La loi de la force en politique:l'art de gouverner dans Le Prince de Machiavel( Télécharger le fichier original )par Alexandre BATUHOLA MUNKANU Institut Saint Pierre Canisius/Kimwenza en RDC - G3-PHILOSOPHIE 2008 |
III.1.2. L'exercice du pouvoir comme service rendu à la sociétéLa politique implique le pouvoir, nous dit Max Weber, et nous avons deux façons de faire de la politique : « ou bien on vit pour la politique, ou bien de la politique ».105(*) Qu'est-ce que cela signifie? Pour Max Weber, celui qui vit de la politique fait de cet exercice le but de sa vie pour le simple fait qu'il fait de cette entreprise un moyen de jouissance dans la possession du pouvoir. Pour lui, l'exercice du pouvoir, est non pas un lieu de service, mais plutôt celui de se servir. Celui qui vit pour la politique, par contre, considère cette activité comme celle qui lui confère le plus de valeurs et lui permet de défendre une juste cause qui donne un sens à sa vie.106(*) Comme nous l'avons déjà dit, l'autorité s'enracine dans une visée de la réalisation du bien le plus universel de la société. C'est sur ce fond que devrait s'inscrire toute activité mobilisatrice de l'autorité. C'est en fonction de ce projet ainsi que des intérêts supérieurs de la Nation, que l'autorité amène les autres à oeuvrer ensemble pour la réussite d'une entreprise commune. Aussi, toute autorité devrait-elle s'inscrit dans une logique de conciliation du particulier et de l'universel : la promotion du bien le plus universel ne devrait pas sacrifier le bien -être de l'individu. Si l'autorité, consciente des défis vrais que lui lance la société de son temps, est dirigée par le projet de la réalisation de quelque chose de grand pour son peuple, alors elle est essentiellement service. Une telle compréhension de l'exercice du pouvoir ne contraste t-elle pas avec la vision machiavélique qui suppose que les hommes sont méchants pour quiconque veut créer un Etat et lui doter des lois ? Cette attitude du nouveau prince n'engendre t-il pas méfiance et mépris de son peuple ? Dès lors, prendre le pouvoir dans le but de satisfaire ses intérêts égoïstes comme c'est le cas pour beaucoup de chefs d'Etats africains, serait un manque de respect pour les autres. Pour Machiavel, le but de l'Etat est de garantir la sécurité et la liberté des citoyens. Ainsi, le pouvoir est à considérer comme un service rendu à la société, organisé par celle-ci en vue du bien être social. Dans cette perspective, comment maintenant épargner l'homme politique africain de ce piège ? Selon Max weber, tout dépend de la situation économique. C'est-à-dire que celui qui n'a pas d'autres sources de revenu fera de cet exercice du pouvoir une source permanente de revenus. C'est pourquoi, Weber propose que l'homme politique soit celui qui a une fortune ou qui occupe une position sociale qui lui permet d'avoir des revenus suffisants.107(*) * 105 M. WEBER, le savant et le politique, p.111. * 106 Ibid. * 107 M. WEBER, Le savant et le politique, p.111. |
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