République du Niger
MESS/RS
UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY
Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
Département de Géographie
Cartographie de la dynamique de l'occupation des sols et de
l'érosion dans la ville de Niamey et sa périphérie
Mémoire de Maîtrise
Présenté et soutenu par
SANDA GONDA Hassane
Sous la direction de :
|
Membres du jury
|
BOUZOU MOUSSA Ibrahim
Professeur, FLSH/UAM
|
Président : YAMBA Boubacar
Maître de conférences, FLSH/UAM
Assesseur : FARAN MAIGA Oumarou
Maître assistant, FLSH/ UAM
|
.
Année académique :
2009-2010
Tables des matières
C:\Documents
and Settings\Administrateur\Bureau\Ha100\Ha100final.doc -
_Toc278914610
Tables des matières
1
Tables des figures
2
Tables des tableaux
2
SIGLES ET ABREVIATIONS
2
DEDICACE
2
REMERCIEMENTS
2
Résumé
2
Introduction générale
2
Chapitre I. Cadre théorique de
l'étude
2
1.1. Problématique
2
1.1.1. Contexte et justification
2
1.1.2. Revue de la littérature
2
1.1.3. Pertinence
2
1.1.4. Définition des concepts
2
1.2. 0bjectifs
2
1.3. Hypothèse
2
1.4. Méthodologie
2
1.4.1. La recherche documentaire
2
1.4.2. Matériel et méthode
2
1.4.2.1. Matériel
2
1.4.2.2. Analyse d'image
2
1.4.2.2.1. La conception du travail
cartographique
2
1.4.2.2.2. L'interprétation de l'image
2
Chapitre II : Présentation de
la zone d'étude
2
2.1. Localisation
2
2 .2. Aspects physiques
2
2.2.1. Géomorphologie
2
2.2.1.1. Plateaux et buttes
2
2.2.1.2. Talus d'éboulis
2
2.2.1.3. Glacis
2
2.2.1.4. Bas-fonds
2
2.2.1.5. Les dunes de sables
2
2.2.1.6. Les terrasses du fleuve
2
2.2.2. Hydrologie
2
2.2.3. Le climat
2
2.2.3.1. Les précipitations
2
2.2.3.2. Les températures
2
2.2.3.3. Les vents
2
2.3. Aspects humains
2
2.3.1. Historique de la ville de Niamey
2
2.3.2. Les caractéristiques
socio-démographiques
2
2.3.3. Les activités
socio-économiques
2
Chapitre III : Résultats et
discussions
2
3.1. Résultats
2
3.1.1. Unités d'occupation des sols
2
3.1.1.1. Brousses tigrées
régulières
2
3.1.1.2. Brousses tigrées
dégradées
2
3.1.1.3. Cordons ripicoles
2
3.1.1.4. Broussailles
2
3.1.1.5. Zones de culture pluviale
2
3.1.1.6. Cultures irrigués
2
3.1.1.7. Jachères
2
3.1.1.8. Fleuve
2
3.1.1.9. Koris
2
3.1.1.10. Chenaux d'écoulement
2
3.1.1.11. Mares
2
3.1.1.12. Villes
2
3.1.1.13. Villages
2
3.1.1.14. Routes revêtues
2
3.1.1.15. Routes non revêtues
2
3.1.1.16. Vastes surfaces
dénudées
2
3.1.2. Situation en 1989
2
3.1.2.1. Occupation des sols en 1989
2
3.1.2.2. Superficies et proportion des
unités
2
3.1.2.3. Caractérisation des unités
géodynamiques en 1989
2
3.1.2.3.1. Les sommets des plateaux et des
terrasses ferrugineuses T1 et T2
2
3.1.2.3.2. Le talus
2
3.1.2.3.3. Le glacis
2
3.1.2.3.4. Les moyennes et basses terrasses
T3, T4, T5 et T6
2
3.1.2.3.5. Les cordons dunaires
2
3.1.2.3.6. Les cours d'eau et les mares
2
3.1.3. Situation en 1999
2
3.1.3.1. Occupation des sols en 1999
2
3.1.3.2. Superficies et proportion des
unités
2
3.1.3.3. Caractérisation des unités
géodynamiques en 1999
2
3.1.4. Situation en 2009
2
3.1.4.1. Occupation des sols en 2009
2
3.1.4.2. Superficies et proportion des
unités
2
3.1.4.3. Caractérisation des unités
géodynamiques en 2009
2
3.1.5. Comment les paysages ont-ils
évolués entre 1989 et 1999?
2
3.1.5. Comment les paysages ont-ils
évolués entre 1999 et 2009?
2
3.2. Discussions
2
Conclusion générale
2
Bibliographie
2
Tables des
figures
Figure 1: Localisation de la zone
d'étude
2
Figure 2: Courbe des variations interannuelles des
précipitations à la station de Niamey Aéroport
(1979-2008)
2
Figure 3: Courbe des températures moyennes
mensuelles maximales et minimales de la station de Niamey Aéroport
(1976-2005)
2
Figure 4: Répartition en superficie des
unités d'occupation des sols en 1989
2
Figure 5: Carte d'occupation des sols de la ville
de Niamey et sa périphérie en 1989
2
Figure 6: Carte des unités
géodynamiques de la ville de Niamey et sa périphérie en
1989
2
Figure 7: Répartition en superficie des
unités d'occupation des sols en 1999
2
Figure 8: Carte d'occupation des sols de la ville
de Niamey et sa périphérie en 1999
2
Figure 9: Carte des unités
géodynamiques de la ville de Niamey et sa périphérie en
1999
2
Figure 10: Répartition en superficie des
unités d'occupation des sols en 2009
2
Figure 11: Carte d'occupation des sols de la ville
de Niamey et sa périphérie en 2009
2
Figure 12: Cartes des unités
géodynamiques de la ville de Niamey et sa périphérie en
2009
2
Figure 13: Carte des changements intervenus dans
l'occupation des sols dans la ville de Niamey et sa périphérie
entre 1989 et 1999
2
Figure 14: Carte des changements intervenus dans
l'occupation des sols dans la ville de Niamey et sa périphérie
entre 1999 et 2009
2
Tables des
tableaux
Tableau 1: Variations annuelles des
températures moyennes mensuelles maximales et minimales à la
station de Niamey Aéroport (1976-2005)
2
Tableau 2: Superficie des unités
d'occupation des sols en 1989
2
Tableau 3: Superficie des unités
d'occupation des sols en 1999
2
Tableau 4: Superficie des unités
d'occupation des sols en 2009
2
Tableau 5: Superficie des unités
d'occupation des sols des années 1989 et 1999
2
Tableau 6: Superficie des unités
d'occupation des sols des années 1999 et 2009
2
SIGLES ET ABREVIATIONS
DEA : Diplôme d'Etude Approfondie
DMN : Direction de la Météorologie
Nationale
FIT : Front Inter Tropical
FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaine
IGN : Institut Géographique National
NOS : Nomenclature d'Occupation des Sols
UAM : Université Abou Moumouni
UV : Ultra Violet
GPS: Global Positioning System
RGP/H : Recensement Générale de la
Population et de l'Habitat
SDDU : Schéma Directeur du Développement
Urbain
SIG : Système d'Information Géographique
DEDICACE
A la mémoire de mon père, que son
âme repose en paix.
A ma mère, mes frères et
soeurs.
REMERCIEMENTS
L'aboutissement de ce travail a été possible
grâce au concours et au soutien de plusieurs personnes. Qu'elles trouvent
ici toute ma reconnaissance.
Mes remerciements s'adressent tout particulièrement au
Pr BOUZOU MOUSSA Ibrahim (UAM) pour avoir accepté
d'encadrer ce travail et ce, en dépit de ses multiples occupations. Ses
critiques constructives et sa rigueur scientifique ont prévalu dans
l'élaboration de ce travail. Nous lui sommes très reconnaissants.
Reconnaissant aussi envers Dr FARAN MAIGA Oumarou pour avoir
lu le premier draft et apporté ses brillantes remarques et d'avoir
accepté de participer à ce jury.
Je témoigne ma sincère reconnaissance à
Mr le Président du jury Dr YAMBA Boubacar et à
tous les enseignants chercheurs du département de Géographie de
la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université Abdou
Moumouni de Niamey. Ils ont tous contribué à la réussite
de mes études.
Mes remerciements vont aussi à l'endroit de Mr
BAHARI IBRAHIM Mahamadou, qui nous a beaucoup aidé dans
l'élaboration des différentes cartes qui se trouvent dans ce
document. C'est à lui que nous devons nos connaissances du logiciel
Arcview qui a servi à la réalisation de nos cartes.
A Melle ISSOUFOU MAMANE Halilatou avec qui
nous avons toujours échangé sur ma thématique tout au long
de ce travail. Ses suggestions m'ont été d'une grande
importance.
Je tiens à remercier très sincèrement
tous ceux qui ont bien voulu lire mon manuscrit et qui m'ont fait part de leurs
remarques et suggestions.
Je remercie également la famille Hadjia
OUATTARA Mariama, ma famille. Je tiens à lui
témoigner ma reconnaissance pour tout. Elle m'a toujours traité
comme son propre fils.
Je ne pouvais oublier mes amis avec qui nous sommes devenus
des véritables frères. Tous ont contribué d'une
façon ou d'une autre à la réalisation de ce travail. Ils
sont formidables. Ne pas les remercier serait ingrat de ma part.
Résumé
Ce travail est consacré à une étude sur
la dynamique de l'occupation des sols dans la région de Niamey et sa
périphérie, zone située dans l'Ouest nigérien.
L'étude est basée sur l'utilisation des images satellitales afin
d'appréhender l'évolution de la ville de Niamey et ce qu'elle
entraîne en terme de dynamique environnementale dans les alentours.
L'analyse diachronique des images satellitales des
années 1989, 1999 et 2009 a permis de réaliser des cartes
géodynamiques et des cartes d'occupation des sols. Ces dernières
ont servi à l'étude de l'évolution de l'occupation des
sols. Celle-ci est caractérisée par une extension
démesurée de la ville de Niamey aux dépens de zones des
cultures due essentiellement à une croissance démographique
très forte. Les conséquences sur les ressources naturelles ne
sont pas des moindres.
Mots clés : Niamey,
dynamique environnementale, occupation des sols, évolution,
extension.
Introduction
générale
La ville de Niamey connaît une forte extension
spatiale ; sa superficie avoisine aujourd'hui les 260km2.
L'une des causes de cette extension est la croissance démographique qui
crée de nouveaux besoins en sol pour les populations. C'est ainsi que
les autochtones perdent leur terre au profit de la ville. Au cours de cette
transformation, l'érosion prend de plus en plus de l'ampleur. L'analyse
de cette nouvelle dynamique constitue l'objet de la présente
étude.
Pour AMINATA (2006), citant MERLIN (2000) :
« l'extension des villes s'est faite « de façon
spontanée et précaire avec le développement de bidonvilles
sur des terrains appartenant à l'Etat ou achetés à des
lotisseurs privés et vers les périphéries et autres
espaces qui naguère étaient plus ou moins naturels ou à
vocation agricole. Dans ce contexte d'explosion démographique et
d'intensification des activités économiques, les espaces naturels
jouent un rôle essentiel dans l'espace urbain, leur existence est
nécessaire à la production de l'oxygène et au recyclage
des rejets gazeux afin d'assurer un équilibre écologique. Ils ont
cependant subi de fortes mutations. Ce sont généralement des
phases de dégradation qui se manifestent par leur régression
spatiale et leur altération qualitative sous l'influence de facteurs
naturels mais surtout à cause d'une urbanisation galopante. C'est ainsi
que Niang et al. (2004) soulignent la tendance à l'artificialisation des
milieux naturels à Dakar. Cette tendance aboutit à la
« conversion des zones de végétation naturelle en zone
de cultures ou la conversion des zones de cultures en zone
d'habitation ». Cette évolution a fait qu'à partir de
1999, il n'y a plus d'espaces couverts par une végétation
naturelle urbaine excepté le domaine classé ».
Notre étude s'inscrit dans une analyse du changement
d'usage du sol et du processus de l'érosion hydrique. Elle porte sur un
espace assez vaste, le site de la Capitale faisant parti. Or la plupart des
recherches jusque là menées dans ce domaine se sont
limitées à des espaces réduits (échelle de petites
parcelles d'expérimentation) ou dans une vision panoramique peu
étendue et rares d'entre elles arrivent à faire le lien que fait
la présente étude. Elle met en relation l'extension de la ville
de Niamey et la dynamique environnementale dans les alentours à savoir
sa périphérie en rive gauche et droite.
Un tel travail nécessite le recours aux nouvelles
technologies de l'information et de la communication combinées avec le
traitement de l'image en aménagement du territoire, en un mot le recours
aux Système d'Information Géographiques (SIG) même si par
ailleurs les méthodes (acquisition et traitement des images)
employées pour la compréhension de ce phénomène de
l'espace sont lourdes à mettre en oeuvre et parfois très
onéreuses.
Les SIG sont de très bons outils d'analyse car ils
permettent de recueillir et d'analyser les informations provenant de plusieurs
sources.
Le présent travail réalisé à
partir de l'interprétation des images satellitales est organisé
en trois chapitres :
ü le premier chapitre intitulé Cadre
théorique traite de la problématique, des objectifs, de
l'hypothèse et de la méthodologie ;
ü le second chapitre, Présentation de la zone
d'étude donne la localisation, les grands traits physiques (à
savoir la géomorphologie, l'hydrologie et le climat) et
humains ;
ü enfin, le troisième chapitre présente les
résultats de ce travail et les discussions. Il s'agit essentiellement
des résultats cartographiques et de leurs commentaires.
Chapitre I. Cadre
théorique de l'étude
Ce chapitre présente la problématique, le
matériel et la méthodologie adoptée pour mener à
bien cette étude. Il constitue la partie centrale à partir de
laquelle découlera tout le travail.
1.1. Problématique
1.1.1. Contexte et
justification
Les questions environnementales préoccupent aujourd'hui
la communauté internationale. De graves menaces pèsent sur les
ressources naturelles soumises d'une part à l'effet des changements
climatiques et d'autre part aux impacts des actions de l'homme.
Ces menaces se ressentent encore plus au Niger, pays
sahélien où les conditions climatiques sont des plus
défavorables. L'une des caractéristiques de ce pays est la
désertification qui engendre la perte des ressources naturelles (terre,
eau). Ces calamités font beaucoup parler d'elles surtout ces
dernières décennies. La menace de la désertification qui
plane à travers tout le pays n'épargne pas la zone Ouest comprise
entre 0.06° et 4.64° de longitude Est et 11.70° et 15.76°
latitude Nord. C'est dans cette partie du pays que se situe le secteur de la
présente étude.
Cette zone subit l'influence du climat sahélien dont la
caractéristique principale est l'alternance d'une courte saison de
pluie (3-4 mois) qui s'étale de Juin à Septembre et d'une longue
saison sèche (8-9 mois). Le rythme des vents traduit l'opposition entre
les deux saisons : l'harmattan chaud et sec qui souffle d'Est en Ouest et
la mousson provenant du Sud-Ouest ou Ouest et qui est à l'origine de la
pluie. La rencontre entre ces deux masses d'air forme le FIT.
Les précipitations connaissent ces dernières
années une sensible augmentation (fig.2). Même si Moussa (2006)
souligne qu'il y a une régression très sensible des
isohyètes vers le Sud. Cette situation a un impact sur la
répartition des ressources naturelles notamment les terres en cultures
et la couverture végétale.
Le relief est marqué par la présence des bas
plateaux et importantes buttes résiduelles entaillés par des
vallées sèches et la vallée du fleuve.
Quant à la végétation, on en distingue en
général la brousse tigrée sur les plateaux, les
broussailles, les cordons ripicoles le long des cours d'eau et la ceinture
verte de la Communauté urbaine de Niamey. Selon (Mamadou, 2005), on
constate dans la région de Niamey : « une modification
importante de la couverture végétale dont les principaux traits
sont d'une part la forte progression des terres cultivées :
d'environ 6 % en 1950, les cultures passent à 57 % en 1992
(Seguis et al, 2003) et d'autre part une importante diminution des
jachères et des steppes naturelles (D'Herbes et al, 1992 ; Loireau,
1998 ; Loireau et al, 2000) et des modifications d'usage des
sols » et l'extension du bâti s'étend au dépens
des terres cultivables.
Cette partie ouest du pays est aussi l'une des plus
peuplées du pays. Abdou (2005), décrit les
caractéristiques de la population de l'Ouest nigérien. Selon lui,
elle est estimée à 4 millions d'habitants concentrés
principalement le long du fleuve et composée de plusieurs groupes
ethnolinguistiques. Le taux de natalité est supérieur à
60 %. Le taux brut de mortalité lui est de l'ordre de 20 %. Le
taux de croissance tourne autour de 4 % dans la vallée du fleuve
(urbanisation croissante) et un peu moins plus qu'on s'éloigne mais dans
tous les cas supérieurs à 3 % (caractéristique des
pays en développement). Cette population est jeune car plus de 55 %
de celle-ci a moins de 15 ans.
Cette pression démographique combinée aux
contraintes climatiques citées plus haut et aux changements
socioéconomiques est à l'origine de la dégradation du
milieu.
Pour faire face aux risques de dégradation auxquels
sont exposées les ressources naturelles en général et les
terres agricoles en particulier par le développement de la ville, il
faudrait nécessairement connaître la distribution spatiale des
ressources et leur dynamique de changement. Cela permettrait une meilleure
gestion des sols qui est entravée par un manque de données
fiables et récentes.
1.1.2. Revue de la
littérature
Il s'agit d'un certain nombre de travaux relatifs à
notre problématique et/ou à notre zone d'étude. Ces
études, parfois similaires à celle que nous entreprenons touchent
à beaucoup d'aspects que nous voulons mettre en évidence. Mais,
vu leur nombre pléthorique, nous ne pouvons les citer tous. C'est ainsi
que nous avons sélectionné ceux qui nous paraissent les plus
importants.
L'ouest du Niger est un véritable laboratoire pour les
recherches en sciences humaines et agronomiques. Beaucoup de travaux y ont
été réalisés dans ce cadre. Cette zone a fait
l'objet de nombreux travaux notamment en ce qui concerne l'environnement,
l'évolution démographique et ses conséquences sur la
dégradation du milieu, la gestion des ressources naturelles, etc.
Ces recherches même si elles ne traitent pas de notre
thématique nous donnent beaucoup d'informations sur la pression que
subit la zone suite à l'évolution démographique et ou aux
conditions climatiques.
Ainsi, dans le degré carré de Niamey (bassin
versant du Kori Goubé), (MOUSSA, 2006) a mis en place un système
d'information géographique (SIG) pour le suivi et la gestion de cet
espace ainsi que la dynamique du paysage et quelques actions de
l'érosion hydrique. Il conclut que ce bas-fond est fortement
marqué par la dégradation du couvert végétal
résultant du climat et surtout de l'action anthropique et est fortement
soumis à l'action de l'érosion hydrique.
La même méthode a été
utilisée par IDRISSA (2006) le long de la vallée du Fleuve Niger
(de Karma à Say). Il montre clairement une expansion des surfaces
cultivées aux dépens des zones à couvert
végétal naturel et une tendance à la dégradation de
l'espace.
Yahaya (2000) énumère toutes les
potentialités que regorge la vallée du fleuve Niger. Son
étude a porté sur la nécessité de les
protéger et de les exploiter de façon rationnelle. Elle met en
évidence les risques de dégradation sur le capital foncier, en
déduit les conséquences sur les capacités productives de
la vallée et propose quelques mesures pour faire face à ce
phénomène. Pour cela, il détermine d'abord la limite
administrative de la vallée. Il énumère ensuite les
facteurs qui influent sur la dégradation du capital foncier. Il s'agit
des facteurs physiques notamment la végétation naturelle et la
pluviométrie dont elle dépend. Leur dégradation se fait du
sud au nord. Quant aux facteurs humains, il y a le régime de la
propriété foncière du type
« coutumier », les caractéristiques
démographiques dont les taux d'accroissements et les densités
sont parmi les plus élevés du pays et du mode d'exploitation des
ressources naturelles qui fait ressortir une agriculture et un élevage
plutôt extensif et du coup consommateurs de beaucoup d'espace. La
combinaison de ces facteurs crée une dynamique de dégradation du
capital foncier qui se traduit sur le terrain par le phénomène
d'érosion. L'auteur pense que cette dynamique peut provoquer à
terme une rupture d'équilibre. Il conclut que les potentialités
agricoles de la vallée, une fois exploitées conduiraient à
réaliser l'autosuffisance alimentaire mais la dégradation
à laquelle elles sont exposées peut compromettre cette
attente.
En dehors du Niger, AMINATA (2006) atteste que l'urbanisation
galopante de la région de Dakar a modifié la
quasi-totalité des espaces naturels. L'étude présente une
analyse de la dynamique de l'occupation du sol dans la Grande Niaye de Pikine
et dans la Niaye de Yeumbeul de 1954 à 2003. Elle montre que les
changements d'occupation du sol sont marqués par l'avancée du
front d'urbanisation et posent de nombreux problèmes tels que les
inondations, l'inexistence ou la déficience du système
d'assainissement. Ces contraintes ont un impact négatif sur la
santé des populations. Elles affectent aussi l'image de la capitale.
ABDERRAHMANE et al. (2006) ont analysé la situation de
l'occupation de l'espace dans la commune d'Ain El Hadjar (Algérie). Il
se dégage de cette étude que les fluctuations les plus sensibles
concernent l'espace forestier qui régresse et l'espace du parcours des
troupeaux qui s'accroît au détriment de tous les autres espaces.
Ils ont enfin produit des cartes d'occupation des sols en 1965 et 1995.
Au Burkina Faso, SAWADOGO (2007) a appliqué une
méthode dite du "sondage à la perche" pour mettre en
évidence la sédimentation du barrage n°1 de Ouagadougou. Il
produit de cartes d'occupation des sols de ce site (celles de 1992 et 2002)
ainsi que celle du changement intervenu, quantifie les différentes
unités spatiales cartographiées et propose quelques
méthodes de lutte contre la sédimentation. Il conclu que la
pression humaine combinée avec des pratiques agricoles agressives, des
facteurs climatiques défavorables serait en grande partie responsable de
la sédimentation du barrage.
Ces études sont semblables à la présente
mais cette fois-ci sur un espace assez étendu et l'accent est surtout
mis à l'extension de la ville et les conséquences que cela peut
avoir sur ses alentours.
Différentes méthodes ont été
employées pour étudier la dégradation mais c'est celle
utilisant les SIG qui nous intéresse. En effet, les SIG ont fait l'objet
des plusieurs études. C'est le cas chez OULD (2001) et SALEY (2006) pour
étudier l'évolution des paysages respectivement dans la
région de Torodi et dans le canton de Namaro, localités
situées dans l'ouest du pays.
Au sud-est du pays, c'est KANEMBOU (2006) dans le
département de Gouré (Zinder) et ELHADJI (2007) dans le
département de Maïné Soroa (Diffa) qui se servent du SIG
pour cerner l'évolution de la dégradation des ressources
naturelles et celle des processus d'ensablement.
La même méthode a été
utilisée par FARAN (2005) dans le Zarmaganda et par ALI et al. (2007)
dans la commune de Gabi (Maradi) cette fois-ci pour étudier
l'évolution de la végétation.
Les outils SIG ont permis à BONN (1998) et à El
Garouani et al. (2005) de spatialiser le phénomène
d'érosion sur de grandes étendues, à ABDOU (2005) de
prospecter de nouveaux sites à formation contractée susceptibles
d'accueillir certains troupeaux de girafes et à MOURIMA (2006) de
montrer leur pertinence dans la prévention des conflits causés
par la gestion des ressources naturelles.
Tous ces auteurs sont unanimes que le milieu se dégrade
de façon continuelle. Les différents acteurs qui sont à
l'origine de cette dégradation du milieu sont l'homme par les diverses
activités qu'il exerce et la péjoration climatique. La pression
anthropique est en grande partie responsable du changement dans l'occupation de
l'espace. Mais il ne faut pas cependant perdre de vue les contraintes
climatiques que d'ailleurs tous les auteurs soulignent à travers les
différentes études. Ces contraintes climatiques combinées
aux différentes activités humaines notamment les pratiques
culturales incontrôlées favorisent l'érosion.
Notons aussi que les auteurs se sont beaucoup appesanti sur le
rôle combien important joué par l'utilisation des outils des SIG
et télédétection dans l'inventaire, l'évolution et
même la gestion des ressources naturelles.
Les résultats de ces différentes études
mais surtout la méthode utilisée pour aboutir à ces
derniers nous serviront beaucoup pour réaliser la notre. Nous nous
baserons sur quelques unes d'entre elles que nous trouvons appropriées
à notre thématique.
1.1.3. Pertinence
L'étude permettra de connaître l'extension de la
ville de Niamey entre trois dates : 1989, 1999 et 2009. L'occupation
humaine notamment l'habitation et les activités anthropiques aux quelles
s'adonnent les populations (agriculture) mettent le sol à nu et du
coût expose ce dernier à l'érosion. L'originalité
ici est que l'étude fera le lien entre l'extension de la ville et la
dynamique environnementale qui se passe tout autour. Aussi, toutes les deux
rives sont concernées.
Le choix de ces dates est dicté par la
disponibilité des images. Ainsi, nous avons pu disposer des images de
1989, de 1999 et de 2009, c'est pourquoi nous fondons notre analyse sur
elles.
1.1.4. Définition des
concepts
Pour éviter toute équivoque dans la
compréhension de certains concepts clés, il nous est paru
important de donner leur définition dans le présent travail.
Télédétection : la
télédétection
désigne une technique d'investigation permettant de connaître un
objet à distance.
SIG : un Système d'Information
géographique se définit comme « un système apte
à saisir, stocker et diffuser les données géo
référencées, en utilisant des logiciels
appropriés ». (ANDIGUE, 1999).
Occupation des sols : selon la NOS
(2006), on peut regrouper sous ce terme, tout objet naturel
(végétation, cultures, eau, etc.) et des différentes
infrastructures humaines sur la surface terrestre. C'est un excellent outil
pour la gestion de l'espace. L'information restituée est presque
toujours un constat ou un bilan de la situation à la surface du sol ou
même dans certains cas, dans les profondeurs immédiates en-dessous
de la surface terrestre à partir des données
télédétectées.
Périphérie : il s'agit
selon le Dictionnaire de géographie, de la banlieue (anciens faubourgs
rattachés à la ville-centre par l'extension de l'urbanisation) et
des espaces périurbains (communes distinctes de la banlieue et plus
éloignées de la ville-centre, mais habitées
essentiellement par des personnes qui dépendent de la ville-centre).
Les notions de banlieue et d'espaces périurbains sont
beaucoup plus floues dans le tiers monde où les villes s'étendent
parfois sur des étendues périphériques qui ne
dépendent d'aucune collectivité locale.
Evolution : c'est l'étude des
variations irréversibles affectant les paysages. L'évolution ne
peut s'aborder que dans le temps et dans un terme assez long.
Irréversibilité : il
s'agit selon le Dictionnaire de la langue française du caractère
d'une chose dont l'évolution ne va que dans une seule direction et ne
peut être arrêté. Plus précisément, lorsqu'on
considère un objet qui passe d'un état initiale A à un
état B ; cet objet ne peut plus revenir à l'état
initial.
1.2. 0bjectifs
L'objectif de la présente étude est de faire une
analyse diachronique de l'occupation des sols à partir des images
satellitales afin d'appréhender le rythme d'évolution du paysage.
Cela consiste à connaître et caractériser l'occupation du
sol ainsi que l'action de l'érosion afin d'établir une
cartographie. Il ne s'agit pas de quantifier les pertes en sol dues à
cette érosion dans la zone d'étude mais de réaliser des
cartes qui permettront de comprendre la dégradation du paysage et son
implication érosive dans le temps et dans l'espace. Il s'agit en fait
d'analyser la dynamique et le changement dans l'occupation du sol et aussi le
processus de l'érosion qui s'en suit.
1.3.
Hypothèse
Pour mener à bien ce travail, nous nous sommes
posés deux questions que nous formulons sous forme d'hypothèses
de travail :
· La forte croissance de la Communauté Urbaine
de Niamey conduit à l'extension du front urbain aux dépens des
espaces ruraux périphériques et à leur dégradation.
Ceci conduit à une nouvelle forme d'occupation des sols. Toute cette
situation favorise l'érosion.
· Les différentes unités d'occupation
ainsi que les différents processus et formes d'érosion peuvent
êtres cartographiés et quantifiées à partir des
outils de SIG et télédétection.
1.4.
Méthodologie
1.4.1. La recherche
documentaire
Cette étape consiste à la collecte et à
l'analyse critique de la littérature existante afin de faire un
état des lieux de notre problématique et de nous informer ainsi
sur les études récentes et anciennes. Ceci nous permet de bien
cerner le sujet.
Il a été question de chercher les informations
dans les bibliothèques, au niveau des institutions, sur le net etc.
1.4.2. Matériel et
méthode
1.4.2.1.
Matériel
L'utilisation d'un certain nombre de matériels a
été nécessaire pour l'accomplissement de notre travail. Il
s'agit entre autres :
- Des images satellitales : Landsat du 20 novembre 1989,
Landsat du 02 décembre 1999 de résolution 28,5m et Google Earth
de 2009 ramenée à la résolution d'une image panchromatique
Landsat Tm de 15m. Les images Landsat ont toutes été prises en
saison sèche, ce qui ne permet pas une bonne discrimination de certaines
unités d'occupation des sols comme la strate herbeuse ;
- De la carte topographique Feuille de Niamey ND-31-IX au
1/200000 éditée par l'IGN de France en 1980
(2ème édition) dont l'utilisation a facilité le
traitement de l'image ;
- Des logiciels de SIG notamment Arcview GIS 3.3.
1.4.2.2. Analyse
d'image
1.4.2.2.1. La conception du
travail cartographique
C'est une phase importante, fondamentale dans tout travail
cartographique. De sa validité dépend la réussite du
travail.
La conception procède non seulement en l'inventaire de
différents éléments que l'on désire spatialiser,
mais aussi en leur classification thématique.
Au niveau de cette étape, il a été
dressé une liste des unités à cartographier en s'inspirant
de la Nomenclature d'Occupation des Sols du Niger (NOS). Il s'agit de :
· système hydrographique : chenaux
d'écoulement (fleuve, koris), terrasses alluviales, mare;
· formations végétales : brousses
tigrées (régulière et dégradée),
broussailles, cordon ripicole et ceinture verte ;
· zones de cultures : cultures pluviales,
jachère, mosaïque jachère-culture et cultures
irriguées ;
· sols nus : sols dénudés et
dépôts sableux dans le lit du kori ;
· l'établissement humain : ville et
villages ;
· voies de communication : route revêtue et
routes non revêtue.
1.4.2.2.2. L'interprétation
de l'image
C'est l'une des étapes la plus importante de la
présente étude.
· L'identification
L'identification suppose la discrimination, mais aussi la
distinction des unités à cartographier, et cela dépend
essentiellement des caractéristiques des objets ou unités :
formes, textures, tonalité, mais aussi leur environnement. Ceci
constitue un aspect fondamental car permet de distinguer deux
éléments de même forme et tonalité en fonction des
relations avec leur environnement.
L'identification a aussi nécessité l'utilisation
d'un support cartographique notamment la carte topographique de Niamey (la
feuille ND-31-IX au 1/200000) éditée par l'Institut
Géographique National (IGN) de France en 1980 (2ème
édition). L'utilisation de cette carte qui intègre la zone
d'étude a facilité la description de son milieu physique.
· La numérisation
C'est un processus fastidieux qui consiste à suivre
les contours des éléments (unités) sur une image
satellitale à l'aide d'un curseur. Elle peut nécessiter une table
à numériser ; mais de plus en plus elle se fait à
l'aide d'une souris sur des images numériques géo
référencées ou non. Avant de passer à la
délimitation des contours, il a fallu afficher sur l'écran d'un
ordinateur et agrandir au maximum l'image de telle sorte que les limites des
unités soient bien identifiées. Cela a été rendu
possible en utilisant les fonctionnalités du logiciel SIG, ArcView. Ce
logiciel permet la superposition des couches selon une hiérarchisation
points-lignes-polygones. Les polygones ont été essentiellement
utilisés dans la délimitation des unités surfaciques. Ces
dernières sont réparties en cinq thèmes dont les
éléments sont des attributs qui sont enregistrés dans une
table. Cette table compte trois champs à savoir celui des unités
d'occupation des sols, celui de leurs superficies et celui du pourcentage de
leurs superficies.
Après la numérisation et avant la mise en page,
la vérification permet de corriger certaines lacunes survenues lors de
la délimitation des unités.
· La vérification
Elle consiste à parcourir de part en part l'image afin
de s'assurer que les différentes unités retenues dans la phase de
la conception ont été bien numérisées. Il existe
une autre façon de faire la vérification ; c'est celle qui
permet de faire une sorte de pré légende. Cela consiste à
habiller la carte par une plage de couleurs par défaut qu'il faut par la
suite changer par celles qui sont conventionnelles. Il en résulte une
carte provisoire qui ne peut être validée que si elle correspond
à sa conception préalable. La vérification permet aussi
d'aboutir à une concordance entre les éléments de la table
et les unités numérisées. Ainsi, celles qui ne figurent
pas dans la table peuvent y être directement enregistrées.
· La mise en forme
Une fois la vérification terminée, il ne reste
plus qu'à mettre en forme la carte et cela se fait sur une nouvelle
fenêtre appelée layout. Le layout permet alors à la carte
de retrouver ses principaux éléments à savoir le
Titre, les Coordonnées, le Nord géographique, l'Echelle, la
Légende et les Informations marginales (source et réalisation).
C'est à ce niveau aussi qu'il faut choisir la forme (en portrait ou en
paysage) et le format de la carte (A4 ; A3 ; A2...). Avant le tirage,
la carte doit être exportée sur un fichier JPEG qui se
caractérise par sa légèreté, c'est-à-dire
son aptitude à être reconnu et lu par des programmes simples comme
Word. La carte exportée peut être enregistrée ou
stockée sur un support interne et/ou externe à la machine.
Chapitre II : Présentation de la zone
d'étude
Il sera question dans ce chapitre de traiter de la
localisation de notre zone d'étude, de ses caractéristiques aussi
bien physiques (géomorphologie, hydrologie, climat) que humaines
notamment l'impact que ces dernières peuvent avoir sur le milieu
physique.
2.1. Localisation
La zone objet de cette étude est comprise entre
13°20' et 13°40' de latitude nord et 2° et 2°06' de
longitude est. Elle couvre toute la ville de Niamey ainsi que sa
périphérie en rive gauche et droite. Elle est située dans
l'ouest du pays (fig.1).
Figure 1: Localisation de la zone
d'étude
2 .2. Aspects physiques
2.2.1. Géomorphologie
La région de Niamey présente un ensemble de
reliefs simples. Cet ensemble est essentiellement constitué de plateaux
structuraux, des plaines alluviales et des vallées fluviales dont la
vallée du fleuve qui divise la région en deux rives : droite
et gauche. La rive gauche est le domaine des plateaux et la terrasse
ferrugineuse T1 sur laquelle est établie la ville alors que
sur la rive droite, les plaines constituent l'essentiel des formes du relief
bien qu'il subsiste quelques buttes et plateaux, la ville étant
développée sur la moyenne terrasse T3.
Malgré l'apparente platitude de cette zone, on peut
distinguer les unités suivantes : les plateaux, les talus, les
glacis, les bas-fonds, les dunes et les terrasses. La description qui va suivre
notamment sur le plan de la géomorphologie, est essentiellement
tirée de l'article de Ousseini et al (1994). Nous décrivons en
plus des différentes unités géomorphologiques, leurs
formations superficielles et les différentes formations
végétales qui s'y trouvent.
2.2.1.1. Plateaux et buttes
Dans la région de Niamey, région de socle, les
plateaux apparaissent comme un paysage formé d'une succession de
monticules et de dépressions, des dénivellations
décamétriques de dimensions variables mais toujours faiblement
creusées. Leur âge remonte au Pliocène. Ils
présentent des pentes faibles de l'ordre de 2 à 3 %. Leurs
sommets sont constitués par des fragments de la cuirasse ferrugineuse et
des grès argileux. En plus de ces formations lithologiques, on observe
au niveau des obstacles, des couches sablo-argileuses fortement
bioturbées qui recouvrent quelque fois une partie de la surface des
plateaux. Ces différentes couches correspondent à des Nebkas
(amas de sable au niveau des obstacles naturelles). Quant aux rebords du
plateau, ils sont recouverts par des dalles de cuirasse en
démantèlement vers le talus. La surface du plateau est
recouverte d'un manteau sableux et des lithosols peu évolués
à faciès ferrugineux se développant souvent avec des
fortes charges caillouteuses.
Sur ces sols reposent les formations végétales
du type brousse tigrée qui se caractérisent par l'alternance de
bandes de végétation dense et de plages de sols nus constituant
l'impluvium nécessaire aux bandes végétalisées. Les
espèces les plus dominantes sont les
combrétacées telles que : Combretum
micranthum, Combretum glutinosum, Combretum nigricans, mais aussi
Guiera senegalensis. Ce type de formation naturelle (brousse
tigrée) constitue la source principale d'approvisionnement en bois
d'énergie pour les centres urbains (Niamey) et les villages ruraux. Les
surfaces de plateau ne sont pas traditionnellement mises en culture mais en la
faveur des quelques placages éoliens, certaines zones sont aujourd'hui
cultivées.
2.2.1.2. Talus
d'éboulis
Les talus marquent une transition entre le glacis et les
plateaux. On retrouve sur cette unité la même formation
superficielle que sur le sommet du plateau à savoir des blocs issus du
démantèlement de la cuirasse sommitale. Ces blocs sont
régulièrement répartis et parfois triés. L'effet de
gravité commande cette disposition de matière. L'une des
caractéristiques des talus est la forte pente qu'ils présentent
de l'ordre de 20 à 35 %. Ils sont occupés par une
végétation buissonnante contractée aux nombreuses ravines
qui entaillent toute leur surface. Le sol est constitué des lithosols
d'accumulation sur talus d'éboulis peu profond (2,5cm en moyenne) et
concentré entre les blocs de la cuirasse.
Les pieds des talus constituent la transition avec une
unité morphologiquement différente, les glacis.
2.2.1.3. Glacis
Ces unités sont constituées de matériaux
hydro éoliens qui ont été fossilisés et
remaniés sur des surfaces assez planes et de faibles pentes de l'ordre
de 1 à 2 %. Dans la majorité des cas, les glacis sont fortement
dégradés par le ravinement. Ils présentent des
modelés variables : surfaces faiblement ondulée entre les
rigoles tantôt nues et encroûtées de minces pellicules
sablo-limoneuses (croûte de ruissellement et de dessiccation),
tantôt ensablées d'un matériel éolien fin et mobile
ou encore « bad-lands » à griffes et ravines
profondes dans lesquelles s'accumulent les éléments grossiers
provenant des versants et remobilisés par les écoulements brefs
torrentiels.
La partie amont du glacis, qualifiée de piedmont
dégradé est très incisée par des ravines aux fonds
sableux ayant une largeur moyenne de 1,75 à 7,5m et une profondeur de
2,5m au pied du talus. Les têtes de ces ravines reculent en moyenne
chaque année de 12m (MAMADOU, 2005). Ces ravines aboutissent à
mi-versant sur la surface sableuse par de vastes épandages où
l'infiltration est très élevée. Quant à la partie
aval, elle est une zone d'épandage caractérisée par un
faciès sableux meuble de pente douce. Le matériel est peu
épais, sensible à l'érosion hydrique et éolienne.
Les champs de mil et les jachères alternent avec une
végétation naturelle arbustive dominée par Guiera
senegalensis et des ligneux bas (Commiphora africana par
exemple).
Le glacis est composé de sols ferrugineux peu
lessivés essentiellement sableux. Sur le glacis, la
végétation des friches et jachères est dominée par
Guiera senegalensis et des herbacées comme Cenchrus
biflorus, Zornia glochidiata, Mitracarpus scaber.
2.2.1.4. Bas-fonds
Les bas-fonds sont les unités paysagères les
plus bas de la toposéquence. Ils constituent des zones de rencontre et
d'organisation des eaux descendues des versants. Ils sont
généralement larges et allongés et constitués par
des matériaux argileux et sablo-limoneux au couvert
végétal remarquable. Une dynamique hydro-érosive
(ravinement) très marquée domine ces unités. La texture
généralement sableuse fine ou grossière dans l'axe des
écoulements font que les koris deviennent très actifs avec des
déchaussements d'arbres et la réduction des superficies
cultivables. Les sols sont argilo sableux ou sablo limoneux et l'aval des
koris est très ensablé par l'apport des sédiments venant
du haut du bassin (formation de cônes d'épandage). En effet, ces
matériaux fins sont plus ou moins cohérents quant ils sont
humectés. Mais quand ils s'assèchent, ils présentent des
fentes de dessiccation.
Dans le bas fond, les sols sont de type ferrugineux peu
lessivés avec une proportion d'argile importante à la faveur d'un
stockage récurrent des eaux de surface. La végétation se
caractérise par une formation arborée arbustive plus ou moins
dense dominée par Faidherbia albida et Balanites aegyptiaca.
Aujourd'hui, les bas fonds ont un enjeu important, ils restent
l'unité la plus productive des cultures vivrières (mil, sorgho)
et des cultures de contre-saison et qui résiste le mieux à la
sécheresse.
2.2.1.5. Les dunes de sables
Les formations quaternaires d'origine éolienne (dunes
de sables) marquent le paysage de la zone d'étude. Cependant, les
modelés dunaires les plus francs et les plus explicites sont
observés particulièrement dans la formation du socle du Liptako
et correspondent aux ondulations dunaires en cordons orientes principalement
SE-NW. Ces formes remontent aux phases arides du Quaternaire. Dans la
région du fleuve Niger, leurs largeurs peuvent atteindre plusieurs
dizaines de mètres et sont recoupées par le réseau
hydrographique actuel.
2.2.1.6. Les terrasses du
fleuve
Les terrasses sont des formes fluviales résultantes du
transport et de la sédimentation par les eaux de ruissellement des
substances minérales et organiques. Ils constituent essentiellement les
plaines inondables et sont composées dans la plupart des cas des
cailloutis émoussés ou galets, graviers, sables, argiles et
alluvions. La discontinuité du couvert végétal renforce
l'action du vent qui transporte et dépose des particules solides dont le
diamètre est inférieur à 2mm. Ainsi, on observe des amas
particulièrement les nebkas en présence des obstacles tels que
les buissons, des cordons dunaires de grande ampleur lorsque le couvert
végétal a complètement disparu. En effet plusieurs niveaux
de terrasses ont été répertoriés le long du fleuve
Niger : cinq (5) d'après OUSSEINI I. (1986) notées
T1 à T5 et quatre (4) selon DUBOIS et LANG (1984),
T1 à T4. Ce sont des terrasses alluviales dont les
matériaux sont constitués de sables, argiles, graviers,
débris de cuirasse, galets de quartz...Ces alluvions anciennes et
particulièrement les graviers de quartz émoussés qui
apparaissent de façon discontinue sont typiques de la dynamique
fluviatile. Elles ont donc été transportées et
déposées par le fleuve Niger.
2.2.2. Hydrologie
Le fleuve Niger et ses affluents constituent l'essentiel du
réseau hydrographique dans la région de Niamey. Il constitue pour
cette région un atout naturel remarquable et draine une superficie de
700 000km2 en amont de Niamey. Avec un débit maximum
journalier d'environ 2340 m3/s, le moyen Niger a un module très faible
(1026 m3/s). Le maximum mensuel n'atteint pas les 800 m3/s. la période
des hautes eaux correspond aux mois de décembre-janvier, celle des
basses eaux aux mois de mai-juin. Les abords du fleuve sont le domaine de la
riziculture et de cultures de contre-saison (jardinage). Le réseau
hydrologique secondaire est saisonnier.
Des chapelets de mares qui sont pour l'essentiel semi
permanentes sont présents dans la région. Les deux principaux
koris de la ville sont : celui de Gounti Yéna qui divise le site de
la ville sur la rive gauche en deux et le kori Ouallam qui l'entaille sur sa
périphérie Est.
2.2.3.
Le climat
Pays continental, le Niger se situe au coeur de la zone
sahélienne. Les grandes distances par rapport à la mer et la
position en latitude font que les influences maritimes sur le pays sont
atténuées.
Ainsi, la zone d'étude est caractérisée
par un climat de type sahélien. Les précipitations
s'étalent sur trois à quatre mois (juin à septembre) dans
l'année. Les différents éléments du climat les plus
déterminants dans l'évolution du paysage ou pour les
activités humaines sont :
2.2.3.1. Les précipitations
Au Niger, la saison des pluies ne dure que 3 à 4 mois
(juin, juillet, août, septembre), le reste de l'année étant
caractérisé par une longue saison sèche.
Les pluies proviennent de deux systèmes
convectifs : les lignes de grains avec une fréquence plus ou moins
régulière et les convections locales.
Dans la région de Niamey, le cumul
pluviométrique annuel est compris entre 500 et 600mm enregistré
en 37 jours en moyenne (base de données de l'ILRI, ICRISAT 2000)
cité par MAMADOU (2005).
Ces précipitations, de par leur intensité, leurs
caractères torrentiels, sont généralement moins
profitables aux plantes puisqu'elles ravinent et ruissellent rapidement
provoquant ainsi la dégradation des terres. Par ailleurs, elles se
caractérisent par leur irrégularité et leur variation dans
le temps et dans l'espace très marquée. Mais les hauteurs
maximales ont été toujours enregistrées en juillet et en
août.
Pour la station de Niamey, sur 30 ans d'observation (1979
à 2008) les données pluviométriques montrent que les
premières pluies tombent en avril ou en mai. La moyenne interannuelle
sur cette période est de 511, 5mm par an. Cette dernière cache
des disparités.
Les observations des totaux annuels montrent globalement que
l'année 1984 avec 293,8mm est la plus sèche. L'année 1998
quant à elle présente un caractère exceptionnel avec un
total pluviométrique de 816,6 mm soit plus de 275% de l'année
sèche 1984. Cela confirme les irrégularités inter
annuelles des précipitations et sa variabilité temporelle. Le
nombre de jours de pluies est aussi extrêmement variable. La courbe des
cumuls annuels montre l'évolution en dents de scie de ces
précipitations alors que la moyenne mobile quinquennale met en
évidence une période sèche entre les années
1979-1987 et une période humide entre 1988 - 2005 (Fig
2). On peut admettre qu'au cours de la période sèche, la
végétation s'est contractée et lors de la saison humide,
elle aurait connu une extension.
La variation intra-annuelle de ces précipitations est
également bien marquée. En effet, 50 à 80% des
précipitations sont enregistrées sur les seuls mois de juillet et
août.
Figure 2: Courbe des variations interannuelles des
précipitations à la station de Niamey Aéroport
(1979-2008)
Source : DMN
2.2.3.2. Les températures
Les données de la station de Niamey Aéroport ont
servi à l'analyse des températures. Durant la période de
1976 à 2005, la température moyenne annuelle est de l'ordre de
29, 43°C. Les températures extrêmes varient entre 41,27 et
32,27°C pour les maxima et 16,68 et 28,3°C pour les minima (Tableau
1).
Tableau 1: Variations
annuelles des températures moyennes mensuelles maximales et minimales
à la station de Niamey Aéroport (1976-2005)
|
Jan
|
Fév
|
Mars
|
Avr
|
Mai
|
Juin
|
Juil
|
Août
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Déc
|
T°maxi
|
32,27
|
35,3
|
38,7
|
41,27
|
40,5
|
37,4
|
34,17
|
32,97
|
34,9
|
37,9
|
36,6
|
33,3
|
T° mini
|
16,68
|
19,1
|
23,44
|
27,07
|
28,3
|
26,1
|
24,31
|
23,59
|
24,2
|
24,5
|
20,18
|
17,1
|
Le maximum principal est celui d'avril-mai avec des
températures moyennes maximales supérieures à 40°C.
C'est la période la plus chaude de l'année.
Le maximum secondaire s'observe en octobre-novembre avec des
valeurs inférieures ou égales à 38°C. Les deux maxima
sont séparés par un minimum secondaire d'été
(juillet-août), plus bref et moins net, les températures peuvent
atteindre 34°C. Le minimum principal, bien marqué est celui
d'hiver. Les mois de décembre à février sont alors les
plus froids avec des températures inférieures à 20°C
(Fig. 3).
Les variations interannuelles dépassent rarement
2°C alors que l'amplitude thermique annuelle dépasse 15°C.
Figure 3: Courbe des températures moyennes
mensuelles maximales et minimales de la station de Niamey Aéroport
(1976-2005)
Source : DMN
2.2.3.3. Les vents
Dans la région de Niamey, le vent sec et chaud souffle
de novembre à mars (Harmattan) de direction est et nord-est avec une
vitesse supérieure à 3,5m/s. La mousson (vent humide), souffle de
mai à septembre de direction ouest et sud-ouest à une vitesse de
3m/s.
D'une manière générale, les vents sont
réguliers presque toute l'année et contribuent aux processus
morphogénétiques même si leurs vitesses restent moins
fortes (3,5m/s en moyenne).
2.3. Aspects
humains
2.3.1. Historique de la ville de Niamey
Avant 1900, Niamey était un
petit village auquel aucun document n'y faisait allusion. Avec la colonisation,
le petit village allait prendre de l'importance. En 1905, Niamey devient chef
lieu du 3è territoire militaire nouvellement
créé. A ce titre, elle assurait le ravitaillement des troupes
coloniales (MOTCHO, 1991). En 1911, elle perd sa place au profit de Zinder. En
décembre 1926, le chef-lieu du territoire autonome s'installe à
Niamey.
L'arrêté n°
1248/API du 14 février 1954 crée la commune mixte du
1er degré de Niamey, le 1er janvier 1955 (SDAU).
La ville devient une commune de plein exercice avec à sa tête un
maire. La loi n° 66-035 du 1er septembre 1966 stipule que
« toute commune urbaine comprenant au moins 25 000 habitants peut
recevoir la dénomination de ville, par décret pris en conseil des
ministres et que la ville assimilée à un arrondissement constitue
une division direct du département dans les limites desquelles elle est
située. Niamey à cette période comptait plus de 40 000
habitants. En application de cette loi, la commune de Niamey reçoit la
dénomination de ville et assimilée à un arrondissement
par décret du 08 novembre 1967. Elle relève de ce fait
directement de la tutelle du préfet. A partir de 1979, Niamey est
composée de cinq districts et est dirigée par un préfet
maire.
La ville est érigée
en communauté urbaine avec le décret n° 88-393/PCMS/MI du 29
novembre 1988 portant création de la communauté urbaine de Niamey
et avec la mise en application de l'ordonnance n° 28 du 28 avril 1988
(Plan Urbain de référence). Elle est alors subdivisée en
trois communes administrées par des administrateurs
délégués coiffés par un préfet
président. La loi n° 2002. 015 du 11 juillet 2002 portant
création de la CUN avec sa tête un gouverneur divise la ville en
cinq communes dirigées chacune par un maire élu
démocratiquement.
Le 13 septembre 2010, le
gouvernement adopte en conseil des ministres un projet d'ordonnance portant
érection des communautés urbaines de Niamey, Maradi, Tahoua et
Zinder en communes à statut particulier ou villes et les communes les
composant en arrondissements communaux dépourvus de toute
personnalité juridique. Il modifie et complète la loi organique
2008-42 du 31 juillet 2008, relative à l'organisation et
l'administration du territoire de la République du Niger. Dans
toutes ces villes, les Gouverneurs des régions assurent la
représentation de l'Etat.
Toutes les appellations et
subdivisions de la ville ont pour unique objectif : la maîtrise de
la croissance urbaine c'est-à-dire de la croissance démo spatiale
de Niamey. Or en l'espace de 50 ans, la superficie urbanisée de la ville
est passée de 800 ha en 1960 à plus de 12 000 aujourd'hui
tandis que la population est multipliée par 30 (YAYE, 2008).
Hier capitale coloniale, la ville de Niamey est aujourd'hui
encore capitale du Niger indépendant.
2.3.2. Les
caractéristiques socio-démographiques
Niamey connaît une croissance
accélérée de sa population. L'une des conséquences
de cette croissance démographique est l'extension spatiale de la ville.
Ainsi le RGP de 1977 évalue la population de Niamey à 242 973
habitants, période durant laquelle la ville couvrait une superficie de
4400ha (44km2). L'expansion de la ville a été plus
rapide surtout avec la construction du pont Kennedy sur le fleuve Niger
permettant son extension sur la rive droite. Au RGP de 1988, on
dénombrait cette population à 398 265 habitants. La ville
continue de s'accroître à un rythme rapide. Le flux de l'exode
rural alimente cette croissance. Le RGP/H de 2001 donne un effectif de 674 950
habitants. Cette fois-ci pour la première fois depuis les
indépendances, le taux de croissance est passé en dessous de la
barre de 5%. La superficie quant à elle est passée de
44km2 à 255km2. La projection 2004-2050 estime la
population à 1 000 000 habitants en 2010 et 1 959 077
habitants en 2025.
L'explosion démographique est d'abord la
résultante d'une forte natalité et d'une faible mortalité
en baisse. Les flux épisodiques et imprévisibles de populations
notamment rurales accentuent la pression démographique
déjà forte. Cette dynamique a eu comme effet le
développement accéléré de la ville.
Le poids de cette ville reste tout aussi un facteur explicatif
de la dégradation des ressources de ce milieu. Toutes les unités
situées à proximité de la capitale Niamey sont
exposées à toute sorte d'emprise et de pression humaine. Moussa
(2006) souligne que cette pression est d'abord perçue en terme
d'organisation administrative de l'espace. Le décret n° 88 - 393 du
24 novembre 1988 qui va consacrer la création de la communauté
urbaine de Niamey et fixant ses limites sur un espace de 239.30 km2
ainsi que la loi 015 du 11 janvier 2002, son article 2 qui érige
la région de Niamey en cinq commune en sont les signes
révélateurs de ce problème d'organisation de l'espace.
Force est de constater qu'aujourd'hui l'agglomération
de Niamey a englouti l'espace qui lui est dévolu et avoisine aujourd'hui
les 260km2 selon toujours le même auteur. Il est facile de
constater de nouveaux espaces aménagés et lotis ou des terrains
en plein chantier de constructions à la périphérie de la
ville. Ce nouveau lotissement est réalisé au détriment des
aires de cultures le plus souvent expropriées aux populations.
Cette extension de la ville de Niamey vers ses
périphéries immédiates et la croissance rapide de sa
population s'accompagne aussi d'autres besoins pour le quotidien des
populations. L'on peut citer notamment le besoin en énergie de bois de
chauffe ; des terres de cultures nouvelles ou de jardinage ou encore l'eau
d'abreuvage du bétail ou même de consommation pour certains
villageois.
2.3.3. Les activités
socio-économiques
La population de Niamey pratique simultanément les
activités purement urbaines et les activités purement rurales. En
effet, la ville remplit pleinement ses fonctions de production des services. On
y retrouve les activités tertiaires de toutes sortes. Mais comme dans
toutes les capitales du tiers monde, on pratique à Niamey des
activités comme l'agriculture, le ramassage et le commerce du bois la
pêche et même l'élevage. Les populations, surtout les
immigrants installés généralement à la
périphérie de la ville continuent de pratiquer l'agriculture.
Mais cette activité n'est pas l'apanage de ces seuls nouveaux venus. De
riches citadins possèdent eux aussi des grands domaines (champs) qu'ils
font cultiver par des ouvriers agricoles. Le long du fleuve se pratique la
riziculture et les cultures de contre saison.
Malgré cette demande en terres de culture, la ville
continue de s'étendre sur ces dernières ; ce qui en reste
est sujet à une surexploitation. La ville a aussi besoin de bois que ses
habitants utilisent comme source d'énergie domestique et pour la
construction. L'approvisionnement en bois de la ville amène la
population à couper les arbres et arbustes et expose le sol à
l'érosion. Ces différentes activités qui relèvent
de la campagne entraînent un changement d'usage des sols.
En définitive, on peut rappeler que la région de
Niamey est une région de socle. Le relief, entaillé par les
vallées du fleuve Niger et ses affluents est essentiellement
constitué de plateaux structuraux, de plaines alluviales. Le climat est
du type sahélien (températures élevées, pluies
d'été...). La population est en très forte croissance avec
comme conséquence l'expansion de la ville et une pression sur les
ressources naturelles à sa périphérie.
Chapitre III :
Résultats et discussions
Ce travail a consisté essentiellement à
la réalisation des produits cartographiques et à leurs
commentaires.
3.1. Résultats
Du traitement des images satellitaires, on a abouti aux
résultats suivants :
· des cartes d'occupation des sols de 1989, de 1999 et de
2009 ainsi que deux cartes de synthèse par superposition de ces couches
deux à deux ;
· des cartes des unités géodynamiques de
1989, de 1999 et de 2009 ;
· des tableaux statistiques présentant les
proportions des différentes unités cartographiées.
3.1.1. Unités
d'occupation des sols
Les caractéristiques des différentes
unités aussi bien sur l'image que sur le terrain sont tirés de la
NOS.
3.1.1.1. Brousses tigrées
régulières
Très nettes sur les images, elles sont
régulièrement structurées avec une alternance franche de
bandes nues de couleur gris verdâtre et de bandes
végétalisées de couleur rougeâtre et
présentent un taux de recouvrement sensiblement équilibré
entre bandes végétalisées et bandes nues,
« évoquant typiquement le pelage d'un tigre ».
Sur la carte, elles se rencontrent sur les sommets des
plateaux et sur les terrasses ferrugineuses T1 et T2.
Elles sont caractérisées par une végétation
arborée ou arbustive dominée par les combrétacées.
3.1.1.2. Brousses tigrées
dégradées
Elles se reconnaissent par la présence de bandes de
végétation de couleur rougeâtre relativement courtes et
discontinues à la manière de « tirets » dans
un vaste fond de sol nu de couleur gris verdâtre. L'alignement des tirets
appartenant à une même bande de végétation constitue
l'unique témoin de la structure tigrée. Elles occupent les
mêmes unités que les brousses tigrées
régulières.
3.1.1.3. Cordons ripicoles
Ces formations sont reconnaissables par leur couleur rouge
foncée, leur forme linéaire relativement mince, parfois
sinusoïdale en fonction de la forme du cours d'eau dont elles
épousent rigoureusement la bordure.
Elles se localisent essentiellement le long du kori Ouallam et
son affluent.
3.1.1.4. Broussailles
Ce sont des formations caractérisées par une
couleur allant du marron au brun. De forme quelconque à
étoilée par endroits, elles présentent une structure
hétérogène massive et une texture fine.
Sur la carte, on les retrouve sur les talus des plateaux et
des terrasses ferrugineuses T1 et T2.
3.1.1.5. Zones de culture
pluviale
Elles présentent sur image des formes
géométriques nettes mais irrégulières,
caractéristiques des champs extensifs du sahel. D'une manière
générale, elles se présentent, pour les champs
cultivés sous forme de mosaïques de figures
géométriques de couleur beige à jaune clair
emboîtées ou juxtaposées dans certains cas à
quelques figures de couleur marron constituant les jachères.
Elles se situent tout au tour de la ville de Niamey et au tour
des villages environnants sur pratiquement toutes les unités.
3.1.1.6. Cultures
irrigués
Elles se reconnaissent par leur couleur allant du rouge vif au
rouge foncé, leur structure homogène leur texture striée
et un parcellaire généralement net. Elles se localisent le long
des cours d'eau ou autour des points d'eau.
Pour l'essentiel, elles sont localisées sur la carte le
long du fleuve Niger. Ce sont notamment les périmètres
hydro-agricoles.
3.1.1.7. Jachères
Elles se présentent sous forme de figures
géométriques nettes, de couleur marron, imbriquées dans
des figures irrégulières de couleur jaune clair que sont les
champs cultivés.
Sur la carte, elles occupent les mêmes zones que les
cultures pluviales dont elles se différencient par la forte
densité d'arbustes et l'absence de résidus de culture bien qu'on
n'en trouve pas assez sur notre zone d'étude.
3.1.1.8. Fleuve
L'unité est reconnaissable par sa couleur bleu clair
à bleu foncé, sa forme linéaire parfois sinueuse plus ou
moins large, sa structure homogène et sa texture lisse. Son
environnement particulier apparaît très nettement dans le
paysage.
3.1.1.9. Koris
Cette unité est perceptible généralement
par les cordons ou fourrées ripicoles associés,
caractérisés par la couleur rougeâtre de la
végétation. Elle se présente sous forme rectiligne,
sinusoïdale par endroits. Elle est assez large, généralement
très longue et communique avec un cours ou point d'eau important.
Sur la carte, on les rencontre dans toutes les zones et sont
caractérisés par une incision assez profonde et large.
3.1.1.10. Chenaux
d'écoulement
Comme les Koris, ils s'identifient surtout par leur
environnement caractérisé par un réseau de drains fins
perceptibles à travers les cordons rupicoles de couleur rougeâtre
et de forme sinusoïdale qui leur sont associés. Cependant, moins
nets que les koris et entrecoupés par endroits, ils convergent vers un
point ou un cours d'eau hiérarchiquement supérieur.
Sur la carte, ils se présentent sous forme de petites
ravines ou rigoles se jetant dans un kori ou une mare.
3.1.1.11. Mares
Elles sont identifiables par leur couleur bleu clair ou bleu
foncé. Elles se présentent sous forme ponctuée, polygonale
ou étirée. Un important réseau de drainage y converge
généralement.
Sur la zone d'étude, elles se localisent
essentiellement le long du lit du kori Ouallam et de son affluent.
3.1.1.12. Villes
Elles sont reconnaissables par une structure très
homogène, une texture ponctuée et linéaire, une forme
hexagonale et une couleur gris blanchâtre tachetée de rouge
foncé. Leur géométrie nette est en relation avec la forme
des îlots, les routes ainsi que les ouvrages particuliers tels que
l'aéroport, les stades, etc.
La ville de Niamey est plus développée sur la
rive gauche que sur la rive droite. Un réseau de routes entaille la
ville sur toute sa surface. Les îlots ont des formes assez
régulières.
3.1.1.13. Villages
L'unité est caractérisée par une couleur
composite allant du rouge foncé au marron du fait de la présence
d'arbres. Elle s'identifie par la présence d'auréoles de zones de
culture.
3.1.1.14. Routes
revêtues
Très nettes, elles apparaissent sous une couleur grise.
Plus nettes que les autres voies de communication, elles se présentent
sous forme linéaire. On en observe beaucoup sur la carte notamment dans
la ville de Niamey mais aussi reliant cette dernière à d'autres
localités.
3.1.1.15. Routes non
revêtues
De forme linéaire et mince, assurent la liaison entre
plusieurs gros centres ou villages, elles apparaissent sous une couleur gris
verdâtre (latérite) ou blanchâtre (routes rurales). On n'en
trouve pas assez sur notre carte.
3.1.1.16. Vastes surfaces
dénudées
De forme massive, elles présentent une couleur
blanchâtre lisse. Elles sont localisées généralement
sur les glacis entre les talus et bas fonds (glacis érodés) ou
sur les plateaux (plateaux dénudés).
3.1.2. Situation en
1989
3.1.2.1. Occupation des
sols en 1989
La situation des paysages de la zone d'étude ainsi que
les marques d'érosion au cours de l'année 1989 sont
présentés sur la figure 5.
3.1.2.2. Superficies et
proportion des unités
Le tableau 2 nous donne les proportions en superficie (ha) et
en pourcentage des unités d'occupation des sols. Elles sont
représentées graphiquement sur la figure 4.
Tableau 2: Superficie des unités d'occupation
des sols en 1989
Unités d'occupation des
sols
|
Superficie (ha)
|
Proportion par rapport à la superficie totale
(%)
|
Broussailles
|
4938,7
|
4,6
|
Brousse tigrée régulière
|
14945,0
|
13,9
|
Brousse tigrée dégradée
|
9806,6
|
9,1
|
Brousse tigrée très dégradée
|
5572,9
|
5,2
|
Ceinture verte
|
1649,1
|
1,5
|
Cultures irriguées
|
3908,7
|
3,6
|
Cordon ripicole
|
1573,3
|
1,6
|
Cultures pluviales
|
41665,5
|
38,8
|
Fleuve
|
2463,8
|
2,3
|
Jachère
|
934,1
|
0,9
|
Kori
|
716,7
|
0,7
|
Lit sableux des koris
|
887,4
|
0,8
|
Mares
|
625,1
|
0,6
|
Mosaïque cultures-jachères
|
1360,0
|
1,3
|
Ville de Niamey
|
6687,8
|
6,2
|
Terrains rocheux
|
9376,6
|
8,7
|
Villages
|
213,1
|
0,2
|
Total
|
107324,5
|
100
|
Figure 4: Répartition en superficie des
unités d'occupation des sols en 1989
Le tableau 2 montre qu'en 1989 :
· les brousses tigrées occupent 28,2% de la
superficie totale de la zone. Elles sont reparties en brousses tigrées
régulières, brousses tigrées dégradées et
brousses tigrées très dégradées avec respectivement
13,9%, 9,1% et 5,2% de la superficie totale. Elles sont localisées sur
les plateaux.
· les broussailles représentent 4,6% de la
superficie totale de la zone. Elles sont situées sur les hauts des
glacis et aux pieds des plateaux.
· les cordons ripicoles occupent 1,6% de la superficie
totale de la zone. Ils épousent le tracé des lits des cours
d'eau.
· la ceinture verte a une proportion de 1,5% de la
superficie totale de la zone. Elle se localise à l'extrême Est de
la ville de Niamey.
· les zones des cultures occupent à cette
époque 44,6% de la superficie totale avec 38,8% pour les cultures
pluviales, 3,6% pour les cultures irriguées, 0,9% pour les
jachères et 1,3% pour la mosaïque cultures-jachères. Les
cultures irriguées se localisent le long du fleuve sous formes
d'aménagements traditionnels ou modernes. Quant aux cultures pluviales,
on les retrouve généralement dans les vallées.
· le réseau hydrographique représente 3,6%
de la superficie totale de la zone dont le fleuve 2,3%, les koris 0,7% et les
mares 0,6%.
· les sols nus occupent 9,5% de la superficie totale de
la zone avec 8,7% pour les terrains rocheux et 0,8% pour les lits sableux des
koris. Les terrains rocheux sont visibles sur la surface du plateau.
· les établissements humains ont une proportion de
6,4% de la superficie totale de la zone repartie en ville de Niamey avec 6,2%
et quelques villages 0,2%. Tous se localisent le long du fleuve Niger.
Figure 5: Carte d'occupation des sols de la ville de
Niamey et sa périphérie en 1989
3.1.2.3. Caractérisation
des unités géodynamiques en 1989
Dans la région de Niamey, on peut distinguer six
unités paysagères.
3.1.2.3.1. Les sommets des
plateaux et des terrasses ferrugineuses T1 et T2
Selon Bouzou (2000), ces unités présentent des
caractéristiques communes. Elles peuvent être cuirassées ou
ensablées (figure 6). Ces unités portent donc un sol tantôt
meuble tantôt induré. On y observe généralement un
écoulement en nappe sur les surfaces cuirassées mais
également la déflation éolienne et un écoulement
diffus sur les surfaces ensablées habituellement occupées par les
champs.
3.1.2.3.2. Le talus
Les talus peuvent être concaves ou convexo-concaves.
Certains sont recouverts d'éboulis, d'autres de placages sableux
appelés aussi « jupes sableuses ». Ces derniers sont
très ravinés. Les éléments grossiers provenant du
plateau se répandent par gravité et forment les éboulis.
En bordure du plateau, se mettent en place des amorces des ravines permettant
ainsi d'évacuer une portion de l'eau tombée. Cet
écoulement concentré crée peu à peu par
érosion régressive des têtes de recul (Ousseini et al.,
1994). L'action de l'eau, le ravinement et celle du vent, la déflation
rendent le talus instable en créant des surfaces nues (Bouzou, 2000).
3.1.2.3.3. Le glacis
Les glacis, généralement très courts sont
soumis à l'action des processus hydriques et éoliens. Ces sont
les écoulements linéaires qui sont responsables du creusement des
ravines. Leur réseau est prolongé par érosion
régressive.
3.1.2.3.4. Les moyennes et basses
terrasses T3, T4, T5 et T6
Ces unités sont affectées par le ravinement et
l'ensablement du lit du fleuve Niger par des cônes d'épandages
très actifs. Les écoulements concentrés dans les koris
provoquent des sapements des berges d'autant plus rapides que la couverture
végétale est absente (Ousseini et al., 1994).
3.1.2.3.5. Les cordons dunaires
C'est le couvert végétal qui détermine la
remobilisation éolienne. L'érosion hydrique est quasiment
inefficace sur les sommets du fait de leur forte capacité
d'infiltration ; elle peut devenir très active sur les versants
dès que le matériel délié est décapé
et que se forment les croûtes d'érosion (Ousseini et al., 1994).
La reprise des sols meubles est donc assurée par le vent et l'eau et est
facilitée par le fait que ces édifices sont des champs de
cultures (Bouzou, 2000).
3.1.2.3.6. Les cours d'eau et les
mares
Parmi eux, seul le fleuve Niger a un écoulement
permanent. Les koris affluents, surtout ceux de la rive droite sont sources
d' « approvisionnement » du fleuve en sable.
D'énormes quantités y sont déversées par ces koris
en atteste leurs nombreux cônes d'épandages sableux. Ces koris
occupent une superficie estimée à 1604,1ha dont 887,4ha
ensablée (Tableau 2).
La dynamique de ces koris se caractérise par une
importante érosion verticale et latérale car la nature du
matériel s'y prête (matériel sableux hydro-éolien)
(Bouzou, 2000).
Les mares s'observent le long des koris et en majorité
temporaires. A la date de l'image, elles occupent une superficie de 625,15ha
(Tableau 2).
Figure 6: Carte des unités géodynamiques
de la ville de Niamey et sa périphérie en 1989
3.1.3. Situation en
1999
3.1.3.1. Occupation des
sols en 1999
La situation des paysages de la zone d'étude ainsi que
les marques d'érosion au cours de l'année 1999 sont
présentés sur la figure 8.
3.1.3.2. Superficies et
proportion des unités
Le tableau 3 nous donne leurs proportions en superficie (ha)
et en pourcentage et sont représentées graphiquement sur la
figure 7.
Tableau 3: Superficie des unités d'occupation
des sols en 1999
Unités d'occupation des sols
|
Superficies (ha)
|
Proportion par rapport à la superficie totale
(%)
|
Broussailles
|
6716,6
|
6,3
|
Brousse tigrée régulière
|
14775,4
|
13,8
|
Brousse tigrée dégradée
|
8348,7
|
7,8
|
Brousse tigrée très dégradée
|
5145,9
|
4,8
|
Ceinture verte
|
1550,1
|
1,4
|
Cultures irriguées
|
4071,7
|
3,8
|
Cordon ripicole
|
2069,7
|
1,9
|
Cultures pluviales
|
42190,2
|
39,3
|
Fleuve
|
2698,6
|
2,5
|
Jachère
|
1100,2
|
1,0
|
Kori
|
154,0
|
0,1
|
Lit sableux des Koris
|
1116,7
|
1,0
|
Mares
|
717,4
|
0,7
|
Mosaïque cultures-jachères
|
428,1
|
0,4
|
Ville de Niamey
|
9296,6
|
8,7
|
Terrains rocheux
|
6833,5
|
6,4
|
Villages
|
111,1
|
0,1
|
Total
|
107324,5
|
100
|
Figure 7: Répartition en superficie des
unités d'occupation des sols en 1999
Le tableau 3 illustre la situation de 1999.
· les brousses tigrées représentent 26,4%
de la superficie totale de la zone. Elles sont reparties en brousses
tigrées régulières 13,8%, brousses tigrées
dégradée 7,8% et brousses tigrées très
dégradée 4,8% de la superficie totale. Elles sont
localisées sur les plateaux.
· les broussailles occupent 6,3% de la superficie totale
de la zone. Elles sont situées sur les hauts des glacis et aux pieds des
plateaux.
· les cordons ripicoles ont une proportion de 1,9% de la
superficie totale de la zone. Ils épousent le tracé des lits des
cours d'eau.
· la ceinture verte occupe 1,4% de la superficie totale
de la zone. Elle se localise à l'extrême Est de la ville de
Niamey.
· les zones des cultures représentent à
cette époque 44,5% de la superficie totale dont 39,3% pour les cultures
pluviales, 3,8% pour les cultures irriguées, 1,0% pour les
jachères et 0,4% pour la mosaïque cultures-jachères. Les
cultures irriguées se localisent le long du fleuve sous formes
d'aménagements traditionnels ou modernes. Quant aux cultures pluviales,
on les retrouve sur les plateaux, sur les glacis et dans les vallées.
· le réseau hydrographique a une proportion de
3,3% de la superficie totale de la zone dont le fleuve 2,5%, les koris 0,1% et
les mares 0,7%.
· les sols nus occupent 7,4% de la superficie totale de
la zone avec 6,4% pour les terrains rocheux et 1,0% pour les lits sableux des
koris. Les terrains rocheux sont visibles sur la surface du plateau.
· les établissements humains représentent
8,8% de la superficie totale de la zone repartie en ville de Niamey avec 8,7%
et quelques villages 0,1%. Tous se localisent le long du fleuve Niger.
Figure 8: Carte d'occupation des sols de la ville de
Niamey et sa périphérie en 1999
3.1.3.3. Caractérisation
des unités géodynamiques en 1999
Parmi les différentes unités
géodynamiques, les glacis, les dunes et surtout les moyennes et basses
terrasses (T3, T4, T5 et T6) sont
celles qui sont susceptibles de fournir le plus d'information sur
l'évolution ou la dégradation du paysage. Notre analyse se
focalise donc sur ces unités. La mise en évidence de cette
dégradation est assurée par les différents koris et
ravines qui entaillent les surfaces de ces unités. Entre 1989 et 1999,
ils ont augmenté qualitativement en nombre (figure 9) et diminué
en superficie. Cette dernière est estimée à 1270,71ha
(Superficie des koris combinée à celle des dépôts
sableux des koris dans le tableau 3). Mais le fait le plus important ici est
que la superficie ensablée du lit des koris qui a connu une hausse
très importante car passant de 887,42ha en 1989 à 1116,73ha en
1999. Ceci pouvait s'expliquer par la disparition des cordons ripicoles qui
protègent les koris contre l'érosion linéaire ravinante et
décapante.
Les basses et moyennes terrasses notamment la T3
sont le siège de l'apparition et du développement de
nombreux cônes d'épandages sableux (figure 6 et 9). Rappelons que
ces derniers sont à la base de l'ensablement du fleuve Niger.
Les mares ont vu leur nombre en hausse ainsi que leur
superficie (tableau 3). On estime à 717,35ha l'ensemble de cette
superficie en 1999 (tableau 3).
L'un des facteurs le plus important de la dégradation
est sans doute l'homme qui a en grande majorité coupé le bois
pour ses besoins en énergie domestique, pour la commercialisation ou
pour étendre ses champs. Ces différentes activités mettent
le sol à nu et permettent à l'eau de creuser. On aboutit au recul
des têtes des ravines et au sapement de leurs berges.
Figure 9: Carte des unités géodynamiques
de la ville de Niamey et sa périphérie en 1999
3.1.4. Situation en
2009
3.1.4.1. Occupation des sols en 2009
La situation des paysages de la zone d'étude ainsi que
les marques d'érosion au cours de l'année 2009 sont
présentés sur la figure 11.
3.1.4.2. Superficies et proportion des
unités
Le tableau 4 nous donne les proportions en superficie (ha) et
en pourcentage des unités d'occupation des sols. Elles sont
représentées graphiquement sur la figure 10.
Tableau 4: Superficie des unités d'occupation
des sols en 2009
Unités d'occupation des
sols
|
Superficies (ha)
|
Proportion par rapport à la superficie totale
(%)
|
Broussailles
|
5942,3
|
5,54
|
Brousse tigrée régulière
|
14009,6
|
13,05
|
Brousse tigrée dégradée
|
7829,0
|
7,29
|
Brousse tigrée très dégradée
|
1452,5
|
1,35
|
Cultures irriguées
|
4126,2
|
3,84
|
Cordon ripicole
|
1362,1
|
1,27
|
Culture pluviales continues
|
44868,2
|
41,81
|
Ceinture verte
|
628,9
|
0,59
|
Fleuve Niger
|
2066,9
|
1,93
|
Kori
|
1019,9
|
0,95
|
Lit sableux des koris
|
1152,1
|
1,07
|
Mares
|
398,6
|
0,37
|
Ville de Niamey
|
14405,5
|
13,42
|
Terrains rocheux
|
7804,8
|
7,27
|
Villages
|
257,9
|
0,24
|
Total
|
107324,5
|
100
|
Figure 10: Répartition en superficie des
unités d'occupation des sols en 2009
Le tableau 4 montre qu'en 2009 :
· les brousses tigrées ont une proportion de 21,8%
de la superficie totale de la zone. Elles sont reparties en brousses
tigrées régulières 13,1%, brousses tigrées
dégradée 7,3% et brousses tigrées très
dégradée 1,4% de la superficie totale. Elles sont
localisées sur les plateaux.
· les broussailles occupent 5,5% de la superficie totale
de la zone. Elles sont situées sur les hauts des glacis et aux pieds des
plateaux.
· les cordons ripicoles représentent 1,3% de la
superficie totale de la zone. Ils épousent le tracé des lits des
cours d'eau.
· la ceinture verte a une proportion 0,6% de la
superficie totale de la zone. Elle se localise à l'extrême Est de
la ville de Niamey.
· les zones des cultures occupent à cette
époque 45,6% de la superficie totale dont 41,8% pour les cultures
pluviales, 3,8% pour les cultures irriguées. Les cultures
irriguées se localisent le long du fleuve sous formes
d'aménagements traditionnels ou modernes. Quant aux cultures pluviales,
on les retrouve sur les plateaux, sur les glacis et dans les vallées.
· le réseau hydrographique représente 3,3%
de la superficie totale de la zone dont le fleuve 1,9%, les koris 1,0% et les
mares 0,4%.
· les sols nus ont une proportion de 8,3% de la
superficie totale de la zone avec 7,2% pour les terrains rocheux et 1,1% pour
les lits sableux des koris. Les terrains rocheux sont visibles sur la surface
du plateau.
· les établissements humains occupent 13,6% de la
superficie totale de la zone repartie en ville de Niamey avec 13,4% et quelques
villages 0,2%. Tous se localisent le long du fleuve Niger.
Figure 11: Carte d'occupation des sols de la ville de
Niamey et sa périphérie en 2009
3.1.4.3. Caractérisation des unités
géodynamiques en 2009
Contrairement à la situation de 1989 et celle de 1999,
en 2009 on constate un important réseau de ravines qui entaillent
presque toutes les unités notamment les glacis, les dunes et les
terrasses. Ceci est du au fait que d'une part pour cette situation nous nous
sommes servi d'une image Google Earth dont la résolution (15m) est
nettement meilleure que celle des images Landsat (28,5m). Ce qui nous a permis
de discriminer plus de ravines puisque plus visibles.
La seconde raison est que la dégradation est plus
prononcée en cette date du fait de l'extension de la ville et tout ce
qu'elle entraine en termes de conséquences sur l'environnement. On peut
évoquer la disparition progressive de la couverture
végétale, l'encroûtement des sols et l'accroissement du
ruissellement. Le développement des koris et ravines (fig. 12) constitue
l'expression de cette dégradation. Pour preuve, la superficie
occupée par les koris est passée de 154,0ha en 1999 à
1019,9ha en 2009. Les terrains rocheux ont à leur tour connu un
important développement. Ils ont même fait leur apparition sur les
brousses tigrées régulières (fig. 11), situation qu'on n'a
pas connue en 1999. Leur superficie est passée de 6833,5ha en 1999
à 7804,8ha en 2009.
Le développement des cônes d'épandages
sableux s'est poursuivi et s'est même accentué (fig. 12). Ils se
localisent essentiellement sur les basses et moyennes terrasses de la rive
droite et sont en partie responsable de l'ensablement du fleuve comme nous
l'avons souligné plus haut.
Les mares ont connu une grande évolution. Elles
occupent 398,6ha en 2009 contre 717, 4ha en 1999. Certaines d'entre elles se
sont asséchées du fait que l'image a été prise
vraisemblablement en plein saison sèche.
La pression humaine accentue le phénomène
d'érosion. Les différentes activités pratiquées par
l'homme sont à la base de la dégradation du milieu. Ses besoins
croissant en sol font de lui l'« agent d'érosion »
le plus actif.
Figure 12: Cartes des unités
géodynamiques de la ville de Niamey et sa périphérie en
2009
3.1.5. Comment les paysages
ont-ils évolués entre 1989 et 1999?
Tableau 5: Superficie des unités d'occupation
des sols des années 1989 et 1999
Unités d'occupation des sols en 1989
|
Superficie (ha)
|
Proportion par rapport à la superficie totale
(%)
|
1989
|
1999
|
1989
|
1999
|
Broussailles
|
4938,7
|
6716,6
|
4,6
|
6,3
|
Brousse tigrée régulière
|
14945,0
|
14775,4
|
13,9
|
13,8
|
Brousse tigrée dégradée
|
9806,6
|
8348,7
|
9,1
|
7,8
|
Brousse tigrée très dégradée
|
5572,9
|
5145,9
|
5,2
|
4,8
|
Ceinture verte
|
1649,1
|
1550,1
|
1,5
|
1,4
|
Cultures irriguées
|
3908,7
|
4071,7
|
3,6
|
3,8
|
Cordon ripicole
|
1573,3
|
2069,7
|
1,5
|
1,9
|
Cultures pluviales
|
41665,5
|
42190,2
|
38,8
|
39,3
|
Fleuve
|
2463,8
|
2698,6
|
2,3
|
2,5
|
Jachère
|
934,1
|
1100,2
|
0,9
|
1,0
|
Kori
|
716,7
|
154,0
|
0,7
|
0,1
|
Lit sableux des koris
|
887,4
|
1116,7
|
0,8
|
1,0
|
Mares
|
625,1
|
717,4
|
0,6
|
0,7
|
Mosaïque cultures-jachères
|
1360,0
|
428,1
|
1,3
|
0,4
|
Ville de Niamey
|
6687,8
|
9296,6
|
6,2
|
8,7
|
Terrains rocheux
|
9376,6
|
6833,5
|
8,7
|
6,4
|
Villages
|
213,1
|
111,1
|
0,2
|
0,1
|
Total
|
107324,5
|
107324,5
|
100
|
100
|
La carte des changements intervenus entre 1989 et 1999 (Figure
13) est issue du croisement automatique réalisé entre les deux
couches, chacune d'elles décrivant une situation. Il faut noter que le
changement s'est opéré dans toutes les unités. Certaines
ont augmenté, d'autres au contraire ont diminué. Mais nous avons
retenu dans cette analyse les changements dont l'ampleur est significative,
ceux là qui apparaissent clairs sur la figure 13. Cette discrimination
est due au fait que nous travaillons avec une image Landsat dont la
résolution (28,5m) ne nous permet pas de voir tous les changements
surtout ceux qui sont de moindre importance.
Il apparaît de la lecture de la figure 13 et surtout
du tableau 5 que l'évolution de la ville de Niamey est l'une des plus
spectaculaires. Cette ville a connu un accroissement important. Elle s'est
étendu aussi bien sur les zones de cultures que sur les brousses
tigrées et a « annexé » certains villages
très proches du centre urbain. Il s'agit 2112,83ha soit 5,07% de la
superficie des zones de cultures, 654,37ha soit 11,73% de la superficie de la
brousse tigrée très dégradée et 40,05ha soit 18,79%
de la superficie occupée par les villages qui sont transformées
en ville de Niamey. Cette extension de Niamey est le fait de plusieurs
facteurs. On peut citer sur le plan du mouvement démographique,
l'accroissement naturel élevé de la population et l'exode massifs
des populations rurales; sur le plan de l'aménagement urbain, on a le
Schéma Directeur de Développement Urbain SDDU (1954) et le
Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme (1984) et sur le
plan institutionnel le décret n° 88-392/PCMS/MI du 24 novembre 1988
qui crée les trois communes, le décret n° 88-393/PCMS/MI du
24 novembre 1988 qui érige Niamey en Communauté Urbaine et la loi
2002-015 du 11 juin 2002 qui crée la nouvelle Communauté Urbaine
de Niamey en redimensionnant le nombre des communes passant à cinq. De
tous ces facteurs, le mouvement démographique est le plus expressif.
Pour Alou (2008) : « l'urbanisation s'est
traduite par une demande de plus en plus croissante en sol urbain. Ceci a pour
conséquence la croissance rapide de la ville de Niamey. La production
foncière excessive par la systématisation des lotissements et le
manque de mise en valeur du fait d'une gestion foncière peu
cohérente ont contribué à accélérer
l'extension spatiale de la ville ».
L'occupation humaine est responsable de la mise en valeur des
terres. En effet, l'homme utilise la terre soit pour son habitation, soit pour
sa production. Ces différentes activités ne sont pas sans
conséquences sur les ressources naturelles notamment la
dégradation. Les multiples besoins en terre de l'homme le pousse
à la défricher. Il met alors le sol à nu et l'expose du
coup aux agents de l'érosion et à l'agressivité du climat.
La superficie des sols nus sableux est passée de 887,42ha en 1989
à 1116,73ha en 1999. Ainsi, ce sont quelques 668,95ha soit 1,6% des
zones de cultures pluviales et 38,78ha équivalent à 5,41% des
lits des koris qui sont transformés en dépôts sableux. Les
sols nus apparaissent aussi sur les brousses tigrées avec 133,61ha soit
0,9% des brousses tigrées régulières, 109,18ha soit 1,11%
des brousses tigrées dégradées, 774,33ha soit 13,89% des
brousses tigrées très dégradées et 390,98ha soit
7,91% des broussailles. Cette situation favorise l'érosion des sols et
donc la modification du ruissellement. D'après l'analyse des images le
nombre des ravines a qualitativement augmenté. Il y a donc extension du
réseau de drainage et la progression du nombre de cône de
déjection sableux dans le lit du fleuve notamment sur la rive droite
(figure 6 et 9).
La mise en culture s'effectue dans pratiquement toutes les
unités. On évalue à 841,94ha soit 61,68% de la
mosaïque cultures-jachères, 2421,75ha soit 25,82% des terrains
dénudés (majoritairement les dépôts sableux),
158,85ha soit 9,63% de la ceinture verte et 104,55ha soit 14,58% des lits des
koris qui se transformés en zones de cultures. Ce besoin en terres de
cultures sans cesse croissant pourrait s'expliquer par l'accroissement des
populations citadines et d'autres venues d'ailleurs pour s'installer.
Malgré tous les apports des autres unités dont elles font
l'objet, la superficie des zones de cultures n'a augmenté que de
519,68ha. Elle a varié entre 41670,56ha en 1989 et 42190,24ha en 1999.
Ceci s'explique par le fait que les zones habituellement sous cultures sont de
plus en plus en train d'être occupées par la ville de Niamey, peut
être parce qu'elles se localisent autour de celle-ci. L'accroissement de
la population et son corollaire le besoin en sol urbain fait que quelque soit
l'augmentation dont ils font l'objet chaque année, les zones de cultures
se retrouvent occupé par les habitations. La ville s'accroît alors
plus vite que les zones de cultures. L'urbanisation fait que les hommes ont
plus besoins des terres pour leurs habitations que pour leurs cultures. Mais
les zones de cultures ne se transforment pas seulement en habitation. Les
pratiques culturales provoquent par l'action de l'érosion la perte en
terres en les transformant en espaces nus notamment les dépôts
sableux. De ces zones de cultures pluviales, 54,96ha soit 0,13% de leur
superficie sont devenues lit du kori et 668,95ha soit 1,6%, des
dépôts sableux.
Les cultures irriguées ont occupé 165,50ha soit
6,71% du fleuve et comme s'ils chevauchent entre eux, le fleuve a à son
tour occupé 323,11ha soit 8,26% de la superficie des cultures
irriguées. Et pourtant la superficie qu'occupe le fleuve a
augmenté. Elle a passé de 2463,81ha en 1989 à 2698,64ha en
1999. Ceci est du au fait que la date (mois) de la prise de vue n'est pas la
même. Celle de 1989 est prise le 20 novembre et l'autre le 02
décembre. Bien que la crue soit en cours en novembre, on pouvait
espérer un débit plus important en décembre et plus d'eau
dans le lit du fleuve. Aussi, les années de 1994 à 1999 ont
été beaucoup plus pluvieuses que les années
antérieures surtout avec l'année exceptionnelle de 1998 qui a
enregistré un cumul de 816,60mm (Fig. 2). L'une des conséquences
est l'inondation qui engendre de gros dégâts comme c'est le cas en
août 2010 où le fleuve a quitté son lit habituel et a
envahi les espaces sur lesquels se pratiquent les cultures maraichères
tout en causant en plus l'effondrement de plusieurs maisons.
Le lit des koris se transforme soit en mares permanentes ou
semi permanentes et cela selon les saisons, soit en dépôts
sableux. 61,04ha soit 8,51% des lits des koris se retrouvent occupés par
des mares et 38,78ha soit 5,41% ensablé. La présence des cordons
ripicoles ne permet pas parfois de les distinguer. Globalement la superficie
des lits des koris a subi de grandes transformations. Elle est passée de
716,79ha en 1989 à 153,98ha. Mis à part les mares et les
dépôts sableux, les cordons ripicoles ont occupé une bonne
partie des lits des koris. Pour des raisons d'échelle (résolution
de l'image 28,5m), leur changement n'a pas été
représenté sur la figure 13 car même s'il est d'une
relative importance, le fait qu'ils longent les lits des koris ne permet pas
d'avoir sa bonne représentation. Les cordons ripicoles se sont
développés sans doute à la faveur des bonnes conditions
climatiques évoquées ci-dessus.
Les mares, dans leur grande majorité, retiennent de
l'eau pendant une bonne période de l'année,
généralement juste après la saison des pluies et peuvent
durer de zéro (0) à douze (12) mois. Elles ont connu un
accroissement de leurs superficies. Celles-ci ont varié de 625,15ha en
1989 à 717,35ha en 1999. Elles ont aussi profité des conditions
climatiques favorables notamment la bonne pluviométrie des années
1994 à 1999 pour se développer.
Les brousses tigrées ont aussi connu des changements.
Ces unités passent généralement de l'état
régulier à dégradé puis à très
dégradé. 133,61ha soit 0,9% de la brousse tigrée
régulière se sont transformés en sols nus. Il faut noter
ici que la transformation de cette unité en brousses tigrées
dégradée et très dégradée n'a pas
été représentée pour toujours les mêmes
problèmes d'échelle. Son changement en ces différentes
unités n'est pas aussi significatif pour figurer sur la figure 13. Une
partie de la brousse tigrée dégradée est passé
à l'état de la brousse tigrée très
dégradée. Il s'agit de 820,43ha soit 8,36%. Une autre partie de
cette unité, 109,18ha soit 1,11% s'est transformée en sols nus.
Pour la brousse tigrée très dégradée quant à
elle, 774,33ha soit 13,89% sont occupés par les sols nus, 654,37ha soit
11,73% par la ville de Niamey (au niveau du plateau de l'aéroport
notamment). Les broussailles ont aussi subi des transformations. 390,98ha soit
7,91% de leurs superficies sont transformés en sols nus.
Il apparaît que ce sont les activités
anthropiques avides de terres qui ont pour l'essentiel détruit la
forêt de brousse tigrée. Les variations climatiques mais aussi et
surtout l'exploitation du bois par les populations entraînent la
dégradation du couvert végétal au niveau des brousses
tigrées et des broussailles. En effet, pour s'approvisionner en bois de
chauffe, les populations de Niamey et ses environs s'adonnent à la coupe
ces forêts. Ce déboisement est un processus irréversible
qui conduit à la dégradation des massifs forestiers. Le taux de
croissance de la population accentue cette pratique néfaste pour
l'environnement.
Globalement, les différents changements intervenus dans
les unités montrent une tendance à la dégradation du
milieu. Certaines ont même atteint la situation
d'irréversibilité telle que les brousses tigrées et les
broussailles transformées en sols nus, les zones de cultures
transformées en lit du kori ou en espace urbanisé.
Figure 13: Carte des changements intervenus dans
l'occupation des sols dans la ville de Niamey et sa périphérie
entre 1989 et 1999
3.1.5.
Comment les paysages ont-ils évolués entre 1999 et 2009?
Tableau 6: Superficie des unités d'occupation
des sols des années 1999 et 2009
Unités d'occupation des sols
|
Superficies (ha)
|
Proportion par rapport à la superficie totale
(%)
|
1999
|
2009
|
1999
|
2009
|
Broussailles
|
6716,6
|
5942,3
|
6,3
|
5,5
|
Brousse tigrée régulière
|
14775,4
|
14009,6
|
13,8
|
13,1
|
Brousse tigrée dégradée
|
8348,7
|
7829,0
|
7,8
|
7,3
|
Brousse tigrée très dégradée
|
5145,9
|
1452,5
|
4,8
|
1,4
|
Ceinture verte
|
1550,1
|
628,9
|
1,4
|
0,6
|
Cultures irriguées
|
4071,7
|
4126,2
|
3,8
|
3,8
|
Cordon ripicole
|
2069,7
|
1362,1
|
1,9
|
1,3
|
Cultures pluviales
|
42190,2
|
44868,2
|
39,3
|
41,8
|
Fleuve
|
2698,6
|
2066,9
|
2,5
|
1,9
|
Jachère
|
1100,2
|
-
|
1,0
|
-
|
Kori
|
154,0
|
1019,9
|
0,1
|
1,0
|
Lit sableux des Koris
|
1116,7
|
1152,1
|
1,0
|
1,1
|
Mares
|
717,4
|
398,6
|
0,7
|
0,4
|
Mosaïque cultures-jachères
|
428,1
|
-
|
0,4
|
-
|
Ville de Niamey
|
9296,6
|
14405,5
|
8,7
|
13,4
|
Terrains rocheux
|
6833,5
|
7804,8
|
6,4
|
7,3
|
Villages
|
111,1
|
257,9
|
0,1
|
0,2
|
Total
|
107324,5
|
107324,5
|
100
|
100
|
Sur
cette période aussi toutes les unités ont connu de
transformations. Celles qui sont représentées sont les plus
expressifs et qui peuvent être lisibles sur la figure 14.
De
l'observation du tableau 6, il apparaît clairement l'absence de deux
unités qui existaient en 1999. Il s'agit de la jachère et de la
mosaïque cultures-jachères. C'est l'un des faits le plus marquant
et le plus frappant de cette évolution. Elles ont toutes
été transformées en zones des cultures pluviales (fig.
14). Ces dernières passent de 42190,2ha en 1999 à 44868,2ha en
2009 soit une augmentation de2678ha équivalant à 6,3%. Mais cette
augmentation ne vient pas seulement de ces deux unités comme le montre
la figure 14. Leur apport se chiffre à 1528,3ha. D'autres unités
se sont aussi transformées en cultures pluviales. Il s'agit des lits des
koris, des sols nus sableux et de la ceinture verte (fig. 14). La cause de la
disparition de la jachère est sans doute liée à
l'accroissement urbain. Les zones de cultures se voient de ce fait repousser
plus loin autour de la ville sur les espaces où jadis existait la
jachère. La pression de la ville fait que certaines surfaces des sols
nus sont mises en culture.
L'autre fait marquant et le plus important dans cette
étude est l'extension de la ville. A la lecture du tableau 6, on
s'aperçoit que sa superficie a presque doublé entre 1999 et 2009.
Elle est passée de 9296,6ha à 14 405,5ha soit une
augmentation de 5108,9ha équivalant à 55,0%. La ville a presque
détruit la ceinture verte (fig. 14) et les zones d'habitation
s'étendent au-delà de cette unité. Mais sa vraie source
d'alimentation reste les zones de cultures sans doute profitant du lien de
contiguïté qui les uni. Ce sont 22055,3ha de zones de cultures qui
sont transformés en espace urbanisé. Les mêmes raisons
évoquées plus haut mais avec plus d'amplitude expliquent cette
croissance incontrôlée de Niamey. Il s'agit pour rappel de
l'accroissement rapide de la population et du flux de l'exode rural. Ces deux
phénomènes alimentent la croissance démographique de la
ville déjà très élevée. Pourtant des mesures
continuent d'être prises pour contenir et maîtriser la croissance
urbaine. C'est le cas le 13 septembre 2010 où le gouvernement adopte en
conseil des ministres un projet d'ordonnance portant érection des
communautés urbaines de Niamey, Maradi, Tahoua et Zinder en communes
à statut particulier ou villes et les communes les composant en
arrondissements communaux dépourvus de toute personnalité
juridique. Il modifie et complète la loi organique 2008-42 du 31 juillet
2008, relative à l'organisation et l'administration du territoire de la
République du Niger. Il s'agit de remédier aux nombreuses
difficultés de gestion et de fonctionnement mises en évidence par
les cinq (5) années d'expérimentation de la formule de
communauté urbaine au niveau des principales agglomérations
urbaines du pays.
L'extension de la ville est aussi observable sur les brousses
tigrées très dégradées notamment celles qui sont
situées sur le plateau de l'Aéroport.
La construction du second pont sur le fleuve Niger (fig. 14)
amplifiera sans nul doute cette urbanisation galopante surtout sur la rive
droite. L'on assistera à l'envahissement total des certaines
unités comme c'est le cas des jachères en 2009.
Les brousses tigrées continuent elles aussi de se
transformer. Hormis sur les brousses tigrées très
dégradées, cette fois-ci les sols nus sont apparu même sur
les brousses tigrées régulières. C'est l'exploitation du
bois-énergie dont elles constituent les réserves qui perturbe
l'équilibre de ces forêts. Les citadins ont besoin de cette
ressource pour différentes tâches domestiques ; le bois
étant utilisé pour la construction et pour la cuisson. La coupe
du bois est un processus irréversible au niveau des bandes
boisées. Les superficies sont passées de 14775,4ha en 1999
à 14009,6ha en 2009 pour les brousses tigrées
régulières, de 8348,7ha à 7829,0ha pour les brousses
tigrées dégradées et de 5145,9ha à 1452,5 pour les
brousses tigrées très dégradées. Ces
dernières sont les plus touchées car elles sont situées
plus proche de la ville. Dans le même temps, les broussailles ont
passé de 6716,6ha à 5942,3ha. Leur transformation s'est
effectuée essentiellement en sols nus.
Les cultures pluviales ne se sont pas seulement
transformées en espace urbanisé. Les villages en ont
occupé eux aussi une bonne partie et leur superficie a doublé
entre 1999 et 2009 passant de 111,1ha à 257,9ha.
Le long des lits des koris on rencontre les mares, les
dépôts sableux et les cordons ripicoles. Les mares ont vu leur
superficie en baisse puisque passant de 717,4ha en 1999 à 398,6ha en
2009. Cela peut être dû au fait que l'image a sans doute
été prise en plein saison sèche. Les dépôts
sableux eux n'ont pas connu une grande variation en termes de superficie
occupée car elle est restée à peu près constante.
Elle est de 1116,7ha en 1999 à 1152,1ha en 2009. Les cordons ripicoles
ont passés dans le même temps de 2069,7ha à 1362,1ha.
Le fleuve bien qu'il a connu d'inondation par endroit, sa
superficie est passée de 2698,6ha en 1999 à 2066,9ha en 2009. Ce
sont les cultures irriguées qui ont connu une légère
hausse. De 4071,7ha, elles sont devenues 4126,2ha. La population s'adonne de
plus en plus à ces cultures par la pratique du jardinage et de la
riziculture afin de subvenir à ses besoins.
En définitive, les différents changements
observés dans l'évolution des unités d'occupation des sols
montrent une tendance à la dégradation des ressources. Notons
aussi que c'est l'accroissement de la ville qui commande toute la dynamique du
changement. La disparition de la couverture végétale met le sol
à nu en entrainant son encroûtement et conséquemment
accroît le ruissellement.
Figure 14: Carte des changements intervenus dans
l'occupation des sols dans la ville de Niamey et sa périphérie
entre 1999 et 2009
3.2.
Discussions
Le développement et l'utilisation de l'informatique
ouvrent une nouvelle voie à la cartographie. On peut aujourd'hui, au
moyen des machines (ordinateurs) et des logiciels adéquats cartographier
un espace aussi vaste que possible sans même parfois effectuer des
visites des terrains. On peut également suivre l'évolution de tel
ou tel phénomène. MOURIMA (2006) a montré même que
les SIG et la télédétection sont pertinents dans la
prévention des conflits causés par la gestion des ressources
naturelles car ils permettent d'analyser, de prévoir et de planifier.
C'est ainsi que toutes les cartes produites dans notre
étude ont résulté de la spatialisation des
phénomènes et des facteurs (processus et formes
d'érosion). Cette approche SIG et télédétection de
part toutes les opportunités qu'elle offre nous a permis d'avoir la
localisation exacte des objets géographiques ainsi que les
problèmes (érosion, dégradation) auxquels ils font face et
ce, à travers leur spatialisation. Elle a aussi permis la mise en
évidence de la dynamique de changements au niveau de la zone au cours de
la période allant de 1989 à 1999 et de 1999 à 2009.
Il ressort de cette étude que c'est l'extension
démesurée de la ville de Niamey qui contrôle
l'évolution du paysage dans les alentours. Le moteur de cette extension
reste essentiellement la croissance démographique. Ceci a pour
conséquences la dégradation des ressources naturelles et
l'accentuation du phénomène d'érosion des sols notamment
hydrique. Comme l'avait d'ailleurs souligné AMINATA (2006) qui atteste
que l'urbanisation galopante de la région de Dakar a modifié la
quasi-totalité des espaces naturels : mares,
végétation naturelle. Toujours à propos de l'extension de
la ville MOUSSA (2006) a montré que l'action anthropique est responsable
de la dégradation du milieu.
Notre étude montre que c'est surtout la
dégradation du couvert végétal qui expose les sols
déjà fragiles à l'agressivité du climat. Ce
rôle de la végétation dans la couverture et la protection
du sol a été mis en évidence par FARAN (2005).
L'étude a aussi révélé que la
pression démographique est l'une des causes de la dégradation.
Comme l'avait signalé OUSSEINI (1994) que la concentration humaine est
fonction de la disponibilité des ressources naturelles et que la
dynamique démographique est une vraie menace pour elles.
Bien qu'ils soient aussi acteurs de dégradation, les
facteurs climatiques n'ont pas été développés dans
cette étude, c'est l'extension de la ville qui a été
essentiellement prise en compte. Notons qu'ils ont accentué
l' « action de la ville » dans le changement dans
l'occupation des sols, la dégradation et l'action de l'érosion
surtout dans le contexte actuel de changement climatique.
Conclusion
générale
L'extension démesurée de la ville de Niamey a
induit une modification de presque l'ensemble des espaces naturels. De telles
mutations sont propres aux villes en pleine expansion. Les facteurs qui sont
à la base de cette urbanisation sont de plusieurs ordres mais le plus
important reste l'accroissement de la population. Cet accroissement crée
de nouveaux besoins notamment en terre pour la production d'abord mais aussi
et surtout pour l'habitation. Ces activités consommatrices de l'espace
amènent l'homme à abattre les arbres et arbustes. Le couvert
végétal se dégrade, le bois étant aussi
utilisé comme source d'énergie domestique par les citadins. Le
sol se retrouve de ce fait sans protection et est exposé à
l'érosion hydrique et même éolienne. La mise en culture et
les contraintes climatiques exacerbent le phénomène de
dégradation. Cela justifie notre première hypothèse selon
laquelle la forte croissance de Niamey pousse la population à occuper
les zones périurbaines et ceci est à la base de la
dégradation du milieu.
L'étude est basée essentiellement sur
l'exploitation de deux images Landsat de 1989 et de 1999 et d'une image Google
Earth de 2009 grâce aux logiciels des SIG (Arcview). Cette approche a
permis la réalisation des cartes d'occupation des sols et des cartes des
unités géodynamiques. L'étude montre que la
télédétection et les SIG sont très utiles pour
cartographier et quantifier les objets géographiques. La comparaison des
résultats de ces trois dates pris deux à deux a permis de mettre
en évidence la dynamique de changement. Ce qui rejoint notre
deuxième hypothèse qui dit que les différentes
unités d'occupation des sols et de l'érosion peuvent être
cartographiées et quantifiées à partir des outils de SIG
et télédétection. Cependant, les résolutions des
images surtout quand elles sont grandes, ne permettent pas souvent de
discriminer des objets de petites dimensions.
Toutefois, les cartes élaborées peuvent servir
d'outils très utiles pour les décideurs et tous les acteurs de
l'aménagement pour la gestion des ressources naturelles.
L'intérêt de ce travail est d'avoir conduit une
étude diachronique qui montre grâce à la cartographie, la
dynamique de l'occupation des sols de Niamey et ses environs sur une
période allant de 1989 à 2009 soit 20ans. Nous avons mis en
exergue les mutations de l'espace sous l'effet de la poussée
urbaine et identifié les problèmes environnementaux
(ravinement, dégradation des ressources) qui découlent de la
conversion de certaines parties proche du centre urbain en lieux
d'habitation.
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