisfaction d'innombrables individus ou catégories d'individus.

Les réseaux d'acteurs sociaux se mobilisent à l'échelle locale ou communautaire pour répondre aux multiples formes de demandes des populations concernées (NDAYEGAMIYE A., op.cit, p11). Au niveau micro, ce sont plutôt les familles, les clans, les voisins, les alliés, les camaraderies, les amicales, etc., qui s'engagent. Au niveau méso, ce sont les mesures de concertation et de coordination des groupements associatifs qui, de par leur pluralité, leur spécificité et la multidimensionnalité de leurs apports potentiels (de ressources), qui permettent la reconstruction du lien social d'ensemble. (Idem, p 15).

Il apparait donc que la spécificité de la résistance des masses populaires est qu'elle se situe dans l'action et légitime, au regard de la désarticulation du processus d'accumulation et de régulation, l'économie populaire comme une démarche de reproduction sociétale. La résistance exprime le fait des réponses des masses populaires au processus insécurisant du modèle de modernisation-accumulation. L'économie populaire est donc actuellement au cours du processus de développement des pays en développement.

Pour notre part, nous convenons avec Penouil pour adopter la considération suivante: « Les activités informelles sont avant tout une forme particulière de la dynamique sociale dans les sociétés en développement. Elles sont une réponse de la société aux besoins nouveaux, aux mutations structurelles, aux contraintes sociales résultant de l'influence du développement transféré sur toutes les catégories sociales. » (M. PENOUIL, 1992, p.74).

Les fonctions que nous attribuons au secteur informel sont celles sociale et économique. En remplissant ces fonctions, il peut ainsi contribuer à la résorption du chômage au Burundi.

Donc, il joue des rôles divers allant de la réduction du chômage à la contribution du revenu en passant par la création de richesses et le pourvoi de biens et de services aux populations ,en créant aussi des conditions de sécularisations de la population à bas revenus.

Conclusion

L'objet de ce chapitre a été donc de faire comprendre la signification des concepts et de tous les éléments que nous avons considérés comme constitutifs du SI, objet de notre travail dans la première section. Dans la deuxième section, il a été question de construire la grille d'analyse du dynamique changement social par rapport à la crise de la régulation capitaliste. Pour ce faire, nous avons emprunté aux réflexions de K. Polanyi les axes d'analyses théoriques qui nous permettent de faire la lecture de la dynamique sociale dans le contexte des changements en cours. Nous retenons de lui que les mouvements de résistances des masses populaires expriment leurs réponses au processus insécurisant du modèle de modernisation-accumulation. La spécificité de la résistance des masses populaires est qu'elle légitime l'économie populaire comme une démarche de reproduction sociétale.

Cette théorie met en relief le développement de l'économie informelle d'une part et la fonction que joue l'économie informelle dans la société d'autre part.

Après le cadre conceptuel et théorique, nous allons développer le 2eme chapitre dans lequel nous allons parler l'émergence du secteur informel dans le temps et dans l'espace.

CHAPITRE II. LE DEVELOPPEMENT DU SECTEUR INFORMEL ET SON

IMPORTANCE

Introduction

Le secteur informel a été et est, de nos jours, l'objet d'une multitude de théories, d'approches et d'analyses différentes voire divergentes. Au fait, phénomène historique décelable à l'ère coloniale à travers la dérogation de certains indigènes à l'imposition coloniale, le secteur informel ne cesse, aujourd'hui, de prendre des proportions sérieuses. Vu à ses premiers jours sous l'angle d'une anomalie temporaire au Ghana puis au Kenya, sa légitimité sociale n'est presque plus contestable à l'ère actuelle où le désengagement de l'Etat est au su et au vu de tous. Quoique frauduleux, dérogatoire en tout ou partie à la législation, il se positionne comme secteur à part entière auquel on reconnaît le mérite dans la réduction du chômage, la promotion de l'esprit d'entreprise et de solidarité, la création de richesses, etc., pour ne citer que ces avantages. Les raisons de l'émergence du phénomène sont la croissance démographique qui a une implication importante en matière d'emploi, de pauvreté et la diminution de l'offre d'emploi dans le secteur formel.

II.1. Emergence du secteur informel dans le temps et dans l'espace

II.1.1. Dans le temps

Sur le plan temporel, cette délimitation s'inscrit sur une période allant de 1970 à nos jours.

Ø 1960-1970s: Période marquée par le rôle prépondérant de l'appareil étatique.

Cette période a été littéralement marquée par une forte croissance de l'emploi dans le secteur public. La présence de l'Etat providence était quasi permanente dans tous les secteurs, soit en tant qu'acteur économique ordinaire, soit en tant que régulateur. L'essentiel de la régulation du chômage des diplômés avait été assurée après les indépendances, par le développement du secteur public et parapublic. Il y a eu alors nationalisation des postes occupés et création d'emploi9(*).

La plupart des Etats sortant de la colonisation ont entamé des politiques ambitieuses de construction d'une économie nationale en mettant en place les politiques et les stratégies d'industrialisation rapide afin de substituer aux importations. Mais ces politiques ne sont pas élevés à la hauteur des effets escomptés, du fait d'une allocation inefficiente des ressources.

Au cours de cette période (dans les années 70), l'Afrique s'est distinguée par une croissance démographique inversement proportionnel à la croissance économique. Les activités modernes créatrices d'emplois salariés connaissent souvent une stagnation face à une explosion urbaine et à une montée des jeunes à la recherche d'activités.

La détérioration des conditions de vie des populations, surtout en zone rurale, et l'espoir d'un destin meilleur, motivent une migration ininterrompue vers le milieu urbain. Mal préparées à recevoir cet afflux de populations souvent démunies, les villes leur réservent un avenir incertain, en particulier s'agissant de leur insertion professionnelle. Très vite, la demande d'emplois est apparue supérieure à l'offre.

Le secteur informel urbain joue alors un rôle d'absorption de cette main-d'oeuvre excédentaire mais pleine d'initiatives.

Ø 1970s-1980s: Période marquée par le processus de désétatisation au profit du « marchand »

Durant les premières décennies du développement, les interventions de l'acteur étatique ont été conçues et exécutées dans les limites territoriales ; c'est-à-dire dans les cadres de références des économies essentiellement nationales. Tel n'a pas été le cas pour la conception des politiques de développement dans les années septante et quatre-vingt (jusqu'au milieu des années quatre-vingt).

Au cours de cette période, les difficultés qui ont découlé de mauvaises gestions ont été le justificatif des divers programmes d'ajustement qui ont préconisé un rôle plus important du secteur privé.

La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont imposé les PAS, ceux-ci étaient censés restaurer les grands équilibres macroéconomiques, et relancer la croissance économique par l'allocation optimale des ressources et l'augmentation de l'efficacité (BANQUE MONDIALE, 1988, p.11). Fondé sur une logique entrepreneuriale de la gestion de l'économie, l'ajustement devrait ramener les économies du Sud aux normes du marché international (PEEMANS, J.P., 2002, pp.141-177). Certes, ces politiques ont permis certains équilibres macroéconomiques, mais leurs évaluations révèlent un échec et même une détérioration profonde des conditions socio- économiques dans les pays concernés (BANQUE MONDIALE, 1997, p.76).

La réduction des dépenses publiques, imposée par les mesures de stabilisation en vue d'atténuer les déficits budgétaires, a conduit les Etats à diminuer la part des budgets nationaux consacrés aux services sociaux de base. La liquidation des entreprises publiques déficitaires et la réduction des effectifs de la fonction publique ont entraîné des licenciements massifs, provoquant la baisse des revenus réels des populations.

Pour l'Afrique Subsaharienne, le pourcentage de revenu touché par les 20% les plus pauvres était de 6,8% et celui touché par les 20% les plus riches était de 44,1 en 198810(*).

En conséquence, l'augmentation du chômage, la nécessité de mobiliser toutes les ressources en travail familial pour survivre, ont entraîné une croissance accélérée des activités dites informelles tant à la ville qu'à la campagne.

Ø A partir des années 90 : pour un « autre développement » centré sur le Développement Humain

L'autre développement défend l'idée selon laquelle, chaque société doit baser ses projets de développement sur ses dotations propres en ressources et sur son environnement naturel. On ne peut y avoir une voie unique et universelle de développement. Chaque société doit en effet définir son chemin de développement en fonction de ses valeurs, de ses besoins propres et de sa vision de l'avenir eu égard à sa façon de comprendre le monde. Dans les milieux de vie concrets, la redistribution sociale ne concerne pas seulement les biens et services marchands (élargissement de la palette des choix des individus), elle concerne aussi les charges et contributions communautaires.

Selon le rapport de la Banque Mondiale (Banque Mondiale, op.Cit, p.183), la « mauvaise gouvernance» vers la fin des années 80, affirmait le caractère inquiétant du déclin politique de l'Afrique en générale. La corruption, le détournement, le népotisme sont les principaux maux qui gangrènent des sociétés africaines et qui perturbent le système de production et de redistribution équitable.

Pour atteindre le niveau de bonne gouvernance acceptable par les bailleurs, des reformes étatique sont nécessaires. Ces reformes peuvent se résumer par la remise en cause du monopole du pouvoir de l'Etat et de ses institutions.

La bonne gouvernance implique que d'autres organisations, issues avant tout du secteur privé et des « acteurs non étatiques11(*) » (la société civile), s'engagent parallèlement à l'Etat, dans les activités économiques et sociales.

Depuis que le Sommet du Millénaire12(*) a érigé la question de la pauvreté en enjeu global pour l'humanité et comme premier objectif du millénaire pour le développement, les Etats se sont fermement engagés en faveur de la lutte contre la pauvreté, sa réduction et voire son éradication. Il s'en est suivi l'élaboration de Documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP)13(*) ou de Cadres stratégiques nationaux de lutte contre la pauvreté (CSLP), élaborés avec l'appui d'organismes des Nations Unies, notamment du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et financés par divers bailleurs de fonds étrangers. Il s'agit de processus multi-acteurs qui mobilisent l'administration, le secteur public, le secteur privé, ainsi que les organisations de la société civile à divers stades et à divers degrés.

Malgré ces politiques, la dégradation continue des économies africaines a entraîné un accroissement considérable du niveau de pauvreté sur le continent. Selon l'édition 1997 du Rapport sur le développement humain du PNUD, près de 40% des 590 millions d'habitants de l'Afrique subsaharienne, soit 220 millions de personnes, sont en-dessous du seuil de pauvreté absolue. Selon les données fournies par « Abolissons la pauvreté» le portrait mondial de la pauvreté en 2007 est accablant. Non seulement la pauvreté décime-t-elle toujours des populations entières, mais les organismes internationaux notent une aggravation généralisée du phénomène.

Chaque année, neuf millions de personnes meurent de faim ou de malnutrition, 1 milliard n'a pas accès à l'eau potable et plus d'un milliard de personnes vivent dans la misère extrême avec moins d'un dollar par jour14(*).

II.1.2. Dans l'espace

Presque partout dans les économies des pays, le secteur informel a existé sous une forme ou une autre à une certaine étape du développement. Sans nul doute, ce secteur existe aussi dans les pays industrialisés, mais l'échelle du phénomène et le contexte dans lequel il se produit sont tout à fait autres. On constate que lorsque les gens vivent dans une extrême pauvreté, ils se livrent à des activités en marge de la légalité ou complètement illicite. Ces tendances ont été remarquées dans des pays différents comme l'inde, le Pérou et plusieurs pays africains. Braudel mentionne quelques exemples de ce phénomène (F. GOOSSENS., 1997, p.37).

Par exemple:

§ La France, affamée de 1940 à 1945, a connu, avec le marché noir, une poussée de colportage anormale.

§ En Russie, la période de 1917 à 1922, avec ses troubles, sa circulation imparfaite, a vu réapparaître les intermédiaires ambulants.

La théorie économique du développement à laquelle nous faisions allusion a pourtant bien fonctionné sous d'autres cieux. Par exemple, il est rapporté qu'aux Etats Unis d'Amérique, le secteur informel a fait l'objet d'une absorption progressive et complète dans le secteur structuré. Au Japon semble-t-il, il a été le pivot de l'industrialisation. Des pays d'Asie comme la république de Corée, Singapour et Hong Kong ont réussi à élaborer des stratégies qui ont débouché sur une transformation efficace du secteur informel en secteur structuré.

Autre exemple, le secteur informel latino-américain se caractérise par sa colonisation, par sa pauvreté, par son développement économique et technologique et par son importante urbanisation.  Les 2/3 des habitants de l'Amérique Latine vivent et travaillent dans le secteur informel (HERNANDO de Soto, 2001, p.24).

Le secteur informel, en Afrique, a pris une importance telle que la Banque Mondiale et le FMI ont pris la bonne résolution de l'encourager (fait rare de la part de ces institutions qui veulent faire fonctionner les sociétés africaines à l'image de l'Occident) et dorénavant d'insérer ses activités dans les stratégies de développement du continent. Se basant sur la définition de la 15eme conférence des statisticiens du travail et dans une étude concernant une quinzaine de pays africains toutes régions confondues (Afrique du Nord, Afrique Sahélienne, Afrique côtière, Afrique centrale) J. CHARMES donne les estimations suivantes : Le S.I. représentait selon les pays 29 à 75% de la population active non agricole dans les années 1980. Dans les années 1990, ces taux sont passés à 25 voire 90% (CHARMES,J., 1995, p.27). Ainsi, entre 1975 et 1993, le poids du S.I. s'est considérablement accru dans tous les pays, il a effectivement joué un rôle d'absorption de la main d'oeuvre excédentaire sur le marché du travail tandis que le secteur moderne public et privé a vu ses capacités réduites sous l'effet de la crise puis de l'ajustement.

Du point de vue de l'emploi, le secteur informel tend à devenir le plus grand pourvoyeur d'emplois. A défaut de statistiques complètes, les estimations suivantes témoignent son ampleur au plan de l'emploi : l'OIT fait état de 500 millions de personnes, soit le quart de la population mondiale économiquement active en dehors de l'agriculture, qui tiennent leur survie du secteur informel. Par exemple,

- En Inde, en 1998, 93% de la population active en dehors de l'agriculture était dans le secteur informel.

- En Afrique, le secteur informel, plus pesant en milieu urbain, compte entre 45 % et 50%, voir même 95% du volume total de l'emploi dans certaines villes africaines selon les estimations de la Banque Mondiale.

Du point de vue de la création de revenu, le secteur informel constitue un facteur principal de création de revenus dans les pays en développement. Toutefois, selon Jacques CHARMES, la contribution au P.I.B. du secteur informel est inférieure à sa part dans l'emploi.

En Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud), la contribution du secteur informel dans le PIB non agricole en 1990 était de 39,4% et de 25,9% dans le PIB total. En Asie, la contribution est de 28% dans le PIB total et de 37% dans le PIB non agricole.

II.2. Emergence et évolution du S.I. au Burundi

Dans ce point, nous allons montrer comment le S.I. a pu émerger au Burundi en fonction des changements apportés dans les politiques et stratégies nationales de développement. Les raisons de son émergence sont comme celles évoquées précédemment ailleurs.

II.2.1. Dans le temps

Le Burundi a accumulé déjà une expérience de plus 30 ans en matière de planification du développement, depuis son indépendance. Il s'agit de :

§ 1968 - 1972 : premier plan quinquennal

§ 1973 - 1977 : deuxième plan quinquennal

§ 1978 - 1982 : troisième plan quinquennal

§ 1983 - 1987 : quatrième plan quinquennal

§ 1988- 1992 : cinquième plan quinquennal

Ces plans de développement de l'économie burundaise n'ont pas pris en compte, de manière spécifique le secteur informel. Une distinction fut faite entre industrie et artisanat, sans utilisation de critères pour délimiter leurs champs respectifs. L'appartenance d'une activité artisanale ou commerciale quelconque au secteur informel est généralement définie en référence à des situations irrégulières au regard des critères officiels d'enregistrement des comptables nationaux.

Période 1970s- 1980s : Economie burundaise a été marquée par trois plans de développement. Ces plans mettent l'accent sur la coordination de tous les efforts de développement, par l'Acteur Etatique fort et entreprenant  dans le cadre d'accélérer la croissance économique du pays. L'Etat était alors le premier employeur, celui qui a créé et développé le plus d'opportunités pour une certaine catégorie de salarié leur permettant ainsi d'élever leur position dans la hiérarchie sociale en étant plus instruits voire plus aisés financièrement.

Les deuxième et troisième plans ont commencé à mettre un accent particulier sur l'industrialisation (import- substitution) par la valorisation des produits agricoles et la promotion des produits d'exportation (le café en l'occurrence).

Le IIIème Plan Quinquennal vise explicitement la promotion de l'emploi particulièrement dans le monde rural. Il a mis le doigt sur les véritables dimensions de l'artisanat, l'accès généralement plus facile, l'artisanat devra participer à la croissance de l'économie du pays. Il aura pour effet d'indirect la création de l'esprit d'entreprise dans les masses rurales et offrira une base solide au secteur industriel. L'exploitation de cette possibilité offerte de diversifier les ressources du pays consistera à faire de l'artisanat une branche professionnelle organisée et productive.

Dans cette optique, les objectifs à atteindre sont les suivants :

- Augmentation de production et de diversification des produits artisanaux ;

- Création d'emploi, de préférence en milieu rural et formation professionnelle;

- Réalisation d'un développement équilibré du milieu rural par rapport aux centres urbains.

Depuis 1982 s'est affirmé une volonté politique de décentralisation au niveau des provinces et des communes, accordant un plus grand rôle aux collectivités locales et à la population dans le développement et créant un réseau de centres secondaires appelé à multiplier les activités informelles, à faire évoluer les structures rurales et à ouvrir la voie à l'aménagement du territoire.

Cette politique de regroupement de la population devait s'accompagner de la création de coopératives en milieu rural pour la commercialisation des récoltes ainsi que la création des formes d'instituts bancaires pour favoriser l'épargne en milieu rural. Elle fut validée par le congrès national du parti UPRONA, tenu du 26 au 29 décembre 197915(*).

Le quatrième plan quinquennal, bénéficie de ce système avec l'amélioration du système de planification, le taux de réalisation s'est également amélioré. Il s'est proposé d'investir 107 milliards de francs contre 64,5 au cours du troisième plan. La volonté de création de zones artisanales n'a reposé sur aucune étude préalable, les capacités industrielles restent sous utilisées et certains projets industriels ont été mis sur pied sans études préalables, ce qui a conduit à un ralentissement de la croissance industrielle ne permettant pas la résorption du chômage. Problème de l'accès au crédit n'a jamais été l'objet d'une quelconque attention.

Au Burundi, l'artisan effectue des petits boulots du secteur informel avant de s'installer à son compte. Jusqu'à présent, la non application d'une politique nationale de l'artisanat suite à l'insuffisance des moyens financiers s'est traduite par l'intervention dispersée, voire contradictoire, de multiples structures, étatiques ou non, qui ont mené dans ce domaine leurs propres politiques. Le gouvernement est accaparé par la promotion de l'industrie moderne.

Le secteur informel n'a jamais fait l'objet d'enquête statistique d'envergure nationale avant celle de l'ISTEEBU parue en 2007 mais il y a eu deux recensements, celui de 1979 et celui de 1990 qui l'ont confondu avec le secteur agricole.

Des enquêtes sur terrain se sont intéressées à des périodes différentes, au secteur informel urbain :

- enquête menée par le Ministère du travail et de la sécurité sociale en 1989 à Bujumbura, Gitega, Rumonge et Ngozi.

- enquête du même Ministère effectué en 1998 (Bujumbura, Muramvya, Ruyigi, Cankuzo, Muyinga, Kirundo, Ngozi, Kayanza).

Ces enquêtes ont donné lieu à des études fragmentaires qui permettent de connaître certaines caractéristiques du secteur. Elles ne permettent pas de faire des bonnes estimations globales et régionales du nombre d'emploi de ce secteur.

Vers les années 1986, devant la montée de l'endettement et des déséquilibres du budget et de la balance de paiement, le gouvernement en collaboration avec la Banque Mondiale et le Fond monétaire international; a adopté et a mis en oeuvre des politiques d'ajustement structurel (PAS). Avec ses effets pervers comme par exemple : la réduction des salaires, diminution des effectifs de la fonction publique, privatisation des entreprises d'Etat, etc., ont contribué à la dévalorisation du secteur public et donc au gonflement du nombre d'agents opérant dans le secteur informel. Ce programme se poursuivra jusqu'au début des années 1990.

Tableau no1 : Evolution des offres et demandes d'emploi sur le marché burundais

de 1988 à 2000

Années

Offres

Demandes

Ecarts demandes non satisfaites

Taux d'insatisfaction

en %

1988

2 035

9 304

6 999

75

1989

2 015

11 096

9 081

82

1990

3 005

13 090

10 085

77

1991

1 640

10 490

8 850

84

1992

885

7 313

6 428

88

1993

120

5 108

4 988

97

1994

367

2 001

1 634

81

1995

240

1 347

1 107

82

1996

214

491

277

56

1997

228

1 379

1151

83

1998

398

895

497

55

1999

647

666

19

2

2000

730

1 133

403

35

Total global

12 524

64 313

51789

80%

Source : Fait par nous-mêmes à partir du document du Ministère du travail et de la sécurité sociale, documents d'archives, de 1985 à 2005

- De 1988 à 1992, les données sur les offres et les demandes d'emploi ont suivi une évolution qui n'est pas linéaire mais en dent de scie.

- De 1988 à 2000, la demande a été toujours supérieure à l'offre pour toute la période.

- Dans l'ensemble, de 1988 à 2000, on peut conclure que les demandes cumulées sont loin supérieures aux offres cumulées soit avec taux de 20% de satisfaction contre 80% d'insatisfaction. Demandes 64 313, Offres 12 524. Toutes ces demandes 51789 non couvertes par des offres constituent parfois des rangs de chômeurs désoeuvrés complètement ou encore sous-employés quelque part.

A la veille du Vème plan, ces obstacles subsistent malgré les progrès réalisés ces dernières années ; les efforts devront donc se poursuivre en vue de surmonter les obstacles relevés surtout le long de la filière du produit artisanal (Gouvernement du Burundi, Vème PQDES 1988-1992, p.70).

Le Vème plan 1988-1992 a été élaboré en tenant compte des impératifs macroéconomiques découlant du PAS adopté en 1986. Il s'exécute par tranches annuelles (le programme d'investissement public, PIP) selon la technique de « programmation glissante16(*)» qui permet d'assurer une adaptation souple aux changements de la conjoncture.

Entre 1989-1990, la tendance négative de la courbe de l'emploi débute légèrement au niveau du secteur structuré moderne, les emplois, chiffrés à 94291, accusant une diminution de 5,6% par rapport à l'année 198917(*) .

Ø Période des années 1990 à nos jours : Participation de la société Civile dans la conception et la gestion des projets communautaires.

Depuis la fin des années 1980, grâce à l'instauration de la liberté d'association, plusieurs associations de citoyens se sont créées avec comme objectifs de promouvoir l'entraide et le développement communautaire. Une fois encadrées et soumises à des règles d'éthique de gestion et de transparence, ces associations peuvent être des partenaires efficaces dans le cadre d'une politique d'approche participative qui sera soutenue par la communauté des bailleurs des fonds.

Avec l'appui des Bailleurs de fonds, dont le chef de file est la Banque Mondiale, le Gouvernement prépare un cadre national de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP), qui définira les actions spécifiques à mener en vue de réduire sensiblement la pauvreté, ainsi que le rôle de ses partenaires au développement dans ce projet ambitieux.

Le Programme de lutte contre la pauvreté est multidimensionnel et multisectoriel. Il est multidimensionnel parce qu'il cible des objectifs d'amélioration des indicateurs économiques et sociaux; multisectoriel parce qu'il implique des projets couvrant tous les secteurs de l'économie nationale.

Le Gouvernement visera en priorité la création d'emplois à travers les projets générateurs d'emplois tels que l'entretien des routes et pistes, les adductions d'eau, les reboisements, les programmes de pavage des rues et les projets d'électrification rurale. En ce qui concerne ces derniers, ils seront liés au programme de création des centres urbains, foyers de développement des petites et moyennes entreprises également génératrices de nombreux emplois non agricoles.

II.2.2. Dans l'espace

Les activités de production et de service qui génèrent des revenus sont concentrées en milieu urbain plus spécialement à Bujumbura. D'après l'enquête 123 réalisée dans 4 villes (Bujumbura, Gitega, Kirundo, Makamba) du pays, l'emploi en milieu urbain est marqué par la prépondérance des services (52,5%), suivis du commerce (20,2%), du secteur primaire (14,1%) et enfin des emplois dans le secteur industriel (10,5%). Tandis que le monde rural constitué par les autres provinces s'occupe de l'agriculture de subsistance (CSLP, Seconde revue, 2009, p.77). La proportion de la population occupée en Mairie de Bujumbura est moins importante que celle des autres régions (81,4 % contre 87,2%). De plus, on remarque que le sous-emploi est moins important en Mairie de Bujumbura que dans le Reste du pays (9,2 % contre 12,4 %)18(*). En milieu rural, l'emploi d'après l'enquête réalisée par le PAM en 2008, l'agriculture est toujours la principale activité pour 77,2% des ménages ruraux, et est pratiquée pour l'autoconsommation par 92,7% d'entre eux. Seuls 21,2% des ménages pratiquent une agriculture commerciale, et la moitié des ménages ont recours à du travail manuel journalier comme complément de revenus.

Le nombre d'emploi créé par les différents métiers du secteur non structuré en milieu rural et urbain a augmenté entre 1982 et 1987, de 27435 en milieu urbain et 127263 en milieu rural soit 154703 au total en 1982 et 32692 en milieu urbain et 147176 en milieu rural soit 179068 au total en 1987, ce qui représente une différence de 25 665 emplois au total soit un accroissement total de 14% et un accroissement annuel moyen de 2,8%.(SIRIBA Philippe, 2003, p.27).

Le gouvernement burundais a lancé certaines actions pour la promotion de l'emploi dont les principales sont les actions d'ordre institutionnel et les reformes du PAS en matière d'emploi.

Avec les moyens financiers apportés par des partenaires extérieurs (PNUD, FIDA, FAO, ...), et avec les programmes initiés et appuyés par des organisations non gouvernementales, nationales ou internationales des projets de développement qui accordent des microcrédits en faveur des groupes constitués d'agriculteurs, d'éleveurs, d'artisans ou en faveur de ménages ruraux à faibles revenus, etc., ont été mis en place. Elles interviennent en appui aux populations pauvres et marginalisées sous forme de crédits, soit directement ou en interface avec d'autres institutions de micro-finance. Les multiples organisations peuvent être classées de la manière suivante : banques commerciales et établissements financiers, organisations de type coopératif, organisations non gouvernementales, projets et sociétés de développement, groupes auto-organisés : Tontines et Fonds d'entraide et de solidarité, Les ASBL, etc. (NIYONGABO Ephrem, UCL, 2007, p.57)

Tableau n°2 : Offre d'une vue synthétique des différentes interventions.

Type d'organisation

IMF

Couverture géographique

Démarrage du système d'épargne et de crédit

1. Banques et établissements financiers

BNDE

Couverture nationale

1967

FMCR

Bujumbura Mairie

1998

COFIDE

Ngozi, Kayanza et Kirundo

2000

SBF

Bujumbura Mairie

-

FPHU

Bujumbura Mairie

-

FDC

Nationale

2000

2. organisations de type coopératif

FENACOBU

Nationale

1984

CECM

Bujumbura Mairie et ses environs

1995

COSPEC

Cibitoke

2001

COPED

Bururi, Rutana, Makamba, Mwaro

1992

CODEC

Bujumbura Mairie

-

3. Organisations non gouvernementales

JAMII BORA

Bujumbura Mairie et ses environs

2002

OAP

Bujumbura Rural

1994

4. Groupes autoorganisés

4. Projets, ONG et ASBL à volet crédit et/ou épargne

FSTE

Nationale

1995

FSCJ

Nationale

1998

FSCS

Nationale

1998

TONTINE ROHERO

Bujumbura Mairie

1990

TWITEZIMBERE

Nationale

1993

UCODE

Ngozi, Kayanza, Kirundo

2001

5. Projets et sociétés de développement

PNUD

 
 

FIDA

 
 

FAO

 
 

COGERCO

 
 

BTC

 
 

OTB

 
 

Source : BIT (2001)

Dans le cadre d'une approche participative, les partenaires pourront fixer les objectifs et les actions prioritaires, en privilégiant la réalisation des projets à haute intensité de main d'oeuvre susceptibles d'injecter des revenus monétaires dans la population, et de lui redonner ainsi un pouvoir d'achat qui a été sérieusement érodé par la crise.

Dans le cadre de la Promotion de l'emploi, et avec l'appui des partenaires, deux chantiers importants ont été lancés par le gouvernement à savoir le PTPCE (Projet de Travaux Publics et de Création d'Emplois) pour l'exécution de plusieurs projets communautaires axés sur la promotion de l'emploi (pavage, marchés, abattoirs), et PMRSE (Projet Multisectoriel de Réinsertion Socioéconomique) pour une bonne réinsertion socio-économique des groupes défavorisés.

Les résultats atteints sont mitigés, car ces services n'orientent pas leurs actions dans la recherche de stratégie de création d'emplois. A partir de 1993, les crises socioéconomiques et politiques ont été accompagnées d'événements exceptionnels (comme l'embargo, les déplacements massifs des populations et le gel de la coopération internationale). De plus, la restructuration du secteur public a entraîné des licenciements massifs et l'arrêt des recrutements à la fonction publique, et a renforcé par conséquent le processus d'appauvrissement et d'exclusion économique et sociale.

Tableau n°3: Répartition des emplois supprimés suite à l'embargo

Catégories de travailleurs

EFFECTIF D'EMPLOIS SUPPRIMES

Chiffres absolus

Parts relatives

Hauts cadres

40

1,53%

Agents de maitrise

85

3,26%

Hautement qualifiés

229

8,77%

Qualifiés

528

20,23%

Semi qualifiés

379

14,52%

Manoeuvres

1349

51,69%

Source : Ministère du Travail, de l'Artisanat et de la Formation Professionnelle, 1998

L'ampleur de l'éloignement du niveau de vie du seuil de pauvreté plus marquée en milieu rural qu'en milieu urbain reflète la situation d'extrême pauvreté que vivent de nombreux ménages en milieu rural. L'évolution récente de la proportion du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté monétaire montre qu'elle atteint la barre de 60% sur les 10 dernières années (1990- 2000).

Les résultats de l'enquête QUIBB, menée en 2006, révèlent un taux de pauvreté de 67% sur le plan national, dont 69% en milieu rural et 34% en milieu urbain (Seconde revue CSLP, op.Cit, pp.34-36).

Tableau no4: Evolution de la pauvreté, 1990-2000

Population vivant en dessous du seuil de pauvreté relative

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Milieu rural

35.1

35.5

34.8

39.6

48.4

53.3

57.4

58.1

56.4

57.1

57.8

Milieu urbain

32.4

32.0

32.9

40.9

47.2

51.2

64.0

66.0

66.5

67.4

68.2

Niveau national

34.8

35.3

34.7

39.7

48.3

53.2

57.8

58.6

57.0

57.7

58.4

Source : Enquête Budget et consommation des ménages 1986-1990

Enquête prioritaire 1998-2000

Des estimations de la pauvreté réalisées récemment en 2008 (PNUD, 2010, p.10), dégageaient de seuil de pauvreté respectif d'environ 820 Fbu/jour en milieu urbain et 525 Fbu/jour en milieu rural. Avec ces seuils, environ 67% de la population burundaise est pauvre. Cette pauvreté se repartit inégalement à raison de 69% de la population en zones rurales contre 34% en zone urbaines. Il en est de même de sa répartition au niveau des provinces. Aussi, il ressort que la proportion des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté a presque doublé car elle était 67% en 2006 contre 35% en 1990.

Conclusion

L'objet de ce chapitre a été donc de faire comprendre la signification des concepts et de tous les éléments que nous avons considérés comme constitutifs du SI, objet de notre travail. L'évolution du secteur informel dans le temps et dans l'espace est liée à une forte croissance démographique et de l'urbanisation rendant difficile l'absorption des nouveaux actifs sur le marché du travail.

Le S.I. est un phénomène résultant de l'exode rural et de l'incapacité du secteur formel à absorber le surplus de main-d'oeuvre, celle-ci, en surnombre, ne pouvant trouver d'emploi dans le secteur moderne et luttant pour sa survie, doit se trouver une occupation qui lui assure un revenu.

Le SI par ses diverses activités de production de biens et services fournit une contribution essentielle à l'emploi où chacun s'affaire selon son courage, son ingéniosité, son esprit de créativité et d'entreprise à développer des pratiques innovatrices desquelles l'individu tire emploi et revenu.

CHAPITRE III. DYNAMISME DU SECTEUR INFORMEL DANS LE

CONTEXTE SOCIOECONOMIQUE AU BURUNDI

Introduction

Comme souligné ci-haut, face à la croissance démographique et à l'incapacité du pouvoir public à offrir une alternative de développement, le taux d'augmentation de la population active dépasse la création d'emplois. Ceci implique de sérieuses répercussions sur les possibilités d'emploi, ce qui se traduit par une augmentation rapide du taux de chômage. Autrement dit, le nombre de demandeur d'emplois s'accroit plus rapide que le nombre d'emplois existants. En outre, l'exode rural ininterrompu qui se poursuit depuis plus de trente ans dans les pays en développement a provoqué un phénomène de surpeuplement urbain. L'explosion urbaine est due à l'exode des campagnes vers les villes, surtout dans les petits centres urbains, mais aussi à la croissance démographique naturelle. Ces tendances démographiques ont une implication importante en matière d'emploi et de pauvreté.

Ce chapitre comprend trois sections :

- La croissance démographique et son impact sur l'emploi

- Mode d'accès à l'emploi et à l'accroissement de revenus

- Chômage et insuffisance de revenus sur le marché du travail Burundais

III.1. Impact de la croissance démographique sur l'emploi

III.1.1. Généralités sur les effets de la croissance démographique en PVD

(Afrique sub-saharienne)

La région de l'Afrique sub-saharienne se distingue des autres pays en développement par sa très forte démographie qui connait un rythme de croissance très rapide, ce qui pousse à une urbanisation rapide. Ce sont là quelques exemples d'explications de l'accroissement de la population active qui est très variée sur le marché du travail en Afrique sub-saharienne.

III.1.1.1. L'explosion démographique

Elle est l'un des facteurs d'explicatif et regard sur les comportements des chercheurs d'emploi. Durant l'année 2009, l'Afrique aura franchi le cap symbolique d'un milliard d'habitants. La croissance démographique est d'ors et déjà impressionnante : de cent trente trois (133) millions d'habitants en 1900 (8% de la population mondiale), elle atteint deux cent vingt cinq (225) millions en 1950 (8,8%), sept cent soixante sept (767) millions en 1999 (12,8%) et enfin un milliard en 2009 (14%). Cette expansion démographique est loin d'être finie car l'Afrique connait encore la plus forte fécondité au monde avec 4,6 enfants par femme contre 2,5 au niveau mondial19(*). Selon les projections à long terme des Nations Unies, le poids démographique de l'Afrique ne cessera de croître. Sa population devrait atteindre 2,3 milliards en 2050, soit 22,6 % des habitants de la planète.

Cette croissance pour la seule région de l'Afrique sub-saharienne s'élevait à un taux annuel moyen de 2,5% sur la période de 1997 à 2006, ce qui la classe comme une des parties du monde les plus densément peuplée. Cela n'est qu'un aspect du problème pour tenter de justifier la croissance de l'offre de travail.

Les chiffres de l'accroissement de la population active varient selon les différentes régions d'Afrique. Dans certaines régions, cet accroissement est constamment en pleine progression. L'enquête 1-2-3, méthode d'analyse réalisée par les chercheurs de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à la demande de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) apporte quelques éléments précis sur les caractéristiques du marché de l'emploi en Afrique de l'Ouest. « Sur l'ensemble des sept villes de la zone de l'UEMOA, près de 60% de la population de 10 ans et plus est active, ce qui signifie que 6 personnes sur 10 exercent un emploi ou sont au chômage, à la recherche d'une activité. Au sein de la population active, 13 % sont des enfants âgés de 10 à 14 ans et en majorité des filles20(*)».

Globalement, en 2006, la population active de l'Afrique sub-saharienne concernait 317 millions de personnes pour 770 millions d'habitants21(*) .

III.1.1.2. Urbanisation rapide

Une autre conséquence majeure de la croissance démographique rapide de l'Afrique est le taux de croissance rapide des populations urbaines. La croissance de l'exode rurale est une des causes de l'expansion urbaine. Selon les Nations Unies, en Afrique sub-saharienne, sur la période des années 1950 aux années 2000, la population urbaine22(*) a été multipliée par 10. Ainsi, la proportion de personne habitant dans les villes atteignait 33% en 2000 contre 10% en 1950. A l'horizon 2025, le taux d'urbanisation en Afrique sub-saharienne devrait osciller entre 41,2 % et 66,6 %. Ainsi, d'ici un peu moins de 30 ans, les urbains devraient être plus nombreux que les ruraux en Afrique, comme dans le reste du monde (Fanny Chauveau, 1998, pp.23-27).

Compte tenu de l'accroissement de la population totale du continent, la population urbaine de l'Afrique a atteint 377 millions en 2000, Ce nombre passera à 1271 millions en 2025. Il paraît clair que cette croissance démographique rapide de nombre d'habitants en ville va contribuer à la multiplication des villes en un rythme accéléré, ce qui entrainera d'autres problèmes sociaux. Cette croissance urbaine serait due à plusieurs facteurs comme la recherche d'un emploi, un meilleur accès à l'éducation et aux soins médicaux et aussi par l'attrait de la vie urbaine23(*) ».

Outre le problème de l'augmentation des besoins des villes, en matière d'infrastructures, d'emploi, de santé et d'éducation, l'émergence de l'urbanité en Afrique est potentiellement source de déséquilibres sociaux.

Déjà l'exclusion du plus grand nombre de l'accès au sol et au logement caractérise la plupart des grandes villes africaines. L'extrême diversité des niveaux de revenu et des conditions de vie, entre catégories sociales, groupes ethniques et quartiers, révèle une fragmentation sociale accrue. Dans un contexte de raréfaction de l'emploi et de baisse des revenus, les solidarités intergénérationnelles entre les aînés et les plus jeunes sont mises à rude épreuve. Les réseaux de voisinages, politiques, religieux ou les confréries prennent alors parfois en partie le relais, renouvelant ainsi les modes de socialisation.

Dans le cadre d'une urbanisation rapide, la grande vulnérabilité de la situation économique des urbains donne naissance à de nouveaux rapports sociaux et alimente de nombreux foyers de tension. Alors même que les fonctionnaires sont contraints de rechercher des compléments de revenu, la précarité et l'incertitude rendent les classes moyennes réticentes envers les mécanismes de redistribution au bénéfice des défavorisés. Ce sont donc les bases de l'édifice institutionnel de solidarité qui se trouvent menacées.

Les taux continuellement élevés d'urbanisation et de croissance démographique ont conduit à une expansion sans précédent du secteur informel dans de nombreux pays. L'existence de ce secteur informel, répond davantage à une nécessité qu'à un choix.

L'urbanisation de l'Afrique sub-saharienne est devenue indispensable, elle justifie les nombreux déplacements de la population, notamment celle des jeunes vers les villes, ce qui bouleverse le marché du travail.

III.1.2. Phénomène migratoire : éviction du marché de travail 

Le poids démographique comme nous l'avons vu précédemment, pousse les jeunes à fuir leurs campagnes pour s'installer dans les villes et rechercher un emploi.

De nombreux migrants vont en « ville » pour exercer un emploi salarié dans le secteur moderne ou s'insérer dans des petites entreprises. Néanmoins, ces migrants ne concernent pas une catégorie spécifique de la population.

En effet, les jeunes sont principalement concernés par ces départs massifs vers les villes, ils ne sont pas les seuls mais ils constituent la majeure partie de la population, la plus active, la plus entreprenante. En Afrique, le processus migratoire comprend essentiellement deux étapes : des campagnes aux petites villes puis, des petites villes aux plus grandes.

Outre ce mouvement de forte croissance, la dynamique migratoire des pays d'Afrique sub-saharienne se distingue par une émigration des campagnes vers les villes qui opère une formidable redistribution spatiale des populations. L'expansion démographique est donc surtout sensible en milieu urbain, lieu de la croissance économique et de la modernité.

Les migrations massives de régions rurales vers les grandes villes ont largement contribué à l'étalement et à l'accroissement des principales zones métropolitaines des pays en développement.

Il se produit un transfert net de pauvreté entre zones rurales et urbaines car les nombreux migrants (notamment les jeunes) cherchent à travailler, à améliorer leur niveau de vie. On a rapidement associé cette tendance à l'émergence du secteur informel urbain puisque les migrants ont souvent de la difficulté à se trouver un emploi dans les firmes du secteur formel. La croissance du secteur informel est souvent associée à la migration de population rurale sans terre en quête d'un emploi à la ville (FELDMAN, S. et FERRETTI, E., 1998, p.295)24(*).

III.2. Modes d'accès à l'emploi et au revenu complémentaire

III.2.1. Regards sur les pratiques des activités informelles dans les PVD

Selon le « Bureau International du Travail (BIT) », « l'économie informelle fait référence à toutes les activités économiques de travailleurs et d'unités économiques qui ne sont pas couverts en vertu de la législation ou de la pratique par des dispositions formelles ». L'économie informelle absorberait le plus souvent des travailleurs qui, sans elle, seraient sans travail ou sans revenu.

L'acquisition du ticket d'entrée dans l'économie informelle serait ainsi dictée par la nécessité de survivre face aux affres  du chômage, du sous-emploi et de la pauvreté qui sévissent lourdement dans les pays en voie de développement25(*). « L'économie informelle dans le monde d'aujourd'hui représenterait 52,2 pour cent du total de l'emploi en Amérique latine, 78,2 pour cent en Asie et 55,7 pour cent en Afrique26(*) ». En Afrique de l'Ouest, le secteur informel utilise la majorité des bras actifs de l'économie en général.  En terme de réservoir d'emploi, le secteur informel occupe  80% de l'emploi non agricole, plus de 60%  de l'emploi urbain et plus de 90% des nouveaux emplois. En Algérie l'économie informelle constitue le talon d'Achille de l'économie nationale et représente 40% du « PIB ». Au Nigeria l'économie informelle représente 77% du « PIB27(*) ».

En dépit de l'augmentation généralisée des taux de chômage, la croissance de l'emploi informel s'observe pratiquement partout et a été particulièrement rapide dans toutes les régions.

Le secteur informel emploie plus de la moitié de la population active mondiale, soit 1,8 milliard de personnes, se hissant à un niveau jamais atteint indique une étude de l'OCDE28(*).

III.2.2. Accès à l'emploi informel et le rôle des réseaux sociaux

Les activités du secteur informel sont exercées essentiellement par des individus travaillant pour leur propre compte à la tête de leur propre affaire, soit seuls, soit avec l'aide de membres de la famille non rémunérés, bien que quelques-uns soient des micro-entrepreneurs employant quelques travailleurs rémunérés ou apprentis.

Les relations d'emploi, lorsqu'elles existent, sont surtout fondées sur l'emploi occasionnel, les liens de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme. Dans le contexte d'activités informelles, les réseaux sociaux et les liens de parenté et de voisinage sont identifiés comme des ressources fortement utilisées pour organiser la production et la distribution de biens et services.

Les réseaux sociaux et le secteur économique non enregistré ont ceci de commun qu'ils tiennent leur efficience de leur informalité. Le caractère informel de leur dynamique est même un trait majeur de leur identité propre. Or, tous les deux sont importants dans l'analyse des mécanismes de construction sociale en général et des stratégies de survie et d'insertion urbaine en particulier. (ABDOU SALAM Fall et Alioune MBOUP, 2007, p.9). Les réseaux sociaux sont des instruments de satisfaction des besoins spécifiques quand les institutions sociales se révèlent impuissantes et un instrument qui facilite l'insertion de l'individu, entreprise dans son milieu.

En reprenant la terminologie du sociologue Mitchell (1973), et Szarka (1990) définit trois types de réseaux de relations sociales dans lesquelles l'entrepreneur est encastré : Le réseau personnel comprend les contacts avec la famille, les amis et les connaissances ; le réseau commercial comprend les organisations avec lesquelles l'entrepreneur effectue des transactions commerciales et le réseau de communication comprend quant à lui les organisations et individus par lesquels l'entrepreneur obtient des informations concernant son activité : consultants, institutions locales, etc. (SALEILLE S., 2007, pp.72-73).

Au Burundi la majorité des chômeurs, la recherche d'emploi s'effectue sur une base individuelle, soit à travers la mobilisation du réseau des solidarités familiales (58,6%), soit en prospectant directement auprès des employeurs (17,7% des cas). Moins de 15% des chômeurs (13,4%) ont recours aux annonces des médias (journaux, radio, etc..), et le recours aux agences de placement est marginal (1,6%). Les modes de prospection sont presque identiques suivant que l'on ait déjà travaillé ou non (ISTEEBU, 2007, p.18).

Les réseaux (relations familiales ou amis) sont stratégiques dans la circulation de l'information sur le marché du travail.

Tableau no5. Circulation de l'information sur le marché du travail informel au

Burundi

Réseau

Propriété étrangère

Propriété burundaise

Total

Amis/ Familles

66,7%

85,1%

82,8%

Bureau de placement privé

26,7%

1,0%

4,3%

Par voie de presse et d'affichage

-

4,0%

3,4%

Réseau scolaire

-

2,0%

1,7%

Autres

6,7%

7,9%

7,8%

Total

100%

100%

100%

Source : Enquête Entreprises Burundi 2006, Banque Mondiale

Graphique 01 : Circulation de l'information sur le marché du travail informel au

Burundi

III.2.3. Modes d'acquisition de revenu complémentaire

La baisse sans cesse croissante du pouvoir des salariés exerçant dans le secteur moderne incite les ménages à rechercher des revenus complémentaires dans le secteur informel. Ces ménages ou individus font de petits travaux (comme par exemple le commerce informel, artisanat, etc.) en cherchant simultanément un revenu complémentaire pour joindre les deux bouts du mois.

III.2.3.1. Accéder au « petit crédit » (tontines) et échange de service

Le financement des activités de l'économie sociale est assuré par la finance traditionnelle. L'une des activités qu'adoptent les populations comme stratégie de survie est la pratique des tontines et associations. Ces dernières sont de diverses natures : les tontines et associations des collègues, des ressortissants des mêmes villages, du même sexe, etc. Une grande partie de la population, aussi bien urbaine que rurale, se tourne vers le secteur financier informel car elle est exclue des réseaux institutionnels classiques. Au sein des réseaux de solidarité ont émergé les initiatives individuelles et collectives qui expliquent la survie de populations, en particulier urbaines, dans des conditions matérielles souvent très précaires.

En dehors des banques et institutions de crédit, les sociétés locales inventent les organisations et les pratiques nécessaires à la résolution de leurs problèmes financiers spécifiques.

Les populations constituent des réseaux de financement particulièrement efficaces dont les prêts personnels, les tontines et autres associations d'épargne et de prêt rotatifs sont un exemple.

La forme la plus connue et la plus répandue de finance informelle est l'association rotative d'épargne et de crédit. Les participants versent régulièrement des cotisations de montant fixe à un fonds commun qui est distribué tour à tour à chacun des membres. Quand chaque membre a reçu le fonds une fois, le cycle doit recommencer. Ce système d'épargne est au départ conçu pour résoudre à tour de rôle divers problèmes personnels des membres qui forment la tontine.

Les revenus monétaires d'un certain nombre d'individus sont collectés régulièrement et attribués à l'un d'eux pour qu'il utilise ces fonds à son profit personnel. Les raisons qui incitent les individus à s'adresser à ce type de financement sont de trouver des revenus additionnels qui sont nécessaires pour subvenir aux besoins des familles et contrer l'augmentation du coût de la vie.

Celui qui travaille dans le secteur informel n'est pas forcément pauvre, et celui qui travaille dans le secteur formel n'échappe pas nécessairement à la pauvreté.

III.2.3.2. Mobilité vers la pluriactivité

La pluri-activité, est l'exercice d'activités secondaires, à l'insuffisance de revenus tirés de l'activité principale. La divisibilité des produits, et leur demande évolutive en raison de la faiblesse de leur pouvoir d'achat des salariés, incite les individus ou les ménages à rechercher des revenus complémentaires dans le secteur informel en créant des activités diverses pour augmenter leur pouvoir d'achat. Les fonctionnaires, parallèlement à leurs activités professionnelles, exercent dans l'informel des activités similaires. L'importance de ce phénomène s'explique en grande partie par la faiblesse des revenus qui ne permettent pas une satisfaction correcte des besoins de base.

Le secteur informel comprend plusieurs branches d'activités, étant peu structuré, les ménages ou individus développent au sein des quartiers le petit commerce de détail, à domicile, ambulant ou flottant et beaucoup d'activités dans l'artisanat telles que, la boulangerie, la cordonnerie, les ateliers de couture, des menuiseries, des soudures, des kiosques, garage, etc.

Ainsi, près des trois-quarts des chefs d'unités de production au Burundi considèrent le secteur informel comme un mode privilégié d'insertion dans le marché de travail. 31% invoquent la possibilité d'obtenir un meilleur revenu que le salaire auquel ils pourraient prétendre et 12% refusent le statut de travailleur dépendant et mettent en avant le désir d'être leur propre patron (ISTEEBU, 2007, pp.5-7).

Face à la pauvreté, les agents augmentent leur pluriactivité. C'est-a-dire en plus de l'activité principale développent une seconde activité; même une troisième activité si possible. Cette pluriactivité est à mettre en relation avec la crise économique (arriéré des salaires, hausse des impôts, chômage...). Cette forme d'association entre travail formel et informel est très répandue au Burundi. Elle permet aux travailleurs de garder leur système de sécurité sociale.

Une telle stratégie prend des formes diverses, elle montre que dans nombre de cas il existe une complémentarité entre emploi formel et activités informelles (exemple : utilisation du capital ou des inputs de l'entreprise formelle pour une activité informelle). Les individus qui se déplacent vers la pluriactivité travaillent souvent à temps partiel dans leur emploi formel.  Réfugiés dans le secteur informel, ils développent un langage, caractérisé par divers néologismes, traduisant leur lutte pour la survie et le progrès; en témoignent des expressions comme, par exemple : kwiyungunganya29(*).

Souvent mise en avant par les fonctionnaires au Burundi, la pluri-activité est considérée comme une stratégie des ménages et des individus pour accroître leur revenu.

Sur 128 975 actifs occupés à Bujumbura, 9 544 déclarent exercer une activité secondaire au cours de la semaine de référence, ce qui porte le taux de pluri-activité à 7,4%. Les emplois secondaires ont le même profil que les emplois principaux. Le commerce et les services sont encore plus présents ici avec respectivement 25,2% et 32,6% des emplois secondaires. Ils s'exercent presque exclusivement dans le secteur informel qui en accueille 89% à lui seul, tandis que le privé formel n'en accueille que 1,8% (Idem, p.23).

III.3. Chômage et insuffisance de revenu sur le marché du travail burundais

III.3.1. Population active et emploi

Le premier recensement général de la population au Burundi date de 1979. Les résultats de ce recensement ont donné un effectif de 4.028.420 habitants. Un 2ème recensement a été effectué 11 ans après en 1990 et les résultats indiquaient un effectif de 5.292.793 habitants avec une densité moyenne de 296 habitats/ km², elle a atteint en 2000 environ 6,7 millions d'habitants. En 2005, cette population devrait avoisiner les 7,7 millions d'habitants, selon les estimations faites par le Projet Appui à la Prise en compte des questions de Population. La population du Burundi est estimée à 10,3 millions vers 2015. Le taux de croissance de la population du Burundi avoisine 2,8% en 2005. C'est une population jeune avec une proportion de population de plus de 44% de personnes de moins de 15 ans en 2005.

Les données brutes indiquent qu'au Burundi, la population en âge d'activités, c'est à dire entre 15 et 64 ans, s'élève à 3,5 millions. Avec une population active occupée estimée à 3 321 036 par l'enquête prioritaire de 1998, le secteur structuré prend seulement 119 294 employés soit 3,5%. En cette même année, le secteur public compte 35 060 emplois permanents, tandis que le parapublic et le privé ensemble comptent 84 234 emplois permanents (Ministère de la planification du Développement et de la Reconstruction, 2003, p.118). Le secteur structuré est le secteur le plus connu.

En 2000, les emplois permanents des sous secteurs qui le composent s'élevaient à environ 97 287 repartis comme suit (CSLP-Intérimaire 2000):

- Administration publique : 35 904

- Parapublic : 27 405

- Privé : 33 978

Alors que le taux de croissance annuelle de l'emploi était estimé à 4% avant 1993, il n'a été que d'environ 2,3% ces 5 dernières années. Ce taux de croissance est sans doute inférieur à celui de la demande de l'emploi dans le secteur à considérer. Il suffit de considérer uniquement que le taux de croissance moyen des effectifs de l'enseignement secondaire sur la même période est de 3,7% et celui de l'enseignement supérieur de 3,1% (CSLP-Intérimaire 2000).

S'agissant de la population inactive, elle représente au niveau national environ 12,1% de la population en âge d'activité (population de 15 à 64 ans). En Mairie de Bujumbura, elle est estimée à 31,5% et à 10,9% dans le Reste du pays. Parmi la population au chômage, 90,0 % évoquent comme raison majeure du chômage le manque de travail. Cette raison reste importante aussi bien à Bujumbura-Mairie que dans les autres régions (94,6 % en Mairie de Bujumbura contre 85,1% dans le Reste du pays). Quant à la proportion de la population économiquement inactive observée, elle est surtout liée à une très forte proportion d'étudiants/élèves que ce soit en Mairie de Bujumbura ou dans le Reste du pays. En effet, au niveau national, 66,8% de la population économiquement inactive est constituée de cette dernière catégorie. En Mairie de Bujumbura, elle représente 64,3 % et est de 67,2% dans les autres régions (Idem, p.36).

Il ressort de toutes ces données qu'il n'existe pas actuellement au Burundi une croissance suffisamment dynamique pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Si l'on considère par ailleurs qu'il existe un stock de chômeurs qui est estimé en 2002 à 21% (PNUD-Burundi-AFRISTAT, 2005, p.36) de la population active, on se rend compte du défi qui est posé à l'économie burundaise pour résoudre le problème de l'emploi.

III.3.2. Une croissance économique incapable de répondre aux besoins d'emplois

et d'accroissement du revenu

De façon générale, le marché du travail burundais se caractérise par la prédominance du travail indépendant et du travail informel ; peu d'emplois salariés formels, une faible productivité du travail et donc par des salaires relativement bas. Les emplois du secteur formel sont plus décents par rapport à ceux du secteur informel.

En réalité, cette déduction demeure incertaine puisqu'en théorie un individu qui n'a pas réussi à obtenir un emploi dans le secteur formel (public ou privé) a le choix entre trois stratégies : soit se retirer du marché du travail et devenir inactif; soit rester chômeur en attendant qu'un poste se libère; ou bien trouver un emploi dans le secteur informel.

Le marché du travail connait une forte croissance démographique et de l'urbanisation rendant difficile l'absorption des nouveaux actifs. On observe des taux élevés de sous-emplois, ce qui traduit aussi par des niveaux de revenu relativement bas (MUZANEZA V., 2007, pp.12-13). Faute de demande en provenance des employés du secteur moderne, le secteur informel grossi par de nouveaux entrants peut être amené à se développer de façon autocentrée, ce qui se traduirait par une forte baisse de sa productivité et un retour à un dualisme plus traditionnel, où le secteur traditionnel reste séparer du secteur moderne.

Le taux de chômage est sensiblement plus élevé à Bujumbura 14% que dans les villes de l'intérieur du pays : Gitega 9%, Kirundo 7%, Makamba 5%. Sur une population potentiellement active (individus de 10 ans et plus) de 272 662 personnes, la ville de Bujumbura compte 159 877 actifs, soit un taux d'activité (au sens large) de 58,6%. Ce taux d'activité est de 54,7% si l'on restreint la population active aux critères du BIT (ISTEEBU, op.cit, p.11). Les femmes sont plus touchées que les hommes avec 17,8% contre 10,8% au niveau des hommes. Suivant le groupe d'âges, le chômage est plus concentré entre 10 et 29 ans (17,2%) qu'aux autres groupes d'âges.

Au Burundi, en milieu urbain le taux de chômage atteint en moyenne 13,3% (stable entre 2006-2007). Il est probable que ce taux soit sous estimé car il ne tient pas compte des « chômeurs découragés », c'est-a-dire des personnes qui souhaiteraient exercer un emploi mais qui ont cessé d'en chercher un, faute d'espoir d'en trouver. Si on tient compte de ces personnes, le taux de chômage atteint 21% au Burundi en milieu urbain, en 2007, contre 19 en 2006. Ce taux élevé s'explique sans doute par la faible propension des jeunes à créer leur unité de production informelle(UPI)30(*).

La libéralisation du marché de l' emploi intervenu en 1992, accompagné d'une mesure législative non contraignante, a fait baisser quantitativement les formulaires de déclaration annuelle de la main d'oeuvre, paralysant du coup les services chargés de l'évaluation du marché du travail dans le secteur structuré et renforçant les difficultés d'information au niveau du secteur non structuré, déjà difficilement contrôlable par lesdits services (Ministère de la planification du développement et de la reconstruction, 2003, p.181).

La création des emplois se diffèrent selon le secteur. D'abord, dans le secteur public, les emplois sont concentrés dans les branches non marchandes. Cependant l'emploi industriel représente environ 25% des emplois dans les entreprises para-publiques, soit le double du poids que sur l'ensemble du marché du travail. Le secteur parapublic n'est pas très dynamique: de 1990 à 2004 ; il n'a créé que 7587 emplois.

Et enfin, la main-d'oeuvre du secteur informel, se concentre dans des établissements de petite taille ; 80% des emplois proviennent d'unités de production de moins de 6 personnes et 31,6% sont des autos emplois.

La précarité des établissements se mesure par le fait que moins d'un quart seulement des emplois sont réalisés dans de véritables établissements. Tandis que six emplois sur dix sont exercés sur la voie publique, un poste improvisé ou à domicile. Enfin 35% des emplois informels sont des travailleurs indépendants.

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons essayé d'analyser et d'étudier les particularités réelles du marché du travail dans les Pays en voie de développement d'abord et celui du Burundi en particulier. Même si on constate actuellement des hétérogénéités suivant les différents pays, il existe néanmoins de grandes similitudes concernant les caractéristiques de ces marchés. Le secteur informel constitue le mode d'insertion privilégié sur le marché du travail compte tenu du blocage de recrutement de la fonction publique et d'une offre de travail insuffisante de la part du marché du travail des firmes privées.

Conséquemment, de nombreux demandeurs d'emploi sont contraints d'exercer diverses activités, même dans l'illégalité, pour se procurer un revenu afin de survivre en opérant à travers divers réseaux sociaux. En quelque sorte, le secteur informel apporte aux pauvres et aux marginalisés un moyen de survivre, faute d'aides publiques telle que l'assurance chômage puisque l'État est incapable de remplir adéquatement son rôle en répondant aux besoins de sa population.

Le travail salarié qui était tout l'espoir et la raison de vivre de la population active s'est substitué à la culture de la "débrouillardise", de la survie. La population concernée recourt à d'autres moyens de subsistance pour pouvoir assurer une meilleure destinée à leur famille et lutter contre la pauvreté. Les unités informelles constituent un réservoir potentiel des petits entrepreneurs susceptibles de fonder un modèle de développement autocentré du pays.

Après l'expansion et l'évolution du SI, dans le 4eme chapitre nous allons décrire le SI, sa vraie place et son vrai rôle dans la vie socio-économique des gens oeuvrant dans ce secteur, sa manifestation et son fonctionnement dans la mairie de Bujumbura.

CHAPITRE IV. DEMARCHE EMPIRIQUE

Introduction

La démarche empirique fait pratiquement appel aux méthodes de collecte et d'analyse des données en vue de soumettre les hypothèses de travail à l'épreuve des faits. Deux approches méthodologiques sont possibles : la méthode hypothético-déductive et la méthode hypothético-inductive. Alors que la deuxième procède par induction ; c'est-à-dire une généralisation/théorisation à partir des cas ou des faits préalablement observés sur terrain, la première part des questionnements théoriques, assortis d'une ou plusieurs hypothèses, pour arriver à la vérification de celles-ci au moyen des données concrètes de terrain. Nous avons opté pour cette dernière.

Dans le cas d'espèce, deux hypothèses sont respectivement avancées, quitte à les confronter aux réalités du terrain en ce qui concerne les mécanismes de fonctionnement, les stratégies de développement, ou à défaut, de survie du secteur informel.

- Le secteur informel fonctionne comme un secteur d`absorption de la main d'oeuvre et contribue au supplément de revenu ;

- La pérennité tient au fait que les activités non structurées font partie des réalités de la vie quotidienne.

Pour confirmer ou infirmer ces hypothèses, notre premier pas consiste en élucidation des concepts clés et en leur traduction sous forme d'indicateurs mésurables, au mieux pertinents. La deuxième étape consiste en la délimitation spatio-temporelle du champ d'observation ainsi qu'au choix conséquent des unités d'observation. Troisièmement, la démarche empirique nous oblige à recourir aux différents instruments de collecte de données, ainsi bien quantitatives que qualitatives. En dernière instance, la collecte et le dépouillement des réponses devraient nous conduire à l'analyse ou au traitement des données ainsi recueillies ainsi qu'à leur interprétation; en veillant chaque fois à mettre en évidence les difficultés rencontrées lors des différentes étapes.

IV.1. Délimitation spatio-temporelles du champ d'observation

IV.1.1. La recherche documentaire

Pour obtenir les informations jugées nécessaires à la vérification des hypothèses, nous avons dans un premier temps reparti le travail de conceptualisation et d'illustration empirique en deux phases.

Dans un premier temps, il s'agit d'un travail purement documentaire qui consiste à consulter non seulement les différents plans quinquennaux de développement, mais aussi les différents rapports annuels produits par l'ISTEEBU ainsi que ceux produits par les Organismes internationaux préoccupés par les situations de chômage dans le monde et dans les PVD (BIT, BM).

Ce qui est recherché à travers ce parcours documentaire, c'est la découverte d'une quelconque relation déjà établie entre l'existence ou la multiplication des secteurs d'activités informelles d'un côté, et des contextes avérés de résorption de chômage, d'accroissement de revenus ou tout simplement de lutte contre la pauvreté, de l'autre côté (H1). Ce qui est également recherché, c'est la tendance générale du secteur informel, d'ici comme d'ailleurs, de subsister ou à perdurer à travers le temps, malgré les multiples tentatives tantôt de récupération, tantôt d'éviction par le secteur structuré à haute intensité du facteur « capital » (H2).

Pour y arriver, une relecture synthétique des études cas (espace) sur le secteur informel dans certains PVD d'une part, et une lecture de longue période (temps) du contenu des plans de développement socio-économique du Burundi d'autre part, s'avèrent nécessaires. A toutes fins utiles, rappelons que les premiers plans quinquennaux datent du milieu des années 70, période durant laquelle l'on assiste à une impulsion de la machine économique selon les schémas keynésiens.

IV.1.2. Collecte des informations de terrain

Dans un deuxième temps, notre démarche vise à obtenir des informations de « première main » à partir d'un matériau concret : l'état actuel du secteur informel dans certaines communes de la mairie de Bujumbura. Les observations sont particulièrement portées sur certaines unités informelles opérationnelles entre Décembre 2009 et Mars 2010. Notre travail consiste ainsi à confronter H1 et H2 aux observations concrètes du terrain indiqué.

Deux arguments principaux militent en faveur du choix de cette partie du terrain. Primo, c'est dans la ville-capitale où se produisent les changements, après le passage des moments de crise, dans le sens d'une demande de réinsertion sociale, socioprofessionnelle. Secundo, en tant qu'habitants des quartiers urbains, nous estimons avoir davantage d'accès facile à nos interlocuteurs potentiels, ne serait-ce que par la maîtrise de la langue de communication. Bref, le terrain est relativement propice à notre étude, même si du reste, il est difficile voire impossible de le contenir entièrement.

IV.1.3. Procédure d'échantillonnage et souplesse méthodologique

L'échantillon représente une partie de la population totale. Dans le cas d'espèce, où l'ensemble des communes et zones de la mairie de Bujumbura est considéré comme totalité, l'échantillon est alors constitué par quelques communes, zones ou quartiers de la mairie, choisis en essayant de respecter le critère de représentativité. En ce qui concerne le mode de choix de l'échantillon, nous avons recouru à autre mode qui nous permet de trouver l'échantillon reflétant les caractéristiques de la population étudiée: échantillonnage par choix raisonné. En effet, contrairement à l'échantillonnage par choix au hasard, il s'agit plutôt de repérer et de viser des unités d'observations présentant au mieux les caractéristiques voulues par les chercheurs.

Dans ce sens, trois communes urbaines constituent donc notre première sélection, à savoir : Rohero, Bwiza et Buyenzi. Dans l'ensemble, nous avons focalisé notre attention sur 92 unités d'observation, elles-mêmes constituées de 21 unités de production de biens, 27 unités d'échanges de service et 44 unités de commerces informels. Trois catégories d'interlocuteurs composent notre univers de répondants. Il s'agit essentiellement de :

1. « opérateurs » ou propriétaires des unités informelles, autant créatrices d'emplois que génératrices de revenus;

2. autorités administratives représentées ici par les agents du ministère de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, de la mairie de Bujumbura et de la SOGEMAC;

3. demandeurs ou bénéficiaires des biens et services offerts par la première catégorie d'interlocuteurs.

Alors que la procédure d'échantillonnage des unités composantes de la première et de la deuxième catégorie procède du choix raisonné, celle de la troisième catégorie procèdent quelque du choix par hasard puisque les personnes répondantes sont rencontrées aux lieux même d'approvisionnement. Il en est de même pour les commerçants ambulants.

Néanmoins, les difficultés se manifestent déjà à ce niveau. La première difficulté se trouve au niveau de la sélection des opérateurs et bénéficiaires répondants. En effet, les intervenants dans le secteur informel ne se prêtent pas facilement à l'observation empirique, et encore moins à l'enquête. Ceci est notamment dû à l'incompréhension des objectifs de l'enquête, à la suspicion d'un éventuel espionnage du service des impôts et domaines. Il y a la réticence ou même le refus de certaines personnes cibles de répondre au questionnaire; car craignant d'être menacées dans leur situation au regard de leur état d'informalité. Souvent, nous avons été obligés de décliner notre identité complète, notamment en présentation de notre carte d'étudiant. Cela nous a permis, et nous le croyons fermement, d'obtenir des informations fiables. Aussi, avons-nous parfois introduit soit une plaisanterie, soit une taquinerie afin de regagner la confiance des interlocuteurs.

Dans ce même ordre méthodologique, il nous a paru nécessaire d'utiliser une langue vernaculaire en vigueur au sein des différents lieux d'investigation, en l'occurrence le swahili, étant donné que la majorité des répondants sont, si pas analphabètes, au moins ne parlent et ne comprennent pas la langue française, et des fois même le kirundi. Enfin, dans le but de ne pas laisser de suspicion après notre passage, nous avons chaque fois promis de garder l'anonymat en ce qui concerne les personnes ayant livré des informations.

IV.1.4. Techniques de collecte des données de terrain

Compte tenu de la qualité et de la diversité des informations recherchées, la méthode d'observation directe a été privilégiée. Ce type d'observation permet en effet de rencontrer et d'échanger directement avec la personne répondante, surtout lorsque celle-ci n`a pas assez de temps pour répondre par écrit ou ne sait pas lire ou écrire. Au moment de l'entretien, nous avons suivi les phases suivantes :

- observation directe de ce qui se passe réellement et entretien de face-à-face avec le répondant dans chaque catégorie d'atelier (menuiserie, soudure, mécanicien, stands d'exposition des produits, lieu de vente, ...). Ce type d'observation permet de découvrir la présence des travailleurs, leur nombre, leurs caractéristiques apparentes, leurs mouvements, leurs habilités, etc. ;

- recueil des informations par prise superficielle de notes ; ce qui nous permet de garder la trace de ce qui est dit, de distinguer l'important de l'accessoire et sur lesquels nous pourrons rebondir tout en conservant une reproduction fidèle des paroles obtenues.

- confection et utilisation d'un questionnaire afin de recueillir le maximum d'informations et aussi de tester la stabilité des réponses obtenues au moment de l'interview.

Le questionnaire, dont un exemplaire sera annexé au document final, est exclusivement destiné à la catégorie d'opérateurs, présumés « créateurs d'emplois » pour autant qu'ils savent lire ou écrire. Il contient des questions aussi bien ouvertes que fermées, des questions à réponse unique et des questions à choix multiples. Dans l'ensemble, quinze questions avec des sous-questions ont été posées à la catégorie des opérateurs ; c'est-à-dire les propriétaires des unités observées. A notre appréciation, toutes les questions ont été formulées de façon compréhensible. Mais cela n'empêche qu'un bon nombre de questions posées n'ont pas trouvé des réponses satisfaisantes.

IV.1.5. Difficultés rencontrées

La procédure de collecte de données de terrain a été jonchée d'obstacles. D'où la faible quantité de réponses obtenues. Nous l'attribuons au caractère souterrain du secteur informel en général, et à une culture moins réceptive aux sondages d'opinion et un manque d'ouverture des répondants en particulier. En effet, quel que soit le type d'observation utilisé, la procédure de collecte des données s'est heurtée à des attitudes réticentes. La plupart de nos interlocuteurs répondaient comme quoi ils étaient très occupés à gagner leur pain quotidien. D'autres avaient plutôt des difficultés à nous répondre visiblement, de peur d'être attrapés par les agents policiers31(*).

Dans d'autres cas, les bénéficiaires n'acceptent pas de donner les informations sur les factures payées ou non (garage, ateliers,...) par peur de se compromettre eux-mêmes en montrant qu'ils achètent au moindre prix et « dans l'ombre ». Aussi, les autorités administratives ne disposent pas assez d'informations pertinentes sur les activités commerciales réalisées au sein du secteur informel. Il n'y a pas des données statistiques sur lesquelles on peut s'appuyer pour, non seulement décrire le secteur informel, mais aussi et surtout comprendre les mécanismes de fonctionnement dudit secteur. C'est en définitive ce manque des informations quantitatives fiables, qui nous a poussés à chercher d'autres sortes d'informations, notamment celles de type qualitatif.

IV.2. Analyse et interprétation des informations obtenues

IV.2.1. Résultats obtenus lors de la vérification de la première hypothèse

IV.2.1.1. Recherche documentaire

Les facteurs explicatifs du lien entre l'expansion du secteur informel et la lutte contre le chômage sont d'une part, la croissance de la population active suite à des facteurs démographiques et, d'autre part, l'incapacité du secteur d'économie moderne de fournir du travail à une population active en plein essor. Les possibilités d'emploi offertes par le secteur formel étant très faibles, la population se retrouve donc par contrainte dans le secteur informel.

En effet, le S.I. n'a cessé d'enregistrer de nouvelles recrues appartenant à toutes les tranches d'âge et provenant des villes comme des campagnes. De plus, la part de l'emploi informel est plus élevée dans les régions les plus pauvres des pays en développement, notamment l'Asie du Sud, l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud-Est. En Inde par exemple, en 1999-2000, la part de l'emploi informel était de 76,7 pour cent en région urbaine et de 94,8 pour cent en zone rurale (SAKTHIVEL S.; JODDAR Pinaki, 2006, pp.2107-2114). En RDC, en 2000, les statistiques ont fait état de 98% de la population active qui était directement frappée par le chômage, le S.I. a réussi pour sa part à prendre en charge 72% de la population active en lui offrant un emploi ou auto-emploi précaire soit-il (P. LUWANSANGU, 2006, p.12). Au Cameroun en 2006, les emplois sont tous autant prépondérants dans ce secteur, plus de 90% des actifs occupés y étaient employés.

Au Burundi, la population active était estimée à 2 765 945 en 2000. Elle est probablement près de 3 000 000 en 2007 (BIHUTE D., 2007, p.8). Le marché de l'emploi au Burundi est caractéristique d'une forte pression démographique où le secteur parapublic aussi n'est pas très dynamique: de 1990 à 2004; il n'a créé que 7587 emplois ne représentant que 0,89% de la population active (MUZANEZA V., 2007, p.8).

Les 47.785 unités de production informelles des activités marchandes non agricoles de Bujumbura emploient 83.332 personnes (ISTEEBU, op.cit, p.4). Ainsi, l'enquête sur l'emploi a permis de dénombrer qu'au début de 2006, Bujumbura Mairie comptait environ 57.000 unités de production informelles représentant près de 80% des emplois de la capitale (ISTEEBU, ibidem, p.22).

IV.2.1.2. La description des unités d'observation et la méthode des proportions

a) selon l'origine des répondants

Au total, 92 questionnaires ont été posés aux opérateurs, 40 aux bénéficiaires et 10 aux autorités administratives. Toutes les questions n'ont pas été répondues. Chez les opérateurs, seuls 84 sur 92 répondants ont donnés leurs feed-back (soit un taux de 91,3%). 3 sur 10 soit 30% côté administratifs et 22 sur 40 soit 55% coté bénéficiaires.

Tableau no 6: Questionnaires posés répondus et non répondus

Catégories d'interlocuteurs

Taux de réponses

Facteurs explicatifs de faible/ forte taux de réponses

Rép.

Non Rép.

Tot.

« Opérateurs » ou propriétaires des unités de production

84

8

92

- Suspicion,

- Manque d'ouverture,

- Manque de temps,

- Peur d'être attrapés par les agents policiers,

- La persécution par la loi,

- L'instabilité

Autorités administratives

3

7

10

- Ne disposent pas assez d'informations

pertinentes ou fiables sur les activités

informelles, - Indisponibilité quasi-permanente des

informateurs (occupation constante).

Bénéficiaires

22

18

40

- N'acceptent pas de donner les informations

sur les factures payées; - La peur d'être attrapé par leurs patrons; - Fréquentation des lieux soir (marché), ou

en cachète pour les uns. - Problème d'emplacement,

Toutes catégories

109

33

142

 

TAUX MOYEN:

58,8%

41,2%

100%

 

Source: Les auteurs

Légende : Rép: Répondants, Non Rép : Non Répondants, Tot : Total

Le tableau no7 montre que le total de 142 questionnaires qui ont été distribués, 109 représentant 58,8% ont été récupérés, ce qui nous a encouragé à continuer notre travail et à analyser les données. Pour analyser correctement les données recueillies, nous avons chiffré les réponses obtenues dans les tableaux, la fréquence des répondants étant retranscrits en colonnes et leurs réponses en lignes. Les réponses sont analysées et interprétées statistiquement en termes de pourcentage.

En tout état de cause, l'échantillon observé présente les caractéristiques principales suivantes :

b) selon le genre

Concernant les opérateurs interviewés (92 unités), le premier constat est que le monde informel dans le domaine production, commerce et service présente une prédominance masculine à hauteur de 57,61% contre 42,39% du sexe féminin (où elles font de la coiffure, de la couture, transformation alimentaire, etc.). La présence féminine est plus manifeste dans le domaine commercial avec 70,45% où les femmes s'activent le plus dans les activités de la restauration, de la gestion de tables de petit-déjeuner, beignets, dans la vente de légumes et de condiments, de produits maraîchers, etc.

L'enquête, comme en témoigne le tableau qui suit, fait ressortir le caractère hétérogène du secteur informel. La diversité se manifeste à tout point de vue.

Tableau no7 : La composition du secteur informel du point de vue genre.

Sexe

Effectif

Total

%

Opérateurs

Bénéficiaires

Aut. adm.

Prod.

Comm.

Serv.

Prod.

Comm.

Serv.

Féminin

4

31

4

4

17

3

2

65

45,8

Masculin

17

13

23

5

3

8

8

77

54,2

Total

21

44

27

9

20

11

10

142

100

Source : Les auteurs

Légende: Prod.: production ; Comm.: commerce ; Serv.: service ; Aut. adm.: Autorités administratives

En ce qui concerne les bénéficiaires, les femmes sont demandeuses des biens et services du S.I. à l'échelle de 24 sur 40 soit 60% que les hommes avec 16 sur 40 soit 40%. La prédominance féminine est très remarquable dans le domaine commercial alors que les hommes dominent dans le domaine « production et services». Des revenus additionnels sont nécessaires pour subvenir aux besoins des familles et contrer l'augmentation du coût de la vie et ce sont eux qui s'occupent de sa gestion. Le marchandage est un rite qui joue sur la mouvance des prix. L'utilité du secteur est observable aussi bien au niveau des populations de la mairie que des familles des acteurs.

IV.2.1.3. Création d'emplois

a) Tendance générale

Le secteur privé informel est le principal pourvoyeur d'emploi, avec une part contributive de plus 79,5%, suivi par les entreprises privées formelles qui interviennent à hauteur de 13,7%, l'administration publique pour 3,5% et entreprises publiques pour 3.2%. La régulation sur le marché du travail tend à se faire par le secteur informel qui représente une part toujours plus importante de l'emploi.

Tableau no8 : Structure des emplois par secteur institutionnel

Secteur institutionnel

Effectif

Répartition en %

Administration publique

Entreprises publiques

Entreprises privées formelles

Entreprises privées informelles

4 576

4 152

17 747

102 727

3,5

3.2

13.7

79.5

Total

129 202

100

Source : ISTEEBU, Enquête phase 1, Bujumbura 2006

Graphique 02 : Structure des emplois par secteur institutionnel

Comme en témoigne notre enquête, le tableau qui suit, montre les fréquences et les pourcentages des emplois de courte durée créés dans des différentes activités informelles cette année.

Tableau no9: Création d'emploi

Réponses

Fréquence

Pourcentage

En fonction de la demande de nos produits

76

42,3

Oui (assez)

62

34,4

Pas assez

42

23.3

Total

180

100

Source : Les auteurs

A la question de savoir si les emplois sont créés, la réponse est positive. En effet, sur le total de 92 enquêtés, la majorité d'entre eux 76 sur 180 soit 42,3% déclarent qu'ils ont créé beaucoup d'emplois en fonction de la demande de leurs produits, 62 sur 180 soit 34,4% ont augmenté le nombre de personnes engagées tandis que 42 soit 23,3% disent qu'ils n'ont pas créé assez d'emplois.

Les données fournies par les interviewés démontrent que,  la majorité des personnes interrogées propriétaire ou représentant des unités différentes ont créé d'emplois, par rapport au nombre des personnes qu'ils ont engagé la période précédente. Ils soutiennent l'idée de poursuite de création d'emplois si l'Etat ou les banques acceptaient de les octroyer des crédits.

En rapport avec les emplois créés, les informations que nous trouvons sur terrain, l'offre et l'accès à l'emploi dans ce secteur sont considérés d'une part, comme une stratégie de survie pour les plus vulnérables et les non qualifiés en l'absence d'autres choix. Et d'autre part, le secteur est considéré comme un absorbant de l'excédent de population active, en fournissant des biens et des services aux groupes à faible revenu ou aux populations qualifiées en chômage. « Nous sommes pauvres et nous ne pouvons nous permettre de rester inactifs car nous devons gagner de quoi vivre. Beaucoup entre nous, faute de possibilités de trouver un bon emploi, nous restons ici. Pas de choix » déclarent-ils.

L'observation directe montre que les emplois sont réguliers et les phénomènes saisonniers très marqués. La mesure de l'emploi informel durant notre enquête est basée sur la demande de travail, dans la mesure où celle-ci est totalement déterminée par l'offre de travail.

De façon général, s'il n'ya pas de demande accrue de biens et services, il n'y aurait pas création d'emplois. Car la création d'emplois est en fonction du nombre des commandes reçues, qui leur permettent d'augmenter le nombre de personnes engagées.

b) Mode d'affectation des bénéfices comme indicateur 1 de création d'emplois

A la question de savoir comment les bénéfices provenant des activités informelles sont affectés, le tableau suivant livre les informations suivantes:

Tableau no10: Affectation des bénéfices dans le SI

Réponses

Fréquence

Pourcentage

Embauche de nouveaux ouvriers ou jobistes

74

46,25

Redistribution aux membres, travailleurs déjà engagés

54

33,75

Achat de l'outillage et machines

32

20

Total

160

100

Source : Les auteurs

La grande part des bénéfices des opérateurs du SI observés sont affectés dans l'embauche de nouveaux ouvriers ou jobistes.

En effet, 74 sur 160, soit un taux de 46,25% ou presque la moitié des répondants le déclarent ainsi, pendant que la redistribution aux membres, travailleurs déjà engagés n'est signalée que par 54 répondants sur 160, soit 33,75% et l'achat de l'outillage et machines; pour une fréquence de 32 sur 160, soit 20 % des opérateurs répondants.

Selon le degré de détail au niveau des informations collectées, la plupart des activités informelles sont réalisées à l'aide d'un faible capital investi quasi quotidiennement et dont le renouvellement dépend des affaires du jour. Dans un contexte de survie, il est impossible d'envisager des perspectives à moyen ou long terme.

Comme le recrutement est fait en fonction des commandes reçues, plus le bénéfice est élevé, plus le recrutement se fait davantage.

c) Origine des demandeurs d'emplois comme indicateur 2 de la création d'emploi.

Pour trouver un candidat correspondant aux besoins d'une organisation dans un poste donné, on fait recours au recrutement où le postulat se présente et fait état de ses capacités à bien mener la tache qu'il sollicite. Quelle est la catégorie des personnes le plus souvent embauchée dans le S.I.?

Tableau n11: Embauche dans le SI selon catégorie

Réponses

Fréquence

Pourcentage

Toute personne qui se présente

86

70

Etudiants (en mécanique, écoles techniques)

32

26

Diplômés

5

4

Total

123

100

Source : Les auteurs

Ce tableau analyse la catégorie des personnes le plus souvent embauchée dans le secteur informel d'où la majorité 86 sur 123 = 0,699187; soit presque 70% déclarent engager toute personne qui se présente à la recherche d'un emploi. Les propriétaires soutiennent l'idée selon laquelle l'embauche consiste à engager dans des liens professionnels des personnes issues de la famille comme nous l'avons constaté dans certains garages, des amis ou des personnes recommandées par des proches32(*). 32 sur 123 soit 26% sont des étudiants fréquentant la section mécanique ou les écoles techniques étant vacanciers ou stagiaires. 5 sur 123 soit 4% seulement sont des diplômés.

Les informations analysées dans ce tableau nous montrent qu'en plus de toute personne à la recherche d'emploi, des gens instruits en attente d'un emploi trouvent refuge dans le secteur informel.

K.S. vendeur de téléphones d'occasion sans emplacement fixe nous déclare : « je suis diplômé universitaire, ce manque d'emploi montre que l'Etat a échoué, s'il faisait bien son travail en donnant l'emploi aux jeunes, je ne serais pas en train de faire ce travail ». L'incapacité des économies à créer le nombre d'emplois nécessaires pour absorber la main-d'oeuvre existante, constitue l'une des causes de l'expansion de l'économie non-formelle comme on nous a expliqué les menuisiers interviewés, « nous avons peur de rester inactifs alors que nous avons des familles, il faut trouver des moyens pour survivre ».

Le S.I. apparaît donc ici comme une réponse à la crise de l'emploi dans le secteur moderne car il permet aux chômeurs d'avoir un emploi. « Ce que je fais me permet de me sentir utile, de travailler véritablement », a-t-il nous déclaré un réparateur de téléphone rencontré au Bata.

Pour être recruté, il suffit tout simplement avoir la capacité de travailler et/ou la volonté d'accepter des postes désirés.

d) Mode de communication à l'embauche comme indicateur 3 de la création d'emploi

La circulation de l'information sur le marché du travail informel lors de recrutement se fait par quels mécanismes de communication? Le tableau ci-après montre certains modes de recrutement de la main-d'oeuvre dans le SI.

Tableau no12: Mécanisme de communication pendant le recrutement

Réponses

Fréquence

Pourcentage

Bouche à oreille entre le recruté et le recrutant

60

43,48

Bouche à oreille entre amis et connaissances

53

38,40

Réseau d'affinités parentales, familiales

25

18,12

Annonce publicitaire

0

0

Total

138

100

Source : Les auteurs

La majorité des propriétaires recrutent à partir de la communication de bouche à oreille entre le recruté et le recrutant à raison de 60 sur 138 soit 43,48%. Le recrutement de l'employé peut ne pas correspondre à un besoin particulier du garage ou atelier, ni tenir compte des qualifications de l'employé comme la majorité des propriétaires nous le déclarent. Il s'agit d'une forme de solidarité qui consiste à offrir à l'employé un travail et les moyens de survie par le biais du travail, au-delà des actes caritatifs ponctuels conformément aux traditions de solidarité, et au dicton qui veut qu'au lieu de donner du poisson à quelqu'un on lui apprenne plutôt à pêcher. On supplée ainsi à la charité par le travail. 53 sur 138 soit 38,4% se caractérisent par la communication de bouche à oreille entre amis et connaissances.

25 sur 138 soit 18,12% montre la présence de réseau d'affinités parentales, familiales entre employeurs et employés. Il faut noter que parmi les interviewés, personne n'a trouvé son emploi par l'intermédiaire des services de l'annonce publicitaire (une offre diffusée dans les médias).

Comme nous l'avons constaté, le recrutement est différent de ce qui se fait dans l'entreprise formelle. Il ne répond pas au schéma classique du processus de recrutement. Ce processus va de la détection des besoins jusqu'à l'intégration en passant par la recherche de candidat, la sélection. Les relations d'emploi, lorsqu'elles existent, sont surtout fondées sur l'emploi occasionnel, les liens de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme.

Le recrutement dans les ateliers et garages visités répond à une toute autre logique. Il est fortement empreint d'une dimension d'interaction sociale et revêt les caractéristiques suivantes:

v il se fait par recommandation et passe par le canal des relations à travers l'intermédiation. Cette recommandation peut se faire par le billet d'un parent proche, d'un ami ou une connaissance;

Par exemple K.U, chef d'un garage nous dit ceci: «je recrute parce que les

parents ou les amis me confient leurs enfants pour que je leur apprenne le métier»

· I. (Chef d'atelier de menuiserie) « je fais le recrutement par recommandation des amis ou des parents»

v le recrutement a une valeur d'insertion du fait que les apprentis sont intégrés après intermédiation et grâce à un parent proche et après leur échec à l'école le plus souvent.

· B. (apprenti menuisier) «après avoir raté mon examen d'entrée en septième, ma mère m'a amené dans l'atelier, je n'avais pas le choix»

v le recrutement est effectué en tenant compte de la sauvegarde de la bonne relation avec les autres opérateurs. Cela passe par un consensus de ne pas débaucher l'apprenti d'un autre. Cette relation obéit donc à une certaine éthique.

· J.M. (chef d'atelier soudure) «on ne prend pas les apprentis des autres car cela peut gâcher nos relations avec les autres».

· C. (Cheftaine d'un atelier de couture) «il n'est pas bon de prendre les apprentis des autres car ce sont eux qui les ont formés».

Les observations faites sur terrain nous ont montré que le travail (la recherche de main d'oeuvre) dans le S.I. est indissociable du rapport paternaliste qu'il entretient avec les gens du même secteur d'activité. La solidarité s'inscrit dans une logique de consolidation des liens sociaux entre les partis contractants. Catherine Coquery V. écrit à ce sujet que « le travail est toujours organisé de façon paternaliste reposant sur des relations de parentèle ou de clientèle » (Coquery V.C., 1991, p.184).

e) le revenu procuré dans les activités informelles exercées parallèlement aux activités professionnelles formelles

Pendant l'enquête, nous avons pu identifier 20 unités appartenant aux fonctionnaires du public ou du privé. Parmi ces unités, 17 sur 26 boutiques ou kiosques de quartier appartiennent aux fonctionnaires. 3 sur 9 restaurants implantés tout prêt des grands services sont des propriétés de chef de service ou travaillent dans ce service.

A la question de savoir l'importance du revenu procuré par des activités exercées par les fonctionnaires, parallèlement à leurs activités professionnelles dans l'informel pour eux et/ou pour leur famille. Les réponses suivantes ont été données.

Tableau no 13 : Supplément de revenu

Réponses

Fréquence

Pourcentage

Profitable (gain ou supplément de revenu)

14

70

Occupation (après les heures de service)

05

25

Non profitable

01

5

Total

20

100

Source : Les auteurs

La majorité de propriétaires c'est-à-dire 14 sur 20 soit 70%, nous a déclaré que la pluriactivité est profitable car elle leur aide de suppléer à l'insuffisance de leur revenu formel. En bref, ils sont guidés par le souci d'accroître leurs revenus. 5 sur 20 soit 25% déclarent qu'il s'agit d'une occupation et 1 sur 20 soutiennent l'idée selon laquelle le revenu qu'ils en tirent est non seulement minime et même l'argent gagné ne peut pas satisfaire leurs besoins fondamentaux.

Conclusion partielle

Tout au long de cette vérification du H1, la recherche nous a d'abord montré que le secteur informel est très hétérogène. Dans les unités commerciales enquêtées, les femmes sont représentées soit 70,45%.

Du point de vue social, l'informel dans la mairie de Bujumbura contribue à la réduction de la crise sociale. La majorité des opérateurs propriétaires de différentes unités informelles 76 sur 180 soit 42,3% déclarent avoir créé d'emplois en fonction de la demande de leurs produits, et 62 sur 180 soit 34,4% ont augmenté le nombre de personnes engagées. Il est à noter que des unités comme celles de menuiserie, de soudure, de restaurant, de garage comptent un personnel de plus de cinq (5) individus.

Par rapport au niveau d'accroissement de revenus, la pluriactivité est fréquente et permet l'autofinancement des acteurs qui restent trop méfiants vis-à-vis des structures financières formelles.

Les 20 unités identifiées appartenant aux fonctionnaires du public ou du privé, la majorité c'est-à-dire 14 sur 20 soit 70% nous a déclaré que des activités informelles sont profitables, car contribuent-elles à l'insuffisance du revenu formel.

Pareils résultats corroborent entièrement notre hypothèse émise. Et c'est la l'une de mérites de notre étude.

L'existence des activités du SI et des petits métiers se trouve menacée de disparition ou souvent soumises aux tracasseries les plus diverses (administratives, policières et personnelles). Suite à ces diverses tracasseries en question, les acteurs du SI parviennent à adopter des stratégies pour inscrire leurs actions dans la durée. En vue de remédier à cet état de fait, des apparences clandestines, illicites, corruptions, métamorphoses etc., se manifestent dans le but de perdurer leurs activités.

IV.2.2. Résultats obtenus lors de la vérification de la deuxième hypothèse.

L'analyse de résultats précédents réfère à la méthode quantitative. Elle va du dépouillement des réponses reçues, du traitement de ces dernières jusqu'à l'interprétation des résultats obtenus en passant par la transcription des données dans les tableaux. Elle fait donc appel aux statistiques simples, en l'occurrence les méthodes des proportions. La méthode qualitative, quant à elle, réfère à l'analyse de contenu ; soit du discours, soit des opinions en ce qui concerne la survivance du S.I. dans le contexte typiquement burundais. Nous allons, dans cette section, mettre en évidence la pérennité des activités informelles, malgré les multiples tentatives d'éviction par le secteur structuré. Pour évaluer cette pérennité, nous nous sommes basés sur la notion de durée d'une part, et sur celle de métamorphose (c'est-à-dire le fait de changer le lieu et/ou la façon de travailler plutôt que disparaître) d'autre part.

IV.2.2.1. Sur la recherche documentaire

Contrairement à ce qu'on a longtemps supposé, le secteur informel n'est pas un phénomène passager, ni marginal et voué à disparaître à moyen terme. Son ampleur et sa complexité grandissantes dans la vie économique, sociale et politique des pays en développement, en général, et d'Afrique, en particulier, sont une réalité incontestée et de plus en plus reconnue.

Le constat qui ressort depuis une vingtaine d'années est que le secteur informel grossit de jour en jour là où le développement économique se fait attendre. Les estimations indiquent qu'en Afrique, au cours de ces quelques dix dernières années, le travail informel a représenté près de 80 pour cent de l'emploi non agricole, plus de 60 pour cent de l'emploi urbain et plus de 90 pour cent des emplois nouveaux en Afrique. En Amérique latine, la proportion de l'emploi informel urbain par rapport à l'emploi urbain total est passée de 52 pour cent en 1990 à 58 pour cent en 1997, et en Asie, la proportion des travailleurs informels est comprise entre 45 et 85 pour cent de l'emploi non agricole, et entre 40 et 60 pour cent de l'emploi urbain (Carlos MALDONADO et al., 2004, p.1).

L'individu qui recherche un emploi, c'est la lutte contre la pauvreté. Le principal facteur, ou la porte centrale d'insertion sociale et de la réduction de la pauvreté est l'accès à l'emploi (VERSTRAETE T., SAPORTA B., 2006, pp.183-196). Dans les pays en développement, les masses populaires ont dû incorporer de nouvelles règles de comportement socio-économique sous l'influence de la modernisation. Elles ont su en même temps, conserver des formes de solidarité et d'organisation communautaire, capables d'assurer la "sécurité sociale" des individus membres, particulièrement en temps de crise.

Toutefois, l'échec de la plupart des programmes de développement et de lutte contre la pauvreté présentés comme des outils décisifs de promotion des activités génératrices de revenu et de lutte contre la pauvreté, est censé permettre au S.I. de pérenniser leurs activités.

Les stratégies pour la promotion de l'emploi au Burundi ont déjà été faites maintes fois (CSLP- Intérimaire, 2002). Elles figurent notamment dans le rapport national de développement du Burundi et dans le CSLP-Intérimaire de Juillet 2002. D'autres stratégies sont connues depuis longtemps de services concernés. Mais le financement de la Banque Mondiale en 1990 pour la conception d'une politique national de l'emploi. Les fonds se sont épuisés avant que la politique ne soit conçue (Ministère de la planification du développement et de la reconstruction: 2006, pp 119-124).

Le secteur informel, au Burundi depuis une vingtaine d'années, a fait la preuve de son dynamisme. Il s'est développé sans l'aide et l'appui des pouvoirs publics malgré les mesures et actions prises en sa faveur dans la lutte contre la pauvreté qui n'ont pas été mis en application.

IV.2.2.2. Réponses obtenues après le travail de terrain

a) Analyse des réponses obtenues à travers le contenu du tableau ci-dessous

Dans les tableaux ci-dessous, nous mettons en évidence quelques cas illustratifs qui, à notre avis, prouvent que les activités informelles ont continué à marquer leur présence, en dépit des contraintes et faiblesses liées à leur fonctionnement. Non seulement ont-elles participé à la résorption du chômage, mais aussi et, au cas échéant, ont-elles supplée à la carence de revenu des familles pauvres.

Pour mettre clairement en évidence cette pérennité ou survivance, nous mettrons en parallèle quatre colonnes de contenus sous la forme « conflictuelle »: de gauche vers à droite, identification des sous-unités observées, expression de la volonté politique, formes de résistances des acteurs, et enfin nos propres observations : avec description du conflit et solutions trouvées.

Tableau no 14 : Accueil des différentes opinions des différentes personnes en

rapport avec la pérennité des activités informelles33(*).

1. Commerce ambulant

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Commerce ambulant (carton, panier sur la tête, vendre au bord de la route et couturiers etc.)

- Revendication du droit à l'espace public par l'administration municipale de Bujumbura. (kugabanya akajagari mu gisagara)

-Nous ne pouvons pas quitter cet endroit parce que c'est là où nous gagnons notre pain quotidien, pour nous et pour notre famille.

-Il y a moyen de gagner la vie grâce à ce métier car il fait vivre de nombreuses familles.

(Annexe no1).

Confrontation incessante entre la police et les vendeurs ambulants dans les rues se trouvant aux alentours de marché central de Bujumbura et dans des quartiers. Etre chassé pour revenir, il s'agit donc d'un conflit entre le droit à l'espace public et le droit de survie. (Annexe no2)

Pour que cette activité perdure, les acteurs du SI adoptent les stratégies de : mobilité, pots de vin aux agents policiers.

Source : Les auteurs

2. Commerce des fruits et légumes (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Commerce des fruits et légumes. (vendeuses à la sauvette autour du marché central de Bujumbura)

-Selon l'Administrateur de la commune urbaine de Rohero, l'effectif de ces femmes vendeuses est allé croissant et de préciser qu'avant, elles étaient évaluées entre 13 et 14 et que aujourd'hui elles arrivent à 800 femmes vendeuses. (MISIGARO Déo, 2010, p.17). Il continue en disant que, «Si elles refusent de quitter les trottoirs, nous allons utiliser la force ». (NKURUNZIZA Lyse, 2010, p.13)

(Annexe no3)

- « Nous sommes traquées continuellement par la police et nous travaillons la peur au ventre, mais je ne suis pas prête à quitter cet endroit ».

La décision de nous envoyer dans les marchés périphériques de la municipalité de Bujumbura ne peut pas nous permettre de survivre ; donc la clientèle de fruit se trouve plus au centre-ville qu'à la périphérie de la capitale.

-Aménagement de nouveaux stands du coté nord du marché central de Bujumbura « Le grenier du Burundi» mais une grande partie se voit inoccupé. (Annexe no4)

-Elles ne sont pas inquiétées par l'administration municipale. (Annexe no5)

Remarquons que ce n'est pas la première fois que la mairie accorde une trêve à ces vendeuses. La mesure de les chasser aux alentours de ce marché a toujours évolué en dents de scie. Tantôt, elles bénéficient de la compréhension de la mairie, tantôt elles souhaitent que les conditions dans lesquelles elles travaillent aujourd'hui soient perçues comme une approbation définitive de la mairie. Ainsi, elles auront fini d'être des acrobates.

Dans le cadre de pérenniser leurs activités, les commerçants, restent chaque fois prêts à fuir à l'arrivée des agents policiers de peur de confisquer leurs biens (marchandises).

3. Transport : vélos et de taxis-motos (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Transport : vélos et de taxis-motos

- En 2006, le Ministre des Transports a tenté d'interdire leurs activités mais cette mesure a suscité une vague de colère ainsi que des troubles sociaux au point que le Président du Burundi a été contraint de l'annuler (TRANS-AFRICA, 2009, p.18). En réalité, cette activité génère des revenus significatifs pour de nombreux Burundais dans un pays qui tente de se remettre de plusieurs années de guerre civile.

Nous sommes des chômeurs, nous n'avons pas d'autres moyens pour vivre. On nous a envoyé dans les banlieues de la ville, mais pas de clientèle. «Privés de moyens de subsistance, nous préférons travailler le matin avant que la police envahisse les routes » ont-ils déclaré.

Depuis des mois, les anciens conducteurs de taxi-vélo, accusés par les autorités, comme ses collègues, d'être la cause de trop nombreux accidents. Il leur interdit de circuler en ville. Malgré la décision prise, en sillonnant les routes de la ville, on remarque que ces transporteurs continuent à fonctionner.

4. Petits Restaurants (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Petits Restaurants

Les commerçants alimentaires ignorent les règles élémentaires d'hygiène et de salubrité.

 (Annexe no6)

La vie n'est pas du tout facile pour certaine famille vivant en mairie de Bujumbura. Ainsi pour pouvoir vivre et faire vivre nos familles, nous nous débrouillons en plantant des petits restaurants sur des lieux où passent et travaillent beaucoup de gens même si ce n'est pas permis par le service d'hygiène. Bien que cela soit fatiguant, nous parvenons à assurer la vie de nos familles.

Dans des quartiers comme au côté de marché central de Bujumbura et celui de Ruvumera, des restaurants poussent comme des champignons. Condition d'hygiène précaire: utilisation de récipients très impropres comme nous l'avons constaté dans certains restaurants et cabarets. Les propriétaires travaillent dans la clandestinité, en mettant les repas dans des petits sceaux avant de les acheminent vers le lieu de travail de leurs clients.

5. Droit d'auteur (audiovisuel) (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvés

Droit d'auteur (La lutte contre la contrefaçon et la piraterie34(*): cas des oeuvres musicales et films)

La législation relative au droit d'auteur est la Loi N°1 / 021 du 30 décembre 2005 portant protection du Droit d'auteur et des droits voisins au Burundi.

- « Depuis deux ans, j'étais sans emploi. Aujourd'hui Dieu merci, je travaille et je ne peux pas arrêter cette activité. Pour moi, c'est une passion et ça donne beaucoup d'argent sans que je ne sois obligé de faire beaucoup d'effort. et je sens que ça va continuer à bien marcher ».

Les vendeurs des produits sur le marché illégal des oeuvres musicales ou films sont observés dans les rues de la ville de Bujumbura, d'autres sont installés dans le marché central, d'autres dans les kiosques.

La majorité des « vendeurs »35(*) sont en général les plus jeunes. Ils n'exercent que cette activité au quotidien et sont des vendeurs ambulants. Un sac au dos et des CD, DVD,VCD en main, ils écument tous les milieux à la recherche des clients (bars, restaurants, domiciles, marchés, etc). De temps en temps, ils sont interpellés par quelque passant intéressé. A l'interpellation, ils s'arrêtent et vont vers le passant. Celui-ci leur demande s'ils ont le produit qu'il souhaiterait acheter, ou encore il parcourt les différents produits disponibles, et s'il est intéressé, il en achète. Au cas contraire, il passe la commande ou laisse le vendeur s'en aller, attendant un prochain vendeur qui passerait par là. Ils font des déplacements incessants pour échapper aux agents de la police tout en gardant leur produit dans des petits sacs.

6. Les changeurs de monnaie (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvées

Les changeurs  de devises de la zone dite "d'échange préférentiel", située au centre-ville de Bujumbura, sur le boulevard du Prince Louis Rwagasore et autour du marché central.

La loi de 2006 de la BRB oblige les changeurs à opérer dans des bureaux officiels« Bureaux de change : FOREX » et à verser des redevances à l'État.

«L'économie informelle est principale cause des fuites fiscales, ses mouvements monétaires sont invisibles, ces opérations ne laissent aucune trace. La majorité de leurs opérations ne sont pas enregistrées et donc non imposables. L'Etat y perd beaucoup car les bureaux de change ne déclarent que les devises qu'ils retirent de la BRB ».( MADIRISHA Edouard, 2009, p.7)

Il nous est difficile de louer un bureau de change faute de moyens, et nous préférons rencontrer nos clients à leurs lieux de travail, par exemple au parking des agences de transport international des biens et des personnes.

Chaque jour, du matin au soir, on rencontre un grand nombre des changeurs de monnaie en tenant des sachets noirs pleins de devises guettant en tous sens, en quête d'un client potentiel. Et pour surveiller l'arrivée des éléments de la police nationale qui ramassent les liasses de billets et emprisonnent les changeurs.

Certains de ces bureaux sont vides. On n'y voit que des chaises et un tableau noir où s'affiche le cours de change du jour de la Banque centrale qui sert de référence. Ils travaillent en clandestinité, en se métamorphosant en commerçants ordinaires ou en se déguisant comme s'ils sont des simples passants. La coopération avec ceux des banques leur permet de trouver facilement du capital.

7. Eleveurs (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvés

Eleveurs 

Les Propriétaires des vaches en situation de « déplacées de guerre » dans la Municipalité de Bujumbura.

L'Ordonnance ministérielle n° 730/710/770/307/CAB/2006 du 11/04/2006 portant « Mesures d'évacuation du bétail dans les Communes urbaines de la Municipalité de Bujumbura » à compter du premier mai 2006 ; elle donne ordre aux éleveurs d'acheminer leur bétail (près de 15 000 bêtes selon le gouvernement)36(*)au site aménagé entre les transversales 13 et 16 à Maramvya, Commune Mutimbuzi, avec double motif que la présence de leurs bovins constituerait un facteur de pollution du Lac Tanganyika et détruirait en même temps l'environnement.

(Annexe no7)

De leur avis, les éleveurs disent que, rien ne justifie l'acharnement contre les vaches qui viennent de passer plus de 12 ans dans la Capitale, et cela, par les autorités qui devraient normalement s'investir pour protéger le peu de vaches ayant survécu à la guerre.

Nous devons absolument le dire, cette attitude contredit le programme annoncé par le Gouvernement actuel qui place le repeuplement du Cheptel parmi les priorités des priorités, déclarent les éleveurs.

Malgré l'interdiction d'installation du Cheptel bovin dans la zone de la Rukoko historiquement réservée à cette activité et la demande à l'Administration et au Commandant de la police de l'Environnement, tous les deux en charge de la gestion de cette zone d'agir pour faire respecter cette loi(remise en état des espaces naturels et de la biodiversité).

Les éleveurs tiennent à rappeler qu'avant la crise, leur Cheptel occupait, pour la plupart, la partie de la réserve RUKOKO aménagée, depuis l'époque de la Monarchie, pour l'élevage.

Les éleveurs sont convaincus que rien ne justifie le déplacement systématique des vaches en stabulation permanente. Certains éleveurs n'ont pas acheminé leurs bétails vers Maramvya en préférant de les garder dans leur clôture dans la Capitale qui semblait plus rassurante.

8. Exploitations de gravier et moellon. (les extracteurs de gravier et de moellon dans les rivières) (Tableau 15 : suite)

Sous-unités

Expression de la volonté politique

Formes de résistances des acteurs

Observations : Description du conflit et solutions trouvés

Extraction du gravier, du moellon de rivière et du sable

Au Burundi, l'Etat est préoccupé par la protection et l'amélioration de l'Environnement, d'où la promulgation de la Loi n°1/010 du 30/06/2000 portant Code l'Environnement de la République du BURUNDI.

La prévention en vue de la protection de l'Environnement s'observe aussi, dans le domaine de la recherche minière et d'exploitation des carrières ou des mines. C'est ainsi que le Code pénal de l'Environnement prévoit, En outre, les travaux, ouvrages et aménagements le long des cours d'eau et des lacs doivent être conçus de manière à ne pas porter atteinte aux ressources naturelles situées dans les eaux sous juridiction burundaise.

Ce travail nous procure un revenu non négligeable afin de subvenir à nos besoins .Nous risquons de mourir de faim une fois arrêter ce travail malgré les conséquences.

Annexe no 8

Constatation des activités d'exploitations de gravier et moellon d'une manière désordonnée dans la rivière Ntahangwa devenue un véritable chantier. Arriver là, on est accueilli par des camions entrain de charger du moellon et du sable extraits sur place, malgré la destruction du lit de cette rivière causant d'érosion. Or, l'article 35, qui dit que les travaux de recherche minière et d'exploitation des carrières ou des mines, entrepris conformément à la législation minière, doivent être organisés dans le strict respect de l'équilibre environnemental et que les permis, autorisations ou concessions de recherche ou d'exploitation des carrières ou des substances concessibles ne peuvent être octroyés que dans le respect des exigences imposées par la procédure d'étude d'impact.

Les stratégies prises pour pérenniser cette activité malgré son interdiction, ils collaborent avec les autorités en place, en leur offrant de pot de vins.

Conclusion partielle

A la lumière de l'analyse de ces opinions et en tenant compte des réalités de la vie quotidienne des opérateurs du SI, la recherche de sources nouvelles d'emplois et de revenus permettant d'assurer le minimum pour vivre s'avère comme un outil pour garantir la pérennité. Les résultats obtenus confortent notre deuxième hypothèse de recherche. L'analyse de l'ensemble des données recueillies nous montre que, sans que les défis (pauvreté et chômage) soient relevés, l'économie informelle continuera à prendre l'allure d'un tranquillisant, des activités économiques comme d'un mal nécessaire dans un contexte de survie, comme aussi d'un cache-misère des masses populaires. L'économie informelle calme les tensions, nourrit des espoirs et aide à survivre. Survivre mal, mais survivre en attendant mieux.

Les principales stratégies mises en oeuvre pour faire perdurer leurs activités sont :

- Clandestinité

- Pot de vins ou corruption

- Mobilité

- Métamorphose

- Déguisement

C'est la mise en évidence de ces différentes stratégies qui nous auront permis de confirmer notre deuxième hypothèse de recherche, 2eme mérite du présent travail.

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

Arrivés au terme de notre travail de recherche « essai d'analyse du fonctionnement du secteur informel au Burundi », il nous revient de résumer les faits saillants ainsi que les principaux résultats auxquels notre étude a abouti.

Comme nous l'avions mentionné dans les premiers chapitres, le Burundi s'est engagé depuis quelques années dans l'adoption des programmes et stratégies économiques à haute intensité de main d'oeuvre, en l'occurrence les stratégies de croissance économique et de lutte contre la pauvreté (CSLP) ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ces stratégies favorisent pour la plupart la création d'activités génératrices de revenus, avec l'assistance des institutions financières nationales et internationales : réseaux microfinance, Banque mondiale, Bureau International du Travail, ...

L'implication de ces derniers intervenants se fonde notamment sur l'idée qu'ailleurs dans les pays en voie de développement, le secteur informel, appelé également « secteur non structuré » participe de façon significative à la lutte contre la pauvreté de manière générale. Les exemples du Kenya, de la Colombie, de la Corée du Sud, du Chili, ... ont été évoqués en guise d'illustration. Dans les différents pays, il permet notamment aux populations laissées pour compte par le système de fonctionnariat et de sécurité sociale du secteur public ou par les pôles performants du secteur privé, de ne pas subir les effets néfastes de l'exclusion et de la marginalisation.

Au Burundi, le secteur informel existe et demeure même prépondérant étant donné les structures et les lourdes tendances démographiques et, en particulier, le fort degré d'inadéquation « Formation - Emplois » dans le secteur structuré. De là, nous nous sommes posés la question de savoir si le secteur informel, tout en demeurant méconnu voire même combattu, jouerait un rôle considérable au Burundi, du moins sur le plan microéconomique comme cela a été observé dans d'autres pays ayant connu des situations similaires : sous-développement, rareté du facteur « capital », situations de guerre, pauvreté de masse, une intensification du chômage, etc.

Certes, au niveau macro, le secteur informel contribue l'économie nationale (PIB) à concurrence de 77%, selon les statistiques de l'ISTEEBU 2006 mai 2008. Par hypothèse, cette contribution si considérable, mais « souterraine » se traduit par la création d'emplois ou d'absorption de la main d'oeuvre abondante, et par l'accroissement de suppléments de revenus aux ménages et ce, de manière chaque fois résurgente. Toujours par hypothèse, nous avons stipulé que cette persistance des activités informelles tient au fait qu'elles s'inscrivent dans les réalités quotidiennes de la vie des populations.

Afin de vérifier ces hypothèses, le travail de collecte et d'analyse des informations a débuté par la détermination et la délimitation spatio-temporelle de notre champ d'observation. Dans le premier temps, la phase exploratoire nous a conduit à la consultation plus ou moins étendue des documents, des revues, des ouvrages, des thèses et mémoires se rapportant à l'étude du secteur informel. Dans le même ordre, la lecture des rapports du BIT, de la Banque Mondiale, des visites répétées sur des sites internet,... nous auront permis de connaître quelques réalités sur le fonctionnement des secteurs informels d'ailleurs (1 & 2ème chapitre).

Les informations issues de ce travail documentaire nous auront, quant à elles, permis non seulement de faire une comparaison desdites réalités, dans le temps et dans l'espace, mais aussi de repérer le cadre théorique susceptible d'appuyer le processus de vérification de nos hypothèses, en particulier la seconde. Dans ce sens, nous nous sommes servis dune grille d'analyse interdisciplinaire que nous avons exploitée dans une perspective historico-systémique (3ème chapitre). Concrètement, nous avons emprunté à K. Polanyi, les éléments d'analyse des processus de développement en longue période. Nous avons en plus adopté l'approche en termes d'économie populaire pour la lecture des activités économiques informelles entreprises par les différents individus ou ménages. Cette approche a consisté à cerner ce que les individus font pour survivre et comment ils réinventent les stratégies par rapport à la dynamique sociale.

De ses analyses, nous retenons que toutes les sociétés ont créé des règles pour contrôler et réglementer les marchés. C'est ce que K. Polanyi appelle le marché encastré dans le lien social.

Le processus de vérification des hypothèses nous a également suggéré de choisir des unités d'observation en fonction des variables à prendre en ligne de compte. Le choix des échantillons s'est opéré sur la base du principe de représentativité des unités informelles de production, de service et du commerce qui ont été notre champ de l'investigation. Nous nous sommes donc focalisés sur 92 unités informelles, avec 21 unités de production, 27 unités de service et 44 de commerces informelles supposés créer de l'emploi, existantes entre Décembre 2009 et Mars 2010 dont 35 unités se trouvant à Buyenzi, 34 à Rohero et 23 à Bwiza.

Quant aux méthodes d'observation proprement dite, nous avons privilégié la méthode du questionnaire et dans une moindre mesure, l'observation directe ou l'interview de face à face. Les différentes informations recueillies auprès des répondants ont été traitées à l'aide des méthodes statistiques simples, en l'occurrence la méthode des proportions (4ème chapitre).

A l'issue de nos analyses, il s'est dégagé les principaux résultats suivants :

- La création de l'emploi au sein du secteur informel est incontestable. Indéniablement, elle s'observe au niveau de petites unités de production et d'échanges de biens et services dans certains quartiers de la mairie de Bujumbura. Mais, dans une large mesure, cette création reste conditionnée par le niveau de demande des produits qui en sont issus. En effet, les calculs effectués sur notre petit échantillon laissent voir que 34,4% des opérateurs observés déclarent avoir augmenté le nombre de travailleurs engagés durant la période indiquée. Plus, la majorité des opérateurs propriétaires de différentes unités informelles ; soit 42,3% déclarent avoir offert temporairement ou occasionnellement du travail ; en fonction de la demande de leurs produits. Autrement dit, plus il y a des commandes de biens et services, adressée au S.I., plus l'emploi augmente ou le chômage diminue.

- Par rapport au niveau de revenus, la pluriactivité est fréquente. 70% des fonctionnaires du public ou du privé exerçants la pluriactivité déclarent que ces activités informelles sont profitables car elles pallient à l'insuffisance du revenu formel.

- Bon nombres d'activités nouvelles survivent d'une période à l'autre en dépit de multiples tentatives tantôt d'interdiction, tantôt d'éviction, etc. par le secteur structuré en général et par l'autorité publique en particulier. Dès lors, il y a lieu d'affirmer qu'elles réussissent à faire admettre dans leur environnement le registre qu'elles proposent soit par arrangements, négociation, corruption, travail dans la clandestinité, métamorphose, etc. Le tableau n°15 du quatrième chapitre en a clairement montré les formes de leur reproduction ou de leur résurgence dans le temps. Pareils résultats corroborent entièrement nos hypothèses de travail. Et c'est là l'une de mérites de notre étude.

Quand bien même nous aurons réussi à cadrer notre recherche, et à vérifier nos hypothèses, notre démarche présente néanmoins des limites tant sur le plan méthodologique que théorique. La première, la principale concerne l'impossibilité de procéder à une généralisation statistique à partir des informations obtenues sur notre échantillon. Les raisons majeures ont été évoquées au long du chapitre sur la démarche empirique.

Au niveau de l'implication théorique, certains de nos résultats soulèvent des questionnements qui mettent en évidence autant les forces que les faiblesses de notre étude sur le fonctionnement du secteur informel. En effet, si le rôle socioéconomique du secteur en question est reconnu tant au niveau macro qu'à celui micro, il y a cependant lieu de s'interroger sur le sens de l'interprétation suivante : plus il y a de commandes de biens et services auprès du S.I.; plus il y a création davantage d'emplois.

Que signifierait finalement le fait de sauver l'emploi en augmentant les commandes « informelles » au moment où les politiques budgétaires du moment visent justement l'augmentation significative des recettes fiscales et du PIB via l'accroissement des TVA par l'OBR, la transparence dans la gestion commerciale, la convergence des critères d'évaluation de la performance économique au sein de l'East African Community? Autrement dit, faudrait-il développer le SI en tant que tel ou alors le transformer progressivement en secteur structurés ?

Cette interrogation pousse in fine à reconsidérer les modes d'action respectifs et les rapports entre les différents intervenants dans la lutte contre la pauvreté de masse, contre l'intensification du chômage. En nous appuyant sur les appréciations des répondants à nos questions, il nous revient de formuler les recommandations ci-après :

- Aux opérateurs économiques du secteur informel : user davantage du flair afin de capter et de canaliser les demandes en provenance des ménages ordinaires ou/et des ménages collectifs (centres de santé, écoles, établissements carcéraux, administrations publiques, etc.). L'avantage comparatif possédé par le S.I réside dans le fait que, sans considérer les aspects de normalisation de la qualité des produits, il offre ces derniers à des niveaux de prix relativement moins élevés que les opérateurs du secteur structuré, et ce dans des délais relativement plus raccourcis ;

- Aux structures de microfinances : permettre l'accès au crédit à ceux qui voudraient s'installer pour leur propre compte ; alors même qu'ils ne disposent que d'un faible capital investi quasi quotidiennement et dont le renouvellement dépend des affaires du jour. Donner les facilités de financement pour la construction du «grenier alimentaire» du Burundi en vue de récupérer les commerçants ambulants (de fruits ou autres) serait un des cas d'illustration ;

- A la Mairie de Bujumbura : adopter une politique de concertation, de dialogue et de communication non violente avec les opérateurs économiques du secteur informel. En effet, semble-t-il que l'usage immodéré de la contrainte ou de la force crée plus de problèmes qu'il n'en résout. C'est à travers ce climat de dialogue et de communication que les questions de réaménagement du milieu urbain et, en général, d'accès à l'espace public pourraient être repensées au profit des catégories sociales les plus démunies.

- Au Gouvernement, et à travers lui, l'ISTEEBU : accroître les efforts visant à connaître les caractéristiques du SI au Burundi dans la perspective de mieux maîtriser les enjeux économiques liés à l'appartenance à l'espace économique sous-régional et en particulier à l'intégration au marché commun de l'EAC. Les chercheurs individuels ou en association, privés ou commandités, pourraient être encouragés à y prendre part.

Comme toute oeuvre humaine, le présent travail renferme certainement de lacunes, surtout au niveau des méthodes de collecte et d'analyse des informations. Néanmoins, celles restent susceptibles d'être comblées par des recherches ultérieures, plus outillées et plus soutenues financièrement. Nous restons ouverts à toute analyse critique constructive pour autant qu'elle nous aide à perfectionner la rédaction et la présentation des résultats de nos investigations sur le secteur informel au Burundi.

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES

BEAUD M., Le basculement du monde. De la Terre, des hommes et du capitalisme,

La Découverte & Syros, Paris, 2000.

BRAUDEL Fernand, La dynamique du capitalisme, Coll. Champs Flammarion,

Arthaud, Paris, 1985.

COQUERY VIDROVITCH Catherine ., Tiers monde : informel en question, l'harmattan,

Paris, 1991.

CHARMES, J.» Emploi, informatisation, marginalisation: l'Afrique dans la crise et

sous ajustement 1975-1995 », contribution au séminaire de

Royaumont, 22-24 mai 1995, mars 1995

DAVIS M., Génocides tropicaux. Catastrophes naturelles et famines coloniales, aux

origines du sous développement, Trad. française, La Découverte, Paris, 2003.

DITEND, Y., La dimension économique de l'emploi dans les PED cas de la RDC, Ed.

P.U.L, Kinshasa, 2001.

HARDT M., NEGRI A., Empire, Exils Editeur, trad. Dénis-Armand Canal, Paris,

2000.

HERNANDO DE SOTO, L'autre sentier, la révolution informelle dans le tiers monde,

éditions la découverte, Paris, 1994.

GOOSSENS Frans, Commercialisation des vivres locaux. Le secteur informel dans

une perspective dynamique, Rome, 1998.

LAUTIER, B., L'économie informelle dans le Tiers-monde, La Découverte, Paris,1994

MACGAFFEY J., On se débrouille: réflexion sur la deuxième économie au Zaïre,

Edition Karthala, Paris, 1993.

MALDONADO Carlos et al., Méthodes et Instruments d'Appui au Secteur Informel

en Afrique Francophone, BIT, Genève, 2004

PEEMANS J.P., Crise de modernisation et pratiques populaires au zaïre et en Afrique,

Paris, L'Harmattan, 1997.

PEEMANS J.P., Le développement des peuples face à la modernisation du monde,

Académia-Bruylant/L'Harmattan, Louvain la Neuve/Paris, 2002.

POLANYI K., La grande transformation. Aux origines politiques et économiques de

notre temps, NRF, Gallimard, Paris, 1983.

SAMUELSON P. A., Macroéconomique, les éditions d'organisation, Paris,1987.

SALAMON L.M., (1990),The Nonprofit Sector and Government. The American

Experience in Theory and Practice in Anheier H., Seibel

(eds), The Third Sector Comparative Studies of Nonprofit

Organizations, Walter de Gruyter

TODARO M., A Model of Labour Migration In Less Developed Countries, American

Economic Review, 1969.

TRANS-AFRICA, Aperçu du transport public en Afrique Subsaharienne, Trans-Africa

Consortium, Bruxelles 2009.

VERSTRAETE T., SAPORTA B., Création d'entreprise et entrepreneuriat, Editions

de l'ADREG, Paris, 2006.

WALLERSTEIN I., Le capitalisme historique, La Découverte & Syros, Paris, 2002.

II. ARTICLES ET REVUES

ABDOU S.F. et ALIOUNE M, «Pratiques de la médiation dans le secteur informel à

Dakar», Le bulletin de l'APAD, n° 9, 2009.

ANNE DE LATTRE, "La petite entreprise et le développement du Sahel",

L'Observateur de l'OCDE, n° 163, Paris, Avril-mai 1990.

COREKE J., le Secteur informel et la microfinance dans la lutte contre le chômage et

la pauvreté au Burundi, CURDES, Bujumbura, décembre 2004.

HERNANDO de Soto, « Il faut légaliser l'économie informelle », Courrier

International, n°551 du 23 au 30 Mai 2001.

LAUTIER B., "Economie informelle: solution au problème" in cahiers des sciences

humaines, n° 50, 1995.

LUWANSANGU P., « Création des emplois en RDC: regard sur le secteur informel »,

Journal Le potentiel , édition 3639 du mardi, 31 janvier 2006.

MADIRISHA E., « La BRB, limite les retraits », Journal IWACU, no 34, du 9

octobre 2009.

MILANDU M., « La dynamique du secteur informel »: Le cas du Congo, in revue

africaine des sciences sociales et humaines, CERDAS Vol. n°1,

juillet 1990.

NKURUNZIZA Lyse, « le paradoxe des vendeuses de fruit », Journal Iwacu, no 64, du

21 mai 2010.

PENOUIL Marc, "Pays en développement. Les activités informelles : réalités

méconnues, espérances illusoires", Problèmes Economiques,

n° 2196, Paris, octobre 1990.

PENOUIL M., « Secteur informel et crises africaines », Afrique contemporaine,

Numéro spécial, 4e trimestre, 1992.

RUTAKE P., RANGUZA I. :" Micro entreprises du secteur informel à Bujumbura:

obstacle de caractère légal et institutionnel",Miméo,

Genève: BIT, 1991.

SAKTHIVEL, S.; JODDAR, Pinaki.: «Unorganized sector workforce in India: Trends,

patterns and social security coverage», Economic and Political

Weekly, vol. 41, no 21, 2006.

SALEILLE S., Le « réseautage » chez les entrepreneurs Néo-ruraux , Revue

d'entrepreneuriat, vol 6, no1, 2007.

III. MEMOIRES ET THESES

DEMBA D., Apport du secteur informel à la vie de la Commune dans le contexte de la

décentralisation: le cas de la commune de richard Toll, Université Gaston

Berger de Saint-Louis(Sénégal), 2005

DODO Y.Z., Le développement de l'économie informelle, son apport et ses

conséquences sur l'économie formelle, université de Lubumbashi 2009

KILONDO NGUYA D., Ménages "Gécamines", précarité et économie populaire,

Université catholique de Louvain, Année-académique 2003-2004

NDAYEGAMIYE A., Elargir le champ de conception des indicateurs sociaux,

Proposition d'une approche relationnelle à partir du contexte

socioéconomique des années 90: Cas du BURUNDI, UCL, 2007

NIYONGABO E., La recherche de pérennité par les institutions de microfinance

au Burundi. UCL, 2007

IV. AUTRES DOCUMENTS

AFRISTAT, Actes du séminaire sur le secteur informel et la politique économique en

Afrique subsaharienne, Bamako, 10 au 14 mars 1997.

BIDET Éric, Économie sociale, nouvelle économie sociale et sociologie économique,

Note de recherche, Séoul, 2001.

BIHUTE Donatien, Etude sur les mécanismes d'appui direct au secteur privé: Rapport

définitif, octobre2007.

BIT, "Les tendances mondiales de l'emploi des jeunes", Genève, Août 2004.

CURDES: "Les potentialités du secteur informel dans la dynamique de

l'industrialisation au Burundi", Miméo, Université du Burundi. 1987

Dictionnaire le Petit Larousse, Paris cedex 1995.

Gouvernement du Burundi, Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la

Pauvreté- CSLP, Bujumbura, Septembre 2006.

Gouvernement du Burundi, Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la

Pauvreté :CSLP, Second Rapport de mise en oeuvre,

Bujumbura, Décembre 2009.

Gouvernement du Burundi, Ve Plan Quinquennal de développement Economique et

Social 1988-1992.

ISTEEBU, Les chiffres clés de l'économie du Burundi, Bujumbura, Mai 2008.

ISTEEBU, Enquête secteur informel rapport d'analyse, Bujumbura, janvier 2007.  

ISTEEBU, Enquête Emploi Rapport d'Analyse, Bujumbura 2007.

KWIZERA Bénita, Les emplois informels dans une dynamique d'intégration sous

régionale : Cas du Burundi, IDEC, Bujumbura 2009.

Ministère de la planification du Développement et de la Reconstruction, Formation

aux méthodologies de collecte et d'analyse des données statistiques,

manuel de formation, Bujumbura, Juin 2003.

Ministère de la planification, du développement et de la reconstruction, Forum des

états généraux de l'économie Burundaise, Recueil des communications,

IDEC, Bujumbura, 2003.

MUZANEZA Violette, Etude sur l'impact de la libéralisation de l'embauche sur le

marché du travail burundais : secteur structuré, rapport définitif, IDEC,

Bujumbura, Avril 2007.

NATIONS UNIES, Deuxième conférence des Nations Unies sur les pays les moins

avancés : Mémoire du Burundi, Paris, 3-14 septembre 1990.

PNUD, Afrique 2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au sud du Sahara ?, Futurs

Africains, Edition Karthala et Futurs Africains, 2003.

PNUD-Burundi-AFRISTAT, Bilan Diagnostic de la pauvreté au Burundi entre 1998 et

2002, Bujumbura, octobre 2005.

RONAN Le Velly, Karl Polanyi, la Nouvelle sociologie économique et les forces du

marché, Université de Nantes, Centre Nantais de Sociologie Version

1, 7 avril 2008.

WORLD BANK, Adjustment Lending. An Evaluation of Ten Years of Experience,

1988.

V. SITE INTERNET

http://apad.revues.org/document1491.html, le 13 avril 2009

http: projectscours.fsa.ulaval.ca/gie-64375/informel-AL/couses.htm, le 11/09/2009

http://siteresources.worldbank.org/NEWSFRENCH/Resources/migration08-AFR.pdf,

le6/3/2010

http://www.ilo.org/public/french/imployment/strat/publ/etp28.htm

http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2005/fiche218.htm, le 6/3/2010

http://www.jobintree.com/dictionnaire/definition de marché du travail, le8/2/2010

http://www.jobintree.com/dictionnaire/definitionmain-oeuvre-277.html, le8/2/2010

http://www.oecd.org/document/32/0,3343,fr_2649_34487_41209120_1_1_1_1,00.html

du 08/04/2009

http://www.pluriactivite.org/spip.php?article391-23k, le11/09/2009

http:// www.populationmondiale.com , consulté le 8/10/2010

http://www.syfia-grands-lacs.info, le 26/05/2010

http:// www.toupie.org/Dictionnaire/Developpement.htm, le17/09/2010

http://www.uneca.org/statistc/statcom2008/documents/FR_informalSector.pdf, le

13/04/2010

Annexe no9. QUESTIONNAIRES

Ceci est un questionnaire répondant à un travail d'ordre scientifique. Nous n'avons pas le pouvoir de changer directement votre situation mais indirectement ceux qui liront ce travail vous comprendront mieux et pourront agir en votre faveur. Nous comptons sur votre sincérité. Le travail respecte, toutefois, l'anonymat de façon stricte. (Nous allons utiliser le questionnaire avec questions directes ou les réponses nous permettent de recueillir directement les renseignements dont nous avons besoin).

I. Les opérateurs du SI

1."créiez-vous suffisamment d'emplois de courte durée" cette année?
|__| ?oui (assez)
|__| pas assez
|__| en fonction de la demande de nos produits

2. Les bénéfices que vous dégagez (si c'est le cas); comment les affectez-vous?
|__| ?redistribution aux membres, travailleurs déjà engagés
|__| achat de l'outillage et machines
|__|? embauche de nouveaux ouvriers ou jobistes

3. Quelle est la catégorie des personnes le plus souvent embauchée?
|__| toute personne qui se présente
|__| étudiants (en mécanique, écoles techniques)
|__| diplômés

4. Par quel mécanisme de communication faites-vous le recrutement ?
|__|? bouche à oreille entre le recruté et le recrutant

|__| bouche à oreille entre amis et connaissances
|__| réseau d'affinités parentales, familiales

|__| annonce publicitaire

5. Le revenu procuré dans cette activité, sont pour vous, votre famille

|__|? profitable (gain ou supplément de revenu)

|__| non profitable

|__|? occupation (après les heures de service)

6. Comment vous comportez-vous avec vos clients ? |__| vous attendez qu'ils viennent |__| vous cherchez à vous faire connaître (dans la famille, dans le quartier, parmi les amis)

|__| vous prospectez vos clients |__| autre (précisez)......

7. Comment es-tu arrivé à faire ce travail ?

|__|? chômage

|__|? salaire insuffisant

|__|? facile à entreprendre

8. Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés dans le cadre du travail ?

|__|? manque de clients

|__|? revenus faibles 

|__|? manque de financement 

|__| problèmes de locaux, de place

9. Quelle est la raison principale de la perte de votre emploi?

|__| manque de clientèle

|__| manque de liquidités

|__| problèmes de locaux, de place

10. Quelles sont vos sources de financement ?

|__| tontines ?

|__| mutuelles ?

|__| banques ?

|__| capital personnel ?

11. Quel type de relation avez-vous avec la Mairie?

|__| neutre

|__| coopération

|__| conflit

12. Etes-vous satisfait (e) de la façon dont la mairie tranche vos problèmes s'il y en a?

|__| tout à fait

|__| relativement

?|__| pas du tout

13. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la Mairie ?

II. Les bénéficiaires de biens et services du SI

14. Quelle appréciation faites-vous de vos tarifs?

|__| Dérisoires

|__| Abordables

|__| Chers

III. Les Autorités Administratives

15. Y'a-t-il des politiques municipales visant le secteur informel ?

16. Quel est l'apport du secteur informel dans l'économie de la mairie de Bujumbura?

* 1. Il est le premier à prononcer le terme secteur informel en 1971 avant que celui-ci ne soit vulgarisé par le rapport du BIT sur le Kenya en 1972. Cf. TURNHAM D., SALOME B., SCHWARZ A., Nouvelles approches du secteur informel, OCDE, Paris, 1990, p.13.

* 2. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre consulté le 21/8/2009

* 3. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre consulté le 3/9/2009

* 4. http://www.jobintree.com/dictionnaire/definition de marché du travail consulté le8/2/2010

* 5 http://www.jobintree.com/dictionnaire/definitionmain-oeuvre-277.html consulté le8/2/2010

* 6 http://www.pluriactivite.org/spip.php?article391-23k consulté le11/09/2009

* 7 http:// www.toupie.org/Dictionnaire/Developpement.htm consulté le17/09/2010

* 8 Politiques des grands chantiers pour résorber le chômage: "creuser les trous pour les reboucher", pourvu qu'il y ait redistribution du revenu aux ménages et aux individus.

* 9 http://www.ilo.org/public/french/employment/strat/publ/etp28.htm consulté 13/04/2002

* 10 http://www.ilo.org/public/french/employment/strat/publ/etp28.htm consulté 13/04/2002

* 11 Le terme» Acteurs Non Etatiques» désignent les organisations qui regroupent des structures de la société civile, en dehors des gouvernements et de l'administration publique. Ces organisations sont indépendantes et sans but lucratif. Ainsi on entend par « ANEs» notamment : les ONG, les organisations communautaires de base et leurs associations représentatives sociaux (syndicats, associations, d'entrepreneurs), les associations du secteur privé, les mouvements confessionnels, les universités, etc.

* 12. Il s'est tenu à New York au siège des Nations Unies du 6 au 8 septembre 2000

* 13. Le DSRP est établi à travers un processus participatif qui mobilise diverses parties prenantes internes et externes, notamment les bailleurs de fonds et les IFI. Il décrit les politiques, projets et programmes macroéconomiques sur une période de 3 ans ou plus. GOHY Gilles, dans son article Pauvreté : les mots et les faits au Bénin dénonce « leur ton paternaliste, condescendant et au demeurant dogmatique », La pauvreté, une fatalité ? (ouvrage collectif)

* 14 Les objectifs du Millénaire pour le Développement :http://www.un.org/french/milleniumgoals/

* 15. Nations Unies : Deuxième conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés : Mémoire du Burundi, Paris, 3-14 septembre 1990

* 16 Un plan glissant «c'est celui que l'on révise à la fin de chaque année et des estimations des objectifs

et des projets pour douze nouveaux mois ajoutés à la suite de ceux qui s'appliquent à l'année terminale

* 17 Ministère de la planification, du développement et de la reconstruction, Forum des états généraux

de l'économie Burundaise, Recueil des communications, IDEC, Bujumbura, 2003, p.180

* 18 http://www.burundistats.org consulte le 03/10/2010

* 19 http:// www.populationmondiale.com , consulté le 8/10/2010

* 20 http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2005/fiche218.htm consulté le 6/3/2010

* 21 http://siteresources.worldbank.org/NEWSFRENCH/Resources/migration08-AFR.pdf consulté

le6/3/2010

* 22. Selon le projet du programme Futurs Africains des Nations Unies pour le développement. Afrique

2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au sud du Sahara ?, Futurs Africains, Edition Karthala et

Futurs Africains, 2003, 191 pages

* 23 http:// www.populationmondiale.com consulté le 13/06/2010

* 24 FELDMAN, S. et FERRETTI, E. Informal Work and Social Change, Cornell University Press,

London, 1998, 295 p

* 25 « Mondialisation et emploi informel dans les pays en développement », étude conjointe du « BIT »

et du secrétariat de l'« Organisation mondiale du Commerce (OMC», Genève, 2009, p.27.

* 26 Ibidem

* 27 Mohamed, Sadeg. (2009). « Comment interpréter l'économie informelle ? » Revue des Sciences

commerciales et de gestion. Éditions Laboratoire Études Pratiques en Sciences Commerciales et en

Sciences de Gestion de l'École Supérieur de Commerce d'Alger, N°5, pp 99-108).

* 28 http://www.oecd.org/document/32/0,3343,fr_2649_34487_41209120_1_1_1_1,00.html du

08/04/2009

* 29 Kwiyungunganya, en langue kirundi, l'expression signifie littéralement : s'occuper utilement.

* 30. On appelle « unités de production informelle » toute organisation destinée à la production et/ou à la

vente de biens et de prestations de services et ne disposant pas de comptabilité complète décrivant

son activité.»

* 31. Dans les différents quartiers de la mairie, ceux-ci traquent principalement les vendeurs des produits

volés, piratés ou contrefaits.

* 32. On inclut dans le cercle familial toutes les personnes qui entretiennent des liens de parenté proche ou

lointaine. On parle très souvent de grande famille. Mais la famille ne se limite pas seulement au lien

de sang. Elle peut aussi résulter d'une relation d'affectivité et d'amitié transcendant le lien de sang.

* 33 Cas des activités informelles différentes existant depuis son interdiction dès 2000 jusqu'au mois de

Mars 2010.

* 34 · La piraterie : c'est la reproduction non autorisée d'enregistrements originaux, pour le gain commercial, sans le consentement du propriétaire des droits. La présentation des copies pirates diffère des albums originaux. Les copies pirates sont souvent des compilations, par exemple les «meilleurs tubes » d'un artiste spécifique, ou une collection d'un genre spécifique, comme les compilations « danse ».

Les contrefaçons : les contrefaçons sont copiées et présentées de façon à ressembler d'aussi près que possible à l'original. Les marques et logos du producteur original sont souvent reproduits pour abuser le consommateur et lui faire croire qu'il achète un produit légitime.

* 35. Le développement exponentiel des activités informelles et/ou illégales dans la mairie de Bujumbura, comme nous l'avons constaté, peut être appréhendé comme un indicateur de l'exode rural au profit de cette ville, et surtout comme une manifestation du dynamisme des jeunes qui s'y trouvent. Dans cette chaine de distribution et de vente, les distributeurs s'occupent du recrutement des vendeurs. Ils gèrent ces vendeurs suivant des contrats verbaux qui stipulent que le vendeur doit à la fin de chaque soirée, verser une certaine somme d'argent. Le recrutement de ces vendeurs est un recrutement basé sur des critères subjectifs de lien d'amitié, de lien de famille. En quelques mots, pour être recruté par un distributeur, il faut « passer par quelqu'un ». Selon E. (distributeur), «nous prenons ces précautions parce qu'il faut travailler avec des personnes de confiance. Si vous prenez n'importe qui, il peut vous faire foirer le business». Le lien social apparaît dans ce cadre comme un déterminant prégnant dans le marché illégal des oeuvres musicales et films.

* 36. http://www.syfia-grands-lacs.info, consulté le 25/5/2010






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King