CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette analyse, il est judicieux d'éprouver
un sentiment d'émerveillement devant l'excellence dont l'auteur de
l'épître aux Hébreux éclaire le problème du
sacerdoce du Christ. Loin d'être un terme galvaudé à
reléguer aux oubliettes, le sacerdoce revêt aujourd'hui pour nous,
comme à ces chrétiens désorientés et menacés
de découragement à qui s'adresse l'épître, un
contenu nouveau qui est la contemplation profonde du mystère du christ,
unique prêtre. Il n'est qu'à comprendre que par rapport au
ministère et au sacrifice du Christ.
Au coeur d'un monde qui se veut planétaire il est aussi
urgent de faire du sacerdoce un terme planétaire. De multiples idoles
sociales ou des pseudo-divinités auxquelles des cultes sont
rendus ( culte de sang d'animaux ou d'hommes, culte au matériel,
culte au pouvoir) pour un mieux-être, un mieux-vivre. La
méditation de l'épître aux Hébreux est plus que
jamais nécessaire pour notre monde. Le sacrifice du Christ, qui au moyen
de la souffrance et de la mort fut rendu parfait, doit pour nous être
l'unique référence pour être de véritables humains.
Par ce sacrifice, nous sommes invités à assumer en lui notre
condition d'être limités, fragiles et donc voués à
la souffrance et à la mort. Chercher à fuir la souffrance, c'est
refuser d'être créature et se hisser au panthéon de la
divinité : Erreur ! Le Christ qui « aux jours de
sa chair, ayant offert, demandes et supplications, à celui qui pouvait
le sauver de la mort, avec un cri puissant et des larmes, ayant offert et ayant
été exaucé du fait de son profond respect, bien qu'il
fût fils, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance et ayant
été rendu parfait, il devint pour tous ceux qui lui
obéissent cause du salut éternel » (He5,7-9). La
destinée commune à tous les hommes est la mort qui ne peut
être séparée de la souffrance. Chercher à
éviter la souffrance, c'est refuser d'être homme. Et l'homme
parfait est celui qu participe au sacrifice du Christ en faisant de la
souffrance une voie du salut. Tel est le sens du sacerdoce du Christ et donc du
sacerdoce chrétien. Faire de sa vie une offrande, une hostie à
Dieu par le Christ, c'est croire que la vie vaut la peine d'être
vécue. C'est accepter la vie comme un don. Un don à recevoir et
à donner avec amour au milieu de
« frères » eux- aussi participants de
l'unique don en Dieu.
Les multiples interrogations sur la question du sacerdoce et
son importance témoignent d'une crise identitaire, d'un égarement
ou mieux d'une perte du sens même de la vie. « D'où
viens-je ? Pourquoi suis-je ?Où vais- je ? comment y
aller ? » telles sont des inquiétudes que nous
devons nous poser. L'Épîtres aux Hébreux est une excellente
réponse à ces questions sur l'Être. Nous sommes faits pour
Dieu et nous allons à lui. Dans une marche commune, nous y allons mains
dans la mains avec le Christ qui nous y conduit, Médiateur par
excellence entre nous et Dieu. Sur la route certes, il y a des épreuves
que nous devons surmonter en Jésus vainqueur qui nous fait participer
à sa victoire.
Dans cette marche qui se veut commune, tous les hommes sont
concernés. C'est pourquoi tout prêtre doit être le signe de
Dieu au milieu du monde désorienté, déboussolé. Le
prêtre n'est pas à comprendre comme un homme du sacré,
séparé du reste des hommes, un homme fait uniquement pour le
sacrifice, mais un homme qui représentent le Christ, qui agit
sacramentalement in persona christi. Un homme, choisi
spécialement pour servir à la communion, à la
cohésion entre les fils et filles de Dieu.
Parvenu à la fin de cette recherche scientifique,
signalons que la tentative d'inculturation du ministère sacerdotal dont
nous avons fait mention au chapitre IV n'a pas été l'objet de
notre travail, mais elle reste tout au moins un terrain à
déblayer et à exploiter.
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