ASSAINISSEMENT ET GESTION DE L'ENVIRONNEMENT DANS LA
COMMUNE D'ADJAME : LE CAS DE WILLIAMSVILLE (ABIDJAN, COTE D'IVOIRE)
Présenté par :
TUO Pega
E-mail :
pega12007@yahoo.fr
Doctorant en Géographie Option Environnement et
Santé à l'Institut de Géographie Tropicale
(IGT)-Université d'Abidjan-Cocody (COTE D'IVOIRE).
Décembre 2010
PLAN
RESUME
INTRODUCTION-PROBLEMATIQUE METHODOLOGIE DE
RECHERCHE RESULTATS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
RESUME
Le manque d'accès à un assainissement
adéquat constitue un réel problème d'environnement
à Abidjan et particulièrement à Williamsville. Le site du
cadre de vie de Williamsville, situé dans le Nord de la commune
d'Adjamé est un plateau qui est entaillé de ravins dont
l'altitude varie entre 75 et 80 mètres. C'est un quartier qui
connaît une forte croissance démographique. La population est
passée de 39 364 habitants en 1975 à 48 421 habitants en 1988
puis à 73 924 habitants en 1998 puis et est estimée à 112
840 habitants en 2008.
Chaque ménage gère selon ses propres moyens les
eaux usées. Ces eaux sont éliminées dans des puits perdus
qui sont souvent endommagés, dans des caniveaux ou dans la nature. Les
ménages qui versent directement les eaux usées de lessives et de
vaisselles à la rue représentent 77,07% et 45,86% des
ménages évacuent les eaux usées de douches dans des puits
perdus
endommagés ce qui entraine l'écoulement des eaux
de douches à la rue et dans les caniveaux à ciel ouvert. Pour
l'évacuation des eaux vannes des latrines et des WC, 54,46% des
ménages ont raccordé ces eaux usées aux caniveaux
ouverts.
En ce qui concerne la gestion des eaux pluviales dans un contexte
climatique pluvieux, les caniveaux sont insuffisants et sont souvent
bouchés par les déchets solides.
La déficience du système d'assainissement
favorise l'insalubrité du cadre de vie, les odeurs nauséabondes
et l'expansion des maladies comme paludisme (57,80%), les infections
respiratoires aigues (25,87%) et la fièvre typhoïde et les risques
naturels (érosion, inondation dans les ravins et éboulements de
terrains sur les versants).
Pour une meilleure gestion des eaux usées et des eaux
pluviales, il est important d'inclure les facteurs géographiques dans
tous les programmes d'aménagement urbains.
MOTS-CLES : assainissement, environnement,
Williamsville, ravin, eaux usées, insalubrité, facteurs
géographiques.
SUMMERY:
Lack of access to adequate sanitation is a real environmental
problem, especially in Abidjan in Williamsville. The site of the living
environment of Williamsville located in the northern town of Adjamé is a
plateau that is cut by ravines whose altitude varies between 75 and 80 meters.
This is an area that is experiencing strong population growth. The population
grew from 39,364
inhabitants in 1975 to 48 421 inhabitants in 1988 and 73 924
inhabitants in 1998 and then an estimated 112 840 inhabitants in 2008.
Each household manages according to its own wastewater. These
waters are disposed of in cesspools which are often damaged in troughs or in
nature. Households that pay directly for waste water and washing dishes in the
street represent 77.07% and 45.86% of households evacuate wastewater from
showers in cesspools damaged causing water flow showers the street and in open
gutters. For the drainage valves latrines and toilets, 54.46% of households
connected to the sewage drains open.
In terms of storm water management in a rainy climate, the
gutters are insufficient and are often blocked by solid waste.
Impairment of the sanitation system promotes unhealthy living
environment, foul odors and the spread of diseases like malaria (57.80%), acute
respiratory infections (25.87%) and typhoid fever and natural hazards (erosion,
flooding in gullies and landslides on the slopes).
For better management of sewage and storm water, it is important
to include geography in all urban development programs.
KEYWORDS: sanitation, environment, Williamsville, gully, waste
water, unsanitary conditions, geographical factors.
INTRODUCTION-PROBLEMATIQUE
L'assainissement est un processus par lequel des personnes
peuvent vivre dans un environnement plus sain ; pour cela, des moyens
physiques, institutionnels et sociaux sont mis en oeuvre dans différents
domaines tels que l'évacuation des eaux usées et de
ruissellement, l'évacuation des déchets solides,
l'évacuation des excrétas et le traitement de tous ces
éléments. De manière générale
l'assainissement comprend l'évacuation et le traitement des eaux et des
solides usagers (DUNCAN, 1994). Ces matières incluent les eaux de
pluies, de drainage, de lavage, les eaux usées et /ou provenant de
toilettes, les excréments, et les déchets solides ; ces derniers
ont différentes origines (domestique, agricole, industrielle,
médicale ...).
Pour l'OMS(1995), on entend par « assainissement »
l'ensemble des travaux que doivent effectuer, en se conformant aux
règles d'hygiène, les particuliers, les collectivités et
les pouvoirs publics pour faire disparaître dans les
agglomérations toutes causes d'insalubrités. Ainsi, il implique
le contrôle de l'approvisionnement public en eau, l'évacuation des
excréta et des eaux usées, l'élimination des
déchets et des vecteurs de maladies, des conditions de logement, des
aliments et leur manipulation, des conditions atmosphériques et des
conditions de sécurité sur le lieu de travail. De ces deux points
de vue ci-dessus, l'assainissement s'applique aussi bien aux ordures qu'aux
eaux usées et aux eaux pluviales. Mais, selon les spécialistes,
ce terme s'applique de plus en plus aux systèmes d'évacuation des
effluents urbains en d'autres termes l'évacuation des eaux usées
et des eaux pluviales.
En Côte d'Ivoire, comme partout dans les autres pays en
développement, l'accès à l'assainissement
représente un combat quotidien pour des centaines de milliers qui vivent
principalement dans les villes (HERISCHEN et al, 2002). Dans toutes
les villes des pays en développement, il existe une relation entre
urbanisation, explosion démographique et insalubrité.
En Afrique au Sud du Sahara, l'une des dernières
régions à s'urbaniser, la question d'urbanisation est beaucoup
plus préoccupante. L'urbanisation (34%), bien que modeste par rapport
à celle des pays d'Europe et d'Amérique (74%), se fait à
un rythme accéléré sans commune mesure (Ministère
du plan et du développement, 2006). La Côte d'Ivoire, pays par
excellence de destination de flux migratoires, n'échappe pas au
phénomène urbain. La majorité de la population demeure
rurale : en 1998, 57% de la population ivoirienne vivait en milieu rural. La
proportion de la population urbaine est passée de 39% en 1988 à
43% en 1998 (INS-RGPH, 1998) avec un taux annuel de croissance de 4,2% pour la
décennie 1988-1998.
Dans ce contexte, les problèmes liés à
l'urbanisation et à la gestion urbaine sont accentuées par la
migration et la crise sociopolitique que traverse le pays depuis les
années 1990. La Côte d'Ivoire connaît une forte croissance
démographique caractérisée par un taux d'accroissement
annuel moyen de 3,8% de 1975 à 1988, correspondant à un temps de
doublement de la
population en 19 ans. Ce taux n'a pas connu une grande baisse
se situant à 3,3%, soit un temps de doublement de 21 ans entre 1988 et
1998. La population Ivoirienne est donc passée de 6 709 600 habitants en
1975 à 10 815 694 Habitants en 1988 à 15 366 672 habitants en
1998 et est estimée à près de 20,8 millions d'habitants en
2008 (REPCI, 2006).
Avec la forte pression démographique, les structures
d'accueil et les services en un mot les cadres de vie sont vite
dépassés et les villes ivoiriennes connaissent une extension
continue. Les conditions de vie des populations urbaines déjà
assez précaires ont été fragilisées par la crise
économique des années 1980 et l'actuelle crise
politico-militaire. Ces différentes crises ont fortement réduit
les moyens d'intervention de l'Etat et des collectivités locales qui
sont soutenues essentiellement par les fonds publics. Ce qui a
entraîné sans doute la dégradation de l'environnement
urbain : l'inefficacité des systèmes d'assainissements,
l'accroissement des bidonvilles, le manque et l'insuffisance des
équipements, l'insalubrité, le manque d'hygiène publique
et l'inadéquation des outils de planifications.
Située sur la façade atlantique, Abidjan,
capitale économique de la Côte d'Ivoire possède de nombreux
atouts économiques (port, aéroport, usines, etc.) qui contribuent
énormément au développement des transactions commerciales
sous régionales et même internationales. Il s'ensuit une forte
pression démographique, marquée à la fois par un taux de
natalité élevé (4%), un important déplacement des
populations de l'arrière-pays vers la métropole et un flux
d'immigrants (6%) toujours croissant (ZORO, 2001). La population d'Abidjan est
passée de 951 216 habitants en 1975 à 1 929 076 habitants en 1988
puis à 2 877 948 habitants en 1998 avec un taux d'accroissement annuel
moyen de 5,6% entre 1975- 1988 et 3,8% entre 1988-1998. La seule ville
d'Abidjan abrite 44,1% de la population urbaine et 18,7% de la population
totale du pays (INS-RGPH, 1975 ; 1988 ; 1998).
Avec l'explosion démographique de la ville d'Abidjan,
l'insalubrité ne fait que s'agrandir avec la prolifération de
l'habitat précaire, l'absence et l'inefficacité des
systèmes d'assainissement des eaux usées et des eaux pluviales et
la collecte et l'élimination des déchets solides. Cela rend ainsi
difficile la vie des citadins en matière d'assainissement bien qu'il
s'agisse d'un service nécessaire et vital non seulement pour le bien
être des citadins, mais également pour la bonne marche et
l'efficacité de l'économie urbaine.
Cette insalubrité est devenue si critique à
Abidjan où elle constitue une réelle menace pour l'environnement
et la santé des populations que le Gouvernement s'est engagé,
à travers les Ministères de la ville et de la salubrité
urbaine, de la Santé et de l'Hygiène Publique et de
l'environnement à assainir la ville d'Abidjan.
La commune d'Adjamé (Adjamé= lieu de
rassemblement en Ebrié), une commune à vocation commerciale,
située au centre de la ville d'Abidjan n'est pas en marge de cette
situation alarmante d'insalubrité liée aux systèmes
d'assainissement et demande qu'on y prête
attention. C'est une commune qui enregistre plus de 1 million
de personnes pendant la journée du fait des activités
commerciales, des gares routières, la proximité avec les 9 autres
communes d'Abidjan ou Williamsville, située dans le nord de la commune
d'Adjamé constitue un quartier d'habitation. Williamsville est
limitée au Nord par les résidences de la cité paillet et
l'Université d'Abobo-Adjamé, au Sud par les quartiers
Ebrié et Adjamé-Nord, à l'Est par la commune de Cocody et
à l'Ouest par l'Humici et la zone industrielle.
Suite à la croissance rapide de sa population, le
spectacle est le même comme dans certaines communes de la ville Abidjan :
des caniveaux remplis d'ordures, des ravins occupés de plus en plus par
l'habitat, des eaux usées et des eaux pluviales stagnantes dans les rues
et dans les caniveaux ouverts avec leur cohorte d'asticots, d'odeurs, de
mouches et de moustiques. Aussi, des maisons à moyen et haut standing y
contrastent avec la prolifération de l'habitat précaire.
Face à l'affluence démographique et l'aspect
géographique du site, il se pose le problème de la difficile
gestion des eaux usées et des eaux pluviales.
Ce présent article présente l'analyse
diagnostique de la gestion de l'environnement en matière
d'assainissement à Williamsville dans le cadre de la
problématique des relations entre environnement, population et
santé à Abidjan.
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Pour la réalisation de notre étude de recherche,
nous avons eu recours à deux techniques de recherches d'information : la
recherche documentaire et l'enquête de terrain.
Concernant la recherche documentaire, les données ont
été collectées dans les différentes
bibliothèques (l'IGT, le centre culturel Américain et le centre
de documentation de l'Union Européenne). Nous avons consulté des
ouvrages généraux, des mémoires et des rapports. Ces
ouvrages nous ont permis d'avoir un aperçu général sur la
situation de l'assainissement, les types d'eaux usées, les
différents modes d'assainissement, les problèmes d'assainissement
et le rapport entre l'assainissement et la santé. Au-delà de
ceux-ci, nous avons eu recours aux données statistiques (INS-RGPH et
Centre de santé d'Adjamé-Williamsville) et aux documents
cartographiques (Plan guide Abidjan au 1/10 000, réalisé et
rédigé par le BNEDT-CCT et le Plan cadastral au 1/10 000 du
schéma directeur du réseau d'assainissement de la SODECI de
Williamsville).
Au niveau de l'enquête de terrain, nous avons
procédé par une observation directe sur le terrain, les
interviews et l'enquête par questionnaire auprès des chefs de
ménages.
L'observation a permis d'apprécier l'état de
l'environnement qui constitue le vécu quotidien des populations afin de
saisir l'ampleur du problème de gestion des eaux usées et des
eaux pluviales et ses conséquences sur la vie de la population. Quant
aux interviews, elles ont
consisté à recueillir auprès des
autorités les informations relatives à la manière dont
l'environnement est géré en matière d'assainissement et
les difficultés qu'elles rencontrent.
Pour mener l'enquête auprès des populations, nous
avons construis un échantillon de 314 chefs de ménages (soit, 2%)
sur un total de 15 691 chefs de ménages (INS-RGPH-1998) suivant la
technique de choix raisonné par la méthode des quotas. Nous avons
d'abord déterminé proportionnellement le nombre de chefs de
ménages à enquêter par quartier, ensuite le nombre de chefs
de ménages à enquêter par quartier selon le type d'habitat
et enfin le choix de chefs de ménages à interroger. Cette
méthode nous a permis d'interroger 158 chefs de ménages à
Williamsville I repartis comme suit : 3 chefs de ménages dans l'habitat
moderne, 147 chefs de ménages dans l'habitat évolutif et 8 chefs
de ménages dans l'habitat précaire. A Williamsville II,
l'enquête a été menée auprès de 56 chefs de
ménages dont 3 chefs de ménages dans l'habitat
résidentiel, 42 chefs de ménages dans l'habitat évolutif
et 11 chefs de ménages dans l'habitat précaire. Au niveau de
Williamsville III, sur les 100 chefs de ménages enquêtés, 3
chefs de ménages ont été interrogés dans l'habitat
moderne, 74 chefs de ménages dans l'habitat évolutif et 23 chefs
de ménages dans l'habitat précaire.
Toutes les données ont été traitées
à l'aide de l'outil informatique.
RESULTATS
Un cadre de vie difficile en matière
d'assainissement
La zone géographique de Williamsville est située
sur un plateau dans le nord de la commune d'Adjamé. Ce plateau a une
altitude moyenne importante qui varie de 75 à 80 m. C'est un plateau qui
est entaillé de ravins dont les principaux sont : le ravin qui abrite
les quartiers précaires Cimetière- Williamsville I et ceux qui
sont situés au Sud-ouest. Cependant, nous constatons que les versants et
les fonds de vallées des ravins sont occupés par l'habitat au
mépris des risques naturels (éboulement, érosion,
inondation) que présente un tel site. Les versants des ravins
présentent des pentes fortes de 15 à 20% (KOFFI, 2004).
Au niveau du sol, le district d'Abidjan repose sur un sol qui
est issu des formations sédimentaires, de type ferralitique (PERRAUD,
1971). Ces formations sédimentaires présentent une texture
argilo-sableuse très favorable à l'érosion. En effet, la
pluviométrie élevée et l'effet du climat favorisent
l'altération intense des roches ferralitiques. Le contexte
géologique de Williamsville est donc caractérisé par un
sol argilo sableux dont le sol rouge est très sensible à
l'érosion (TASTET, 1971). Cela constitue la cause des problèmes
de risques naturels sur les versants du plateau et surtout au niveau des
ravins.
En ce qui concerne le climat, toute la ville d'Abidjan
bénéficie d'un climat subéquatorial (climat
attiéen) humide avec des saisons de pluies d'une inégale
durée. Ce climat est caractérisé par des
températures faibles de 25 à 30 °C, un fort taux
d'humidité de 80 à 90% et
des précipitations abondantes qui atteignent 1766 mm
à Abidjan. Le régime climatique comporte deux saisons
sèches dont une grande, chaude entrecoupée de quelques pluies de
Décembre à Avril et une petite de Août à Septembre.
Deux saisons de pluies s'échelonnent de Mai à Juillet pour la
grande et d'Octobre à Novembre pour la petite.
La nature du site, le contexte géologique et climatique
de Williamsville sont donc favorables à la manifestation des risques
naturels. Malgré cela, Williamsville abrite une forte population
Abidjanaise.
Une forte pression démographique
Autrefois appelé Attécoubé II, du fait de
la provenance de ses premiers habitants d'Attécoubé I, la
création de Williamsville a été favorisée par la
construction du boulevard de la Paix à Attécoubé et le
déguerpissement des occupants de l'actuel grand marché de la
commune d'Adjamé. Selon Monsieur FOFANA Memassa, secrétaire
administratif à la retraite, « ces populations se sont
rassemblées pour constituer les premiers habitants de Williamsville I en
1962 ».
Après le lotissement en 1966 et dans le souci de garder
en mémoire la disparition d'une haute personnalité de
l'administration ivoirienne, JACOB Williams, ce quartier a été
baptisé du nom de WILLIAMSVILLE (KILI, 1991). Aujourd'hui, Williamsville
comprend trois quartiers à savoir Williamsville I, II et III :
-Williamsville I occupe la partie Est. Ce quartier commence
par la route qui mène à Abobo par le zoo (route du zoo) et longe
l'artère principale (avenue Jacob Williams) pour s'arrêter au
Commissariat du 11ème arrondissement.
-Williamsville II situé au Sud-ouest. Le quartier
s'étend du commissariat du 11ème arrondissement
à l'autoroute du Nord et s'étire vers l'autoroute d'Abobo (la
voie express) qui conduit à Abobo gare.
-Williamsville III occupe le Nord. C'est le quartier qui part de
la cité CRS de la police et s'étend au-delà de l'usine
MACACI vers l'Université d'Abobo-Adjamé.
Dans l'ensemble, la population de Williamsville connaît
une croissance rapide. D'un taux d'accroissement moyen annuel estimé
à 2,09 % entre 1975 et 1988, l'on est passé à 4,32 % entre
1988 et 1998. C'est un taux qui double à chaque décennie. Ainsi,
la population est passée de 39 364 habitants en 1975 à 48 421
habitants en 1988 puis à 73 924 habitants en 1998(INSRGPH , 1975 ; 1988
;1998) et est estimée à 112 840 habitants en 2008 (graphique
1).
Source : INS-RGPH, 1975 ; 1988 ; 1998 et nos estimations
Selon les données du Recensement Général
de la Population et de l'Habitat effectué en 1998, la population de
Williamsville représente 29,07% de la population de la commune
d'Adjamé qui a été estimée à 254 290
habitants. On remarque que le taux d'accroissement moyen annuel pour la
période de 1988 et 1998 a connu une hausse contrairement à celui
du pays qui est passé de 3,8% entre 1975 et 1988 et à 3, 3% entre
1988 et 1998. Certes, le constat laisse voir une hausse du taux d'accoisement
moyen annuel de Williamsville en conformité avec celui des pays
d'Afrique (2 ,4%) et l'ensemble des pays en voie de développement
(1,6%). Cette croissance rapide de la population de Williamsville est la
résultante de plusieurs facteurs :
-D'une part, nous avons un taux de fécondité
élevé à l'image des pays en voie de développement.
La fécondité de la Côte d'Ivoire qui était de 7,2
enfants par femme au début des années 1980, se reflète sur
Williamsville bien que cette fécondité ait entamé une
baisse significative se situant à 4,6 en 2005 (Ministère du plan
et du développement, 2007).
-D'une autre part, nous pouvons noter l'importance du
mouvement migratoire. Abidjan qui est la capitale économique du pays par
ses activités (Port, industries, administration centrale etc) occupe une
place primordiale dans l'économie de la sous région. La forte
présence de la population à Williamsville est aussi due à
la nature de la commune d'Adjamé. En effet, Adjamé est une
commune à vocation commerciale qui abrite toutes les gares
routières des villes de l'intérieur du pays et des pays d'Afrique
(CEDEAO et hors CEDEAO), la gare Nord de la SOTRA, les marchés Forum et
Gouro et de nombreux établissements commerciaux.
La population étrangère de la commune
d'Adjamé selon le RGPH -1998 s'élève à 54% contre
46% d'Ivoiriens. A Williamsville, la population est composée de 62,05%
d'Ivoiriens et de 37,95% d'étrangers (RGPH-1998). Cette population
présente une diversité culturelle qui se caractérise par
la présence de plusieurs ethnies à proportions variables. D'une
manière générale, l'on note en son sein les mandés,
les akans, les voltaïques, les krou, les naturalisés les Ivoiriens
sans précision et le groupes des étrangers.
Les étrangers (non nationaux) représentent 37,95 %
de la population totale de
Williamsville. Ils sont de loin les plus nombreux. Ce groupe
d'étrangers se compose essentiellement des ressortissants de la CEDEAO
(Burkinabé, Béninois, Nigérians, Maliens, Guinéens,
Libériens, Sénégalais, Togolais, Ghanéens,
Nigériens) avec 91,13% contre 8,87% des étrangers originaires des
autres pays (Libano-Syriens, Camerounais etc.). Cette population
étrangère est en majorité composée d'hommes, soit
56,40% contre 43,60% de femmes.
Le groupe des mandés est le groupe dominant au plan
national avec 27,96 % de la population totale de Williamsville et 45,06% des
Ivoiriens (graphique 3). Il compte en son sein plus de dioulas (30,30 %), de
malinkés (28,31 %) et de koyaka (12,84 %).
De toutes les religions, celle qui compte le plus de
fidèles est la religion Musulmane. En effet, sur 73924 habitants, la
population musulmane représente 60,25% de la population totale. Ce fort
taux de musulmans, s'explique par le fait que la commune d'Adjamé est
habitée en majorité par les mandé avec une forte
présence des ethnies du Nord comme les dioula, les malinké, les
koyaka et les senoufo qui ont introduit la pratique de cette religion dans leur
éducation de base. A cela, s'ajoute la forte population
étrangère qui est venue des pays voisins comme ceux de la zone
soudano-sahélienne (Malien, Nigériens, Sénégalais,
etc.) et qui ont pour principale religion l'islam.
Au niveau de l'éducation, le taux d'analphabètes
est le plus élevé à Williamsville. En effet, l'effectif
des analphabètes est de 2992 habitants, soit 36,33 % de la population
totale. Ce fort taux s'explique par les contraintes culturelles des ethnies
majoritaires (koyaka, malinké) de la commune d'Adjamé. Chez
certains peuples surtout la plupart des populations islamiques, l'école
française est perçue de façon défavorable car en
plus des obligations qu'elle impose aux parents, elle est
considérée comme un frein l'expansion de l'islam. Pour d'autres,
l'école est perçue comme un facteur d'exode de la main d'oeuvre
familiale. C'est ce qui justifie la prédominance des femmes (54,56%)
dans la population non scolarisée.
Tous ces facteurs ont donc contribué à faire de
Williamsville dans la commune d'Adjamé une zone à forte
population. Cette population connaîtra encore une forte croissance dans
les années à venir avec l'instabilité politique en
Afrique. La crise que traverse le pays depuis les années 1990 et
particulièrement celle qui a débuté en Septembre 2002, a
eu pour effets induits les déplacés de guerre à Abidjan et
dans les autres villes de la zone non occupée.
Au niveau de l'habitat à Williamsville, il existe trois
types d'habitat : l'habitat moderne, l'habitat évolutif et l'habitat
précaire. Du point de vue géographique, Williamsville regroupe
tous les quartiers précaires de la commune d'Adjamé : Kennedy,
Voie Est-Ouest, La paix, Vietnam, Dialogue, Haoussabougou, Sonitra,
Croix-Bleue, et Cimetière. En 1998, 84,61 des ménages
étaient logés dans un habitat évolutif, 13,50 dans un
habitat précaire et 1,89 dans
l'habitat moderne. Avec l'instabilité politique de
cette dernière décennie, ces taux sont en contradiction avec la
réalité qui se vit aujourd'hui à Williamsville. L'effectif
dans les ménages est très important. Notre enquête a permis
de distinguer cinq classes de l'effectif des personnes dans les ménages.
Les ménages qui comprennent de 10 à 20 personnes sont les plus
nombreux. Ils sont au nombre de 185, soit 58,92 % des chefs de ménages
enquêtés. Ensuite, viennent les chefs de ménages comprenant
moins de dix personnes. Leur nombre est 73, soit 23,35% des chefs de
ménages enquêtés. Ceux de 20 à 30 personnes
représentent 12,42% avec 39 chefs de ménages et les
ménages dont le nombre de personnes est compris entre 30 et 40 sont 12,
soit 3,82%. Enfin, les chefs de ménages d'au moins 40 personnes ont un
effectif de 5 ménages, ce qui représente 1,59 % des chefs des
ménages enquêtés (tableau 1).
Tableau 1: Récapitulatif de l'effectif des personnes
dans les ménages à Williamsville
Les infrastructures d'assainissement
Pour la gestion des eaux usées et des eaux pluviales,
les infrastructures observées à Williamsville des puits perdus,
des fosses septiques, des caniveaux et le réseau d'égout. Mais
dans de nombreux ménages, les eaux usées de lessives, de
vaisselles et les eaux vannes sont directement évacuées à
la rue. Il faut noter que l'état des infrastructures citées
ci-dessus laisse apparaître des situations désagréables
à l'intérieur des quartiers.
Concernant la gestion des excréta, les
commodités existantes sont des WC avec chasse eau et les WC sans chasse
eau (latrines simples) qu'ils soient situés à l'intérieur
où à l'extérieur des habitations. Par ailleurs, de
nombreuses personnes préfèrent se soulager dans la nature.
Les modes d'assainissement
A Williamsville, la gestion des eaux usées est
individuelle. Cela se passe au niveau de chaque ménage de
l'intérieur de l'habitat vers l'extérieur. Notre enquête
montre que 77,07% des ménages versent leurs eaux de lessive et de
vaisselle à la rue. Quant aux eaux de douche, 45,86% des ménages
évacuent ces eaux dans des puits perdus et 20,38% dans des caniveaux
ouverts. A l'intérieur des quartiers, les puits perdus sont
endommagés ce qui entraîne l'écoulement de l'eau de douche
à la rue et aux caniveaux, suivi de la stagnation par endroit. Dans les
quartiers précaires, les populations cohabitent avec les eaux
usées (photo 1).
Photo 1 : Habitat de type précaire à
Sonitra-Williamsville III. Cette photo montre les matériaux de
construction de l'habitat et la présence des eaux usées dans la
rue (source : clichet TUO Pega, 2008).
En ce qui concerne les modes de vidange des latrines et des WC
à Williamsville, les ménages vident les latrines et les WC soit
par un camion, soit par un raccordement au réseau d'égout, au
caniveau ouvert des eaux pluviales où aux ravins (tableau 2 ).
Tableau 2 : Répartition des chefs de ménages selon
les modes de vidanges des latrines et des WC à Williamsville
Il ressort de notre enquête qu'à Williamsville,
les ménages dans leur majorité vident leurs latrines et WC
à l'aide d'un raccordement aux caniveaux à ciel ouvert dans les
ravins dont le principal est celui qui abrite le quartier précaire
Cimetière de Williamsville I. Sur les 314 chefs de ménages de
notre enquête, 54,46% ménages ont raccordé leurs latrines
et WC aux caniveaux ouverts des eaux pluviales (photo) et 22,61% des
ménages font appel à des camions pour la vidange des latrines et
WC. Ces ménages ont recours aux services de la SODECI ou à des
entreprises privées pour la vidange des puits perdus car la mairie ne
dispose pas de camion Vidangeur.
Photo 2 : Raccordement des latrines et des WC au caniveau ouvert.
Cette photo montre le raccordement des tuyaux d'évacuation des eaux
vannes au caniveau ouvert des eaux pluviales (source : clichet TUO Pega,
2008).
Gestion des eaux pluviales
A williamsville, les caniveaux d'évacuation des eaux
pluviales que nous avons pu observer sont à ciel ouvert. Ces caniveaux
sont plus à williamsville I et II. A Williamsville I, on y rencontre des
caniveaux qui sont souvent sans suite par endroit. Ces caniveaux longent les
bordures de certaines rues qui sont derrière le collège Ozanga,
la pharmacie de Williamsville, le groupe scolaire Jean Porquet et la Radio
Téré FM. Au quartier Williamsville II, l'absence de caniveaux par
endroit entraîne le ravinement de l'espace à Kennedy
derrière l'ex cinéma Egalité surtout les voies
d'accès à l'intérieur des quartiers (Photo 3).
Photo 3 : Une voie complètement érodée par
les eaux de ruissellement. Cette photo montre la dégradation de la
voirie. (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
Problèmes liés au dysfonctionnement du
système d'assainissement
-Insalubrité du cadre de vie
L'insuffisance des infrastructures de gestion des eaux
usées et le manque d'entretien
de celles qui existent posent un problème
d'insalubrité du cadre de vie. En effet, les eaux de
vaisselles, de lessives et de douches sont
évacuées à la rue et dans les caniveaux ouverts. Ces eaux
stagnent dans la rue (photo 1) devant les habitations, les activités
économiques (boutiques, restaurants, maquis, magasins ...) et dans les
caniveaux ouverts qui sont bouchés par les déchets solides. Cette
insalubrité s'aggrave avec le fait que la population jette les
déchets solides dans les caniveaux ouverts et le dysfonctionnement du
réseau d'égout par endroit. En ce qui concerne les nuisances
à Williamsville, ce sont des odeurs nauséabondes émanant
des eaux usées qui coulent ou stagnent dans les caniveaux, les rues et
les dépôts d'ordures que l'on met de plus en plus de temps
à enlever. Ce sont également les incommodités liées
aux latrines (mauvaises odeurs, prolifération des mouches, des
moustiques et des cafards).
-Impact de la dégradation de l'environnement sur
la santé de la population
Les eaux usées de vaisselle et de lessive
versées dans la rue sont une source de pollution de l'air par
émission d'odeurs. Aussi, la présence des eaux vannes contribue
à la pollution de l'air. Le déversement en désordre des
déchets ménagers et la confusion de réseaux
d'évacuation des eaux usées domestiques et de drainage des eaux
pluviales entraînent des nuisances. Les eaux usées qui stagnent
dans les rues et dans les caniveaux ouverts favorisent donc le
développement des agents pathogènes. On observe depuis quelques
années une prolifération inquiétante des maladies
environnementales en milieu urbain (Ministère du plan et du
développement, 2007). En effet, à Williamsville la
dégradation de l'environnement et l'insalubrité grandissante qui
l'accompagne favorisent la prolifération des agents pathogènes
(moustiques, mouches, etc) et exposent de plus en plus les populations aux
maladies. Les moustiques sont responsables de la maladie du paludisme qui
représente 57,80% des cas de maladies liées au mauvais
assainissement de 2005 à 2007. Cette pathologie qui est en
première position à Williamsville, a connu une évolution
importante en passant de 6337 cas en 2005 à 4930 cas en 2006 puis
à 6603 cas en 2007(Centre de santé à base communautaire
d'Adjamé-Williamsville, 2007).
En deuxième position, on note les IRA (haute et basse)
qui représentent 7997 des cas, soit 25,87% de 2005 à 2007. Ces
Infections Respiratoires Aigues (IRA) sont dues à la pollution de l'air
par les hydrocarbures (essence, gasoil et huiles) qui coulent à terre
dans les garages automobiles, les gaz d'échappement des véhicules
sur les routes et les fumées de diverses origines. En effet,
l'exposition aux gaz et fumées favorise l'irritation des voies
respiratoires, les maladies pneumonaires (bronchites chroniques, l'asthme) et
le cancer des voies respiratoires.
Les maladies liées à un défaut d'ablution
(les maladies diarrhéiques et conjonctivite) sont en troisième
position. Elles représentent 08,06%, (2492 cas) et sont la
conséquence des faibles quantités d'eau dont les ménages
se servent pour la toilette et l'hygiène individuelle.
Classées en quatrième position, les maladies
comme la fièvre typhoïde et autres maladies infectieuses, qui
résultent de la contamination de l'eau par les excréta ou l'urine
d'origine animale ou humaine, représentent 07,08%, soit 2187 cas de 2005
à 2007. Elles proviennent des mauvaises conditions hygiéniques du
fait de la contamination des aliments, de l'eau ou des doigts par des
matières fécales contenant des micro-organismes pathogènes
et l'ingestion ultérieure de ces micro-organismes par des sujets
sensibles ( Photo 4 ). On constate qu'il y a une augmentation des cas de
fièvre typhoïde au cours de ces trois années d'exercice. Le
nombre de cas de fièvre typhoïde est passé de 398 en 2005
à 489 en 2006 puis à 571 en 2007.
Photo 4: Des enfants du quartier Cimetière-Williamsville I
à la recherche d'objets précieux dans les eaux usées.
Cette photo montre les mains des enfants dans les
eaux usées à la recherche du métal et de
l'aluminium. (Source : Cliché TUO Pega, 2008)
La photo 4 ci-dessus montre que l'homme est lui-même le
principal responsable de la plupart des maladies qui l'affecte. La transmission
des maladies véhiculées par les excréta d'une hôte
à une autre (ou à l'hôte lui-même), s'effectue
normalement par le contact avec les mains, les aliments, l'eau de consommation
etc.
Les risques naturels
Les risques naturels qu'on rencontre à Williamsville
sont l'érosion, l'inondation et les éboulements de terrain
(figure 7). L'érosion à Williamsville est liée à
l'absence de canalisations des eaux pluviales. Elle constitue la menace la plus
répandue sur les versants du site. L'observation du site nous a permis
d'identifier deux types d'érosion. En effet, à la
suite des pluies, l'eau coule de manière diffuse et
conduit à l'enlèvement des plaques de sol plus ou moins
importantes. Elle affecte directement les soubassements des maisons
jusqu'à mettre à nu les fondations sur les versants du site. Nous
constatons par ailleurs, que l'érosion est plus intense en amont qu'en
aval. Ce type d'érosion est renforcé par la pente et se rencontre
à l'intérieur des cours non cimentées. A côté
de cela, l'érosion se manifeste aussi par la création d'un
réseau de rigoles parallèles orientées dans le sens de
l'inclinaison. Il est du à un ruissellement
concentré des eaux pluviales. Ainsi, ces rigoles ouvertes drainent les
eaux de pluies et les eaux usées qui sont déversées par
certains ménages. Au fur et à mesure qu'il pleut, ces rigoles se
dégradent, s'agrandissent et laissent apparaître un paysage
alarmant qui rend difficile les activités humaines.
L'inondation touche les zones basses c'est-à-dire les
fonds de vallées de Williamsville. Pendant les saisons de pluies, les
eaux de ruissellement inondent, les habitations qui sont construites au bord
des caniveaux ouverts et dans les talwegs. Le risque dans son ensemble du point
de vue de l'aléa et de la vulnérabilité est beaucoup
présent dans les quartiers précaires : la Paix, Dialogue,
Cimetière et Sonitra. Aussi, il y a inondation des maisons qui sont
construites en aval dans les cours qui sont sur les versants.
Les éboulements de terrains se produisent à
Williamsville là où l'habitat s'est développé sur
les versants instables ou en forme d'escarpement. Ces risques sont
présents dans les quartiers précaires (la Paix, Cimetière
et Sonitra) qui sont logés dans le ravin principal qui abrite le
quartier précaire Cimetière-Williamsville I.
La population de Williamsville vit dans un état
vulnérable, craignant plus les pluies diluviennes nocturnes. La
période de la grande saison des pluies (Mai à Juillet) est
vécue difficilement par la population lorsqu'elle approche. C'est une
inquiétude générale qui s'installe pour bon nombre de
ménages qui craignent plus les dommages que ce soit matériel ou
humain.
Confusion des rôles des acteurs dans la gestion de
l'environnement
A Williamsville, la population ne mène aucune action et
n'a aucun souci pour la gestion des eaux usées. Pour elle, ces eaux
usées doivent être versées à la rue car « c'est
comme ça que ça se passe chez nous » selon le
témoignage d'une femme au quartier Williamsville III. Les ménages
affirment aussi, qu'ils n'ont pas de moyens financiers pour s'approprier des
habitats avec toutes les infrastructures d'assainissement adéquates. Les
chefs de ménages se plaignent de la Mairie qui ne construit pas
davantage de caniveaux pour l'évacuation des eaux usées.
Depuis 1980, dans le cadre des initiatives de la
décentralisation, Abidjan est subdivisée en dix communes. La loi
numéro 78-07 du 09 Janvier 1978 sur la décentralisation qui
établit la ville d'Abidjan, a conféré à une
structure supra municipale la responsabilité de certains services
considérés comme « urbains » qui relevaient de ces
communes (KOFFI Attahi, 2002). Ainsi, la collecte des ordures, le balayage des
rues, la mise en décharge des ordures ménagères, le curage
des caniveaux, la voirie, l'hygiène publique et le drainage de la ville
d'Abidjan sont confiés au Maire central. Le financement de la gestion
des déchets était donc la responsabilité de la Mairie
d'Abidjan en vertu de la convention signée entre elle et la
société en charge(SANE, 2002). Mais elle n'était pas seule
à supporter les coûts. Chacune des dix communes donnait une
contribution. Selon Monsieur DARGA Oumar, chef du service hygiène et
environnement du service technique de la Mairie d'Adjamé « La
Mairie a contribué à hauteur de 179 millions par an pour la
gestion du cadre de vie (Voirie-Réseau-Divers, le balayage des rues, la
collecte et l'élimination des ordures ménagères, le curage
des caniveaux) jusqu'en Novembre 2007 ».
Avec la création du Ministère de la ville et de
la salubrité urbaine en Décembre 2007, les communes n'ont plus de
part dans la gestion du cadre de vie affirment les autorités municipales
d'Adjamé. Ainsi, sous un appel d'offre, c'est la société
Com'Net qui intervient dans la gestion du cadre de vie à
Williamsville.
CONCLUSION
L'accès à l'assainissement constitue un
problème d'environnement pour les populations de Williamsville. En
effet, l'étude révèle des insuffisances dans la gestion
des eaux usées et des eaux pluviales. Le système d'assainissement
est de type individuel et les infrastructures sont défectueuses. Au
niveau de l'aspect physique, le site est un plateau qui est entaillé de
ravins dont les versants présentent des pentes fortes de 15 à 20%
qui sont occupés par l'habitat. La nature du sol est argilo-sableuse et
le climat est très humide. Il s'agit donc, d'un site qui présente
des difficultés en matière d'assainissement. Malgré cet
aspect, Williamsville connaît une forte croissance démographique.
En effet, la population est passée de 48.421 habitants en 1988 à
73
924 habitants en 1998 avec un taux d'accroissement moyen de
4,32%. C'est une population cosmopolite avec 36,33% d'analphabètes. Le
dysfonctionnement et l'insuffisance des infrastructures d'assainissement
adéquates entraînent l'évacuation des eaux usées
à la rue, dans des caniveaux à ciel ouvert et dans des puits
perdus qui sont endommagés entrainant l'écoulement direct des
eaux vannes à la rue et dans les caniveaux.
La présence des eaux usées dans les rues, la
stagnation des eaux usées et des eaux pluviales dans les caniveaux
ouverts qui sont bouchés de déchets solides dégrade
l'environnement et le cadre de vie de la population. Cette situation favorise
l'insalubrité du cadre de vie, la propagation des odeurs
nauséabondes, la prolifération des agents pathogènes et
accroit le rythme des maladies liées à l'environnement. C'est
pourquoi, le paludisme occupe 57,80% des cas de maladies liées au manque
d'assainissement.
Le manque de caniveaux pour l'évacuation des eaux
pluviales et l'occupation anarchique des ravins et ses versants favorisent le
ravinement des voies d'accès à l'intérieur des quartiers.
Cela expose donc les populations aux risques d'érosion, d'inondation
dans les ravins et d'éboulement sur les versants.
De tout ce qui précède, il ressort que la
problématique de l'assainissement et de la gestion de l'environnement
doit être posée en termes financiers et matériels mais
également en termes géographiques. En d'autres termes, il est
nécessaire d'inclure les facteurs géographiques notamment : Les
problèmes de croissance démographique et urbaine, la localisation
des sites d'émission des eaux usées, les zones à risques
naturels et la qualité des aménagements dans tous les programmes
d'assainissement et de gestion de l'environnement.
Les résultats de l'étude seront utiles aux
autorités Ministérielles et de la commune d'Adjamé ayant
à charge la gestion du centre urbain. Ils contribueront à la
conception d'une nouvelle politique de l'administration relative à
l'assainissement dans le tissu urbain Abidjanais.
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