Ingénieur IBOBONDJI
LES BIOTECHNOLOGIES, FACTEUR DE PLUS GRANDE DURABILITE
DE L'AGRICULTURE SOUS L'ANGLE ENVIRONNEMENTAL EN RDC.
Par Lucien
IBOBONDJI
Copyright, Mai 2011. Infovertes @ yahoo.fr
Agro environnementaliste et chercheur en
gestion
Des ressources naturelles à l'Université
de Kinshasa
LES BIOTECHNOLOGIES, FACTEUR DE PLUS GRANDE DURABILITE
DE
L'AGRICULTURE SOUS L'ANGLE ENVIRONNEMENTAL (EN
RDC)
Lucien IBOBONDJI
Ir agro/Environnementaliste
La République Démocratique du Congo (RDC) est
résolument engagée dans le processus international de
Réduction des Emissions dues à la Déforestation et la
Dégradation des Forêts (REDD), avec les objectifs de contribuer
à l'atténuation des émissions de gaz à effet de
serre d'une part, de réduire la pauvreté en assurant la
sécurité alimentaire des populations et de gérer
durablement ses ressources forestières d'autres part, en prenant en
compte la valorisation des services environnementaux.
La dégradation en RDC entre 2010 et 2030
Compte tenu du scénario de croissance démographique et
socioéconomique du pays, sur la
forêt se trouverait considérablement accrue par deux facteurs :
· la pression démographique qui
augmentera la demande en terres agricoles et en bois de
chauffe pour approvisionner les populations rurales et urbaines;
· la croissance des secteurs
économiques qui aura un impact (direct ou indirect) sur
la forêt comme par exemple les secteurs miniers ou des
hydrocarbures.
La croissance démographique connaîtra un rythme
soutenu, autour de 3% par an jusqu'en 2015, puis devrait doucement diminuer
pour atteindre environ 2,5% en 2030. Ainsi, la population passera de 64
millions d'habitants actuellement à 112 millions en 2030. Ce
scénario prend en compte (i) l'impact de la stabilisation post-conflit,
(ii) l'amélioration des conditions sanitaires (impactant notamment la
mortalité infantile) et (iii) l'amélioration du niveau de vie des
populations dans le cadre des Programmes lancés par le Gouvernement de
la RDC, notamment en rapport avec la Stratégie pour la Croissance et la
Réduction de la Pauvreté (SCRP) et les Objectifs du
millénaire. Compte tenu de la croissance de la population, l'accent est
souvent mis aujourd'hui sur la nécessité d'augmenter la
production agricole et les rendements pour assurer la sécurité
alimentaire à l'ensemble de la population, sans dégrader
l'environnement et les capacités productives. Aussi la notion de
développement durable est-elle devenue depuis quelques années une
référence omniprésente.
Dans cette perspective de la sécurité
alimentaire, les biotechnologies, notamment le génie
génétique, font l'objet d'une vive controverse quant à
leurs apports possibles. Ses promoteurs, particulièrement les firmes qui
ont investi dans ce domaine, les présentent systématiquement
comme « indispensables pour nourrir l'humanité en mettant en
avant de nombreux avantages.
Les biotechnologies moyen d'accroitre la suffisance et
la qualité de l'alimentation
a. En diminuant les
pertes dues à certains ravageurs des cultures. Cette diminution peut
être obtenue par l'introduction de gènes de résistance aux
herbicides, aux insectes, aux virus, aux nématodes, aux champignons. En
matière de lutte contre les champignons ou les virus, la multiplication
végétative in vitro a permis d'obtenir des cultivars sains
à partir de variétés virosées.
b. En favorisant l'amélioration de la
qualité des productions. Divers aspects de la
qualité peuvent être modifiés par
transgénèse, en particulier la composition et l'aptitude à
la transformation, avec par exemple la modification de la teneur en certains
acides gras chez les oléagineux selon leur usage final, l'augmentation
de la teneur en divers vitamines, l'amélioration de la capacité
des productions à subir certains processus de transformations
après la récolte, la réduction des quantités de
nitrates présents dans les organes végétaux
consommés, les renforcements de qualités organoleptiques, etc.
Moyen d'une gestion durable de l'agriculture sous
l'angle de l'environnement.
L'un des facteurs importants de la sécurité
alimentaire est la préservation du potentiel productif agricole. Aussi
paraît-il nécessaire de s'interroger sur l'apport des
biotechnologies en la matière d'autant plus que les techniques agricoles
mises en oeuvre durant les dernières décennies sont assez
accusées de dégrader les ressources naturelles, notamment les
forêts et de la pollution de l'atmosphère par l'émission
des gaz à effet de serre (GES).
Les potentialités des biotechnologies sont souvent
soulignées. Ainsi avec les plantes résistantes à certains
insectes, champignons ou nématodes, l'emploi de pesticides devrait
diminuer- du moins ceux utilisés auparavant pour combattre les ravageurs
visés.
Tandis que, avec les plantes tolérantes à un
herbicide peu toxique, on pourrait se passer de désherbants
controversés comme l'atrazine par exemple. Ainsi donc,
La croissance de la production agricole permise par une réduction de
certaines pertes pourrait éviter d'étendre les surfaces
cultivées et de mettre en culture des sols fragiles ou des
forêts, reconnues pour leurs rôles dans la régulation du
changement climatiques et la protection de sol. Causes fréquentes
d'érosions et d'émission de gaz à effet de serre.
La transgénèse est aussi
considérée comme une nouvelle façon d'augmenter la
biodiversité au sein des espèces modifiées. Les
biotechnologies sont susceptibles d'etre utilisées pour la
dépollution : des procédés ont été mis
au point pour traiter les déchets, l'eau, l'air, les sols
pollués.
Enfin, les biotechnologies reposent sur une utilisation et une
valorisation des processus du vivant et pourraient en cela conduire à
un moindre recours à des produits chimiques souvent très
polluants. La transformation par les bioprocédés laisse envisager
un moindre recours aux énergies fossiles ou à des processus
chimiques, responsables de la destruction de la couche d'ozone et du
réchauffement planétaire. Les biotechnologies au sens large
peuvent etre ainsi considérées comme un facteur de passage
progressif à une ère du renouvelable fondée sur la
valorisation des potentialités du vivant et sur l'information et la
connaissance, susceptible de remplacer peu à peu l'ère de la
chimie et des énergies fossiles.
Les biotechnologies sources d'amélioration des
conditions de vie des populations
Outre l'accroissement de production agricole, diverses
applications des biotechnologies peuvent concourir à améliorer la
situation de vie des populations. La mise au point de vaccins et de
médicaments moins couteux que ceux actuellement utilisés contre
diverses maladies peut l'illustrer. La bioremédiation en permettant
d'éliminer, de dégrader ou detoxifier des polluants de l'eau, de
l'air et du sol, est un facteur d'amélioration de l'état de
santé des populations.
Conclusion
A l'heure actuelle les biotechnologies, paraissent comme un
facteur de plus grande durabilité de l'agriculture sous l'angle
environnemental en RDC. Pour assurer la sécurité alimentaire aux
congolais tout en préservant le potentiel productif des sols, les
biotechnologies se présentent comme une alternative et non une
panacée en RDC. Incontestablement les biotechnologies offrent des
potentialités notables, en premier lieu en tant qu'instrument de
connaissance du fonctionnement du vivant. Elles peuvent notamment offrir
à l'utilisateur final des solutions techniques simples aux
problèmes compliqués comme la lutte contre certains ravageurs.
On a cherché à examiner ici leurs effets
possibles sur trois éléments clés : de la
sécurité alimentaire et de dégradation des
écosystèmes forestiers par un système d'agriculture
traditionnelle non durable.
Ø La suffisance et la qualité de l'alimentation,
Ø la durabilité environnementale des techniques
agricoles utilisées,
Ø enfin l'amélioration des conditions de vie des
populations locales démunies. En ces divers domaines les biotechnologies
ont des atouts notables, mais aussi des possibles impacts négatifs.
Dès maintenant en l'état actuel des connaissances, il parait
techniquement possible de nourrir les 64 millions de la population de la RDC.
Certes, les problèmes alimentaire ne proviennent pas d'une insuffisance
de la production agricole du pays, mais surtout des déficits locaux et
de la faiblesse des revenus empêchant d'acheter les produits disponibles,
car, l'objectif final de la sécurité alimentaire est
donc« d'assurer en tout temps et à tous les humains
l'accès matériel et économique aux aliments de base dont
ils ont besoins ».
Le véritable intérêt des biotechnologies
en agriculture ne serait-il pas non seulement qu'elles ne comportent pas des
risques environnementaux particuliers, mais surtout qu'elles soient mieux
orientés vers la satisfaction des besoins des plus pauvres et des mal
nourris, et en particulier qu'elles permettent d'améliorer la production
agricoles avec moindre risques environnementaux.
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