Du soin à la violence( Télécharger le fichier original )par Charlène B IFSI - Infirmière 2003 |
Travail de fin d'étude- Diplôme d'Etat infirmier IFSI Anne d'Ollone CHU d'ANGERS DU SOIN A LA VIOLENCE
Promotion 2008/2011 REMERCIEMENTS
Tout au long de mes années de formation, j'ai rencontré de nombreux professionnels qui m'ont transmis une partie de leur savoir, qui m'ont aidé à réfléchir sur ma pratique soignante et qui ont veillé au bon déroulement de ma formation. Je tiens à les en remercier. Merci aux cadres de service ainsi qu'aux professionnels de santé qui m'ont accordé du temps et qui m'ont permis de réaliser mes entretiens. Ma reconnaissance va également à ma référente de travail de fin d'étude Mme JOUSSET Josette, qui ma guidé et m'a permis de réaliser ce mémoire dans les meilleures conditions. Je remercie l'ensemble de mes proches qui ont participé de près ou de loin à l'élaboration de ce travail de fin d'étude. SOMMAIRE: · Introduction ..................................................................................................p.1 · Constat ...........................................................................................................p.2 -Cheminement......................................................................................p.3 · Cadre théorique: I/ Le soignant et le soigné................................................................................p.5 A) le soignant ......................................................................................p.5 B) le soigné dit "patient"......................................................................p.7 C) la relation soignant-soignée.............................................................p.8 II/ Violence et soin ..........................................................................................p.9 A) qu'est ce que la violence ?...............................................................p.9 1) Violence et agressivité........................................................p.10 2) Violence et maltraitance.....................................................p.11 B) qu'est ce que le soin ? ...................................................................p.11 III/ Les représentations sociales.....................................................................p.12 A) qu'est ce qu'une représentation sociale ?.......................................p.12 1) Représentation de l'infirmière.............................................p.12 2) Représentation du patient psychiatrique.............................p.13 · Entretiens avec les professionnels: I/ Méthodologie..............................................................................................p.14 II/ Analyse et confrontation ..........................................................................p.15 A) Représentation sociale et prise en charge......................................p.15 B) Facteur organisationnel et économique sur la prise en charge......p.16 C) Maltraitance d'institution à soignant et prise en charge.................p.17 D) Communication et prise en charge................................................p.17 · Problématique et hypothèse.........................................................................p.20 · Conclusion ....................................................................................................p.21 INTRODUCTIONDans le cadre de mon travail de fin d'études, j'ai choisi d'aborder le thème de la violence des soignés sur les soignants, situations que l'on peut retrouver dans le milieu hospitalier. Quelques chiffres nous permettent de voir que les situations de violences en milieu hospitalier ne sont pas exceptionnelles. En effet, d'après une étude de l'Observatoire national des violences hospitalières, entre 2006 et 2008, on remarque une hausse de 21% de signalements des faits violents.1(*) De plus, ce sont des situations auxquelles je me suis moi- même retrouvée confrontée durant ma formation et qui m'ont interpellée. C'est donc pour cela que j'ai décidé d'aborder ce sujet. Dans le bilan de l'observatoire national des violences hospitalières de 2008, un autre point est essentiel : celui de l'importance des violences en psychiatrie (52.61%) 1. La prise en charge en psychiatrie est particulière et demande une certaine expérience. L'hospitalisation des personnes atteintes de maladie psychiatrique en service non spécialisé, dit généraux, peut poser problème d'autant plus si la personne est violente. Cibler mon travail sur ce type de patients et de services m'a permis de l'affiner en ce qui concerne la violence des soignés sur les soignants. Au travers du constat, de l'hypothèse de recherche, du cadre théorique, des entretiens et de la problématique, je vais tenter de comprendre les raisons qui poussent une personne atteinte d'une pathologie psychiatrique à être violente envers une infirmière et quels types de problèmes une infirmière, non spécialisée dans le domaine de la psychiatrie, peut avoir dans la prise en charge de ce type de patient. Faire mes recherches sur ce domaine me permettra j'espère, de pouvoir réajuster et analyser mes comportements face à une situation de ce type quand je serais professionnelle. CONSTAT:Durant mes trois années d'études d'infirmière, j'ai été à plusieurs reprises confrontée à des situations des violences des soignés sur les soignants. Toutes ces situations se sont passées dans des lieux différents tels que la psychiatrie, les maisons de retraite ou les services de médecine. Une situation en particulier m'a interpellée car elle me posait encore plus questions que les précédentes. En voici le récit : Durant mon stage, dans un service de soins de suite gériatrique, j'ai été confrontée à une situation particulièrement choquante pour moi, à l'origine d'un questionnement personnel. En effet, un monsieur de 55 ans était hospitalisé dans le service depuis un mois pour convalescence suite à un accident grave de la voie publique. L'histoire de ce patient était assez particulière car suite à cet accident, il était incapable de marcher. En effet, les moindres mouvements engendraient de vives douleurs, ces membres restaient ainsi complètement contractés bien qu'il n'était pas paralysé. De plus, il a décompensé une pathologie psychiatrique, encore non diagnostiquée, qui se manifestait par des hallucinations récurrentes et de l'agressivité physique et verbale que ce soit envers nous ou son entourage proche. Sa femme qui lui rendait visite tous les jours et l'aidait dans ses actes quotidiens, au moment des repas par exemple, elle semblait très affectée et très proche de l'équipe ; elle leur était d'une aide précieuse. Dès mon arrivée, l'infirmière me précise, au moment du tour du matin, que ce patient est violent et que lui faire des soins est difficile. Très vite, j'ai pu remarquer que tous les soins prodigués, de nursing ou invasifs, étaient un combat avec le patient car celui-ci répondait régulièrement par des coups ou des insultes. Cependant, son agressivité était variable selon les jours car il pouvait parfois se laisser totalement faire pendant les soins. Dès notre entrée dans la chambre, nous nous rendions compte si les soins allaient être difficiles ou non. En effet, s'il n'était pas réceptif, les insultes fusaient dès notre passage de la porte. Cette violence nous empêchait de faire les soins correctement ou de les faire tout simplement. Les infirmières du service étaient dépassées par ses réactions et ne savaient plus quoi faire pour subvenir à ses soins sans passer par la violence. Certaines infirmières faisaient usage de la force et d'autres renonçaient à lui administrer les soins. Dans l'équipe soignante, on ressentait l'impuissance face à cette situation. L'équipe pluridisciplinaire avait décidé de faire appel à un médecin psychiatre pour diagnostiquer sa pathologie et les aider à trouver une solution. Les infirmières, souhaitaient qu'il soit hospitalisé dans une structure spécifique mais sa femme n'envisageait pas cette solution. Un "ras le bol" collectif se faisait ressentir, ne supportant plus ces insultes et cette violence quotidiennes. Cet état a d'ailleurs amené une infirmière de l'équipe à menacer le patient pour parvenir à lui faire un soin. En effet, elle s'apprêtait à lui faire une glycémie capillaire et une injection d'insuline, mais ce jour là, il était très agressif, donnait des coups de poing, insultait l'infirmière et se débattait de tous les sens. Pour arriver à ses fins, l'infirmière décida de préparer une seringue d'un anxiolytique et de lui présenter en lui disant "que s'il continuait à se débattre elle lui injecterait le produit pour qu'il soit sédaté." Et le patient se calma. Ensuite, dès que le patient était agressif, toutes les infirmières du service s'étaient données le mot pour le menacer d'un sédatif, ou d'appeler un médecin qui l'hospitalisera en service de psychiatrie. Cette situation m'a questionnée car face à un patient violent les infirmières n'ont su répondre qu'avec des menaces, de la violence ou de la force. Cette violence intervient dans la prise en charge d'un patient atteint de troubles psychiatriques hospitalisé dans un service de médecine classique, sans qu'aucun élément déclencheur de telles réactions, n'ait jamais été noté. Ici, on remarque que les infirmières sont dépassées et épuisées par la situation, et adoptent des comportements et une prise en charge qui me semblent néfaste pour ce patient; ce qui constitue la problématique de mon travail. - Cheminement : Cette situation m'a posée un certain nombre de questions sur le fait que le soignant perde la maitrise de lui-même face un patient qui exprime une violence récurrente : - En quoi la violence du patient peut-elle entraîner la maltraitance du soignant ? - En quoi la prise en charge d'un patient atteint de troubles psychiatriques dans un service non spécialisé pose-t-elle un problème ? - Devant un patient qui n'a pas toutes ses facultés mentales pouvons-nous imposer les soins qu'il refuse ? - Soignons-nous pour nous ou soignons-nous pour le bien du patient ? - Est-ce que la violence représente une limite pour le soignant à laquelle nous ne savons répondre autrement que par des comportements violent ? - Réagissons-nous en fonction des représentations que nous avons de la maladie mentale ? - L'agressivité du patient dépend-elle du soin fait ou du comportement de l'infirmière ? - Jusqu'où l'infirmière peut-elle accepter la violence verbale ou physique du patient ? - Quelles sont les limites de l'infirmière face à la violence ? - Quelle est l'importance d'une prise en charge pluridisciplinaire dans cette situation ? Suite à ce questionnement, j'ai cherché à comprendre les difficultés que peuvent avoir les infirmières d'un service générale à prendre en charge un patient violent atteint d'une pathologie psychiatrique.
Au regard de cette situation et des questions qui en ressortent, je vais développer les concepts importants pour la suite de mes recherches. Dans un premier temps, je vais aborder le concept du soignant et du soigné dans lequel je développerais la notion de relation soignant-soignée en sous partie, un lien avec la psychiatrie sera établie. Ensuite, j'étudierai les notions de violence, d'agressivité, de maltraitance et de soin. Enfin, j'exposerais les différentes représentations sociales de l'infirmière et de la personne atteinte de pathologie psychiatrique. * 1 http://www.sante-sports.gouv.fr/le-bilan-de-l-observatoire-national-des-violences-hospitalieres-pour-l-annee-2008.html |
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