SOMMAIRE
SOMMAIRE
1
LISTE DES ABBREVIATIONS
5
LISTE DES TABLEAUX
7
RESUME
8
INTRODUCTION GENERALE
10
PREMIERE PARTIE Les notions de
contrôle de conformité et de Microfinance
20
Chapitre 1 la Notion de contrôle de
conformité
22
Section 1
Présentation de la compliance.
23
1.1.
Définition.
23
1.1.1. Le
responsable de la conformité ou compliance
officer.
24
1.1.2. Enjeux de la
conformité.
25
1.1.3. Les domaines
de la conformité
25
1.1.4. Les missions
spécifiques de la Conformité.
28
1.2. La mise en
oeuvre du contrôle de conformité.
28
1.2.1. Le
dispositif de contrôle de conformité.
29
1.2.2. Le plan de
contrôle.
30
1.2.3. Les
indicateurs de contrôle de conformité.
30
1.2.4. Les outils
d'analyse.
31
1.3. la place de la
compliance dans le dispositif de contrôle interne.
33
1.3.1. Le
contrôle permanent.
33
1.3.2. Le
contrôle de la sécurité financière et de la
conformité.
34
1.3.3. Le
contrôle périodique ou audit interne.
34
1.3.4. Le
comité d'audit interne.
34
Section 2 Les
domaines du contrôle de la conformité.
34
2.1. La protection
et connaissance des clients.
35
2.1.1. La
connaissance du client : l'analyse KYC.
35
2.1.2.
Conformité des produits et des
opérations.
37
2.1.3.
Sécurité des données, formation et
sensibilisation des collaborateurs...
39
2.2. Le blanchiment
des capitaux et le financement du terrorisme.
40
2.2.1.
Définition.
40
2.2.2. Le
déroulement du blanchiment.
41
2.2.3. les
principaux acteurs chargés de la lutte contre le
blanchiment.
42
2.2.4. Les
techniques bancaires de prévention et de détection du
blanchiment : Le rôle de la compliance.
43
2.3. Les
conséquences de la non-conformité.
44
2.3.1.
Définition du risque de non-conformité.
44
2.3.2. Les
sanctions disciplinaires.
45
2.3.3. Les
sanctions pécuniaires.
46
2.3.4. L'atteinte
à la réputation ou à l'image de
l'établissement.
46
Chapitre 2 La notion de
Microfinance
48
Section 1
Présentation de la Microfinance au Cameroun.
48
1.1.
Définition, évolution et caractéristiques de la
Microfinance.
48
1.1.1.
Définition.
48
1.1.2. Historique
et évolution de la Microfinance.
50
1.1.3.
Caractéristiques de la Microfinance.
52
1.1.4. Les Produits
de la Microfinance.
55
1.2. La
Microfinance au Cameroun.
59
1.2.1.
Avènement et enjeux de la Microfinance au
Cameroun.
59
1.2.2. Le poids
économique de la Microfinance dans l'activité bancaire du
Cameroun.
62
1.2.3. Les acteurs
du secteur.
65
1.2.4. Politique
nationale de développement du secteur.
68
Section 2 Les
spécificités de l'activité de Microfinance.
69
2.1. La
réglementation du secteur de la Microfinance.
69
2.1.1. Les
conditions d'exercice de l'activité de Microfinance.
69
2.1.2. Les
opérations et services autorisés.
71
2.1.3. les
obligations professionnelles des agents des EMF.
72
2.1.4. Les normes
prudentielles applicables aux EMF.
75
2.1. La gestion des
risques dans le contexte particulier de la Microfinance.
76
2.1.1.
Définition de la gestion des risques.
77
2.1.2.
Identification des risques des EMF.
77
2.1.3. Les
politiques et procédures : des outils de gestion des risques dans
les EMF.
77
DEUXIEME PARTIE Mise en place d'une
compliance adaptée aux EMF
80
Chapitre 3 La mise en place de la
compliance dans les EMF
82
Section 1
Réflexions préalables à la mise en place d'une
compliance dans l'EMF
82
1.1. Quelques
catastrophes financières dues à la
non-conformité.
82
1.1.1. L'affaire
ENRON.
83
1.1.2. L'affaire
Kerviel.
84
1.2. Les
difficultés d'application et l'urgence d'une compliance dans
les EMF.
87
1.2.1. La jeunesse
du secteur et le nombre élevé
d'établissement.
87
1.2.2. Le manque de
formation et la mentalité des dirigeants.
88
1.2.3. La
performance financière et la quête de
pérennité.
89
1.2.4. Les lacunes
du secteur.
90
Section 2 La mise
en place de la compliance dans un EMF.
90
2.1. Le dispositif
de contrôle.
90
2.1.1. Le
dispositif humain.
91
2.1.2. Les
procédures.
91
2.1.3. Les
SI
92
2.1.4. Les outils
de la compliance.
92
2.2.
L'élaboration d'un plan de contrôle de la
conformité dans un EMF.
93
2.2.1. Inventaire
des activités et des procédures.
93
2.2.2. Cartographie
des risques liés à la conformité dans l'EMF.
94
2.2.3. Le
questionnaire : un outil de travail pour la
compliance.
96
2.2.4. La
création et l'utilisation des ratios.
99
2.2.5. Mesure et
appréciation des résultats de contrôle.
100
Chapitre 4 Evaluation de la
conformité dans un EMF : Cas de CEPI S.A.
101
Section 1
Présentation de CEPI SA.
101
1.1. Organisation
de CEPI SA.
101
1.1.1. La Direction
Générale.
102
1.1.2. Les
agences.
103
1.1.3. Les
activités et la clientèle de CEPI S.A.
104
1.2. Organisation
du contrôle à CEPI SA.
108
1.2.1. Les mesures
de sécurités.
108
1.2.2. Les types de
contrôle.
109
1.2.3. Les supports
utilisés dans le cadre du contrôle interne.
110
1.2.4. La lutte
contre le blanchiment d'argent à CEPI S.A.
111
Section 2
Evaluation de la conformité de CEPI S.A. : Utilisation
du questionnaire.
112
2.1.
Présentation des résultats du
questionnaire.
112
2.1.1. Collecte et
conservation des dossiers et documents relatifs à l'identification des
clients.
112
2.1.2. Mise
à jour des informations et des documents relatifs à
l'identification du client.
114
2.1.3. Surveillance
des comptes et/ou des opérations.
116
2.1.4.
Récapitulatif des résultats et recommandations
générales.
117
2.2. Impact de la
mise en place de la compliance dans l'EMF et suggestion.
118
2.2.1. L'impact de
la compliance sur l'EMF.
119
2.2.2. L'impact de
la compliance sur le système bancaire.
119
2.2.3. l'impact sur
les autorités de tutelle.
119
2.2.4. L'impact sur
les clients.
120
2.2.5. Quelques
suggestions et recommandations.
120
CONCLUSION GENERALE
122
BIBLIOGRAPHIE
129
LISTE
DES ABBREVIATIONS
Abréviations ou sigles
|
Signification
|
ADAF
|
Appropriate Development For Africa Foundation
|
AMF
|
Autorité des Marchés Financiers
|
ANIF
|
Agence Nationale d'Investigation Financière
|
AVI
|
Attestation de virement irrévocable
|
BAD
|
Banque africaine de Développement
|
BFI
|
Banque de Financement et d'Investissement
|
BICEC
|
Banque Internationale de Cameroun pour l'Epargne et le
Crédit
|
BV
|
Bons de virement
|
CA SCB
|
Crédit Agricol - Société Commerciale de
Banque
|
CEMAC
|
Communauté Economique et Monétaire d'Afrique
Centrale
|
CENADI
|
Centre National de Développement Informatique
|
CEPI
|
Caisses d'Epargne Populaire et d'Investissement
|
CGAP
|
(Consultative Group to Assist the Poor) Groupe Consultatif pour
l'Assistance aux Pauvres.
|
CIDR
|
Centre Internationale pour le Développement et la
Recherche
|
CNC
|
Conseil National du Crédit
|
CNIL
|
Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés
|
CNMF
|
Comité National de Microfinance
|
COBAC
|
Commission Bancaire d'Afrique centrale
|
CONAC
|
Commission National Anti Corruption
|
COOPEC
|
Coopérative d'Epargne et de Crédit
|
CRBF
|
Comité de la Réglementation Bancaire et
Financière
|
DG
|
Direction Générale
|
DICP
|
Disponibilité, Intégrité,
Confidentialité, Preuve
|
EMF
|
Etablissement de Microfinance. Se dit également
Institution de Microfinance (IMF) ou microfinance tout simplement.
|
FIDA
|
Fonds International pour le Développement Agricole
|
FMI
|
Fond Monétaire International
|
GABAC
|
Groupe d'Action Contre le Blanchiment de l'Argent en Afrique
|
GAFI
|
Groupe d'Action Financière
|
IAS
|
International Accounting Standard
|
IFRS
|
International Financial Reporting Standard
|
KYC
|
Know Your Customer
|
MC²
|
Mutuelle Communautaire de Croissance
|
MINADER
|
Ministère de l'Agriculture et du Développement
Rural
|
MINFI
|
Ministère des Finances
|
MUFFA
|
Mutuelle Financière des Femmes Africaines
|
NAP
|
Nouvelles Activités, nouveaux Produits
|
OCDE
|
|
OD
|
Opérations Diverses
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
ONU
|
Organisation des Nations Unies
|
OPA
|
Offre Public d'Achat
|
PCA
|
Président du Conseil d'Administration
|
PNUD
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
PPE
|
Personnes Politiquement Exposées
|
PVD
|
Pays en Voie de Développement
|
RACI
|
Rapport Annuel du Contrôle Interne
|
RCPR
|
Responsable du Contrôle Permanent des Risques
|
RSSI
|
Responsable de la Sécurité des Systèmes
d'Information
|
SGBC
|
Société Générale de Banque du
Cameroun
|
SI
|
Système d'Information
|
UBC
|
Union Bank of Cameroun
|
UMAC
|
Union Monétaire d'Afrique Centrale
|
USA
|
Etats-Unis d'Amérique (United States of America)
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau N°1 : Récapitulatif des normes
prudentielles applicables dans les EMF.
Tableau N°2 : Déclinaison des
événements de non-conformité selon Bâle
II.
Tableau N°3 : Exemple de cartographie des
risques de non-conformité dans les EMF.
RESUME
De par le monde, l'activité bancaire est reconnue
comme un secteur très réglementé. Cette forte
réglementation s'explique d'ailleurs par la matière qu'elle
traite : l'argent. La protection des clients, en particulier les
épargnants, est l'une des raisons majeures d'une réglementation
solide.
Cependant, l'activité a évolué. Elle a
connu des mutations fondamentales. L'on est ainsi parti de la notion
d'intermédiation bancaire à la notion de
désintermédiation bancaire encore appelée
intermédiation financière. Par ailleurs, l'on est passé de
la notion de banque à la notion d'établissement de crédit.
Cette dernière évolution a été le fait du
développement des institutions qui effectuaient des opérations de
banque à titre habituel sans pour autant être des banques. La plus
marquante de ces dernières a été la Microfinance apparue
dans les années 1974 à travers la Grameen bank
créée par le Professeur Muhammad Junus reconnu aujourd'hui comme
le pionnier du micro-crédit.
Cette activité de Microfinance s'est répandue
comme une traînée de poudre partout dans le monde et surtout dans
les pays sous-développés. Le Cameroun, très faiblement
bancarisé, a été le théâtre d'une ouverture
anarchique d'EMF au départ sous forme de COOPEC. Cependant, l'on a
observé plusieurs cas de fermeture de ces établissements dus soit
à une gestion anormale, soit à la fuite des dirigeants avec
l'argent des épargnants. Ce phénomène était
principalement dû à un défaut de réglementation, ce
qui a amené les autorités nationales et sous-régionales
à mettre sur pied une réglementation propre à ce secteur.
Il faut cependant noter que la mise en oeuvre d'une réglementation est
une chose mais son application en est une autre. Il est bien vrai que la
réglementation est faite pour être appliquée, mais n'a-t-on
pas observé les grandes crises qui ont affecté le secteur
bancaire dans le monde ? Le cas de la société
générale avec l'affaire Kerviel ? Ou même le cas Enron
en passant par le développement du blanchiment des capitaux et des
paradis fiscaux ? Tous ces évènements ont un point
commun : Le non respect des procédures, le non respect de la
réglementation, tout simplement la non-conformité.
En effet, et pour revenir sur la Microfinance, les EMF sont
désormais soumis à une réglementation qui leur est propre
et dont le respect est assuré par les institutions de tutelle en
l'occurrence la COBAC. Toutefois cette même réglementation qui a
fait l'objet depuis janvier 2008 de la transposition dans l'une de ses
directives des exigences de Bâle 2, impose que soit institué dans
les EMF un contrôle de conformité pour s'assurer du respect de la
réglementation, des normes, codes et procédures internes. En
réalité, s'interroger sur le respect de la réglementation
par les EMF revient à explorer l'effectivité d'un contrôle
de conformité au sein de ceux-ci.
INTRODUCTION GENERALE
Les banques font partie du paysage quotidien : elles
reçoivent les virements de salaires, règlent par
prélèvement automatique les factures d'électricité
ou de téléphone, elles accordent des crédits. Le
métier central de la banque est le commerce de l'argent mais en
arrière plan de ces activités, la banque crée de la
monnaie. Par définition, la notion de banque renvoie à toute
entreprise qui a pour profession habituelle de recevoir du public sous forme de
dépôt ou autrement, des fonds qu'elle emploie pour son propre
compte en opération d'escompte, en opération de crédit ou
en opération financière. Ainsi, selon cette définition ce
qui caractérise une banque c'est l'aptitude à faire des
crédits avec des fonds reçus du public. Cette définition
qui résulte de la loi du 13 juillet 1941 va connaître une
évolution en 1984 par la loi du 24 janvier 1984 qui va favoriser
l'émergence de la notion d'établissement de crédit. Les
établissements de crédit sont des personnes morales qui
effectuent à titre de profession habituelle des opérations de
banque. Par opérations de banque, on entend la réception des
fonds du public, les opérations de crédit, la gestion et la mise
à la disposition du public des moyens de paiement. Cette loi qui
définie les opérations de banque les distingue en même
temps des activités connexes au nombre des quelles on peut citer les
opérations de change, les opérations sur or ou sur métaux
précieux, les conseils et assistance en matière de gestion, tous
les services destinés à faciliter la gestion ou le
développement des entreprises existantes ou en création. Cette
loi va distinguer six catégories d'établissement de
crédit : les banques, les banques coopératives ou
mutualistes, les caisses d'épargne et de prévoyance, les caisses
de crédit municipal, les sociétés financières et
les institutions financières spécialisées. Toutes ces
catégories d'établissements sont bien représentées
en zone CEMAC et en constituent la structure du système financier.
Le système financier de la zone CEMAC a connu une
longue période de marasme dans le milieu des années 1980. En
effet le système bancaire s'est littéralement effondré
avec une perte de près de la moitié de la couverture bancaire.
L'atrophie du secteur bancaire s'est manifestée par la faillite de
nombreuses banques et la restructuration des autres. En conséquence, la
perte de confiance des clients vis-à-vis de leurs banques a
détourné ceux-ci du secteur formel au profit du système
financier informel (tontines) et des coopératives d'épargne et de
crédit (COOPEC) qui prendront plus tard l'appellation d'institution de
Microfinance ou établissement de Microfinance (IMF/EMF).
La Microfinance est née du constat que les pauvres ou
les personnes marginales qui ne répondaient pas aux canaux des
institutions financières formelles en matière de garanties
étaient exclues des mécanismes de crédit. L'année
2005 a été consacrée année du microcrédit
par le système des nations unies et le Prix Nobel de la paix 2006 a
été octroyé au Professeur Muhammad JUNUS pour l'invention
du Microcrédit et pour le succès de la Grameen Bank au
Bengladesh. En effet, le premier organisme de Microfinance, la Grameen Bank, a
été crée au Bengladesh par le Professeur JUNUS, en
1974.
Par la suite, le système financier a subi une
réforme dans les années 1990, avec la création de la
Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC), chargée de surveiller
les normes prudentielles, mises en place en 1992. La COBAC devient ainsi le
gendarme des établissements de crédit en général et
des EMF en particulier.
Il faut cependant noter que la mise en place de la COBAC n'a
pas ralenti l'activité des IMF1(*) ; bien au contraire, celle-ci a assisté
à l'évolution remarquable du secteur de la Microfinance en zone
CEMAC et au Cameroun. En effet, son évolution est impressionnante en
zone CEMAC avec plus de 1000 EMF en 2000, 75,3 milliards de dépôts
et plus de 42 milliards de crédits à fin 20032(*). S'agissant du Cameroun, pour la
période 2000/2001, les EMF ont collecté sous forme
d'épargne et de dépôts près de 54 milliards de FCFA
(soit 5.34% des avoirs des clients des banques)3(*). En fin 2006, le total des encours de
dépôt collectés par les EMF au Cameroun représentait
12 % des dépôts collectés par le secteur bancaire (soit 6 %
de variation par rapport à 2001)4(*). Cette dynamique est observée avec 558 EMF en
2005, 85 % de la population concernée5(*). A la vue d'une telle mouvance dans le secteur, il
n'est pas étonnant que les banques portent un intérêt
certain à cette activité. C'est ainsi que les banques usent, soit
des participations au capital des EMF (cas d'Ecobank avec ACCION), soit du
développement de leur propre réseau d'EMF comme c'est le cas pour
Afriland First Bank avec les M (Mutuelles Communautaires de Croissance) et la
MUFFA (Mutuelles Financières des Femmes Africaines). La
réglementation concernant l'activité de Microfinance à
elle aussi connu des évolutions. Tout est parti du décret
n°98/300/PM du 09 septembre 1998 qui régissait l'activité et
qui fut amélioré et complété par celui n°
200/023/PM du 29 janvier 2001 précisant la procédure
d'agrément. Enfin, est intervenu le 13 avril 2002 le règlement
n° 1/03/CEMAC/UMAC/COBAC, relatif aux conditions d'exercice de
l'activité de Microfinance dans la CEMAC et en faisant de la COBAC
l'autorité chargée de la réglementation du secteur. La
COBAC devient ainsi le gendarme des IMF et met en place une
réglementation appropriée au secteur dès 2000.
a. Question de recherche.
Pour la plupart, les textes faisant l'objet de la
réglementation des EMF ont été empruntés à
la réglementation bancaire. Le problème qui se pose cependant est
celui de l'application de cette réglementation. A cet effet, on a
assisté dans la période 2000 à 2001 à la fermeture
de plus d'une centaine d'EMF du fait de la fuite du promoteur avec les fonds
des épargnants6(*).
La création anarchique et le nombre très élevé
d'EMF (difficulté de contrôle par les institutions de tutelle)
pose le problème de la non-conformité de ces derniers. Dans le
souci de se développer et d'accroître au maximum leur
rentabilité, ces établissements peuvent trouver le respect
scrupuleux des exigences réglementaires comme un frein.
Or, le non respect de la réglementation bancaire peut
avoir de graves conséquences à la lumière des Affaires
Enron7(*), Parmalat8(*), Kerviel9(*) et même du blanchiment de
capitaux et du financement du terrorisme en passant par la crise des
subprimes10(*). Et c'est
précisément au vu des fâcheuses conséquences du non
respect de la réglementation, que la COBAC a mis en place une
réglementation appropriée au secteur de la Microfinance
(empruntée, pour la plupart des textes, à la
réglementation bancaire). Mais le problème qui se pose ici est
celui de l'application de cette réglementation dans la pratique
quotidienne de l'activité des Microfinances.
Enfin, tout en précisant que ce mémoire est
rédigé à la suite d'un stage de trois mois dans une IMF
à Yaoundé - Cameroun- nommée Caisses d'Epargne Populaire
et d'Investissement (CEPI), fort a été de constater que le
contrôle interne n'était constituer que de deux personnes
pratiquement, de plus la majorité du personnel semblait étranger
à la notion de conformité et par conséquent peu
sensibilisé à ce sujet. L'on se demande alors si, le
contrôle de conformité est effectif dans les EMF du
Cameroun ? Cette question principale traduit des
préoccupations secondaires s'expliquant par le fait que dans les EMF, le
souci de rentabilité met en retrait la question de la
conformité, en d'autres termes, la gestion quotidienne des EMF est-elle
conforme à la réglementation ?
b. Objectifs.
Ce travail vise à présenter les écarts
qui existent entre la pratique de l'activité de Microfinance au Cameroun
et la réglementation à la quelle elle est assujettie. Son
objectif in fine est de proposer la mise en place du contrôle de
conformité dans l'EMF comme un moyen adapté permettant de
limiter/réduire ces écarts.
c. Intérêt.
Cette recherche revêt deux principaux
intérêts : Tout d'abord sur le plan théorique, elle
édifiera la communauté scientifique sur les
spécificités de l'activité de Microfinance par rapport
à la banque et sur la réalité de la gestion quotidienne
des EMF. Ensuite, sur le plan managérial, son intérêt
est :
i. Pour les EMF, elle se proposera de fournir aux managers et
gestionnaires un outil leur permettant de maîtriser leur degré de
conformité, et d'éviter ainsi les conséquences de son non
contrôle.
ii. Pour les banques, elle se proposera d'apporter des
éléments qui permettent de limiter la concurrence que leur fait
l'activité de Microfinance du fait de sa non-conformité.
iii. Enfin pour les institutions de tutelle (COBAC, GABAC
etc.), elle fournira des informations sur l'état de la conformité
dans les IMF et contribuera ainsi au contrôle de tutelle des EMF.
d. Le cadre théorique
La question du respect de la réglementation à la
quelle sont assujetties les IMF nécessite au préalable une bonne
connaissance de cette réglementation, son histoire, ses fondements et
principes. La Microfinance au Cameroun a eu des débuts difficiles
marqués par des dissolutions, des fermetures et des disparitions des
structures11(*). Cet
échec se trouvait dans l'absence d'un cadre réglementaire bien
défini et adapté au secteur. L'assainissement engagé par
l'Etat, bien que jugé encore insuffisant est parti des évolutions
dans la réglementation. On a eu tout d'abord le décret
n°98/300/PM du 09 septembre 1998 qui régissait l'activité et
qui fut amélioré et complété par celui n°
200/023/PM du 29 janvier 2001 précisant la procédure
d'agrément. Enfin, est intervenu le 13 avril 2002 le règlement
n° 1/03/CEMAC/UMAC/COBAC, relatif aux conditions d'exercice de
l'activité de Microfinance dans la CEMAC et en faisant de la COBAC
l'autorité chargée de la réglementation du secteur. Il
faut noter que cette réglementation a connu son sacre avec la
transposition, le 18 janvier 2008, du nouvel accord de Bâle dans une
directive de la COBAC présentant les conditions de mise en oeuvre de
Bâle 2 en Afrique Centrale.
Les accords de Bâle sus évoqués
découlent des évènements12(*) qui ont remis en cause la stabilité du
système bancaire et financier. Face à cela, les autorités
réglementaires ont été forcées de trouver de
nouvelles solutions et de prendre des mesures nouvelles. Ainsi est né en
1988 l'Accord de Bâle qui a instauré de nouvelles obligations
réglementaires en matière de fonds propres des banques, connues
sous le nom de ratio de capital ou ratio de cooke.
Cependant, au cours des années 1990, le risque de
crédit et le nombre de faillites d'entreprises (et de banques en
particulier) n'ont pas baissé. La grande limite du ratio Cooke, et donc
des réglementations issues des premiers accords de Bâle, est
liée à la définition des engagements de crédit. La
principale variable prise en compte était le montant du crédit
distribué. À la lumière de la
théorie
financière moderne, il apparaît qu'est négligée
la dimension essentielle de la qualité de l'
emprunteur,
et donc du
risque de
crédit qu'il représente. Ces lacunes ont amené le
Comité de Bâle a proposé en 2004 un nouvel ensemble de
recommandations, au terme duquel sera définie une mesure plus pertinente
du risque de crédit, avec en particulier la prise en compte de la
qualité de l'emprunteur, y compris par l'intermédiaire d'un
système de
notation
financière interne propre à chaque établissement. Ce
nouvel accord de Bâle a été nommé Bâle 2 avec
un nouveau ratio de solvabilité qui est celui de
McDonough. Tous les
Etablissements de crédit de la CEMAC sont tenus de mettre en oeuvre
Bâle 2 qui est fondé sur trois piliers qui se consolident
mutuellement. Il s'agit de l'exigence minimale de fonds propres, des processus
de surveillance prudentielle et du recours à la discipline de
marché. Il faut noter que l'une des grandes avancées de
Bâle 2 est la prise en compte du risque opérationnel. Le
comité de Bâle 2 (2003, second document consultatif)
définit le risque opérationnel comme des risques de pertes
directes ou indirectes qui résultent de l'inadéquation ou de la
défaillance de procédures, de personnes et de systèmes ou
résultant d'événements extérieurs. Il est donc
question de maîtriser le risque opérationnel en vu de sa
réduction. Parmi les divers types de risque financier, on peut
énoncer le risque de non-conformité. En effet, selon Christian
JIMENEZ lors d'une interview en mai 2006 pour le Frontrisk news, le
risque de non-conformité est un risque opérationnel. Il
définit le risque de non-conformité comme le risque de ne pas
respecter les différents textes de lois applicables à la
profession exercée que ce soit des textes de lois, des textes
réglementaires ou des textes internes. C'est aussi le risque de ne pas
satisfaire les procédures internes au sens large car au sens plus strict
il s'agit du risque de non respect des réglementations professionnelles
(principes éthiques et déontologiques, lois anti-blanchiment,
etc.). La maîtrise du risque de non-conformité implique une bonne
connaissance de la notion de conformité.
La conformité, en anglais compliance, est un
concept nouveau qui a fait naître de nouvelles obligations pour le
banquier. Elle se définit comme l'obligation de veiller à ce que
les personnels s'assurent en permanence que soient respectées :
- Les dispositions législatives et
réglementaires propres aux activités bancaires ;
- Les normes et usages professionnels et
déontologiques ;
- Les codes de conduites notamment le code éthique et
les procédures internes.
Pour remplir cette mission, les établissements de
crédit doivent créer une fonction déontologie et
conformité qui rend compte soit au conseil d'administration soit au
responsable du contrôle interne. Cette fonction transverse voit ainsi ses
domaines d'activité couvrir trois fonctions : les affaires
juridiques, la déontologie, (vulgarisation des lois, codes et
règlements ; prévention des fraudes externes et internes,
etc.) et la sécurité financière (politique de
prévention des risques de blanchiment, de financement du terrorisme, de
violation d'embargo et de non gel des avoirs, etc.).
La compliance tire sa source de la
règlementation bancaire et financière : les travaux de
Bâle II repris en France par le règlement 97 - 02 du comité
de la Règlementation Bancaire et Financière, applicable aux
établissements de crédit et aux entreprises
d'investissement ; les directives européennes transposées
par le Règlement Général de l'Autorité des
Marchés Financiers.
La fonction conformité est une fonction
indépendante qui identifie, évalue, et contrôle le risque
de non-conformité de l'établissement, défini comme le
risque de sanction judiciaire, administrative ou disciplinaire, de perte
financière significative, ou d'atteinte à la réputation,
qui naît du non respect de dispositions propres aux activités
bancaires et financières, qu'elles soient de nature législatives
ou réglementaires, ou qu'il s'agisse de normes professionnelles et
déontologiques, ou d'instructions de l'organe exécutif13(*).
Ce contrôle de conformité tend actuellement
à être effectif dans les banques camerounaises du fait de la
pression des institutions de tutelle notamment la COBAC, et de la crainte des
sanctions. Mais il faut cependant préciser qu'une non-conformité
de la part des IMF favoriserait une concurrence déloyale de la part du
secteur de la Microfinance à l'activité bancaire qui se couvre
contre les conséquences de la non-conformité du fait de
contrôle plus rigoureux. En effet, les conséquences de la
non-conformité ont fait couler beaucoup d'encre ces dernières
années et ont même entraîné la remise en question du
secret bancaire dans certains pays. Ces conséquences sont notamment le
Blanchiment.
En effet, le blanchiment est traditionnellement défini
comme l'action de donner, par différents moyens, l'apparence d'une
existence légale à des fonds dont l'origine est frauduleuse et
illicite14(*). A cet
effet, l'un des aspects (aspect juridique) de la lutte contre le blanchiment
consiste à incriminer ledit processus, c'est-à-dire à
l'ériger en infraction.
Toutefois, selon Francis LEFEBVRE15(*), la plupart des Etats
engagés dans la lutte contre le blanchiment retiennent à cet
effet des définitions pouvant varier d'un système juridique
à un autre. C'est la raison pour laquelle il se contente de la
définition générale permettant de comprendre que le
blanchiment est répréhensible. Il précise par ailleurs que
la compréhension des moyens requis par les blanchisseurs est
fondamentale. Ceux-ci perpétuent leurs activités illicites
grâce à l'anonymat, la discrétion, mais également
grâce à une connaissance fine et précise du système
économique interne et parfois étranger. Selon plusieurs auteurs
notamment Jean-François COUVRAT, Nicolas PLESS et Francis LEFEBVRE, le
blanchiment et la lutte contre le blanchiment sont toujours rattachés
à des activités illicites telles que le financement du
terrorisme, le trafic d'ossements humains, le trafic de stupéfiants...).
Tous ceux-là semblent accorder peu d'importance à la corruption
qui est pourtant l'une des activités les plus dévastatrices qui
minent les pays du monde en général et ceux d'Afrique noire et du
Cameroun en particulier.
Dans son ouvrage De la corruption au Cameroun, Pierre
TITI NWEL défini la corruption comme un comportement (acte ou omission)
réprimé par le code pénal camerounais en ses articles 134
et 134 bis. Selon ses articles, est réputé être corrompu et
puni comme tel `` tout fonctionnaire ou agent public qui, pour lui-même
ou pour un tiers, sollicite, agrée ou reçoit des offres,
promesses, dons ou présents pour faire, s'abstenir de faire ou ajourner
un acte de sa profession'', ou qui reçoit une rétribution
quelconque `` en rémunération d'un acte déjà
accompli ou une abstention passée''. Le corrupteur, également
puni par le même article, est toute personne qui offre des dons ou des
présents en vue d'obtenir en sa faveur et pour un tiers,
l'accomplissement, l'ajournement ou l'abstention d'un acte. Pierre TITI. NWEL
précise que ces pratiques se font au su et au vu de tout le monde. Et il
évoque parmi les plus graves le phénomène de
surfacturation dans la passation des marchés et le versement des rappels
fictifs et exorbitants aux fonctionnaires via le CENADI (Centre National de
Développement Informatique)16(*). Chacun de ces deux cas de corruption met en rapport
trois groupes : La partie corruptrice (un prestataire, un
salarié...), la partie corrompue (un haut cadre du CENADI, une personne
ou une commission chargée des marchés publics...) et une
institution financière (qui reçoit les paiements, les virements
de salaire, les rappels...). De ce développement de Pierre T. NWEL, il
apparaît donc que les Etablissements financiers en particulier les IMF,
hébergent plusieurs activités illicites qui ne peuvent se
développer sans elles.
Il faut préciser que ce phénomène peut
être justifié par le fait que les IMF ont longtemps
été plongé dans une léthargie patente. Mais
aujourd'hui elles font preuve d'une évolution qui nécessite que
l'on s'arrête sur leur définition.
Le terme Microfinance a connu de nombreuses
interprétations mais le Règlement CEMAC (Communauté
Economique et Monétaire d'Afrique Centrale) lui a attribué une
définition qui, selon lui, reflète le mieux la
réalité de cette pratique dans le contexte africain. Selon cette
définition, la Microfinance est une activité exercée par
des entités agrées, n'ayant pas le statut des banques ou
d'Etablissements financiers, et qui pratiquent, à titre habituel des
opérations de crédit et/ou de collecte de l'épargne et
offrent des services financiers spécifiques aux populations
évoluant en marge du circuit bancaire traditionnel. Par ailleurs, selon
Antoine MAROT17(*), le but
de la Microfinance est d'aider des personnes n'ayant pas d'accès aux
circuits bancaires traditionnels à créer une activité
génératrice de revenus. Les activités aidées sont
généralement celles du monde rural, où se trouvent la
majorité des personnes vivant sous le seuil de pauvreté :
agriculture, élevage, petit commerce, artisanat, transport.
Ainsi, de par le but de la création de la Microfinance,
l'on peut dire que les pauvres constituent la cible/clientèle principale
des IMF. Les pauvres sont définis par la Communauté Economique
Européenne comme les individus et les familles dont les ressources sont
si faibles qu'ils se trouvent exclus des modes de vie minimum acceptables dans
l'Etat où ils vivent. L'accent est ici mis sur les ressources
disponibles et c'est sûrement en s'inspirant de cette approche que l'ONU
qualifie de pauvres ceux qui vivent avec moins d'un dollar par jour. Selon le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), il est
possible de différencier trois définitions de la pauvreté
dans le cadre d'une théorie de développement :
- L'approche par le revenu définit un
seuil de revenu à partir duquel on est considéré comme
pauvre. Sont pauvres tous ceux qui ne disposent pas du revenu suffisant pour se
procurer la nourriture nécessaire à assurer les besoins de suivi
(dans les pays riches on prend une définition relative de la
pauvreté : par exemple est pauvre celui qui disposera de moins de x
% du revenu médian, ou du revenu moyen.)
- L'approche par les besoins essentiels
considère qu'il faut prendre en compte non seulement la nourriture, mais
encore des prestations élémentaires dans des domaines vitaux
(santé, éducation, services essentiels). Avoir un emploi et
participer à la vie sociale est aussi pris en compte.
- L'approche par les capacités
considère qu'est pauvre celui qui connaît des carences sensibles
dans des domaines essentiels pour participer à la vie sociale
(exemple : vêtements et logements décents, participation
minimale à la vie sociale, etc.).
Il faut, toutefois, noter que la pauvreté contemporaine
s'analyse aussi par rapport à la culture et aux possibilités de
vivre une vie épanouie et digne d'un être humain. C'est ainsi que
le PNUD définit la pauvreté humaine comme « la
négation des opportunités et des possibilités de choix les
plus essentiels - longévité, santé,
créativité, mais aussi conditions de vie décentes,
dignité, respect de soi-même et des autres, accès à
tout ce qui donne de la valeur à la vie. »18(*). On peut retenir à cet
effet trois indicateurs de pauvreté humaine : l'espérance de
vie, l'instruction et les conditions de vie.
Si l'objectif est d'atteindre la pérennité
financière, l'EMF aura vraisemblablement tendance à refuser les
pauvres (sans garanties à offrir, généralement peu enclins
au risque et à l'entreprise) et à s'ouvrir à des «
gens sérieux ». Le fait est que, « si les EMF cherchent
en priorité à devenir rentables le plus rapidement possible,
alors les plus pauvres seront automatiquement écartés au profit
de populations supposées plus solvables »19(*). Dans cette recherche
effrénée de rentabilité, les EMF grignotent
inévitablement les parts de marché des banques en proposant
à leurs clients des conditions plus alléchantes et
s'érigent ainsi en sérieux concurrents de l'activité
bancaire.
Le problème que nous allons nous
proposer de résoudre tout au long de ce travail est celui de
l'effectivité du contrôle de la conformité des EMF.
e. Propositions
La réalisation de cette recherche partira d'un premier
postulat selon lequel la connaissance des clients et la surveillance
des flux ne sont pas conformes dans les EMF. De cette hypothèse
principale découle des hypothèses secondaires :
- la collecte et la conservation des dossiers et des documents
relatifs à l'identification des clients des EMF sont
défaillantes ;
- la mise à jour des informations et des documents
relatifs à l'identification des clients des EMF est
défaillante ;
- La surveillance des comptes et/ou des opérations est
insuffisante dans les EMF.
f. Méthodologie
Pour mener cette recherche, nous partirons de la
démonstration pour vérifier nos hypothèses et
résoudre le problème posé. Pour ce faire nous nous
appuierons sur un cas pratique pour vérifier nos
hypothèses : Le cas de CEPI S.A., un EMF du Cameroun.
LES NOTIONS DE CONTRÔLE DE CONFORMITE ET DE
MICROFINANCE.
PREMIERE PARTIE
INTRODUCTION
Le contrôle de la conformité est une obligation
toute nouvelle pour les établissements de crédit. Il est
né du constat que l'insuffisance du respect de certaines normes
liées à la profession bancaire était à l'origine de
crises et de fléaux tels que le blanchiment de capitaux. Ce non respect
des normes et règlements liés à la profession bancaire est
l'un des problèmes auquel fait face le secteur de la Microfinance au
Cameroun qu'il convient de présenter (Chapitre 2), après avoir
fait le point sur la notion de conformité (Chapitre 1).
LA NOTION DE CONTRÔLE DE CONFORMITE OU ``
COMPLIANCE ''
Chapitre 1
INTRODUCTION
Au cours des vingt dernières années, la
compréhension des risques et leur gestion ont considérablement
évolué dans les établissements de crédit. La raison
tient à la montée des risques dans les dernières
décennies. Le risque de crédit20(*) est sans doute le principal risque pour un
établissement financier. Durant les années 1980, le risque de
crédit lui-même a fortement augmenté en raison de la forte
augmentation des faillites d'entreprises, de la forte baisse de la valeur des
actifs des sociétés, de la montée des risques pays et de
la crise de la dette des pays en voie de développement (PVD). Par
ailleurs, une série d'évènements, dont le krash boursier
de 1987 et des crises spéculatives sur les marchés des changes,
la faillite des caisses d'épargne américaines dans les
années 1980, celle des banques scandinaves au début des
années 1990, l'apparition de crises dans les pays émergents dont
la crise asiatique de la fin des années 1990, ont rappelé la
nécessité de la vigilance et du contrôle des risques. Face
à ces évènements remettant en cause la stabilité du
système bancaire et financier et les dispositifs de contrôle
habituels, les autorités réglementaires ont été
forcées de trouver de nouvelles solutions et de prendre des mesures
nouvelles. Elles ont conduit en 1988 à l'accord de Bâle qui a
instauré de nouvelles obligations réglementaires en
matière de fonds propres des banques, connues sous le nom de ratio de
cooke21(*). Cependant, au
cours des années 1990 et 2000, le nombre de faillites d'entreprises, et
notamment de grandes entreprises, a continué à se maintenir
à un niveau élevé. Ces lacunes du ratio de cooke ont
amené le Comité de Bâle a proposé en 2004 un nouvel
ensemble de recommandations nommé Bâle 2 avec un nouveau ratio de
solvabilité qui est celui de
McDonough et qui
prend en considération le risque opérationnel. En effet,
Bâle a fait le constat selon lequel les dernières crises
n'étaient pas dues à la réalisation du risque de
crédit mais à l'insuffisance de contrôle dans les
établissements de crédit. Bâle 2 a donc pris de nombreuses
résolutions pour renforcer les systèmes de contrôle
interne. L'une des nouveautés de ce renforcement a été
l'exigence faite aux établissements de crédit de mettre sur pied
un contrôle de conformité. Après avoir défini ce
concept nouveau qui est le contrôle de la conformité (section 1),
il importera de délimiter les domaines qui le concernent dans le cadre
global du contrôle de l'activité bancaaire (section 2).
Section
1 Présentation de la compliance.
Le contrôle de conformité est un concept nouveau
entraînant de nouvelles obligations pour le banquier. Il s'insère
dans le dispositif de contrôle interne, mais constitue en lui-même
un dispositif indépendant qu'il convient de définir puis d'en
présenter la mise en oeuvre.
1.1. Définition.
La conformité, en anglais compliance, est un
concept nouveau qui a fait naître de nouvelles obligations pour le
banquier. Elle se définit comme l'obligation de veiller à ce que
les personnels s'assurent en permanence que soient respectées :
- Les dispositions législatives et
réglementaires propres aux activités bancaires ;
- Les normes et usages professionnels et
déontologiques ;
- Les codes de conduites notamment le code éthique et
les procédures internes.
Pour remplir cette mission, les établissements de
crédit doivent créer une fonction déontologie et
conformité qui rend compte soit au conseil d'administration soit au
responsable du contrôle interne. Cette fonction transverse voit ainsi ses
domaines d'activité couvrir trois fonctions : les affaires
juridiques, la déontologie, (vulgarisation des lois, codes et
règlements ; prévention des fraudes externes et internes,
etc.) et la sécurité financière (politique de
prévention des risques de blanchiment, de financement du terrorisme, de
violation d'embargo et de non gel des avoirs, etc.).
La compliance tire sa source de la
règlementation bancaire et financière : les travaux de
Bâle II repris en France par le règlement 97 - 02 du comité
de la Règlementation Bancaire et Financière, applicable aux
établissements de crédit et aux entreprises
d'investissement ; les directives européennes transposées
par le Règlement Général de l'Autorité des
Marchés Financiers.
La fonction conformité est une fonction
indépendante qui identifie, évalue, et contrôle le risque
de non-conformité de l'établissement, défini comme le
risque de sanction judiciaire, administrative ou disciplinaire, de perte
financière significative, ou d'atteinte à la réputation,
qui naît du non respect de dispositions propres aux activités
bancaires et financières, qu'elles soient de nature législatives
ou réglementaires, ou qu'il s'agisse de normes professionnelles et
déontologiques, ou d'instructions de l'organe exécutif22(*).
Le champ de compétences de la conformité est
très large. La fonction de conformité est distincte de la
fonction juridique à proprement parler, en cela qu'elle traite de
l'application au sein de l'établissement et dans son activité de
l'ensemble de règles qui régissent la profession ; mais sans
interférer dans le règlement des litiges qui peuvent opposer la
société à des tiers, ni dans les différends d'ordre
contractuels. Cependant il n'est pas impossible de regrouper la fonction
juridique avec la conformité, bien, qu'à notre sens, cette
dernière soit de nature complètement différente, en raison
de sa dimension de contrôle.
La fonction de conformité est incompatible avec la
réalisation d'opérations comptables, commerciales, ou
financières.
En termes de hiérarchie, elle doit, lorsqu'elle n'est
pas confiée à un membre de l'organe exécutif, être
rattachée directement à la direction générale de
l'entreprise, ou tout au moins à un niveau d'autorité suffisant
pour assurer son indépendance vis-à-vis des autres services. Il
s'agit plus couramment d'un responsable du contrôle de
conformité en anglais compliance officer qui doit
tenir compte des enjeux de la compliance pour intervenir dans
les domaines qui lui sont confiés et remplir les
missions de la compliance.
1.1.1. Le responsable de
la conformité ou compliance officer.
Le compliance officer ou responsable de la
conformité, a non seulement un rôle d'identification de la
réglementation financière, du code de bonne conduite et des
bonnes pratiques professionnelles à suivre ainsi que de contrôle
de leur application ; mais aussi un rôle de conseil, d'information
et de formation.
Le responsable de la conformité identifie les
règles applicables et met en place les procédures visant à
leur respect par l'ensemble du personnel. Il identifie les conflits
d'intérêts potentiels et met en place des règles de gestion
lorsqu'ils ne peuvent pas être évités, comme la tenue d'un
registre des conflits d'intérêts. Il met en place des
procédures connues sous le nom de « murailles de
Chine », afin de prémunir la société contre la
circulation indue d'informations confidentielles.
Bien que le mot ait disparu du vocabulaire
réglementaire, il est aussi déontologue : il définit
les règles déontologiques, identifie le personnel concerné
et fixe les restrictions en matière de transactions personnelles. Il
dresse la liste du personnel dont les conversations téléphoniques
peuvent être enregistrées et est compétent pour
procéder à leur écoute.
Le responsable de la conformité effectue des
contrôles de second niveau, réguliers, afin d'identifier les
violations des règles que nous venons de citer. Parmi ces
contrôles nous pouvons citer :
- Le contrôle du respect des procédures par les
services opérationnels ainsi que l'exécution des contrôles
de premier niveau.
- Dans une société de gestion des portefeuilles
le respect des contraintes d'investissement.
- Dans une entreprise d'investissement, quelque soit son
métier, le respect par le personnel, des règles de transaction
pour son propre compte, et, plus généralement du code de
déontologie.
- Le contrôle de la prévention des abus de
marché...
Ces contrôles donnent lieu à un reporting
à la Direction, mais aussi, dans certains cas comme dans celui de l'abus
de marché, à l'autorité de supervision.
1.1.2. Enjeux de la conformité.
La conformité est devenue une exigence internationale
forte
- les organismes internationaux y prêtent une grande
attention
- les régulateurs y attachent une importance croissante
: recommandations du Comité de Bâle d'avril 2005, règlement
CRBF 97-02 modifié
- la société dans son ensemble exige plus de
transparence et plus d'éthique.
1.1.3. Les domaines de la
conformité
La fonction conformité est une fonction de
prévention des risques et de contrôles permanents. La
conformité doit être intégrée dans la culture
d'entreprise et concerne tous les métiers de la banque.
La conformité peut recouvrir les domaines
suivants :
Ø La déontologie des marchés financiers
(Règlement Général de l'AMF / autorité des
marchés financiers en France).
Ø La protection et connaissance des clients
- conformité des produits et des
opérations
- niveau de conseil et d'information
- respect de la réglementation CNIL
- la sécurité des biens et des
personnes
Ø La lutte contre le blanchiment et le financement du
terrorisme.
- Évolution législative : la lutte contre le
blanchiment a connu une grande évolution législative. Tout
d'abord en France, avec la loi du 12 juillet 1990 qui crée pour les
banques une obligation de vigilance sur les opérations paraissant
provenir du trafic de stupéfiant et une obligation de déclaration
de soupçon à trafic. Ensuite la Loi du 29 janvier 1993 qui
étend les dispositions de la loi de 1990 aux sommes pouvant provenir de
l'activité d'organisations criminelles et non plus seulement du trafic
de drogue. La loi du 13 mai 1996 qui institue le délit
général de blanchiment consistant principalement dans le fait
d'apporter son concours à une opération de placement, de
dissimulation ou de conversion du produit direct ou indirect d'un crime ou d'un
délit. Et en Afrique Centrale, les dispositions de la COBAC à
travers le règlement COBAC R-2005/01 du 01 Avril 2005 relatif aux
diligences des établissements assujettis en matière de lutte
contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en Afrique
Centrale.
- Outre le blanchiment des produits du crime et le financement
du terrorisme, la 3éme Directive :
o Insiste sur le renforcement de la connaissance que nous
devons avoir du client (identification) et de ses opérations
(traçabilité)
o Élargit le champ de la déclaration aux autres
infractions qualifiées de « graves » dont la fraude
ainsi que tous les délits dont la peine est supérieure à
un an de prison. La fraude fiscale est désormais directement
visée.
o Adapte les mesures de surveillance au degré de risque
que représente le client (société écran, relations
transfrontalières, transactions anonymes)
o Demande un suivi particulier pour les Personnes
Politiquement Exposées (PPE) : personnes physiques détenant ou
ayant détenu une fonction publique importante.
Les banquiers sont donc au coeur du dispositif et peuvent
servir, à leur insu, d'intermédiaires dans le processus de
blanchiment.
Par ailleurs, la fonction conformité aura en charge
de :
- Organiser le mode de fonctionnement coordonné des
trois lignes métiers qui constituent ensemble la fonction de
conformité : la ligne métier conformité -
déontologie, la ligne métier juridique et la ligne métier
sécurité Financière.
- Réaffirmer les principes et les mesures
opérationnelles qui doivent être respectés pour les
activités clientèle.
- Organiser les circuits de détection, de
remontée et de correction des dysfonctionnements dans l'application des
lois, règlements, normes professionnelles et déontologiques.
- Etablir des pistes d'audit fiables.
- Appliquer le contrôle conformité dans le cadre
des opérations transfrontalières.
- Organiser la lutte contre le blanchiment des capitaux.
- Organiser la prévention de la fraude :
o Devoir d'alerte, et suivi rapproché des alertes
jusqu'à la clôture formelle des alertes.
o L'absence d'information étant particulièrement
préjudiciable au traitement opérationnel des cas de fraude, et au
recouvrement des fonds détournés, un dispositif peut être
mis en place, demandant à tout collaborateur ayant connaissance d'un
fait pouvant être qualifié de fraude ou de malveillance, tant
interne qu'externe, d'en avertir sans délai la Direction de la
conformité ou l'audit interne.
o Afin d'éviter des dérives, des
procédures d'alerte doivent être écrites et
diffusées.
1.1.4. Les missions spécifiques de la
Conformité.
Les missions spécifiques du contrôle du
contrôle de conformité sont nombreuses :
- Identifier et mettre sous contrôle les risques de
non-conformité à travers un suivi quotidien des comités de
contrôle interne.
- Evaluer les risques en associant les responsables
opérationnels de la banque.
- Identifier les procédures et mesures internes
nécessaires pour le contrôle de la banque ;
- Conseiller et diffuser l'information et former pour
l'ensemble des collaborateurs ;
- Assister et formuler des avis ;
- Participer à la mise en marché des produits
nouveaux en donnant son avis sur le respect des normes, aux prises de
décision en matière de transaction, ou au lancement
d'activités nouvelles ;
- Assurer une veille réglementaire ;
- Prévenir le blanchiment et les fraudes ;
- Gérer la faculté d'alerte ;
- Maintenir les relations avec le régulateur
- En matière de sécurité
financière, obligation de coopérer à la lutte
contre la criminalité, la lutte anti-blanchiment et au respect des
règles en matière d'embargo, déclarer le
soupçon ;
- En matière de services
d'investissement, mission de gérer les dispositifs de conflit
d'intérêt et abus de marché, veiller au respect des
règles des marchés et surveillance des transactions.
1.2. La mise en oeuvre du contrôle de
conformité.
La mise en oeuvre de la compliance repose
préalablement sur la mise en place d'un dispositif
fiable et sur la définition d'un plan de
contrôle. Ensuite il est question de définir les
indicateurs du contrôle de conformité et de se
doter d'outils d'analyse.
1.2.1. Le dispositif de
contrôle de conformité.
Pour mener à bien ses missions, le contrôle de
conformité se constitue en un dispositif dont le but est de :
- protéger l'entreprise ;
- protéger les administrateurs, les dirigeants et les
collaborateurs ;
- maîtriser les risques de sanction judiciaire,
administrative ou disciplinaire ;
- maîtriser les risques de perte financière.
Ce dispositif s'appuie sur une équipe, des
procédures et des Systèmes d'Information.
i. Le dispositif
humain.
Il existe des comités ; par exemple quand on veut
mettre un produit en place dans la banque, il y'a des comités qui
veillent, il y a des rapports de conformité qui sont produits. Le
contrôle de conformité suit une organisation bien
structurée qui peut varier d'une banque à l'autre. Dans le cas de
CA SCB au Cameroun par exemple, il existe un Département
Conformité. Au niveau des agences, les comités font des rapports
qui sont transmis au Responsable de la Conformité. Ce dernier rend
compte à l'audit interne et doit défendre son rapport au
comité d'audit.
D'autre part, il importe de souligner que la
compliance est l'un des trois métiers du Contrôle
Interne. Elle se décline vis-à-vis :
- des collaborateurs : Il s'agit de remettre le code de
déontologie aux employés car tous les employés peuvent
user du devoir d'alerte : par exemple dès qu'un agent constate des
opérations suspectes chez la clientèle ou chez ses
collègues, il doit en alerter la hiérarchie.
- Des clients : La suitability
c'est-à-dire que les produits doivent convenir aux besoins des clients.
C'est l'adéquation des produits aux clients. Elle concerne les NAP
(Nouvelles activités, nouveaux produits). On a aussi un ensemble de
mesures appelé due diligence visant à rechercher et
contrôler des informations permettant aux investisseurs de fonder leur
jugement sur les actifs, l'activité, la situation financière et
les perspectives de la société dans laquelle ils envisagent de
prendre une participation.
ii. Les
procédures.
Le contrôle de conformité a besoin de
procédures bien établies pour remplir ces missions. Ces
procédures renvoient à des étapes et à des
conditions que doivent remplir les opérations qui sont effectuées
au sein de l'établissement.
iii. Les Systèmes
d'Information (SI).
Les SI représentent l'élément de base
d'un bon dispositif de contrôle de conformité. C'est grâce
à ce système que le Compliance Officer est relié aux
autres activités de la banque. Le SI agrège autour de lui
plusieurs techniques. Et dans ce cas, l'on peut considérer le KYC comme
une base de donnée de la banque. Le SI est le support de la
traçabilité et de la piste d'audit.
1.2.2. Le plan de
contrôle.
Le plan de contrôle doit être formalisé. Il
doit être revu et mis à jour régulièrement. Afin de
documenter les contrôles à réaliser au sein de
l'entité, il convient de construire un référentiel propre
à l'entité permettant de les référencer de
manière normalisée et homogène. Le plan de contrôle
se construit notamment à l'appui :
- de l'inventaire des activités et des processus,
- de l'analyse des cartographies de risques et en particulier
la cartographie des risques de non-conformité,
- de l'analyse des pertes avérées et donc de la
vérification de l'existence des contrôles et de son
adéquation face aux risques avérés,
- de l'analyse des dysfonctionnements,
- du recensement des procédures existantes,
- des constats de recommandations des missions de l'audit
interne et de l'audit externe.
1.2.3. Les indicateurs de
contrôle de conformité.
La réalisation du plan de contrôle permet de
mesurer le résultat des contrôles au travers d'indicateurs,
définis par des caractéristiques telles que le numéro
d'identification du contrôle auquel l'indicateur est rattaché, le
numéro d'identification et le libellé de l'indicateur, le mode
opératoire de son calcul et les règles d'encadrement de son
appréciation.
Les contrôles s'inscrivent dans la démarche
globale de la maîtrise des risques de toutes natures jugés
significatifs. A ce titre, ils doivent couvrir des zones de risque sensibles et
être proportionnés aux enjeux (rapport coût du
risque/coût du contrôle), être documentés, mis en
oeuvre et leur résultat tracé. Ils doivent aussi permettre de
déclencher des alertes et des actions correctrices dès lors qu'un
dispositif, une procédure ou encore une règle de fonctionnement
n'est pas respectée stricto sensu.
Les indicateurs de contrôle permettent de mesurer et
d'apprécier les résultats des contrôles et ont pour
objectif d'informer régulièrement le management afin d'anticiper
et de prévenir les risques, d'agir et de corriger à très
court terme les anomalies. Pour être pertinent, les indicateurs de
contrôle doivent réunir certaines qualités :
fidélité et objectivité, rapidité et
facilité d'obtenir des données (quantitatives), additivité
(afin de permettre une consolidation), cohérence dans le temps et dans
l'espace. L'indicateur est exprimé sous forme de ratio comprenant un
numérateur et un dénominateur, chacun devant faire l'objet d'une
définition précise. L'appréciation de l'indicateur a pour
objectif de faciliter le pilotage de chaque indicateur en fixant des limites
d'encadrement : On parle ainsi de seuil cible et seuil d'alerte. Le seuil
cible est soit le taux de conformité attendu pour le contrôle,
soit le taux d'opérations conformes souhaité. Le seuil d'alerte
quant à lui est le taux de conformité au-dessous duquel une
alerte et un plan d'actions doivent être déclenchés.
1.2.4. Les outils
d'analyse.
Le contrôle de la conformité repose sur plusieurs
outils d'analyse parmi lesquels on peut citer : les tableaux de bord, les
reportings, les plans d'actions correctrices, les déclarations du
soupçon, le Rapport Annuel du Responsable de la Conformité.
i. Les tableaux de
bord.
Les tableaux de bord de pilotage de contrôles des
risques de non-conformité consignent les indicateurs les plus
significatifs de la maîtrise des risques. De manière
générale, ces tableaux de bord ont pour objectif de contribuer
à donner une assurance raisonnable de la maîtrise des risques,
faciliter l'action de toute Direction Générale, permettre
d'informer régulièrement la ligne métier risques et
contrôles permanents des résultats des contrôles
clés.
ii. Les
reportings
Sur la base des contrôles effectués, des
reportings sont établis, permettant de vérifier la
réalité des contrôles réalisés et de rendre
compte de leurs résultats. Ces reportings sont destinés en
premier lieu aux opérateurs eux-mêmes, à leur
hiérarchie, au management et aux responsables des fonctions de
contrôle.
iii. Les plans d'actions
correctrices.
Les résultats des contrôles sont analysés
et donnent lieu à des plans d'actions. Il est recommandé de
toujours donner le statut du plan d'action : en cours,
décidé, date de mise en oeuvre etc.
iv. Les
déclarations.
Les déclarations du soupçon font partir du
travail du travail du Responsable de la Conformité. Cette tâche du
Responsable de la Conformité rentre pleinement dans le cadre de la lutte
contre le blanchiment. Il doit à cet effet suivre les recommandations du
GAFI (Groupe d'Action Financière) qui est un organisme
intergouvernemental qui émet des recommandations nationales et
internationales afin de lutter contre le blanchiment et le financement du
terrorisme. En Afrique Centrale, le rôle du GAFI est assuré par le
GABAC (Groupe d'Action contre le Blanchiment en Afrique Centrale) qui se charge
de la promotion des normes de lutte contre le blanchiment. Selon ces normes, le
Responsable de la Conformité doit déclarer toutes
opérations ou clients suspects. L'organisme habilité à
recevoir les déclarations est l'ANIF (Agence Nationale d'Investigation
Financière).
v. Le Rapport Annuel du
Compliance Officer.
Au moins deux fois par an, l'organe délibérant
(le comité d'audit, le cas échéant) procède
à l'examen de l'activité et des résultats du
contrôle interne, en particulier du contrôle de la
conformité et des éléments essentiels et des enseignements
dégagés de la mesure et de la surveillance des risques.
Le compliance officer doit faire des rapports au
Comité de Contrôle Interne. « Ces rapports sont
insérés dans le RACI (Rapport du contrôle interne) et
transmis au Comité d'audit au quel assiste le Conseil
d'administration »23(*). Le rapport annuel a pour but d'informer l'organe
exécutif et l'organe délibérant sur les points forts et
les points faibles des contrôles effectués.
Il est néanmoins à noter que si le
compliance officer envoie ses rapports de façon
indépendante à la Direction Générale, ceux-ci sont
insérés dans le rapport du contrôle interne parce que le
contrôle de la conformité reste un démembrement du
contrôle interne raison pour laquelle il importe de définir la
place qu'occupe la compliance dans le dispositif de contrôle
interne.
1.3. la place de la compliance dans le
dispositif de contrôle interne.
Bien que la fonction conformité soit une fonction
indépendante, elle ne peut se détacher entièrement du
dispositif de contrôle interne qui est constitué d'un
contrôle permanent, d'un contrôle de la sécurité
financière et de la conformité24(*), d'un contrôle périodique ou audit
interne et d'un comité d'audit interne.
1.3.1. Le contrôle
permanent.
C'est une ligne métier distincte du contrôle
périodique avec ses objectifs, moyens et effectifs. Il est exclusif de
toute autre fonction et engagement afin d'éviter d'être juge ou
partie. Le Responsable Contrôle Permanent des Risques (RCPR) est
directement rattaché au Directeur Général. Il est
chargé du :
- contrôle du risque de crédit ;
- surveillance des dispositifs de Bâle 2 ;
- management des risques opérationnels ;
- contrôle de plan de continuité
d'activité (PCA) ;
- contrôle de la sécurité des
Systèmes d'Information ;
- contrôle de la sécurité
physique ;
- contrôle du comptable ;
- contrôle des risques de marché ;
- contrôle des risques financiers structurels.
1.3.2. Le contrôle
de la sécurité financière et de la
conformité.
Il s'agit de la compliance tel qu'elle est
définie dans cette section. Elle intervient en matière de
sécurité financière et de services d'investissement.
1.3.3. Le contrôle périodique ou audit
interne.
Le contrôle périodique contrôle le
contrôle permanent. Le contrôle périodique d'une filiale
dépend du responsable périodique du groupe et du Directeur
Général. On parle souvent de l'audit inspection qui assure le
niveau ultime de contrôle. Il contrôle permanent et même le
Directeur Général. Il apporte une opinion indépendante sur
le fonctionnement de toute activité, tout dispositif etc. le responsable
du contrôle périodique :
- analyse les risques encourus par l'entité ;
- s'assure de la maîtrise des activités
audités ;
- veille à la mise en oeuvre des recommandations issues
des missions d'audit ;
- participe à la coordination des missions d'audit
à diligenter.
1.3.4. Le comité d'audit interne.
Le comité d'audit est un démembrement du conseil
d'administration et est composé d'administrateurs. Le PCA, le D.G. ou
les délégués (mandataires sociaux), les responsables
d'activités ne peuvent pas être membre de ce comité.
Cependant, les responsables du contrôle (permanent, périodique, de
conformité) assistent aux réunions de ce comité et font un
rapport sur le déroulement de celui-ci.
Section 2 Les domaines du contrôle de la
conformité.
Le contrôle de la conformité est une obligation
nouvelle qui vise à renforcer le contrôle interne et la gestion
des risques. Pour éviter toute confusion des tâches et duplication
d'effort, le domaine de la compliance doit être bien
défini. Il s'agit notamment de la protection et la connaissance des
clients et du blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. La
spécification de ce domaine permet une meilleure maîtrise des
risques de non-conformité. En outre, elle permet d'éviter les
fâcheuses conséquences de la survenance de ces risques.
2.1. La protection et connaissance des
clients.
La protection et connaissance du client est le domaine le plus
sensible de la compliance. On y regroupe plusieurs exigences notamment
l'analyse KYC, Conformité des produits et des opérations, et la
sécurité des données personnelles des clients.
2.1.1. La connaissance du
client : l'analyse KYC.
Know Your Customer (KYC) est le règlement bancaire que
des institutions financières doivent suivre pour identifier leurs
clients et obtenir des informations appropriées et pertinentes avant
d'entrée en affaire financière avec eux. Aux USA, KYC est
typiquement une politique mise en oeuvre pour se conformer à un
programme d'identification client conformément à la loi sur le
Secret bancaire. Les politiques KYC deviennent de plus en plus importantes
à l'échelle mondiale pour empêcher la fraude, le vol
d'identité, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
Un aspect de KYC doit vérifier que le client n'est dans
aucune liste de fraudeurs connus, de terroristes ou de blanchisseurs, comme la
liste de ressortissants particulièrement dressée par le Bureau de
Contrôle d'Actifs. Cette liste contient des milliers d'entrées et
est mise à jour au moins mensuellement.
Les établissements de crédit doivent
vérifier les justificatifs d'identité et de domiciliation avant
l'ouverture d'un compte. Il s'agit d'un document officiel d'identité en
cours de validité portant la photographie du demandeur et un
justificatif de domicile ou, à défaut de domicile stable, une
attestation de domiciliation.
Le document d'identité doit comprendre le nom, le
prénom, la date et le lieu de naissance de la personne ainsi que les
caractéristiques et l'identité de l'autorité qui l'a
produit. Ces informations doivent être conservées par
l'établissement. Le permis de conduire peut être
considéré comme un document répondant aux prescriptions
réglementaires sur la vérification de l'identité mais non
comme un justificatif de domicile. Par ailleurs, dans la mesure où
l'examen de la photographie figurant sur le permis de conduire ferait
naître, par exemple en raison de la date où ce dernier a
été établi, un doute sur l'identification de la personne,
les établissements seraient fondés à compléter
cette identification en demandant, le cas échéant, un document
complémentaire.
i. La due diligence.
Le due diligence est un concept anglo-saxon qui signifie que
le banquier doit travailler à se prémunir lui-même contre
tout élément négatif qui peut être
évité pour une opération.
La due diligence est un concept très lié
à l'analyse KYC.
En droit français, le due diligence correspond la
notion de "bon père de famille". En droit des affaires, elle se
manifeste de deux façons :
· L'audit préalable ( J.O. du 28 décembre
2006) : investigation qui implique le recours à des experts,
notamment comptables, financiers, juridiques ou fiscaux, dont les conclusions
serviront de base à la prise de décision d'un investisseur.
- L'audit préalable d'acquisition ou "due diligence
d'acquisition" est réalisé pour évaluer et valider les
forces et les faiblesses d'une entreprise ciblée, et de permettre la
rédaction de clause de garantie de passif. Il s'agit d'un
audit comptable, financier,
environnemental qui assure la transparence de l'opération en
précisant de façon pertinente les risques inhérents
à la structure à acquérir. Est donc concerné
l'ensemble des mesures de recherche et de contrôle des informations
permettant aux investisseurs de fonder leur jugement sur les
actifs,
l'activité, la situation financière et les perspectives de la
société dans laquelle ils envisagent de prendre une
participation. Dans un contexte nécessitant de plus en plus de
réactivité
de la part des acheteurs, les due-diligences sont assurées par des
experts en évaluation comptable, financière et environnementale.
Ces experts travaillent en étroite collaboration avec des
spécialistes en audit juridique, social, fiscal... L'audit
préalable est une étape essentielle pour éviter toute
asymétrie d'information entre vendeurs et acheteurs.
- L'audit préalable environnemental : Qu'il
s'agisse d'acquisitions immobilières, de ventes, de transactions
boursières ou d'investissements purement financiers, l'application d'un
nombre croissant de régimes de responsabilité environnementale et
de permis ainsi que des législations internationales de plus en plus
complexes en matière d'environnement, d'hygiène et de
sécurité au travail pourraient bien transformer un simple
investissement à l'étranger en un engagement responsable
juridique et financier. C'est pour cette raison que peu d'entreprises
envisagent d'acquérir une installation ou une propriété
avant d'avoir procédé à une évaluation approfondie
de due-diligence. Les évaluations de due-diligence (Due Diligence
Assessments - DDA) de phase I sont ainsi devenues un élément
clé de tout investissement, indépendamment du degré de
développement juridique du pays ciblé.
· L'obligation de vigilance (J.O. du 28 décembre
2006) : ensemble de prescriptions légales imposant, aux
établissements de crédit et à toute personne recueillant
des fonds, des contrôles visant à identifier leur interlocuteur et
l'origine de ses ressources.
La due diligence permet à la banque d'effectuer un
véritable audit pour améliorer la connaissance de son client
ainsi que de son environnement avant d'investir. C'est la raison pour laquelle
on peut la ranger dans le KYC.
2.1.2. Conformité
des produits et des opérations.
La conformité des produits et des opérations est
un domaine très important de la compliance. De façon
globale, il vise à veiller à ce que les produits
développés et les opérations de l'établissement
respectent les normes de la profession. Ce domaine concerne les nouvelles
activités, nouveaux produits (NAP), et les procédures pour
effectuer certaines opérations courantes.
i. Les nouvelles activités, nouveaux produits
(NAP).
Couramment appelés NAP, les nouvelles activités,
nouveaux produits renvoient à un métier de la
compliance. Concrètement, l'activité bancaire consiste
au développement des produits et services adaptés aux besoins de
la clientèle. Toutefois, le développement de ces produits et
services ne doit pas être fait dans l'anarchie. Il doit remplir des
conditions liées à son prix, son objet etc. et prévues par
les normes en vigueur dans l'Etat. A cet effet, tous nouveaux produits ou
activités doit être transmis au compliance officer qui en
vérifiera la conformité et fera une validation ou un rejet
accompagné de ses observations et recommandations.
ii. Les dispositifs de muraille de Chine.
Pour maintenir une crédibilité et une
réputation de probité indispensables à leur survie, les
banques d'investissement ont, avec l'aide du législateur et des
autorités de contrôle, mis en place différents
mécanismes de séparation et d'isolement leur permettant de
maintenir des activités aux intérêts parfois
contradictoires, mais néanmoins très complémentaires. Le
dispositif dit de la muraille de Chine en fait partie : il s'agit de
garantir l'étanchéité parfaite entre les différents
services quant à la circulation d'informations sensibles. Elle repose
sur l'engagement d'intégrité des "initiés" (qui encourent
des
sanctions
très sévères en cas de manquement), ainsi que sur
différents dispositifs de contrôle interne (restriction de
l'accès à l'information au plus petit nombre d'intervenants
possible, surveillance de leurs échanges internes et externes, etc).
iii. Les procédures à remplir pour
certaines opérations et les alertes.
Dans la plupart des cas, les procédures exigées
par la compliance lors du déroulement de certaines
opérations rentrent dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et
le financement du terrorisme. Ces opérations sont notamment les
versements et les remises chèques, les transferts et les virements. Pour
chacune de ces opérations, la compliance est
intéressée par la production de justificatifs.
- Dans le cas du versement, le client doit justifier la
provenance des fonds. La législation camerounaise a admis que cette
exigence soit opérer à partir d'un certain montant qui est de
cinq millions dans les EMF. Ces justificatifs doivent être
analysés par le compliance officer et doivent être
cohérents avec l'activité ou la vie du client au quel cas une
alerte peut être déclenchée. Car, il faut préciser
que la première phase et la plus compliqué du blanchiment des
capitaux c'est le placement ; c'est-à-dire réussir à
loger les fonds dans une banque d'où l'importance de la vigilance lors
des placements.
- Dans le cas des transferts et des virements, l'intervention
de la compliance est encore plus aigue. Il est toujours question de
produire des justificatifs. L'Etat camerounais n'est pas très exigent
quand il s'agit des montant inférieurs à cinq millions de francs
CFA mais au-delà, la compliance doit s'assurer que la
destination ou la provenance des fonds est bien justifiée et est
cohérente avec l'activité du client. Le responsable de la
conformité peut surveiller tous ces mouvements à partir de son
bureau grâce à son SI, aux états informatiques, et a un
ensemble de logiciel permettant de déclencher des alertes en cas
d'abus.
2.1.3.
Sécurité des données, formation et sensibilisation des
collaborateurs.
La sécurité des données personnelles des
clients et la formation des collaborateurs sont des domaines très
liés par le fait que le premier a besoin du deuxième. En d'autres
termes, la sécurité des données personnelles des clients
demande une bonne sensibilisation du personnel.
i. La sécurité des données
personnelles des clients.
En France, cette disposition est prévue dans une
réglementation appelée réglementation CNIL25(*). A cet effet, elle renvoie
alors aux normes qui doivent être respectées sur le plan
informatique dans l'établissement. Plus les systèmes
d'information sont bons, mieux les données des clients sont en
sécurité. Car le SI contient toutes les données des
clients. Le SI doit impérativement respecter les normes DICP26(*). D'autre part, des mesures
doivent être prises par le Responsable de la sécurité des
SI (RSSI) pour prévenir les menaces qui sont nombreuses et de plusieurs
natures. Le responsable de la conformité doit donc veiller à ce
que le SI de la banque respecte les normes de sécurité et DICP.
Il doit s'assurer de la conformité des SI. Dans le cadre du Cameroun en
général et de la Microfinance en particulier, la protection des
données personnelles des clients ne se limitera pas au système
informatique mais s'étendra aux agents. Le manque de professionnalisme
des agents de Microfinance reste un problème au Cameroun. Le responsable
de la conformité doit s'assurer que ses collaborateurs traitent de
façon responsable les données personnelles des clients. Il doit
limiter les pertes de dossiers, ou tout simplement des dossiers qui
traînent sur des tables, ou dans le hall. Pour être plus prudent,
il doit sensibiliser et former ses collaborateurs aux règles de
conformité.
ii. La formation et la sensibilisation des
collaborateurs aux règles de conformité.
Le responsable de la compliance n'intervient pas dans la
gestion ou le traitement des opérations dans l'établissement. Il
doit juste s'assurer que l'établissement respecte les normes,
réglementations et procédures. Pour éviter de
déclencher des alertes à tout moment ou même de devoir
mener des actions correctrices de façon régulière, le
compliance officer doit sensibiliser ses collaborateurs sur les
règles de conformité car ce sont ces collaborateurs qui sont les
utilisateurs des normes, des procédures et même de la
réglementation. Ils doivent être bien formé à ce
sujet car ce n'est pas le compliance officer qui est chargé de respecter
la réglementation mais eux.
2.2. Le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme.
La mondialisation des échanges et la
libéralisation des capitaux ce sont accompagnées d'une
accélération et d'un accroissement extraordinaire de la vitesse
et du volume des capitaux d'origine criminel en circulation. C'est ce
phénomène qui a donné naissance au blanchiment de
capitaux.
10 000 milliards de dollars d'actifs financiers en
dépôts ou en gestion dans des paradis fiscaux, 50 % des flux
financiers mondiaux transitent par les paradis fiscaux. Selon le FMI ces
paradis fiscaux hébergent 4000 banques, les deux tiers des fonds
spéculatifs et 2 millions de sociétés écrans. Entre
20 et 25 milliards d'Euros de pertes de recettes fiscales pour l'Allemagne,
entre 15 et 20 milliards pour la France et 100 milliards pour les USA.
Ces chiffres ainsi présentés permettent de
percevoir l'ampleur des dégâts financiers occasionnés par
le blanchiment des capitaux d'où la nécessité de le
définir, d'en présenter le déroulement, les acteurs ainsi
que ses moyens de prévention et de détection.
2.2.1.
Définition.
Le blanchiment consiste à donner une apparence licite
à de l'argent qui provient d'activités illicites. C'est donc le
fait de faciliter par tout moyen la justification mensongère de
l'origine des biens ou des revenus de l'auteur d'un crime ou d'un délit
ayant procuré à celui-ci un profit direct ou indirect. Comme
activités illicites, nous pouvons citer à titre
d'illustration : le trafic de drogue, la prostitution, la corruption, le
trafic d'influence, le trafic d'armes, le trafic d'êtres humains, la
contrefaçon, la contrebande, la piraterie etc. Plus
spécifiquement, le blanchiment recouvre les agissements
ci-après :
- La conversion ou le transfert des biens provenant d'un crime
ou d'un délit dans le but de dissimuler ou de déguiser l'origine
illicite desdits biens. Dans le but aussi d'aider toute personne
impliquée dans la commission des crimes ou des délits à
échapper aux conséquences juridiques de ses actes.
- La dissimulation ou le déguisement de la nature, de
l'objet, de l'emplacement, de la disposition, du mouvement, ou de la
propriété des biens provenant d'un crime ou d'un délit.
- L'acquisition, la détention ou l'utilisation des
biens provenant d'un crime ou d'un délit.
- La participation à l'un des actes
énumérés ci-dessus, les tentatives de les
perpétrer, le fait d'en faciliter l'exécution ou même le
fait d'inciter ou de conseiller quelqu'un à le faire.
2.2.2. Le déroulement du
blanchiment.
La chaîne des opérations qui caractérisent
le blanchiment se déroule généralement en trois grandes
étapes :
- L'étape du placement : encore appelée
prélavage, cette étape consiste à faire entrer l'argent le
plus souvent en espèce dans le système économique.
- L'étape de l'empilage : Encore appelée
lavage, cette étape consiste à multiplier les écrans pour
masquer l'origine du financement.
- L'étape de l'intégration : Encore
appelée recyclage, l'étape consiste à réaliser des
investissements ou des dépenses d'apparence classique.
Cette succession d'étapes nécessite une
diversification des rôles et donc une organisation. C'est pourquoi le
blanchiment des capitaux est considéré comme une forme de
délinquance organisée. Cette forme de délinquance est
d'autant plus grave qu'elle fait intervenir des expertises variées
(avocats, experts comptables, banquiers, etc.). Cette spécialisation et
cette diversification des rôles vont rendre très difficile
l'identification et le démantèlement des réseaux de
blanchiment. D'ailleurs il est possible de se demander si on peut lutter contre
le blanchiment.
Un préalable à la lutte contre le blanchiment
est l'identification des zones qui facilitent sont développement. On
parle à cet effet de paradis fiscaux. Pour qu'un pays soit taxé
de paradis fiscal il faudrait qu'on y remarque des facilités fiscales et
des lacunes réglementaires. C'est sur ces pays que la surveillance sera
accentuée par les principaux acteurs chargés de la lutte contre
le blanchiment.
2.2.3. les principaux acteurs chargés de la
lutte contre le blanchiment.
- Le GAFI (Groupe d'Actions Financières) qui est un
organisme intergouvernemental constitué par des recommandations
nationales et internationales afin de lutter contre le blanchiment des capitaux
et le financement du terrorisme. Il regroupe tous les pays affichant leur
volonté de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.
Le GAFI a mis en place un ensemble de mesures que chaque institution nationale
doit appliquer en matière de justice pénale et système de
contrôle. Ces mesures préventives doivent être
adoptées par les institutions financières et contiennent 40
textes de recommandation.
- Le comité ministériel de l'UMAC qui est
chargé de l'édiction des règles principales portant
prévention et répression du blanchiment et du terrorisme.
- Le GABAC (Groupe d'Actions contre le Blanchiment d'argent en
Afrique Centrale) qui est chargé de la promotion des normes, des
instruments et des standards de lutte contre le blanchiment.
- La COBAC qui à l'occasion de ses missions et
notamment lorsque l'entité contrôlée fait l'objet d'un
défaut de vigilance, elle peut prononcer des sanctions disciplinaires et
édicter des règles spécifiques applicables en
matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
- L'ANIF (Agence Nationale d'Investigation Financière)
qui est chargé de recevoir, de traiter et le cas échéant
de transmettre aux autorités judiciaires compétentes les
déclarations aux quelles sont tenues les organismes financiers et
personnes assujetties.
- Les autorités judiciaires et notamment le procureur
de la République qui reçoit des personnes autres que les
assujetties les déclarations d'opérations dont elles ont
connaissance et qui portent sur des sommes qu'elles savent susceptible de
provenir d'un crime, d'un délit ou de s'inscrire dans un processus de
blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme. Les autorités
judiciaires jugent, prennent des mesures conservatoires et prononcent les
sanctions prévues par la réglementation en vigueur.
- Les établissements de crédit et les autres
personnes assujetties (changeurs manuels, casinos, établissement de jeu,
notaires et autres membres de professions juridiques indépendantes,
agents immobiliers, sociétés de transport et de transfert de
fonds, agences de voyage, commissaires aux comptes, experts comptables,
conseillers fiscaux, auditeurs externes, marchands d'articles de valeur,
services financiers de la poste, sociétés d'assurance et
courtiers d'assurance, sociétés de bourse, intermédiaires
en opérations de bourse, sociétés de gestion de
patrimoine, etc.).
- A l'intérieur de la banque, l'on peut
énumérer le responsable de la conformité chargé de
l'animation, du dispositif de lutte contre le blanchiment à
l'intérieur de l'établissement de crédit et les agents au
contact de la clientèle.
Les établissements de crédit sont donc les
principaux acteurs de la lutte contre le blanchiment car c'est dans leur
enceinte que se développe cette activité. Raison pour la quelle
la profession bancaire a mis sur pied des techniques de prévention et de
détection du blanchiment.
2.2.4. Les techniques bancaires de prévention
et de détection du blanchiment : Le rôle de la
compliance.
Le banquier a l'obligation de répondre aux exigences
réglementaires sans peine de sanction pénale ou de sanction
administrative. Trois principes clés lui permettent dans la pratique de
prévenir ou de détecter des opérations de blanchiment.
- l'obligation de vigilance : s'exerce aux
différents stades de la relation avec le client. A l'entrée de la
relation, l'identité du client par exemple doit être
prouvée. Au fil de la relation, le banquier doit prêter attention
aux opérations remarquables, aux opérations inhabituelles ou les
opérations réalisées avec des personnes suspectes.
- La connaissance du client : Cette notion recouvre la
connaissance du client lui-même, des mandataires, des sous-traitants et
des partenaires. Communément appelé le ``KYC'' (Know Your
Customers), le dossier doit contenir un document ``connaissance du client'',
des pièces justificatives (identification, adresse du domicile, photo),
des éléments d'appréciation de la compétence,
d'estimation du revenu / profession nouvelle, et d'estimation de son
patrimoine.
- La surveillance des opérations : l'objectif est
de détecter les opérations sans rapport avec l'activité,
les habitudes financières ou la fortune du client. Par exemple le fait
pour un salarié de faire des remises chèques, le fait pour une
entreprise de confier un mouvement sans relation avec son chiffre d'affaires,
le fait pour le client de demander le remboursement anticiper d'un prêt
qu'il vient de souscrire.
- L'obligation de déclaration du soupçon :
la banque est tenue de déclarer à l'ANIF les opérations
jugées suspectes c'est-à-dire susceptibles de s'inscrire dans un
processus de blanchiment. La déclaration doit comporter les informations
essentielles ci-après :le déclarant, le correspondant, le
client, les autres personnes intervenants dans l'opération, la
description de l'opération, la typologie du blanchiment, les
commentaires éventuelles et les documents annexes.
Toutes ces techniques de prévention et de
détection du blanchiment sont garanties par le chargé de la
conformité (en anglais compliance officer) qui
identifie les risques de non-conformité à la
législation, aux procédures, aux normes professionnelles. Cette
tâche s'avère très sensible dans la mesure où la
survenance d'un risque lié à la non-conformité peut avoir
de graves conséquences sur l'activité de
l'établissement.
2.3. Les conséquences de la
non-conformité.
Depuis les derniers évènements qui ont
affecté la stabilité du système bancaire et financier
mondial, la conformité est devenue l'un des sujets à l'ordre du
jour au comité de Bâle. La prise en compte du risque de
non-conformité est devenue déterminante dans la gestion bancaire
d'où la nécessité de le définir avant d'en
présenter les conséquences.
2.3.1. Définition
du risque de non-conformité.
Le risque de non conformité se définit comme un
« risque de sanction judiciaire, administrative ou disciplinaire, de perte
financière, d'atteinte à la réputation, du fait de
l'absence de respect des dispositions législatives et
réglementaires, des normes et usages professionnels et
déontologiques, propres aux activités des
banques »27(*).
Cette définition est une reformulation de celle proposée par le
règlement 97-02 pour le quel le risque de non-conformité est
« Un risque de sanction judiciaire, administrative ou disciplinaire, de
perte financière significative ou d'atteinte à la
réputation, qui naît du non respect de dispositions propres aux
activités bancaires et financières, qu'elles soient de nature
législatives ou réglementaires, ou qu'il s'agisse de normes
professionnelles et déontologiques, ou d'instructions de l'organe
exécutif prises notamment en application des orientations de l'organe
délibérant».
Ce risque se distingue du risque juridique de litige
puisqu 'il ne vise pas la mise en cause des établissements au titre
de leurs obligations contractuelles mais les conséquences dommageables
du non-respect de règles relevant pour l 'essentiel de
l 'ordre public. La conformité aux lois et règlements est
devenue une préoccupation majeure et le risque pénal, qui
était tabou, est devenu un sujet en soi. La réglementation est
dense et complexe, le non-respect des textes peut coûter cher à
l'entreprise et à ses dirigeants. Les contrôles des
autorités administratives sont redoutés et peuvent être
redoutables puisqu 'elles ont vu, chacune leur tour, leurs pouvoirs
d'investigations et de sanctions significativement accrus.
La commission bancaire est l'autorité qui
détient le plus de pouvoirs d'investigation et de sanctions. Ces
sanctions peuvent être disciplinaires ou pécuniaires.
2.3.2. Les sanctions disciplinaires.
Dans le cas particulier des Microfinances, l'article 57 du
règlement N° 01/02/CEMAC/UMAC/COBAC stipule que la COBAC peut
prononcer à l'encontre de tout établissement ayant violé
la réglementation, l'une des sanctions disciplinaires
suivantes :
- l'avertissement ;
- le blâme ;
- l'interdiction d'effectuer certaines opérations ou
l'exercice de certaines activités ;
- la suspension, la démission d'office ou la
révocation du commissaire aux comptes ;
- la suspension ou la démission d'office des membres
des membres du conseil d'administration, du directeur général ou
du gérant ;
- le retrait d'agrément.
2.3.3. Les sanctions pécuniaires.
La COBAC puni d'un emprisonnement de trois à deux ans
et d'une amende de 100 000 francs à 10 millions de francs, ou
seulement de l'une de ces deux peines, quiconque, agissant soit pour son
compte, soit pour le compte d'une personne morale, contrevient aux dispositions
et aux textes d'application du règlement COBAC relatif aux conditions
d'exercice et de contrôle de l'activité de Microfinance dans la
CEMAC pour :
- défaut d'agrément pour l'exercice de
l'activité d'EMF.
- Poursuite des activités d'EMF après retrait de
l'agrément ;
- Défaut d'agrément pour l'exercice des
fonctions de dirigeant d'établissement ou de commissaire aux
comptes ;
- Réalisation illégale d'opérations de
Microfinance à titre habituel ;
- Et toute autre violation des interdictions
énoncées dans le règlement COBAC relatif aux conditions
d'exercice et de contrôle de l'activité de Microfinance dans la
CEMAC.
La COBAC peut toutefois décider de mettre un
établissement sous administration provisoire en cas de carence
constatée dans la gestion.
2.3.4. L'atteinte à
la réputation ou à l'image de l'établissement.
La non-conformité d'un établissement peut
être à l'origine d'un scandale qui éclabousse la
réputation d'un établissement comme se fût le cas pour
Enron et Parmalat. L'atteinte à la réputation de
l'établissement n'implique pas de dépense immédiate mais
elle a un coût. Elle ternie l'image de l'établissement engendrant
ainsi une perte de confiance de la part des clients. Une image
désastreuse peut peser sur les ventes de l'établissement, sur la
valeur de ses titres ou sur sa capacité à attirer les talents.
Jusqu'à présent, les économètres avaient
été incapables d'apprécier scientifiquement la
réalité et l'ampleur de ce coût de la réputation. La
mauvaise réputation peut être à l'origine d'une forte
baisse de la performance commerciale et même financière de
l'établissement. Dans le pire des cas, elle peut occasionner une
ruée bancaire28(*)
et mener ainsi l'établissement vers une défaillance l'obligeant
soit se livrer à une OPA29(*) soit à une fusion acquisition ou même
à une faillite etc.
Le contrôle de conformité est une obligation
nouvelle pour les établissements de crédit. Il est doté
d'un dispositif chargé de surveiller des domaines précis de
l'activité de l'établissement tels que la protection et
connaissance des clients, le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme. Il vise à une meilleure maîtrise du risque de
non-conformité de l'établissement. La non-conformité de la
part d'un établissement de crédit peut lui être
préjudiciable du fait des sanctions aux quelles il s'expose. Mais ce
n'est pas le souci majeur du législateur lorsqu'il insiste sur la
conformité. En réalité, sa peur se situe au niveau du
risque systémique que cela pourrait occasionner à travers des
catastrophes mettant en mal la stabilité du système bancaire et
créant un manque de confiance chez les épargnants. En effet, de
telles catastrophes se sont produites à plus d'une reprise30(*) dans le secteur bancaire et il
faut préciser a cet effet que le secteur de la Microfinance n'est pas en
reste dans cette obligation.
Chapitre 2
LA NOTION DE MICROFINANCE
INTRODUCTION
Le système bancaire camerounais a connu une
période difficile ayant entraînée la perte de confiance de
la part de la clientèle. Cette clientèle s'est donc vu fuir le
système bancaire formel pour se réfugier dans un système
financier informel animé par des tontines et des COOPEC qui prendront
plutard l'appellation d'Institution de Microfinance. Dans ce chapitre, il sera
question de présenter l'activité de Microfinance au Cameroun
(section 1) et de présenter ses spécificités tout en
faisant ressortir le lien avec la conformité (section 2).
Section 1 Présentation de la Microfinance au
Cameroun.
La Microfinance est née dans le but d'aider des
personnes n'ayant pas d'accès aux circuits bancaires traditionnels
à créer une activité génératrice de revenus.
Depuis sa création, la Microfinance a connu plusieurs mutations et
présente aujourd'hui des caractéristiques qui découlent de
sa définition et de son histoire.
1.1. Définition, évolution et
caractéristiques de la Microfinance.
Bien que la pratique de l'activité de Microfinance fait
aujourd'hui l'objet de plusieurs controverses quant au but de sa
création, sa définition, elle, reste claire à ce sujet.
1.1.1.
Définition.
Marc Labie, définit la Microfinance comme étant
l'octroi de services financiers (généralement du crédit et
/ou de l'épargne), à des personnes développant une
activité productive, le plus souvent de l'artisanat ou du commerce et
n'ayant pas accès aux institutions financières commerciales en
raison de leur profil socio-économique (il s'agit des pauvres, sans
revenus fixes, qui n'offrent aucune des garanties demandées par les
institutions bancaires commerciales)31(*).
Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir de
très petits crédits («microcrédit ») à
des familles pauvres pour les aider à mener des activités
productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de
développer leurs très petites entreprises. Avec le temps et le
développement de ce secteur particulier partout dans le monde, la
Microfinance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de
services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert
d'argent etc.) et aussi une clientèle plus étendue. La
Microfinance ne se limite donc plus aujourd'hui à l'octroi de
microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble
de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système
financier classique ou formel32(*).
Le CGAP (Groupe
consultatif pour l'assistance aux pauvres) quant à lui, définit
la Microfinance comme un « ensemble de services financiers et
bancaires à destination des populations les plus pauvres ».
Le terme Microfinance a ainsi connu de nombreuses
interprétations mais le Règlement CEMAC (Communauté
Economique et Monétaire d'Afrique Centrale) lui a attribué une
définition qui, selon lui, reflète le mieux la
réalité de cette pratique dans le contexte africain. Selon cette
définition, la Microfinance est une activité exercée par
des entités agrées, n'ayant pas le statut des banques ou
d'Etablissements financiers, et qui pratiquent, à titre habituel des
opérations de crédit et/ou de collecte de l'épargne et
offrent des services financiers spécifiques aux populations
évoluant en marge du circuit bancaire traditionnel.
Par ailleurs, selon Antoine MAROT33(*), le but de la Microfinance est
d'aider des personnes n'ayant pas d'accès aux circuits bancaires
traditionnels à créer une activité
génératrice de revenus. Les activités aidées sont
généralement celles du monde rural, où se trouvent la
majorité des personnes vivant sous le seuil de pauvreté :
agriculture, élevage, petit commerce, artisanat, transport.
Une synthèse de ces définitions nous permet
d'appréhender la Microfinance comme un moyen de développement
économique permettant aux personnes à faibles revenus exclues du
système bancaire formel, d'améliorer leur mode de vie,
d'augmenter leurs revenus, en leur offrant un ensemble de services financiers
tels que : l'épargne, le crédit, l'assurance, le transfert
d'argent, etc.
Elle se définit donc par :
· Sa cible : les populations
défavorisées (pauvres) exclues de l'accès aux
systèmes financiers classiques ;
· Son objet : un instrument de lutte
contre la pauvreté (instrument parmi d'autres, utilisé en soi ou
intégré dans un projet ou programme);
· Ses fonctions financières
d'épargne, de crédit, d'assurance, de coffre
développées en dehors du système financier formel ou
bancaire classique ;
· Sa visée : le
développement et/ou la création d'activités
économiques rentables et pérennes, ainsi que l'accroissement des
ressources des ménages. (Patience MPANZU, 2005).
Ces éléments qui définissent la
Microfinance sont un héritage de l'histoire de cette activité.
1.1.2. Historique et
évolution de la Microfinance.
La Microfinance (sous cette appellation) trouve son origine
dans les innovations éthiques de l'économie sociale de la fin du
19ème siècle des pays industrialisés.
Dès cette époque, une multitude d'initiatives ont vu le jour pour
promouvoir l'épargne des classes laborieuses (paysans, ouvriers,
artisans), pour la sécuriser et la rémunérer de
façon attractive, mais aussi pour la transformer en crédits,
beaucoup moins coûteux que ceux offerts par les commerçants et
autres usuriers de l`époque (DEFOURNY J. et al, 1999). Friedrich
RAIFFEISEN, SCHULTZ, DELITZ et Alphonse DESJARDINS sont
considérés comme les pères du mouvement mondial des
coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC). Le premier,
lance l'idée en Bavière dans la seconde moitié du
19ème siècle, le dernier la développe au
Québec dès le début du 20ème
siècle.
En Afrique, des expériences les plus anciennes ont
été identifiées au Ghana (1920), au Kenya, Nigéria,
Ouganda dès 1955. La formule des « Crédit
Unions » ou coopératives d`épargne et de crédit
a surtout été développée au cours de ces vingt
dernières années (Nsabimana A., 2004)34(*).
Mais l'expérience du microcrédit35(*) ou mieux des systèmes
de financement décentralisés (formels ou informels) daterait de
plus longtemps que ça. Dans le passé, les pratiques visionnaires
de certains moines qui avaient fondé au
XVe siècle des monts-de-piété
présentaient déjà des orientations communautaires. Le
premier mont-de-piété crée en 1462 en Italie, structure
spécialisée dans le prêt sur gage afin de lutter contre les
usuriers doit donc être considéré comme l'un des
ancêtres les plus lointains de la microfinance36(*).
En Inde, le micro-crédit est apparu il y a 3000 ans,
sous trois formes principales : les traditionnels usuriers, les chit funds
(épargne et crédit rotatif par association), et les guildes de
marchands. Les trois existent encore aujourd'hui.
A la fin des années 1990, le succès du
microcrédit grâce à Docteur Muhammad YUNUS avait
enfanté la Microfinance, qui englobe toute une gamme de services
financiers à destination des pauvres : crédit, épargne,
assurance... C'est à lui que nous devons l'acceptation actuelle de la
Microfinance.La Microfinance a aussi son histoire au Cameroun. Elle y est
apparue sous sa forme traditionnelle (tontine37(*), « swhaa'a dans l'Ouest Cameroun,
« Djangui » dans la zone anglophone) depuis plus d'un
siècle. En 1963, sous l'influence des missionnaires hollandais dans la
zone anglophone du Cameroun, elle a démarré de manière
formelle avec la création de la première coopérative de
crédit dénommée « credit union »
ou caisse populaire. Mais ce n'est qu'au début des années 90 que
la Microfinance s'est diversifiée grâce aux lois n° 90/053 du
19 décembre 1990 sur la liberté d'association et n° 92/006
du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives
et aux groupes d'initiative commune (CREUSOT, 2006). Grâce
à ces textes, le paysage de la Microfinance va changer et se diversifier
comme indiqué dans notre introduction. C'est dans ce contexte que nous
allons donc voir apparaître de nombreuses institutions telles
que :
· Des institutions
développées de manière endogène, c'est le cas des
MC² (mutuelle communautaire de croissance)
· Les Caisses Villageoises d'Epargnes et de Crédit
Autogérées (CVECA)
· Des projets de développement ou agro-industriels
avec un volet crédit comme exemple nous pouvons citer la
société de développement du coton (SODECOTON), South- West
development Authority (SOWEDA), etc.
· Des ONG et associations orientées vers la
microfinance et le développement comme Appropriate Developement for
Africa Foundation (ADAF), ...
|
|
La Microfinance a ainsi une origine très lointaine qui
la caractérise et constitue son identité actuelle qu'il
nécessite de présenter.
1.1.3.
Caractéristiques de la Microfinance.
La Microfinance présente des traits
caractéristiques particuliers. Ils concernent38(*) :
· le niveau des montants financiers : on parle de «
micro » crédits. Il est généralement admis que le
montant des crédits se situe entre 20 et 1000 US$ ;
· le terme ou échéance de remboursement :
sous des formes variées (remboursement journalier, hebdomadaire,
mensuel, ..., ou parfois à terme échu), le terme de remboursement
du crédit est généralement court. Pour la plus grosse part
des crédits octroyés, il ne dépasse pas 12 mois.
· les conditions d'accès et d'octroi du
crédit : les formalités et procédures nécessaires
pour formuler une demande de crédit sont simplifiées au maximum.
Le temps entre la demande et l`octroi du crédit est le plus court
possible. Les garanties recherchées par les EMF se trouvent
généralement en dehors du champ des garanties classiques du
système bancaire commercial et sont adaptées aux
spécificités culturelles de la zone d'implantation de la
Microfinance.
A ces éléments de caractérisation
centrés sur la méthodologie de crédit se greffent d'autres
traits d'identification de la Microfinance encore plus saillants.
i. La pauvreté.
Le concept de Microfinance est toujours associé
à celui de la pauvreté, (c'est d'ailleurs ce
phénomène de société qui est à l'origine du
développement de la Microfinance) d`où la nécessité
d'apporter un éclairage sur la notion de pauvreté dans le cadre
de ce travail.
La pauvreté est une notion toute relative et assez
complexe. En effet, le pauvre de Harlem city aux Etats-Unis a de fortes chances
d'être considéré comme riche ou au moins modeste dans un
village du Cameroun.
La Banque mondiale définit deux seuils de
pauvreté internationale de 1$ (très pauvres) ou de 2$ (pauvres)
par jour et par tête (CGAP, 2003) et, selon le sommet du
microcrédit de 2005, les plus pauvres sont ceux qui se situent dans la
moitié inférieure du groupe des personnes qui vivent en dessous
du seuil de pauvreté le plus sévère, dont le niveau de
consommation est inférieur à 1$ par jour.
Alors que dans l'Union Européenne, on définit
comme pauvre, toute personne dont le revenu est inférieur à la
moitié du revenu moyen de l'ensemble de la population du pays
considéré (HAUSSER et PILGRAM, 1999)39(*), beaucoup d'organisations
internationales de développement se basent sur la notion de
pauvreté absolue, laquelle définit le pauvre comme étant
toute personne dont le revenu journalier ne dépasse pas un dollar
américain.
Se basant sur les déclarations des pauvres, la Banque
Mondiale (2000) propose la définition synthétique suivante :
« la pauvreté est un profond dénuement, un manque
aigu de bien-être. Etre pauvre, c'est avoir faim, ne pas avoir un toit,
ne pas avoir des vêtements décents, être malade et ne pas
pouvoir se faire soigner ; c'est être illettré et sans
instruction. Les personnes démunies sont particulièrement
exposées à des événements extérieurs qui
échappent à leur contrôle : maltraitées par les
institutions et la société, n'ont les moyens de se faire
entendre, ni d'exercer une influence quelconque».
Nous retiendrons avec Patience MPANZU, qui se basait sur un
des quatre niveaux de pauvreté définis par l'OCDE dans son
étude, comme pauvre une personne privée de certains des cinq
capitaux suivants : Le capital naturel (l'eau, la terre, les ressources
environnementales), le capital social (les liens de solidarités entre
membres d'un groupe social, l'accès aux institutions, ...), le capital
humain (les connaissances, l'aptitude au travail, la santé,...), le
capital physique (le patrimoine, l'accès aux infrastructures de base,
les moyens de production,...) et le capital financier (l'épargne,
l'accès au crédit, à l'assurance).
C'est de ces pauvres que la Microfinance tente de s'occuper
dans le but les faire sortir de la situation précaire dans laquelle ils
se trouvent.
Nous convenons en effet avec le CGAP que les populations qui
vivent dans l'extrême pauvreté, les indigents, les sans logis, les
réfugiés ne devraient pas être considérés
comme des clients de la Microfinance40(*). Le risque existe de les pousser dans une spirale de
l'endettement, du surendettement et de la pauvreté accrue par des
crédits qu'ils ne sont pas en mesure de rembourser. Ainsi, la
Microfinance bénéficie le mieux aux populations ou personnes qui
ont, ou qui ont identifié, une activité économique sur
laquelle ils sont en mesure de capitaliser s'ils peuvent disposer de
financements adaptés même s'ils sont petits (TOLLENAERE, 2002).
ii. La proximité
Une des caractéristiques méthodologiques
essentielles de la Microfinance est le concept de proximité. En effet,
quelles que soient les mesures envisagées, un point commun à
l'ensemble des programmes et institutions de Microfinance est constitué
par la proximité avec les clients ``micro-entrepreneurs'',
proximité à la fois géographique, mais aussi sociale.
Cette caractéristique directement inspirée de la finance
informelle est une condition indispensable pour établir une relation
fiable entre le ``micro-entrepreneur'' et le prêteur. Elle est, dans une
large mesure, à l'origine des succès rencontrés par les
organisations actives en Microfinance.
iii. Le lien commun
Le lien commun est celui qui unit les
bénéficiaires-clients au sein d'un EMF. Il est le ciment de la
cohésion du groupe et renforce le caractère identitaire et
participatif de ceux-ci à l`institution. Le lien commun peut être
de nature géographique ou territoriale (exemple : les membres de l'EMF
appartiennent à tel village, communauté rurale, quartier, zone,
région,...) ou professionnel ou sectoriel (exemple : les artisans, les
pêcheurs, les agriculteurs, les maraîchers,...) ou voire une
combinaison de deux. Il peut également s'appuyer sur un genre exclusif
(exemple : les femmes dans le cadre des Mutuelles Financières des Femmes
Africaines (MUFFA) au Cameroun).
Un « lien commun » fort facilite la constitution
des groupes de « caution solidaire ». Toutefois, une trop grande
homogénéité des membres d'un EMF, en particulier dans le
type d`activité économique, peut présenter un risque
systémique accru pour l'institution en cas de mauvaise (ou absence de)
récolte par exemple ou d'autres types de calamités. Une
couverture géographique suffisante pour assurer la diversité des
risques et des activités sera à cet égard
recherchée (TOLLENAERE, 2002).
iv. L'argent chaud et froid
Les termes « argent chaud » et « argent froid
» désignent l'origine de l'argent utilisé dans le fonds de
crédit pour être prêté aux clients d'un EMF. On
parlera d'argent chaud lorsque le fonds de crédit est constitué
de l'épargne des clients et d'argent froid lorsque celui-ci est
constitué d'apports extérieurs (emprunts, lignes de
crédits externes, dotations, dons, ...). L'implication et la
responsabilité des clients seront d'autant plus grandes que la
proportion de l'argent chaud sera importante dans le fonds de crédit.
Certains EMF ne fondent leur légitimité que sur l'argent chaud.
Et il faut, alors, parfois deux à trois ans pour qu'un fonds de
crédit soit constitué et que les premiers crédits soient
octroyés. Dans la plupart des cas cependant, les fonds de crédit
des EMF sont composés de ces deux formes d'approvisionnement. Il faut
cependant rappeler que certaines EMF n'ont, de par leur statut, pas le droit de
collecter de l'épargne (EMF de troisième catégorie).
Ces
éléments caractéristiques de la Microfinance
déterminent la nature des produits proposés par les EMF.
1.1.4. Les Produits de la Microfinance.
Comme tout entreprise, les EMF ont le souci du chiffre
d'affaire41(*). Pour ce
faire, ils doivent développer des produits et services adaptés
aux besoins de leurs clientèles. C'est ainsi qu'ils offrent des servies
de microcrédit et d'autres produits.
i. le
microcrédit
Le coeur des services financiers offerts par les EMF (hormis
des produits de collecte de l'épargne) est en général le
microcrédit à court terme (durée inférieure
à douze mois). En conséquence, l'aspect le plus connu de la
Microfinance est le microcrédit. Si bien que pour beaucoup de personnes
et pour le grand public en particulier, la microfinance se confond avec le
microcrédit. Il consiste le plus souvent à octroyer des
prêts à court terme, soit pour permettre la constitution du fonds
de roulement, soit pour réaliser de petits investissements (par exemple
une machine à coudre pour un artisan, l'achat des semences pour les
planteurs, etc.).
Les taux d'intérêts appliqués sur ces
prêts sont au moins égaux, voire supérieurs, à ceux
du système bancaire traditionnel. Quant aux garanties, elles peuvent
être réelles ou morales mais elles reposent avant tout sur des
mécanismes de pression sociale (groupe solidaire ou chef du village) et
sur la motivation de se préserver un accès à des services
financiers (notamment à des crédits dont les montants peuvent
aller croissant).
Aujourd'hui la variété des formes de
crédit est énorme. Toutefois, on distingue
généralement trois grandes catégories de crédit :
à l'investissement, au commerce et à la consommation. Il peut
être défini comme une anticipation d'un revenu
espéré à plus ou moins longue échéance.
Le risque est donc lié à la génération de ces
ressources futures. La cible générale de la Microfinance et
du microcrédit en particulier est le ménage. Le plus souvent, il
n'y a que peu de rapport entre l'utilisation de cette « anticipation
» (l'objet du crédit) et l'origine du revenu permettant le
remboursement. On parle ici de fongibilité de crédit,
c'est-à-dire qu'il est très difficile pour le prêteur
d'affecter directement un emploi à la ressource que constitue le
crédit. Fongibilité à laquelle s'ajoute, le plus souvent
en milieu rural, la pluriactivité.
En dehors du fait que la fongibilité complique la mise
en évidence de l'impact du microcrédit, il faut reconnaître
que c'est un véritable mécanisme de survie qui permet aux
personnes vivant dans la pauvreté de mieux gérer leur situation.
En effet, l'affectation diffuse du crédit reçu leur permet
d'utiliser les ressources financières là où elles seront
les plus utiles pour eux.
· Méthodologie du microcrédit en
microfinance
En microfinance, la méthodologie de crédit
repose plus sur le profil de l'emprunteur (l'évaluation des
crédits est centrée sur la volonté et la capacité
des clients à rembourser) que sur les actifs pouvant être saisis
en cas de non-remboursement. Même si certaines institutions de
microfinance prennent des garanties matérielles en dépôt,
ces dernières constituent rarement le fondement de leurs
décisions d'octroi de crédit.
Les méthodologies de crédit peuvent être
classées en deux grands groupes (Nsabimana, 2004)42(*) : les
modèles de crédits individuels et les modèles de
crédit de groupe.
Les modèles de crédits individuels recourent,
lorsque c'est possible, à des garanties matérielles, comme le
nantissement des actifs, terrains et constructions, etc. Cependant, la
légalité et la pratique de ce type de mesures de garanties sont
souvent remises en cause. Dans la pratique, la plupart des institutions de
microfinance adoptent des techniques de sélection fondées sur une
évaluation sur base du profil individuel.
Les modèles de crédit de groupe recourent
à des groupes solidaires, constitués généralement
de quatre à six membres, qui sont voisins, ou qui exercent des
métiers dans le même quartier ou dans le même secteur
d`activité. Le système de sélection mutuelle qui est
à l`origine de la constitution de tels groupes renforce la confiance de
l'institution envers le groupe.
Dans la méthodologie de crédit aux groupes, et
plus particulièrement dans le cas de groupes de grande taille, les
agents de crédit ont tendance à mener une analyse minimale des
caractéristiques individuelles du client ou de son activité.
Cette analyse est plutôt implicitement déléguée aux
autres membres du groupe, qui ont une connaissance les uns des autres plus
complète que celle des agents de crédit.
· Le « Cautionnement solidaire »
Le cautionnement solidaire est le type de garantie qui a
été développée par l'expérience de la
Grameen Bank, lorsque M. YUNUS, dans le début des années 70,
octroya un crédit à 2 personnes d'un groupe de 5, puis aux deux
suivantes, puis à la dernière. Les 5 membres de ce groupe de
caution solidaire étant solidairement responsables du remboursement du
crédit. Cette expérience a montré les conditions de
fonctionnement et les avantages de ces groupes solidaires : la sélection
des emprunteurs, la discussion sur l'objet du crédit (rendant plus
sûr le succès de l`activité de finance), la facilité
dans la gestion et le remboursement. Les ressorts sociaux mis en jeu par le
cautionnement solidaire sont davantage la pression sociale ou le sens de
l'honneur qu'une véritable solidarité.
Depuis lors, le principe de cautionnement solidaire a
été largement utilisé et adapté aux situations
locales sous formes variées. Il n'est, aujourd'hui, pas rare de trouver
des EMF qui associent l'épargne individuelle préalable, le
crédit individuel et le cautionnement solidaire.
Il convient de relever ici que dans des formes traditionnelles
d'épargne et de crédit existant au Cameroun (Schwa'a, Djangui)
depuis très longtemps, ces formes de caution solidaire par les groupes
a toujours existé.
ii. Les autres produits.
Selon le CGAP, même lorsque les pauvres semblent avoir
accès aux établissements financiers formels, les prestations
offertes ne correspondent pas forcément à leurs besoins43(*).
Parce qu'il reste des besoins importants à couvrir (on
estime à 600 millions le marché potentiel de la microfinance...)
et parce que la demande de la clientèle actuelle des EMF évolue,
la diversification des produits financiers offerts par les IMF est aujourd'hui
au premier plan.
De fait, en réponse à des besoins non encore
couverts identifiées et aux limites perçues dans leur offre, des
exemples d'institutions spécialisées se développent
(plusieurs exemples en Europe de l'Est pour les crédits à des
microentreprises) et les EMF existantes continuent d'innover : des
expérimentations de produits novateurs et intéressants sont en
cours (crédit-stockage, crédit-bail...) au même titre que
des outils de sécurisation du crédit (sociétés de
caution mutuelle, centrales de risque...). Toujours dans cette mouvance et en
sus du microcrédit classiquement offert dans tous les EMF, l'on retrouve
ainsi dans certains de ces établissements d'autres produits (financiers
et non financiers) qui lui sont associés et proposés à la
clientèle. Il s'agit par exemple des services de transferts de fonds,
des produits de microassurance, des actions en formation et d'éducation,
de la location de coffres forts, de l'achat des biens pour les besoins de la
clientèle,...etc.
Ce rappel historique de l'origine de la Microfinance, de ses
définitions et caractéristiques nous montre bien que
l'avènement et le développement de la Microfinance sont
liés à la nécessité ressentie par
d'éminentes personnalités d'inclure dans le système
financier une frange importante de la population mondiale qui en était
systématiquement exclue jusqu'alors (mission sociale). Ce besoin a
également été ressenti au Cameroun et traduit dans les
faits par la création des « credits unions » en
premier. Puis l'expérience va s'étendre et se multiplier à
la faveur de la réglementation et de l'organisation de ce secteur dont
l'importance allait croissante.
1.2. La Microfinance au Cameroun.
Pays à faible taux de bancarisation, le Cameroun avait
plus que jamais besoin d'institutions telles que les EMF. Il sera question ici
de voire comment la Microfinance s'est installé au Cameroun ainsi que
son importance sur ce territoire.
1.2.1. Avènement et
enjeux de la Microfinance au Cameroun.
i. Avènement de la Microfinance au
Cameroun.
Le succès du mouvement mutualiste en Europe ne s'est
pas étendu rapidement en Afrique notamment en Afrique subsaharienne. En
effet, en Afrique plus qu'ailleurs, une très grande majorité de
la population est restée exclue des services financiers formels du fait
principalement du dogme de l'épargne préalable44(*). Cette exclusion a conduit
plusieurs gouvernements, organismes internationaux et coopérations
bilatérales, dans les années 1960 à créer et/ou
apporter des concours multiformes pour la mise sur pied des institutions
financières non bancaires susceptibles de mettre à la disposition
des différents exclus des services financiers appropriés.
Vers la fin des années 60, face aux
échecs45(*) de ces
établissements vis-à-vis de l'atteinte des objectifs qui leur
étaient fixés, de nombreuses initiatives ont été
tentées au début des années 70 pour mettre en place des
établissements financiers plus efficaces s'inscrivant dans la
logique de la libéralisation, du désengagement de l'Etat, de la
privatisation, de la décentralisation,...etc. Ainsi sont apparus ce
qu'on a appelé les systèmes financiers
décentralisés dans la zone francophone et les Microfinance
institutions dans la sphère anglophone.
L'apparition de ces nouvelles structures de financement de
l'industrie de la Microfinance a été le résultat de la
conjonction d'un ensemble de facteurs qui peuvent être regroupés
en 03 de l'avis du Pr Hubert NGNODJOM46(*).
Tout d'abord, la grave crise économique de la fin des
années 80 qui a ébranlé le secteur financier et l'ensemble
des autres secteurs d'activités de l'économie camerounaise. Le
secteur bancaire a enregistré à cette occasion de nombreuses
fermetures ; ce qui a développé un climat de défiance
de la population vis-à-vis du système et une reconversion de bon
nombre des cadres de ces institutions dans des activités de
Microfinance.
Ensuite, l'on a pu observer un durcissement des conditions
d'octroi des crédits dans les banques classiques à la suite des
restructurations imposées à nombre des survivantes à la
crise de cette période. Cette rigueur sélective a
entraîné la marginalisation d'une bonne frange de la population
par rapport à l'accès aux services bancaires et une aggravation
de la sous-bancarisation particulièrement en zone rurale. Les EMF se
sont alors révélées de plus en plus attractives de par
leur approche de proximité et de flexibilité dans leur mode de
gestion.
Enfin, le dernier facteur favorable est exogène
à notre contexte. Il s'agit du choix fait par la communauté
internationale de miser sur les SFD47(*) pour lutter efficacement contre la
pauvreté ; et ce, face aux échecs de la politique de l'aide
publique au développement et de bien d'autres modes de financement qui
ont été expérimentés dans les pays du Sud. De
nombreux programmes ont donc été élaborés dans ce
cadre et offrent en plus des services financiers classiques des services
complémentaires comme les soins de santé, l'apprentissage,...etc.
Pratiquement, c'est en 1963, sous l'influence des
missionnaires hollandais dans la zone anglophone du Cameroun que l'on a
enregistré la création de la première coopérative
de crédit dénommée « credit
union » ou caisse populaire. Ces COOPEC sont aujourd'hui
regroupées au sein de la Cameroon Cooperative Credit Union League -
CamCCUL -, le plus grand réseau d'établissements de Microfinance
du Cameroun. Ce réseau a même créé depuis 7 ans une
banque commerciale : la Union Bank of Cameroon). Mais ce n'est qu'au
début des années 90 que la Microfinance s'est diversifiée
et a connu un essor remarquable grâce aux lois n° 90/053 du 19
décembre 1990 sur la liberté d'association et n° 92/006 du
14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et
aux groupes d'initiative commune48(*).
ii. Enjeux de la
Microfinance.
Normalement, les
banques ne fournissent pas de
services financiers à des clients dépourvus d'un minimum de
revenus. Pour gérer un compte client, ces mêmes banques doivent
supporter un coût fixe assez substantiel qui ne dépend pas du
montant des sommes d'argent mises en jeu. Par exemple, le total des produits
dégagés par une centaine de
crédits de
100 000 FCFA chacun est à peu près égal au profit
dégagé par un crédit de 10 000 000 FCFA, alors que la
gestion de cent crédits implique cent fois plus de travail et de
diverses dépenses que la gestion d'un seul. La même
équation de base régit l'économie d'autres services
financiers. Il y a un
seuil de
rentabilité associé au crédit ou au
dépôt
qui veut dire que la banque perd de l'argent lorsqu'elle effectue une
transaction au-dessous d'un certain montant. Les besoins financiers des pauvres
se situent généralement au-dessous de ce seuil.
De plus les pauvres ne possèdent pas suffisamment de
biens qui puissent être considérés comme un
collatéral,
c'est à dire qui puisse servir de garantie. Même lorsqu'ils
possèdent leurs terres, ils n'en n'ont souvent aucun titre de
propriété. Cela a été particulièrement bien
étudié par l'économiste
Hernando
de Soto[]. Cela implique que les banques n'ont pratiquement pas de recours
contre les
emprunteurs
défaillants.
A cause de ces difficultés, lorsque les pauvres sont
amenés à emprunter, ils doivent souvent faire appel à leur
famille ou à des prêteurs locaux qui pratiquent des
taux
d'intérêts très élevés. Une
synthèse de 28 études portant sur les taux
d'intérêts des crédits informels de 14 pays d'Asie,
d'Amérique latine et d'Afrique conclut que 76% des taux
d'intérêt pratiqués par les prêteurs locaux sont
supérieurs à 10% par mois, et parmi ceux-ci, 22% dépassent
les 100% par mois. Ces prêteurs pratiquent généralement
pour les plus pauvres des taux plus élevés que pour les moins
pauvres[]. Alors que ces prêteurs sont souvent stigmatisés et
traités d'
usuriers, leurs services
sont accessibles, rapides et très flexibles lorsque les emprunteurs
doivent faire face à des problèmes. Les espoirs de les
éliminer du circuit se sont avérés irréalistes
même dans des contextes où les institutions de Microfinance
étaient très actives. L'enjeu de la Microfinance est donc
d'offrir des services financiers à ces pauvres exclus du système
classique en adoptant une organisation, des stratégies et une politique
de gestion qui lui permettent de réaliser de bonnes performances
sociales tout en dégageant une rentabilité acceptable. Cet enjeu
est d'autant plus important qu'une bonne part de la population mondiale en
général et camerounaise en particulier est désormais
servie par ces institutions et que la réglementation de ce secteur est
encore en pleine construction.
1.2.2. Le poids
économique de la Microfinance dans l'activité bancaire du
Cameroun.
Les années 90 ont connu de nombreuses innovations et
diversification dans le secteur de la Microfinance. C'est ainsi que l'on a vu
apparaître :
- des institutions développées de manière
endogène comme les MC² (Mutuelles Communautaire de Croissance)
développées avec l'assistance technique de l'ONG Appropriate
Development for Africa Foundation (
ADAF49(*)) et sous le parrainage de
Afriland First Bank;
- les Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit
Autogérées (CVECA) appuyées par l'ONG Microfinance et
Développement (MIFED) à travers le projet de crédit rural
décentralisé du Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural, la BICEC et deux institutions françaises :
le Centre International pour le Développement et la Recherche (
CIDR) et l'Agence Française de
Développement (AFD);
- les Coopec exclusivement pour femmes, dont principalement :
les Coopératives d'Epargne et de Crédit pour Promotrices (CEC
Prom) avec l'appui de l'Agence Canadienne pour le Développement
International (
ACDI); et la Mutuelle
Financière de Femmes Africaines (MUFFA) qui est appuyée par
Afriland First Bank et l'ONG ADAF;
- les institutions qui n'offrent que du crédit, cas de
ACEP Cameroun (concentré essentiellement dans les villes de
Yaoundé et Douala) et de la Cameroon Gatsby Trust (CGT);
- de nombreux projets de développement ou
agro-industriels avec un volet crédit. Cas de la Société
de Développement du Coton (SODECOTON), South-West Développement
Authority (SOWEDA), PREPAFEN, etc.
Les dernières enquêtes de la COBAC (Commission
Bancaire d'Afrique Centrale) de 2007 montrent que l'activité de
Microfinance est en pleine expansion au Cameroun, et s'accompagne de
restructuration et de consolidation. C'est ainsi qu'en fin 2006, elle
dénombre sur le territoire camerounais 490 EMF (en baisse par rapport
aux 652 EMF recensées en 2000) mais avec 1 052 guichets contre 700 en
2000. Le nombre de membres/clients quant à lui est de 849 030 en forte
progression par rapport aux 219 410 membres/clients de 2000.
Au sens de la réglementation CEMAC, on dénombre
à fin 2006 six réseaux regroupant 252 EMF. Il s'agit du
réseau CAMCCUL (177 EMF), des deux réseaux CVECA (41 EMF) et des
trois réseaux Caisses Mutuelles d'Epargne et de Crédit -CMEC- (34
EMF). Il convient de signaler ici que les EMF dénommés M
évoluent en EMF indépendants. Parmi les autres EMF
indépendants, on note que 35 ont choisi d'évoluer en
2èmecatégorie (contre 12 seulement en 2000). Fin 2006,
près de 93% des EMF sont de 1ère catégorie, et les
statistiques ne présentent pas d'EMF de 3ème catégorie
agréés (la principale qui exerçait dans cette
catégorie, à savoir ACEP, s'est transformée en EMF de
2ème catégorie).
Les actions d'assainissement du secteur de la Microfinance au
Cameroun ont entraîné un renforcement des fonds propres des EMF
qui sont passés de 3 milliards de FCFA en 2000 à plus de 19
milliards de FCFA fin 2006. Les EMF les mieux capitalisés sont : les EMF
du réseau CAMCCUL (3,16 milliards de FCFA), les M (2,09 milliards de
FCFA), COFINEST (1,09 milliards de FCFA), COMECI (956 millions de FCFA), et CCA
(768 millions de FCFA).
Le total des dépôts collectés par les EMF
à fin 2006 est de 162 milliards de FCFA (contre 38 milliards de FCFA en
2000). Les cinq EMF les plus importants (en encours d'épargne) sont :
les EMF du réseau CAMCCUL (44 milliards de FCFA), COFINEST (17 milliards
de FCFA), First Trust (11 milliards de FCFA), CCA (10 milliards de FCFA), et
les M (9,9 milliards de FCFA). S'agissant du total d'encours de crédit
brut, il s'élève à 104 milliards de FCFA (contre 28
milliards de FCFA en 2000), et les 5 EMF les plus importants (encours de
crédit) sont : les EMF du réseau CAMCCUL (29 milliards de FCFA),
COFINEST (9 milliards de FCFA), CCA (7 milliards de FCFA), ACAP Cameroun (6
milliards de FCFA), et les M (5,6 milliards de FCFA).
A fin 2006, l'encours total des dépôts
collectés par les EMF au Cameroun représente 12% des
dépôts collectés par le secteur bancaire (contre 6% en
2000), tandis que l'encours brut des crédits atteint 10,4% du secteur
bancaire (contre 4,3% en 2000).
Le secteur de la Microfinance camerounais occupe une place
prépondérante en zone CEMAC. En effet, il concentre 67% du nombre
total des EMF, 72% du nombre total des guichets, 70% du total des
membres/clients, 69% de l'encours des dépôts, et 82% de l'encours
brut des crédits.
Les principaux produits offerts par les Etablissements de
Microfinance au Cameroun sont l'épargne, le crédit, les
transferts rapides d'argent, les opérations bancaires telles que les
encaissements de chèques, virement, etc. On note aussi un
développement de produits accessoires comme la vente des produits
d'assurance, le paiement de salaires, etc. Mais le produit qui connaît la
plus forte croissance est le transfert rapide d'argent avec des leaders comme
Expess Union, COFINEST, First Trust, CCA, etc. Le volume mensuel des transferts
de fonds opérés par les EMF se chiffre à 3 milliards de
FCFA.
S'agissant des taux d'intérêt débiteur et
créditeur dans le secteur de la Microfinance, ceux-ci ne sont pas
réglementés, et les institutions sont libres de les fixer.
L'enquête de la COBAC (2007) révèle que les taux
d'intérêt débiteurs varient de 6% à 78% par an,
tandis que les taux d'intérêt créditeurs
s'échelonnent de 0,3% à 16% par an.
On observe au Cameroun, un intérêt croissant des
banques classiques pour le secteur de la microfinance. C'est tout d'abord
Afriland First Bank qui en 1992 se lance dans la promotion des M et de la
MUFFA, la BICEC qui engage un partenariat avec les CVECA (accent sur le
refinancement) dès le milieu des années 90s, puis rentre dans le
capital de ACEP Cameroun au moment de sa transformation en
société anonyme, et le Réseau CamCCUL qui
créé la Union Bank of Cameroon (UBC) en 1999. En 2006 la
Société Générale des Banques du Cameroun (SGBC) va
en collaboration avec des partenaires, dont la Société Nationale
d'Investissement (SNI), créer un EMF (Advans). On note aussi la
création au sein d'ECOBANK d'un Département de Microfinance qui
développe des produits de microfinance pour sa clientèle qu'elle
élargit vers des couches de populations exclues du secteur bancaire.
1.2.3. Les acteurs du
secteur.
Parmi les acteurs intervenant dans la Microfinance au
Cameroun, nous distinguons principalement : les institutions de
Microfinance, l'Association Nationale des Etablissements de Microfinance du
Cameroun (ANEM-CAM), les autorités de tutelle, les ONG, les bailleurs de
fonds et des structures spécialisées dans la formation et l'appui
en Microfinance. A côté de ces organisations formelles, existent
des institutions informelles qui répondent aux mêmes besoins que
la Microfinance formelle : ce sont les organisations relevant de la
finance informelle.
i. les institutions de Microfinance.
D'un point de vue quantitatif, d'après l'AFD (agence
française de développement), plus d'un quart des EMF ont un
dépôt moyen inférieur à 10.000 FCFA et
5900 dossiers de crédit traitent d'un montant inférieur
à 50.000 FCFA. Les secteurs principalement concernés par
l'activité du crédit sont ceux du commerce et de l'artisanat
(22,34%), de la santé (20,74%), de l'éducation (20,10%), de
l'agriculture et l'élevage (13,36%) et de l'habitat (5,7%) (O. DJOMO,
2006).
ii. Les autorités de tutelle
L'autorité monétaire Camerounaise est le
Ministère des finances (MINFI). Après avis conforme de la COBAC
(et avis consultatif du CNC (Conseil national du Crédit)), c'est lui
qui accorde les agréments d'exercice aux établissements de
Microfinance.
La Commission Bancaire des Etats d'Afrique Centrale (COBAC) a
pour rôle d'encadrer et superviser l'activité bancaire et
financière (et donc de la Microfinance) dans la Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Elle est
également l'organe de contrôle de la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale.
Le Ministère de l'agriculture et du
développement rural (MINADER) est la tutelle directe des
coopératives. Toutes les coopératives doivent au préalable
s'inscrire auprès de ses services. Ses actions en faveur du secteur de la Microfinance
sont d'ailleurs variées. On peut citer à titre d'exemple l'appui
en équipements, l'octroi de lignes de crédit à conditions
souples à ces établissements pour le financement des
activités agropastorales,...etc. D'autres ministères du
gouvernement camerounais apportent en outre leur aide à ce secteur pour
le financement de leurs cibles spécifiques.
Ex : MINEPIA, MINEFOP, MINAS, ...
iii. Les structures spécialisées
Parmi les structures spécialisées dans la
formation et l'appui en Microfinance, nous trouvons: la Microfinance Academy et
la PACEF. Ces deux structures sont partenaires du programme CAPAF, qui est une
initiative conjointe du Groupe consultatif d'assistance aux pauvres (CGAP) et
du ministère des affaires étrangères français.
La mission de CAPAF est de promouvoir une approche de
marché pour des services de renforcement des capacités des EMF,
touchant à la formation, à l'appui technique et à
l'information. Les structures spécialisées dans la formation en
Microfinance disposent donc des formateurs certifiés et offrent d'autres
types de services dans le domaine de la Microfinance.
iv. Les Organisations Non
Gouvernementales
Les ONG jouent un rôle d'intermédiaire entre les
financiers et les demandeurs de crédits.
Nous retrouvons 4 modes d'interventions des ONG :
- L'intervention en opérateur direct pour la
création et la mise en valeur des structures spécialisées
d'épargne et de crédit ;
- L'appui à la restructuration du secteur
financier ;
- Le soutien financier ou technique;
- L'aide au développement plus large.
Nous retrouvons des ONG camerounaises et
étrangères qui travaillent en partenariat avec des EMF à
l'exemple d'ADAF50(*).
v. Les partenaires et les
bailleurs de fonds
Parmi les bailleurs de fonds, nous
pouvons citer à titre d'exemple : Le Crédit mutuel pour la
France, la Caisse Desjardins pour le Canada, RAIFFESEN pour l'Allemagne, le
PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l'AFD (agence
française de développement), etc.
Comme partenaires au développement, on trouve une
multitude d'organisations dans ce secteur qui apportent leur appui sous forme
des formes variées (subventions financières ou
d'équipements, prêts). Citons à titre d'exemple des
organismes comme MISEREOR, CORDAID, PLAN INTERNATIONAL, CGF (Cameroon Gatsby
Foundation), FIDA, la BAD,...
Ces bailleurs de fonds apportent aux EMF des ressources
financières et des appuis techniques. Ils jouent un rôle de
catalyseur dans la Microfinance en renforçant les capacités
institutionnelles des EMF, notamment par la mise en place des programmes
d'assistance technique pour les plus jeunes EMF et la création des
programmes de développement de nouveaux produits orientés vers
les populations non servies (milieu rural).
Cependant, l'appui des bailleurs de fonds décourage
l'investissement privé. En effet, les institutions de Microfinance, le
gouvernement et les clients sont tous habitués aux subventions et sont
peu enclins à fonctionner suivant les conditions du marché. De
plus, les interventions des bailleurs de fonds sont souvent commandées
par des priorités ou des accords d'ordre politique qui entravent le
développement du secteur dans son ensemble. Dans ce sens, la
Microfinance est parfois considérée comme une sous composante
d'autres programmes plutôt qu'une composante du secteur financier.
1.2.4. Politique nationale
de développement du secteur.
Pour le gouvernement camerounais, la Microfinance
apparaît comme l'élément essentiel de la stratégie
de réduction de la pauvreté. L'Etat a d'ailleurs diffusé
en avril 2001 une déclaration de politique nationale de la Microfinance51(*), ayant pour objectif :
· D'améliorer le lien entre les institutions de
Microfinance ;
· De créer et aménager un cadre
administratif, juridique et judiciaire propice au développement des
Institutions de Microfinance ;
· D'encourager le professionnalisme et la transparence
dans la gestion des EMF (institutions de Microfinance);
· De consolider et étendre le développement
harmonieux des EMF sur l'ensemble du territoire;
· D'inciter les accords de partenariat entre les projets
de développement, les organisations non gouvernementales, les EMF, et le
système bancaire ;
· De rapprocher les EMF et les organisations
socioprofessionnelles des producteurs.
Par cette Déclaration, le Gouvernement est
déterminé à faciliter, à côté du
secteur bancaire classique restructuré, le développement des
services financiers de proximité pour les rendre pérennes et
viables, en créant un cadre environnemental favorable et incitatif.
Le gouvernement, avec le soutien du Fonds International pour
le Développement Agricole (FIDA) a également lancé un
projet de consolidation et de développement de la Microfinance qui a
pour mission de faciliter l'accès aux services financiers de
proximité à toutes les catégories
défavorisées de la population surtout dans les zones rurales.
L'Etat a ainsi créé le Comité National de Microfinance
(CNMF), qui est un organe triparti composé de : l'Etat, la
profession et les bailleurs de fonds, dans le but de suivre la politique
nationale de Microfinance.
Section 2 Les spécificités de l'activité
de Microfinance.
Dans la pratique, l'activité de Microfinance s'assimile
à plusieurs points de vue à une activité bancaire :
collecte de l'épargne, distribution du crédit,
développement des produits adaptés aux besoins de la
clientèle etc. Mais d'essence elle présente plusieurs
spécificités tant sur le plan de sa réglementation que sur
le plan de la gestion des risques.
2.1. La réglementation du secteur de la
Microfinance.
La réglementation de l'activité courante d'un
établissement de crédit traite des multiples aspects de son
fonctionnement. Il s'agit notamment des conditions d'exercice, des normes
prudentielles applicables et dans une outre mesure des obligations
professionnelles.
2.1.1. Les conditions
d'exercice de l'activité de Microfinance.
La commission bancaire chargée de la
réglementation bancaire en Afrique Centrale distingue plusieurs domaines
d'activités soumis à des dispositions réglementaires en ce
qui concerne les conditions d'exercice de la profession. On peut les regrouper
en trois sous parties : L'accès à la profession, l'exercice
de la profession et les obligations particulières.
i. L'accès à la profession de
Microfinance.
Au sens du règlement COBAC N°
01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d'exercice et de contrôle
de l'activité de Microfinance dans la CEMAC, l'Autorité
Monétaire Nationale est le Ministre chargée de la Monnaie et du
Crédit de l'Etat et l'instance de tutelle, garant du respect de la
réglementation dans toute la zone CEMAC est la Commission Bancaire
d'Afrique Centrale en abrégé COBAC.
Ces derniers sont les acteurs incontournables de
l'accès proprement dit à l'activité de Microfinance ;
accès matérialisé par un agrément qui est
l'autorisation d'exercer l'activité bancaire. Il est
délivré par les autorités de tutelle et est
obligatoire.
En effet, l'accès à la profession de
Microfinance est subordonné à l'obtention d'un agrément
délivré par l'autorité monétaire (BEAC),
prononcé sur avis conforme de la COBAC. L'obtention de cet
agrément est subordonnée à plusieurs conditions :
- L'appartenance à une des catégories d'EMF
reconnues par le règlement COBAC N° 01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif
aux conditions d'exercice et de contrôle de l'activité de
Microfinance dans la CEMAC. Sont ainsi classés en première
catégorie les établissements qui procèdent à la
collecte de l'épargne de leurs membres52(*) qu'ils emploient en opérations de
crédit exclusivement au profit de ceux-ci. On retrouve en
deuxième catégorie les établissements qui collectent
l'épargne et accordent des crédits aux tiers. Enfin, sont
classés en troisième catégorie, les établissements
qui accordent des crédits aux tiers, sans exercer l'activité de
collecte de l'épargne.
- Un capital minimum des établissements est
exigé pour les établissements de deuxième et de
troisième catégorie. Il n'est pas exigé de capital ou
dotation minimum pour les établissements de première
catégorie. Toutefois, le capital constitué doit être
représenté et permettre de respecter l'ensemble des normes
arrêtées par la COBAC. Le capital minimum est fixé à
50 millions de Francs pour les établissements de deuxième
catégorie et 25 millions pour ceux de troisième
catégorie.
- La présentation d'un projet d'activité
indiquant la nature des opérations envisagées. Les moyens
techniques et financiers mis en oeuvre et la qualité des apporteurs de
capitaux et des dirigeants. C'est au vu de ce projet que la COBAC est
amenée à prononcer l'agrément. Elle est
particulièrement attentive à la qualité des apporteurs de
capitaux et l'honorabilité et la compétence des dirigeants. En
effet, la première idée qui vient à l'esprit en
matière de réglementation bancaire, c'est d'écarter,
d'éloigner de la profession les incapables et les individus à la
moralité douteuse, d'exclure de la profession des personnes ayant fait
l'objet de certaines condamnations.
Cet agrément est obligatoire et toute modification
significative de ces conditions doit être transmis à la COBAC pour
information et autorisation.
2.1.2. Les
opérations et services autorisés.
Comme le dispose l'article 8 du règlement N°
01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d'exercice et de contrôle
de l'activité de Microfinance dans la Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale, les opérations effectuées
par les EMF en qualité d'intermédiaire sont circonscrites
à l'intérieur de l'Etat où ils sont implantés. Pour
les opérations avec l'extérieur, les établissements
doivent recourir aux services d'une banque ou d'un établissement
financier du même Etat. Ces opérations sont nombreuses et
concernent généralement la collecte de l'épargne, les
opérations de crédit et les autres opérations.
i. Les opérations de collecte de
l'épargne
La nature de l'épargne varie selon qu'il s'agit d'un
EMF de première catégorie ou de deuxième catégorie.
Pour les EMF de première catégorie, sont considérés
comme épargne, les fonds autres que les cotisations et contributions
obligatoires recueillis par l'établissement auprès de ses membres
avec le droit d'en disposer dans le cadre de son activité, à
charge seulement pour lui de les restituer à la demande dudit membre.
Dans le cas des EMF de deuxième catégorie, l'épargne est
constitué de fonds recueillis par l'établissement auprès
du public, sous forme de dépôts, avec le droit d'en disposer dans
le cadre de son activité, à charge de les restituer à la
demande du déposant. Les établissements de la troisième
catégorie ne pouvant pas procéder à la collecte de
l'épargne, il n'y sera pas considérés comme épargne
les dépôts de garantie, les sommes laissées par la
clientèle en vue d'honorer ses engagements, les emprunts, les fonds
laissés en compte par les associés ou actionnaires.
ii. Les opérations de
crédit.
Par opérations de crédit, on entend tout acte
par lequel un établissement met ou promet de mettre des fonds à
la disposition d'un membre, d'un tiers ou prend dans l'intérêt de
celui-ci un engagement par signature tel un aval, une caution ou une autre
garantie. Il faut préciser que les établissements de
première catégorie ne peuvent accorder des crédits
qu'à leurs membres.
iii. Les autres ressources.
Les EMF peuvent recevoir d'autres ressources dans le respect
des dispositions de leurs statuts et des normes arrêtées par la
COBAC. Ceux de première catégorie, par exemple, sont tenus de
constituer dès leur création un fond de solidarité
destiné à faire face aux pertes. Ce fonds recevra à chaque
adhésion et au début de chaque exercice, des apports
effectués par les membres de façon équitable ainsi que
l'affectation d'une partie des bénéfices ou excédents
d'exercice. A titre accessoire, les EMF peuvent s'approvisionner auprès
des établissements bancaires en devises et chèque de voyage pour
les besoins de la clientèle, louer le coffre fort, effectuer les
opérations de crédit bail, les actions de formation et l'achat de
biens pour les besoins de la clientèle. Dans le but de faciliter le
déroulement de certaines opérations, les EMF peuvent
émettre des moyens de paiement c'est-à-dire tout instrument qui,
quel que soit le support ou le procédé technique utilisé,
permet de transférer des fonds.
Il faut préciser que Les établissements
disposant d'un excédent de ressource peuvent effectuer des placements
auprès des banques commerciales de l'Etat d'implantation. Ils peuvent
également affecter ces ressources à la souscription des bons du
trésor, ou de ceux émis par la BEAC.
2.1.3. les obligations
professionnelles des agents des EMF.
Dans l'exercice de sa profession, l'agent de l'EMF est soumis
à un certain nombre d'obligations dont l'inexécution est
susceptible d'être gravement sanctionnée. Parmi ces obligations
professionnelles, certaines peuvent être considérées
aujourd'hui comme étant traditionnelles, alors que d'autres apparaissent
plutôt comme étant nouvelles.
i. Les obligations traditionnelles.
Les obligations que l'on peut ranger dans cette
catégorie sont celles qui n'ont pas connu une évolution
véritablement fondamentale ces dernières années. C'est le
cas de l'obligation au secret, l'obligation d'information et l'obligation de
non-ingérence.
- Le secret bancaire : L'ordonnance N°85/002, du 31
août 1985, a imposé au banquier l'obligation de respecter le
secret professionnel différent du devoir de discrétion qui, lui,
peut donner lieu à des sanctions civiles et non pénales comme
dans le cas du secret professionnel. A l'heure actuelle, le secret bancaire est
réglementé par la loi N° 2003/004 du 21 avril 2003. Cette
loi précise, entre autre, les informations qui relèvent du secret
bancaire. A ce sujet, il convient de préciser que le secret bancaire
porte sur des informations confidentielles53(*) auxquelles le banquier a eu accès dans
l'exercice de sa fonction. L'article 4 de la loi de 2003 soumet au secret
bancaire toute personne qui participe à la direction, à la
gestion, au contrôle ou à la liquidation d'un établissement
de crédit, ou est employé par celui-ci. De même, toute
personne qui, sans faire partie du personnel, a eu connaissance ou accès
de manière induise ou autorisée, au secret d'un
établissement de crédit de par sa qualité professionnelle,
ses aptitudes techniques et intellectuelles ou sa fonction. Toutefois, il
existe plusieurs cas de dérogations au secret bancaire. Il s'agit
précisément de l'autorité judiciaire dans le cadre d'une
poursuite pénale, les institutions supérieures de contrôle
des finances publiques, les agents du fisc assermentés agissant dans le
cadre d'une procédure de communication écrite, le fonctionnaire
de la douane assermenté agissant en matière de
détermination de l'assiette et de recouvrement des taxes sont des droits
dans le cadre d'une procédure écrite, les agents
assermentés du trésor public, la COBAC, la BEAC, la commission
des marchés financiers, les agents de recouvrement de la Caisse
nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), la Société de
recouvrement des créances agissant dans le cadre du recouvrement des
créances appartenant aux personnes morales de droit public. Il existe
aussi des dérogations consacrées dans un intérêt
particulier. Ainsi le secret bancaire n'est pas opposable au mandataire du
client (uniquement dans la limite de son mandat), au conjoint du client muni
des pouvoirs de représentation légale ou conventionnelle, les
représentants légaux d'un mineur incapable, les successeurs
universels du client, les créanciers saisissant, les titulaires d'un
compte joint, la caution mais uniquement dans la limite prévue dans
l'article 14 de l'acte uniforme portant organisation des
sûretés.
- Le devoir d'information : Il représente une
importance grandissante dans la société complexe d'aujourd'hui et
particulièrement en matière bancaire dans la mesure où la
relation entre le banquier et ses clients constituent une relation
déséquilibrée. C'est la raison pour laquelle une,
obligation d'informer sa clientèle est mise à la charge du
banquier. Il s'agit de porter à la connaissance de la clientèle
les conditions bancaires, de mettre à la disposition du client certaines
informations précises à l'occasion d'une opération
donnée.
- Le devoir de non-ingérence : Il interdit au
banquier de s'ingérer dans les affaires de son client. Il s'agit donc
d'un devoir qui protège le client mais ce devoir protège
également l'établissement dans la mesure où si une
opération s'avère malencontreuse, le client ne pourra se tourner
contre lui.
ii. Les opérations nouvelles.
De nouvelles obligations émergent à la charge du
banquier mais c'est ainsi qu'une obligation de vigilance renforcée a
été mise à sa charge dans le cadre de la lutte contre le
blanchiment des capitaux. Par ailleurs, on s'interroge à l'heure
actuelle sur le point de savoir si le banquier doit être obligé de
contribuer à la protection de l'environnement.
- L'obligation de vigilance : la mondialisation des
échanges et la libéralisation des mouvements de capitaux se sont
accompagnées d'une accélération et d'un accroissement
extraordinaire de la vitesse et du volume des capitaux d'origine criminel en
circulation. Le blanchiment consiste donc à donner une apparence licite
à ces capitaux. Pour le banquier, l'obligation de vigilance va consister
à l'identification de la clientèle et à la
déclaration du soupçon quant aux clients ou aux opérations
suspectes.
- La protection de l'environnement : De plus en plus de
nos jours, les établissements de crédit sont appelés
à contribuer aux développement durable du lieu où ils sont
implantés à travers des programmes sociaux ou de protection de
l'environnement.
2.1.4. Les normes prudentielles applicables aux
EMF.
Les normes prudentielles renvoient aux règles concernant
la liquidité ou la solvabilité.
Concernant la solvabilité, l'on peut dire d'une entreprise
qu'elle est solvable lorsque la valeur de ses actifs dépasse celle de
ses dettes. La solvabilité est déterminée à l'aide
de ratios tels que le ratio de division des risques, le ratio de
solvabilité ou ratio de couverture de risque.
La liquidité quant à elle peut se définir
comme l'aptitude d'un établissement de crédit à faire face
à ses engagements à court terme. Concrètement il s'agit
pour l'établissement de répondre à une demande
inopinée de retrait d'une parte des fonds déposés par sa
clientèle. La liquidité se mesure grâce à des ratios
tels que le coefficient de liquidité, et le coefficient de
transformation à long terme.
La réglementation prudentielle repose ainsi sur les normes
de liquidité et de solvabilité que l'on a
récapitulé dans le tableau ci-après.
Tableau N°1:
Récapitulatif des normes prudentielles applicables aux
EMF.
Normes prudentielles
|
Définition
|
Contrainte
|
Objectifs
|
Ratio de solvabilité
|
Fonds propres / Engagements pondérés
|
>= 10 %
|
Disposer de fonds propres suffisants au regard de
l'activité
|
Coefficient de liquidité
|
Emplois réalisables à moins d'un mois / Ressources
à moins d'un mois
|
>= 100 %
|
Disposer de liquidité suffisante pour faire face aux
retraits inopinés
|
Division des risques client
|
|
< 15 % des fonds patrimoniaux (EMF 1ère
cat.)
< 25 % des fonds propres nets (EMF de 2 ème
et 3 ème catégorie)
|
|
Division des grands risques
|
|
< 800 %
|
|
Coefficient de transformation à long terme
|
Ressources à + de 5 ans / Emplois à + de 5 ans
|
>= 60 %
|
Mesurer la transformation effectuée par un
établissement.
|
Couverture des immobilisations
|
Fonds propres nets + ressources permanentes / immobilisations
corporelles
|
>= 100 %
|
S'assurer que le capital est immobilisé dans des
conditions raisonnables.
|
Source : NTAMACK MBOCK Eric Stéphane, Le
contrôle de la profession bancaire comme moyen d'assurer la
pérennité du système bancaire camerounais : cas du
crédit foncier du Cameroun
La définition d'un cadre réglementaire propre
à l'activité des EMF est nécessaire pour
l'amélioration de la gestion des risques dans les
établissements.
2.2. La gestion des risques dans le contexte
particulier de la Microfinance.
La plupart des programmes de Microfinance vise à
remplir une double mission : offrir des services financiers aux pauvres et
atteindre la pérennité financière. Bien qu'il y ait de
plus en plus de succès dans l'industrie, la plupart des institutions
sont de petite taille, non rentables et n'ont pas souvent de système
digne de ce nom pour réduire leur exposition aux risques.
Cependant, pour qu'un EMF puisse atteindre sa mission, il doit
être en mesure d'identifier et d'atténuer les risques qui menacent
sa santé financière et son existence à long terme.
2.2.1. Définition
de la gestion des risques.
Il n'est ni possible ni conseillé, étant
donné le coût, d'éliminer tous les risques potentiels dans
un EMF. La gestion des risques est le processus par lequel les risques sont
évalués en utilisant une approche systématique qui
identifie et organise par priorité les risques, et qui ensuite met en
place les stratégies pour atténuer les risques. Cette approche
comprend à la fois la prévention des problèmes potentiels
et la détection au plus tôt des problèmes actuels. C'est un
processus itératif qui demande la participation du personnel à
tous les niveaux de l'organisation (voir Annexe N°1)
2.2.2. Identification des
risques des EMF.
Les risques des EMF peuvent être organisés en
quatre catégories principales (voir Annexe N°2).
· Les risques institutionnels
menacent soit la mission sociale soit la mission commerciale :
changement du marché cible, dépendance vis-à-vis d'un
bailleur.
· Les risques opérationnels
résident dans les points de vulnérabilité
caractérisant les opérations courantes : crédit, fraude,
inefficacité, sécurité.
· Les risques liés à la gestion
financière comprennent la gestion bilantielle, la
liquidité, l'intégrité du système.
· Les risques externes sont le plus
souvent hors de contrôle pour l'EMF mais doivent être
évalués et atténués : réglementation,
concurrence, démographie, macroéconomie, etc.
2.2.3. Les politiques et
procédures : des outils de gestion des risques dans les EMF.
Le contrôle des risques dans les EMF passent par des
politiques et procédures claires et exhaustives.
Les politiques de crédit, par exemple, comprendront les
directives écrites qui indiquent les critères
d'éligibilité des clients, la description des produits, etc. Les
procédures sont des instructions écrites qui indiquent comment
appliquer et suivre les politiques. Pour être efficaces, les politiques
et procédures doivent être :
· Ecrites -- les instructions orales
sont rarement cohérentes et sont fréquemment mal comprises
· Simples/claires -- rester directes
et focalisées sur le sujet; utiliser des schémas pour montrer le
flux des opérations
· Accessibles -- garantir que chaque
membre du personnel possède les politiques associées à son
poste
· Comprises -- offrir la formation
à tout le personnel
· Pertinentes -- si une politique a
changé, vérifier qu'elle soit communiquée et qu'une
formation soit offerte
· Appliquées -- exiger de
tout le personnel le suivi des politiques et procédures.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Tout au long de cette partie, il a été question
de faire le point sur les différentes acceptions qui sont admises au
sein de la communauté des chercheurs au sujet des termes clés de
cette recherche : le contrôle de la conformité et les
établissements de Microfinance. Parvenu au terme de cette mise au point,
il est donc important de noter que bien que les EMF aient toujours
été considérés comme de petites entités
à caractère purement social, leur activité connaît
une évolution fulgurante, engendrant un renforcement de la
réglementation de ce secteur. Le renforcement de cette
réglementation est plus accentué dans le domaine du
contrôle et de la maîtrise des risques. Bien qu'une
réglementation aie été mise sur pied dans le secteur de la
Microfinance, la question du respect de cette dernière n'est pas encore
résolue. D'où l'importance de procéder à un
contrôle de la conformité. Le contrôle de la
conformité est une obligation nouvelle imposée aux
établissements de crédit en vue de limiter la survenance des
risques de non-conformité devenus très dangereux pour les
systèmes financier et socio-économique.
Toutefois, cette première partie ne nous permet pas
voire dans quelles conditions la Compliance peut être mis en
place dans un EMF afin d'y évaluer la conformité.
DEUXIEME PARTIE
MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF ADAPTE D'EVALUATION DE LA
CONFORMITE DANS LES EMF.
INTRODUCTION
La première partie de ce travail, a été
consacrée à la construction, l'organisation et la
présentation du cadre théorique au sein duquel se propose de se
dérouler cette recherche. A présent, il s'agira dans une seconde
partie, de traiter de ce thème de recherche d'un point de vue pratique.
En effet, dans cette partie également subdivisée en deux
chapitres, il sera tout d'abord question de proposer une mise en place du
Contrôle de la Conformité dans les EMF (1er chapitre)
puis suivra l'évaluation de la conformité des EMF en s'appuyant
sur un cas pratique (2e chapitre).
LA MISE EN PLACE DE LA COMPLIANCE DANS LES
EMF
Chapitre 3
INTRODUCTION
Depuis le 13 avril 2002, à la suite du règlement
n° 1/03/CEMAC/UMAC/COBAC, relatif aux conditions d'exercice de
l'activité de Microfinance dans la CEMAC, la COBAC est devenu le
gendarme des EMF et a mis en place une réglementation appropriée
à ce secteur. Cependant, mettre en place une réglementation est
une chose en revanche son application en est une autre. Dans la première
partie de ce travail, nous avons déjà vu ce que l'on entend par
contrôle de la conformité. Maintenant il sera question de le
mettre en place dans les EMF (section 2). Mais avant, il importe de mener des
réflexions préalables à la mise en place d'un
contrôle de conformité dans un établissement (section 1).
Section 1 Réflexions préalables à la mise
en place d'une compliance dans l'EMF.
Avant de mener un projet tel que la mise en place d'un
Contrôle de Conformité au sein d'un établissement, il est
nécessaire de mener des réflexions sur l'urgence que revêt
ce contrôle pour l'établissement, ainsi que sur les
difficultés de sa mise en oeuvre. Mais avant cela, il ne semble pas
inutile de marquer sa pertinence et son importance en s'appuyant, par exemple,
sur des catastrophes que peuvent engendrer son absence.
1.1. Quelques catastrophes financières dues
à la non-conformité.
Dans les années 1980, une série
d'évènements dont la crise de la dette des pays émergents
(Années 1980), le krash boursier de 1987 et les crises
spéculatives sur les marchés des changes, ont rappelé la
nécessité de la vigilance et du contrôle des risques. Cette
nécessité associée à la montée du risque de
crédit à conduit à conduit à un accord
appelé aujourd'hui accord de Bâle. Cependant, du fait du non
respect de certaines normes et procédures, le début des
années 2000 a été animé par de nombreuses crises
dont l'affaire Enron et l'affaire Kerviel pour ne citer que celles
là.
1.1.1. L'affaire
ENRON.
L'affaire Enron est particulièrement significative des
effets d'une déréglementation sans contrôle et des
excès que peut engendrer le marché. Enron, société
américaine du secteur de l'énergie, est à l'origine du
plus grand scandale financier des 20 dernières années.
Fondée en 1985 par Kenneth Lay, rejoint par la suite par Jeffrey
Skilling, Enron est devenue en termes de capitalisation
boursière54(*) la
7ème entreprise américaine. Encensée par la presse et les
analystes financiers comme nouveau modèle d'entreprise, sa valeur
boursière ne cessait de croître (90% en un an). La revue Fortune
l'avait ainsi élue 6 ans de suite comme l'entreprise la plus
innovatrice. Enron était assistée et auditée par le
cabinet Arthur Andersen.
i. Les causes de la chute.
En fait de modèle économique, l'entreprise
gonflait artificiellement ses profits tout en masquant ses déficits en
utilisant une multitude de sociétés écrans55(*) et en falsifiant ses comptes.
Le but était, ni plus ni moins, de gonfler la valeur
boursière56(*). En
bon prédateur, Enron a aussi pleinement profité de la
déréglementation de l'énergie en Californie, exploitant
à fond chacune des failles et n'hésitant pas à recourir
aux arrêts intempestifs, afin de faire grimper le prix du KW/h.
L'entreprise était donc gérée dans une atmosphère
de coup bas, manoeuvres frauduleuses, univers de délation, gonflement
artificiel des bénéfices.
ii. Conséquences.
L'éclatement de la bulle a précipité non
seulement l'entreprise Enron mais aussi le cabinet d'audit Arthur Andersen,
complice. Plus d'une tonne de documents compromettants ont été
détruits par le cabinet d'audit de renommée mondiale quasi
séculaire.
Avec la faillite d'Enron, 20.000 personnes de l'entreprise
perdirent leur emploi et plusieurs centaines de millions de dollars constituant
l'essentiel de fonds de pension, donc la retraite de milliers
d'américains partirent en fumée. Jeffrey Skilling purge une peine
de 24 ans et Ken Lay est mort d'une attaque cardiaque peu après le
verdict.
Cette affaire et le procès qui s'en suivit sont
hautement instructifs. Ils sont d'ailleurs à l'origine de nouvelles lois
et règles comptables afin de mieux encadrer dirigeants et audits et
d'assurer une meilleure transparence des comptes, comme la loi
Sarbanes
Oxley, les nouvelles règles comptables
IAS
IFRS.
L'affaire Enron est l'une des crises qui a renforcé la
nécessité de contrôle dans les entreprises et plus
particulièrement dans les établissements de crédit.
1.1.2. L'affaire
Kerviel.
Il y a tout juste deux ans, la Société
Générale envoyait la première « bombe » de
l'année 2008, qui en réservera bien d'autres pour la finance
mondiale. Elle annonce qu'elle vient d'essuyer une perte de 4,9 milliards
d'euros après avoir vendu les positions accumulées par un de ses
traders, Jérôme KERVIEL, pour près de 50 milliards d'euros.
La plus importante fraude de trading jamais subie par une banque. En effet,
à l'occasion de la publication des résultats de son exercice
2007, la direction de la Société générale organise
une conférence de presse afin de dévoiler l'affaire dont elle se
dit victime. D'après le
PDG de la banque, Daniel Bouton,
un opérateur de marché, faisant partie de ses effectifs, aurait
exposé la banque à un risque de marché alors que ce
n'était pas dans ses attributions. Il aurait accumulé des
positions acheteuses sur les contrats à terme portant sur indice et
dissimulé ces opérations faites sur le marché en
introduisant dans le système informatique de la Société
générale des opérations inverses fictives les compensant.
Il va sans dire que le choc est immense. La Société
Générale et son PDG, se retrouvent brusquement sous le feu des
critiques, assaillis par l'opinion et la classe politique,
déstabilisés en Bourse malgré le lancement immédiat
d'une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros, menacés par les
appétits des concurrents, BNP Paribas en tête. L'histoire a fait
couler beaucoup d'encre. Certains y ont tout simplement vu des malversations
d'un trader voyou et d'autres en ont imputé la responsabilité aux
dirigeants de la société générale et même
à la banque de France arguant que compte tenu de l'importance
énorme des opérations (presque le double de l'ensemble des fonds
propres de la banque) et des compensations effectuées quotidiennement,
« la Banque de France devait tout savoir », explique en
effet
Jean MONTALDO dans un
article paru le 28 janvier sur
Backchich.
Il décrit les processus très rigoureux de contrôle
automatique de toutes les opérations interbancaires et de bourses par le
réseau d'analyse en temps réel. Quoiqu'il en soit, la question
centrale reste de comprendre comment et pourquoi les opérations faites
par le trader junior, étant donné leur volume, la durée et
leur absence de contrepartie, n'ont pas été enregistrées
et analysées par les systèmes de comptabilité de la banque
et du marché financier. Une réponse à cette question et
même la principale a été apportée par la faille du
système de contrôle interne au sein de cette banque. Les causes
seront établies en passant au crible les défaillances du
système de contrôle interne au sein de la Société
générale pour déboucher sur les conséquences et les
perspectives pour éviter qu'une pareille « crise »
ne se répète.
i. Les causes de la crise.
Kerviel avait une activité d'arbitragiste sur
dérivés actions (warrants) : cette activité consiste
à gérer en parallèle deux portefeuilles de taille et de
composition proches, l'un devant permettre de couvrir l'autre.
Il aurait procédé en répétant le
schéma suivant :
Saisie d'une opération couvrant la position
réelle ;
Annulation de cette opération avant qu'elle ne soit
détectée du fait d'un contrôle, qu'elle ne donne lieu
à confirmation ou à appel de marge, puis saisie d'une nouvelle
opération. Il aurait donc effectué une gestion très active
de ses portefeuilles, tout en cherchant à masquer les gains et les
pertes.
La véritable cause est la faiblesse des systèmes
de contrôle interne. En effet, Le cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers
a rendu son rapport sur "l'affaire KERVIEL" à un comité
spécial de la Société Générale.
Présentés au conseil d'administration de la banque, les
résultats de cet audit interne soulignent que le système de
contrôle interne de la Société Générale n'a
pas fonctionné comme il aurait dû et ce qui avait
fonctionné n'avait pas toujours fait l'objet d'un suivi
approprié. Les contrôles prévus par les fonctions de
support et de contrôle ont dans l'ensemble été
effectués et menés conformément aux procédures,
mais ont été insuffisants et n'ont simplement pas
été utiles à l'identification de la fraude, dans la mesure
où les opérateurs n'approfondissent pas systématiquement
leurs contrôles au-delà de ce que prévoient les
procédures. A plusieurs reprises, le contrôle des saisies aurait
dû s'apercevoir d'incohérences, de légères erreurs,
lesquelles auraient dû déclencher des actions de
vérifications des affirmations de Jérôme KERVIEL.
Les systèmes d'information de la Société
Générale semblent aussi en cause. Ainsi des anomalies sont
attribuées à des problèmes récurrents
d'enregistrement des opérations dans les systèmes
informatiques.
ii. Les conséquences de la crise.
- Concernant la Société
Générale : Suite aux défaillances du contrôle
interne au sein de la Société générale, des mesures
ont été prises pour le renforcer. «La
traçabilité des produits a été nettement
améliorée», pour éviter les éléments
toxiques, constate Jean-Baptiste Bellon, analyste de la société
Trapeza. Grâce au plan «Figthing Back» qui a fixé les
nouvelles procédures d'alerte et de contrôle les salariés
ont été davantage sensibilisés aux risques tandis qu'un
budget de quelque 100 millions d'euros venait renforcer les équipes en
charge du contrôle. « On ne peut plus faire la moindre
opération sans avoir au préalable trois signatures » a
affirmé un salarié. « Nous avons en effet
transformé en profondeur notre manière de fonctionner »
confirme Michel Peretié patron de la banque de financement et
d'investissement de la Société générale. Des
manuels précisant la définition des postes, des
procédures, des missions et des devoirs de chacun, ont été
distribués. La sécurité informatique a été
renforcée. Plusieurs fois par an des tests obligatoires seront fait aux
salariés etc. Après cette affaire l'on peut remarquer
aujourd'hui, que la Société générale affiche un
joli bénéfice, et surtout traverse mieux que les autres la
tempête financière. L'affaire Kerviel lui a été
profitable, la banque s'est redressée à la vitesse grand V sa
banque de financement et d'investissement (BFI) a été l'une des
rares à traverser sans casse majeure la furia meurtrière des
marchés cet automne. La direction a bien géré la crise,
mais surtout, à cause de l'affaire Kerviel, «la banque a
serré les boulons plus vite que les autres, et réussi son
augmentation de capital en allant la première sur les marchés
dans des conditions moins défavorables que les autres»,
constate Christophe Nijdam, analyste bancaire à AlphaValue.
- Concernant le système, ces conséquences se
déclinent beaucoup plus en termes de perspectives : Les
événements intervenus à la Société
Générale doivent inciter l'ensemble des établissements et
autorités, à une réflexion approfondie, en vue de
dégager les meilleures pratiques et les règles de nature à
renforcer la sécurité opérationnelle des opérations
de marché. Ce processus pourrait sans doute conduire à une
évolution de la réglementation relative au contrôle
interne. Dans cette perspective, les pistes de réflexion suivantes
mériteraient particulièrement d'être
examinées : Renforcer les dispositifs internes de contrôle
des établissements, Compléter la réglementation sur le
contrôle interne concernant le suivi du risque opérationnel, Mieux
identifier la lutte contre la fraude interne comme un élément
à part entière du contrôle interne, Impliquer pleinement la
direction et l'encadrement des établissements dans le contrôle des
risques, Formuler des propositions au plan international. Elles ont notamment
pour objet de prendre en compte, au-delà des systèmes et
procédures, l'importance des facteurs humains lorsqu'il s'agit comme
dans le cas présent de prévenir et détecter des
comportements anormaux ou inhabituels pouvant engendrer des risques
opérationnels.
1.2. Les difficultés d'application et l'urgence
d'une compliance dans les EMF.
Tout comme le secteur bancaire, le secteur de la Microfinance
a besoin d'un système de contrôle de la conformité dans les
établissements. D'où l'importance de présenter en
profondeur l'urgence de cette mesure. Toutefois, bien que cette mesure soit
nécessaire et urgente, elle rencontre encore quelques difficultés
liées notamment à la jeunesse de ce secteur et au nombre
élevé d'établissement, à la quête de
pérennité (performance financière) au détriment de
la performance sociale pour la quelle la compliance est une urgence.
1.2.1. La jeunesse du
secteur et le nombre élevé d'établissement.
Le secteur de la Microfinance a comme première
difficulté de conformité la jeunesse de sa réglementation.
En effet, l'activité de Microfinance est plutôt nouvelle au
Cameroun. Elle a beaucoup évolué depuis son arrivée et
connaît aujourd'hui une expansion géographique profonde. Elle est
présente dans toutes les régions, dans toutes les villes et
pratiquement tous les villages du Cameroun. C'est ce facteur qui nous
mène à la deuxième difficulté de conformité
des EMF : Le nombre très élevé
d'établissements. En effet, il serait difficile pour la COBAC, dans le
contexte actuel, de mener à bien des contrôles
systématiques réguliers. Car en 2007 déjà, le
Cameroun avait près de 400 EMF agréés ou fonctionnant avec
un avis conforme. Si pour le contrôle de chaque EMF, il faut consacrer en
moyenne trois jours ; cela fera près de 1200 jours soit en moyenne trois
ans et demi. Maintenant, s'il faut prendre en compte le cas particulier des 10
principaux EMF où la COBAC devra passer au moins deux semaines dans
chacune au regard du volume des activités qu'elles brassent et du nombre
de points de vente dont elles disposent à travers le pays, nous pourrons
aisément avoisiner 5 ans pour boucler un tour complet de contrôle.
Ce développement anarchique des EMF est donc a l'origine d'une
difficulté de surveillance de l'activité de chaque
établissement. Ceci favorise donc le fait que les établissements
s'abandonnent sans gène au non respect de la réglementation et
dans le meilleur des cas essaie de faire des régularisations en fin
d'année.
1.2.2. Le manque de
formation et la mentalité des dirigeants.
La Microfinance est née au Cameroun sous la forme de
coopérative. C'était des institutions qui n'exigeaient pas la
maîtrise des techniques bancaires. Il s'agissait plus de la
maîtrise du management des projets de développement ou tout
simplement de l'appartenance à un projet. Aujourd'hui, ce secteur a
évolué et s'est rapproché de l'activité bancaire
mais les mentalités en terme de ressources humaines sont restées
à la traîne. En effet, le personnel des EMF est très peu
formé sur les questions de techniques bancaires, de
réglementation, de déontologie ou d'obligations professionnelles.
N'étant pas formé sur toutes ces questions, il est donc difficile
pour ce personnel de les mettre en application car comment peut-on respecter
une obligation que l'on ne connaît pas.
Par ailleurs, les dirigeants des EMF ont une mauvaise
interprétation du contrôle de la conformité. En
réalité, c'est encore le cas dans certaines banques camerounaises
qui tardent à mettre en application les exigences en termes de
contrôle de la conformité. Les dirigeants des EMF ont tendance
à voir le contrôle de la conformité comme une fonction qui
vient limiter leur liberté et ``mettre le nez dans leurs affaires''.
1.2.3. La performance
financière et la quête de pérennité.
Tout autant que pour les autres entreprises, l'exigence de
rentabilité est une question de vie ou de mort pour les EMF.
La performance financière d'un EMF est
appréhendée comme la résultante des résultats
financiers et commerciaux dégagés par cette institution
financière.
Pour assurer aux pauvres un accès permanent aux
services financiers dont ils ont besoin, les institutions financières
doivent pouvoir recouvrer leurs coûts et dégager des
bénéfices qu'elles pourront réinvestir pour alimenter la
croissance. Si elles ne peuvent pas recouvrer leurs coûts, les
institutions financières qui fournissent des services à une
clientèle pauvre seront tributaires des subventions qu'elles pourront
obtenir ; elles ne pourront donc probablement poursuivre leurs activités
que jusqu'à l'épuisement de ces subventions (c'est-à-dire
pendant un temps limité), et elles ne serviront qu'un petit nombre de
clients57(*).
Une organisation recherchant le profit est rentable à
partir du moment où ses produits ou ressources couvrent totalement ses
charges et lui permettent en plus de dégager un supplément
suffisant pour désintéresser tous ses partenaires (actionnaires,
Etat, ...).
De par la définition et le but de la création de
la Microfinance, la clientèle cible des EMF est la population ``pauvre''
et évoluant en marge du système bancaire. Il apparaît donc
que, si les EMF restent dans le cadre de leur objet c'est-à-dire les
pauvres, elles ne pourront pas maximiser leur rentabilité et assurer
ainsi leur pérennité. Ils vont donc se lancer dans le
développement de produits et de services adaptés à la
clientèle des banques pour pouvoir s'assurer une meilleure
rentabilité. Cependant, pour faire fuir la clientèle des banques
d'un secteur plus sûr vers un secteur presque embryonnaire, les EMF
devront renoncer à quelques exigences réglementaires qui sont
respectées dans les banques et qui ``dérangent'' certains clients
en l'occurrence ceux qui sont suspects. Les EMF se retrouverons ainsi dans une
quête effrénée de rentabilité en lésant
l'aspect conformité qui constitue en réalité, pour eux, un
frein pour leur performance financière.
1.2.4. Les lacunes du
secteur.
Le secteur de la Microfinance présente plusieurs
lacunes qui ne facilitent pas sa conformité.
Tout d'abord sur le plan réglementaire, il n'y a pas de
texte qui exige un contrôle de la conformité dans les EMF et
surtout qui en détaille le principe.
Sur le plan institutionnel, le ministère des Finances,
tout comme la COBAC n'a pas de ressources humaines suffisantes pour
contrôler les EMF. A cet effet, les institutions tel que la COBAC se
basent sur certains signaux pour procéder à des contrôles
inopinés dans les EMF. Par exemple, lorsque la COBAC constate qu'un EMF
a une activité qui devient très importante à travers,
notamment, son total de bilan, ses immobilisations ou son PNB, elle effectue un
contrôle dans l'établissement en question et ce n'est qu'à
ce moment que l'on constate qu'il y avait effectivement non-conformité.
Cela peut être illustré par le cas de la First Trust qui a
été mis sous administration provisoire à la suite d'un
contrôle de la COBAC qui s'interrogeait sur le développement
extraordinaire de son activité. L'on peut aussi citer le cas de la NFC
qui à la suite d'un contrôle de la COBAC a du passé au
statut de banque parce qu'elle présentait un niveau d'activité
qui n'était plus celui d'un EMF mais plutôt d'une banque avec un
total de bilan de plus huit milliards de francs CFA.
En réalité ces dénouements sus
évoqués sont plutôt heureux, parce que dans d'autres cas,
la COBAC est alertée par la fermeture brusque d'un établissement
et effectue un contrôle qui n'est en réalité qu'un constat
des dégâts : ce fut le cas de Godly business funds (GBF) dont
la direction générale et les différentes agences sont
restées fermé depuis le 08 août 2007 après que les
responsables aient disparus avec les fonds des épargnants.
Section 2 La mise en place de la compliance
dans un EMF.
Pour créer la fonction compliance, il faut
tout d'abord mettre en place le dispositif, puis élaborer un plan de
contrôle.
2.1. Le dispositif de contrôle.
Comme il a été précisé au chapitre
1 de ce travail, le dispositif de contrôle de conformité repose
sur des personnes, sur des procédures, sur des systèmes
d'information et nécessite des outils adaptés.
2.1.1. Le dispositif
humain.
Les EMF du Cameroun sont généralement des
petites entreprises. Pour cela, la fonction conformité ne
nécessite pas que l'on installe tout un nouveau personnel. Ce dispositif
pourra donc reposer sur une seule personne qui est le responsable de la
conformité. Cependant, son dispositif intègre aussi ses
collaborateurs. En effet, le compliance officer ne traite aucune
opération dans l'établissement, même pas les états.
C'est le personnel opérationnel qui traite les opérations
quotidiennement qui se trouvent au premier niveau de son dispositif de
contrôle. C'est ceux-ci qui doivent procéder aux
vérifications liées à la conformité. Ils doivent
mettre en application la réglementation, les procédures internes,
la déontologie, les obligations professionnelles etc. C'est la raison
pour la quelle le responsable de la conformité a une obligation de
sensibilisation et de formation de ses collaborateurs.
2.1.2. Les
procédures.
L'élaboration des procédures est une phase
très importante du contrôle de la conformité. Car les
procédures constituent l'élément sur lequel le
compliance officer s'appuie pour mener ses investigations. Pour mieux
étayer cet aspect, nous pouvons prendre l'exemple d'un
établissement dans lequel il n'y a pas de procédures.
Considérons qu'il s'agisse d'un EMF dans lequel les personnalités
les plus importantes sont le Directeur général, le Directeur
général adjoint et le comptable. Le responsable du contrôle
reçoit tous les jours, de l'informatique, un état intitulé
``mouvements comptables''. Cet état récapitule toutes les
opérations comptables et toutes les écritures qui ont
été passé au cours de la journée. Parmi ces
opérations il y'en a qui sont automatiques tels que les retraits, les
versements, les virements etc. Mais il y'en a qui sont passé
manuellement par le comptable tel que les opérations diverses58(*) (OD). Il arrive alors qu'en
l'absence de procédures, le comptable saisisse des OD et les donne
à l'informatique qui réalise l'opération et lui remet
l'OD. Une fois la supercherie découverte, l'informaticien ne pourra pas
valablement être mis en cause car il n'y a aucune procédure qui
lui indiquait par exemple qu'il devait forcément avoir la signature du
Directeur Général, ou qu'il devait conserver toutes les OD et les
transmettre au contrôle. Ce petit cas permet donc de percevoir
l'importance des procédures pour le responsable de la conformité.
Les procédures doivent intervenir à tous les
niveaux et pour tous types d'opérations. Le compliance officer dans le
cadre de son contrôle doit élaborer des procédures
d'ouverture de compte, de virement ou de transfert, de versement, d'archivage
des données des clients etc.
2.1.3. Les SI
Les systèmes d'Information de Gestion sont
incontournables dans l'activité bancaire. Dans les grandes banques, ils
sont dotés d'intranet qui relie tous les services et facilitent ainsi le
travail du contrôle. A partir de son bureau, le contrôleur peut,
grâce à ses niveaux d'accès, contrôlés les
opérations des activités à risque.
De même dans l'EMF, les SI sont très importants
pour le travail du contrôle. Mais bien que leur taille augmente, les EMF
ne sont toujours pas prêts à investir pour l'acquisition de SIG
performant et à jour. Pourtant, se doter de SI assurant une
traçabilité des opérations et facilitant l'analyse KYC
pourrait relever le niveau de l'établissement en terme de maîtrise
des risques.
2.1.4. Les outils de la
compliance.
Le premier outil est un élément dont nous avons
déjà parler plus haut : il s'agit des procédures.
Mais plus concrètement, les outils dont le compliance officer
se sert quotidiennement sont des états, des justificatifs etc.
Pour identifier les différents états dont le
compliance officer peut se servir dans un EMF, il faudrait d'abord
connaître ses objectifs et les différents postes à risques
liés à la conformité. Pour ce faire nous prendrons un
exemple. Supposons que, dans un EMF, l'un des risques les plus importants qui
soient liés à la conformité est la concentration du
crédit sur un même client ou un même type/groupe de clients.
Pour effectuer son contrôle, le compliance officer doit demander
que l'informatique lui délivre quotidiennement un état des
engagements contenant surtout le numéro et l'intitulé du compte,
le montant de l'engagement et l'historique des engagements passés et en
cours. Par ailleurs, il demandera aux gestionnaires de produire le cas
échéant les justificatifs du financement : il peut s'agir de
la réalisation d'un marché par exemple. C'est donc au
compliance officer de bien définir les outils dont il a besoin
en fonction des risques qu'il juge déterminants.
2.2. L'élaboration d'un plan de contrôle
de la conformité dans un EMF.
L'élaboration de ce plan de contrôle va suivre la
démarche globale des plans de contrôle interne. Tout d'abord, il
faut faire un inventaire des activités et des procédures, ensuite
réaliser une cartographie des risques liés à la
conformité, définir des indicateurs de contrôle et s'en
servir pour monter des questionnaires de contrôle à remplir par
les collaborateurs.
2.2.1. Inventaire des
activités et des procédures.
L'importance pour le responsable de la conformité de
faire l'inventaire des activités de l'EMF est que tous les actes
posés par l'EMF tournent autour de ses activités. En effet, il
faut connaître les différentes activités pour en
évaluer la conformité, pour interpréter les mouvements
comptables etc.
Dans les EMF - de deuxième catégorie - en
général, les activités sont :
- Compte de particulier ;
- Compte commercial ;
- Compte d'épargne ;
- Bons de caisse ;
- Compte à terme ;
- Compte du monde rural ;
- Crédits aux particuliers ;
- Crédits PME et PMI ;
- Messagerie financière ;
- Change manuel ;
- Transfert de fonds ;
- Location de coffres-forts.
L'inventaire de ces activités est la première
étape du contrôle. Mais à côté, le responsable
de la conformité doit répertorier toutes les procédures de
l'établissement. Très peu d'EMF fonctionne avec des
procédures écrites et bien établies. Beaucoup d'entre eux
pratiquent encore une gestion villageoise. Donc dans le cadre de la
Microfinance, le responsable de la conformité devra d'abord mettre ou
faire mettre en place des manuels de procédure de gestion à tous
les niveaux de l'établissement.
2.2.2. Cartographie des
risques liés à la conformité dans l'EMF.
Les risques liés à la conformité ne sont
pas très différents que l'on soit dans la banque ou dans l'EMF.
Plus couramment appelé risque de non-conformité, ces risques
appartiennent au grand groupe des risques opérationnels. Il existe sept
familles de risque opérationnel à savoir les fraudes internes,
les fraudes externes, les pratiques en matière d'emploi et de
sécurité sur le lieu de travail, les clients, produits et
pratiques commerciales, les dommages aux actifs corporels, le dysfonctionnement
de l'activité et des systèmes, l'exécution, livraison et
gestion des processus. Chacune de ces familles peut se décliner en
évènements de non-conformité eux même
rattachés à un thème de conformité tel que
présenté dans le tableau ci-après :
Tableau
N° 2 : Déclinaison des évènements de
non-conformité selon Bâle II.
Déclinaison des événements de
non-conformité selon Bâle II
Exemples d'évènements
Thèmes de conformités
Catégories de risques Bâle 2
Inadaptation de la rémunération variable
rémunération variable
Connaissance du client
Délit d'initié (intentionnel)
Fraudes internes
Réglementation professionnelle
Conflits d'intérêts
Relation commerciale
Nouveaux produits & Nouvelles activités
Règles déontologiques
Traitement et procédures
Systèmes d'information
Dommages & sinistres
Clients, produits, et pratiques commerciales
Gestion des RH
Fraudes externes
Violation du secret bancaire
Défaut de conseil
Défaut de connaissance
du client
Non respect d'un embargo
Pratiques discriminatoires envers des clients
Inexactitude des déclarations réglementaires
Un évènement est rattaché à une
seule catégorie de Bâle et un seul thème de
conformité.
Source : G. PARASSOURAMIN, Des Risques
opérationnels aux Risques de non-conformité : Cartographie
des risques
C'est sur la base de ces thèmes de conformité
que le responsable de la conformité va dresser une cartographie des
risques de non-conformité dans l'EMF. Le tableau ci-après
présente un exemple de cartographie des risques. Cette cartographie ne
se pas exhaustive mais elle n'est qu'un modèle permettant de visualiser
comment peuvent être répertorier les risques de
l'établissement :
Tableau N°3 :
Exemple de cartographie des risques de non-conformité.
Thèmes de conformité
|
Risque de non-conformité dans l'EMF
|
Connaissance du client
|
- défaillance dans la collecte et la conservation des
dossiers et des documents relatifs à l'identification des clients.
- Défaillance dans la mise à jour des
informations et des documents relatifs à l'identification des
clients.
- Insuffisance de surveillance des comptes et/ou des
opérations.
|
Relation commerciale
|
- Non respect de la réglementation applicable à
l'acte commercial.
- Défaut d'information et/ou de conseil et des
obligations en matière de tracabilité.
- Insuffisance de connaissance et d'évaluation des
clients
- Inadaptation du produit/service aux besoins du client
- Non respect des relations contractuelles
- Non respect de la politique de marge ou des conditions
tarifaires
- Défaillance dans le traitement des
réclamations clientèle
|
Conflits d'intérêts
|
- Non respect du principe de primauté de
l'intérêt du client
- Conflits d'intérêts entre deux ou plusieurs
clients concernés par une même opération
- Non respect des règles de comptabilité entre
les fonctions exercées au sein de l'établissement
- Non respect des procédures de ``muraille de Chine''
et non application des procédures
|
Réglementation professionnelle
|
- Non respect de l'égalité de traitement des
clients
- Non respect des réglementations relatives au
blanchiment, aux embargos, au gel des avoirs et aux obligations
déclaratives qui s'y rapportent
- Franchissement du seuil et seuil de détention non
déclarés
- Inadaptation de la politique de rémunération
variable et d'évaluation annuelle des collaborateurs
- Insuffisance dans la centralisation des dysfonctionnements
et/ou dans la mise en place des actions correctrices.
- Non respect des obligations de formation aux règles
de conformité des collaborateurs
- Insuffisance de formalisation des clauses relatives à
l'externalisation
- Non respect des règles relatives à la
protection des données personnelles des clients.
|
Source : Auteur
2.2.3. Le
questionnaire : un outil de travail pour la
compliance.
Le questionnaire est un outil dont le contrôleur peut se
servir pour effectuer son contrôle. Le questionnaire permet au
contrôleur d'avoir des informations qu'il peut retraiter dans le but
d'obtenir des résultats fiables.
Le questionnaire doit être bien organisé en
parties cohérentes. Les questions doivent donner lieu aux
réponses oui ou non.
Le questionnaire est fait sur la base de la cartographie des
risques qui aura été faite plus haut. Il est donc question de
requérir le maximum d'informations pour évaluer la
conformité relativement à chaque évènement de
conformité.
Le nombre d'évènements de conformité
étant très élevé, nous nous limiterons à
trois thèmes de conformité dans le cadre de ce travail, ceci afin
de rendre plus digeste l'évaluation qui sera faite.
Les thèmes retenus à cet effet sont : La
connaissance du client et surveillance des flux, les conflits
d'intérêts et les dispositions législatives et
réglementaires. Ces donc sur la base de ces trois thèmes de
conformité que nous ferons la démonstration de
l'évaluation de la conformité dans l'EMF.
i. Le public visé par le
questionnaire.
Le questionnaire s'adresse aux collaborateurs du
compliance officer. En fonction de l'évènement de
conformité qui fait l'objet du contrôle, la cible du questionnaire
peut changer. Choisissons par exemple les trois thèmes de
conformité suivant, et définissons pour chacun d'eux le public au
quel il s'adresse :
- La connaissance du client et surveillance des flux : Ce
questionnaire s'adresse aux gestionnaires et aux responsables du
secrétariat banque59(*). Le choix des gestionnaires se justifie par le fait
qu'ils constituent l'interface entre le client et l'EMF. La connaissance du
client passe donc nécessairement par eux. Par ailleurs, pour de
même thème de conformité, des questions peuvent s'adresser
aux agent du secrétariat banque qui ont en charge la gestion et la
conservation des données de la banque, en particulier les tous les
dossiers des clients, pouvant permettre de retracer physiquement toutes ses
opérations dans la banque : engagements, suspension de compte
etc.
- Les conflits d'intérêt : Ce questionnaire
englobe les conflits d'intérêt vis-à-vis des clients et
ceux vis-à-vis des autres services de l'établissement. Il
s'adresse aux gestionnaires et au responsable de la comptabilité et, le
cas échéant, du personnel. Le choix des gestionnaires se justifie
par le fait que c'est eux qui gèrent la relation client. Le choix du
responsable de la comptabilité se justifie par le fait qu'il gère
les intérêts financière des différents services de
l'établissement. Généralement les EMF ne possèdent
pas de responsable du personnel donc nous ne pouvons avoir pour cible quelqu'un
qui n'existe pas.
- Les dispositions législatives et
réglementaires : Ce questionnaire s'adresse aux gestionnaires et
aux dirigeants de l'établissement. Les dispositions législatives
et réglementaires renvoient à toutes les activités de
l'établissement et impliquent tous les agents de l'établissement
et plus spécifiquement ceux qui détiennent la prise de
décision et qui contrôle la stratégie général
de l'établissement : le D.G., le D.G.A., le D.A.F. etc.
ii. La réalisation du
questionnaire.
La réalisation du questionnaire de contrôle de la
conformité doit répondre à une organisation bien
structurée.
- Les questionnaires doivent être organisés par
thème de conformité ;
- Pour chaque thème de conformité, nous
prendrons les évènements de conformité
correspondants ;
- Pour Chaque évènement de conformité,
nous poserons des questions;
- Nous rappelons qu'il s'agit des évènements de
conformité qui ont été inventorié dans la
cartographie des risques de conformité dans l'EMF.
- A la tête du questionnaire, un champ doit être
prévu pour l'identification de la personne qui remplit et pour la date
de l'investigation.
Le questionnaire qui suit est un exemple portant sur le
thème de risque ``Connaissance du client et surveillance des flux''. Il
a pour but de montrer comment le questionnaire est élaboré et
organisé. Une fois la méthode acquise, elle est applicable aux
autres thèmes de conformité dont les risques ont
été inventoriés (Voir aussi sa présentation
complète en Annexe N°3).
I. La connaissance du client et la surveillance des
flux.
N.B. : * signifie que la question est
réservée au secrétariat banque.
1) Collecte et conservation des dossiers et documents
relatifs à l'identification des clients.
a) Pouvez-vous ouvrir un compte bien que l'identification du
client soit incomplète ?
b) Existe-t-il des procédures de collecte des
dossiers ?
c) Vous arrive-t-il de chercher un dossier de compte que vous
venez d'ouvrir ?
d) Un visiteur dans l'établissement peut-il avoir
accès au dossier d'un client ?
2) Mise à jour des informations et des
documents relatifs à l'identification du client.
a) Une documentation est-elle tenue pour chaque
client ?
b) Requérez-vous souvent du client des documents
liés à son identification longtemps après l'entrée
en relation ?
c) La fiche de paie du client est-elle mise à jour
après chaque opération ?
d)* Renvoyez-vous souvent des dossiers physiques des clients
aux gestionnaires ?
c)* Y apportent-ils des éléments nouveaux
d'identification ?
f) Avez-vous déjà entendu parler de
KYC ?
g) Détenez-vous une base de données
KYC ?
3) Surveillance des comptes et/ou des
opérations.
a) Contactez-vous souvent des clients pour des questions
concernant leur compte ?
b) Contactez-vous souvent les clients pour des questions
concernant des opérations qu'ils ont effectués ?
c) Réalisez-vous souvent des opérations sans
exiger au client tous les justificatifs ?
d) Vous assurez vous souvent de l'authenticité de ces
justificatifs ?
e) Existe-t-il des procédures de transfert ?
f) Existe-t-il des procédures de placement ?
g) Informez-vous souvent la hiérarchie pour des
opérations suspectes ?
h) Informez-vous souvent la hiérarchie pour des comptes
suspects ?
i) Y a-t-il quelqu'un qui soit chargé de surveiller les
comptes des clients ?
Source : Auteur.
Chaque questionnaire doit prévoir un espace à la
fin pour les commentaires du contrôleur. Les indicateurs utilisez par le
contrôleur doivent lui permettre de créer des ratios.
2.2.4. La création
et l'utilisation des ratios.
Les indicateurs qu'utilise le contrôleur doivent
permettre de créer des ratios dont il se sert pour quantifier ces
investigations.
Si on par exemple comme indicateurs le nombre de dossiers
perdus dans l'établissement, on peut le rapporter au nombre de dossiers
créer dans l'établissement. Ce ratio pourra permettre de
quantifier le contrôle et d'émettre des alertes lorsque le seuil
est franchi.
2.2.5. Mesure et
appréciation des résultats de contrôle.
Pour mesurer les contrôles et apprécier leur
résultat dans le temps et dans l'espace, un indicateur de
référence générique, appelé indicateur de
conformité doit être défini.
L'indicateur de conformité a pour objectif de mesurer
le taux de conformité des contrôles réalisés. Il
constitue la norme applicable à l'ensemble des entités d'un
groupe pour évaluer l'efficacité de leurs contrôles et
leurs niveaux de performance.
Cette indicateur est construit selon une méthodologie
comprenant quatre étapes : définition des points de
vérification, évaluation des points de vérification
définis, mesure des résultats de contrôle et
appréciation des résultats de contrôle.
- définition de points de vérification :
l'indicateur de conformité nécessite d'identifier, pour chaque
contrôle à réaliser, les zones de risque les plus sensibles
afin de retenir les points de vérification les plus pertinents qui
doivent s'appliquer aux objets contrôlés (ex : dossier de
crédit...).
- Evaluation des points de vérification
définis : par convention, l'évaluation de chaque point de
vérification conduit à trois résultats : Conforme =
OK, non conforme = KO, non applicable = N/A. et cela, pour chaque objet
contrôlé (Ex : dossier de crédit, contrats,...).
- Mesure des résultats de contrôle :
l'indicateur de conformité s'exprime de la manière
générale suivante : nombre d'objets contrôlés
conformes par rapport au nombre total d'objets contrôlés sur une
période donnée. L'analyse du résultat du contrôle
peut être affinée en exploitant le taux de conformité moyen
par point de vérification. Cette approche complémentaire permet
d'identifier plus aisément les zones de risque sur lesquels des actions
correctrices doivent être mises en oeuvre.
- Appréciation des résultats de
contrôle : Pour chaque indicateur retenu, il doit être
défini des limites d'encadrement pour en faciliter le pilotage :
· Seuil cible : il correspond à l'objectif
cible de conformité fixé, révisable a minima
annuellement.
· Seuil d'alerte : il correspond au niveau de
conformité fixé révisable a minima annuellement, à
partir duquel il convient de déclencher la mise en oeuvre d'actions
correctrices urgentes, et d'informer la hiérarchie des mesures
entreprises et de leur efficacité dans le temps.
Chapitre 4
EVALUATION DE LA CONFORMITE DANS UN EMF :
L'EXEMPLE DE CEPI SA.
INTRODUCRION
Le premier chapitre de cette partie nous a permis de cerner
l'urgence de la mise en place de la conformité dans les EMF. Par
ailleurs, il a fait l'objet de la description d'un plan de mise en place de la
compliance dans les établissements. C'est l'utilisation de ce
plan qui fera l'objet de ce chapitre. En réalité, il sera
question, dans ce chapitre, de voir si la méthode de contrôle qui
a été mise en place à savoir le questionnaire peut nous
permettre d'évaluer la conformité dans un EMF.
Pour ce faire, nous avons optez pour un cas pratique. Le choix
du cas a été porté sur l'EMF nommé Caisses
d'Epargne Populaire et d'Investissement que nous présenterons (section
1) avant d'y évaluer la conformité (section 2).
Section 1 Présentation de CEPI SA.
Les Caisses d'Epargne Populaire et d'Investissement (CEPI) est
un établissement de Microfinance crée sous la forme de
Société Anonyme (SA) au capital entièrement camerounais de
1 000 000 000 FCFA. Son siège social est situé
à Yaoundé au 1er étage de l'Immeuble T.BELLA,
B.P. 12 459. Les CEPI sont agrées par la COBAC N°D
2004/30 du 17 juin 2004 et l'agrément MINEFI
N°038/MINEFI du 10 mars 2005.
1.1. Organisation de CEPI SA.
CEPI SA est organisé en une Direction
Générale et en agences reparties dans certaines quatre villes du
territoire camerounais. Il développe des activités
orientées vers une clientèle bien ciblée et traite des
opérations courantes grâce à une organisation bien
définie (Voir Annexe N°4).
1.1.1. La Direction
Générale.
Seule et unique centre de prise de décision, elle a en
son sein : des organes de direction et les organes d'exploitation.
i. Les organes de
direction.
Parmi ceux-ci on note :
- Un conseil d'administration qui définit les grandes
lignes de gestion de CEPI SA. Il a à sa tête un président
du conseil d'administration et est constitué de plusieurs membres.
- Un Directeur Général qui gère au
quotidien les activités de CEPI SA, détient ainsi tous les
pouvoirs y afférents, représente la société dans
tous les actes civils et pénaux. Il est assisté dans cette noble
et délicate fonction par un Directeur général adjoint.
ii. Les organes de
gestion.
Comme dans toute institution bancaire et conformément
aux dispositions réglementaires, on rencontre à CEPI SA le back
office et le front office.
· Le back
office.
Le back office regroupe les services chargés d'analyser
les opérations générales et administratives. S'agissant
des opérations, ce compartiment est responsable du traitement
administratif des tâches initiées par les clients. Il s'occupe des
relations avec les correspondants, du contrôle d'engagement et des
cautions. S'agissant de l'administration, le back office s'occupe de toutes les
fonctions d'assistance telles que la comptabilité, l'informatique, les
Ressources Humaines, l'économat, service juridique et contentieux, la
gestion et le contrôle des procédures.
A CEPI SA, Il est constitué de :
- un service de comptabilité qui s'occupe de
l'enregistrement comptable de toutes les opérations, de
l'établissement des documents comptables et financiers comme l'exigent
les normes OHADA/COBAC ;
- Un service informatique pour la gestion du système
informatique de la société ;
- Un service de contrôle interne, qui a pour tâche
la vérification attentive et minutieuse des actes des pièces, de
leur validité conformément à la procédure ;
- Un service des engagements appelé
secrétariat-banque qui s'occupe des dossiers de crédit, tant des
particuliers que des personnes morales ; de leur retraitement
jusqu'à leur dénouement.
· Le front
office.
Le front office est le compartiment qui est en relation
quotidienne avec la clientèle. Il regroupe les services d'exploitation,
les services de guichet, d'accueil et les caisses.
A CEPI SA, le front office est constitué de :
- Un service d'exploitation qui s'occupe de la
clientèle. De ce service dépendent les chargés de
clientèle-particuliers et de clientèle-entreprises ;
- Un service de guichet pour la vérification des
conformités des signatures des clients avant la réalisation de
leurs opérations bancaires ;
- Un service de change, de transfert des fonds tant en devises
que en monnaie nationale d'une localité à une autre.
A côté des services de back office et de front
office, il existe des agents en charge de la sécurité et de
l'entretien.
1.1.2. Les agences.
L'équipe dirigeante de CEPI SA a opté pour une
expansion méthodique et rationnelle. De ce fait, le CEPI SA dispose de
trois agences dans les villes respectives de Douala, Obala et Sa'a. En
réalité on devrait parler d'agences auxiliaires car la Direction
Générale qui a été présenté plus haut
est considéré comme l'agence siège.
i. Organisation des
agences.
Les agences suivent le même modèle d'organisation
que l'agence siège. Ayant à leur tête des chefs d'agences,
elles sont organisées en front office et back office.
ii. Relation avec le
Direction Générale.
Le constat frappant à CEPI SA est que les agences ne
jouissent d'une autonomie dans leur fonctionnement et même dans la
gestion quotidienne des opérations. Toutes les opérations
initiées au niveau de l'agence doivent être validées par la
Direction Générale avant de se poursuivre. Ces agences ne sont
donc que des guichets de dépôt et de retrait. Les responsables
présents n'ont aucun pouvoir en matière d'octroi de
facilités de quelque nature que ce soit. Bien que les dossiers soient
montés sur place, ils sont traités à la Direction
Générale où sont prises les décisions finales.
L'expansion de CEPI SA c'est faite grâce à une
organisation qui lui permet de proposer à sa clientèle des
produits et services adaptés à ses besoins.
1.1.3. Les activités et la clientèle de
CEPI S.A.
CEPI SA réserve à sa clientèle une gamme
variée de produits et services. Sa clientèle est divisée
en particuliers et entreprises.
i. Les produits et
services aux particuliers.
Est particulier, toute personne physique salariée et
virée dans les comptes de CEPI SA ou toute personne physique non
salariée qui a matérialisée sa relation avec la banque en
y ouvrant un compte.
· les placements des
particuliers.
Les particuliers peuvent solliciter :
- Un compte d'épargne : Il a pour
objet d'attirer et de fixer l'épargne liquide. C'est un compte à
vue. C'est un compte structurellement créditeur. Son solde est
disponible à tout moment. Le titulaire n'a de chéquier. Il ne
dispose qu'un livret.
- Le bon de caisse : Qui un titre de
créance représentée par une formule en contrepartie d'un
dépôt effectuée auprès des institutions bancaires. A
CEPI SA, le minimum à la souscription est de 1 000 000 FCFA
avec une durée minimale trois mois et maximale de vingt quatre mois.
- Le dépôt à terme
(DAT) : C'est une formule par laquelle l'épargne demande
à sa banque de bloquer une certaine somme pour un certain temps
moyennant rémunération. Les conditions à la souscription
sont les mêmes comme celles des bons de caisse. A l'instar des ces
derniers, les taux d'intérêt sont négociables et ces
intérêts sont précomptés c'est-à-dire
payés à l'avance.
· Les services aux
particuliers.
CEPI SA accorde de nombreux crédits aux particuliers
salariés uniquement du moins pour les petits montants. On peut citer
à cet effet : le découvert, crédit - installation,
crédit - petit équipement, crédit automobile,
crédit - achat terrain, crédit amélioration de l'habitat,
crédit divers à la consommation. L'essentiel de ces
crédits sont de courte durée, variant entre six à quarante
huit mois. Son accord est subordonné à l'analyse de la
capacité de remboursement du candidat qui en fait au préalable la
demande. Cette capacité de remboursement est fonction non seulement du
total du salaire après impôt (gros ou petit salaire), des autres
revenus réguliers (loyers, pension) et des engagements antérieurs
en cours, mais aussi des garanties offertes.
ii. Les produits et
services aux entreprises.
Les entreprises s'entendent ici comme les associations, les
groupes d'intérêt commun (GIC), les ONG, les entreprises
individuelles, les sociétés, les congrégations
religieuses...
· Les
opportunités de compte offertes aux entreprises.
Comme les particuliers et aux mêmes conditions, les
entreprises peuvent solliciter les comptes d'épargne, les bons de
caisses et les dépôts à terme. Du reste l'ouverture d'un
compte commercial (compte courant) reste pour les entreprises la solution les
plus satisfaisantes eu égard aux avantages qu'il regorge.
Le compte courant résulte de l'intention des parties
à s'accorder réciproquement des remises. Ce compte peut à
cet effet être créditeur ou débiteur. Il comporte trois
effets :
- Un effet de report de l'exigibilité du solde à
la clôture ;
- Un effet novatoire qui signifie que toute écriture en
compte courant perd son individualité pour devenir un simple
article ;
- Un effet d'indivisibilité qui signifie que toute
écriture en compte doit être aussitôt
arithmétiquement combiné au solde des écritures
antérieures de sorte à faire apparaître un nouveau solde
qui traduit la fusion avec toutes les écritures passées en
compte.
· Les concours aux
entreprises.
Les concours accordés aux entreprises, clientes de CEPI
SA sont de courte durée. On distingue à cet effet :
- Les découverts ponctuels qui sont
des avances faites aux clients, garanties sur des effets de commerce ;
- Les prises en charge : pour
l'exécution des bons de commandes de l'Etat et des administrations
publiques et para publiques. Ces préfinancements n'excèdent pas
50 % du net à payer ;
- L'affacturage est une avance sur
facture en attente de payement. Cet avance ne peut dépasser 60 % du
listing (document délivré par le MINEFI qui justifie l'imminence
du paiement d'une facture donnée).
CEPI SA accorde également des engagements par
signature. Il s'agit ici des cautions donner par CEPI SA à la demande de
la clientèle au profit des créanciers de ce client et non des
cautions offertes aux banques pour garantir les crédits qu'elles
accordent. On peut noter.
- la caution de soumission : C'est une
garantie d'une partie généralement la banque à l'ordre du
vendeur de payer une partie du prix demandé (souvent inférieur
à 10 % du montant de la transaction) à titre de compensation pour
l'acheteur si le vendeur ayant accepté l'offre ne souhaite plus ou se
trouve dans l'incapacité de remplir les conditions de l'offre et
s'engage à la livraison relative où à exécuter le
contrat. Le compte du client peut être soit provisionné, soit
complètement au débit.
- La caution de retenue de garantie :
pour obtenir un règlement en cours ou à la fin des travaux, la
banque vous cautionne pour assurer au maître d'ouvrage la qualité
fournie dans le cadre du marché pendant un délai donné.
Cette garantie, permet au bénéficiaire de la caution, de pallier
aux déséquilibres de trésorerie causée par la
retenue des fonds conservé par le maître d'ouvrage.
- La caution de bonne fin : le
maître d'ouvrage qui passe un marché avec une entreprise prend
toujours le risque de voir son chantier inachevé. Pour atténuer
ce risque, certains maîtres d'ouvrage imposent dès la signature du
marché une caution dite de bonne fin (bon achèvement de la
prestation) et la banque en délivre sous réserve des bonnes
relations bancaires qu'elle entretient avec son client.
- La caution avance -
démarrage : pour permettre de démarrer les
travaux, le maître d'ouvrage est souvent emmener à vous faire une
avance. Pour s'assurer que cette avance utilisée à bon escient,
il vous est demandé de produire une caution dite d'acompte ou avance
démarrage.
CEPI SA peut également délivrer à sa
clientèle une attestation de solvabilité au profit maître
d'ouvrage. C'est un document qui atteste que le client est
financièrement capable d'exécuter la prestation. Il
présente le risque d'obliger la banque à exécuter la
prestation en cas de défaillance du maître d'oeuvre.
Il est important de signaler qu'on distingue à cet
égard des cautions pour :
- Eviter les décaissements (caution de bonne fin)
- Pour accélérer les rentrées (caution de
retenue de garantie)
- Pour différer les paiements.
Pour chaque type d'engagement, correspondant des garanties
bien précises pour le dénouement. Parmi elles, les usuelles et
nécessaires sont les suivants : AVI, un dossier fiscal sain, un bon
d'engagement.
Bien que le suivi des engagements par signature soit lourd
à gérer, sans compter le décalage des engagements dans le
temps, ils offrent néanmoins des avantages considérables pour le
banquier. A ce titre, au moment de sa mise en place, il n'existe pas pour le
banquier des sorties de fonds. Ils évitent les contraintes liées
à l'encadrement des crédits. Ils permettent également
à la banque de percevoir des commissions. Enfin, le banquier est
subrogé dans les fonds du créancier bénéficiaire de
l'engagement.
La présentation générale de CEPI SA
faites, il nous revient de nous appesantir sur le dispositif de contrôle
car comme tout établissement de crédit, CEPI SA est exposé
à des risques.
1.2. Organisation du contrôle à CEPI
SA.
Le Contrôle Interne aux CEPI S.A. est un dispositif de
la structure, défini et mis en oeuvre par la Direction
Générale. Il a pour but d'assurer la protection, la sauvegarde du
patrimoine et la qualité de l'information, l'application des instruments
de la Direction et favoriser l'amélioration des performances.
Ce dispositif est constitué d'un ensemble de mesures de
sécurités, des types de contrôle et supports du
Contrôle Interne.
1.2.1. Les mesures de
sécurités.
i. Sur le plan Informatique
Nous pouvons noter :
· La limitation de l'accès direct aux
données stockées
· L'attribution des habilitations et le suivi des
activités à travers des mots de Passe
· La séparation stricte des activités entre
l'exploitation et le développement des programmes
· La gestion des sauvegardes par la conservation des
fichiers
· Le verrouillage des mouvements débiteurs dans
les comptes sans provisions
ii. Sur le plan de la Comptabilité
Nous pouvons relever que :
Les opérations faisant l'objet d'écritures
comptables sont initiées par des services autres que la
Comptabilité qui n'est pas elle même un centre de
décisions. Ces écritures sont validées par la Direction
Générale avant la saisie à l'informatique qui est un
service indépendant de la Comptabilité. Elles sont par la suite
transmises pour contrôle avant archivage.
iii. Sur le plan de l'Exploitation
Les pouvoirs et les délégations sont
définis et limités en matière de prises de risque.
Les retraits de fonds sont soumis à une
hiérarchisation des habilitations clairement définie en fonction
des montants.
iv. Sur le plan de la gestion de la
trésorerie
Il existe une définition des plafonds d'encaisse des
coffres forts et des caisses et leur couverture par l'assurance. Le surplus
étant déposé chez les correspondants de CEPI S.A.
Les vérifications des rapprochements bancaires ;
les contrôles des mouvements de fonds banques caisses et inter
caisse et l'élaboration d'une situation de trésorerie
quotidienne, permettent de maîtriser les risques d'illiquidité.
1.2.2. Les types de
contrôle.
De manière générale, deux types de
contrôle, qui vont être renforcés, sont pratiqués
ici :
i. Les Contrôles
Opérationnels
· Sur le plan informatique, une exploitation
minutieuse des états informatiques, des documents faisant l'objet
d'enregistrement et classés à l'informatique, des fiches de
traitements informatiques, des fiches de mouvement des matériels
informatiques, permettent aux CEPI S.A. de maîtriser le risque
informatique.
· Sur le plan de la Comptabilité, toutes les
écritures passées et enregistrées sont soumises au
Contrôle dans une optique de vérification de
l'exhaustivité, de la réalité, de l'exactitude et de la
maîtrise des risques juridique et opérationnel.
· Sur le plan de l'exploitation, le contrôle des
habilitations au niveau de l'octroi des découverts ; la
vérification de la conformité des dossiers de crédit et de
la signature de l'emprunteur ; de la validité et de la
matérialisation des garanties ; la vérification de la
conformité des dossiers administratifs des clients permettent une
maîtrise du risque de crédit.
ii. Le contrôle de détection
· Le contrôle inopiné des espèces
physiques
· Les inventaires de stocks de fournitures et des
immobilisations.
1.2.3. Les supports
utilisés dans le cadre du contrôle interne.
CEPI S.A se sert du manuel de procédure, du plan
comptable, des états financiers et l'organisation générale
a prévu une séparation nette des fonctions du personnel entre
les tâches d'ordonnancement, d'enregistrement comptable, de
détention de biens et valeurs, de contrôle et de programmation
informatique.
Toutefois, suite au développement rapide des
activités, CEPI S.A est engagé dans la révision du
système de Contrôle Interne pour l'adapter à la nouvelle
dimension ; c'est ainsi qu'il s'est lancé dans un certain nombre de
chantiers tels :
· L'élaboration d'une charte du contrôle
interne
· La mise sur pied d'une cartographie des risques
· La définition d'un questionnaire de recueil
d'information sur le contrôle interne
· La refonte du manuel des procédures des CEPI
S.A. existant
· L'obtention d'une documentation informatique (documents
d'exploitation et documents techniques)
· L'élaboration d'un manuel de procédure
d'exploitation informatique.
1.2.4. La lutte contre le
blanchiment d'argent à CEPI S.A.
A CEPI S.A., c'est le contrôle interne qui a la charge
de veiller au blanchiment d'argent : s détection, sa
prévention.
Pour cela, il dispose de quelques outils concernant surtout
les opérations de virement sur place et hors place. En effet, tous les
jours, il reçoit de l'informatique un état journalier des
mouvements comptables - écritures sur le sort des bons de virement (BV).
Cet état informatique (Voire Annexe N°4) lui permet de
contrôler tous les virements reçus et encaissés60(*) dans les comptes de la
clientèle.
Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent, il
exploitation cet état en recherchant des relevés qui justifient
la réception ou l'émission du virement. Il s'agit d'avoir les
justificatifs. Les justificatifs que le contrôleur recherche dans ce cas
sont le relevé de compte et la justification de l'origine des fonds
(Voire Annexe N°5). L'ANIF impose ce deuxième justificatif aux EMF
seulement pour les virements de plus de cinq millions. Tous virements de plus
de cinq millions n'ayant pas de justificatifs de l'origine des fonds fera
l'objet d'une suspicion qui pourra déboucher sur l'alerte de l'ANIF en
cas de non résolution.
Cette méthode de contrôle pour la lutte contre le
blanchiment est utile mais incomplète. En effet, le contrôleur
effectue uniquement la vérification de l'existence des justificatifs,
mais n'en vérifie pas l'authenticité. Dans un monde ou
règne la corruption, les magouille et le faux, il semble un peu
naïf de penser que la simple vérification de l'existence d'un
justificatif suffit à mener la lutte contre le blanchiment.
Par ailleurs, néanmoins, le contrôleur
procède à une lecture minutieuse de tous les états des
mouvements comptables - écritures sur le sort des bons de virement (BV)
ceci afin de détecter s'il y a des comptes qui reçoivent des
virements avec une fréquence suspecte.
La lutte contre le blanchiment d'argent est effective à
CEPI S.A., mais elle n'est pas réelle et pertinente. C'est une lutte qui
existe juste pour ``remplir les formalités''.
Section 2 Evaluation de la conformité de CEPI
S.A. : Utilisation du questionnaire.
Dans un souci de faisabilité, l'évaluation de la
conformité va porter sur le thème de la connaissance des clients
et surveillance des flux. Le questionnaire a été soumis à
cinq gestionnaires à savoir Mademoiselle Chimène SONTSAP, M.
Boris BIWONO, M. DONGO Jean Bernard, M. Patrice MENYE, Mlle Viviane DONGMO et
quatre responsables du secrétariat banque à savoir Mlle NGONO
Jeanne d'arc et M.ONGOLO, M. ESSENGUE Benoît et Mlle Manuella.
2.1. Présentation et interprétation des
résultats du questionnaire.
Comme nous l'avons vu plus haut, le questionnaire sur la
connaissance des clients et la surveillance des flux porte sur trois
évènements de risque.
Pour chaque évènement de risque, il sera
question de présenter les résultats du questionnaire, de les
commenter et de les interpréter.
Pour l'interprétation, nous fixerons notre taux
indicateur sur la base du nombre d'objets contrôlés conformes
rapporté au nombre total d'objets contrôlés. Et pour chaque
évènement de risque nous déterminerons en fonction de
l'importance que nous accorderons à chaque question la conformité
par rapport à chaque évènement de risque.
2.1.1. Collecte et
conservation des dossiers et documents relatifs à l'identification des
clients.
Questions
|
Oui
|
Non
|
T
|
a) Pouvez-vous ouvrir un compte bien que l'identification du
client soit incomplète ?
|
4
|
1
|
5
|
b) Existe-t-il des procédures de collecte des
dossiers ?
|
2
|
3
|
5
|
c) Vous arrive-t-il de chercher un dossier de compte que vous
venez d'ouvrir ?
|
3
|
2
|
5
|
d) Un visiteur dans l'établissement peut-il avoir
accès au dossier d'un client ?
|
0
|
5
|
5
|
i. Commentaires des résultats.
On constate donc qu'aux CEPI S.A., 80 % des gestionnaires
ouvrent souvent des comptes sans que le dossier d'identification du client ne
soit complet. Par ailleurs, 60 % d'entre eux ne connaissent pas l'existence de
procédures de collecte des dossiers. 60 % de gestionnaire perdent
souvent des dossiers et enfin aucun visiteur n'a accès aux dossiers des
clients. Ces chiffres ne sont que des indicateurs sur les quelles le
contrôleur s'appuie pour effectuer ces interprétations. Nous
pouvons donc à partir des seuils que nous nous fixons dire si CEPI S.A.
est conforme au respect de la collecte et conservation des documents relatifs
à l'identification du client.
ii. Interprétation
des résultats.
Questions
|
OK61(*)
|
Total
|
Taux
|
Taux cible
|
a) Pouvez-vous ouvrir un compte bien que l'identification du
client soit incomplète ?
|
1
|
5
|
20%
|
80%
|
b) Existe-t-il des procédures de collecte des
dossiers ?
|
2
|
5
|
40%
|
60%
|
c) Vous arrive-t-il de chercher un dossier de compte que vous
venez d'ouvrir ?
|
2
|
5
|
40%
|
80%
|
d) Un visiteur dans l'établissement peut-il avoir
accès au dossier d'un client ?
|
0
|
5
|
0%
|
80%
|
Aucun taux cible n'a été atteint pour toutes les
questions concernant cet évènement de risque de
conformité. Nous en tirons donc la conclusion selon laquelle il y a
défaillance en matière de collecte et conservation des dossiers
et documents relatifs à l'identification des clients.
2.1.2. Mise à jour
des informations et des documents relatifs à l'identification du
client.
Questions
|
Oui
|
Non
|
T
|
a) Une documentation est-elle tenue pour chaque
client ?
|
0
|
5
|
5
|
b) Requérez-vous souvent du client des documents
liés à son identification longtemps après l'entrée
en relation ?
|
3
|
2
|
5
|
c) La fiche de paie du client est-elle mise à jour
après chaque opération ?
|
1
|
4
|
5
|
d)* Renvoyez-vous souvent des dossiers physiques des clients
aux gestionnaires ?
|
4
|
0
|
4
|
c)* Y apportent-ils des éléments nouveaux
d'identification ?
|
1
|
0
|
4
|
f) Avez-vous déjà entendu parler de
KYC ?
|
0
|
9
|
9
|
g) Détenez-vous une base de données
KYC ?
|
-
|
-
|
9
|
i. Commentaires et interprétation des
résultats.
Le procédé est le même que dans le cas
précédent. 0 % des gestionnaires tiennent une documentation pour
chaque client et 60 % demandent aux clients des informations
supplémentaires en vue de compléter ou de mettre à jour
son identification. Grâce à ces chiffres, on peut
déjà dire que les gestionnaires sont conscients du fait qu'ils
doivent mettre à jour les dossiers d'identification des clients surtout
lors des demandes de crédits.
Tout le secrétariat banque affirme qu'il envoie souvent
des dossiers de client chez les gestionnaires, mais 25% seulement affirme que
ces dossiers reviennent avec des pièces ou des éléments
ajoutés.
Par ailleurs, aucun gestionnaire ou agent du
secrétariat banque n'a déjà entendu parler de KYC. Et
aucun ne sais si l'établissement en possède une base de
donnée.
En nous basant sur nos indicateurs, nous pourrons savoir si
nous sommes conforme au respect de la mise à jour des informations et
documents relatifs à l'ouverture de compte.
ii. Interprétations des
résultats.
Questions
|
OK62(*)
|
Total
|
Taux
|
Taux cible
|
a) Une documentation est-elle tenue pour chaque
client ?
|
0
|
5
|
0%
|
80%
|
b) Requérez-vous souvent du client des documents
liés à son identification longtemps après l'entrée
en relation ?
|
3
|
5
|
60%
|
60%
|
c) La fiche de paie du client est-elle mise à jour
après chaque opération ?
|
1
|
5
|
20%
|
80%
|
d)* Renvoyez-vous souvent des dossiers physiques des clients
aux gestionnaires ?
|
4
|
4
|
100%
|
80%
|
e)* Y apportent-ils des éléments nouveaux
d'identification ?
|
1
|
4
|
20%
|
80%
|
f) Avez-vous déjà entendu parler de
KYC ?
|
0
|
9
|
0%
|
70%
|
g) Détenez-vous une base de données
KYC ?
|
-
|
-
|
-
|
80%
|
A la lecture de cette grille, on remarque que les cibles de
conformité sont atteintes pour les questions b) et d). Ainsi, il arrive
que les gestionnaires demandent des renseignements sur le client longtemps
après l'ouverture du compte. Cependant, les gestionnaires ne le font que
quand le client veut prendre un crédit. Par ailleurs, le
sécrétariat-banque envoie des dossier physique des clients aux
gestionnaires mais régulièrement c'est pour que ces derniers
puissent prendre des informations perdues sur un client (Numéro de
téléphone, date d'entrée en relation, etc.). On se rend
bien compte que même si la cible est atteinte pour ces deux questions,
CEPI S.A. n'est pas pour autant conformes pour ces mêmes questions. Les
taux sont très éloignés de la cible pour la plupart des
autres questions et l'on peut conclure qu'il y a défaillance dans la
mise à jour des informations et des documents relatifs à
l'identification du client.
2.1.3. Surveillance des
comptes et/ou des opérations.
Questions
|
Oui
|
Non
|
T
|
a) Contactez-vous souvent des clients pour des questions
concernant leur compte ?
|
1
|
4
|
5
|
b) Contactez-vous souvent les clients pour des questions
concernant des opérations qu'ils ont effectués ?
|
3
|
2
|
5
|
c) Réalisez-vous souvent des opérations sans
exiger au client tous les justificatifs ?
|
0
|
5
|
5
|
d) Vous assurez vous souvent de l'authenticité de ces
justificatifs ?
|
0
|
5
|
5
|
e) Existe-t-il des procédures de transfert ?
|
-
|
-
|
5
|
f) Existe-t-il des procédures de placement ?
|
5
|
0
|
5
|
g) Informez-vous souvent la hiérarchie pour des
opérations suspectes ?
|
1
|
4
|
5
|
h) Informez-vous souvent la hiérarchie pour des comptes
suspects ?
|
1
|
4
|
5
|
i) Y a-t-il quelqu'un qui soit chargé de surveiller les
comptes des clients ?
|
-
|
-
|
-
|
i. Commentaires et interprétions des
résultats.
On constate à travers le tableau que les gestionnaires
ne contactent pas très souvent les clients pour des problèmes
concernant leurs comptes. 20 % seulement des gestionnaires le fait. Aucun
gestionnaire n'effectue d'opérations sans justificatif mais aucun
d'entre eux n'en vérifie l'authenticité. Les gestionnaires savent
qu'il existe une procédure de placement. Pourtant dans la pratique, lors
d'un placement, on ne pose aucune question au client sur la provenance de
l'argent. 80 % des gestionnaires n'informent pas la hiérarchie lors de
la découverte d'une opération suspecte.
Il n'y a pas une réelle surveillance des comptes et des
opérations des clients aux CEPI même si les gestionnaires font
l'effort de veiller à la conformité des opérations.
Tout en reprécisant que les résultats suivants
ne sont pas totalement fiables car l'objectif visé ici est la
démarche pour une compliance qui soit peu coûteuse pour les
EMF.
ii. Interprétation
des résultats.
Questions
|
OK63(*)
|
Total
|
Taux
|
Taux cible
|
a) Contactez-vous souvent des clients pour des questions
concernant leur compte ?
|
1
|
5
|
20%
|
60%
|
b) Contactez-vous souvent les clients pour des questions
concernant des opérations qu'ils ont effectués ?
|
3
|
5
|
60%
|
60%
|
c) Réalisez-vous souvent des opérations sans
exiger au client tous les justificatifs ?
|
5
|
5
|
100%
|
80%
|
d) Vous assurez vous souvent de l'authenticité de ces
justificatifs ?
|
0
|
5
|
0%
|
80%
|
e) Existe-t-il des procédures de transfert ?
|
-
|
-
|
-
|
80%
|
f) Existe-t-il des procédures de placement ?
|
5
|
5
|
100%
|
80%
|
g) Informez-vous souvent la hiérarchie pour des
opérations suspectes ?
|
1
|
5
|
20%
|
80%
|
h) Informez-vous souvent la hiérarchie pour des comptes
suspects ?
|
1
|
5
|
20%
|
70%
|
i) Y a-t-il quelqu'un qui soit chargé de surveiller les
comptes des clients ?
|
-
|
-
|
-
|
80%
|
Pour les questions b), c) et f), nos cibles de
conformité ont été atteintes. Cependant, ces questions ne
sont pas les plus déterminantes de notre évènement de
risque. En plus elles sont minoritaires par rapport aux questions pour lesquels
nos cibles de conformité n'ont pas été atteintes. Nous
concluons donc qu'il y a insuffisance de surveillance comptes et/ou des
opérations.
2.1.4. Récapitulatif des résultats et
recommandations générales.
Il s'agit ici de faire un récapitulatif des
résultats, pour déterminer une tendance générale
qui se dégage pour ce thème de risque, et faire des
recommandations générales.
i. Tableau
récapitulatif
|
Observations
|
Thème de conformité : Connaissance du
client et surveillance des flux
|
KO64(*)
|
Evènements de risque.
|
collecte et conservation des dossiers et des documents
relatifs à l'identification des clients.
|
KO
|
Mise à jour des informations et des documents relatifs
à l'identification des clients
|
KO
|
Surveillance des comptes et/ou des opérations
|
KO
|
ii. commentaire
général.
Le commentaire que nous pouvons apporter ici ne sera qu'une
reprise des commentaires qui ont été fait pour chaque
évènement de risque. Mais de manière
général, nous constatons que aucun évènement de
risque de non-conformité n'a été jugé
maîtrisé. D'où la non-conformité du thème de
conformité.
iii. Recommandations
Générales.
Comme recommandation générale, nous dirons que
le personnel a besoin d'être formé et sensibilisé sur les
règles liées à la conformité. Qu'il serait
intéressant pour l'établissement de se doter d'une base de
donnée KYC etc. Mais en réalité, tout cela reviendra
à recommander à l'établissement de mettre sur pied un
contrôle de la conformité car cela peut avoir un impact positif
pour elle et son environnement.
2.2. Impact de la mise en place de la compliance dans
l'EMF et suggestion.
La mise en place de la compliance dans les EMF peut avoir un
impact important sur les EMF eux-mêmes, sur le système bancaire,
sur l'Etat, sur les clients.
2.2.1. L'impact de la
compliance sur l'EMF.
La compiance est une obligation nouvelle qui implique
des coûts très élevés pour les établissements
de crédit. La proposition d'un moyen de contrôle de la
conformité par simple questionnaire vise rendre cette contrainte
accessible aux EMF. Loin d'être juste un instrument de gestion de
risques, la compliance contribue aussi à la création de
la valeur et à l'amélioration de la performance.
La prise en compte de la compliance dans tous les
établissements de crédit pourra faire l'objet d'une
publicité qui améliorera l'image que l'on a de la Microfinance et
rendra une confiance en ce secteur. De plus, elle pourra encourager les
investisseurs sociaux à soutenir les établissements qui
présentent de bon rapport de conformité.
La compliance se décline envers les collaborateurs en
termes de formation et de sensibilisation. En effet, le contrôle de la
conformité va exiger que le personnel soit mieux formé et
sensibiliser aux règles de conformité une meilleure formation
implique de meilleures ressources humaines, et par conséquent, un
meilleur rendement.
2.2.2. L'impact de la
compliance sur le système bancaire.
La forte évolution de l'activité de Microfinance
au Cameroun n'a pas été soutenue par la clientèle pauvre
comme il se doit, mais par la clientèle des banques. En effet, du fait
de la proximité et de l'absence d'exigences réglementaires,
beaucoup de clients ont fuit les banques pour se réfugier dans les
EMF.
L'exigence d'un contrôle de conformité dans les
EMF permettra de donner plus de crédibilité à ce secteur
qui fait encore l'objet de beaucoup de doute auprès des populations.
2.2.3. l'impact sur les
autorités de tutelle.
Dans autorités de tutelle on range l'Etat à
travers le Ministère des Finances, et la COBAC. L'une des
difficultés qu'ont ces autorités de tutelle est l'effectif des
établissements. Mais un contrôle de conformité dans ces
établissements leur faclitera le contrôle.
2.2.4. L'impact sur les
clients.
L'un des volets de la compliances est le NAP. En
effet, en créant un poste compliance dans les
établissements, celui va vérifier que tous les nouveaux produits
et activités développés pour l'établissement
remplissent les normes et répondent aux attentes du client. Par ailleurs
il contribue à limiter les conflits d'intérêt à
travers le respect de la primauté de l'intérêt du client et
bien d'autres obligations.
2.2.5. Quelques
suggestions et recommandations.
La compliance a pour principal but la lutte contre le
blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Mais au Cameroun, l'un
des fléaux qui dévastent l'économie est la corruption et
le détournement. Ces deux actes donnent matière à
blanchiment mais devraient subir un traitement particulier au Cameroun.
La corruption se manifeste de plusieurs façons mais ne
peut pas s'opérer facilement sans l'aide d'un établissement de
crédit. En effet, certains fonctionnaires reçoivent du CENADI des
virements de salaire faramineux et à des périodes non
habituelles. La CONAC devrait commencées par identifier les
métiers les plus exposés à cette pratique. De par notre
observation, l'on peut affirmer sans risque de se tromper que le corps
armée est le plus adepte à cette pratique. La CONAC devrait faire
des visites inopinées dans les banques et demandées que l'on lui
produise ls historiques de compte des fonctionnaires de l'armée pour
analyser toutes les virements reçus et en vérifier la
conformité. En principe, le responsable de la conformité devrait
alerter l'ANIF dès qu'il constate de tels pratiques mais l'EMF ne peut
pas risquer de perdre une partie de sa clientèle quitte à faire
du blanchiment d'argent.
D'autres parts, cette corruption peut s'observer dans les
marchés publics. Certains établissements passent par l'EMF pour
gagner des marchés fictifs et reçoivent dans leur compte les
virements. Ces actes sont contre la réglementation et doivent faire
l'objet de contrôle.
Dans ce chapitre il était question pour nous de montrer
comment on peut mettre en place une compliance qui soit adapté
à l taille et à la réalité des EMF. Après
avoir présenté la nécessité et les
difficultés de la mise en oeuvre de ce dispositif dans les EMF, nous
avons présenté un modèle de contrôle de la
conformité dans les EMF. Il s'agissait notamment de faire un inventaire
des activités et des procédures, de faire une cartographie des
risques et de s'appuyer sur cette cartographie pour élaborer un
questionnaire permettant d'observer le niveau de conformité de
l'établissement risque après risque.
Après avoir présenter un modèle de
questionnaire, nous avons montrer comment il peut être exploiter par le
contrôleur afin d'évaluer la conformité de
l'établissement.
CONCLUSION GENERALE
Parti du constat selon lequel l'activité de
Microfinance avait une évolution panoramique au Cameroun, mais que les
pratiques y étaient régulièrement non conformes à
la réglementation, recherche avait pour ambition de proposer un outil
qui permette aux EMF de développer leur activité tout en restant
fidèle à la réglementation et aux obligations
professionnelles. Cet outil est le contrôle de la conformité.
Mais avant d'arriver à mettre en place le
contrôle de la conformité dans les EMF, nous l'avons
présenté comme un concept nouveau qui a fait naître de
nouvelles obligations pour le banquier. Il se définit comme l'obligation
de veiller à ce que les personnels s'assurent en permanence que soient
respectées :
- Les dispositions législatives et
réglementaires propres aux activités bancaires ;
- Les normes et usages professionnels et
déontologiques ;
- Les codes de conduites notamment le code éthique et
les procédures internes.
Il fait partir du dispositif de contrôle interne mais
est une fonction indépendante. Il couvre les domaines de risques
liés à la non-conformité notamment la protection et
connaissance des clients et le blanchiment des capitaux. Il produit chaque
année un rapport adressé à la direction
générale, et transmit au comité d'audit dans le rapport de
contrôle interne (RACI). Les accords de bâle ont
présenté sa mise en oeuvre dans les banques. Mais pour
l'appliquer au secteur de la Microfinance, il a paru opportun de
présenter cette activité nouvelle.
En effet, la Microfinance se définit par le
Règlement CEMAC (Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale) comme une activité exercée par des
entités agrées, n'ayant pas le statut des banques ou
d'Etablissements financiers, et qui pratiquent, à titre habituel des
opérations de crédit et/ou de collecte de l'épargne et
offrent des services financiers spécifiques aux populations
évoluant en marge du circuit bancaire traditionnel. Le secteur de la
Microfinance a une réglementation qui lui est propre et est un domaine
dans lequel la gestion des risques présente plusieurs
spécificités qui pourraient influencer la mise en place de la
compliance.
A travers des catastrophes financières tels que les
affaires ENRON et KERVIEL, nous avons pu montrer la nécessité de
la conformité dans les établissements de crédit.
Pour mettre en place la compliance dans l'EMF, il a
été question de présenter le dispositif constitué
d'une équipe, d'un SI et des procédures. Le plan de
contrôle a consisté en l'élaboration d'un questionnaire de
contrôle par le responsable de la conformité soumis à ses
collaborateurs. Nous avons ensuite observé s'il était possible de
se servir de ce questionnaire pour évaluer la conformité dans un
établissement de microfinance. Pour ce faire, nous avons opté
pour un cas pratique. Le choix a été porté sur un EMF
nommé CEPI S.A.
Parvenus au terme de notre étude, nous pouvons affirmer
avec très peu de chance de nous tromper que les EMF ne disposent pas
encore de contrôle de conformité car on ne retrouve pas les
acteurs d'un contrôle de conformité en l'occurrence un responsable
de la conformité. En plus il n'y existe aucunoutil de contrôle de
la conformité et le personnel n'est pas suffisamment formé et
sensibilisé sur la réglementation, les obligations
professionnelles et la déontologie. Par ailleurs, nous avons
montré que le contrôle de la conformité est un outil qui
peut aider les EMF à maîtriser leurs risques de
non-conformité et par conséquent à limiter les
conséquences de la survenance de ces risques en les prévenant.
Il est donc désormais acquis que la compliance
peut permettre de diminuer la non-conformité qui a été
constaté dans le secteur de la Microfinance. Cette diminution de la
non-conformité se fait dans l'intérêt de tout le
monde : les EMF eux-mêmes, les banques, l'Etat et la COBAC et
même les clients.
L'inquiétude qui reste en suspens est celle de savoir
comment le gouvernement ou les autorités de tutelle peuvent impulser
cette dynamique de conformité dans les EMF.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
1
LISTE DES ABBREVIATIONS
5
LISTE DES TABLEAUX
7
RESUME
8
INTRODUCTION GENERALE
10
PREMIERE PARTIE
20
Chapitre 1
22
Section 1
Présentation de la compliance.
23
1.1.
Définition.
23
1.1.1. Le
responsable de la conformité ou compliance
officer.
24
1.1.2. Enjeux de la
conformité.
25
1.1.3. Les domaines
de la conformité
25
1.1.4. Les missions
spécifiques de la Conformité.
28
1.2. La mise en
oeuvre du contrôle de conformité.
28
1.2.1. Le
dispositif de contrôle de conformité.
29
i. Le dispositif
humain.
29
ii. Les
procédures.
30
iii. Les
Systèmes d'Information (SI).
30
1.2.2. Le plan de
contrôle.
30
1.2.3. Les
indicateurs de contrôle de conformité.
30
1.2.4. Les outils
d'analyse.
31
i. Les tableaux de
bord.
31
ii. Les
reportings
32
iii. Les plans
d'actions correctrices.
32
iv. Les
déclarations.
32
v. Le Rapport
Annuel du Compliance Officer.
32
1.3. la place de la
compliance dans le dispositif de contrôle interne.
33
1.3.1. Le
contrôle permanent.
33
1.3.2. Le
contrôle de la sécurité financière et de la
conformité.
34
1.3.3. Le
contrôle périodique ou audit interne.
34
1.3.4. Le
comité d'audit interne.
34
Section 2 Les
domaines du contrôle de la conformité.
34
2.1. La protection
et connaissance des clients.
35
2.1.1. La
connaissance du client : l'analyse KYC.
35
i. La due
diligence.
36
2.1.2.
Conformité des produits et des
opérations.
37
i. Les nouvelles
activités, nouveaux produits (NAP).
37
ii. Les dispositifs
de muraille de Chine.
38
iii. Les
procédures à remplir pour certaines opérations et les
alertes.
38
2.1.3.
Sécurité des données, formation et
sensibilisation des collaborateurs.
39
i. La
sécurité des données personnelles des
clients.
39
ii. La formation et
la sensibilisation des collaborateurs aux règles de
conformité.
40
2.2. Le blanchiment
des capitaux et le financement du terrorisme.
40
2.2.1.
Définition.
40
2.2.2. Le
déroulement du blanchiment.
41
2.2.3. les
principaux acteurs chargés de la lutte contre le
blanchiment.
42
2.2.4. Les
techniques bancaires de prévention et de détection du
blanchiment : Le rôle de la compliance.
43
2.3. Les
conséquences de la non-conformité.
44
2.3.1.
Définition du risque de non-conformité.
44
2.3.2. Les
sanctions disciplinaires.
45
2.3.3. Les
sanctions pécuniaires.
46
2.3.4. L'atteinte
à la réputation ou à l'image de
l'établissement.
46
Chapitre 2
48
Section 1
Présentation de la Microfinance au Cameroun.
48
1.1.
Définition, évolution et caractéristiques de la
Microfinance.
48
1.1.1.
Définition.
48
1.1.2. Historique
et évolution de la Microfinance.
50
1.1.3.
Caractéristiques de la Microfinance.
52
i. La
pauvreté.
53
ii. La
proximité
54
iii. Le lien
commun
54
iv. L'argent chaud
et froid
55
1.1.4. Les Produits
de la Microfinance.
55
i. le
microcrédit
56
ii. Les autres
produits.
58
1.2. La
Microfinance au Cameroun.
59
1.2.1.
Avènement et enjeux de la Microfinance au
Cameroun.
59
i. Avènement
de la Microfinance au Cameroun.
59
ii. Enjeux de la
Microfinance.
61
1.2.2. Le poids
économique de la Microfinance dans l'activité bancaire du
Cameroun.
62
1.2.3. Les acteurs
du secteur.
65
i. les institutions
de Microfinance.
65
ii. Les
autorités de tutelle
66
iii. Les structures
spécialisées
66
iv. Les
Organisations Non Gouvernementales
66
v. Les partenaires
et les bailleurs de fonds
67
1.2.4. Politique
nationale de développement du secteur.
68
Section 2 Les
spécificités de l'activité de Microfinance.
69
2.1. La
réglementation du secteur de la Microfinance.
69
2.1.1. Les
conditions d'exercice de l'activité de Microfinance.
69
i. L'accès
à la profession de Microfinance.
70
2.1.2. Les
opérations et services autorisés.
71
i. Les
opérations de collecte de l'épargne
71
ii. Les
opérations de crédit.
72
iii. Les autres
ressources.
72
2.1.3. les
obligations professionnelles des agents des EMF.
72
i. Les obligations
traditionnelles.
73
ii. Les
opérations nouvelles.
74
2.1.4. Les normes
prudentielles applicables aux EMF.
75
2.1. La gestion des
risques dans le contexte particulier de la Microfinance.
76
2.1.1.
Définition de la gestion des risques.
77
2.1.2.
Identification des risques des EMF.
77
2.1.3. Les
politiques et procédures : des outils de gestion des risques dans
les EMF.
77
DEUXIEME PARTIE
80
Chapitre 3
82
Section 1
Réflexions préalables à la mise en place d'une
compliance dans l'EMF.
82
1.1. Quelques
catastrophes financières dues à la
non-conformité.
82
1.1.1. L'affaire
ENRON.
83
i. Les causes de la
chute.
83
ii.
Conséquences.
84
1.1.2. L'affaire
Kerviel.
84
i. Les causes de la
crise.
85
ii. Les
conséquences de la crise.
86
1.2. Les
difficultés d'application et l'urgence d'une compliance dans
les EMF.
87
1.2.1. La jeunesse
du secteur et le nombre élevé
d'établissement.
87
1.2.2. Le manque de
formation et la mentalité des dirigeants.
88
1.2.3. La
performance financière et la quête de
pérennité.
89
1.2.4. Les lacunes
du secteur.
90
Section 2 La mise
en place de la compliance dans un EMF.
90
2.1. Le dispositif
de contrôle.
90
2.1.1. Le
dispositif humain.
91
2.1.2. Les
procédures.
91
2.1.3. Les
SI
92
2.1.4. Les outils
de la compliance.
92
2.2.
L'élaboration d'un plan de contrôle de la
conformité dans un EMF.
93
2.2.1. Inventaire
des activités et des procédures.
93
2.2.2. Cartographie
des risques liés à la conformité dans l'EMF.
94
2.2.3. Le
questionnaire : un outil de travail pour la
compliance.
96
i. Le public
visé par le questionnaire.
97
ii. La
réalisation du questionnaire.
98
2.2.4. La
création et l'utilisation des ratios.
99
2.2.5. Mesure et
appréciation des résultats de contrôle.
100
Chapitre 4
101
Section 1
Présentation de CEPI SA.
101
1.1. Organisation
de CEPI SA.
101
1.1.1. La Direction
Générale.
102
i. Les organes de
direction.
102
ii. Les organes de
gestion.
102
1.1.2. Les
agences.
103
i. Organisation des
agences.
104
ii. Relation avec
le Direction Générale.
104
1.1.3. Les
activités et la clientèle de CEPI S.A.
104
i. Les produits et
services aux particuliers.
104
· les placements des
particuliers.
104
· Les services aux
particuliers.
105
ii. Les produits et
services aux entreprises.
105
· Les opportunités de
compte offertes aux entreprises.
105
· Les concours aux
entreprises.
106
1.2. Organisation
du contrôle à CEPI SA.
108
1.2.1. Les mesures
de sécurités.
108
i. Sur le plan
Informatique
108
ii. Sur le plan de
la Comptabilité
109
iii. Sur le plan de
l'Exploitation
109
iv. Sur le plan de
la gestion de la trésorerie
109
1.2.2. Les types de
contrôle.
109
i. Les
Contrôles Opérationnels
109
ii. Le
contrôle de détection
110
1.2.3. Les supports
utilisés dans le cadre du contrôle interne.
110
1.2.4. La lutte
contre le blanchiment d'argent à CEPI S.A.
111
Section 2
Evaluation de la conformité de CEPI S.A. : Utilisation
du questionnaire.
112
2.1.
Présentation des résultats du
questionnaire.
112
2.1.1. Collecte et
conservation des dossiers et documents relatifs à l'identification des
clients.
112
i. Commentaires des
résultats.
113
ii.
Interprétation des résultats.
113
2.1.2. Mise
à jour des informations et des documents relatifs à
l'identification du client.
114
i. Commentaires et
interprétation des résultats.
114
2.1.3. Surveillance
des comptes et/ou des opérations.
116
i. Commentaires et
interprétions des résultats.
116
ii.
Interprétation des résultats.
117
2.1.4.
Récapitulatif des résultats et recommandations
générales.
117
i. Tableau
récapitulatif
118
ii. commentaire
général.
118
iii.
Recommandations Générales.
118
2.2. Impact de la
mise en place de la compliance dans l'EMF et suggestion.
118
2.2.1. L'impact de
la compliance sur l'EMF.
119
2.2.2. L'impact de
la compliance sur le système bancaire.
119
2.2.3. l'impact sur
les autorités de tutelle.
119
2.2.4. L'impact sur
les clients.
120
2.2.5. Quelques
suggestions et recommandations.
120
CONCLUSION GENERALE
122
BIBLIOGRAPHIE
129
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES ANNEXES
Annexe N°1 : Processus de gestion des risques
Annexe N°2 : Les risques spécifiques des EMF
Annexe N°3 : Questionnaire de contrôle
Annexe N°4 : Organigramme de CEPI S.A.
Annexe N°5 : Etat informatique des mouvements
comptables - écriture sur les sorts des Bons de virement.
Annexe N°6 : Exemple de justificatif de l'origine des
fonds à CEPI S.A.
* 1 Avec la mise en place de la
COBAC comme gendarme des IMF, on aurait pu s'attendre à ce que
l'augmentation des exigences réglementaires ralentisse l'activité
de ces dernières du fait des coûts et des difficultés
d'application de la réglementation.
* 2 MBOCK Lynna Samanta, la
Microfinance en Afrique : évolution et stratégie des
acteurs, 2007
* 3 Article
l'émergence de la Microfinance au Cameroun, troisième
numéro du magazine `'La Tribune des acteurs''.
* 4 idem
* 5 MBOCK Lynna Samanta, la
Microfinance en Afrique : évolution et stratégie des
acteurs, 2007.
* 6 Article
l'émergence de la Microfinance au Cameroun, troisième
numéro du magazine `'La Tribune des acteurs''.
* 7
Enron : Société américaine du
secteur de l'énergie à l'origine du plus grand scandale financier
des 20 dernières années.
* 8 Scandale financier produit
en Italie en 2003.
* 9
Kerviel : Jeune trader de la société
Général à l'origine d'un scandale financier ayant
provoqué de nombreuses pertes financières pour la
société générale.
* 10 Crise des
subprimes : Crise d'envergure internationale
déclenchée aux USA par une distribution importante de
crédit hypothécaire à haut risque et à taux
très élevé.
* 11 Article de NIEKAM Franck
Eric, L'émergence de la Microfinance au Cameroun paru
dans le troisième numéro du magazine La tribune des
acteurs.
* 12 Faillites des grandes
banques, crises financières, krash boursiers, etc.
* 13 Mme ABANDA Marie Edwige,
Cours d'audit et contrôle des institutions financières ;
chapitre 3. Master 2 Banque et Finance, Institut Catholique de
Yaoundé, 2008-2009.
* 14 Editions Francis LEFEBVRE,
Paradis fiscaux et opérations internationales.
* 15 Dans l'ouvrage Paradis
fiscaux et opérations internationales.
* 16 De la corruption au
Cameroun, Pierre TITI NWEL, page 49
* 17 Au cours de la
conférence à l'invitation de l'association MEMISA en France le 18
janvier 2005.
* 18 Rapport mondial sur le
développement humain, Economica, 1998.)
* 19 R. Chao-Béroff,
1997, citée par Wright & Dondo
* 20 Le risque de crédit
est principalement le risque de défaut de remboursement de l'emprunteur,
mais c'est aussi le risque que la valeur d'un actif financier varie en raison
d'évènements particuliers affectant la solvabilité
potentielle de l'emprunteur
* 21 Le ratio de cooke est un
rapport d'au moins 8 % entre les fonds propres et l'ensemble des risques
pondérés.
* 22 Mme ABANDA Marie Edwige,
Cours d'audit et contrôle des institutions financières ;
chapitre 3. Master 2 Banque et Finance, Institut Catholique de
Yaoundé, 2008-2009.
* 23 Déclaration du Dr
ABANDA Marie Edwige au cours d'un entretien.
* 24 Renvoie au contrôle
de conformité qui a été présenté dans les
paragraphes 1.1. et 1.2. de cette section.
* 25 Le CNIL est le
Comité Nationale de l'Informatique et des Libertés
* 26 DICP renvoie à
Disponibilité - Intégrité - Confidentialité -
Preuve.
* 27 Source : D2R -
Compliance Consulting.
* 28 La ruée bancaire
est le fait pour une banque de voir tous ces clients ou presque demander le
retrait de leurs fonds au même moment. La banque qui doit gérer la
quasi-stabilité des fonds peut se trouver illiquide à la suite
d'un évènement pareille et ne pourra plus répondre
à ses engagements.
* 29 OPA signifie Offre
Publique d'Achat. Une OPA peut être lancée par une
société en vue de racheter une autre qui est défaillante
ou qui présente une mauvaise situation financière.
* 30 C'est le cas des affaires
Enron, Parmalat, Kerviel etc.
* 31 LABIE M. (1999),
La microfinance en questions, limites et choix organisationnels,
Bruxelles, Editions Luc Pire, P23 (Cité par Olive
Bérénice Ngafi Djomo, Etat des lieux de la microfinance et du
système bancaire camerounais)
* 32 Portail microfinance,
Qu'est ce que la microfinance, page consultée le 11/10/2006 par
NGAFI DJOMO
* 33 Au cours de la
conférence à l'invitation de l'association MEMISA en France le 18
janvier 2005.
* 34 Cité par Patience
MPANZU (2005)
* 35 Le
microcrédit consiste le plus souvent à octroyer
des prêts à court terme, soit pour permettre la constitution du
fonds de roulement, soit pour réaliser de petits investissements (par
exemple une machine à coudre pour un artisan, l'achat des semences pour
les planteurs, etc.). Le microcrédit est l'aspect le plus connu de la
Microfinance. Si bien que pour beaucoup de personnes et pour le grand public en
particulier, la microfinance se confond avec le microcrédit.
* 36 GRIAGES,
journées de la microfinance du 3 au 4 novembre 2005, François
KAMAJOU, « les institutions de microfinance : instrument de
lutte contre la pauvreté », P 19.
* 37 Tontine : chaque
membre cotise une somme fixe pendant une réunion qui se tient à
périodicité variable (semaine, mois...). Et, chacun reçoit
à son tour, le total des cotisations de la réunion. Le tour est
déterminé de deux façons selon les cas: par tirage au
sort ou par mise aux enchères.
* 38 Patience MPANZU, in
Microfinance en République Démocratique du Congo : cas du
site maraîcher de Njili/CECOMAF à Kinshasa, 2004-2005.
* 39 Cité par
Patience MPANZU, in Microfinance en République Démocratique du
Congo : cas du site maraîcher de Njili/CECOMAF à Kinshasa.
* 40 Cécile LAPENU
affirme d'ailleurs à ce sujet que « l'objectif de toute
institution n'est pas nécessairement de ne toucher que les plus
pauvres : la demande est plus large, en particulier dans les pays du Sud
et les effets sur les bénéficiaires peuvent parfois être
plus marqués sur des populations moins pauvres avec de meilleures
capacités d'investissement. » cf.
« performance sociale versus performance
financière : peut-on être rentable en s'adressant à
des populations pauvres ? in Horizons bancaires, numéro 334,
Décembre 2007, P.52.
* 41 Dans l'activité
bancaire, le Chiffre d'affaire prend plutôt le nom de Produit Net
Bancaire (PNB).
* 42 Cité par Patience
MPANZU
* 43 Elisabeth LITTLEFIELD
& Christen ROSENBERG, «la démarcation entre
microfinancement et secteur financier formel s'estompe »,
CGAP, P.2
* 44 François KAMAJOU,
P20
* 45 Selon François
KAMAJOU, « ces échecs ont été attribués
à plusieurs causes dont principalement leur statut juridique
d'établissement public ou parapublic avec la mal gouvernance qui en
découle, les problèmes de non-remboursement et les
détournements de fonds y compris les sommes
remboursées. »
* 46 GRIAGES, journées
de la Microfinance, Naissance et évaluation de la micro finance
dans le contexte camerounais, du 3 au 4 novembre 2005, P 49.
* 47 Systèmes Financiers
Décentralisés.
* 48 CREUSOT A. C. (2006),
L'état des lieux de la microfinance au Cameroun,
BIM, n°9, PP1-5
* 49 Voir définition au
paragraphe 1.2.3.
* 50 ADAF (Appropriate
Development For Africa Foundation) est une association à but non
lucratif spécialisée dans la lutte contre la pauvreté et
la promotion du développement durable. ADAF développe ses
activités dans divers domaines à l'instar de la Microfinance, de
l'agriculture, des technologies, des actions sociales et humanitaires et de la
recherche et du consulting. Pour ce qui concerne son organisation, elle tourne
autour d'une assemblée générale, d'un comité
directoire et d'un Secrétariat exécutif ; ces deux derniers
étant les sous-organes du premier.
L'AG, dirigée par un Président du Conseil
d'Administration (PCA) définit les grandes orientations de la gestion
et de l'administration d'ADAF. Quant au Comité Directoire, il est
dirigé par un Président du Comité Directoire (PCD) qui est
placé sous l'autorité du Président du Conseil
d'Administration et assisté par deux vices présidents et cinq
membres qui ont titre d'associés auprès du président. Le
Secrétariat Exécutif a, lui, à sa tête un
Secrétaire Exécutif qui est placé sous l'autorité
du Comité Directoire à qui il rend régulièrement
compte de sa gestion. Il est chargé de l'application de la politique
générale définie par l'assemblée
générale. Le Secrétariat Exécutif se compose de
divers départements et services au rang desquels :
§ La coordination générale du suivi et
développement Micro Banques ;
§ Le département de contrôle comptable de
Microbanques ;
§ Le département des ressources ;
§ Le département des études projets et
suivi structures annexes ;
§ La division de communication et relations
publiques ;
§ Le département système d'information de
gestion et de contrôle de l'exploitation informatique ;
§ Le département audit et suivi du
portefeuille.
ADAF assure la promotion et le développement
institutionnel des M et MUFFA à travers la formation, l'assistance
comptable et informatique, les contrôles et audits, l'appui à
l'élaboration des procédures de gestion, des politiques de
crédit et de gestion des ressources humaines, l'appui à la
recherche et au développement de projets, ...etc.
* 51 Cf. Déclaration
de la politique nationale de la Microfinance, signée du premier
Ministre, chef du gouvernement, Peter MAFANY MUSONGE, 10 Avril 2001.
* 52 Au sens du
règlement COBAC N° 01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions
d'exercice et de contrôle de l'activité de Microfinance dans la
CEMAC, on entend par « membre », toute personne qui
contribue au capital ou à la dotation d'un EMF de première
catégorie, assume les responsabilités qui en découlent, et
peut bénéficier des prestations délivrées par
l'EMF.
* 53 Informations
chiffrées telles que le solde d'un client ou montant du crédit
octroyé. Ne sont pas concernées les informations d'ordre
général que le banquier donnerait à un tiers qui se
renseigne sur la solvabilité du client.
* 54 La capitalisation
boursière est la valeur de marché de l'ensemble des
actions en
circulation d'une
société
par actions. C'est donc le prix qu'il faudrait payer s'il était
possible de racheter toutes les actions d'une société à
leur cours de marché actuel. Lorsqu'un investisseur désire
acquérir 100% des actions d'une société, il doit
généralement payer plus que le cours du marché pour
inciter les actionnaires actuels à lui vendre leurs actions.
* 55 Les
sociétés écrans sont des prestataires de
services / sous-traitants qui surfacturent leurs services et reversent une
partie de leur paie au dirigeant de l'entreprise qui a lancé l'appel
d'offre. Il s'agit parfois de services fictifs que l'entreprise fait signer par
une entreprise (pouvant être fictive) pour détourner de l'argent.
Grands acteurs du blanchiment de capitaux, ce type de société
permet de dissimuler un ou plusieurs paramètres majeurs de
l'identité véritable de ses parties prenantes et/ou de ses
activités.
* 56 La valeur
boursière s'assimile capitalisation boursière à
ne pas confondre avec valeur de l'entreprise qui mesure la valeur de
marché de l'ensemble des capitauix investis dans l'entreprise.
* 57Brigit HELMS &
Xavier REILLE, CGAP, Etude spéciale, « Le plafonnement
des taux d'intérêt et la microfinance : qu'en est-il à
présent ? » N° 9, 2004, P.2)
* 58 Les opérations
diverses peuvent être le paiement d'un fournisseur, d'un partenaire,
d'une mission etc.
* 59 Le secrétariat
banque est le service chargé de l'archivage des informations et des
dossiers de la banque.
* 60 Si un virement est
reçu par la banque mais n'est pas encore positionner dans le compte du
bénéficiaire, il n'apparaîtra pas sur cet état.
* 61 OK
signifie Objet contrôlé conforme.
* 62 OK
signifie Objet contrôlé conforme.
* 63 OK
signifie Objet contrôlé conforme.
* 64 KO signifie
Non-conforme.