INTRODUCTION-PROBLEMATIQUE
L'assainissement est un processus par lequel des personnes
peuvent vivre dans un environnement plus sain ; pour cela, des moyens
physiques, institutionnels et sociaux sont mis en oeuvre dans différents
domaines tels que l'évacuation des eaux usées et de
ruissellement, l'évacuation des déchets solides,
l'évacuation des excrétas et le traitement de tous ces
éléments. De manière générale
l'assainissement comprend l'évacuation et le traitement des eaux et des
solides usagers (DUNCAN, 1994). Ces matières incluent les eaux de
pluies, de drainage, de lavage, les eaux usées et /ou provenant de
toilettes, les excréments, et les déchets solides ; ces derniers
ont différentes origines (domestique, agricole, industrielle,
médicale ...).
Pour l'OMS(1995), on entend par « assainissement »
l'ensemble des travaux que doivent effectuer, en se conformant aux
règles d'hygiène, les particuliers, les collectivités et
les pouvoirs publics pour faire disparaître dans les
agglomérations toutes causes d'insalubrités. Ainsi, il implique
le contrôle de l'approvisionnement public en eau, l'évacuation des
excréta et des eaux usées, l'élimination des
déchets et des vecteurs de maladies, des conditions de logement, des
aliments et leur manipulation, des conditions atmosphériques et des
conditions de sécurité sur le lieu de travail. De ces deux points
de vue ci-dessus, l'assainissement s'applique aussi bien aux ordures qu'aux
eaux usées et aux eaux pluviales. Mais, selon les spécialistes,
ce terme s'applique de plus en plus aux systèmes d'évacuation des
effluents urbains en d'autres termes l'évacuation des eaux usées
et des eaux pluviales.
En Côte d'Ivoire, comme partout dans les autres pays en
développement, l'accès à l'assainissement
représente un combat quotidien pour des centaines de milliers qui vivent
principalement dans les villes (HERISCHEN et al, 2002). Dans toutes
les villes des pays en développement, il existe une relation entre
urbanisation, explosion démographique et insalubrité.
En Afrique au Sud du Sahara, l'une des dernières
régions à s'urbaniser, la question d'urbanisation est beaucoup
plus préoccupante. L'urbanisation (34%), bien que modeste par rapport
à celle des pays d'Europe et d'Amérique (74%), se fait à
un rythme accéléré sans commune mesure (Ministère
du plan et du développement, 2006). La Côte d'Ivoire, pays par
excellence de destination de flux migratoires, n'échappe pas au
phénomène urbain. La majorité de la population demeure
rurale : en 1998, 57% de la population ivoirienne vivait en milieu rural. La
proportion de la population urbaine est passée de 39% en 1988 à
43% en 1998 (INS-RGPH, 1998) avec un taux annuel de croissance de 4,2% pour la
décennie 1988-1998.
Dans ce contexte, les problèmes liés à
l'urbanisation et à la gestion urbaine sont accentuées par la
migration et la crise sociopolitique que traverse le pays depuis les
années 1990. La Côte d'Ivoire connaît une forte croissance
démographique caractérisée par un taux d'accroissement
annuel moyen de 3,8% de 1975 à 1988, correspondant à un temps de
doublement de la
population en 19 ans. Ce taux n'a pas connu une grande baisse
se situant à 3,3%, soit un temps de doublement de 21 ans entre 1988 et
1998. La population Ivoirienne est donc passée de 6 709 600 habitants en
1975 à 10 815 694 Habitants en 1988 à 15 366 672 habitants en
1998 et est estimée à près de 20,8 millions d'habitants en
2008 (REPCI, 2006).
Avec la forte pression démographique, les structures
d'accueil et les services en un mot les cadres de vie sont vite
dépassés et les villes ivoiriennes connaissent une extension
continue. Les conditions de vie des populations urbaines déjà
assez précaires ont été fragilisées par la crise
économique des années 1980 et l'actuelle crise
politico-militaire. Ces différentes crises ont fortement réduit
les moyens d'intervention de l'Etat et des collectivités locales qui
sont soutenues essentiellement par les fonds publics. Ce qui a
entraîné sans doute la dégradation de l'environnement
urbain : l'inefficacité des systèmes d'assainissements,
l'accroissement des bidonvilles, le manque et l'insuffisance des
équipements, l'insalubrité, le manque d'hygiène publique
et l'inadéquation des outils de planifications.
Située sur la façade atlantique, Abidjan,
capitale économique de la Côte d'Ivoire possède de nombreux
atouts économiques (port, aéroport, usines, etc.) qui contribuent
énormément au développement des transactions commerciales
sous régionales et même internationales. Il s'ensuit une forte
pression démographique, marquée à la fois par un taux de
natalité élevé (4%), un important déplacement des
populations de l'arrière-pays vers la métropole et un flux
d'immigrants (6%) toujours croissant (ZORO, 2001). La population d'Abidjan est
passée de 951 216 habitants en 1975 à 1 929 076 habitants en 1988
puis à 2 877 948 habitants en 1998 avec un taux d'accroissement annuel
moyen de 5,6% entre 1975- 1988 et 3,8% entre 1988-1998. La seule ville
d'Abidjan abrite 44,1% de la population urbaine et 18,7% de la population
totale du pays (INS-RGPH, 1975 ; 1988 ; 1998).
Avec l'explosion démographique de la ville d'Abidjan,
l'insalubrité ne fait que s'agrandir avec la prolifération de
l'habitat précaire, l'absence et l'inefficacité des
systèmes d'assainissement des eaux usées et des eaux pluviales et
la collecte et l'élimination des déchets solides. Cela rend ainsi
difficile la vie des citadins en matière d'assainissement bien qu'il
s'agisse d'un service nécessaire et vital non seulement pour le bien
être des citadins, mais également pour la bonne marche et
l'efficacité de l'économie urbaine.
Cette insalubrité est devenue si critique à
Abidjan où elle constitue une réelle menace pour l'environnement
et la santé des populations que le Gouvernement s'est engagé,
à travers les Ministères de la ville et de la salubrité
urbaine, de la Santé et de l'Hygiène Publique et de
l'environnement à assainir la ville d'Abidjan.
La commune d'Adjamé (Adjamé= lieu de
rassemblement en Ebrié), une commune à vocation commerciale,
située au centre de la ville d'Abidjan n'est pas en marge de cette
situation alarmante d'insalubrité liée aux systèmes
d'assainissement et demande qu'on y prête
attention. C'est une commune qui enregistre plus de 1 million
de personnes pendant la journée du fait des activités
commerciales, des gares routières, la proximité avec les 9 autres
communes d'Abidjan ou Williamsville, située dans le nord de la commune
d'Adjamé constitue un quartier d'habitation. Williamsville est
limitée au Nord par les résidences de la cité paillet et
l'Université d'Abobo-Adjamé, au Sud par les quartiers
Ebrié et Adjamé-Nord, à l'Est par la commune de Cocody et
à l'Ouest par l'Humici et la zone industrielle.
Suite à la croissance rapide de sa population, le
spectacle est le même comme dans certaines communes de la ville Abidjan :
des caniveaux remplis d'ordures, des ravins occupés de plus en plus par
l'habitat, des eaux usées et des eaux pluviales stagnantes dans les rues
et dans les caniveaux ouverts avec leur cohorte d'asticots, d'odeurs, de
mouches et de moustiques. Aussi, des maisons à moyen et haut standing y
contrastent avec la prolifération de l'habitat précaire.
Face à l'affluence démographique et l'aspect
géographique du site, il se pose le problème de la difficile
gestion des eaux usées et des eaux pluviales.
Ce présent article présente l'analyse
diagnostique de la gestion de l'environnement en matière
d'assainissement à Williamsville dans le cadre de la
problématique des relations entre environnement, population et
santé à Abidjan.
|