UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
DE DAKAR
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
MEMOIRE DE MAITRISE
THEME :
INTERNET A TOUBA : APPROCHE GEOGRAPHIQUE DES USAGES DU
RESEAU DANS DES CYBERCAFES DE LA VILLE
Présenté par :
Sous la direction de :
Paul Marie Benoît
M. Papa SAKHO
Mamadou DIOUF
Maître - Assistant
Année académique : 2008 - 2009
REMERCIEMENTS
Tous nos sincères remerciements :
A mon Directeur de recherche Mr. Papa SAKHO ainsi
qu'au Docteur Ibrahima Sylla. Sans leurs conseils et leurs suggestions mais
surtout leur disponibilité et leur patience, ce travail ne verrait
jamais le jour.
A mes parents. Aucun mot ne saurait exprimer tout
l'amour que je ressens pour eux. Que ce travail les honore !
A mes frères et soeurs. Je suis conscient de
leur soutien et leur souhaite la réussite dans toutes leurs
entreprises.
A mes tantes, oncles, cousins (spécialement
Idy qui m'a beaucoup aidé dans la confection des cartes) et
cousines.
A la famille Mbaye depuis Cambérène,
pour m'avoir accueilli et considéré comme un des leurs.
A la famille Diop depuis Touba
pour leur hospitalité.
A tous mes camarades de promotion (David, Bineta,
Milane, Khaiba, Médoune, Aziz...) pour votre soutient moral.
A mes tous mes amis (Cheikh, Jules, Omar, Junior,
Laye, Niang, Ndame, El Hadj, Abdou, Makhfouss, Mara, Awa Cissokho,
kébé, Abou Dème...) pour leur aide lors des
enquêtes.
A tous ceux qui me sont chers et que j'ai peut-être
omis de citer.
LISTE DES SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
AOF : Afrique Occidentale
Française
ADSL : Asymetric Digital Subscriber Line
(Ligne d'abonné numérique asymétrique)
ANSD : Agence Nationale de la
Statistique et de la Démographie
ARTP : Agence de Régulation des
Télécommunication et des Postes
CAUS : Cabinet d'Architecture et
d'Urbanisme du Sénégal
CR : Communauté Rurale
CRODT : Centre de Recherche
Océanographique de Dakar - Thiès
Enda : Environnement et
développement en Afrique
FAI : Fournisseur d'Accès
à Internet
FLSH : Faculté des Lettres et
Sciences Humaines
FST : Facultés des Sciences et
Techniques
GERAD : Groupe d'Etude, de Recherche et
d'Aide à la Décision
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
TIC : Nouvelles Technologies de
l'Information et de la Communication
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
ORSTOM : Institut français de
Recherche pour le développement en coopération
(actuellement Institut de Recherche pour le
Développement - IRD.)
OSIRIS : Observatoire sur les
Systèmes d'Informations, les Réseaux et les Inforoutes au
Sénégal
PDU : Plan Directeur d'Urbanisme
PLD : Plan Local de
Développement
PNUD : Programme de Nations Unies pour
le Développement
RIO : Réseau Inter tropical
d'Ordinateurs
RGPH : Recensement Général
de la Population et de l'Habitat
SMSI : Sommet Mondiale sur la
Société de l'Information
SONATEL : Société
Nationale des Télécommunications
UCAD : Université Cheikh Anta
Diop
WWW: World Wide Web
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
1
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
3
SOMMAIRE
5
INTRODUCTION GENERALE
7
Problématique
9
I - Contexte de l'étude
9
II - Justification du choix du sujet et du cadre
d'étude
11
III - Position du problème de recherche
13
Méthodologie
22
I - La recherche documentaire
22
II - Le travail de terrain
24
III - Le traitement et l'analyse des
données
28
PREMIERE PARTIE : TOUBA, UNE VILLE RELIGIEUSE
EN MUTATION
30
Introduction
30
Chapitre I : Situation géographique et
fonctions de la ville de Touba
31
I- Situation géographique
31
II - Les fonctions de la ville
33
Chapitre II : Données
démographiques et principaux secteurs d'activités de la ville
38
I- Données démographiques de la
ville
38
II- Les principaux secteurs d'activités
42
DEUXIEME PARTIE : LES CYBERCAFES, DES ESPACES
ACCESSIBLES ET PEU FREQUENTES
44
Introduction
44
CHAPITRE I : APPROCHE DESCRIPTIVE DES
CYBERCAFES
45
I- Localisation spatiale des cybercafés
45
II- Caractéristiques et activités
des cybercafés
46
III- Profil des gérants des
cybercafés
52
CHAPITRE II : LES MODALITES D'APPROPRIATION
DES CYBERCAFES PAR LES POPULATIONS
54
I- Les motivations de fréquentations des
cybercafés par les populations
55
II- Jours et moments de fréquentation des
cybercafés par les populations
56
III- Durée de la connexion et
fréquence de visite des cybercafés
57
IV- Difficultés liées à
l'accès et à l'utilisation d'Internet dans cybercafés
58
V - Appréciation du niveau
d'utilisation d'Internet dans les cybercafés
61
TROISIEME PARTIE : LES USAGERS ET LES USAGES
D'INTERNET
64
Introduction
64
Chapitre I : Les usagers
65
I- Caractéristiques
sociodémographiques des usagers
65
II- Les modalités d'utilisation
d'Internet par les internautes
72
Chapitre II : Les usages
75
I- Les principaux usages d'Internet
75
II- Internet, le fait religieux et les mutations
urbaines
89
CHAPITRE III : PERCEPTION D'INTERNET PAR SES
USAGERS
98
I- Les avantages d'Internet selon les usagers
98
II- Les inconvénients d'Internet selon les
usagers
99
CONCLUSION GENERALE
102
BIBLIOGRAPHIE
107
LISTE DES TABLEAUX
114
LISTE DES FIGURES ET CARTES
115
LES ANNEXES
116
TABLE DES MATIÈRES
122
INTRODUCTION GENERALE
Le dernier quart du XXe siècle fut marquée par
une série d'innovations scientifiques majeures dans le domaine surtout
de l'électronique. C'est au lendemain de la seconde guerre mondiale,
plus précisément dans les années 1950, que furent
notées les premières percées scientifiques avec notamment
la mise au point des puces, c'est-à-dire « des
circuits intégrés comportant plusieurs milliers de
transistors »1(*), marquant ainsi les débuts de la
microélectronique. De ces innovations scientifiques sont nées de
Nouvelles Technologies d'Information et de Communication, TIC qui se
présentent comme un ensemble varié de produits, de services et
d'applications qui sont utilisé pour produire, stocker, traiter,
distribuer et échanger l'information à l'échelle
planétaire
Au Sénégal, l'introduction d'Internet s'est
faite en 1996, suite à la libéralisation du secteur nationale des
télécommunications. L'évolution du nombre d'usagers de
cette technologie de son introduction au pays à aujourd'hui traduit
bien le réel engouement dont il fait l'objet dans ce pays. De nombreux
travaux de recherche universitaires ont été menés en vue
de mieux comprendre quels sont les enjeux qui découlent de
l'appropriation des TIC, Internet en particulier par les populations
sénégalaises. En 2001, Thomas Guignard se consacrait ainsi aux
usages qui sont faits de ce réseau par des internautes
sénégalais dans les cybercafés. Son étude a
révélé une extraversion de ces internautes, perceptibles
à travers les principaux usages qu'ils font du « réseau
des réseaux » et aussi la production de contenu. En effet,
cette étude démontre que la plupart de ces
sénégalais ne communiquent qu'avec d'autres internautes
établis à l'étranger, surtout dans les pays occidentaux.
En outre les principaux types d'informations qu'ils recherchaient dans ce
réseau ne portaient que sur des faits se déroulant dans ces pays.
Mais cette extraversion constatée par T. Guignard est, dans une certaine
mesure, liée à la faiblesse des contenus sénégalais
sur la « toile ». En 2005, l'étude du degré
d'ouverture de l'espace web sénégalais à travers l'analyse
des liens hypertextes menée par El hadj Malick Gueye démontrait
que les sites web sénégalais sont pour l'essentiel
interconnecté non pas avec des sites africains ou
sénégalais, mais avec d'autres localisés en Europe et en
Amérique du Nord. D'autres chercheurs se sont penchés sur les
effets de ces TIC, Internet en particulier, dans le développent
économique et sociale du pays. En 2005, Ibrahima Sylla tentait
d'expliquer l'apport de ces technologies dans la mobilité en zone
urbaine dakaroise. Dans la même lancée, les travaux
réalisés par Aminata Fall illustrent le rôle d'Internet
dans la gestion des compétences transférées à la
région de Louga, dans le cadre de la décentralisation
administrative. D'une manière générale, l'ensemble de ces
études a permis de constater que les effets produits par les TIC ne sont
pas toujours conformes à ceux que l'on espérait d'elles. En effet
même si elles participent à l'amélioration des conditions
de vies des sénégalais, il demeure néanmoins que leur
introduction dans ce pays soulève un certain nombre de
disparités.
Ce présent mémoire s'inscrit dans la même
lancée que ces études précitées. Son objectif
général est d'appréhender les effets réels de la
présence d'Internet dans l'espace de la ville de Touba, fortement
encrée dans des traditions socio-culturelles. Dans cette perspective,
nous avons subdivisé ce mémoire en trois grandes parties,
précédées par une présentation des grands axes de
la problématique de recherche et de la méthodologie
employée. Dans la première partie, nous procédons à
une présentation de notre cadre d'étude, la ville de Touba. La
seconde partie étudie les cybercafés visités alors que la
troisième traite des caractéristiques des usagers et des usages.
Problématique
I - Contexte de l'étude
Les premières aventures des réseaux de
télécommunications électroniques au Sénégal
remontent à la fin des années 1980. En 1989 l'Institut
français de recherche scientifique pour le développement en
coopération (ORSTOM) devenue aujourd'hui l'IRD, avait installé
à Dakar un noeud de son Réseau Intertropical d'Ordinateur (RIO).
Selon ses créateurs, le RIO est « un programme conçu
pour développer la communication de la communauté scientifique
des pays en développement avec celle du Nord et non un simple outil de
communication interne »2(*). En 1992, l'ONG internationale Enda tiers monde
installa aussi un réseau Greenet/Fidonet à son siège de
Dakar. Les services fournis par ces réseaux étaient
principalement la messagerie électronique et le transfert de fichiers.
Toutefois, mêmes si ces deux actions peuvent être perçue
comme les premiers pas d'Internet au Sénégal, elles n'ont permis
qu'à un public restreint d'avoir accès à cette
technologie. Ce n'est qu'en 1996 avec la libéralisation du secteur
national des télécommunications qu'Internet fut accessible
à un public plus élargi. En effet, c'est au moi de mars de cette
même année que la SONATEL (opérateur historique de
télécommunication du pays) signa un accord avec MCI, une
société américaine de télécommunication, qui
permit ainsi au pays de se connecter à Internet via une liaison de 64
Kbps. Sa filiale d'alors Telecom Plus commença à commercialiser
l'accès au réseau dès le moi d'avril de la même
année. Suite à cette libéralisation et à la
commercialisation de l'accès à Internet, de nombreux acteurs du
secteur privé ont mis sur pied des cybercafés qui sont des lieux
où les populations peuvent utiliser « le réseau des
réseaux » moyennant une somme d'argent bien
déterminé. En raison des coûts relativement
élevés des frais d'accès individuel à Internet, ces
cybercafés constituent les principaux lieux d'utilisation d'Internet
dans bon nombre de pays sous développés comme le
Sénégal. Ces cybercafés participent donc largement
à la réduction de la fracture numérique en ce sens qu'ils
permettent aux populations les moins aisées d'être des acteurs de
« société de l'information ». En outre ils
ont largement participé au développement remarquable d'Internet
au Sénégal, perceptible à travers la progression du nombre
d'internautes sénégalais.
D'après les estimations de 1997, 3 000 à 4 000
utilisateurs d'Internet étaient recensés au Sénégal
et 15 000 internautes en 1999. Ces chiffres sont passés à 11 000
abonnés en 2001 et, selon une étude réalisée par
Afrique Initiatives, en Janvier 2001, entre 70 000 et 80 000
sénégalais se connectent régulièrement à
Internet via les 150 points d'accès publics (cybercafés,
télécntres, ...) existants dans le pays3(*). Le nombre d'utilisateurs a
accru de 150% entre 2000 et 20014(*). En 2008, le nombre d'utilisateurs était de 820
000 personnes. En 2009, le nombre d'abonnés à Internet
s'élevait à 54 182 dont 52 914 à l'ADSL et 1286 au RTC, le
nombre de point d'accès c'est-à-dire les cybercafés
était de 800, le nombre de sites effectivement en ligne s'estimait
à 21415(*). Ces
chiffres traduisent l'intérêt particulier accordé à
cette NITC dans ce pays. Les autorités étatiques ne
ménagent en effet aucun effort pour faciliter aux populations
l'accès et l'usage à Internet. Cela se traduit par la mise sur
pied d'un cadre juridique et réglementaire propice à l'expansion
des TIC, Internet en particulier, au Sénégal. La SONATEL a elle
aussi dotée le pays d'une infrastructure de
télécommunication performante qui a permis d'augmenter
sensiblement la bande passante internationale, c'est-à-dire «
la quantité maximale (ou le débit) de transmission des
donnés d'un pays vers le reste du monde ». De 64 Kbps
dès sa connexion en 1996, le Sénégal disposait en
décembre 2000 d'une bande passante à l'international de 42Mbps.
« Cela représente le plus gros débit à
l'international d'Afrique de l'Ouest. A titre de comparaison, l'ensemble des
bandes passantes des 15 autres pays de la CEDEAO (Communauté Economique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest) représente seulement un quart de ce
débit »6(*). En 2003 grâce au raccordement du pays au
câble sous marin ATLANTIS 2, SAT 3-WASC-SAFE, la bande passante
était de 512 Mbps. Ce câble « est le seul au monde
à relier Nord, Sud, Est et ouest »7(*). Il permet donc
d'accroître de manière conséquente la connectivité
internationale des pays africains et de jeter ainsi un grand pas vers la
réduction de la fracture numérique. En outre, ce câble sous
marin à permis à la SONATEL d'introduire au Sénégal
l'Internet le haut débit à travers l'ADSL, technologie permettant
d'avoir accès à Internet à partir d'une ligne de
téléphone fixe. Avec l'ADSL, certains services d'Internet tels
que la vidéo en ligne, les catalogues virtuels en 3D, la
télévision, la visioconférence via Internet, le
télétravail, etc. jusque-là peu accessibles aux
sénégalais, seront désormais à leur portée.
L'ensemble des efforts déployés par l'opérateur historique
de télécommunication et la détermination des
autorités étatiques envers les TIC font qu'aujourd'hui le
Sénégal est cité en exemple en matière de connexion
à Internet. En effet cette technologie y est de plus en plus
utilisée par les acteurs politiques, sociaux, culturels,
économiques, etc.
II - Justification du choix du
sujet et du cadre d'étude
L'espace géographique peut être définie
comme «un champ élaboré par le géographe pour
formaliser scientifiquement les caractéristiques de l'espace
terrestre »8(*). Cet espace terrestre se présente comme
une production sociale car il résulte toujours de l'action des
sociétés humaines. De ce fait, il est donc une production
globale et complexe en ce sens que toutes les dimensions de l'homme sont
impliqués dans la construction d'un espace terrestre :
l'économique, le social, mais aussi le culturel, le politique et
l'idéologique. Suivant l'échelle retenue et le type de
sociétés, telle ou telle dimension prend de l'importance.
Ainsi conçu, l'espace géographique concerne tout
un ensemble de phénomènes se déroulant au sein l'espace
terrestre qu'il englobe et leurs éventuelles modifications ou
évolutions, pourvues que celles-ci participent au changement du
territoire. L'espace géographique est donc susceptible d'évoluer,
de se transformer en ce sens que les groupes humains qui le composent de
même que le cadre physique qui en est le soubassement, le support sont
eux aussi susceptibles d'évoluer et de se transformer. Selon Jacqueline
Beaujeu Garnier, « l'espace géographique est fortement
marquée de relativité et, étant composée de
données changeantes, il est essentiellement variable et
mouvant »9(*). Pour Annie Chéneau Loquay,
« un espace géographique n'est pas en soi une
donnée, un simple support pour les activités humaines, comme pour
les autres sciences ; il est sans cesse utilisé,
créé, construit, modifié, transformé par elles
selon des modalités très
différenciées »10(*).
Depuis quelques décennies, cet espace terrestre vie des
mutations dues essentiellement à l'appropriation par les groupes humains
qui l'occupe de nouveaux outils de télécommunication. Parmi
celles-ci, figure Internet, qui se caractérise par son aptitude à
relier simultanément des milliers d'individus géographiquement
éloignés au sein d'un espace virtuel où ils peuvent
communiquer et s'échanger des informations de natures diverses. Et cet
espace virtuel de communication couvert par l'interconnexion mondiale des
ordinateurs est souvent appelé cyberespace. De par ces
caractéristiques donc, cette TIC modifie les rapports et les relations
entre groupes humains mais aussi entre ceux-ci et leur cadre de vie, l'espace
terrestre. Largement utilisées et modifiant ainsi les structures de
fonctionnement des territoires, ces nouvelles technologies et l'espace virtuel
de communication qu'elles créent ne peuvent laisser indifférent
la géographie, science dont l'objet d'étude est cet espace
terrestre où elles sont déployés et utilisés. Et
ce d'autant plus que la fin des distances, la suppression de la notion de
frontières, l'annihilation de l'espace sont autant d'effets que l'on
attribue à ces TIC (Internet en particulier) et au cyberespace.
C'est du moins pour prendre en compte les dimensions spatiales
des TIC que de nouvelles disciplines comme «la géographie de la
société de l'information » ou la
« cybergéographie » ont commencé à
émerger. La première est essentiellement promue par des
géographes français pour d'une part renouveler la
géographie et d'autre part faire émerger cette question dans le
champ disciplinaire. Elle se fixe comme objectif non pas de décrire les
modalités de fonctionnement du cyberespace mais, plutôt,
« de voir en quoi cet espace cybernétisé se
confronte aux autres catégories d'espace (vécus, perçus ou
représentés) et qui ne sont pas réductibles à
l'espace dévoré par les machines parce qu'ils s'inscrivent dans
des temps et des distances sociales »11(*). En outre, cette géographie s'interroge
sur « les façons dont les Tics s'intègrent dans les
rapports socio territoriaux, dans les formes de territorialité des
organisations politiques et économiques »12(*). Quand à la
seconde, elle constitue en fait un nouvel inter discipline (à
l'intersection de l'informatique, la sociologie, les sciences de l'information,
la cartographie, l'urbanisme...) qui regroupe divers efforts pour
étudier et représenter Internet et ses espaces sociaux et
informationnels. Le géographe Martin Dodge, un des pionniers de cette
discipline et fondateur de Cyber-Geography Research et du site
cybergeography.org depuis 1997 avec ses Atlas du Cyberspaces, la définit
comme « l'étude de la nature spatiale des réseaux
informatiques de communication, particulièrement d'Internet, la toile
mondiale (World Wide Web) et autres "places" électroniques existant
au-delà des écrans d'ordinateur, rendus populaire grâce
à la notion de Cyberespace. La CyberGéographie englobe un large
ensemble de phénomènes géographiques, depuis l'analyse des
infrastructures physiques, les flux de trafics, les démographies des
nouvelles communautés du Cyberespace, jusqu'à la perception et la
visualisation des nouveaux espaces digitaux. De plus, les impacts
géographiques potentiels des technologies du Cyberespace sur le monde
réel doivent être examinés ».13(*)
Le choix porté sur ce sujet et par delà sur ce
thème s'explique donc par des motivations d'ordre disciplinaire. En tant
qu' « apprenti géographe » et à partir
des informations dont nous disposons nous avons estimé que ces TIC,
Internet en particulier, peuvent faire l'objet d'une étude
géographique en général et de géographie urbaine en
particulier. Internet est souvent considéré à raison
comme un phénomène urbain. S'il en est ainsi, c'est parce que
les villes se présentent comme étant les meilleurs terrains
d'expérimentation de nouvelles technologies en ce sens qu'elles
présentent les cadres les plus appropriés pour cela
(infrastructure, population alphabétisée, niveau de vie...).
Touba est devenue avec ses 1 060 462 millions
d'habitants la seconde agglomération urbaine du pays. Le choix de cette
ville est motivé par la volonté de diversifier les cadres
d'observation de la problématique de l'appropriation d'Internet au
Sénégal. En effet la plupart des études portantes sur ce
thème ne concernent que la région de Dakar, la capitale
nationale. Les localités de l'intérieur du pays sont peu ou pas
du tout intégrées dans ces travaux. Et pour mieux saisir la
problématique de l'appropriation des TIC à l'échelle
nationale, des études portant sur des zones de l'intérieur comme
Touba ne peuvent être qu'avantageuses. En plus de cette volonté de
diversifier les cadres d'analyse de la problématique de
l'appropriation, le choix de cette localité se justifie
également par d'autres facteurs non moins importants. Du fait de ses
caractéristiques sociodémographiques et des mutations qui y
sont en cours, la ville de Touba constitue un cadre idéal pour mieux
saisir les mécanismes d'utilisation d'une technologie dont
l'écrit est le principal support par des populations analphabètes
et le rôle potentiel de celle-ci dans l'évolution d'un territoire
quelconque.
III - Position du
problème de recherche
L'appropriation des TIC se perçoit dans une certaine
mesure à travers les usages qu'en font les populations qui l'utilisent.
Elle est donc « une démarche d'intégration d'une
grande complexité par laquelle ces populations parviennent à
faire leurs ces nouveaux outils et à les adapter à leur
besoin »14(*). Dès lors il semble que l'appropriation
d'une TIC de même que les usages qu'on peut en faire sont en rapports
avec les caractéristiques du territoire dans lequel elle est introduite
et utilisée en ce sens que c'est de celles-ci que découlent les
besoins des populations. Toutefois l'usage suppose au préalable
l'accès et cet accès est corrélé à certains
facteurs comme le niveau d'instruction et de maîtrise des outils
technologiques, les moyens financiers ou encore la distance au lieu
d'accès. En effet, les ordinateurs ont un coût relativement
élevé et ce même s'ils sont d'occasion. De même, les
accessoires nécessaires à la ce propos, Annie Chéneau
Loquay écrit qu' « en Afrique, l'appropriation
des NTIC se fait à l'inverse du modèle dominant occidental ; le
mode d'accès aux outils de communication est essentiellement collectif
étant donné le faible niveau de vie moyen des populations
comparé au coût du matériel et de la communication
elle-même »15(*). Ce « modèle
européen » est basé sur l'accès individuel,
c'est-à-dire la possibilité qu'a l'individu d'accéder
à cet outil à son domicile. Par contre en Afrique, le mode
d'accès aux outils de communications est essentiellement collectif.
L'exemple des cybercafés et des télécentres en est une
parfaite illustration. Ainsi donc, les cybercafés et autres lieux
d'accès collectifs sont les principaux lieux d'accès à
Internet car « d'un point de vue strictement individuel,
l'accès à Internet est très coûteux et seule une
minorité de personnes ont les moyens de disposer d'un ordinateur
individuel connecté à Internet »16(*).
D'autre part, « sans la maîtrise des
savoirs de bases que sont la lecture, l'écriture et le calcul, il est
illusoire de penser que les africains comme les autres hommes pourraient
être de véritables acteurs de la société de
l'information »17(*), c'est-à-dire des usagers des TIC,
Internet en particulier. En effet, les langues vernaculaires du pays, bien que
certaines d'entre elles aient été codifiées, ne sont
malheureusement pas beaucoup présentes dans les sites web. Ceci est
dû en partie à la faiblesse de la production de contenus
sénégalais. En 2009 sur les 73 600 000 sites web actifs
dénombrés dans le monde18(*), le Sénégal n'en comptait que 2141. Et
dans beaucoup de ces sites web sénégalais, les langues locales du
pays sont très rarement présentes. Même le wolof qui est
pourtant la principale langue de communication du pays est peu ou pas du tout
utilisé dans ces sites. La plus part des sites web consulté dans
ce pays sont donc conçus ailleurs et dans d'autres langues. De
même les ordinateurs et les accessoires qui les accompagnent sont eux
aussi conçus, le plus souvent, soit en anglais soit en français.
Ainsi donc, Internet se présente comme une technologie dont l'usage
requiert à priori un minimum de connaissance comme savoir lire et
écrire surtout les langues exotiques. Dès lors on peut se
demander quels seront les effets de la présence de cet outil dans une
ville comme Touba où le taux d'alphabétisation, en
français, atteint une proportion assez faible.
En 2005, 55% de la population de cette ville était
analphabète19(*).
Toutefois, cette ville dispose également d'une cohorte assez
significative d'individus ayant fréquenté ou fréquentant
l'école française ou le franco arabe (établissement
scolaire où on allie l'enseignement du français à celui de
l'arabe). En 2005 la part de ces deux types d'enseignement s'élevait
respectivement à 7,18% et 3%20(*). Du coup les usagers d'Internet pourraient être
cette frange de la population « toubienne » instruite,
parce que disposant des ressources permettant de lire, écrire et
comprendre le contenu des pages web et des ordinateurs. Dans ce cas, il y
aurait une catégorisation de la société qui opposerait,
d'un coté, ces personnes qui ont accès à Internet et qui
donc disposent d'une ouverture sur l'extérieur et, de l'autre, ces
analphabètes qui ne peuvent utiliser Internet parce que non instruits.
Alors Internet serait-elle une technologie qui exclut d'entrée de jeu
les illettrés (en ce sens qu'il utilise l'écrit comme
support) ? Serait-elle une technologie qui oppose une élite
connectée au réseau mondiale et une catégorie de la
population non connectée et qui, du coup, reste exclue de la
« société de l'information » ? Autrement
dit ne pourrait-il pas crée au sein d'une même
société deux groupes évoluant dans des mondes
divers ? Mais cette difficulté liée à la langue est
elle insurmontable ? Les personnes non alphabétisés ne sont
elles pas capables de développer des mécanismes leur permettant
d'utiliser cette TIC malgré leur statut ? Est-il réellement
évident que seuls les alphabétisés, les instruits peuvent
utiliser Internet, si on sait qu'il y a de plus en plus d'applications
multimédias disponibles dans les sites web ? L'avantage de ce genre
d'application est qu'il présente des contenus avec des textes, du son et
des images (fixes ou animées) ; ce qui peut permettre, dans une
certaine mesure, de contourner les obstacles liés surtout à la
langue. Avec ce genre d'application donc les analphabètes de Touba
pourraient faire partie intégrante des utilisateurs d'Internet dans
cette localité. Qui utilise Internet à Touba ? Les
analphabètes ? Cette frange de la population ayant
fréquenté ou qui fréquente l'école française
ou le franco-arabe ?
L'accès et les usages d'Internet sont également
corrélés à d'autres facteurs autres que ceux
précités. L'adaptabilité, à savoir
« l'adéquation entre d'une part les applications, les
services et les contenus offerts et, de l'autre, les besoins exprimés ou
latents des utilisateurs »21(*) est également un facteur à prendre
en compte. Ces besoins des usagers découlent en grande partie des
caractéristiques de leur cadre de vie. La ville de Touba ;
« capitale des mourides », se singularise par un taux
d'émigration assez soutenu. Dans cette localité,
l'émigration remonte au lendemain de la seconde guerre mondiale et a eu
pour destination les principaux centres urbains du pays, mais également
de la sous région et même de l'Europe et des USA. Avec cette
émigration, la relation de proximité entre l'émigré
« toubien » et son marabout, sa famille et ses proches
restés à Touba est dans un certain sens brisé. Ce qui
crée ainsi un besoin d'établir des relations à distance,
c'est-à-dire « l'ensemble des formes de liens à la fois
économiques, financiers ou sociaux »22(*). L'avènement des
TIC, Internet en particulier a sensiblement modifie le paradigme
communicationnel des peuples du monde. En effet, avec cette technologie, des
individus spatialement distants peuvent entretenir des communications
interpersonnelles en temps réel et ce, nonobstant les contraintes
temporelles ou naturelles qui rendaient jadis difficile la communication. Des
lors, elle se présente comme un excellent outil pouvant permettre aux
populations de Touba de maintenir une relation a distance avec sa diaspora et
vis versa. Mais en est-il réellement le cas ? Est que les
populations de Touba disposent d'assez de ressources pour utiliser à bon
escient les applications d'Internet qui servent à
communiquer ?
En outre, la technologie Internet, du fait de sa
visibilité planétaire et des facilités de communications
qu'elle offre, est de plus en plus utilisée par les acteurs
traditionnels du secteur du commerce qui y voient un nouveau support de
transactions commerciales. C'est donc dire qu'elle offre des contenus
compatibles avec les activités des commerçants de la ville, qui
représentent 48% de la population active. Toutefois, selon Ndiouma Faye,
la plus part de ces commerçants n'a reçu aucune formation en
rapport avec l'activité commerciale qu'il exerce. Du coup on peut se
demander si cette frange de la population utilise réellement les
possibilités que lui offre Internet.
Cette visibilité mondiale et ces facilites de
communication font qu'Internet est également massivement utilisée
par des communautés religieuses pour ainsi propager leurs
idéologies, leurs messages. C'est ainsi que de nombreux dahiras mourides
ont conçu des sites web disposant d'applications multimédias et
d'outils de communication, dont l'objectif essentiel est de mieux faire
connaître Cheikh Ahmadou Bamba, sa vie, sa famille, la confrérie
religieuse qu'il a mis en place... A partir de ces sites, on peut effectuer des
téléchargements de khassidas (poèmes écrit par
Bamba pour louer son Seigneur et son envoyé, le Prophète Mohamed
PSL), des images de Bamba ou de membres de sa famille, regarder (en direct ou
en différé) des magals ou autres vidéos concernant la
confrérie. Il est également possible d'y écouter les
messages du khalife général ainsi que ceux des autres khalifes
lignagers. D'autres sites web du même genre ont été
également conçu par des marabouts mourides (les descendants du
fondateur) qui, en plus de « vendre » l'image de la
confrérie sur ce nouveau support de communication, l'utilise aussi pour
mieux communiquer avec leurs fidèles ou faire leur propre promotion. En
plus des mourides, de nombreux autres sites web d'associations religieuses
musulmanes permettent de mieux maîtriser les rudiments de la religion
islamique en proposant des traductions, en plusieurs langues, de versets
coraniques ou des interprétations du message islamique, des cybers
fatwa, etc. Cette présence assez importante du fait religieux sur
Internet pourrait exercer une influence sur les usages qui sont fait de ce
réseau dans une localité où la fonction religieuse occupe
une place centrale. Fondée en 1887 par Cheikh Ahmadou Bamba
Mbacké, cette localité devait être un lieu idéal
pour adorer et servir Dieu et son Envoyé Mohamed (PSL)
conformément aux recommandations et interdits de ceux-ci. Dans l'ode
qu'il a dédiée à sa cité, le fondateur
décrit explicitement le type d'hommes qu'ils souhaitent comme
« voisin » dans sa localité et ses principales
fonctions. D'ailleurs c'est du fait de l'importance de cette fonction
religieuse, que les formes de distractions, d'amusements, de divertissements
pratiquées dans les autres villes du pays (le football, le
cinéma, les jeux, etc.) y sont tous prohibées. En outre, cette
ville est gérée et contrôlée par un khalife
général qui est un descendant direct du fondateur et qui veille
sur le respect de l'orthodoxie. La technologie Internet met a la disposition
des internautes de Touba de nombreuses ressources (simple d'accès et
gratuits pour la plus part) pouvant leur permettre de mieux s'imprégner
des recommandations religieuses et confrériques. Ainsi elle pourrait
participer à renforcer et à pérenniser la dimension
religieuse de la ville de Touba.
Cependant, cette ville a connue une urbanisation rapide et
massive, du fait de son statut d'exterritorialité qui découle de
l'importance de sa fonction religieuse. Cette urbanisation a eu comme principal
corollaire un affaiblissement de l'autorité du khalife sur la ville. En
effet, de par son ampleur, elle ne permet plus à l'autorité
maraboutique de pérenniser et d'assurer son contrôle sur l'espace
et sur les hommes (Gueye 2002b). Des lors, la présence d'Internet
à Touba pourrait aussi participer à renforcer cet affaiblissement
de l'autorité du khalife et contribuer ainsi à l'effritement du
symbolique et du sacré qui caractérisent tant cette
localité. En effet cette TIC propose à ses usagers de nouveaux
cadres d'échange, de dialogue, d'expression grâce notamment
à son aptitude à relier des personnes géographiquement
éloignées (les forums de discussion, les blogs, les sites de
rencontre...). Il est ainsi possible de nouer de nouvelles relations (amicales,
amoureuses, professionnelle etc.) avec des individus différents d'un
point culturel et cultuel. De ce fait il est possible d'évoluer dans un
nouveau cadre où il est possible de s'extirper de certaines contraintes
qu'imposent soit la société dans la quelle on vit, soit la
communauté religieuse à laquelle on appartient. Ainsi, le contact
des populations de Touba avec cet extérieur, avec ces images
positives et négatives de sociétés basées sur
d'autres logiques, bref l'appropriation de cette TIC par cette population ne
peut-elle pas crée des situations nouvelles pas conformes aux exigences
sociétales et religieuses qui caractérisent cette
localité ? Quels sont les effets réels de la présence
d'Internet à Touba ? Va-t-elle renforcer le fait religieux qui
caractérise tant cette ville ? Va t- elle exacerbée les
mutations en cours dans cette ville ? Dans quelle(s) mesure(s)
pourraient-ils les exacerber ?
Objectifs de recherche
L'objectif général de cette étude est
d'appréhender, à partir d'une approche géographique des
usages d'Internet dans des cybercafés de Touba, les effets réels
de la présence de cette TIC dans l'espace de cette ville.
Pour ce qui est des objectifs spécifiques, il s'agit
pour nous :
· De dégager les traits caractéristiques
des usagers et les modalités d'utilisation d'Internet dans les
cybercafés par ces derniers ;
· D'identifier les principaux usages qui sont fait
d'Internet dans ces cybercafés de la ville ;
· De voir si le fait religieux a un quelconque rapport
avec les usages d'Internet ;
· De voir si l'utilisation d'Internet est toujours
liée à certains facteurs comme le niveau d'instruction ;
· De dégager les contraintes liées à
l'accès et à l'usage d'Internet dans les
cybercafés ;
· De voir à quel (s) niveau (x) Internet, de par
ses usages dans ces cybercafés, participe aux mutations urbaines en
cours dans cette ville.
Les hypothèses de recherche
Afin de mieux atteindre notre objectif général,
nous avons émis quatre hypothèses de bases que sont :
· Internet est une TIC dont l'utilisation requiert au
moins un minimum de connaissances telles que savoir lire et écrire les
langues exotiques surtout. De ce fait, seuls ceux qui ont
fréquenté ou qui fréquentent l'école
française ou le franco arabe utilisent Internet dans ces
cybercafés de la ville. Ce qui crée une subdivision de la
population « toubienne » qui oppose d'un coté ces
usagers d'Internet et, de l'autre, les analphabètes qui ne peuvent
utiliser cet outil même s'il leur offre de réels avantages.
· Du fait des nombreuses facilités de
communications qu'elle offre, la technologie Internet est utilisée par
les populations de Touba pour établir des relations à distance
avec la diaspora mouride.
· Le fait religieux exerce une grande influence sur les
usages qui sont fait d'Internet et y occupe ainsi une place centrale. La
technologie Internet participe donc à renforcer la dimension religieuse
de la ville de Touba.
· Même si elle offre de nombreux cadres ou il est
possible de se soustraire des exigences religieuses ou sociétales, la
technologie Internet n'est pas utilisée par les internautes
« toubiens » pour s'adonner à des activités
prohibées dans leur localité. Elle ne participe donc pas à
l'affaiblissement de l'autorité du khalife sur le contrôle des
hommes et de l'espace de la ville de Touba.
Analyse conceptuelle
La première partie de ce sujet, Internet
à Touba, est assez tacite car elle sous entend en effet la
présence de cette TIC dans l'espace de la ville de Touba. En outre, il
se présente comme le vaste champ d'étude dans lequel s'inscrit ce
travail. Internet peut être perçu comme un réseau
planétaire interconnectant simultanément des milliers d'individus
tout en leur offrant de nombreuses possibilités. Le réseau
désigne d'une manière générale un ensemble
d'entités, de noeuds, de pôles... inters reliés entre eux
et permettant ainsi de faire circuler des éléments
matériels ou immatériels entre chacune de ces entités. En
informatique, le réseau est perçu comme un
« ensemble d'ordinateurs reliés entre eux grâce
à des supports physiques et échangeant des données sous
formes numériques »23(*). Ces supports peuvent être des
câbles sous marin ou terrestres, des fils, des ondes radios ou infrarouge
ou des liaisons satellite. En outre, pour communiquer, c'est-à-dire
s'échanger des données sous formes numériques, les
ordinateurs du réseau se servent de protocoles qui désignent
l'ensemble des règles de communication ou encore la langue commune des
ordinateurs. De ces définitions, on peut retenir que le réseau
Internet est constitué à la fois d'éléments
matériels (câble et autre support physiques permettant
l'interconnexion des ordinateurs) et abstrait (comme les protocoles de
communication). A ces éléments matériels de ce
réseau, on peut ajouter les infrastructures permettant d'avoir
accès aux possibilités qu'ils offrent (comme les
cybercafés et autres lieux d'accès à Internet) et les
Fournisseurs d'Accès à Internet, FAI. Dès lors la
présence de ce réseau dans territoire quelconque peut être
abordée sous différents angles. Les études peuvent en
effet porter sur l'historique de ce réseau dans ce territoire, sur les
formes d'accès à ce réseau, sur l'appropriation de ce
réseau, sur les infrastructures de télécommunication qui
permettent le fonctionnement du réseau, sur les actions menées
pour faciliter le développement de ce réseau, etc. C'est donc
dire qu'en fonctions des objectifs suivis, notre domaine peut être
exploré de différentes manières.
En ce qui concerne ce travail, c'est à travers une
approche géographique des usages de ce réseau dans
des cybercafés que nous tentons autant que faire se peut
d'aborder sa présence dans cette ville.
Une approche géographique
peut consister en une description, une représentation d'un
phénomène (qui est ici le réseau Internet) observé
dans un espace géographique donné. Elle peut également
consister à comprendre les interactions existant entre le
phénomène et l'espace géographique où il est
observé. En outre, une approche géographique peut porter sur le
phénomène dans son intégralité ou sur un ou
plusieurs éléments du phénomène. Ici, l'approche
géographique porte sur les usages du réseau, ceux qui l'utilisent
et les endroits où ils l'utilisent.
L'usage peut être défini comme
« les utilisations particulières qu'un individu ou un
groupe peut faire d'un bien, d'un instrument, d'un objet. Si le bien, l'objet
ou l'instrument se modifie, usage renvoi à usure, s'il disparaît
on parle de consommation et s'il subsiste, usage renvoi à
utilisation »24(*). Par usages d'Internet
donc, nous entendons les utilisations particulières que les populations
de Touba font de ce réseau. Et ces populations qui utilisent le
réseau sont les internautes. En outre,
Internet est une technologie dont l'usage requiert au préalable
l'accès, c'est à dire la ou les
possibilité(s) de s'en approcher, de le comprendre, de l'utiliser. De ce
fait, on peut retenir que l'accès à Internet peut se faire de
différentes manières c'est-à-dire qu'il existe diverses
formes d'accès à ce réseau. Parmi celles-ci, figurent
les cybercafés qui sont des lieux
d'accès publics à Internet et à but lucratif. Ce sont
donc des endroits où l'on peut utiliser Internet collectivement et
moyennant une somme d'argent bien défini. En outre de plus en plus de
cybercafé offre, en plus de cette connexion à Internet, d'autres
services payants à leurs clients comme la restauration, la photocopie,
le traitement de texte, etc. Les quatre cybercafés de la ville de Touba
retenus pour ce travail constituent donc les lieux où allons observer
les usages que les « toubiens » internautes font du
réseau Internet.
Ainsi, l'approche géographique des usages
du réseau dans des cybercafés de la ville de Touba
consiste d'abord à identifier et décrire les principaux types
usages observés, les usagers (internautes) et le lieu d'accès et,
ensuite, à procéder à une lecture spatiale de ces usages.
Méthodologie
Il s'agit ici de dégager l'ensemble des méthodes
employées pour mener à bien ce travail. La première
étape de notre recherche a été la recherche documentaire.
Elle a été suivie d'un travail sur le terrain (enquête
qualitative et quantitative) et en troisième lieu, on a
procédé au traitement des données obtenues du travail de
terrain.
I - La recherche
documentaire
Cette recherche documentaire a permis de définir une
problématique de recherche et de la circonscrire dans un contexte
déterminé. La bibliothèque centrale de l'UCAD (BU), la
bibliothèque du Département de Géographie de la FLSH,
l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), Enda
Doc, le GERAD et Internet ont été les principaux lieux où
s'est effectuée cette première étape de notre travail.
L'objectif était pour d'en savoir mieux et plus sur la
relation entre les TIC et l'espace, sur les enjeux de l'appropriation de ces
TIC pour les pays africains, le Sénégal en particulier de
même que sur la problématique de l'accès et de l'usage de
ces nouveaux outils de communication dans ces pays. En outre, cette recherche
documentaire devait également nous permettre de mieux connaître
notre cadre d'étude, Touba et la technologie sur laquelle porte cette
étude, Internet.
La relation entre ces TIC et l'espace, question la plus digne
d'importance pour un géographe, a intéressé pas mal
d'auteurs (Emmanuel Eveno (1997 & 2004), Annie Chéneau Loquay (2007)
ainsi que la revue NETCOM25(*)). Les travaux de ceux-ci consacrent donc
l'intégration de ces TIC dans le champ d'étude de la
Géographie. Les publications d'Olivier Jonas (2000), d'Eric Bernard
(2003), de Matthew Zook, d'Henry Bakis (2004) et de Sylla (2004) s'inscrivent
tous dans cette même dynamique. D'une manière
générale, ces auteurs tentent d'analyser les effets spatiaux
qu'induisent les usages de ces TIC, leur déploiement dans un territoire
donné et les rapports entre l'espace virtuel de communication qu'elles
génèrent et l'espace physique, concret.
Pour ce qui est du Sénégal, ces TIC on fait
l'objet d'une riche et savante littérature. Les travaux de Sylla (2004)
nous ont servis de repère et de balises. Ils traduisent, avec ceux de
Caroline Duleau, de Thomas Guignard (2003 & 2008) et ceux d'Aminata Fall
(2006) l'importance que le monde de la recherche universitaire accorde aux
problématiques que soulève ces TIC, Internet en particulier, au
Sénégal. D'autre part, les travaux d'Olivier Sagna (2001 &
2008) ont servis de base à presque toutes les recherches concernant les
TIC au Sénégal. Ce dernier retrace l'évolution de ces
outils de leur introduction jusqu'au stade d'alors, en identifiant les
principaux acteurs concernés et leur rôle. Cheikh Gueye (2002a)
s'est intéressé à la communauté mouride pour tenter
de comprendre comment celle-ci s'est appropriée ces TIC et comment elle
est parvenue à en faire des instruments de conquêtes de nouveaux
espaces. Son étude nous a été d'un grand apport dans
l'élaboration du problème de recherche. Elle fait partie, de
même que celui de Sagna (2002), de la dizaines d'articles qui composent
l'ouvrage coordonné par Momar Coumba Diop (2002)26(*) qui a pour ambition de faire
des TIC un baromètre pour caractériser le Sénégal
contemporain et renseigne sur les mécanismes selon lesquels les
entreprises, l'administration et la société
sénégalaise s'approprient des technologies initialement
conçues dans d'autres contextes.
La littérature disponible sur la localité de
Touba et nombreuse et d'accès facile. Cheikh Gueye (2002b)
procède à une analyse détaillée du processus
d'urbanisation de cette localité. En outre, ce spécialiste en
Géographie urbaine s'est également oeuvré à
expliquer la particularité de cette ville qu'il appelle la capitale des
mourides. Cheikh Tidiane Sy (1964) retrace dans on ouvrage le contexte et les
péripéties de la fondation de cette ville et de la
confrérie mouride par Cheikh Ahmadou Bamba. Quant à Cheikh
Abdoulaye Dièye, il identifie et analyse certains signes et symboles de
Touba qui lui confère « sa sainteté ». Par
ailleurs, le Plan Directeur d'urbanisme de Touba réalisé par le
Cabinet d'Architecture et d'Urbanisme du Sénégal, CAUS, en 2005
nous a permis d'avoir des données importantes sur certaines
caractéristiques de la population de Touba. Des enquêtes ont
été en effet menées dans l'élaboration de ce plan
directeur. Le Plan Local de Développement de la Communauté Rurale
de Touba Mosquée nous a aussi servie à mieux connaître la
population toubienne. Cette recherche documentaire sur Touba a également
porté sur des articles consultés le plus souvent sur des sites
web conçus par des dahiras mourides et aussi sur de nombreux
mémoires de recherches comme ceux de Modou Mbacké Gueye (1987),
Ndiouma Faye (2006), Massamba Ndiour.
Pour ce qui est de la recherche documentaire sur Internet,
nous nous sommes essentiellement basé sur les ouvrages de Dominique
Hoeltgen (1995), François Collin (2001), Manuel Castells (1998) et
Samier & Sandoval (1999). Ces livres de même que les nombreux
articles consultés en ligne relatent l'historique et l'évolution
des TIC en générale et Internet en particulier, les usages qu'on
peut en faire et ses principes de fonctionnement. Ils nous permis de mieux
connaître certains aspects de cette technologie sur laquelle porte cette
étude.
Cette première étape de notre démarche a
été beaucoup ralentie par un obstacle de taille. Il s'agit de
l'accès à certaines sources d'informations. Les ouvrages traitant
de la méthodologie de recherche existent certes à la BU, mais
sont d'accès très difficile. Ils nous fallu des mois pour en
trouver un. En outre, au niveau de l'agence Sonatel de Touba Mosquée,
les agents se sont montrés assez restrictifs par rapport à nos
questions. Aucune information n'a été obtenue d'eux.
II - Le travail de terrain
Elle a été la seconde étape de ce travail
et a consisté à collecter les informations qui devaient nous
permettre d'atteindre les objectifs poursuivis par ce mémoire. Elle
s'est déroulée en trois phases : l'élaboration des
outils de collecte d'informations, les enquêtes proprement dites et le
traitement et l'analyse des données.
1. L'élaboration des outils de collectes
d'informations
Les guides d'entretien, les questionnaires et les grilles
d'observation ont été les trois principaux outils dont on s'est
servis pour la collecte des informations.
1.1 Les guides d'entretien
Deux entretiens ont été réalisés
durant ce travail. Le premier s'est fait avec M. Olivier Sagna et le second
avec M. Cheikh Gueye. Le premier, O. Sagna fait partie des premiers chercheurs
sénégalais à s'intéresser aux TIC. Il est auteur de
plusieurs publications parmi lesquelles, « Les technologies de
l'information et de la communication et le développement social au
Sénégal : un état des lieux » se
présente comme une source de documentation incontournable pour tout
chercheur qui travaille sur les TIC au Sénégal. Cet entretien a
porté sur deux principaux thèmes que sont :
· La géographie des TIC au Sénégal
c'est-à-dire la répartition spatiale des infrastructures et des
usagers dans ce pays ;
· La problématique de l'accès et des usages
d'Internet par les populations du pays ceux de Touba en particulier
Le second entretien s'est fait avec Cheikh Gueye, Docteur en
géographie et auteur de plusieurs études portants sur la ville de
Touba (cf. bibliographie). Notre entretient avec lui a porté
essentiellement sur :
· Les caractéristiques socio démographiques de
la ville de Touba
· Les enjeux des usages d'Internet dans cette
localité
1.2. Les questionnaires
Les questionnaires ont étés confectionnés
avec le logiciel de traitement de données Sphinx. Les questions sont
de trois types : fermée unique, fermée multiple, et ouverte
texte. Dans les deux premiers, des modalités de réponses sont
proposées. Mais dans le premier cas, l'enquêté ne peut
choisir qu'une seule de ces modalité alors que dans le second cas, il
lui possible d'en cocher plusieurs (le nombre de modalités qu'il lui
est possible de choisir lui sera notifié dans la fenêtre de
définition de la question). Dans le troisième type de questions,
aucune modalité n'est proposée au répondant qui est ainsi
libre de donner autant de réponse qu'il veut. Pour les questions
ouvertes et fermées multiples, les réponses recueillies sont donc
supérieures au nombre d'individus interrogés.
Nous avons confectionné deux questionnaires, l'un pour
les usagers d'Internet et l'autre pour les gérants (es) des
cybercafés.
Le questionnaire aux usagers compte 37 questions qui se
répartissent en cinq parties. Dans la première (composée
de 10 questions), on essai de dégager le profil des usagers en nous
basant sur l'âge, le sexe, la situation matrimoniale, le niveau
d'instruction, l'activité professionnelle, le revenu et la ou les
langue(s) parlée(s) et écrits. Dans la seconde partie de ce
questionnaire (composée également de 10 questions), nous essayons
d'identifier les principaux lieux d'accès public à Internet et
d'en savoir plus sur les modalités de fréquentation de ces lieux
par les internautes « toubiens ». En outre dans cette
partie, nous essayons de voir si parmi les usagers dans les cybercafés,
ils y en ont qui ont un budget réservé uniquement à
l'usage d'Internet et quel est le montant de ce budget. La sixième
question de cette partie, nous permettra de savoir si Internet était
utilisé (et qui l'utilisait) à Touba avant le démarrage de
l'ADSL au Sénégal il y a six ans. La troisième partie de
ce questionnaire ne compte que deux questions qui visent à identifier
les contraintes auxquelles sont confrontés les usagers dans
l'accès et l'usage à Internet. La quatrième partie
(composée de 11 questions) nous permettra de dégager les
principaux usages d'Internet, comment ils ont appris à se servir de
cet outil, quels sont les sites web qu'ils ne visitent jamais et pourquoi ne
les visitent-ils jamais. Elle nous permettra aussi de savoir si Internet a
permis à ces usagers de faire la connaissance de nouvelles personnes,
quelle est la nature de leur relation avec ces personnes, où habitent
ces personnes (au Sénégal ou à l'étranger). Enfin
dans la dernière partie (composée de quatre questions), nous
recueillerons l'avis personnel des usagers sur Internet (les avantages qu'il
lui apporte, les inconvénients qu'il lui trouve...) et sur les tarifs de
connexion appliqués dans les cybercafés.
Le questionnaire aux gérants des cybercafés est
composé de 18 questions. Il vise principalement à savoir si le
gérant contribue à l'utilisation d'Internet par ses clients
(à travers notamment une assistance technique qu'il leur offre), d'avoir
une idée sur le chiffre d'affaire journalier des cybercafés de
même que les autres services qu'ils proposent à part la connexion
à Internet.
Après l'élaboration des questionnaires aux
usagers et aux gérants des cybercafés, on a procédé
à un pré enquête qui était pour nous un test.
Celle-ci s'est déroulée dans un cybercafé situé
à Diourbel (en face de l'hôpital régional) et dans une
autre situé à Cambérène. Ce pré
enquête nous a permis de modifier certaines questions, d'ajuster d'autres
et aussi de mieux nous familiariser avec le métier d'enquêteur.
1.3. L'observation
L'observation du milieu consiste à porter un regard sur
le cadre où se produit un phénomène social afin de
recueillir les informations recherchées. Pour ce faire, nous avons fait
usage de l'observation directe qui présente l'avantage de nous mettre en
contact direct avec notre champ d'étude et particulièrement avec
les usagers. Les principaux éléments sur les quels a porté
cette observation sont le nombre d'ordinateurs connectés (en marche)
dans le cybercafé, leur disposition, le niveau de confort de
l'infrastructure (perceptible à travers, son mobilier, son
système de ventilation et dans une moindre mesure sa
décoration).
2. L'échantillonnage
La taille des échantillons d'internautes et de
cybercafés a été largement influencée par la nature
de ce présent mémoire. Il s'agit en fait là d'une
étude exploratoire ou encore d'une esquisse qui vise à offrir une
grille de lecture satisfaisante de la problématique des usages
d'Internet au Sénégal, et à Touba en particulier. Le choix
du nombre d'internautes interrogés ne s'est donc pas fait en fonction
d'une base de sondage constituée de l'ensemble des usagers (ou
potentiels usagers) d'Internet de la ville. Et il en est aussi de même
pour les cybercafés visités qui sont au nombre de quatre. Le
choix de ces cybercafés a été principalement motivé
par certaines caractéristiques des quartiers qui les hébergent.
Nous avons en effet préféré mener des enquêtes dans
des cybercafés situés dans des quartiers peuplés,
symboliques et aussi anciens. L'intérêt étant de mieux
analyser les usages observés en rapport avec le fait religieux.
L'échantillon de 100 individus a été
réparti à ces quatre cybercafés retenus : 25
personnes interrogées par cybercafé. Le choix de ces celles-ci
s'est faite par hasard.
.
3. Les enquêtes proprement dites
3.1 Les enquêtes qualitatives
Il s'agit là des entretiens que nous avons eus avec M.
Olivier Sagna et M. Cheikh Gueye. Le premier a eu lieu le 03 Décembre
2008 au restaurant de l'Amicale des Etudiants de la FST qui se trouve
derrière la BU et a duré 27 minutes. Le second s'est
déroulé le 26 Novembre 2008 au siège d'Enda à
Dakar, sis aux Mamelles. Cet entretient a duré 30 minutes. Ces deux
entretiens de types semi directif nous ont été d'un grand apport
en ce sens qu'ils nous ont permis de mieux affiner notre problématique
de recherche.
3.2 Les enquêtes quantitatives
Celles si sont les enquêtes par questionnaires qui se
sont déroulé entre Janvier et Mai 2009 dans quatre
cybercafés de la ville de Touba et ont portés sur un
échantillon de 100 individus répartie équitablement dans
ces cybercafés.
Dans les cybercafés, on a exposé au
gérant les motifs de notre visite. A ceux qui ont accepté de nous
répondre, on a administré le questionnaire aux gérants des
cybercafés. On a également procédé de la même
manière avec les usagers. Le choix de ces usagers s'est fait par hasard.
On a choisit ceux que l'on trouvait sur place, qu'ils soient garçons,
filles, jeunes, adultes... En outre, on attendait qu'ils aient fini de se
connecter pour nous approcher d'eux et leur faire part des raisons de notre
visite. S'ils acceptent, on leur administre le questionnaire aux usagers. Les
enquêtes avec ces usagers de même que celles avec certains
gérants se sont fait le plus souvent sous forme d'entretien semi
directif et en langue wolof.
La durée de cette phase de notre travail s'explique par
les difficultés d'ordres matériels auxquelles on a
été confronté tout long de son exécution. Elle
s'explique également par le fait qu'il nous arrivait parfois de rester
tout une matinée (ou tout l'après midi ou la soirée) sans
interroger aucune personne. Et ceci est valable dans tous les
cybercafés. La raison est que, contrairement à ce que l'on
pourrait penser, il n'y a pas une grande affluence au niveau des
cybercafés de Touba. Les clients arrivent en compte goutte comme nous
l'a dit un gérant. Sur le terrain on a été à
plusieurs reprises confronté au manque de compréhension de
certains usagers et gérants. Et pourtant, on a fait de notre mieux pour
leur expliquer les raisons de notre visite.
III - Le traitement et
l'analyse des données
C'était la dernière étape de notre travail
et elle est organisée autour de trois grands points :
· L'exploitation des documents consultés dans la
revue littéraire perceptible à travers les notes de bas de
pages
· Le traitement des données obtenues des
enquêtes quantitatives qui s'est fait avec le logiciel Sphinx. Les
résultats obtenus sont présentés sous forme de tableaux
statistiques et de figures. Ces figures ont étés
réalisées a partir des réponses obtenues des questions
ouvertes et fermées multiples. Les tableaux ne concernent les questions
fermées uniques.
Le traitement et l'analyse des données obtenues a
permis de rédiger ce présent mémoire qui s'articule en
trois grandes parties. Celles-ci sont précédées par la
revue des grands axes de la problématique de recherche et de la
méthodologie employée. La première partie est
consacrée à notre domaine d'étude, la ville de Touba. Il
s'agit en fait de faire ressortir les principales caractéristiques
culturelles et sociodémographiques qui peuvent aider à mieux
comprendre la problématique des usages d'Internet dans cette
localité. Ainsi, nous allons d'abord essayer de traiter de l'importance
de la fonction religieuse dans cette ville et des mutations qui y sont en
cours. Ensuite, nous identifierons les traits saillants des habitants de cette
ville, notamment ceux qui peuvent permettre de voir si, à priori, ces
personnes présentent le profil adéquat pour utiliser la
technologie Internet et d'avoir aussi une idée sur les usagers et les
usages probables de cette TIC. Dans la seconde partie de notre travail, il est
question pour nous d'étudier les cybercafés retenus. Pour cela,
nous allons d'abord procéder à une approche descriptive de ces
lieux en insistant sur leur localisation spatiale, leur caractéristique,
leur activité et le profil de leur gérant. Ensuite, nous nous
intéresserons aux modalités de fréquentation de ces lieux
par les internautes. Le dernier point de cette partie sera consacré au
niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés.
L'intérêt étant de mieux apprécier l'appropriation
de cette TIC dans la ville. Enfin, la troisième partie de ce
mémoire portera sur les caractéristiques des usagers et des
usages d'Internet. En premier lieu, nous allons dégager le profil des
usagers et les modalités d'utilisation d'Internet dans les
cybercafés, ensuite identifier et analyser les principaux usages
d'Internet en rapport avec leurs effets potentiels dans l'espace toubien et,
enfin, recueillir l'avis personnel des usagers sur la technologie qu'ils
utilisent, Internet.
Dans la présentation des principaux services et
applications d'Internet utilisés, nous avons essayé autant que
faire se peut de ne pas nous substituer aux informaticiens et autres
connaisseurs en réseau informatique, même si on a dès fois
plongé dans le champ des descriptions techniciennes d'Internet. Pour
chaque type d'usage observé, nous l'avons présenté en
insistant sur son fonctionnement, les avantages qu'il offre et aussi ses
limites.
PREMIERE PARTIE :
TOUBA, UNE VILLE RELIGIEUSE EN MUTATION
Introduction
Touba fut fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba
Mbacké « de son nom arabisé Mouhamed Ben Mouhamed
Ben Abib Ben Allah »27(*). Ce dernier était un grand ascète
et un fervent sunnite. Dans beaucoup de ses Khassidas, il exprime sa foi
inébranlable à Dieu et en son envoyé Mohamed (PSL).
D'ailleurs, c'est cette dévotion, cette soumission, qui lui a valu le
titre de « Serviteur zélé du
prophète », Khadim Rassoul.
Dans cette première partie de notre travail nous
procédons à une présentation de notre domaine
d'étude en insistant notamment sur ses principales
caractéristiques sociodémographiques qui peuvent aider à
mieux comprendre la problématique de l'usage d'Internet ainsi que les
effets potentiels que ceux-ci peuvent induire dans cette localité. Pour
cela, nous allons d'abord ressortir les principales fonctions de la ville afin
de mieux cerner l'importance de la fonction religieuse dans la ville et les
mutations qui y sont en cours. Ensuite, nous identifierons les traits saillants
des habitants de la ville ainsi que les principaux secteurs d'activités.
Ce qui permettra de voir si, à priori, les populations de la ville
présentent le profil adéquat pour utiliser la technologie
Internet.
Chapitre I : Situation
géographique et fonctions de la ville de Touba
I- Situation
géographique
Malgré ses 1 060 462 millions d'habitants, la
ville de Touba est toujours considérée, d'un point de vue
administratif, comme une Communauté Rurale, c'est-à-dire
« un certain nombre de villages appartenant au même
terroir, unis par une solidarité résultant notamment du
voisinage, possédant des intérêts en commun et ensemble
capable de trouver les ressources nécessaires à leur
développement »28(*). Celle-ci se nomme Touba Mosquée et
compte officiellement 74 villages parmi lesquels celui de touba mosquée
est le chef lieu de Communauté Rurale. Située au centre ouest du
pays, la CR de Touba mosquée est limitée au Nord par
l'Arrondissement de Darou Mousty (Département de Kébémer),
au Sud par l'Arrondissement de Kael (Département de Mbacké),
à l'est par l'Arrondissement de Dahara (Département de
Linguère) et, à l'Ouest, par les CR de Mssirah, Touba Fall et
Dala Gabou. Du fait de cette situation géographique assez favorable, la
CR de Touba Mosquée est devenue au fil des années un important
carrefour commercial par lequel transitent beaucoup de marchandises provenant
des villages environnantes mais aussi des autres centres urbains du pays et
même de la sous région (cf. carte n° 1).
Cette localité couvre une superficie de 29 995
ha29(*) répartis
en13 principaux quartiers que sont : Darou Khoudoss, Gouye Mbind, Darou
Miname, Touba Guédé, Touba Mosquée, Keur Niang, Khaira,
Guédé Bousso, Samer, Darou Marnane, Ndame, Madiyana, Dianatoul
Mahwa et Touba Bagdad.
Ces quartiers se différencient en fonction de leur
localisation dans l'espace urbain (cf. carte n° 2). C'est ainsi qu'on
distingue les quartiers centraux situés au sein de la rocade comme Darou
Khoudoss, Darou Miname, Gouye Mbind et Touba Guédé. Ensuite, on a
des quartiers centraux qui ont franchis la rocade. Ces quartiers ont connus au
fil des années une remarquable croissance démographique au point
qu'aujourd'hui leurs limites s'inscrivent au-delà de la rocade. Il
s'agit de Touba Mosquée, Darou Marnane, Keur Niang, Khaira, et
Guédé Bousso. Enfin on a les quartiers situés
au-delà de la rocade mais qui font partis quand même de l'espace
urbain toubien. Il s'agit de Same, Ndame, Madiyana et Dianatoul Mahwa.
II - Les fonctions de la
ville
1. Matlaboul Fawzeinie
Les fonctions urbaines permettent dans une large mesure de
mieux saisir les spécificités propres à chaque ville. A
Touba, celles-ci apparaissent en filigrane à travers une ode ou
khassida, Matlaboul Fawzeinie, que Cheikh Ahmadou Bamba a écrit entre
1887 et 1895 c'est-à-dire le temps qu'il a vécut à Touba.
Dans ce poème, il formule un ensemble de voeux, de souhaits pour sa
localité, Touba. Ce qui fait qu'elle se présente comme une
description de la ville et de ces principales fonctions. Pour l'ensemble de la
communauté mouride tous ces voeux, souhaits que le marabout a
formulé dans ce khassida seront exaucés, s'ils ne sont pas
déjà, d'autant plus que lui-même aurait
écrit :
« Seigneur, exaucez, et accomplissez mes
intentons à Touba, où à cause de vous, des édifices
sont réalisés pour vous »
Déjà lors de son sermon à l'approche du
Grand Magal de 1979, Serigne Abdoul Ahad Mbacké, Khalife
Général des mourides de l'époque le rappelait aux
disciples en ces termes :
« Et j'attirerai votre attention que c'est dans
la même année que Serigne TOUBA a fondé cette ville, et
qu'il composa cette ode; et l'ensemble des voeux qu'Il a formulés pour
cette ville figurent dans ce poème et il a lui même affirmé
de vive voix que c'est exactement comme il l'a consigné dans l'oeuvre
que ALLAH les Lui a Accordés »30(*).
Dans ce khassida, le guide religieux présente d'abord
sa cité comme un abri, un refuge où la sécurité et
la protection sont garanties. En effet il y formule ces voeux :
« Eloigne de moi et de mes demeures tout ce qui
est générateur de disgrâce... »
« Fait de cette cité un espace
protégé éternellement ... »
« Fait de ma demeure (ou cité) un lieu de
droiture et éloigne de moi tout contrevenant... »
« Eloigne de moi toute personne qui ne tend pas
vers Toi... »
« Et fais d'elle une ville qui sort ses
habitants de l'obscurité vers la lumière et éloigne
là de tout fauteur... »
A travers ces vers, Cheikh Ahmadou Bamba procède
à une catégorisation, une filtration des personnes qu'ils
souhaitent à Touba. Il écarte ainsi de sa cité les
mécréants, les bandits, les malfaiteurs... brefs toute
personne qui ne tend pas vers Dieu. Ce qui traduit que pour Bamba, Touba devait
être un cadre propice à la méditation, à l'adoration
de Dieu et de son Prophète Mohamad (PSL). Et un tel lieu ne pouvait
être fréquenté par des gens de mauvaises influences. En
outre Touba devait également être pour Bamba une ville
bienfaitrice et rédemptrice, c'est-à-dire une cité pleine
de lumière, de miséricorde et prospère.
« Et faite de Touba une cité pleine de
lumière, de miséricorde, et de richesse, en temps de crise ou en
temps d'opulence... »
« Fait mon Dieu que ma cité Touba soit
éternellement à limage de son nom, par la grâce du meilleur
de tes serviteurs »
« Absous toute personne qui viendrait ici pur me
servir et pour me rendre visite » « Absous celui qui
élit droit de cité Touba et quiconque s'y rend en signe de
piété, de leurs péchés les premiers et les
derniers... »
« Faites éternellement de sa terre un
espace de richesse, de sécurité, d'assistance et de
félicité... »
« Fait affluer tout ce qui est bien et
bien-être et bienfaits du patrimoine des six cotés de la
planète vers ma demeure, la localité bénite de Touba,
immunise la réputation de ma demeure de toute impureté de ce bas
monde et dans l'autre... »
Ces voeux exprimés par Bamba dans cette ode expliquent
dans une large mesure la prospérité économique de Touba.
En effet même si la ville héberge en son sein une cohorte assez
importante de démunis, elle demeure toutefois une zone où
l'activité économique, surtout le commerce, est florissante.
Refuge spirituel, espace économique prospère,
ville bienfaitrice et rédemptrice, Touba apparaît également
dans Matlaboul Fawzeinie comme un pôle religieux et scientifique.
« Accorde-moi à Touba une science utile,
élevée et de référence, qui va avec la crainte de
Dieu »
« Faite de ma cité une cité de
miséricorde, de connaissance de Dieu, d'agrément, de
sainteté, de vérité, de sécurité, de sunna,
de protection contre le bida'a et éternellement une
références en matière de science religieuse, de religion,
et de compréhension, une cité de
correction... »
« Faites en une de vos cités
préférées sur notre terre et celle du
prophète... »
Pour Bamba donc Touba devait être un cadre idéal
pour mieux connaître Dieu et la religion musulmane afin de mieux la
pratiquée. La Grande Mosquée, l'Université Islamique, la
Grande Bibliothèque sont autant d'édifices qui apparaissent comme
la concrétisation de la fonction religieuse de Touba exprimée
dans Matlaboul Fawzeinie.
Matlaboul Fawzeinie constitue donc un excellent
baromètre pour en savoir plus et mieux sur les fonctions originels de la
ville de Touba. Par ailleurs, ce poème entièrement
dédié à Touba présente cette localité comme
un lieu saint et un pôle religieux et scientifique garantissant à
la fois la paix, la sécurité, la protection, la
prospérité, la rédemption et le bienfait. L'idéal
véhiculé à travers ce poème est donc ville propice
à l'adoration et à la pratique de la religion musulmane
conformément à ses recommandations et interdits. Cette ode met
donc en exergue l'importance de la fonction de la ville de Touba
Selon Modou Mb. Gueye (1986), « c'est respectant
la sainteté de la ville que les pouvoirs politiques ont renoncé
à certains de leurs prérogatives en accordant à Touba un
certain nombre de franchises »31(*). Cette franchise est conventionnellement
délimitée par la rocade. Au sein de ce périmètre,
on ne retrouve aucun service de l'administration publique à part la
Poste et la SÉNÉLEC. L'usage de l'alcool, du tabac, les jeux de
hasard, le football, le cinéma, les divertissements sont tous
également prohibés dans cette zone. En 1986, une
« brigade spéciale de police » a
été crée et se trouve à l'entrée de la
ville. Les services de douanes sont interdits d'accès au sein de ce
périmètre et la brigade de gendarmerie ainsi que le groupement
national des sapeurs pompiers sont tous situés au-delà de la
rocade. L'Etat est donc quasiment absent dans cette ville où c'est le
khalife général qui exerce une autorité incontestée
et incontestable. Descendant directe de Bamba, le khalife est
considéré comme le vicaire de ce dernier sur terre et a pour
principale mission de veiller au respect de l'orthodoxie dans la ville. Il
incarne donc l'instance où se définissent les stratégies
de constructions, d'aménagement et de gestion de la ville.
Cette fonction religieuse de la ville qui lui attribue un
statut d'exterritorialité fait d'elle une localité de plus en
plus attrayante.
2. Les mutations
Les mutations en cours dans la ville de Touba découlent
de son urbanisation rapide et massive, qui s'explique par plusieurs facteurs
aussi déterminants les uns que les autres. D'une manière
générale, on peut retenir qu'elle est essentiellement due
à son attractivité que lui confèrent son statut
d'autonomie, le fait qu'on y ait enterré Bamba et ses différents
khalifes généraux, et les nombreuses
infrastructures modernes qui y sont réalisés dans le cadre
de la concrétisation des voeux exprimés dans Matlaboul Fawzeinie.
Par ailleurs, cette évolution s'est traduite par une remarquable
croissance démographique et spatiale. En effet entre 1958 et 1988, sa
population est passée de 2124 habitants à 125 127 habitants,
soit un taux de croissance 14,5% par an durant 30 ans. Et cette croissance ne
faiblit pas car entre 1988 et 1998 ce taux est passé à 19%
environ32(*). En 2005, la
population de la ville était de 1 060 462 habitants avec un
taux de croissance 31,3%. Cette remarquable croissance démographique
s'explique largement par les migrations vers la ville. En effet Touba, du fait
de son statut de ville religieuse, de son autonomie attire de plus en plus des
populations mourides venues des localités environnantes mais aussi des
autres centres urbains du pays. Dans la ville des parcelles d'habitations
viabilisées sont gratuitement mis à la disposition des migrants
par le khalife général et l'activité économique y
est florissante ; ce qui ne fait que renforcer davantage
l'attractivité de la ville et susciter ainsi son peuplement. Sur le plan
spatial, la surface bâtie de la ville est passée de 575 ha
à 3900 ha entre 1970 et 1990, et en 1997 elle était de plus de
12 000 ha33(*).
Touba a donc connue une urbanisation rapide et massive qui ne
lui a pas pourtant enlevé son exterritorialité. Ce statut s'est
en effet élargi au fur et à mesure que s'agrandissait la ville.
Cependant cette urbanisation même si elle a fait de Touba un cadre urbain
moderne voire même une métropole, elle a aussi et surtout trahie
le projet du fondateur de la ville. En d'autres termes, Touba en s'urbanisant
est devenue une ville comme une autre avec des citoyens comme les autres. Ce
qui est dans une large mesure contradictoire avec le projet initial de Bamba
clairement explicité dans Matlaboul Fawzeinie. En effet,
« l'insécurité et le grand banditisme gagnent
rapidement du terrain devant l'inexistante d'une police permanente et de tout
contrôle. Les sociétés d'assurance fictives, les
réseaux de fabrications de faux séjour de voyage ou de permis,
les boutiques de médicaments y ont pignon sur rue. Tous les `interdits
de séjour' et les évadés de prison vont tout droit
à Touba. Les mourides que Cheikh Ahmadou Bamba souhaitaient avoir comme
`voisins' ne sont certainement pas ceux là »34(*). Cette remarque de C. Gueye
met en exergue l'affaiblissement de l'autorité du khalife
général sur le contrôle de l'espace de la ville et de ses
habitants. Sous ce rapport, il n'est pas aberrant de dire que la ville vit des
mutations qui agissent le plus sur ces structures sociales, les formes de
relations traditionnellement établies dans la ville.
Chapitre II :
Données démographiques et principaux secteurs d'activités
de la ville
I- Données
démographiques de la ville
La population réelle de la ville de Touba ne fait pas
l'objet d'un consensus général. Cette ville comptait en 2002
463 404 habitants d'après le troisième RGPH du
Sénégal. Mais ce chiffre est balayé d'un revers de main
par les autorités de la ville. L'argument brandi par ceux-ci semble
toutefois assez fondé et légitime. En effet ce recensement a
coïncidé avec l'appel du khalife général pour
l'exécution des travaux de récolte de son champ de Khelcom. C'est
ainsi qu'une bonne partie de la population qui avait répondus à
cet appel n'a pu être recensée, parce qu'étant absent du
territoire lors de ce décompte. D'ailleurs l'actuelle équipe
municipale, sous la recommandation du khalife générale, a
commandité un nouveau recensement de la population. Celle-ci n'est
jusqu'à présent pas terminé. Mais en 2005, le Cabinet
d'Architecture et d'Urbanisme du Sénégal (CAUS), lors de la
réalisation du Plan Directeur d'Urbanisme de Touba, avait sondé
la population de cette ville à 1 060 462 habitants. Puisque les
données du RGPH de 2002 comportent des lacunes et que celui du khalife
n'a pas encore abouti, nous avons donc choisi de travailler avec les
résultats des enquêtes menées par le CAUS.
1. Répartition spatiale structure de la
population
1.1 La répartition spatiale de la population de
Touba
La répartition de la population de Touba par quartier
est liée à plusieurs facteurs aussi déterminants les uns
que les autres. Mais d'une manière générale on peut
retenir qu'elle est essentiellement influencée par la fonction
ancienne ou actuelle du quartier, l'âge de son insertion dans le tissu
urbain, sa localisation, la volonté des populations de cohabiter avec
leur guide religieux ou encore sa morphologie.
Sous ce rapport, il n'est point surprenant d'apercevoir des
inégalités dans la répartition spatiale de la population
« toubienne ». En effet l'examen de la carte n° 1
laisse apparaître que l'essentiel de la population de Touba est
concentré dans les quartiers centraux, qu'ils soient intra ou extra
rocade. Ces quartiers centraux constituent le noyau originel de la ville et
aussi la nécropole de la communauté mouride en ce sens qu'on y
retrouve « la plus part des hiérophanies et manifestations
dans des objets ou des lieux de la sacralité et de la sainteté
insufflés par le fondateur ou ses successeurs à travers leurs
actions, leurs gestes et leurs paroles »35(*). C'est ce qui leur
confère une attractivité qui suscite ainsi leur peuplement
massif.
1.2 Structure de la population
Tableau n° 1 : Répartition de la population selon
l'âge et le sexe
Groupe d'âge
|
Effectif
|
%
|
0-20 ans
|
527 020
|
49,69%
|
20-60 ans
|
476 086
|
44,89%
|
Plus de 60 ans
|
57 356
|
5,42%
|
Total
|
1 060 462
|
100%
|
Source : C.AU.S. , P.D.U Touba 2020
La structure de la population toubienne laisse
apparaître dans son ensemble la prédominance du groupe d'âge
des moins de 20 ans (49,64%), suivi de celui des 20 - 40 ans (44,85%) et,
enfin, les plus de 60 ans qui ne représentaient que 5, 42% de la
population. L'importance de la tranche d'âge des moins de 20 ans traduit
que la ville est en train de vivre la première phase de sa transition
démographique caractérisé par une forte natalité
(4,01%) et un faible taux de mortalité (0,47%). En outre cette situation
s'explique également par la présence dans la ville de plusieurs
daaras de grande renommée qui accueillent des enfants venus de toutes
les localités du pays. La tranche d'âge 20 - 40 ans qui
représentaient 44, 85% de la population toubienne en 2005,
révèle l'une des caractéristiques majeures de cette
localité. En effet contrairement aux phénomènes
observés généralement dans les autres villes (Dakar,
Thiès) où la part des adultes est importante, à Touba
cette tranche d'âge connaît, du fait de la mobilité des
talibés, une baisse sensible.
2. Niveau de formation- Taux de scolarisation et
d'alphabétisation
Tableau n° 2 : Effectif dans les différents niveaux
d'instruction à Touba
Nature de l'enseignement
|
Effectif (4 ans et plus)
|
%
|
Ecole coranique/arabe
|
369 309
|
34,82%
|
Ecole franco arabe
|
31 898
|
3%
|
Ecole française
- Primaire
- secondaire 1er cycle
- secondaire 2eme cycle
- supérieur
- Total
|
22 723
14 890
24 064
14 537
76 214
|
2,14%
1,40%
2,27%
1,37%
7,18%
|
Aucune formation
|
583 041
|
55%
|
Total
|
1 060 462
|
100%
|
Source : CAUS, PDU Touba horizon 2020
L'importance de la fonction religieuse explique dans une
certaine mesure la prédominance de l'enseignement coranique/arabe
à Touba. En 2005, la proportion des « toubiens » qui
avaient reçu ce type d'éducation s'élevait à
34,82%. L'enseignement du français, elle, n'occupait que 7,18% de la
population alors que celui du franco- arabe, c'est à dire le
français couplé à l'arabe, ne représentait que 3%
de la population. La part de ceux qui n'ont reçu aucune formation,
c'est-à-dire les analphabètes, représentait 55% de la
population. Le faible taux de l'enseignement du français s'explique par
le peu d'intérêt que lui accordent les autorités
religieuses de la ville. En 1996, le khalife général de
l'époque Serigne Saliou Mbacké avait ordonné la fermeture
de salle de classes construites par le Ministère de l'Education
Nationale. Pour la plupart des mourides, l'école française est
assimilée à la civilisation occidentale. Ainsi,
fréquenter cette école signifie dans une certaine mesure
accepté la civilisation du blanc, sa culture. Or, c'est lui le blanc qui
fut le principal persécuteur de Bamba. Le « rejet »
de l'enseignement du français s'inscrit donc dans cette logique.
Toutefois, ces effectifs de l'école française et du franco arabe,
bien qu'ils soient maigres, demeurent assez significatifs malgré leur
faiblesse. En effet ils traduisent l'importance particulière que les
populations accordent à ces deux types d'éducation. Les effectifs
pléthoriques des établissements scolaires classiques
présents autour de la ville en sont une illustration nette. En 2007, par
exemple, l'école de Ndame comptait 1701 élèves
répartis en 24 groupes pédagogiques, soit 70 élèves
par classe. Et sont des enfants provenant de la ville de Touba qui
fréquentent ces établissements.
D'une manière générale, on peut donc
retenir que la ville de Touba se singularise par un fort taux
d'analphabétisme. Mais ceci ne devrait guère occulter la part
relativement importante de « toubiens » qui ont reçu
un enseignement religieux dans les écoles coraniques/arabe.
L'enseignement du français, couplé parfois avec celui de l'arabe
attire également une certaine frange de la population toubienne.
II- Les principaux secteurs
d'activités
En 2005, la population active de Touba s'élevait
à 233 341 personnes (dont homme 76% et femme 24%), soit 22% de la
population totale. Cette population oeuvrait dans trois principaux secteurs
d'activité que sont le commerce (48%), l'artisanat (32%) et
l'agriculture (19%). La catégorie « autre »
constitue la part flottante de population active toubienne.
Tableau n° 3 : répartition de la population
toubienne selon le secteur d'activité
Secteurs d'activités
|
Effectifs
|
%
|
Commerce
|
112 004
|
48%
|
Artisanat
|
74 649
|
32%
|
Agriculture
|
44 335
|
19%
|
Autres
|
2 333
|
1%
|
Total
|
233 341
|
100%
|
Source : CAUS, PDU Touba horizon 2020
La prédominance du secteur du commerce traduit bien
l'urbanisation en cours à Touba. A ses débuts, cette
localité n'était qu'un village où l'agriculture
était la principale activité exercée par les populations.
En 1973, elle occupait 53% de la population active. Mais à partir des
années 1980, sa part commença à baisser (47% en 1988) pour
atteindre 19% en 2005. Cette baisse progressive, même si elle s'explique
par une baisse des performances pluviométriques, elle traduit
également que « les mourides du business ont
progressivement pris la place des marabouts de l'arachide »36(*). Ainsi donc avec
l'urbanisation, les activités exercées se sont
diversifiées et aujourd'hui, c'est le secteur tertiaire dominé
essentiellement par le commerce qui occupe la plus grande partie de la
population active de Touba. L'essor de l'activité commerciale dans cette
localité s'explique dans une large mesure par sa fonction religieuse, sa
situation géographique mais aussi et surtout par son statut
d'exterritorialité. L'absence d'une brigade de gendarmerie dans l'espace
cerné par la rocade favorise l'écoulement des produits
frauduleux. En outre, dans cette zone beaucoup de marchandises ne sont pas
taxés. Cette franchise concerne des produits comme les tissus pour
l'habillement, les produits pharmaceutiques, les produits cosmétiques,
les articles ménagers... Cette situation ne fait que renforcer le
dynamisme du secteur. De nombreux acheteurs venant non seulement des
localités environnantes mais aussi des autres centres urbains du pays et
même de la sous région affluent ainsi vers la ville. Le
marché Ocass et les autres marchés de quartiers, la rue marchande
ou Avenue 28 (longue de 3km), les centres commerciaux, etc. sont autant de
zones de chalandise que compte la ville de Touba.
Le secteur de l'artisanat est également assez
dynamique dans la ville. Elle était la deuxième activité
exercée dans cette ville en 2005. Ce secteur pourrait largement
contribuer à la relance du secteur primaire grâce notamment
à la fabrication et à la maintenance des outils agricoles.
Par ailleurs comme dans les autres centres urbains du pays,
Touba abrite aussi un secteur privé moderne qui est en pleine
émergence. Il est essentiellement constitué par les professions
suivantes : le BTP, les services, le transport et communication, et les
professions libérales. Le développement de ce secteur illustre
l'urbanisation de cette localité.
Toutefois, le caractère informel des principales
activités exercées à Touba est à signaler. En 2005,
le nombre des actifs du secteur informel s'élevait à 98 800
personnes, soit 42,34% de la population active.
Conclusion : Touba est une ville
religieuse où tout est organisé pour répondre à
cette fonction spirituelle. Toute activité susceptible de distraire des
obligations religieuses ou confrériques est prohibée dans cette
ville, fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Même
l'éducation classique n'y jouit pas d'un réel enthousiasme car
étant considérée comme un vecteur de la civilisation
occidentale. Par ailleurs, cette fonction religieuse et l'autonomie de gestion
qui en découle d'une part et, de l'autre, l'essor de l'activité
économique ont beaucoup contribué au peuplement massif et rapide
de cette ville qui est devenue aujourd'hui la deuxième
agglomération urbaine du pays avec ses 1 060 462 millions
d'habitants. Cette urbanisation remarquable s'est accompagnée de
mutations profondes qui agissent sur les modes de fonctionnement de la ville
traditionnellement établis. L'autorité suprême de la ville
ne parvient plus en effet à pérenniser sa mission
régalienne de contrôle sur l'espace et sur les hommes. En
s'urbanisant donc, Touba est devenue une ville comme les autres, ce qui est
loin d'être conforme avec les souhaits exprimés par le fondateur
dans Matlaboul Fawzeinie.
La ville de touba se présente donc comme un cadre
idéal pour mieux appréhender la problématique de
l'appropriation d'Internet dans une ville religieuse, par des populations
analphabètes et aussi les effets de cette technologie dans
l'évolution un territoire quelconque.
DEUXIEME PARTIE : LES
CYBERCAFES, DES ESPACES ACCESSIBLES ET PEU FREQUENTES PAR LES POPULATIONS
Introduction
Né à l'intersection de la science fondamentale
et de la recherche militaire, Internet se présente comme une
confédération de réseaux de communication
décrétant de façon irrémédiable la fin de
beaucoup de contraintes auxquelles se heurtent le paradigme
communicationnel des peuples du monde (Sylla 2004). En effet il s'agit d'une
technologie qui permet de relier des individus spatialement
éloignés au sein d'un réseau (ou monde virtuel) où
ils peuvent communiquer et se partager des informations de nature diverses. Ce
qui permet ainsi de contourner certains obstacles d'ordre physique ou
liés au temps. Et le nombre d'utilisateur de cette technologie
témoigne d'un réel enthousiasme dont il jouit auprès des
populations. Toute fois les frais d'accès à cet outil demeurent,
d'un point de vue strictement individuel, relativement élevés
dans bon nombre de pays sous développés, ceux de l'Afrique
notamment. C'est du moins ce qui explique la mise sur pied des
cybercafés qui sont des lieux d'accès publics et collectifs
à Internet et à but lucratif. Au Sénégal, c'est au
lendemain de l'adoption du code des télécommunications de 1996,
celui là même qui a consacré la libéralisation de ce
secteur, que de tels lieux d'accès à Internet ont commencé
à s'éparpiller un peu partout sur l'ensemble du territoire
national, même dans les localités de l'intérieur du pays
comme Touba.
Dans cette deuxième partie, il est question
d'étudier les cybercafés choisis dans la ville. Pour cela, nous
allons d'abord procéder à une approche descriptive de ces lieux
en insistant sur leur localisation spatiale, leur caractéristique, leur
activité et le profil de leur gérant. Ensuite, nous nous
intéresserons aux modalités de fréquentation de ces lieux
par les internautes. Le dernier point de cette partie sera consacré au
niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés.
L'intérêt étant de mieux apprécier le niveau (ou
degré) d'appropriation de cette TIC par les populations.
CHAPITRE I : APPROCHE
DESCRIPTIVE DES CYBERCAFES
I- Localisation spatiale des
cybercafés
Les cybercafés où se sont
déroulées les enquêtes sont donc tous situés dans
des quartiers peuplés, assez symboliques et le long d'axes routiers
très prisés. Leur emplacement dans ces endroits n'est cependant
pas un fait relevant du hasard. Les cybercafés sont des lieux
d'accès collectifs à Internet et à but lucratif. Leur
ouverture est donc sous-tendue par des motivations d'ordre financières
ou économiques. Sous ce rapport, il semble évident que les zones
fortement peuplées, où se concentrent la plupart des
activités de services seront sans nul doute les plus prisées pour
l'implantation d'un cybercafé. C'est donc dire que de forts enjeux
spatiaux sont rattachés à ces lieux d'accès collectif
à Internet (ou à la « société de
l'information »).
II- Caractéristiques et
activités des cybercafés
1. Caractéristiques des cybercafés
Tous les quatre cybercafés visités ont
été ouvert entre 2002 et 2009 ; ce qui révèle
que ces lieux d'accès collectifs à Internet ont existé
à Touba bien avant l'introduction au Sénégal de l'ADSL,
technologie qui a fortement contribué à la baisse des tarifs de
connexion et par conséquent à la massification des usagers de
cette TIC. En outre, ces cybercafés présentent des
différences caractéristiques perceptibles tant sous leur
apparence intérieure qu'extérieure.
1.1 Apparence intérieure des
cybercafés
En fonction des moyens financiers dont dispose le promoteur du
cybercafé, l'aménagement intérieur de ce lieu est plus ou
moins bien entrepris car il participe directement ou indirectement à son
attractivité. En effet, le nombre d'ordinateurs connectés, leurs
caractéristiques, leur disposition, la disponibilité ou non de
certains accessoires comme les micro casque et les webcams, la
décoration, le niveau de confort et le débit de la connexion
sont autant d'éléments qui caractérisent ces lieux
d'accès et qui déterminent leur niveau de fréquentation et
d'utilisation
Figure n° 1 : Apparence interne des
cybercafés
Source : Paul Diouf, enquête
de terrain, 2009
|
Le nombre d'ordinateurs connectés dans ces
cybercafés varie entre quatre (04) et sept (07). La disposition de ces
ordinateurs n'est pas uniforme dans tous les cybercafés. A Darou
koudous, ils sont disposés sous forme de box ; ce qui permet une
plus grande discrétion dans l'utilisation d'Internet. Par contre dans
les autres cybercafés, ils sont disposés soit de façon
continue sur une ou plusieurs tables (Darou Marnane et Darou Miname) ou soit de
façon alignés, c'est-à-dire les uns derrière les
autres.
Tous ces cybercafés disposent quand même des
accessoires les plus utilisés par les internautes à savoir les
webcams et les micros casques. Cependant si au cybercafé de Darou
Marnane chaque ordinateur dispose d'une webcam et d'un micro casque, il en est
autrement dans les autres cybercafés. En effet, à Darou Khoudoss
et à Darou Miname, mêmes si toutes les machines disposent chacune
d'un micro casque, on n'a dénombré que deux webcams dans chaque
cybercafé. Au marché Ocass, il n'y a qu'une seul webcam et trois
micro-casques pour les quatre ordinateurs qu'il y a. Ces accessoires permettent
d'établir des communications par voie orale ou sous forme de
vidéoconférence et aussi à écouter du son. Ils sont
donc indispensables à l'utilisation de certains services d'Internet et
dès lors donc, leur nombre et leur disponibilité dans un
cybercafé s'avèrent très avantageux.
La décoration de ces lieux d'accès à
Internet demeure d'une manière générale identique. Sur les
murs peints à des couleurs différents, sont apposées des
photos de Bamba, de membres de sa famille ou de symboles du mouridisme comme la
grande mosquée. Ces murs portent également des affiches qui
rappellent l'interdiction formelle d'ouvrir des sites web à contenu
pornographique (cf. figure n° 1). La présence de ses affiches
s'explique par le fait qu'à Touba, les cybercafés ont
été pendant un moment fermés par le khalife
général qui, sur la bases de certaines informations, les
considérait comme des lieux de débauche où l'on s'adonner
à certaines activités interdites dans la cité (regarder
des films porno ou jouer par exemple). C'est à la suite de
l'intervention de certains grands commerçants influents (et dont
certains sont propriétaires de cybercafés) que ces lieux ont
été rouvert et, depuis lors, ils portent tous cette affiche. Le
respect de l'orthodoxie religieuse est donc souhaité dans ces
cybercafés de Touba.
Le débit de la connexion demeure également un
élément caractéristique des cybercafés. Plus ce
débit est grand, plus la connexion est rapide ; ce qui ne fait
renforcer l'attractivité du cybercafé et son niveau de
fréquentation et d'utilisation. L'ADSL est depuis 2003 la principale
technologie utilisée au Sénégal pour avoir accès
à Internet à des débits variés. La SONATEL,
principal fournisseur d'accès à Internet au Sénégal
propose à sa clientèle quatre (04) formules d'abonnement (cf.
Annexe 8) dont les deux premiers sont essentiellement destinés aux
ménages et à la limite au cybercafé, et les deux autres
aux entreprises. A touba parmi les cybercafés visités, c'est
celui de Darou Marnane qui a le plus grand débit de connexion (ADSL
1024 Pro) et le plus bas se trouve au cybercafé de Darou Miname (ADSL
512).
1.2 Apparence extérieure des
cybercafés
Tout comme l'aspect intérieur, l'apparence
extérieure des cybercafés est également bien entreprise
car elle contribue surtout à renforcer l'attractivité de
l'infrastructure. Tous les quatre cybercafés visités se
présentent avec des devantures peintes avec des couleurs
différentes, des portes en bois, en verre ou en fer recouvertes
d'affiches indiquant les principaux services disponibles et leurs tarifs, les
horaires d'ouverture, des photos de figures emblématiques du mouridisme
et de la ville et un panneau indiquant le nom du cybercafé qui est le
plus souvent celui d'un marabout mouride.
2. Les activités des cybercafés
Les cybercafés sont des lieux d'accès collectifs
à Internet à but lucratif. Il s'agit donc d'endroits où
l'on peut utiliser « le réseau des réseaux »
moyennant une somme d'argent bien défini. En outre pour diversifier les
sources de revenus et se faire ainsi plus de lucres, de nombreux
cybercafés mettent à la disposition de leur clientèle un
large éventail de service comme le fax, le traitement de texte, la
formation en informatique...
2.1 La connexion à Internet
Les tarifs de connexion pratiqués dans les
cybercafés sont établis en fonction des charges liées au
fonctionnement de l'infrastructure. En effet, le coût de la location du
local, les factures d'électricité et d'Internet, le salaire du
personnel, la concurrence, la maintenance des ordinateurs etc. sont autant
d'éléments qui agissent directement sur le choix des prix
à appliquer dans le cybercafé. A Touba, dans les
cybercafés visités, les tarifs de connexion varient entre 150
FCFA et 300 FCFA pour une heure de connexion, et 100 FCFA et 150 FCFA pour la
demi-heure. C'est au cybercafé de Darou Marnane que l'on trouve les
tarifs les plus bas : 150 FCFA pour une heure de connexion et 100 FCFA
pour la demi-heure.
Cette activité est inhérente aux
cybercafés et permet aussi aux populations d'intégrer le
« réseau des réseaux », Internet. Celui-ci
comporte des applications très pratiques qui permettent d'avoir
accès à des services multiples et variés dont la plupart
sont gratuits. Internet est une confédération de réseaux
informatiques. Il a été développé au USA dans les
années 1960 et devait permettre aux chercheurs de l'armée et des
universités américaines de s'échanger des informations
entre eux et aussi d'établir des communications interpersonnelles. De
nombreuses applications ont été ainsi mises sur pied pur
répondre à cette fin. Le courriel, les newsgroups (ou forum de
discussion), la messagerie instantanée, l'IRC, Skype sont autant
d'applications qui permettent à des individus utilisant des serveurs
spatialement éloignés de communiquer par écrit ou
oralement via Internet et ce nonobstant les obstacles liées au temps ou
à la nature. Avec le Web et FTP, tous les ordinateurs et serveurs
connectés au réseau Internet deviennent accessible à tous
(ou presque) et il est même possible de rapatrier sur son ordinateur un
quelconque fichier se trouvant dans l'une de ces machines. Ces deux
applications permettent donc d'avoir accès à la masse
impressionnante d'informations contenue dans les ordinateurs inters
reliés au sein d'Internet. Le web, encore appelé
indifféremment W3, WWW ou World Wide Web (toile d'araignées
mondiale en français) est souvent confondu à tort à
Internet alors qu'il n'est qu'une des applications de ce réseau qui a
pris le pas sur les autres. Il s'agit en fait « d'un
système d'échange d'informations à l'échelle
planétaire permettant la manipulation de tout type de document qu'ils
soient des photos, des textes, des cartes géographiques, des dessins
animées ou fixes, des vidéos des sons »37(*). Le web est devenu
aujourd'hui la principale application dont se servent les internautes pour
accéder à l'un des serveurs inter reliés au sein
d'Internet et de manipuler les informations qui s'y trouvent. S'il en est
ainsi, c'est parce qu'il attribue à chaque serveur une adresse qui lui
est spécifique et qui permet ainsi de le localiser et d'y
accéder. Avec les progrès scientifiques réalisés
dans le domaine de l'informatique, une nouvelle génération de
services et d'applications Internet a émergé depuis quelques
années. Ceux-ci sont couramment désignés par l'expression
web 2.0 et à travers eux, Internet apparaît désormais comme
un espace communautaire et interactif. En effet l'utilisation de ce
réseau ne se limite plus à la connexion à des serveurs
distants ou à la communication. Ce réseau n'est plus aussi
uniquement l'affaire des webmasters. Au contraire avec le web 2.0,
l'internaute devient le principal acteur du réseau grâce à
la possibilité qu'il a de disposer d'une page personnelle interactive
où il peut raconter ses activités quotidiennes et
présenter ses principaux centres d'intérêts (blog), de
partager des vidéos, photos ou sons de nature diverses, de rencontrer
des personnes partageant les mêmes centres d'intérêts ou qui
souhaitent explorer ceux d'autres personnes (les sites de rencontre), de
personnaliser les sites web qu'il visitent, ... Le web 2.0 apparaît donc
comme une centralisation de l'ensemble des applications Internet.
Le service connexion à Internet permet ainsi donc aux
populations d'être en contact avec Internet qui est à la fois une
riche source de documentation, un outil de communication, un cadre
d'échange, de rencontre, de divertissement et d'expression.
2.2 Les autres services proposés dans les
cybercafés
En dehors de la connexion à Internet, les
cybercafés visités à Touba offrent à leurs
clientèles une gamme diverse de services, listés dans le tableau
n° 4.
Tableau n° 4 : Les autres services proposés à
part la connexion à Internet
Quel (s) service (s) proposez-vous à part la
connexion à Internet ?
|
|
Nombre de citations
|
%
|
Bureautiques
|
4
|
40%
|
Formation informatique
|
2
|
20%
|
Autres
|
2
|
20%
|
Formation spéciale en Internet
|
1
|
10%
|
Communication
|
1
|
10%
|
Total
|
10
|
100
|
Source: Paul Diouf, enquête
de terrain, 2009
Tous les quatre cybercafés visités proposent
à leurs clientèles des services bureautiques. Ceux-ci concernent
les activités de traitement de texte, de photocopie, de scannage, de
reluire, de gravure de CD ROOM, de confection de badges ou cartes et
d'impression. En outre, ce sont essentiellement des commerçants, des
agriculteurs, des élèves, et des dahiras mourides qui les
utilisent soit, pour confectionner des badges ou des cartes de membre ou
d'invitation, soit pour rédiger une demande d'attribution de semences ou
de terrains de culture, soit pour rédiger des PV, soit pour
confectionner des bons de commande ou des factures, etc.
La formation en informatique n'est disponible que dans les
cybercafés de Darou Marnane et de Darou Khoudoss et porte sur la
maîtrise de l'outil informatique et de certaines applications comme Word,
Excel, Publisher... Le coût de cette formation varie entre 15 000 et
25 000 FCFA par élève pour une session de formation d'une
durée de trois mois. Pour les élèves, constitués en
majorité de filles, cette formation devra leur permettre de trouver un
emploi en tant que caissière, comptable ou secrétaire dans un des
boutiques ou centres commerciaux de la ville ou dans le secteur privé
moderne émergent.
La catégorie de services regroupés sous
l'appellation autres concerne la maintenance/vente
d'ordinateurs et d'accessoires informatiques (clavier, souris, micro casque,
logiciels ....) et la confection de sites web. Ces services sont
proposés par le cybercafé de Darou Marnane et sont
essentiellement utilisés par ceux qui possèdent un ordinateur
fixe ou portable ou qui s'intéressent aux réseaux
informatiques.
La formation spéciale en Internet constitue un ensemble
de cours portant sur la maîtrise des applications du réseau et
elle est ouverte à toutes les catégories de population :
commerçants, alphabétisé, analphabète,
élève, chauffeur, fonctionnaire, etc. Seul le cybercafé de
Darou Marnane propose ce type de formation, dont le coût
s'élève à 12 000 FCFA. Pour le gérant du
cybercafé concerné, « cette formation va permettre
de se libérer de l'une des principales contraintes liées à
notre travail : les demandes d'assistance des clients
internautes ». Ainsi, la formation
spéciale en Internet peut être perçue comme une
stratégie développée à partir des
caractéristiques propre au territoire et qui vise à faciliter
l'accès et l'usage d'Internet aux populations.
La communication concerne les activités de
télécentres et de fax et elle n'est proposée que par le
cybercafé de Darou Marnane.
D'une manière générale, on peut retenir
que ces cybercafés de la ville ont su adaptés leurs prestations
de services aux caractéristiques, aux besoins du territoire. La
connexion à Internet, la communication, la formation en informatique ou
en Internet, ... sont en effet autant de services qui répondent aux
attentes des commerçants, des élèves, des chômeurs,
des dahiras, des fonctionnaires, des femmes au foyer, etc. qui peuplent la
ville de Touba.
III- Profil des gérants
des cybercafés
L'examen du profil des gérants des cybercafés
visités à Touba laisse apparaître dans l'ensemble une
certaine homogénéité. En effet tous les quatre
gérants interrogés sont de sexe masculin et ont un âge
compris entre 25 ans et 35 ans, la moyenne étant de 28,75 ans. Seul un
gérant, celui de Darou Miname, est âgé de 30-35 ans alors
que les trois autres ont un âge compris entre 25 et 30 ans. En outre, ils
sont tous mariés et le niveau d'instruction le plus fréquent chez
eux est de loin le secondaire (75%). Seul un gérant est donc
analphabète. C'est donc dire qu'ils ont un niveau d'instruction assez
satisfaisant éventuellement parce que la gérance d'un
cybercafé (surtout à Touba) repose sur l'usage de l'écrit
et nécessite un peu de savoir lire et écrire et aussi et surtout
de maîtrise de l'outil informatique. Et c'est sans doute la raison pour
laquelle ils ont tous été formés en informatique. Par
ailleurs, deux des quatre gérants interrogés sont en même
temps propriétaire des cybercafés qu'ils gèrent. Il s'agit
de ceux de Darou Khoudoss et d'Ocass. Les gérants des cybercafés
de Darou Marnane et de Darou Miname reçoivent respectivement entre
40 000-50 000FCFA et 30 000 - 40 000FCFA comme salaire
mensuel pour la gérance du cybercafé. Cependant, tous les
gérants, même ceux qui sont propriétaires, s'exercent dans
d'autre activité professionnelle (parallèlement ou en même
temps que la gérance du cybercafé) que sont la gérance
d'une quincaillerie, l'installation ou la maintenance de réseaux
informatique et la formation en informatique. Les principales raisons
avancées pour justifier cette situation sont :
« joindre les deux bouts et augmenter les
revenus ». Ainsi donc, on peut retenir que ces gérants
sont de jeunes gens mariés qui tentent autant que faire se peut de
subvenir aux besoins qu'imposent la vie en général, et celle de
couple en particulier. Toute fois, il existe tout un ensemble de facteurs qui
rend difficile cette recherche des moyens de survie.
Tableau n° 5 : Les difficultés liées
à la gérance du cybercafé à Touba
Difficulté (s) liée (s) à la
gérance du cybercafé
|
|
Nombre de citation
|
%
|
Demande d'assistance des clients
|
4
|
50%
|
Coupures d'électricité
|
2
|
25%
|
Coupure de connexion
|
2
|
25%
|
Total
|
8
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
Les résultats de nos enquêtes
présentées dans le tableau n° 5 exposent les principales
difficultés auxquelles sont confrontés les gérants des
cybercafés interrogés à Touba. Les demandes d'assistance
des clients sont les plus citées parmi ces contraintes. En effet dans
tous les quatre cybercafés, les gérants nous affirmé
qu'ils sont souvent «essoufflés par des clients qui veulent se
connecter mais qui comprennent peu de chose sur l'utilisation
d'Internet ». Et la plupart d'entre eux n'à d'autres
moyens que de réclamer l'aide du gérant des lieux. Autant donc
dire la gérance d'un cybercafé à Touba n'est pas chose
facile !
Cette approche descriptive des cybercafés retenus pour
ce travail a permis de saisir que ces lieux sont implantés dans des
endroits d'accès relativement facile. Ils sont en effet tous
situés dans des quartiers peuplés et le long d'axes routiers
très empruntés. Ils se trouvent donc dans des zones
géographiques bien définies. D'autre part, il ressort de cette
approche descriptive que les traits caractéristiques et les types
d'activités de ces cybercafés ne font que refléter les
moyens financiers à la disposition de leurs propriétaires. Par
ailleurs, l'implantation de ces cybercafés dans ces quartiers de la
ville participe au développent de ceux-ci à double titre. D'abord
il permet de réduire le chômage ou l'inactivité dans la
mesure où la gérance d'un lieu pareil requiert l'embauche d'au
moins une ou deux personnes. Ensuite, ils permettent aux populations de se
former ou de se perfectionner en informatique en mettant à leur
disposition un outil de communication et de travail efficace.
CHAPITRE II : LES
MODALITES D'APPROPRIATION DES CYBERCAFES PAR LES POPULATIONS
L'avènement des TIC a sensiblement modifié les
façons habituelles d'apprendre, de communiquer, de voyager, d'acheter,
de se divertir, de s'informer, etc. L'une d'entre elles, Internet, se
présente comme une reproduction simplifiée du monde réel.
Il permet de relier simultanément des milliers d'individus spatialement
distants au sein d'un réseau où ils peuvent communiquer et
s'échanger des informations de natures diverses. Les facteurs qui
rendaient difficile la communication entre les hommes sont ainsi
atténués voire même supprimés. De même
l'acquisition du savoir a aussi été beaucoup facilitée par
Internet. Par ailleurs, du fait de sa visibilité planétaire,
Internet offre une vitrine mondiale pour les territoires, les acteurs sociaux,
politiques, culturels, privé, les associations culturelles, les
commerçants, etc. A Touba, cette TIC qui est disponible dans des
cybercafés accessibles, est de plus en plus utilisée par une
certaine frange de la population, qui semble ainsi être conscient des
opportunités qu'elle offre. Dans ce chapitre, nous allons mener une
analyse sur l'ensemble des conditions particulières liées
à la fréquentation des cybercafés par ces individus qui
commencent à s'approprier Internet. Celles-ci sont complexes et
générales car elles sont directement en rapport avec des
caractéristiques propres à l'infrastructure elle-même et
aussi et surtout à chaque internaute.
I- Les motivations de
fréquentations des cybercafés par les populations
Les cybercafés constituent les uniques lieux
d'accès à Internet pour 64% des internautes interrogés.
Pour les autres, l'accès à Internet peut se faire chez une tierce
personne (17%), à l'école (11%), au lieu de travail (7%) ou au
siège d'un dahira mouride (3%).
Les motivations qui président à la
fréquentation des cybercafés par les internautes traduisent dans
un sens leur volonté d'utiliser le « réseau des
réseaux » à chaque fois que le besoin se fait sentir.
Les enquêtes effectuées à Touba révèlent que
68% de l'échantillon ne fréquente aucun autre cybercafé
à part celui où on les a trouvés, et pour les 32% restant
c'est le contraire. Les sources de motivations avancées par ces
internautes pour justifier leur fréquentation de ces lieux sont
multiples et variés. Mais l'accessibilité physique de
l'infrastructure, c'est à dire sa proximité au lieu de travail
ou de résidence, sa disponibilité, est de loin le premier facteur
déterminant l'utilisation de ces lieux par ces populations. Ce qui
témoigne de la volonté de ceux-ci de se servir d'Internet sans
grand efforts physiques. La seconde source de motivations concerne les tarifs
de connexion pratiqués dans le cybercafé. Ces prix varient entre
150 et 300 CFA pour l'heure de connexion et 100 à 150 FCFA pour la
demi-heure. En outre c'est ce prix qui détermine dans une large mesure
la durée de la session à Internet dans le cybercafé et
aussi son rythme de fréquentation par les internautes. Sous ce rapport,
le cybercafé qui proposera les tarifs les plus abordables aura sans
doute une plus large clientèle. Le niveau de confort de
l'infrastructure, c'est-à-dire la disponibilité ou non de
certains accessoires (tels que les webcams ou les micros casques), la
qualité de la connexion et le niveau de discrétion et de calme,
constitue la troisième source de motivations des internautes de la
ville. Autant donc dire que ces populations accordent une importance plus ou
moins grande à certaines caractéristiques internes des
cybercafés, notamment celles qui leur permettraient d'utiliser le
réseau conformément à leurs exigences. Enfin, la
dernière source de motivation exprimée par les usagers concerne
leurs relations avec le gérant de l'infrastructure. Ces relations
peuvent être perçues dans une certaine mesure comme une
stratégie de marketing. En effet, dans le souci de fidéliser la
clientèle, certains gérants n'hésitent pas à nouer
des relations le plus souvent amicales avec leurs clients. Et il y a même
des gérants qui acceptent de concéder des crédits à
leurs clients. Sous ce rapport donc, il n'est pas étonnant de voir une
partie de l'échantillon justifier sa fréquentation d'un
cybercafé par le simple fait qu'il connaît le gérant dudit
lieu.
D'une manière générale, on peut retenir
que les usagers d'Internet à Touba fréquentent les
cybercafés d'abord parce que ceux-ci sont proches du lieu où ils
se trouvent et ensuite parce qu'ils y trouvent des tarifs de connexion
abordables et un niveau de confort satisfaisant.
II- Jours et moments de
fréquentation des cybercafés par les populations
La plus grande parte de l'échantillon (69%) ne fait pas de
différence entre les jours pour se rendre au cybercafé. Pour 23%
d'entre eux, la fréquentation de ces lieux se fait le plus souvent les
week end et jours fériés alors que pour le reste (8%), ce sont
les jours ouvrables.
Tableau n° 6: Jours de fréquentations des
cybercafés
Quels jours fréquentez vous le plus les
cybercafés ?
|
|
Nombre de citations
|
%
|
Les jours ouvrables
|
8
|
8%
|
Les week-end/jours fériés
|
23
|
23%
|
Pas de jours particuliers
|
69
|
69%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
Tableau n° 7 : Répartition des internautes selon la
période de fréquentation des cybercafés à Touba
A quel moment de la journée
fréquentez-vous le plus souvent les
cybercafés ?
|
Période de la journée
|
Nombre de citation
|
%
|
8h-10h
|
2
|
2%
|
10h-12h
|
3
|
3%
|
12h-14h
|
10
|
10%
|
15h-17h
|
12
|
12%
|
17h-19h
|
21
|
21%
|
19h-21h
|
16
|
16%
|
Au delà de 21h
|
12
|
12%
|
Pas de moment particulier
|
24
|
24%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
Le moment de la journée où les cybercafés
connaissent la plus grande affluence est de loin l'après midi. En effet,
le tableau n° 8 révèle que 43% des internautes
interrogés fréquentent les cybercafés soit entre 12h et
14h (10%), soit entre 15h et 17h (12%) ou soit entre 17h et 19h (21%). 28%
d'entre eux s'y rende le plus souvent la soirée alors que seul 5% ne
les fréquente que le matin. La disponibilité est de loin la
principale raison justifiant le choix d'un moment précis de la
journée pour aller se connecter dans un cybercafé. En d'autres
termes ces internautes n'utilisent Internet dans ces lieux d'accès qu'au
moment de la journée où ils sont disponibles. Pour d'autres,
c'est par simple habitude qu'ils se rendent dans ces lieux à ces moments
précis. Il y en a également qui explique ce choix par le fait
que c'est à ce moment qu'ils ont le plus besoin d'Internet.
L'interdiction de sortir la nuit et la recherche d'une meilleure qualité
de connexion et de tranquillité, sont les autres facteurs
évoqués par ces populations pour justifier leur choix d'un moment
particulier de la fournée pour se rendre au cybercafé.
Toute fois on remarque que 24% des usagers affirment n'avoir
pas de moment particulier pour se rendre au cybercafé pour utiliser
Internet.
III- Durée de la
connexion et fréquence de visite des cybercafés
Tableau n° 8 : Répartition des internautes selon la
durée de la connexion dans les cybercafés de Touba
Combien de temps dure en moyenne votre connexion à
Internet à chaque visite dans les cybercafés ?
|
Durée
|
Nombre de citation
|
%
|
1h
|
40
|
40%
|
Moins d'1h
|
21
|
21%
|
1h-2h
|
20
|
20%
|
2h
|
7
|
7%
|
2h-3h
|
3
|
3%
|
3h
|
3
|
3%
|
3h-4h
|
2
|
2%
|
4h
|
1
|
1%
|
4h-5h
|
1
|
1%
|
Plus de 5h
|
2
|
2%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
Le temps que dure la connexion ainsi que le rythme de visite
des cybercafés sont dépendants d'un certain nombre de facteurs.
Les résultats de nos enquêtes présentées dans les
tableaux n° 9 et n° 10 révèlent que 61% des internautes
ne se connectent que pour une durée inférieure ou égale
à 1h. Pour ces derniers, « ce temps est assez suffisant
pour satisfaire ses besoins sur Internet. En outre avec les prix
pratiqués, il est un peu difficile pour nous de se payer une session
plus longue ». 20% d'entre eux ont une session
habituelle qui dure entre 1h et 2h, et pour les 19% restant la connexion peut
durer plus de 2h (il y en a même qui se connectent pendant 5h ou plus).
Ainsi donc on peut retenir que ce sont essentiellement les moyens financiers
dont dispose l'internaute qui sous tendent le choix de la durée de la
connexion à Internet dans les cybercafés. Il s'y ajoute la
nature du besoin à satisfaire sur Internet, c'est-à-dire du type
d'activité qu'il souhaite pratiquer sur le réseau. La
consultation d'un mail ou d'un article de presse liés à
l'actualité nationale ou étrangère prend, par exemple,
moins de temps que le visionnage ou le téléchargement d'une
musique ou d'une quelconque vidéo.
Par ailleurs, le rythme de fréquentation des
cybercafés par les internautes est également varié. Pour
ces derniers, la fréquence de visite des cybercafés est en
rapport avec la disponibilité, le besoin d'utiliser l'outil,
l'accessibilité de l'infrastructure ou encore les moyens financiers.
Pour 17% des usagers, la fréquentation des cybercafés se fait
occasionnellement, c'est à chaque fois que la possibilité se
présente alors que pour les autres, celle-ci se fait à un rythme
plus constant. En effet 44% des usagers déclarent
fréquentés les cybercafés une fois par semaine, 28% s'y
rendent entre deux et trois fois et 11% plus de trois par semaine.
Tableau n° 9 : Fréquence de visite des
cybercafés
A quelle fréquence utiliser-vous Internet dans les
cybercafés ?
|
|
Effectifs
|
%
|
Une fois par semaine
|
44
|
44%
|
Deux à trois fois par semaine
|
28
|
28%
|
Plus de trois fois par semaine
|
11
|
11%
|
Occasionnellement
|
17
|
17%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
Cette analyse de l'ensemble des conditions
particulières liées à la fréquentation des
cybercafés par les internautes laisse apparaître que l'utilisation
d'Internet dans les cybercafés commence à intégrer les
habitudes des gens interrogés. En effet, les cybercafés sont
fréquentés régulièrement par ces internautes et
certains ont même choisis des moments et des jours particuliers pour se
rendre dans ces lieux. D'autres accordent une importance particulière
à l'aménagement interne de l'infrastructure. Cependant, ces
internautes rencontrent un certain nombre difficultés d'abord pour
accéder au cybercafé et ensuite lorsqu'ils utilisent le
« réseau des réseaux » dans ces lieux. Ces
contraintes risquent de retarder voire même d'annuler l'appropriation
d'Internet par les populations de la ville.
IV- Difficultés
liées à l'accès et à l'utilisation d'Internet dans
cybercafés
Tableau n° 10 : Difficultés liées à
l'accès au cybercafé
Quelle est la principale difficulté que vous
rencontrez pour accéder au cybercafé ?
|
|
Nombre de citations
|
%
|
Aucune
|
20
|
20%
|
Manque d'argent
|
43
|
43%
|
Manque de temps
|
28
|
28%
|
Distance
|
8
|
8%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
L'examen du tableau n° 10 laisse apparaître que 20%
des internautes n'éprouvent aucune sorte de difficultés pour
accéder au cybercafé. Pour la majorité d'entre eux (43%),
l'accès au cybercafé est rendu difficile par le manque d'argent.
Ce qui traduit que ceux-ci ont de plus en plus du mal à regrouper la
somme correspondant aux tarifs de connexion pratiqués dans les
cybercafés. D'ailleurs, seul 9% des individus interrogés
déclare avoir un budget exclusivement réservé à
l'utilisation d'Internet dans ces lieux. Ces derniers sont pour l'essentiel des
épouses d'émigrés « toubiens » qui
reçoivent à chaque fin du moi une somme d'argent bien
défini. Cette somme leur permet d'utiliser Internet afin de communiquer
régulièrement avec leurs conjoints. A part le manque d'argent,
c'est le manque de temps qui constitue le second obstacle auquel se heurtent
les internautes pour accéder au cybercafé. Enfin la
troisième contrainte qu'ils ont mentionnée est en rapport avec
la distance au lieu d'accès. En effet une partie de notre
échantillon (8%) trouve que les cybercafés sont assez
éloignés de leur lieu de résidence ou de travail et cela
constitue pour eux un facteur qui rend pénible la fréquentation
du lieu d'accès.
De même que pour l'accès, les internautes
de Touba se heurtent aussi à quelques obstacles lorsqu'ils
utilisent Internet dans les cybercafés. Ces contraintes,
répertoriées dans le tableau n° 11, sont essentiellement
liées à certaines caractéristiques internes des
cybercafés et aussi au niveau de maîtrise de l'outil
informatique.
Tableau n° 11 : Difficultés liées à
l'utilisation d'Internet dans les cybercafés
Quelle est la principale contrainte que vous rencontrez
lorsque vous utilisez Internet dans les cybercafés ?
|
|
Nombre de citations
|
%
|
Aucune
|
10
|
10%
|
Manipulation de l'ordinateur
|
20
|
20%
|
Cadre étroit
|
8
|
8%
|
Déconnexion du réseau
|
6
|
6%
|
Lenteur des ordinateurs
|
21
|
21%
|
Lenteur de la connexion
|
19
|
19%
|
Indisponibilité des ordinateurs
|
5
|
5%
|
Coupures d'électricité
|
11
|
11%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2008
En effet, la qualité de la connexion et des
ordinateurs, la disponibilité de ceux-ci et le niveau
d'aménagement interne de l'infrastructure sont autant de
caractéristiques propres au cybercafé et auxquelles, 59% des
internautes font allusion s'agissant des heurts qu'ils rencontrent lors de leur
session à Internet dans ces lieux. La qualité de la connexion
à Internet est largement dépendante du type d'abonnement ADSL
auquel a souscrit le propriétaire du cybercafé. Ces abonnements
sont au nombre de quatre et varient en fonction de leur coût et de la
vitesse (ou débit) de connexion qu'ils offrent. Pour le
propriétaire du cybercafé, le choix de la formule se fera surtout
en fonction des moyens financiers dont il dispose. Plus le débit est
grand, plus la connexion est rapide. A Touba, 19% des internautes
déplorent la lenteur de la connexion lorsqu'ils utilisent Internet.
Cette lenteur peut être à l'origine d'une interruption
momentanée de la session, c'est-à-dire une déconnexion de
réseau. Ce que déplorent 6% des internautes. La lenteur des
ordinateurs est aussi regrettée par 21% d'entre eux. Cette situation
s'explique par le fait que rares sont les cybercafés qui se procurent
des ordinateurs neufs ou disposant des caractéristiques adéquats
pour la connexion à Internet. Par ailleurs ces ordinateurs de
qualité moyenne voire médiocre, n'existent pas en nombre
suffisant dans les cybercafés. Dès lors on comprend pourquoi 5%
des usagers cite l'indisponibilité des ordinateurs comme principale
difficulté liée à l'utilisation d'Internet dans les
cybercafés. Ces internautes sont donc parfois obligés de rester
de long moment dans ces lieux avant de trouver une machine libre. Enfin bien
qu'ils soient faibles, il y a des internautes qui ont fait allusion au niveau
de confort et de quiétude dans l'infrastructure parmi les
difficultés auxquelles ils sont confrontés lors de leur visite
dans les cybercafés. 8% des usagers ont en effet mentionnés
l'étroitesse de l'infrastructure comme principale contrainte liée
à l'utilisation d'Internet. Contrairement aux télécentres
où le propriétaire doit respecter certaines normes de surface,
les cybercafés ne sont eux soumis à aucune réglementation.
Beaucoup d'entre eux sont localisées dans des cadres
étriqués où l'entassement crée les conditions
favorables à l'indiscrétion, au bruit, au désordre,
etc.
La seconde nature des contraintes éprouvées par
les usagers est liée au niveau de maîtrise de l'outil
informatique. Les résultats de nos enquêtes
présentés dans le tableau n°12 permettent de saisir que 20%
d'entre eux éprouvent de réelles difficultés pour
manipuler l'ordinateur, c'est-à-dire à se servir de la souris, du
clavier et de certaines application d'Internet (dont les plus cités sont
le transfert de fichier, la consultation et l'envoi de mail, l'utilisation de
Skype). Ce qui témoigne de leur faible niveau de maîtrise de
l'outil informatique. Cette situation s'explique par le fait que la
majorité de l'échantillon (82%) n'a reçu ni une formation
en informatique, ni une formation spéciale à l'utilisation
d'Internet.
Les coupures d'électricité sont également
citées comme une contrainte liée à l'utilisation
d'Internet pour 11% des usagers. Ceci est à mettre en rapport avec le
fait nos enquêtes à Touba ont coïncidé avec une
période de recrudescence des délestages.
V - Appréciation
du niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés
Les cybercafés ciblés dans ce travail offrent
à leurs clients une multitude de services dont chacun correspond plus ou
moins à leurs préoccupations journalières. Les usages que
les populations font de ces cybercafés sont donc multiples et
variés. Il s'agit ici de s'intéresser à la place qu'occupe
le service connexion à Internet dans ces usages. Ce qui va permettre de
mieux estimer le niveau d'utilisation d'Internet dans ces cybercafés.
Les enquêtes menées auprès des
gérants de ces cybercafés révèlent que ces lieux
sont peu utilisés pour la connexion à Internet. En effet,
à la question « quel est le service le plus utilisé dans
votre cybercafé ? » tous les quatre gérants
ont répondus par « les services
bureautiques ». En outre, toujours selon eux, «
le service connexion à Internet ne peut à lui assurer la survie
du cybercafé ». Ces propos des
gérants trouvent vite une explication plausible à travers
l'examen du nombre de tickets de connexion à Internet qu'ils parviennent
à vendre par jour. Celui-ci correspond au nombre de clients internautes
qui fréquentent les cybercafés.
Tableau n° 12 : Nombre de tickets de connexion à
Internet vendu par jour dans les cybercafés à Touba
Combien de tickets de connexion rendez-vous par
jour ?
|
|
Nombre de citations
|
%
|
5-10
|
3
|
75%
|
15-20
|
1
|
50%
|
20-25
|
1
|
25%
|
Total
|
4
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
C'est le cybercafé situé au marché Ocass
qui reçoit le plus de clients internautes parmi les cybercafés
ciblés (20 et 25). La position géographique de ce
cybercafé justifie largement sa fréquentation relativement forte.
Les 3 autres cybercafés n'arrivent à vendre qu'entre 5 et 10
tickets de connexion par jour. En somme, on peut retenir que ces
cybercafés ne reçoivent qu'entre 5 et 25 clients internautes par
jours. Ce qui corrobore parfaitement les propos des gérants. Et
d'ailleurs les situations observées lors de nos multiples visites
effectuées dans les cybercafés ont permis de constater cette
faible utilisation du service connexion à Internet. Il nous est en effet
arrivé à plusieurs reprises de rester tout une matinée ou
un après midi dans un cybercafé sans apercevoir l'ombre d'aucun
client internaute.
Conclusion : les cybercafés
visités dans la ville de Touba ont été
aménagé de manière à répondre à leur
objectif premier qui est la recherche du lucre. Leur localisation spatiale leur
confère une certaine accessibilité que renforce leur apparence
interne et externe. Par ailleurs, ces cybercafés mettent à la
disposition des populations de Touba de nombreux services parmi lesquels
Internet, qui simplifie beaucoup l'exécution des tâches et
besoins quotidiens. Et c'est du moins ce qui explique le réel engouement
dont il jouit auprès d'une certaine frange de la population toubienne
qui en usent régulièrement dans les cybercafés.
Cependant, l'analyse du niveau d'utilisation d'Internet dans les
cybercafés révèle que ces lieux sont peu utilisés
pour la connexion à Internet. En effet ce service proposé
par les cybercafés occupe la seconde place dans les usages que les
populations de Touba font de ces lieux qui d'ailleurs, ne reçoivent
qu'entre 5 et 25 clients internautes par jour. Et la majorité de ces
internautes se connectent pour une durée inférieure ou
égale à 1h et fréquente les cybercafés une fois par
semaine.
Ces cybercafés de la ville sont donc des espaces
accessibles mais peu utilisés pour la connexion à Internet. Ce
qui amène à dire que même si l'utilisation d'Internet dans
les cybercafés commence à intégrer les habitudes d'une
certaine couche de la population toubienne, il demeure néanmoins que
son appropriation est loin d'être effective dans cette ville. L'objet du
prochain point de ce travail sera d'identifier ces
« toubiens » qui utilisent Internet et les principaux
usages qu'ils en font. L'intérêt étant d'en savoir mieux et
plus sur les effets réels de la présence d'Internet dans l'espace
de la ville de Touba.
TROISIEME PARTIE : LES
USAGERS ET LES USAGES D'INTERNET
Introduction
La technologie Internet se présente comme
l'interconnexion mondiale des ordinateurs au sein d'un espace virtuel de
communication, encore appelé cyberespace. Cet espace virtuel se
présente comme une copie, une reproduction du monde réel en ce
sens qu' « on peut y voyager, aisément s'y perdre,
faire des rencontres, procéder à des échanges
économiques, entrer en contact avec des institutions ; on peut y
diffuser de l'information, faire acte de prosélytisme, militer,
s'organiser en collectif de lutte ou de contestation,... »38(*). Au-delà de cette
analogie, les rapports entre ce cyberespace et l'espace concret dont il est
inspiré sont également de l'ordre de la substitution et de la
concurrence. En effet ce réseau virtuel permet à des individus
spatialement distants d'établir des relations et aussi de s'adonner
à certaines activités, nonobstant les contraintes liées au
temps, à la distance, à la langue ou à certaines
règles sociétales ou religieuses. Il s'agit donc d'une
reproduction simplifiée du monde réel et c'est justement ce qui
explique le rapport de concurrence entre ces deux mondes. La technologie
Internet n'est donc pas neutre. Il est porteur d'un idéal qui est celui
d'une société sans distances, d'un espace transparent ou
isotrope, totalement inter relié et peuplé d'individus sans
attaches territoriales. Cet espace transformant serait aussi un espace
expansé ou la connexité se substituerait à la
contiguïté, ou le fait de se situer à un lieu plutôt
que tel autre n'aurait plus d'importance (Eveno 2004). Cette technologie
véhicule ainsi un idéal perceptible à travers tout un
ensemble de représentations sociales. Elle est introduite et
utilisée à Touba, ville qui se caractérise elle aussi par
un certain mode de fonctionnement et par des présupposés sociaux.
Dans certains cas cette organisation ressemble à celle de la
technologie. Dans d'autre, elle diffère. L'usager (ou internaute) se
présente comme l'élément qui relie la technologie à
la société. En outre, «bien qu'il soit
intégré dans une société dont il a
intériorisé les codes, il dispose d'une certaine marge de
manoeuvre vis-à-vis d'elle et du média (ou technologie) dont il
se sert »39(*).
Sous ce rapport, il semble que seule l'analyse des caractéristiques
des usagers et des usages peut aider à mieux saisir les effets
réels de la présence d'une technologie dans un territoire
donné, c'est-à-dire les interactions entre ladite technologie et
le territoire. Dans cette partie, nous allons donc d'abord dégager le
profil des usagers et les modalités d'utilisation d'Internet dans les
cybercafés, ensuite identifier et analyser les principaux usages
d'Internet en rapport avec leurs effets potentiels dans l'espace toubien et,
enfin, recueillir l'avis personnel des usagers sur la technologie qu'ils
utilisent, Internet.
Chapitre I : Les
usagers
D'après la déclaration de principe du SMSI, la
« société de l'information »,
résultante de l'actuelle révolution doit être juste,
plurielle et inclusive. Il s'agit donc dune société
hétérogène où toutes les couches sociales seraient
représentées et ce, nonobstant toutes sortes de
disparités. Ces nouvelles technologies sont donc perçues comme de
puissants outils pouvant permettre d'annihiler certaines formes de
discrimination car elles ont « l'avantage d'être
accessibles à tous les peuples en ce sens qu'elles ne demandent que de
l'intelligence heureusement répartie de façon équitable
entre les communautés humaines. Elles constituent un facteur de contact
permettant, l'échanges de biens et services à la même
vitesse pour tous, qui est celle de la lumière (Message du
Président A. Wade) ». Sous ce rapport, il semble utile de
s'intéresser à un groupe d'usagers d'Internet,
c'est-à-dire des membres et acteurs de cette
« société de l'information », pour voir si
cette vision idyllique colle toujours aux réalités de territoires
fortement encrés dans des traditions religieuses et socioculturelles.
I- Caractéristiques
sociodémographiques des usagers
Les caractéristiques sociodémographiques
retenues dans le cadre de ce travail sont l'âge et le genre, la situation
matrimoniale, l'activité professionnelle, le revenu mensuel et le niveau
d'instruction. Ces spécificités des usagers permettront de mieux
apprécier le niveau d'hétérogénéité
de l'échantillon d'internautes et aussi de déceler
d'éventuelles disparités liées à l'utilisation
d'Internet.
1. Genre et âge des usagers
Tableau n° 13 : Répartition des usagers en selon de
l'âge
Age
|
|
Nombre de citations
|
%
|
10 -15 ans
|
5
|
5%
|
15 - 20 ans
|
32
|
32%
|
20 - 25 ans
|
29
|
29%
|
25 - 30 ans
|
19
|
19%
|
30 - 35 ans
|
10
|
10%
|
Plus de 35 ans
|
5
|
5%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009
Tableau n° 14 : Répartition des usagers selon du
sexe
Sexe
|
|
Nombre de citations
|
%
|
Masculin
|
73
|
73%
|
Féminin
|
23
|
23%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009
L'examen du profil des internautes selon leur âge et
leur sexe laisse apparaître une prédominance des jeunes et des
hommes dans l'échantillon. D'après le tableau 13, l'âge des
internautes varie entre 10 et plus de 35 ans, la moyenne étant de 23,1
ans. L'âge modal se trouve donc entre 15 et 25 ans. Les moins de 15 ans
et les plus de 35 ans sont les moins représentatifs dans
l'échantillon avec seulement 5% chacun. Par contre, les internautes
âgés de 25 - 35 ans occupent une place relativement importante au
sein du groupe (29%).
La répartition des usagers selon le sexe
révèle que la grande majorité de l'échantillon est
constituée d'homme. Leur part s'élève à 73% alors
que celui des femmes n'est que de 27%. Pourtant ceci ne traduit guère la
répartition par sexe de la population toubienne marquée par une
prédominance des femmes (53,05%).
Cet examen du genre et de l'âge des usagers corrobore
dans un sens le constat du REGENTIC selon lequel, « les femmes
ont globalement un tiers de chances en moins que les hommes de
bénéficier des avantages de la société africaine de
l'information »40(*). Ce qui reflète la discrimination de
genre qui a existé bien avant même l'avènement de la
« société de l'information ». Ainsi,
même si ces différences caractéristiques des usagers
traduisent une certaine diversité du groupe, elles
révèlent aussi et surtout des formes des disparités
liées à l'âge ou au sexe au sein de cette nouvelle
société.
2. Niveau d'instruction et langues de communication des
usagers
2.1 Niveau d'instruction
La ville de Touba se distingue par un faible niveau de
scolarisation de sa population. Ce qu'il faut mettre en rapport avec ses
caractéristiques socioreligieuses. L'éducation classique, c'est
à dire celle géré par le l'Etat, ne semble pas trop
enchanté les autorités religieuses de la ville. Au mois d'avril
de cette année, lors de la deuxième assemblée
générale du Réseau Africain de la campagne de
l'éducation pour tous (Ancefa), le Président de la
République annonçait à l'assistance la
décision qui a été prise par le khalife
générale des mourides, Serigne Bara Mbacké, d'accompagner
l'école sénégalaise. Ce en autorisant
l'édification d'établissements scolaires classiques dans la
ville. Pour Mr. Abdoulaye Wade, cet acte traduit une
« véritable révolution » qui va permettre
à la ville d'être au rythme des objectifs de l'Education pour
tous (Ept). C'est le Ministre de L'Education chargé du
préscolaire, de l'élémentaire et du moyen qui a transmis
au Chef de L'Etat cette information, suite à un entretient que lui a
accordé le khalife. Cependant cet espoir des autorités
étatiques d'intégrer Touba dans leur système
éducatif n'aura été que de courte durée. En effet
aussitôt après cette annonce du Chef de l'Etat, le khalife
général des mourides s'est lui-même chargé d'y
apporter un démentit formel, en rappelant qu'il se situe dans le
sillage de ses prédécesseurs et qu'il reste plus que jamais
déterminé à combattre cette forme d'enseignement. Cette
déclaration du khalife illustre parfaitement la
«méfiance » des autorités de la ville vis à
vis de l'école française. En outre, elle trouve une explication
dans le fait que ce type d'éducation est assimilé par la
communauté mouride à la civilisation occidentale. Or ce sont ces
occidentaux qui ont fait subir à Bamba de nombreux exils et
déportations qui l'on pendant longtemps éloigné de sa
famille et de sa cité bénite, Touba.
Cependant, au sein de la population
« toubienne » la volonté d'emmener son enfant
à l'école française semble bien réelle comme en
atteste les effectifs pléthoriques des établissements scolaires
présentes tout autour de la ville. Sous ce rapport, il n'est pas
surprenant de retrouver dans l'échantillon d'internautes certains qui
n'ont fréquenté que l'école française ou
l'école coranique, d'aucuns qui ont fréquenté tous ces
deux types d'établissements scolaires, et d'autres qui n'ont
reçus aucune formation.
Figure n° 2 : Les principaux types
d'établissements scolaires fréquentés par les usagers
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
|
La figure n°2 tente une répartition des
internautes en fonction du type d'établissement scolaire
fréquenté. Son examen permet de saisir que les
établissements scolaires classiques (écoles françaises)
sont fréquentés par une partie de l'échantillon (20%).
Ces écoles combinent souvent l'enseignement du français à
celui de l'arabe ; ce qui fait qu'on les surnomme franco-arabe. Les
écoles coraniques encore appelés daaras sont aussi des
établissements scolaires fréquentés par 10% des
internautes. En plus d'être des structures scolastiques où l'on
enseigne les rudiments du Saint Coran, de la tradition islamique et de la
langue arabe, les daaras constituent également à Touba des lieux
où on inculque au jeune adepte mouride les fondements de base de sa
confrérie (le respect du ndiguel, le travail, la soumission au
marabout..). Leur nombre ne cesse d'augmenter dans cette ville, on n'en
dénombre presque un dans chaque quartier. Ce qui témoigne du
réel enthousiasme dont ils jouissent d'abord auprès des
autorités de la ville et ensuite auprès d'une certaine frange de
la population. C'est du moins ce qui explique le fait que ce type
d'éducation soit associé par 48% des usagers à celui du
français.
Le niveau d'instruction le plus fréquent chez ces
internautes de Touba est de loin le secondaire (66%) suivi respectivement par
le primaire (22%) et le supérieur (12%).
Les internautes qui n'ont reçus aucune formation
occupent également une place relativement importante dans notre
échantillon, 28%. Ces derniers sont donc en marge des
établissements scolaires classiques d'acquisition des savoirs de bases
que sont l'écriture, la lecture et le calcul. Pourtant cette situation
ne les empêche point d'être des acteurs de la société
de l'information c'est-à-dire des usagers du « réseau
des réseaux ».
2.2 Langue de communication des usagers
Figure n° 3 : Les principales langues parlées des
usagers
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
|
Les langues de communication des usagers concernent celles
qu'ils parlent et écrivent. Elles jouent un rôle
déterminant dans l'utilisation d'Internet, technologie qui utilise
l'écrit comme support principal. La figure n° 3
révèle que le wolof est de loin la première langue
parlée par les internautes suivi respectivement par le français,
l'arabe et l'anglais. Les autres langues locales du pays (sérère,
bambara, toucouleur, peulh et diola) sont peu utilisées par les
internautes. Il en est de même pur les autres langues
étrangères que sont l'espagnole, le portugais et l'italien. Toute
fois, même si le wolof demeure la principale langue parlée de la
majorité de l'échantillon, il semble que son utilisation par
écrit pose d'énormes difficultés aux usagers. En effet la
figure n° 4 montre qu'aucun d'entre eux n'est en mesure d'écrire
cette langue. D'ailleurs aucunes des langues locales du pays n'est
citées parmi les langues que les internautes savent écrire. Ce
sont donc les langues étrangères qui constituent les principales
langues de communication par écrit des usagers. Celles-ci sont par ordre
d'importance le français, l'arabe, l'anglais, l'espagnole et l'italien.
Figure n° 4 : Les principales langues écrites des
usagers
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
|
En somme, on peut retenir que ces internautes parlent aussi
bien les langues locales qu'étrangères mais rare sont ceux
d'entre eux qui parviennent à les écrire, surtout les locales. Et
il y a même des internautes qui ne savent écrire aucune langue
(quelles soit locale ou étrangère). Cette situation
reflète bien la composition hétéroclite de
l'échantillon, constituée d'individus alphabétisés
et d'autre qui n'on été dans aucune structure scolastique
permettant d'acquérir les savoirs de bases.
3. Activité professionnelle, revenu et
situation matrimoniale des usagers
L'utilisation d'Internet est souvent corrélée
à certains facteurs tels que les moyens financiers dont dispose
l'individu. En effet, même si la plupart des applications et services de
ce réseau sont gratuitement mis à la disposition des
internautes, l'accès à cette technologie nécessite de
débourser une somme d'argent bien définie, soit pour souscrire
à un abonnement auprès d'un FAI ou soit pour acheter des
tickets de connexion dans les cybercafés. En d'autres termes, il faut
payer pour pouvoir utiliser les nombreuses possibilités offertes par
ce réseau. Dès lors donc, il semble que ceux qui disposent d'un
revenu permanant sont les plus avantagés dans l'utilisation
d'Internet.
Les internautes ciblés dans le cadre de ce travail
présentent des profils variés concernant leur activité
professionnelle et leur revenu.
Tableau n° 15 : Répartition des usagers selon
l'activité professionnelle
Activités professionnelles
|
|
Nombre de citations
|
%
|
Elèves/étudiants
|
47
|
47%
|
Travailleurs indépendants
|
29
|
29%
|
Sans emploi
|
17
|
17%
|
Fonctionnaires
|
7
|
7%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête terrain,
2009
Tableau n° 16 : Répartition des usagers selon
revenu mensuel
Montant du revenu mensuel en FCFA
|
|
Nombre de citation
|
%
|
Sans revenu
|
74
|
74%
|
Moins de 50 000
|
11
|
11%
|
50 000-100 000
|
8
|
8%
|
100 000-150 000
|
4
|
4%
|
150 000-200 000
|
2
|
2%
|
Plus de 200 000
|
1
|
1%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf,
enquête terrain, 2009
Le tableau n° 15 révèle que la
catégorie des élèves/étudiants est la plus
représentative dans l'échantillon avec une proportion de 47%.
Les travailleurs indépendants, c'est-à-dire les
commerçants (vendeur et boutiquier), les tailleurs, les
mécaniciens, les chauffeurs et les maçons constituent la seconde
catégorie d'usagers avec une part de 29%. Il y a également au
sein du groupe des individus sans emplois. Leur part s'élève
à 17%. L'effectif marginal de l'échantillon concerne les
fonctionnaires qui ne représentent que 7% des internautes. Cette faible
part des fonctionnaires peut s'expliquer par le fait que ces derniers ont la
possibilité d'utiliser le réseau dans d'autres lieux
d'accès tels que leurs domiciles ou leurs lieux de travail.
Par ailleurs, comme le montre le tableau n° 16, la plus
part des internautes ne disposent pas de revenu mensuel. En effet 74% des
usagers ne reçoivent pas de salaire à la fin du mois. Ce qui ne
devrait guère surprendre si on sait que la majorité de
l'échantillon est constitué d'élèves et
d'étudiants qui constituent une catégorie sociale ne disposant ni
fonds propres, ni ressources financières permanentes. La plus grande
partie de ceux qui ont un salaire perçoivent mois de 100 000FCFA
part moi (19%). Seul un d'entre eux a un salaire qui s'élève
à plus de 200 000FCFA. Les autres salariés (6%)
perçoivent entre 100 000 et 200 000 FCFA par mois.
De ce qui précède, l'on peut retenir que ce ne
sont pas seulement les personnes qui disposent de revenu financier permanant
qui utilisent internet. L'échantillon est constitué de jeunes
élèves et étudiants et de chômeurs qui ne disposent
d'aucune source de revenus permanente et malgré cela, ils utilisent
quand même le réseau. Et cette forte présence de ces
catégories dans l'échantillon explique dans une large mesure le
fait que celui-ci soit composé en majorité de
célibataires. Ces derniers représentent 73% dans
l'échantillon. Les mariés occupent aussi une place relativement
importante avec une proportion de 19%.
Cette analyse des caractéristiques
sociodémographiques des internautes aura permis de constater d'une part
une certaine hétérogénéité de
l'échantillon et, de l'autre, l'existence de certaines formes
d'inégalités au sein de celui-ci. En effet, contrairement
à ce que l'on a supposé dans notre hypothèse, Internet
n'est pas utilisé seulement par les gens qui ont été ou
qui sont toujours à l'école française ou au franco arabe.
Bien au contraire, cette technologie est utilisée aussi bien par des
élèves, des étudiants que par des individus qui n'ont
jamais été ni au franco arabe, ni à l'école
françaises. Elle est également utilisée par des individus
qui ne parlent que les langues locales du pays, par d'autres qui ne savent
écrire aucune langue (qu'elle soit locale ou étrangère),
par des commerçants, des chauffeurs, des tailleurs, des maçons,
des mécaniciens etc. Le groupe d'usagers compte donc à la fois
des analphabètes et des alphabétisés. Cependant, l'examen
de l'âge et du genre de ces internautes laisse apparaître une
prédominance des hommes et des jeunes dans l'échantillon
où les femmes et les personnes adultes occupent une place relativement
faible. Ce qui ne fait que refléter les formes de discriminations
liées au genre ou au sexe et qui ont existés bien avant
l'avènement de la société du savoir.
II- Les modalités
d'utilisation d'Internet par les internautes
Les conclusions tirées de l'analyse des
caractéristiques sociodémographiques des usagers soulèvent
certaines ambiguïtés. L'accès et l'utilisation d'Internet
ont été pendant longtemps corrélée à
certains facteurs comme le niveau d'instruction et les moyens financiers dont
dispose l'individu. Ce lien demeure dans une large mesure avéré.
En effet l'essentiel des sites web qui composent la toile, les applications
d'Internet, les ordinateurs et les logiciels permettant de les manipuler sont
conçus dans les pays développés et avec les langues de
ceux-ci. D'ailleurs une publication de Internet World Stats41(*) parue en 2008
révélait que l'anglais était de loin la langue la plus
présente et la plus utilisée sur le réseau Internet. Le
français occupait la cinquième place de ce classement,
derrière le chinois, l'espagnol et le portugais. Une maîtrise de
ces langues ou du moins de l'anglais s'avère donc très avantageux
dans l'utilisation du « réseau des réseaux ».
Mais dans l'échantillon retenu pour ce travail, on retrouve des
internautes qui n'on fréquenté aucune structure scolastique,
d'autres qui ne parlent que la principale langue de communication du pays (le
wolof) ou qui ne savent écrire aucune langue étrangère.
Dès lors on peut se demander comment est ce que ces internautes, aux
profils variés, ont appris à ce servir de cette
technologie ? Quels sont les mécanismes qu'ils ont
déployés pour pouvoir se servir du réseau ?
L'utilisation d'Internet peut être perçue comme
une démarche graduelle qui traduit le niveau d'appropriation de cet
outil par l'usager. Elle est également dépendante de certaines
caractéristiques propres à ce dernier. Si pour les
alphabétisés l'utilisation d'Internet paraît à
priori évidente, il en est autrement pour les non instruits qui n'on
reçut aucune formation officielle liée à l'acquisition
d'aptitudes permettant de se servir des services offerts par cette TIC. La
figure n° 5 illustre la panoplie de moyens, de procédés qui
ont permis à ces internautes de pouvoir se servir du réseau
Internet.
Figure n° 5 : Les modalités d'utilisation
d'Internet par les usagers
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
|
Son examen laisse apparaître que la plus grande partie
des internautes a appris à se servir d'Internet par
mimétisme/curiosité. L'emploi de la
technologie du multimédia et du concept d'hypertexte dans la conception
des pages web explique dans une large mesure cette situation. En effet avec ces
technologies l'interface homme-machine, c'est à dire « tous
les aspects des systèmes informatiques qui influencent la participation
de l'utilisateur à des tâches informatisées », a
été beaucoup améliorée. Ainsi les pages web qui
s'affichent à l'écran des ordinateurs connectés à
Internet comportent des balises (qui peuvent être du son, des images
fixes ou animées ou des textes en surbrillance) qui renvoient à
d'autres pages web ou qui permettent de raccourcir l'accès à
certaines applications et services. C'est donc dire qu'avec cette
caractéristique des pages web, autant l'usager est curieux autant il en
découvre davantage sur les mille et une possibilités offertes par
le réseau. En outre elle permet de contourner certains obstacles
liés surtout à la langue en ce sens qu'on peut accéder
à certaines ressources du réseau sans avoir à servir du
clavier de l'ordinateur. Le multimédia et l'hypertexte font donc
d'Internet une technologie utilisable même par des individus sans aucun
niveau de formation.
Contrairement à ces usagers qui ont appris se servir du
réseau sans l'aide d'aucune personne, d'autres au contraire ont
sollicité pour cette fin l'assistance du gérant du
cybercafé ou d'une tierce personne. L'analyse du profil
des gérants des cybercafés a révélé que
ceux-ci ont tous reçus une formation en informatique qui leur a ainsi
permis d'avoir une certaine maîtrise de l'outil informatique et aussi des
applications du réseau Internet. Ils peuvent ainsi donc venir en aide
aux clients qui rencontreraient des difficultés dans l'utilisation
d'Internet. Et nos nombreuses visites dans les cybercafés ont permis
de constater qu'effectivement les gérants étaient de plus en plus
sollicités par les internautes qui éprouvaient des
difficultés à utiliser certaines applications. Ces visites ont
également permis de constater que rare étaient les internautes
qui fréquentaient seuls les cybercafés. Ils y venaient le plus
souvent avec au moins une ou deux personnes qui ne se contentaient pas
seulement de les accompagner mais de les aider au cas ils rencontreraient une
quelconque difficulté dans leur session.
Enfin il existe une troisième catégorie
d'internaute qui a appris à se servir du réseau grâce
à une formation en informatique ou
à une formation spéciale en Internet. La
formation en informatique permet notamment de se familiariser avec l'outil
informatique (clavier et souris) tandis que celle liée à
l'utilisation d'Internet permet d'avoir une meilleure maîtrise des
applications et services de ce réseau. Ces deux types de formation sont
cependant payants et dès lors donc elles deviennent inaccessibles pour
la majorité des internautes constituée de jeunes
élèves, étudiants, ou chômeurs sans aucune source de
revenu permanente. Seuls 18% des usagers ont reçu ce genre de formation.
Parmi eux, on retrouve des femmes d'émigrés
« toubiens » qui souhaitent mieux maîtriser certaines
applications, celles qui les permettent notamment d'établir une relation
à distance avec leurs époux. A part ces toubiennes, ce sont pour
l'essentiel des fonctionnaires et quelques rares travailleurs
indépendants qui ont reçu ce genre de formation.
Internet n'exclue donc pas d'emblée les
illettrés parce qu'utilisant l'écrit comme principale support.
En effet l'analyse des modalités d'utilisations de cette TIC a permis de
saisir qu'il s'agit, bien au contraire, d'une technologie qui, de par sa
configuration, permet même à des gens non instruits de l'utiliser.
Il suffit juste pour cela d'être un peu curieux ou de procéder par
mimétisme. En outre, les internautes interrogés dans la ville,
constitués en partie d'analphabètes, se sont servis des formes
d'entre aides habituelles pour apprendre à utiliser le réseau
Internet. La formation en informatique ou à l'utilisation d'Internet est
également un moyen qui a aidé ces populations à se
servir de ce réseau.
Chapitre II : Les
usages
L'utilisation d'Internet par des populations traduit dans une
large mesure une volonté de celles-ci de satisfaire un besoin (ou une
envie) exprimé ou latent. Elle est donc en rapport avec les
caractéristiques du territoire en ce sens que c'est de celles-ci que
découlent ces besoins qui sous-tendent l'utilisation de l'outil. Les
types d'utilisations particulières qui seront fait du réseau
seront donc déterminés par leur adaptabilité,
c'est-à-dire leur adéquation avec les préoccupations
quotidiennes de chaque usager. L'objet de ce chapitre est de déceler les
principaux usages d'Internet dans les cybercafés visités à
Touba et en ensuite de procéder à une lecture spatiale de ces
usages.
I- Les principaux usages
d'Internet
« Internet est multiple et offre autant de
possibilités qu'il y a d'individus différents dans le
monde »42(*). Ces propos hyperboliques de D.HOELTGEN,
traduisent pourtant bien l'immensité des ressources disponibles sur
Internet. De la connexion à des serveurs distants à la
communication en passant par la recherche d'information, les cadres
d'échanges et de rencontre, les divertissements, etc., cette TIC met en
effet à disposition de ses usagers de nombreux avantages
correspondants à leurs exigences quotidiennes. C'est donc dire qu'on
peut s'adonner a plusieurs sortes d'activités sur Internet.
L'identification des principaux types d'usages qui sont fait
d'Internet à Touba s'est faite a partir de l'exploitation des
réponses à une question ouverte43(*) adressée aux internautes de la ville de Touba.
Ces réponses fournies ont également permis d'avoir plus de
détails nécessaires à une meilleure lecture de ces usages.
La figure n° 6 tente une hiérarchisation des usages en fonction de
leur fréquence d'apparition dans les réponses des enquêtes.
Son examen laisse apparaître une nette prédominance de la
communication et de la recherche d'information parmi les types d'utilisations
particulières qui sont fait du « réseau des
réseaux » dans la ville. L'écoute et le visionnage de
contenus mourides et le commerce en ligne sont les activités les moins
pratiquées sur Internet par les usagers.
Figure n° 6 : Les principaux usages d'Internet
Source : Paul Diouf, enquête de
terrain, 2009
|
1. La communication
Elle est la première activité que ces
populations font sur le réseau Internet. Cette communication
électronique permise par cette TIC « donne une nouvelle
dimension aux espaces géographiques et certains parlent même de
« cyber-géographie » pour qualifier l'espace
géographique du 21 siècle »44(*). En effet, Internet se
caractérise par son aptitude à joindre des individus
éparpillés aux quatre coins du globe ; ce qui permet donc un
amoindrissement des distances et, dans une bien moindre mesure, un
étalement spatial.
Plusieurs applications permettent d'établir une
communication via le réseau Internet. Cette communication peut se faire
par écrit ou oralement, tout comme elle peut aussi être
instantanée ou asynchrone.
Figure n° 7 : Les principales applications
utilisées par les usagers pour communiquer
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009
|
|
La figure n°7 fait état des principales
applications dont se servent ces internautes de Toubapour établir des
communications via le réseau Internet.
1.1 Le tchatche
C'est, la première application utilisée par les
internautes pour communiquer. Cette application, encore appelé
clavardage (néologisme formé des mots clavier et bavardage) ou
messagerie instantanée, permet d'établir une communication par
écrit et en temps réel entre deux ou plusieurs internautes. Pour
cela il suffit d'utiliser un PC équipé de logiciels
spécifiques comme Windows Live Messenger, Yahoo Messenger ou Google
Talk. En outre, avec les innovations scientifiques apportées dans le
domaine de l'informatique, le clavardage peut désormais être
enrichi par des flux de lecture en continue de vidéo ou de sons par
l'intermédiaire de micro casques et de webcam. Par ailleurs, le tchatche
se fait d'une manière générale de façon
informelle. La discussion ne respecte le plus souvent aucune des règles
grammaticales ou orthographiques. Elle ressemble à la limite aux
conversations se déroulant en face en face entre deux personnes dans la
rue, dans une chambre, dans un bar, etc. Autant de facilités donc qui
font que cette application est aujourd'hui massivement utilisée par les
usagers du réseau Internet.
1.2 Le courriel
Encore appelé mail ou e- mail (contraction de
électronic mail), cette application se caractérise par sa
gratuité et son efficacité à établir des
communications par écrit via Internet. Mais contrairement à la
messagerie instantanée, avec le mail les communications sont
asynchrones. Pour utiliser cette application, l'internaute doit au
préalable disposer d'un compte (ou boite à lettres
électroniques) auquel il accède grâce à un mot de
passe et un identifiant ou adresse électronique. Ceux-ci sont
spécifiques à chaque usager et ne permettent donc de n'avoir
accès qu'à un seul et unique compte. A partir de sa boite
à lettres, l'usager peut envoyer et recevoir ses messages
électroniques. Ceux reçus peuvent être sauvegardés
ou supprimés. Les messages envoyés peuvent aussi être
archivés ou accompagnés de fichiers de toute nature. Le courriel
est donc une application simple (un peu d'inspiration et quelques clics
suffisent), rapide (un message peut arriver à l'autre bout du monde en
un rien de temps) et surtout gratuite. Toute fois, le mail comporte certaines
limites. Les messages envoyés peuvent se perdre ou être
interceptés par des internautes mal intentionnés (les pirates
informatiques). Ces derniers, du fait de leur grande maîtrise de l'outil
informatique et du fonctionnement d'Internet en général, sont
même capables de se saisir des mots de passe des usagers ; ce qui
leur permet ainsi d'avoir accès à leurs comptes et de les
utiliser à d'autres fins.
1.3 Skype
C'est la troisième application dont se servent ces
internautes pour établir des relations à distance via Internet.
Il s'agit d'un logiciel de téléphonie lancé sur le
réseau Internet en 2003 et qui est disponible en deux formules. La
première est gratuite et concerne les utilisateurs du logiciel pour une
exploitation purement Internet. La seconde est par contre payante mais elle
permet de joindre ou d'être joint via Internet alors que le correspondant
utilise le réseau téléphonique traditionnel, RTC. Dans le
cas de l'offre gratuite, l'internaute doit d'abord disposer d'un compte
personnel qui va lui permettre de se connecter au réseau Skype et de
pouvoir ainsi émettre ou recevoir des appels
téléphoniques. En outre, avec ce compte il dispose d'une liste de
ses contacts et pour appeler l'un d'entre eux, il lui suffit juste de faire un
double clic sur son nom. Par ailleurs, Skype met aussi à la disposition
de ses usagers d'autres applications telles que la messagerie
instantanée, la visiophonie, la vidéoconférence et le
transfert de fichier. Ce qui ne fait que rendre convivial son utilisation.
Ainsi, « grâce à une qualité d'écoute
excellente, une facilité d'utilisation ne nécessitant
généralement aucune configuration, une mobilité accrue,
une gamme de services complémentaires et un prix incomparablement moins
chère que la téléphonie traditionnelle, Skype s'est
répandu de manière virale »45(*) et est devenu aujourd'hui
l'une des principales applications dont se sert une partie des ces internautes
de Touba pour communiquer via « le réseau des
réseaux ».
Toutes ces applications permettent d'établir
différentes formes de communication sur Internet avec des individus
spatialement distants et ce nonobstant les contraintes qu'imposent certains
éléments de la nature ou qui sont liées aux distances ou
au temps. Ainsi donc, on peut convenir qu' « Internet
établi la communication par delà les frontières, sans
obligation de déplacement et en faisant l'économie du temps et
de l'argent »46(*). Dès lors, il devient aisé de
comprendre l'importance de cette activité parmi les usages qui sont
fait d'Internet dans une ville marquée par une forte émigration
de sa population. L'émigration dans cette localité remonte au
lendemain de la seconde guerre mondiale et a eut pour destination les
principaux centres urbains du pays, mais également de la sous
région et même de l'Europe et des USA. Avec cette
émigration, la relation de proximité entre
l'émigré toubien et son marabout, sa famille et ses proche
restés à Touba est dans un certains sens brisée. Ce qui
crée ainsi un besoin d'établir des relations à distance,
c'est-à-dire « l'ensemble des formes de liens à la fois
économiques, financiers ou sociaux »47(*). Et cette relation
à distance est permise par cette TIC, à travers justement ces
applications citées plus haut. D'ailleurs nos enquêtes
révèlent que 75% des internautes interrogés utilisent
Internet pour communiquer avec des émigrés qui habitent à
Touba et qu'ils connaissent.
2. La recherche d'informations
Quel élève, quel étudiant ambitieux et
quel enseignant ou chercheur soucieux de pertinence ne rêvent-il pas
réunir toutes les ressources existantes sur un sujet en un rien de temps
seulement ? Quel adepte mouride ne souhaiterait-il pas obtenir une foule
d'informations concernant Bamba, le mouridisme ou un membre de sa
famille ? Quel travailleur n'a t-il pas besoin de savoir ce qui se fait
dans son domaine d'activité dans l'autre bout de la
planète ? Quel jeune n'a t-il pas besoin de découvrir
l'actualité sur ses joueurs ou artistes
préférés ? Quel citoyen n'a t-il pas besoin
d'être tenu au courant de ce qui se passe dans son pays ou dans les
autres pays ?
Ces interrogations, que l'on peut multiplier à souhait,
traduisent s'il en était encore besoin l'importance qu'occupe
l'information dans la vie quotidienne des hommes et le recours de ceux-ci
à Internet. Ce réseau se présente en effet comme une
prodigieuse source d'informations portant sur des thèmes riches,
variés et multiples. Ces informations sont contenues dans les serveurs
interconnectés au sein d'Internet. Le web est la principale application
qui permet d'avoir accès à ces informations. Cette application,
que l'on confond d'ailleurs à tort à Internet, attribue à
chacun de ces serveurs une adresse qui lui est spécifique et qui permet
ainsi de le repérer et d'y avoir accès. En outre, la
multiplicité et la diversité de ces serveurs expliquent la masse
impressionnante d'informations disponible sur le réseau. Dès
lors, cette TIC permet d'opérer des recherches efficaces et relativement
faciles sur les thèmes les plus divers : santé,
sexualité, sport, religion ; actualité, étude,
commerce, amour, étude....
La figure n° 8 fait état des principaux types
d'informations qui sont recherchés sur Internet. Elle
révèle que la recherche d'information n'est pas un fait
illusoire. Bien au contraire, il répond à un besoin
éminent et d'ailleurs 53% des usagers ont affirmé qu'ils avaient
au moins une fois trouvé sur Internet l'information qu'ils y
cherchaient.
Figure n° 8 : Les principaux types d'informations
recherchées sur Internet par les usagers
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
|
Par ailleurs, cette figure révèle que les types
d'informations recherchés sur Internet à Touba sont multiples et
variés.
2.1 L'actualité nationale
et/ou internationale
Le besoin en informations liées à
l'actualité nationale et/ou internationale prime sur toutes les autres.
La recherche de ce genre d'information traduit un désir d'être
tenu au courant de ce qui se passe dans son pays, et par delà dans le
monde. Le réseau Internet en tant que monde virtuel devient pour les
médias un nouvel espace de diffusion de leurs éditions
quotidiennes ou hebdomadaires. Au Sénégal, les organes de presse
ont très tôt saisi les nombreux avantages qu'offrait une
présence sur Internet. C'est ainsi qu'en 1997, le quotidien d'Etat
« Le Soleil » faisait son entrée dans ce monde
virtuel. Aujourd'hui, la presque totalité des quotidiens nationaux sont
consultables gratuitement sur Internet. Mieux, avec les portails Seneweb.com et
Rewmi.com il est possible d'avoir accès à la fois à
« la une » de tous ces quotidiens et aussi de visionner les
derniers journaux des chaînes de télévision locales (2stv,
Walf TV, RTS). D'autres portails comme Yahoo.com ou Msn.com offrent une large
palette de services, d'activités et de contenus. Ils donnent souvent
accès à de nombreuses rubriques (actualités,
météo, informations financières), et proposent des liens
vers des sujets populaires comme le cinéma, la musique, le sport, etc.
2.2 Les études et le travail
La seconde catégorie d'informations recherchées
sur Internet est relative aux études et au travail. Ce sont donc
essentiellement les élèves, étudiants et fonctionnaire qui
recherchent ce type d'information. A ces catégories, Internet offre
une kyrielle d'avantages en permettant notamment aux uns de disposer de
l'information nécessaire au traitement de sujets d'exposés ou de
thèmes de recherches, et aux autres de renforcer leurs
capacités dans leurs domaines d'activité.
2.3 L'information religieuse
C'est la troisième catégorie d'informations
recherchées sur Internet à Touba. Elle porte essentiellement sur
la religion musulmane, le mouridisme, son fondateur Cheikh Ahmadou Bamba
Mbacké, ainsi que sur les membres de la famille de ce dernier.
« Les NTIC (Internet en particulier) constituent le nouveau
territoire que les mourides tentent de conquérir après les espace
sénégalais et internationaux »48(*). Le nombre de site web
mis en ligne par des dahiras mourides illustre bien cette assertion de Cheikh
Guèye. Ces sites ont tous le même objectif qui est celui de
promouvoir dans ce nouveau monde la vie et leur de Cheikh Ahmadou Bamba.
D'autres sites web du même genre ont été également
conçu par des marabouts mourides (les descendants du fondateur) qui, en
plus de « vendre » l'image de la confrérie sur ce
nouveau support de communication, l'utilise aussi pour mieux communiquer avec
leurs fidèles ou faire leur propre promotion. C'est donc dire que les
mourides se sont réellement approprié Internet. Ce qui se traduit
par la masse importante d'information relative à cette
communauté religieuse que l'on retrouve dans le réseau. Nos
visites dans les cybercafés ont permis de constater que c'est
essentiellement sur ces sites que les usagers recherchaient des informations en
rapport avec leurs croyances religieuses et confrériques.
2.4 Les informations sportives
Ce sont le quatrième type d'infirmations que ces
internautes recherchent sur Internet. Elles concernent pour l'essentielle les
résultats des matchs des championnats européens de football, le
transfert des joueurs qui y évoluent et l'état de forme de leur
évolution. Un accent particulier étant mis sur les footballeurs
sénégalais. Ces informations sont disponibles à partir des
sites web des clubs, des portails comme Yahoo.com, ou de sites
spécialisés (Equipe.fr par exemple). Ces internautes de Touba
sont donc plus ou moins des fans du ballon rond, malgré le fait que la
pratique de ce sport soit interdite dans leur ville.
2.5 La musique et le cinéma
Ces deux domaines occupent une place dans les informations
recherchés par les internautes de Touba. Pour ce qui est de la musique,
on remarque que les informations recherchées portent essentiellement sur
le mouvement Hip Hop national et étranger (celui américain en
particulier). Pour les internautes concernés, il s'agit de s'informer
sur l'actualité de ses rappeurs préférés et sur les
tendances des albums sur le marché. La musique sénégalaise
(le mbalax) ainsi que d'autres formes de musiques (ragea, « cabo
love ») intéressent également cette partie de notre
échantillon. Les informations relatives au cinéma portent
particulièrement sur les nouveaux films sortis, l'actualité des
acteurs, le coût de la production des films.
Tous ces types d'informations recherchée sont
disponibles gratuitement sur Internet. Ce réseau, né dans le
milieu de la recherche universitaire, a été conçu de sorte
que son usager peut y créer, y traiter, y stocker et y partager
librement et gratuitement de l'information. C'est justement cette
liberté, due à l'absence de contrôle sur l'outil et sur ses
usagers, qui fait douter de la fiabilité des informations
présentes dans ce nouveau média. Comme le dit Dominique Hoeltgen,
« Le meilleur et le pire se côtoient dans la masse
d'informations qui circulent sur Internet. C'est une réplique virtuelle
du monde réel »49(*) qui est de plus en plus difficile à
contrôler. C'est donc dire que « n'importe qui » peut
déposer « n'importe quoi » sur ce réseau.
3. Le transfert de fichiers
Elle est la troisième utilisation
particulière que ces internautes de la ville de Touba font du
« réseau des réseaux », Internet. Le
transfert de fichier est une activité qui consiste à se connecter
à l'un des serveurs interconnectés par Internet et y rapatrier
sur un périphérie de stockage (disque dur, clé USB, carte
mémoire, etc.) des fichiers qui peuvent être de nature
diverses : sons, des photos, des programmes interactifs, des films... Pour
l'internaute, le choix du type de fichier à télécharger
se fera en fonction de la possession ou non du matériel
adéquat pour traiter l'information qu'il contient d'une part, et de
l'autre, de l'intérêt particulier qu'il lui accorde.
Figure n° 9 : Les principaux types de fichiers
téléchargés par les usagers
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
|
La figure n° 9 représente les principaux types
de fichiers qui sont transférés par les individus
interrogés. Son examen révèle que les fichiers audio et
vidéo prennent largement le pas sur tous les autres
3.1 Les fichiers audio et vidéo
Les fichiers audio et vidéo transférés
par les usagers se différencient de par leur contenu. La musique
(Rap/R&B, la musique sénégalaise et reggae) et les
vidéo (les clips vidéo de Rap/R&B, de reggae et de mbalax et
les films dont les plus cités sont ; Prison Break, 24 heure chrono,
ceux portant sur la vie et l'oeuvre du Prophète Mohamed (PSL) ou sur le
Saint Coran) sont les types de contenus les plus présent dans les
fichiers audio et vidéo téléchargés. Ces contenus
peuvent être lus avec des matériels simple d'usage et très
pratiques (baladeur numérique, VCD, PSP, etc.). C'est sans doute ce qui
explique leur prédominance parmi le lot de fichiers
transférés.
Les khassidas, second type de contenus, sont des odes
écrites par le fondateur du mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba qui y
exprime son amour et sa foi inébranlable en Dieu et en son Envoyé
Mohamed (PSL). Le contenu de ces khassidas occupe une place centrale dans les
croyances de la confrérie mouride. Le lien symbolique qui est
établi entre ces poèmes et la dimension à la fois
« sainte » et mystique de leur auteur fait qu'ils sont
considérés dans cette communauté comme une aubaine. Leur
récital et la méditation sur leur contenu sont d'ailleurs
vivement recommandés. C'est donc dire que ces khassidas font partie de
la vie quotidienne des adeptes de cette confrérie. Sur Internet,
beaucoup d'entre eux sont disponibles sous formats électroniques et
transférables gratuitement.
Les vidéo de magal ou de
« thiant » arrivent constituent le troisième type de
contenu des fichiers audio vidéo transférés. Les
« thiant » sont des cérémonies d'actions de
grâce organisées par des dahiras mourides soit sous leur propre
initiative ou soit sous l'ordre de leur guide religieux. Ils participent donc
à la vie de la confrérie et à sa promotion. Les magals
sont des cérémonies religieuses organisées pour
commémorer un fait marquant liée à la confrérie,
à son fondateur ou à un membre de sa famille. Les vidéos
de ces types de cérémonies sont téléchargeables sur
Internet à partir des sites web conçus par les mourides pour
conquérir ce nouvel espace et aussi à partir des sites de
partage.
3.2 Les fichiers textes
Ceux-ci sont particulièrement constitués par
des cours ou supports de cours, de document portant sur le mouridisme, son
fondateur ou un membre de sa famille, de documents liés à
l'activité professionnelle exercée, de textes de chansons, de
dictionnaires.
3.3 Les programmes informatiques
Ce type d'activité est essentiellement pratiqué
par des internautes qui possèdent un ordinateur. Les programmes les plus
transférés sont les logiciels utilitaires comme les lecteurs
audio ou vidéo, les logiciels de traitement de traitement de textes
(Microsoft Office Word, Adobe Reader), les logiciels de montage de photos, les
logiciels antivirus, les logiciels de gravure et les logiciels de conceptions
de sites web.
3.4 Les photos
Elles peuvent être regroupées en deux grandes
catégories, les photos diverses et les photos de figures
emblématique du mouridisme. Les premières sont
généralement celles des stars du ballon rond, du mouvement Hi
Hop, de la lutte sénégalaise, des stars du petit écran
(films et TV). Les secondes sont constituées par des photos de Bamba, de
la grande mosquée de Touba, de guides religieux mourides, de
mausolées. Ces images occupent une place hautement symbolique dans les
croyances des mourides et sont même vénérées par
certains d'entre eux
3.5 Les jeux
Ils constituent la dernière catégorie de fichier
transférée par les internautes de la ville.
Tout comme la presque totalité des services Internet,
le transfert de fichiers est une activité gratuite sur ce réseau.
Les logiciels comme Internet Download Manager, Free Download Manager ou You
Tube Downloader, sont des outils permettant le téléchargement de
fichier, quelque soit leur nature et leur taille, à partir de sites
spécialisés. En outre, les logiciels de Peer to Peer comme Ares
ou u-torrent sont des applications qui permettent de se connecter non pas
à des serveurs, mais directement à des disques durs de PC
distants et y rapatrier n'importe quel type de fichier. Dès lors, le
transfert de fichiers apparaît comme un outil de partage de l'information
convivial sur Internet.
4. Les loisirs et divertissements
Ils constituent le quatrième type d'usage que les
internautes de la ville font du réseau internet. Ces activités
récréatives prennent une nouvelle dimension avec cette TIC. En
effet Internet, en tant que plate-forme multimédia, offre un grand
nombre de moyens de communications, y compris l'échange de fichiers
audio et vidéo, de photographies, d'images numériques, etc. Cet
aspect multimédia, conjugués à sa capacité de
réseautage et à la visibilité mondiale qu'il offre, fait
également qu'Internet est de plus en plus utilisé pour
transformer des activités traditionnellement individuelles en des
expériences de divertissement partagées (les jeux par exemple).
Elle permet donc de diffuser à l'échelle planétaire des
fichiers dont le contenu audiovisuel peut être de nature diverses ou de
participer à des jeux qui peuvent se pratiquer seul ou avec des
participants, en circuit fermé ou avec des milliers d'internautes
inconnus jouant ensemble. Dès lors, il apparaît comme un cadre
idéal où l'on peut s'adonner à des formes de distractions
multiples et variées.
Nos enquêtes effectuées dans la ville de Touba
révèlent que la consultation de fichiers à contenu
audiovisuel est la principale forme de loisir/divertissement à la quelle
s'adonnent les internautes. Ces types de fichiers peuvent être des films,
des extraits de films, des émissions de télévision, des
clips de musique ou des vidéos amateurs (que peuvent créer les
internautes à partir de téléphone portable ou de
caméscope). Les sites web de partage (comme Daily motion ou You tube),
les sites web des médias traditionnels, les sites de Web TV
(chaînes de télévision qui ne sont disponibles qu'en ligne)
et les sites de vidéo à la demande (site où l'on peut
accéder à un type de contenu audiovisuel bien définie
moyennant une certaine somme d'argent) sont les principaux lieux où l'on
peut s'adonner à ce genre de distraction sur Internet. A Touba, c'est le
site de partage Youtube.com qui est le plus utilisé par les usagers pour
visualiser des fichiers à contenu audiovisuel, dont les plus
cités sont les clips de musique Rap/R&B, mbalax ou reggae, des
combats de lutte sénégalaise, des extraits de match de
football, des vidéos insolites.
Youtube est un site web sur lequel un internaute peut
visionner, partager, noter, commenter ou télécharger des
séquences vidéo de natures diverses. Toutefois, si le visionnage
et le téléchargement de ces vidéos sont permis à
tous les internautes, il en est autrement pour ce qui est des autres services
proposés par le site. En effet, le commentaire, la notation et le
partage de fichiers sont exclusivement réservés aux internautes
inscrits sur le site. Cette inscription se fait gratuitement et permet de
disposer d'un compte personnel à partir duquel, l'internaute peut
déposer sur le site du contenu audiovisuel et le partager ainsi à
l'échelle mondiale. L'internaute inscrit peut également poster
des commentaires sur les vidéos déjà visionnées ou
les noter. En plus de ces `'simples'' internautes, les services de Youtube
sont de plus en plus utilisés par des artistes musiciens en quête
de producteur ou de popularité, par de grands producteur de
cinéma, de musique et par des chaîne de télévision
qui y voient la possibilité de développer des activités
lucratives. Ainsi, Youtube, se présente comme une plate-forme offrant
une large palette de services divertissants et dont l'usage ne requiert point
de grands efforts. La page d'accueil du site comporte une barre de recherche,
les vidéos sont accessibles par catégories et lorsque l'on
visionne une vidéo, d'autres, en rapport avec celle regardée,
sont proposées. Cependant, puisque Youtube est une entreprise
américaine, le contenu des vidéos qu'ils hébergent sont
évalué en fonction de la constitution américaine qui
garantie une liberté d'expression totale. Il est donc possible d'y
trouver des vidéos dont le contenu est normalement censuré dans
le pays où se trouve l'internaute utilisant le site. Des vidéos
à tendance négationniste, antisémite, homophobe,
antireligieuse, discriminatoire, etc. côtoient ainsi les clips de
musiques, les vidéos amateurs, les extraits de films... En outre, les
difficultés liées au contrôle du réseau virtuel
Internet et de ses usagers font qu'il est également possible de diffuser
à partir de ce site des vidéos à contenu pornographique ou
choquant (scène d'agression ou d'assassinat).
5. L'écoute et le visionnage de contenus
mourides
Cette activité repose sur le même principe de
fonctionnement que les loisirs et divertissement sur Internet. Elle consiste
donc à la consultation de fichiers audiovisuels dont le contenu est en
rapport avec la communauté mouride. C'est pour éviter d'assimiler
ces deux activités et aussi pour mieux souligner le fait religieux dans
les usages, qu'on a choisi de les classer séparément.
L'écoute et le visionnage de contenus mourides se fait
généralement soit à partir des sites web de partage, soit
à partir des sites web et des blogs créés par des membres
de cette confrérie religieuse. Les principaux types de fichiers
consultés sont, pour l'essentiel, des récitals de khassidas, des
extraits de vidéos de magals ou de `'thiant'', des discours du khalife
général ou d'un autre marabout de la confrérie et des
fichiers audio qui retrace la vie et l'oeuvre de Bamba. Cette partie
d'internautes concernés par ce type d'usage accorde donc une importance
particulière au fait religieux dans l'utilisation qu'elle fait du
réseau Internet.
6. Le commerce en ligne
C'est la dernière forme d'utilisation
particulière que les populations de Touba font d'Internet dans les
cybercafés. Cette TIC est un réseau qui s'étend à
l`échelle planétaire et qui permet une jonction rapide et facile
des différents noeuds qui le constituent. En se présentant sous
cette forme, cette TIC est de plus en utilisée par les acteurs
traditionnels du secteur du commerce qui y voient un nouveau support de
transactions. Le e-commerce peut se définir comme étant
« l'ensemble de services, de logiciels et de procédures
qui permettent la vente de produits en ligne »50(*). Aujourd'hui, on peut
tout acheter sur Internet ou presque, des livres aux vacances, des produits
alimentaires à l'électronique, des billets d'avions aux produits
cosmétiques... Les sites web de commerce en ligne peuvent
également permettre d'acquérir des produits virtuels et des
services, comme accéder à des contenus spécifiques. En
plus d'être des boutiques en lignes, ces sites sont aussi des espaces
propices pour nouer des relations partenariales entre tous les acteurs
évoluant dans le secteur du commerce. Ce sont donc des vitrines
mondiales où l'agriculteur, l'artisan, le commerçant,... et
même un simple internaute, peut exposer, acheter ou vendre des produits
ou services de natures diverses. Aussi avantageux qu'il puisse être
surtout pour une localité où l'activité économique
est en plein essor, le commerce en ligne constitue l'activité la moins
pratiquée par les internautes interrogés à Touba. Ce qui
traduit que cette nouvelle forme de commerce n'a pas encore
intégré les habitudes des internautes de la ville, sans doute
parce que les modalités de sa pratique (un peu compliquée) sont
peu ou pas du tout connues.
Les principaux types d'usages qui sont fait d'Internet dans
les cybercafés visités à Touba sont donc multiples et
variés. En outre, ils traduisent la composition
hétéroclite de notre échantillon constitué
d'élèves, d'étudiants, de chômeurs, de travailleurs
indépendants, de fonctionnaires, d'analphabètes. Chacune de ces
catégories y trouve donc son compte. S'il en est ainsi, c'est parce que
cette TIC met à leur disposition de nombreux sites web dont chacun se
focalisent sur un aspect précis de la vie quotidienne et dont les
services offerts sont, pour la plupart, gratuits. Néanmoins,
malgré l'immensité de la toile et la richesse des sites web qui
la composent, il existe tout un ensemble de facteur qui fait que certains de
ces sites ne sont jamais visités par les internautes. En effet, les
résultats de nos enquêtes menées à Touba
révèlent que ce ne sont pas tous les internautes qui visitent
tous les types de sites web. 13% des usagers ont affirmé qu'ils ne font
pas de différence entre les sites web, c'est-à-dire qu'ils
visitent tous les types de sites sur Internet alors que pour les 87% restant
c'est le contraire.
L'examen de la figure n° 10 permet de saisir que les
sites dont les contenus sont pornographiques ou racistes sont de loin les
principaux sites web que ces internautes visitent le moins sur Internet. Les
raisons qui les poussent à ne jamais surfer sur ce genre de sites sont
multiples et variées comme le souligne la figure n° 11. Mais d'une
manière générale, on peut retenir que si ces sites ne sont
jamais fréquentés par les internautes, c'est parce qu'ils
considèrent que ceux-ci ne leur offrent aucun intérêt et
que leurs contenus sont transgressifs.
Figure n° 10 : Les sites web jamais visités par
les usagers
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
|
Figure n° 11 : Les raisons du non visitent de ces
sites
|
Source : Paul Diouf,
enquête de terrain, 2009
|
II- Internet, le fait religieux
et les mutations urbaines
Comment apprécier le fait religieux dans ces
différents types d'usages ? Ces usages ont-ils un quelconque
rapport avec certaines formes de mutations en cours à Touba ? Ce
sont là les principales questions auxquelles nous tentons d'apporter des
éléments de réponses dans ce point de notre travail.
1. Internet et le fait religieux
L'ode composée par Cheikh Ahmadou Bamba entre 1887 et
1895, Matlaboul Fawzeinie, laisse apparaître en filigrane l'importance de
du fait religieux dans la ville de Touba. L'idéal véhiculé
à travers ce khassida (entièrement dédié à
Touba) est celui d'une localité se présentant comme un haut lieu
de culte, de prière, de recueillement et qui n'est destiné
qu'à ceux là qui aspirent à Dieu, les mourides. C'est donc
dire que cette ville devait être, dans l'esprit de son fondateur, le
cadre idéal pour adorer et servir Dieu et son Envoyé Mohamed
(PSL) conformément aux recommandations et interdits de ceux-ci.
Internet crée de nouveaux moyens pour des
communautés religieuses d'offrir une vitrine au monde. En effet, la
visibilité mondiale et les facilités de communications qu'il
offre font que cette TIC est de plus en plus utilisé pour propager
à l'échelle planétaire des messages religieux. Les sites
web mis sur pied par des dahiras mourides ou par d'autres associations
musulmanes sénégalaises ou résident à
l'étranger permettent ainsi d'avoir accès à de nombreuses
informations relatives aux enseignements du Saint Coran ou à l'oeuvre de
Cheikh Ahmadou Bamba. Dans les sites web mourides par exemple, il est possible
d'écouter ou de lire des khassidas ou des récits de la vie de
Bamba, de visualiser des vidéos de magals ou de `'thiant'',
d'écouter les déclarations du khalife général, de
découvrir « la ville sainte de Touba » (son plan,
ses quartiers, ses « lois », ses principaux lieux de
cultes,)... . D'autres sites permettent de mieux maîtriser les rudiments
de la religion islamique en proposant des traductions, en plusieurs langues, de
versets coraniques ou des interprétations du message islamique, des
cybers fatwa,... Par ailleurs de plus en plus de guides religieux mourides se
sont fait concevoir des sites web, sans doute parce qu'ils sont conscients des
nombreuses facilités qu'ils leur offrent surtout pour mieux communiquer
avec des fidèles qui s'approprient progressivement cette TIC.
Le fait religieux est donc présent sur Internet.
Dès lors, il peut largement exercer influence sur les usages qui sont
fait de ce réseau dans une ville où il est l'une des marques
caractéristiques. L'utilisation du contenu de ces sites par les
internautes de Touba peut leur permettre d'en savoir mieux et plus sur les
recommandations de leurs guides religieux, de leur religion ou de leur
confrérie. Mais est ce que ces internautes utilisent réellement
ces sites pour cette fin ? L'analyse des principaux usages d'Internet
faite dans le point précédant offre tout un ensemble
d'éléments de réponses à cette question.
Pour ce qui est des informations recherchées sur
Internet, celles relatives à la religion (l'islam, le mouridisme, son
fondateur ou un membre de sa famille) arrivent en troisième position,
derrière les informations relatives aux actualités et aux
études et travail. Mais elles devancent quand même celles portant
sur le sport, la musique ou le cinéma. Concernant les fichiers
transférés, on s'aperçoit qu'il y en a certes certains
dont le contenu est en rapport avec le mouridisme (khassidas, vidéos de
magals ou de « thiant », photos de Bamba ou de figures
emblématiques du mouridisme), mais ce sont les musiques, les clips
vidéo et les films qui dominent largement. Enfin pour ce qui est de
l'écoute et du visionnage de contenus audiovisuels, on observe encore
une fois que ce sont les musiques et les vidéos diverses qui prennent
largement le pas sur les khassidas et les vidéos de la
confrérie mouride.
Le fait religieux est effectivement donc présent dans
les usages d'Internet, mais il y occupe place relativement faible. Les
internautes de la ville de Touba interrogés, ou du moins la
majorité d'entre eux, lui accordent donc peu d'importance dans les
utilisations particulières qu'ils font du réseau Internet dans
les cybercafés. Ce qui amène à dire qu'ils se servent peu
ou pas du tout de cette TIC pour mieux s'imprégner des enseignements de
leur confrérie ou de leur religion. Mais ce constat est-il suffisant
à lui seul pour déduire qu'il y a un
désintéressement de ces « toubiens » au fait
religieux, caractéristique majeure de leur localité ? A ce
stade de notre travail, il est difficile pour nous d'avancer une quelconque
réponse à cette question. Ce que l'on peut dire c'est qu'Internet
n'est pas le seul et unique lieu dont disposent ces populations pour s'adonner
à l'apprentissage des prescriptions de leur religion ou de leur
confrérie. En effet, la ville comporte un ensemble d'endroits qui sont
tout aussi propice qu'Internet (sinon même plus parce qu'étant
concret) pour en savoir mieux et plus sur la religion musulmane ou sur l'oeuvre
de ses figures emblématiques. Les dahiras en sont un exemple
précis. Ces associations permettent à des adeptes mourides
« de se retrouver à intervalle régulier pour
chanter ou réciter les poèmes du fondateur de la voie, discuter
entre disciples pour s'encourager et renouveler la foi, recevoir les ordres et
recommandations du corps maraboutique »51(*), le tout autour du
« café touba ». Ils constituent donc d'excellents
lieux où l'adepte mouride peut apprendre, de façon conviviale,
les rudiments des enseignements de Bamba ou même de l'islam. Leur nombre
ne cesse de croître à Touba. On en trouve presque dans chaque
quartier et chaque adepte peut gratuitement en adhérer un, pourvu
seulement qu'il puisse s'acquitter des cotisations pour l'envoi de dons au
khalife général ou pour la célébration d'un
évènement de la confrérie. Sont-ils les lieux dont se
servent ces internautes de Touba à la place du
« réseau virtuel » ?
2. Internet et les mutations urbaines
La ville de Touba bénéficie d'un statut
d'exterritorialité conventionnellement établie, mais qui ne cesse
d'être repoussée. Ce périmètre apparait ainsi donc
comme une sorte une reconnaissance officielle d'une ville religieuse
gérée par une autorité religieuse à
l'intérieur du territoire national. Au-delà de cette
reconnaissance administrative, l'importance de la fonction religieuse de la
ville de Touba se manifeste aussi à travers certaines
« lois » qui lui sont propres. L'usage de l'alcool et du
tabac y est interdit. Les salles de cinéma, les stades, les salles de
jeux, les boites de nuits y sont également rejetées. En outre
contrairement aux autres localités du pays où certaines
cérémonies (les baptêmes ou les mariages) sont
accompagnées de manifestations folkloriques, à Touba toute sorte
de manifestations publiques avec de la musique est interdite. Il semble que
toute activité pouvant distraire l'individu de ces obligations
religieuses et confrériques y est exclue. Et c'est le khalife
général, autorité suprême de la confrérie
mouride et de sa capitale, qui à la charge de veiller à ce que
ces « lois » soit appliquées afin que puisse
s'éterniser l'oeuvre de Bamba. Cependant la ville de Touba a connue une
urbanisation rapide et massive qui s'est traduite par une remarquable
croissance démographique et spatiale. Cette urbanisation
concrétise le rêve de Bamba mais l'a trahit en même temps.
En effet de par son ampleur, elle ne permet plus à
l'autorité maraboutique de pérenniser et d'assurer sa mission
régalienne de contrôle sur l'espace et sur les hommes (Gueye 2002
b). Ce qui traduit ainsi un affaiblissement de l'autorité maraboutique,
celui du khalife général en particulier. Sous ce rapport, il
semble évident qu'à priori, certains usages d'Internet par des
internautes de la ville ne feront que renforcer davantage cet affaiblissement.
Internet est une technologie qui offre à ses usagers de
multiples avantages qui sont en rapport avec leurs activités et leurs
soucis ou besoins quotidiens (la communication et la recherche d'informations,
les loisirs, les divertissements,...). C'est sans doute ce explique le
réel enthousiasme dont il jouit auprès des individus. Le
réseau Internet apparaît donc comme étant à la fois
une copie, une reproduction du monde réel et aussi une alternative
à celui-ci. Par ailleurs, ce réseau virtuel constitue un
« un système sans cerveau ni centre nerveux
identifiable »52(*). Ce qui fait qu'il est de plus en plus difficile
voire même impossible de le contrôler et de contrôler aussi
ses usagers. Son appropriation par les populations de Touba créent ainsi
les conditions pouvant amener à l'apparition de situations nouvelles
pas conformes aux exigences religieuses et sociétales qui
caractérisent la ville de Touba. En effet ce réseau offre
à ses usagers des cadres d'échange, de dialogue où ils
peuvent s'exprimer librement, même sur des sujets
considérés tabou dans leur cadre de vie. En outre Internet leur
permet également d'être en contact avec des individus
différents d'un point de vue culturel et cultuel et aussi avec
« des images positives et négatives de
sociétés basés sur d'autres logiques »53(*). Dès lors, cette
TIC constitue pour ces internautes mourides un cadre où ils peuvent
s'extirper du contrôle califale et s'adonner ainsi à certains
types d'activités prohibées dans leur ville.
Les résultats des enquêtes démontrent
qu'effectivement une partie des internautes fréquentent sur Internet
des cadres où ils peuvent s'exprimer ou établir
différents types de rapports avec d'autres internautes, et aussi
d'autres où ils peuvent s'adonner à certaines formes de loisirs
interdits dans leur territoire.
2.1 Les cadres d'expression des usagers sur
Internet
Les cadres d'expression sont pour l'essentiel les forums de
discussion et les blogs.
2.1.1 Les forums de discussion
Encore appelés newsgroup et largement présents
sur Internet, les forums de discussion sont «des arbres à palabre
virtuels ». Il s'agit donc de lieux où l'internaute peut
participer librement à une discussion tournant autour d'un thème
bien défini en posant des questions ou en apportant des contributions.
L'examen du tableau n° 17 laisse apparaître que
20% des usagers participent à des forums de discussion. Ils sont donc
minoritaires par rapport aux internautes qui ne les fréquentent jamais
(80%).
Tableau n° 17: Répartition des usagers en fonction
de la fréquentation des forums de discussion
Vous arrive t-il de participer à des forums de
discussion sur Internet ?
|
|
Nombre de citation
|
%
|
Oui
|
20
|
20%
|
Non
|
80
|
80%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de
terrain, 2009
Sur Internet, il existe de plus en plus sites web
spécialement dédiés à la mise sur pied de forums
de discussion et d'autre qui n'en font qu'un des services qu'ils offrent. Dans
un cas comme dans l'autre, la participation à un groupe de discussion
est gratuite. Ces groupes sont généralement constitués
d'internautes qui partagent le même intérêt pour un
quelconque sujet. Celui ci peut être un article publié dans un
site ou un thème particulier : santé, religion,
étude, voyage, amour, ... bref tout centre d'intérêt qui
peut attirer. En outre, c'est souvent le premier message posté qui donne
une orientation particulière à la discussion. Chaque nouveau
message envoyé peut être une réponse à celui qui le
précède ou à celui du premier intervenant, ou une
question ouverte. La discussion est donc ouverte et chacun est libre de donner
son point de vue sur chaque idée émise.
La figure n° 12 illustre, par ordre d'importance, les
principaux thèmes de discussion auxquels s'intéressent les
internautes ciblés dans la ville de Touba. Ceux-ci sont divers et
variés et sont également choisis parmi tant d'autres qui sont
proposés. En outre, ils révèlent une certaine ouverture
de ces internautes qui désirent ainsi en savoir plus sur
l'économie, la politique, la religion, l'amour, la santé,
l'éducation, l'informatique, etc.
Figure n° 12 : Les principaux thèmes de
discussion dans les newsgroups
Source : Paul Diouf,
enquête de terrain, 2009
|
2.1.2 Les blogs
Ce sont également des cadres d'expression
utilisés par une frange de notre échantillon. Le tableau n°
18 révèle que 23% des internautes possèdent un blog et le
reste du groupe (73%) n'en possède pas.
Tableau n° 18: Répartition des usagers en fonction
de la possession d'un blog
Possédez-vous un blog ?
|
|
Nombre de citation
|
%
|
Oui
|
27
|
23%
|
Non
|
73
|
73%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : Paul Diouf, enquête de
terrain, 2009
Phénomène assez récent sur Internet, les
blogs sont des espaces personnels interactifs publiés sur Internet par
des groupes ou un individu. La création de blog se fait gratuitement et
aussi d'une manière relativement simple à partir des sites web
qui fournissent les accessoires nécessaires pour publier du contenu en
ligne (Skyrock.com, Twitter.com). Ces pages peuvent donc être
constituées de fichiers audio ou vidéo, d'images fixes ou
animées, ou de texte. En outre, elles comportent également des
liens hypertextes (ce qui permet ainsi de se déplacer d'un blog
à un autre) et des fioritures de natures diverses. C'est donc dire que
leur ergonomie est satisfaisante. Le contenu des blogs peut être
consulté librement par les internautes qui disposent de l'adresse du
site web qui les hébergent. Ceux-ci peuvent également apporter
des commentaires sur ces contenus. Ce qui crée ainsi une certaine
interactivité entre le propriétaire du blog et ceux qui le
visitent. Ce service offert par Internet est de plus en plus utilisé
par des hommes politiques et autres célébrités, par des
associations religieuses, par des xénophobes, par des
extrémistes, etc. pour ainsi véhiculer leurs idéologies
à l'échelle planétaire. Ils sont également
massivement utilisés par de « simple » internautes
qui y racontent leurs activités quotidiennes et y exposent leurs
principaux centres d'intérêt. Ceux-ci pouvant être
appréciés par d'autres internautes.
2.2 Les sites de rencontre visités par les
usagers
Il s'agit là d'identifier les principaux types de
relations nouées sur Internet par les usagers. 59% d'entre eux ont
affirmés qu'ils ont connus des personnes via Internet en se servant des
services offerts par les sites de rencontre en ligne. Pour 42% d'entre eux,
les personnes connues via Internet sont établies aussi bien au
Sénégal qu'à l'étranger. 9% des internautes
concernés n'ont noué des relations qu'avec des
sénégalais (ses) et 4% qu'avec des étrangers
(ères).
Basés sur le concept sociologique de réseautage
social, ces sites réunissent « des personnes qui partagent
des centres d'intérêts et des activités ou qui souhaitent
explorer les centres d'intérêt et domaines d'activités
d'autres personnes »54(*). On en retrouve une multitude sur Internet et
ils se différencient essentiellement de par les motivations ayant sous
tendus leurs créations. On distingue ainsi donc sur Internet des lieux
où l'on peut nouer des relations de natures diverses avec des individus
quelconques. Certains sites comme Facebook.com ou Hi5.com se focalisent sur les
rencontres amicales entre anciens élèves ou étudiants ou
entre tierces personnes, d'aucuns comme AdultFriendFinder.com, Baddo.com ou
Meetic promeuvent les relations amoureuses, et d'autres comme AMPE favorisent
les rencontres entre travailleurs ou chômeurs à la recherche
d'emplois. Il existe également des sites de maillage social en ligne
qui regroupent des internautes originaires d'un même territoire ou
appartenant à une quelconque association. Le principe de
fonctionnement de ces sites de rencontre en ligne est quasi identique.
L'internaute qui souhaite en adhérer un doit d'abord s'y inscrire et y
obtenir ainsi une page personnelle qui se présente sous forme de blog.
Ces pages sont accessibles à partir de la page d'accueil du site.
Toutefois, un membre peut restreindre l'accès à certaines parties
de sa page à ses seuls amis ou uniquement à des membres du site
disposant de certaines références. En fonction des objectifs qui
ont motivé la création du site, les membres se retrouvent ainsi
autour de centres d'intérêts et d'activités bien
définies.
Les différents types de rencontres que les internautes
de la vill ont établis sur Internet sont représentés dans
la figure n° 13.
Figure n° 13 : Les différents types de relations
nouées sur Internet par les usagers
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain,
2009
|
L'examen de cette figure laisse apparaître une nette
prédominance des relations de nature extrafamiliales,
c'est-à-dire les relations amicales et professionnelles. Seuls 7,2% des
relations nouées sur Internet par ces internautes sont en effet de
nature familiale. Des relations amoureuses sont également
établies sur Internet par une partie de notre échantillon.
Ainsi, on peut retenir que ces internautes « toubiens »
recherchent sur Internet des amis, (es), des collègues de travail ou
l'âme soeur.
Le visionnage de contenus audiovisuels sur Internet peut
également être mis en contribution dans l'analyse du rapport entre
l'affaiblissement du contrôle califale et l'utilisation de certains
services d'Internet. Bien que la majorité des internautes
interrogés aient mentionnés les sites pornographiques parmi les
sites web qu'ils ne visitent jamais sur Internet, nos visites nocturnes dans
les cybercafés ont permis de saisir qu'il y a quelques un d'entre eux
qui s'adonnent à cette activité sur internet. Et c'est dans les
cybercafés où les ordinateurs sont disposés sous forme de
box que ces pratiques ont été le plus observées. Pourtant
sur les murs des cybercafés, il y a des affiches qui rappellent
l'interdiction formelle de surfer sur ce genre de site web. Mais il semble
que ces internautes y accordent peu d'importance. L'essentiel pour eux est de
satisfaire leur envie ou leur curiosité. Les gérants sont bien
conscients de ces quelques cas mais ils affirment qu'ils ne peuvent imposer
quoique ce soit au client car il paie son argent. Cette excuse des
gérants traduit dans une certaine mesure leur incapacité à
appliquer une décision émanant de l'autorité suprême
de la ville. L'essentiel pour eux est de se faire plus de lucre.
Blogs, forums de discussion et sites de rencontre sont autant
d'endroit que fréquente une partie de l'échantillon soit pour
établir des relations amicales, professionnelles ou amoureuses, soit
pour disposer d'espaces personnels interactifs ou soit pour débattre
sur des sujets portant sur les faits de société, les faits
d'actualités, l'amour, la religion, les études, la santé,
etc. Les internautes qui visitent les cadres d'expression sont minoritaires
dans l'échantillon. Seuls 20% des usagers participent à des
forums de discussion et 27% d'entre eux possèdent un blog. Toutefois
pour ce qui est des sites de rencontre, on remarque une nette
prédominance des internautes qui les fréquentent (59%) dans
l'échantillon. Par ailleurs sur l'ensemble des usages que ces
internautes font de ces lieux, ceux qui sont rapport avec l'affaiblissement du
contrôle du khalife occupent une place minoritaire. Parmi les types de
relations établies sur la toile, celles amoureuses arrivent loin
derrière les relations amicales et professionnelles. Les discussions sur
des sujets tabous comme la sexualité ou les relations amoureuses sont
également peu pratiqués par rapport à l'ensemble des
sujets de discussion. Dès lors l'on peut avancer qu'il y a effectivement
dans l'échantillon des « toubiens » qui s'adonnent
sur Internet à des activités prohibés dans leur ville.
Ceux-ci se sont donc servis d'Internet comme un moyen pour contourner
l'autorité du khalife et satisfaire ainsi des besoins exprimés ou
latents et qui sont rejetés dans leur cadre de vie. Mais ces internautes
sont largement minoritaires dans l'échantillon.
CHAPITRE III :
PERCEPTION D'INTERNET PAR SES USAGERS
« A l'instar des autres époques
civilisationnelles, celle-ci (l'actuelle révolution d'Internet) a des
conséquences à la fois positives et
négatives »55(*). Dès lors, il devient pertinent pour de
nous intéresser à l'appréciation que les internautes de la
ville font d'Internet. Ainsi, il s'agit dans ce chapitre de recueillir les
avantages et les inconvénients qu'ils attribuent au parangon des TIC,
Internet.
I- Les avantages d'Internet
selon les usagers
Tout comme lors de la révolution industrielle, les
nouvelles technologies de l'information refaçonnent le monde et
créent de nouveaux paradigmes dans les domaines sociaux, culturels,
économiques et politiques. Des personnes situées sur des
continents différents peuvent à présent, grâce
à ces nouvelles " autoroutes de l'information ",
communiquer, faire de la recherche et échanger des biens et des services
sans obstacles temporels ou spatiaux et en passant par moins
d'intermédiaires qu'auparavant. Sous ce rapport, l'apport d'Internet
dans l'amélioration des conditions de vies des populations
interrogées paraît bien évident. En effet chez 92% d'entre
eux, le sentiment de l'amélioration des conditions de vies par Internet
est bien réel. Les avantages d'Internet qu'ils brandissent pour
expliquer ce satisfecit sont multiples et variés comme le
révèle la figure n° 14.
D'une manière générale, on peut retenir
que si ces usagers ont le sentiment qu'Internet a amélioré leurs
conditions d'existence, c'est parce que cette TIC leur permet d'acquérir
de nouvelles connaissances de la vie et du monde grâce à un
accès rapide, facile et gratuit à l'information
et aussi à de nouvelles relations établies sur
ce réseau. Ce qui peut occasionner une amélioration des
conditions d'études ou de travail ou une meilleure connaissance de la
religion, du mouridisme et de son fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba. En
outre la rapidité de la communication et le coût peu
onéreux de celle-ci permet à certains de ces usagers
d'effectuer des gains de temps considérables alors que les
loisirs et divertissements renforcent le sentiment de
liberté chez d'autres.
Figure n° 14 : Les avantages d'Interner selon les
usagers
Source : Paul Diouf,
enquête de terrain, 2009
|
II- Les inconvénients
d'Internet selon les usagers
Figure n° 15 : Les inconvénients d'Internet selon
les usagers
|
Source : Paul Diouf, enquête de terrain, 2009
|
Les importunités du réseau mentionnées
par les internautes sont fondées et légitimes.
Les sites pornographiques : «
Il est question dans ces sites de la description et de la communication
publique d'actes explicitement érotiques, c'est-à-dire stimulant
le désir sexuel et obscènes, c'est-à-dire sales, honteux
et dégradants »56(*). En 2006, on dénombrait 4,2 millions de
sites web pornographiques, 420 millions de pages web pornographiques et 68
million de requêtes quotidiennes pour des sites pornographiques via les
outils de recherche Internet (c'est-à-dire 25% de toutes les
requêtes de recherche Internet). L'industrie de la pornographie sur le
web a rapporté 97 milliards de dollars cette même année.
Les chiffres se répartissent ainsi pour les 4 pays ayant
dépensés le plus : 27 milliards en Chine, 25 milliards en
Corée du sud, 20 milliards au Japon, 13 milliards au Etats-Unis. Quand
aux canadiens, ils ont dépensés 1 milliard de dollars pour la
production de contenus pornographiques sur le Web. Ces statistiques
publiées par Internet Review Filter illustrent clairement l'ampleur de
ce phénomène dans ce nouveau monde. Ces sites pornographiques
sont massivement présents sur Internet et leur accès est aussi
facile que celui des sites d'informations, de rencontre, de commerce en ligne,
etc. En outre, la presque totalité d'entre eux offrent aux internautes
des services gratuits. Le visionnage ou le téléchargement de
fichiers audiovisuels pornographiques deviennent ainsi des activités que
peut pratiquer n'importe quel utilisateur du réseau. Et c'est justement
là où la pornographie sur Internet est dangereuse car de jeunes
adolescents peuvent facilement se retrouver devant des scènes de nature
transgressives.
Le manque de contrôle sur Internet
évoqué par certains usagers comme l'un des inconvénients
majeurs de réseau est de fait. La gestion d'Internet n'est
centralisée en aucun point du réseau et aucun organisme
régulateur adapté au caractère supranational du
réseau n'a encore été conçu. En outre,
« perçu par les internautes comme un espace nouveau de
liberté d'expression et d'échange, toute velléité
d'intervention des Etats est regardée avec
méfiance »57(*). Par ailleurs, en tant que réseau ou
monde virtuel, cette TIC garanti à ses usagers l'anonymat en ce
sens que l'inscription dans un forum de discussion ou un salon de tchatche se
fait avec un pseudonyme et il est aussi possible de créer une page
personnelle et de rencontrer des personnes avec un faux profil. Ce
caractère virtuel et l'anonymat qu'il permet associé à
l'absence de réglementations adaptées à
l'universalité du réseau, font qu'il est assez difficile voire
même à la limite impossible de contrôler Internet et de
contrôler aussi ceux qui l'utilisent.
Les risques d'acculturation : La
technologie Internet, du fait de sa visibilité mondiale, permet une
uniformatisation de comportements et d'idéologies. Selon certains
penseurs comme Nelson Thall, disciple de Marshall McLuhan, « le
projet inavouable de l'Internet est d'amener le monde entier à penser et
à écrire comme les Nord-américains »,
c'est-à-dire une globalisation de « l'American way of
life ». Sous rapport, les risques d'acculturations
évoqués par une partie des usagers paraissent bien réels.
En effet dans les sociétés africaines, l'utilisation d'Internet
peut être à l'origine de plusieurs transformations comme une
rupture de l'intimité familiale, une remise en cause des liens de
parenté, la disparition des langues vernaculaires, la perversion des
jeunes du fait notamment de la « cyber sexualité »,
le changement de valeurs (habillement, moeurs), la remise en cause de l'ordre
socioculturel (rapport père fils, grand père fils), etc. Dans un
tel contexte, seul une parfaite maîtrise de ses propres valeurs
culturelles et aussi une grande capacité de discernement peut aider
à résister à cette tentative d'assimilation culturelle.
Les virus informatiques auxquels font allusion les usagers
s'agissant des inconvénients d'Internet sont les Spam. Encore
appelé pourriel, le spam désigne « l'envoi massif
de messages non sollicités à de multiples
destinataires »58(*). Il est souvent associé au courrier
électronique, mais il s'applique aussi au forum de discussion, à
la messagerie instantanée, etc. Il s'agit d'un système
d'obtention illicite d'informations qui consiste à envoyer à des
destinataires des messages apparemment licite et provenant d'une institution
reconnue (une banque par exemple). Ces messages contiennent le plus souvent
des liens vers de faux sites web qui sont utilisés pour collecter des
informations confidentielles sur les utilisateurs du réseau. Le Spam
peut également être utilisé pour des actes de sabotage.
Citons par exemple le bombardement intempestif des forums de discussion par des
messages factices afin de provoquer leur engorgement. La principale contrainte
du Spam c'est que l'anonymat de l'expéditeur rend difficile les
poursuites judiciaires contre les sollicitations frauduleuses. Toutefois, il
existe de plus en plus d'applications intégrées dans les
programmes de navigation et dans les boites à lettre
électroniques qui permettent de bloquer les messages non
désirés. Ce qui pousse les «spammeurs» à affiner
davantage leurs méthodes afin de contourner ces obstacles.
La catégorie autre regroupe
les inconvénients du réseau les moins cités par les
internautes. Il s'agit du racisme, de la perte de temps et de la
déception lors des rencontres nouées sur Internet.
De ce qui précède, on peut retenir que la
technologie Internet véhicule de réels avantages et
inconvénients. Mais il faut convenir que ce réseau
« n'est pas intrinsèquement mauvais, mais que c'est la
société qui l'a corrompu; le réseau ne sera en effet que
le reflet des habitudes humaines avec son lot inévitable de turpitudes
et de bienfaits »59(*).
CONCLUSION GENERALE
L'objectif général de cette étude
était d'appréhender, à partir d'une approche
géographique des usages d'Internet dans des cybercafés de Touba,
les effets réels de la présence de cette TIC dans l'espace de
cette ville. Afin de mieux atteindre cet objectif, nous avions émis 4
hypothèses que sont :
· Internet est une TIC dont l'utilisation requiert au
moins un minimum de connaissances telles que savoir lire et écrire les
langues exotiques surtout. De ce fait, seuls ceux qui ont
fréquenté ou qui fréquentent l'école
française ou le franco arabe utilisent Internet dans les
cybercafés de la ville de Touba. Ce qui crée une subdivision de
la population toubienne qui oppose d'un coté ces usagers d'Internet et,
de l'autre, les analphabètes qui ne peuvent utiliser cet outil
même s'il leur offre de réels avantages ;
· Du fait des nombreuses facilités de
communications qu'elle offre, la technologie Internet est utilisée par
les populations de Touba pour établir des relations à distance
avec sa diaspora ;
· Le fait religieux exerce une grande influence sur les
usages qui sont fait d'Internet à Touba et y occupe ainsi une place
centrale. La technologie Internet participe donc à renforcer la
dimension religieuse de la ville de Touba ;
· Même si elle offre de nombreux cadres où
il est possible de se soustraire des exigences religieuses ou
sociétales, la technologie Internet n'est pas utilisée par les
internautes « toubiens » pour s'adonner à des
activités prohibées dans leur localité. Elle ne participe
donc pas à l'affaiblissement de l'autorité du khalife sur le
contrôle des hommes et de l'espace de la ville de Touba.
Soulignons tout de même que ces hypothèses ne
sont que des réponses provisoires à la question de départ,
et qu'elles ont été mises à l'épreuve des faits,
des réalités du terrain sur lequel porte cette présente
étude. La méthodologie adoptée pour vérifier ces
hypothèses est basée sur un ensemble d'outils de collecte et de
traitement des donnes adaptées aux spécificités de notre
domaine d'étude. Ainsi, grâce aux questionnaires
administrés aux usagers d'Internet et aux gérants des
cybercafés et aux informations obtenues des entretiens exploratoires et
des observations, nous avons pu arriver à des certitudes.
Touba est une ville située au centre ouest du pays et a
été fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké,
un fervent sunnite qui s'était entièrement dévoue à
Dieu et à son envoyé Mohamed (PSL). A travers elle, le fondateur
cherchait un cadre idéal non seulement pour lui mais aussi pour
l'ensemble des murid (terme qui désigne aspirant à Dieu), pour
adorer et servir Dieu conformément aux recommandations et interdits de
ceux-ci. Dans l'ode qu'il a dédie à sa ville, Matlaboul
Fawzeinie, il décrit explicitement le type d'homme qu'il souhaite comme
« voisin » et les principales fonctions de celle-ci. Cette
dimension spirituelle éminente confère à cette ville une
autonomie de gestion qui ne fait que renforcer son attractivité et
stimuler du coup son peuplement massif. Aujourd'hui, Touba avec ses plus d'1
millions d'habitants est devenue la seconde agglomération urbaine du
pays. Et comme les autres villes sénégalaises, elle n'a pas
été en marge de l'avènement des TIC, Internet en
particulier, au Sénégal. Les cybercafés y ont
existés bien avant l'introduction de l'ADSL dans ce pays, technologie
qui a fortement contribué à la baisse des tarifs de connexion et
par conséquent à la massification des usagers de cette TIC. La
localisation spatiale de ces lieux d'accès collectifs à Internet
leur confère une certaine accessibilité physique et leur
aménagement interne et externe renforce leur attractivité. En
outre, ils proposent à leurs clientèles une gamme variée
de services allant de la connexion à Internet aux travaux bureautiques
en passant par la confection de sites web, la réparation/vente de
matériels informatiques, le fax, etc. Cependant, ces infrastructures ont
été pendant un moment mis au vert par les autorités de la
ville qui, sur la base de certaines informations les considéraient comme
des lieux de débauches où l'on s'adonnait à des
activités interdites dans la ville. Il a fallu l'intervention de
certains grands commerçants influents (et dont certains sont
propriétaires de cybercafés) pour que ces lieux soient rouvert.
En outre, bien qu'ils soient des espaces accessibles, ils sont peu
utilisés pour la connexion à Internet. En effet ce service
proposé par les cybercafés occupe la seconde place dans les
usages que les populations de Touba font de ces lieux qui d'ailleurs, ne
reçoivent qu'entre 5 et 25 clients internautes par jour. Et la
majorité de ces internautes se connectent que pour une durée
inférieure ou égale à 1h et fréquente les
cybercafés une fois par semaine. Ainsi, même si l'utilisation
d'Internet dans les cybercafés commence à intégrer les
habitudes d'une certaine couche de la population toubienne, il demeure
néanmoins que son appropriation est loin d'être effective dans
cette ville.
Les « toubiens » qui utilisent Internet
dans les cybercafés présentent des profils variés. En
effet, contrairement à ce que l'on a supposé dans notre
hypothèse, Internet n'est pas utilisé seulement par les gens qui
ont été ou qui sont toujours à l'école
française ou au franco arabe. Bien au contraire, cette technologie est
utilisée aussi bien par des élèves, des étudiants
que par des individus qui n'ont jamais été ni au franco arabe, ni
à l'école françaises. Elle est également
utilisée par des individus qui ne parlent que les langues locales du
pays, par d'autres qui ne savent écrire aucune langue (qu'elle soit
locale ou étrangère), par des commerçants, des chauffeurs,
des tailleurs, des maçons, des mécaniciens etc. Le groupe
d'usagers compte donc à la fois des analphabètes et des
alphabétisés. La technologie Internet n'exclue donc pas
d'emblée les illettrés parce qu'utilisant l'écrit comme
principale support. L'analyse des modalités d'utilisation de cette TIC
a permis de saisir qu'il s'agit, bien au contraire, d'une technologie qui, de
par sa configuration, permet même à des gens non instruits de
l'utiliser. L'emploi de la technologie du multimédia et du concept
d'hypertexte dans la conception des pages web explique dans une large mesure
cette situation. En effet avec ces deux techniques informatiques, les pages web
qui s'affichent à l'écran des ordinateurs connectés
à Internet comportent des balises (qui peuvent être du son, des
images fixes ou animées ou des textes en surbrillance) qui renvoient
à d'autres pages web ou qui permettent de raccourcir l'accès
à certaines applications et services. C'est donc dire qu'avec cette
caractéristique des pages web, autant l'usager est curieux autant il en
découvre davantage sur les mille et une possibilités offertes par
le réseau. En outre elle permet de contourner certains obstacles
liés surtout à la langue en ce sens qu'on peut accéder
à certaines ressources du réseau sans avoir à servir du
clavier de l'ordinateur.
Les types d'utilisations particulières qui sont fait du
« réseau des réseaux » sont multiples et
variées. La communication demeure la première activité que
les populations sondées font sur Internet. 75% d'entre eux l'utilisent
pour communiquer avec des émigrés qui habitent à Touba et
qu'ils connaissent. C'est donc dire que cette technologie permet à ces
populations de Touba de maintenir une relation à distance avec sa
diaspora. De nombreuses applications Internet sont utilisées pour
établir cette relation. Le tchatche est la première application
dont se servent ces « toubiens » pour communiquer avec ces
émigres. Cet outil offre de réels avantages en ce sens qu'il
permet une communication instantanée par écrit et à
laquelle on peut joindre des flux de lecture en continue de sons ou d'images
grâce à une webcam et un micro casque. Les autres applications
utilisées pour communiquer via Internet sont le courriel et Skype. La
seconde catégorie d'usage concerne la recherche d'information. Cette
activité n'est pas un fait illusoire. Bien au contraire, il
répond à un besoin éminent et d'ailleurs 53% des usagers
ont affirmé qu'ils avaient au moins une fois trouvé sur Internet
l'information qu'ils y cherchaient. Les principaux types d'informations
recherchées sur Internet portent sur l'actualité nationale et/ou
internationale, les études, le travail, la religion, le sport (football
en particulier), la musique, le cinéma et le commerce. Le transfert de
fichiers est la troisième activité que les populations de la
ville font sur Internet. Les principaux fichiers
téléchargés sont par ordre d'importance les fichiers
audio/vidéo, des fichiers textes (cours, support de cours, document lie
a l'activité professionnelle exercée, des textes de chansons, des
documents portant sur Bamba ou le mouridisme, des dictionnaires), des
programmes informatiques, des khassidas, des photos divers, des vidéos
de magals ou de « thiant » et, enfin, des jeux. La
technologie Internet est également utilisée par une frange
d'internautes pour s'adonner à certaines formes de
loisirs/divertissement telles que l'écoute et le visionnage de contenus
audiovisuels et les jeux en ligne. L'écoute et le visionnage de contenus
mourides et le commerce en ligne constituent les dernières
activités pratiquées sur Internet par les populations de Touba.
Ces usages que ces populations font d'Internet traduisent
leurs besoins exprimés ou latents. Cependant le fait religieux,
largement présent sur Internet et caractéristique majeure de la
localité de Touba, est certes présent dans ces usages mais y
occupe une place relativement faible. Pour ce qui est des informations
recherchées sur Internet, celles relatives à la religion
(l'islam, le mouridisme, son fondateur ou un membre de sa famille) arrivent en
troisième position, derrière les informations relatives aux
actualités et aux études et travail. Mais elles devancent quand
même celles portant sur le sport, la musique ou le cinéma.
Concernant les fichiers transférés, on s'aperçoit qu'il y
en a certes certains dont le contenu est en rapport avec le mouridisme
(khassidas, vidéos de magals ou de `'thiant'', photos de Bamba ou de
figures emblématiques du mouridisme), mais ce sont les fichiers
classées dans la catégorie audio/vidéo qui dominent
largement. Enfin pour ce qui est de l'écoute et du visionnage de
contenus audiovisuels, on observe encore une fois que ce sont les musiques et
les vidéos diverses qui prennent largement le pas sur les khassidas et
les vidéos de la confrérie mouride. Ainsi Les internautes de la
ville, ou du moins la majorité d'entre eux, accordent donc peu
d'importance au fait religieux dans les utilisations particulières
qu'ils font du réseau Internet dans les cybercafés. Ce qui
amène à dire qu'ils se servent peu ou pas du tout de cette TIC
pour mieux s'imprégner des enseignements de leur confrérie.
Par ailleurs, une partie d'entre eux fréquentent sur
Internet des cadres où il est possible de s'exprimer ou d'établir
différents types de rapports avec d'autres internautes, et aussi
d'autres où il est possible s'adonner à certaines formes de
loisirs interdits dans leur ville. En effet, blogs, forums de discussion et
sites de rencontre sont autant d'endroit que fréquentent une partie de
l'échantillon soit pour établir des relations amicales,
professionnelles, familiales ou amoureuses, soit pour disposer d'espaces
personnels interactifs ou soit pour débattre sur des sujets portant
sur les faits de société, les faits d'actualités, l'amour,
la religion, les études, la santé, etc. Les internautes qui
visitent les cadres d'expression sont minoritaires dans notre
échantillon. Seuls 20% des usagers participent à des forums de
discussion et 27% d'entre eux possèdent un blog. Toutefois pour ce qui
est des sites de rencontre, on remarque une nette prédominance des
internautes qui les fréquentent (59%) dans l'échantillon. Par
ailleurs sur l'ensemble des usages que ces internautes font de ces lieux, ceux
qui sont rapport avec l'affaiblissement du contrôle du khalife occupent
une place minoritaire. Parmi les types de relations établies sur la
toile, celles amoureuses arrivent loin derrière les relations amicales
et professionnelles et familiales. Les discussions sur des sujets tabous comme
la sexualité ou les relations amoureuses sont également peu
pratiqués par rapport à l'ensemble des sujets de discussion.
Dès lors l'on peut avancer qu'il y a effectivement dans
l'échantillon des « toubiens » qui s'adonnent sur
Internet à des activités prohibés dans leur ville. Ces
derniers se sont donc servis d'Internet comme un moyen pour contourner
l'autorité du khalife et satisfaire ainsi des besoins exprimés ou
latents et qui sont rejetés dans leur ville. Mais ces internautes sont
largement minoritaires dans l'échantillon.
Voila en gros ce qu'a révélé l'approche
géographique des usages du réseau Internet dans des
cybercafés de la ville de Touba. Cette étude exploratoire, nous
l'espérons, aura permis de mieux saisir la problématique de
l'appropriation d'Internet (technologie reflétant le modernisme,
l'occident et dont l'écrit est le principal support) par des populations
non instruits et aussi dans une « ville
religieuse », souvent perçue comme des cadres
anti-occidentalistes d'une part et, de l'autre le rôle de cette
technologie dans les transformations d'un territoire quelconque. Toutefois, en
raison notamment de la taille de l'échantillon comparée a
l'échelle d'analyse, les résultats fournis ne peuvent permettre
de procéder à une généralisation. Dès lors
d'autres études du même genre s'imposent afin d'avoir une
idée exhaustive sur les effets réels de la présence
d'Internet dans la ville de Touba. Celles-ci pourraient par exemple porter sur
l'apport de la technologie Internet dans la gestion de la ville religieuse
à travers l'analyse du site web de la cellule de communication du
khalife général ou des autres sites web créés par
des dahiras mourides.
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Disponible sur
http://www.itu.int/wsis/docs/geneva/official/dop-fr.html.
Site visité le 3 août 2009.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 : Répartition de la
population de selon l'âge et le sexe.....................p.44
Tableau n° 2 : Effectifs dans les
différents niveaux d'instruction à Touba...............p.45
Tableau n° 3 : Répartition de la
population en fonction du secteur d'activité............p.46
Tableau n° 4 : Les autres services
proposés par les cybercafés............................p.57
Tableau n° 5 : Les difficultés
liées à la gérance du cybercafé à
Touba...................p.59
Tableau n° 6 : Jours de fréquentation des
cybercafés .......................................p.62
Tableau n° 7 : Répartition des
internautes selon la période de fréquentation des
cybercafés à Touba p.63
Tableau n° 8 : Répartition des
internautes selon la durée de la connexion dans les cybercafés de
Touba p.64
Tableau n° 9 : Fréquence de visite des
cybercafés à Touba.......................................p.65
Tableau n° 10 : Difficultés liées
à l'accès au cybercafé
....................................p.66
Tableau n° 11 : Difficultés liées
à l'utilisation d'Internet dans les cybercafés...........p.67
Tableau n° 12 : Nombre de tickets de connexion
à Internet vendus par jours dans les cybercafés p.69
Tableau n° 13 : Répartition des usagers
selon l'âge .......................................p.73
Tableau n° 14 : Répartition des usagers
selon sexe .........................................p.73
Tableau n° 15 : Répartition des usagers
selon l'activité professionnelle ................p.78
Tableau n° 16 : Répartition des usagers
selon le revenu mensuel ..............................p.78
Tableau n° 17 : Répartition des usagers
en fonction la fréquentation des forums de discussion p.104
Tableau n° 18 : Répartition des usagers
en fonction de la possession d'un blog ......p.105
LISTE DES FIGURES ET
CARTES
Figure n° 1: Apparence interne des
cybercafés.......................................................p.52
Figure n° 2 : Les principaux types
d'établissements scolaires fréquentés par les usagers
p75
Figure n° 3 : Les principales langues
parlées par les usagers..............................p.76
Figure n° 4 : Les principales langues
écrites par les usagers...............................p.77
Figure n° 5 : Les modalités d'utilisation
d'Internet par les usagers........................p.81
Figure n° 6 : Les principaux usages
d'Internet...............................................p.84
Figure n° 7 : Les principales applications
utilisées par les usagers pour communiquer
p.85
Figure n° 8 : Les principaux types
d'informations recherchées par les usagers............p.89
Figure n° 9 : Les principaux types de fichiers
téléchargés par les usagers...............p.92
Figure n° 10 : Les sites web jamais
visités par les usagers.................................p.99
Figure n° 11 : Les raisons de la non visite de
ces sites web................................p.99
Figure n° 12 : Les principaux thèmes de
discussion dans les newsgroups..............p.105
Figure n° 13 : Les différents types de
relations nouées sur Internet par les usagers
p.107
Figure n° 14 : Les avantages d'Internet selon
les usagers.................................p.110
Figure n° 15 : Les inconvénients
d'Internet selon les usagers............................p.110
Carte n° 1 : Situation géographique de la
ville de Touba...................................p.34
Carte n° 2 : Touba, les principaux quartiers et
leur localisation dans l'espace urbain
p.36
Carte n° 3 : Répartition de la population
par quartier.......................................p.43
Carte n° 4 : Localisation des
cybercafés......................................................p.50
LES ANNEXES
Annexe 1 : Grille d'observation
Jour de
l'enquête...............................
Cybercafé
N°...................................
Situé à
..........................................
Nombre de machines d'ordinateurs
connectés
............................................
Disposition des ordinateurs
Ø Box
Ø Continue
Ø Alignée
Niveau de confort
Ø Chaises (en fer, plastique ou bois)
Ø Fauteuils
Ø Système d'aération
Accessoires
Ø Webcam
Ø Micro casque
Décoration
.........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Divers
.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Annexe 2 : Guide d'entretien avec Mr Olivier Sagna
Bonjour Mr Sagna, je m'appelle Paul Diouf et je suis
étudiant en maîtrise au Département de Géographie de
L'UCAD. Cette année, je prépare un mémoire de recherche
dont le sujet est «Internet à Touba : Approche
géographique des usages du réseau dans des cybercafés de
la ville ». A cet effet, j'aimerai m'entretenir avec vous afin de
recueillir votre point de vu sur les questions ci-dessous.
Q1 : Pouvez-vous nous parler de la
géographie des TIC, Internet en particulier au Sénégal?
Q2 : Quels sont, selon vous, les
difficultés liées à l'accès et aux usages
d'Internet par les populations
Q 3 : Selon vous comment est ce que
les populations de Touba, au niveau d'instruction assez bas vont-ils utiliser
Internet, technologie qui utilise l'écrit comme principal
support ?
Q4 : Selon vous quels sont les facteurs
qui peuvent expliquer ou influencer la présence d'Internet à
Touba
Annexe 3 : Guide d'entretien avec Mr Cheikh
Guèye
Bonjour Mr Guèye, je m'appelle Paul Diouf et je suis
étudiant en maîtrise au Département de Géographie de
L'UCAD. Cette année, je prépare un mémoire de recherche
dont le sujet est «Internet à Touba : Approche
géographique des usages du réseau dans des cybercafés de
la ville». A cet effet, j'aimerai m'entretenir avec vous afin de
recueillir votre point de vu sur les questions ci-dessous.
Q1 : Pensez-vous que le fait religieux,
notamment le prosélytisme des mourides sur Internet, puisse
déterminer ou influencer les usages que les populations de Touba en
feront?
Q2 : Dans une de vos études portant sur
Touba, vous avez affirmé que de nouvelles technologies comme le
téléphone (fixe et portable), les appareils
électroménagers etc. ont largement contribués aux
mutations urbaines en cours à Touba. Du coup, ne pensez-vous pas que la
présence d'Internet dans cette localité ainsi que les usages que
les populations en feront pourront exacerbés ces mutations?
Q3 : Selon vous comment est ce que les
populations de Touba, au niveau d'instruction assez bas vont-ils utiliser
Internet, technologie qui utilise l'écrit comme principal support ?
Annexe 4 : Extrait de l'entretien avec Mr Olivier
Sagna
Aujourd'hui la géographie des TIC et celle d'Internet
en particulier recoupe largement la géographie du réseau national
des télécommunications. Ce qui est tout à fait normal car
l'une s'appuie sur l'autre. Le réseau de télécommunication
national a été mis en place à la fin du 19e
siècle c'est-à-dire à l'époque coloniale et avait
pour objectif de renforcer le contrôle et l'administration du
territoire. Ça a été installé à Saint Louis,
la capitale du Sénégal à l'époque, et puis avec
quelques relais dans les principaux chefs lieux des cercles de l'époque.
Donc l'infrastructure de communication n'a pas été
déployée avec pour objectif que ce soit accessible au grand
nombre. Ça répondait en fait au besoin d'administration, de
contrôle militaire. Et on est sur ce modèle depuis la
période coloniale. Les choses n'ont pas beaucoup bougé. Quand on
regarde aujourd'hui la répartition des lignes
téléphoniques par exemple, il y a 60% de ces lignes qui sont
concentrées dans la région de Dakar qui réunit ¼ de
la population sur seulement 0,3% du territoire nationale alors que le nombre de
lignes installées en zone rurale représente juste 1% du total. Le
reste des lignes sont réparties dans les autres villes du pays. Donc il
y a une dichotomie entre la capitale et les autres villes du pays et
doublé ça se recoupe, une dichotomie entre les zones urbaines et
les zones rurales. En résumé, on peut retenir qu'il y a une
répartition inéquitable des infrastructures et des lignes
téléphoniques qui permettent d'accéder à Internet.
Toutefois, il existe une infrastructure en fibres optiques à haut
débit qui relie l'essentiel des capitales régionales.
Aujourd'hui c'est vrai que 13 000 des 14 000 villages du pays sont
connectés au téléphone, mais ils sont connectés
avec des technologies qui rendent extrêmement difficile la connexion
à Internet. Les débits sont faibles (128kbps).
Annexe 5 : Extrait de l'entretien avec Mr Cheikh
Guèye
J'entends souvent les gens dirent qu'à Touba la
population est analphabète ou qu'il n'y a pas d'écoles dites
françaises. Ce n'est plus évident aujourd'hui que les gens qui
habitent Touba font le choix ou préfèrent amener leurs enfants
à l'école coranique et non à l'école
française. Il faudrait voir d'un point de vue social qui amène
son enfant dans l'une ou l'autre école, d'autant plus qu'il n'y pas
d'école française dans le centre de la ville. Mais toutes les
écoles situées aux alentours de la ville, ceux de Ndame, ceux de
Mbacké, etc. sont pleines à cracker et ce sont des enfants de la
ville de Touba qui y vont aussi. Donc il faut relativiser cette manière
de dire les choses. Peu de gens sont totalement analphabète à
Touba. Beaucoup ont appris l'arabe chez les marabouts. Le nombre de personnes
instruites dans cette ville soit en arabe soit en français n'est donc
pas à négliger.
Aujourd'hui l'évolution d'Internet nous dicte de
démolir le lien qu'on a voulu établir entre le niveau
d'instruction et l'usage d'Internet. Ce n'est plus valable du tout. Cette
technologie peut aujourd'hui servir à beaucoup de choses. Beaucoup de
gens l'utilisent pour communiquer grâces à des applications comme
Skype. Et ce genre d'applications ne nécessite pas qu'ont soit instruit
ou pas.
Je ne pense pas que ce sont les populations de Touba qui
utilisent les sites web mourides. Ce sont les mourides de l'étranger qui
doivent être les plus actifs dans l'utilisation de ces sites pour garder
la relation à distance avec leur confrérie, pour s'informer, pour
écouter en live ou en différé des magals. Encore une fois,
je ne pense pas que les gens de Touba aient besoin d'aller sur ces sites web
pour en savoir plus et mieux sur leur confrérie ou leur ville.
Je crois qu'il est évident qu'Internet et toutes les
nouvelles technologies globalement contribuent à changer les rapports
traditionnellement établis entre le marabout et le disciple. Maintenant
il faut chercher dans quelle(s) mesure(s) ces TIC contribuent à cette
évolution.
Annexe 6 : Tarifs de connexion proposés par
Orange Multimédia
|
ADSL 512
|
ADSL 1 MEGA Residentiel
|
ADSL 1 MEGA Pro
|
ADSL 10 MEGA
|
Ticket d'entrée
|
Frais d'accès Sonatel
|
11 730
|
11 730
|
11 730
|
11 730
|
Frais d'accès Sentoo
|
7 650
|
13 770
|
13 770
|
13 770
|
Total Frais d'accès sans modem
|
19 230
|
25 230
|
25 230
|
25 230
|
Modem
|
20 000
|
20 000
|
50 000
|
50 000
|
Modem Wifi
|
50 000
|
50 000
|
50 000
|
50 000
|
Redenvance Mensuelle
|
Redevances Sonatel
|
12 750
|
17 340
|
17 340
|
39 984
|
Redevances Sentoo
|
5 610
|
8 160
|
10 200
|
14 688
|
Total redevances mensuelles
|
18 250
|
25 350
|
27 350
|
54 400
|
TABLE DES
MATIÈRES
REMERCIEMENTS.........................................................................................1
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS...........................................................2
SOMMAIRE..........................................................................................4
INTRODUCTION
GENERALE...................................................................6
Problématique.................................................................................................9
I - Contexte de
l'étude......................................................................9
II - Justification du choix du sujet et du cadre
d'étude................................11
III - Position du problème de
recherche.................................................14
Méthodologie........................................................................................23
I - La recherche
documentaire............................................................23
II - Le travail de
terrain...................................................................26
1. L'élaboration des outils de collectes
d'information........................26
1.1 Les guides
d'entretien................................................26
1.2 Les
questionnaires...................................................27
1.3
L'observation.........................................................28
2.
L'échantillonnage..............................................................29
3. Les enquêtes proprement
dites...............................................29
3.1 Les enquêtes
qualitatives...........................................29
3.2 Les enquêtes
quantitatives..........................................29
III - Le traitement et l'analyse des
données............................................30
PREMIERE PARTIE : TOUBA, UNE VILLE RELIGIEUSE EN
MUTATION....................................................................................................... 33
Introduction..........................................................................................33
Chapitre I : Situation géographique et fonctions de
la ville de Touba.......................34
I- Situation
géographique..................................................................
34
II - Les fonctions de la
ville..............................................................37
1. Matlaboul
Fawzeinie...........................................................37
2. Les
mutations...................................................................40
Chapitre II : Données démographiques et
principaux secteurs d'activités de la ville.....42
I- Données démographiques de la
ville.................................................42
1. Répartition spatial et structure de la population de
Touba...............42
1.1 Répartition spatiale de la
population..............................42
1.2 Structure de la
population..........................................44
2. Niveau de formation- taux d'alphabétisation et niveau
d'instruction de la
population........................................................................45
II- Les principaux secteurs
d'activité....................................................46
DEUXIEME PARTIE : LES CYBERCAFES, DES ESPACES ACCESSIBLES ET
PEU
FREQUENTES......................................................................................49
Introduction..........................................................................................49
CHAPITRE I : APPROCHE DESCRIPTIVE DES
CYBERCAFES........................50
I- Localisation spatiale des
cybercafés..................................................50
II- Caractéristiques et activités des
cybercafés........................................51
1. Caractéristiques des
cybercafés..............................................51
1.1 Apparence intérieure des
cybercafés..............................51
1.2 Apparence extérieure des
cybercafés..............................54
2. Activités des
cybercafés.......................................................54
2.1 La connexion à
Internet.............................................55
2.2 Les autres services proposés dans les
cybercafés...............56
III- Profil des gérants des
cybercafés...................................................58
CHAPITRE II : LES MODALITES D'APPROPRIATION DES CYBERCAFES
PAR LES
POPULATIONS..............................................................................60
I- Les motivations de fréquentations des cybercafés
par les populations...........61
II- Jours et moments de fréquentation des
cybercafés par les populations.........62
III- Durée de la connexion et fréquence de visite
des cybercafés....................63
IV- Difficultés liées à l'accès et
à l'utilisation d'Internet dans cybercafés.........65
V - Appréciation du niveau d'utilisation d'Internet
dans les cybercafés............69
TROISIEME PARTIE : LES USAGERS ET LES USAGES
D'INTERNET.......................................................................................71
Introduction..........................................................................................71
Chapitre I : Les
usagers.............................................................................72
I- Caractéristiques sociodémographiques des
usagers..................................71
1. Genre et âges des
usagers.....................................................73
2. Niveau d'instruction et langue de communication des
usagers...........74
2.1 Niveau
d'instruction.................................................74
2.2 Langue de communication des
usagers...........................76
3. Activité professionnelle, revenu et situation
matrimoniale des
usagers..............................................................................78
II- Les modalités d'utilisation d'Internet par les
internautes........................80
Chapitre II : Les
usages.............................................................................83
I- Les principaux usages
d'Internet....................................................83
1. La
communication.............................................................85
1.1 Le
Tchatche...........................................................85
1.2 Le
courriel............................................................86
1.3
Skype..................................................................87
2. La recherche
d'information...................................................88
2.1 L'actualité nationale et
internationale.............................89
2.2 Les études et le
travail...............................................90
2.3 L'information
religieuse.............................................90
2.4 Les informations
sportives..........................................91
2.5 La musique et le
cinéma............................................91
3. Le transfert de
fichier..........................................................92
3.1 Les fichiers audio et
vidéo..........................................93
3.2 Les fichiers
textes...................................................94
3.3 Les programmes
informatiques....................................94
3.4 Les
photos............................................................94
3.5 Les
jeux...............................................................94
4. Les loisirs et
divertissements.................................................95
5. L'écoute et le visionnage de contenus
mourides...........................97
6. Le commerce en
ligne.........................................................97
II- Internet, le fait religieux et les mutations
urbaines.................................99
1. Internet et le fait
religieux...................................................100
2. Internet et les mutations
urbaines..........................................102
2.1 Les cadres d'expression des usagers sur
Internet..............103
2.1.1 Les forums de
discussion..............................104
2.1.2 Les
blogs.................................................105
2.2 Les sites de rencontres visités par les
internautes..............106
CHAPITRE III : PERCEPTION D'INTERNET PAR SES
USAGERS..................109
I- Les avantages d'Internet selon les
usagers..........................................109
II- Les inconvénients d'Internet selon les
usagers....................................110
CONCLUSION
GENERALE....................................................................114
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................120
LISTE DES
TABLEAUX........................................................................128
LISTE DES FIGURES ET
CARTES...........................................................129
LES
ANNEXES....................................................................................130
TABLES DES
MATIERES......................................................................138
Résumé
Ce travail s'inscrit dans la tradition encore récente
de production de travaux d'études et de recherche sur la
thématique des TIC dans le champ disciplinaire de la géographie.
Au Sénégal, la plus part de ces travaux ne concernent que la
ville de Dakar, la capitale nationale. Les localités de
l'intérieur du pays sont peu ou pas du tout ciblées dans ces
études. Suivant cette remarque, il faut dire que ce mémoire
constitue une contribution évidente et intéressante pour la
diversification des points de vue sur les usages des TIC et de l'Internet
singulièrement et sur les individus et communautés qui utilisent
ces outils numériques de communication.
Située au centre ouest du pays, la ville de Touba se
singularise par l'importance de sa fonction religieuse, qui imprime sa marque
sur les modes d'organisation et de fonctionnement de la ville. Sa population
est analphabète - en français - à des proportions assez
élevées et elle est aussi un important centre
d'émigration. Un secteur informel dynamique attire la presque
totalité de la population active de cette ville. Mais du fait d'une
immigration rapide et massive, la ville connait des mutations qui se traduisent
par un relâchement de l'autorité du khalife générale
sur le contrôle de la ville et de ses habitants.
L'Internet se présente comme une technologie qui
utilise l'écrit comme principal support. Et de ce fait, son utilisation
requiert, à priori, un minimum d'aptitudes telles que savoir lire,
écrire ou encore calculer. Toutefois avec le développement du
multimédia et de l'hypertexte, il est possible de se servir de certaines
applications du web sans avoir recours au clavier de l'ordinateur. D'autre
part, le « réseau des réseaux » traduit une
interconnexion mondiale d'ordinateurs au sein d'un cyberespace permettant la
communication (asynchrone ou instantanée) et le partage de
données (audio, vidéo ou texte). C'est donc dire que cette TIC
offre un large éventail de service et d'applications, dont la plupart
sont gratuits. Par ailleurs, elle apparait comme un système sans cerveau
ni centre nerveux identifiable, d'où les difficultés liées
à son contrôle et à celui de ses usagers. Ce qui
présage de l'utilité de poser un questionnement sur la
façon dont la population de Touba s'approprie de l'Internet et sur les
potentiels enjeux sociaux et culturels qui en découleraient.
Mots clés : Touba-
Internet- Cyberespace- TIC- Appropriation- Enjeux
* 1 Robert Reix, 2005,
Dictionnaire des systèmes d'information, Paris, Vuibert, p. 23
* 2 Bernard Eric, 2000,
« Le développement des réseaux électroniques en
Afrique : L'exemple du Réseau Intertropical
d'Ordinateurs » Netcom, vol 14, n° 3-4, p 305.
* 3 Les
télécommunications au Sénégal, Fiche de
synthèse, Mai 2001, cité par Aminata Fall, 2007, p
* 4 Informatique et TIC au
Sénégal, Fiche de synthèse, actualisation Avril 2002,
cité par Aminata Fall, ibid.
* 5
http://osiris.sn/article27.html
* 6 BERNARD, Eric. Le
déploiement des infrastructures Internet en Afrique de l'Ouest.
Thèse Doctorat :
Université Montpellier III, (version corr. 2004), p.218
* 7 BIDOLI, Marina. Africans now
do it for themselves. Financial Mail, 07 Juin 2002, cité par El Hadj
Malick Guèye, 2005, p. 36
* 8 André Dauphine,
2005, Espace terrestre et espace géographique, p. 53
* 9 Jean Beaujeu Garnier, 1971,
« la géographie : méthodes et
perspective », p 62
* 10 Annie Chéneau-
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Maghreb dans l'économie numérique, Mihoub Mezouaghi
(dir.), IRMC Tunis et Maisonneuve Larose. Disponible sur
http://www.certop.fr/DEL/IMG/pdf_Cheneau-Loquay_2007_a.pdf
* 11 Eveno Emmanuel
« pour une géographie de la société de
l'information », Proposition au Comité national de
Géographie d'une comité de travail sur « les enjeux
socio-spatiaux des Techniques d'informations et de Communication »
dont l'intitulé serait « Géographie de la
Société de l'information », Juillet 1997, p 6
* 12 Ibid.
* 13
http://www.cybergeography-fr.org/about.html
* 14 Ibrahima Sylla, 2004, p.
11
* 15 Annie Chéneau
Loquay, 2004, Formes et dynamiques des accès publics à Internet
en Afrique de l'ouest : vers une mondialisation paradoxale ? , p.
172
* 16 Olivier Sagna, 2006, p.
19
* 17 Ibid, p. 18
* 18 Ce chiffre est
publié par Netcraft (http://news.netcraft.com/) qui délivre
chaque moi le nombre de sites web en ligne dans le monde.
* 19 C.A.U.S, 2005, p. 67
* 20 Ibid.
* 21 Olivier Sagna, op. cit, p.
19
* 22 Serigne Mansour Tall,
2002, p. V
* 23
http://www.commentcamarche.net/contents/initiation/concept.php3
* 24 Aminata Fall, 2007,
p.47
* 25 NETCOM est la revue de
la Commission Géographie de la Société de l'information
de l'Union Géographique Internationale, UGI. Elle est en fait une revue
géographique sur les NTIC, les réseaux et la
société de l'information qui s'intéresse aux dimensions
spatiales de l'Internet et du Cyberspace, la nature de la mobilité, les
technologies de l'information et leur impact sur les relations sociales et la
communauté, et les aspects politiques liés à la
société de l'information.
* 26 Le Sénégal
à l'heure de l'information, Technologie et Sociétés,
Paris, Karthala UNRISD, 2002,
* 27 Cheikh Tidiane Sy, 1969,
p. 103
* 28 Article 192 du Code des
collectivités locales.
* 29 Communauté Rurale
de Touba Mosquée, 2002, Plan Local de Développement, p. 13
* 30 Sermon de Cheikh Abdoul
Ahad Mbacké Ibn Cheikh Ahmadou Bamba à l'approche du Grand Magal
de Touba début SAFAR 1399.H (1979 grégoriens). Disponible sur
http://www.touba.info/magal/1979/
* 31 Modou Mbacké Gueye,
1986, p. 63-64
* 32 Cheikh Gueye, 2005, Le
paradoxe de Touba : une ville produite par des ruraux, p. 38
* 33 Ibid.
* 34 Cheikh Gueye, 2002 b, p.
491-492
* 35 Ibid. p.
361-362
* 36 Ndiouma Faye, 2006, p. 14
* 37 Dominique Hoeltgen, 1995,
Internet pour tous, p. 46
* 38 Emmanuel Eveno, Le
paradigme territorial de la société de l'information,
Netcom, vol 18, no 1-2, 2004, p 90.
* 39 Béatrice Steiner,
2008, usages et représentations sociales du courriel dans les
cybercafés de Bamako, p.5
* 40 Enda tiers monde, 2005,
La fracture numérique de genre en Afrique francophone, une
inquiétante réalité, Etudes et recherches n°
242, Dakar, Enda éditions, p 11.
* 41 Internet World Stats
(IWS) est un site international qui offre gratuitement une mise à jour
de données sur les utilisations d'Internet dans le monde entier, des
statistiques démographiques, etc. Ces informations fournies par IWS
proviennent de sources sûres telles que L'Union Internationale des
Télécommunications, Nielsen, NetRating, ou encore les agences
locales de réglementation des télécommunications. Voir
http://www.internetworldstats.com/
* 42 Dominique Hoeltgen, 1995,
p. 22-23
* 43 Voir annexes,
questionnaire aux usagers d'Internet, question n° 24.
* 44 Frédéric
Barbier, 1998, L'expansion de télécentres à Dakar,
Mémoire de maîtrise de géographie, Université de
Bretagne occidentale, p 2, cité par Ibrahima Sylla, 2004,
* 45 Ouakil Laurent & Guy
Pujolle, 2008, Skype, p 239
* 46 Ibrahima Sylla, 2004, op
cit, p 96.
* 47 Serigne Mansour Tall,
2002, Les émigrés sénégalais et les technologies de
l'information et de la communication, p. V
* 48 Cheikh Gueye, 2002 a, p.
3
* 49 Dominique Hoeltgen, 1995,
Internet pour tous, p 20.
* 50 Conseil de l'Europe
(Division média et société de l'information), 2007, Manuel
de maîtrise de l'Internet, fiche 18.
* 51 Cheikh Gueye, 2002 b, p.
238.
* 52 Dominique Hoeltgen, op.
cit. p. 22
* 53 Cheikh Gueye, 2002 a, p.
26
* 54 Conseil de l'Europe,
division media et société de l'information, Manuel de
maîtrise de l'Internet, fiche 22.
* 55 Farhang Rajaee, 2001, p.
XVII
* 56 Ibrahima Sylla, 2004, p.
104
* 57 Bernard Benhamou, les
nouveaux enjeux de la gouvernance d'Internet, Regards sur l'actualité,
n° 327, La Documentation française. Disponible sur
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internetmonde/gouvernance.shtml
* 58 Conseil de l'Europe,
division media et société de l'information, Manuel de
maîtrise de l'Internet, fiche 6
* 59 Les risques liés
à l'utilisation d'Internet. Disponible sur
http://www.filhot.com/vaucelles/.
Site consulté le 29 octobre 2009.
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