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La prévention des conflits dans la dynamique de l'intégration sous-régionale en Afrique centrale

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par Abel Hubert MBACK WARA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA/Master II en Science Politique  2006
  

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Paragraphe 2  : L'évanescence de l'identité sous-régionale: Conséquence indirecte de la faiblesse du COPAX

De l'avis de Ropivia (2001:152), « la dialectique entre les deux phénomènes de l'intégration et de la stabilité politique est qu'ils peuvent se réguler mutuellement, en ce sens que la stabilité politique favorise le processus d'intégration régionale qui est lui-même pour la région un facteur de stabilité politique». En d'autres termes, sécurité et intégration sont deux notions proches qui entretiennent entre elles des rapports d'influence réciproques. De même qu'un climat de sécurité est un facilitateur du processus d'intégration, de même des avancées dans le processus d'intégration permettent de créer et garantir un climat de paix et de sécurité sous-régionale. Or, il apparaît que l'action du COPAX devrait avoir des répercussions sur le processus d'intégration en Afrique centrale, processus qu'il pourrait amplifier et renforcer dans le cas d'un fonctionnement efficace ou, processus qu'il gênerait dans l'alternative d'un mauvais fonctionnement.

La démonstration en sens inverse de cette logique nous est fournie par la CEEAC dans la période 1992-1998. En fait, cette période qui est marquée par l'éclatement et l'aggravation de crises et de conflits sévères à l'intérieur de la majorité de ses Etats-membres ainsi qu'on a pu le constater au Burundi et au Rwanda en 1993 et en 1994, dans la République du Congo entre 1992 et 1994, puis entre 1998 et 1999, et en République Démocratique du Congo à partir de 1996, a aussi été celle de l'entrée du processus d'intégration dans un état souvent qualifié d'hibernation. (Meyer. A, 2006 : 220). C'est cet état de chose qui a motivé la déclaration selon laquelle « dans la conflictualité globale quasi permanente de l'Afrique sub-saharienne post-apartheid, l'Afrique centrale se distingue des autres grandes régions par le fait qu'elle constitue le seul espace où le processus de construction communautaire est miné par de nombreuses guerres civiles qui ont donné à bon nombre d'Etats la physionomie d'une déliquescence avancée et à l'intégration régionale celle d'une grave paralysie.» (Ropivia, 2001:143)

Dans les faits, le COPAX a, de façon très timide, oeuvré pour la sécurisation de la sous-région et, comme on peut l'imaginer, son action sur le processus d'intégration sous-régionale est restée presque imperceptible.

Dans le même ordre d'idées on note la persistance de certaines projections d'Etats tels l'Afrique du Sud, le Nigeria, la Libye attirés par le potentiel minier de la sous-région et mus par l'ambition de se poser en leader de la région Afrique au sein des instances internationales.

Au sein même de la CEEAC, on perçoit encore des antagonismes, des querelles de leadership et de positionnement entre acteurs politiques sous-régionaux engagés dans la quête d'une position de leadership sous-régional, querelles portant notamment sur la gestion des questions sécuritaires.

Enfin, on note l'extraversion de certains Etats de la sous-région qui font preuve d'une duplicité géopolitique préjudiciable au processus d'intégration en adhérant à plusieurs regroupements sous-régionaux différents. Tel est le cas de la RDC et de l'Angola qui militent en même temps au sein de la CEEAC et de la SADC.

Dans la même logique, il ne serait pas incongru d'expliquer le départ du Rwanda de la Communauté en 2007 comme étant le résultat du rôle néfaste joué dans la polémologie de l'Afrique centrale notamment dans l'instigation de la guerre dans les Kivus en RDC. A défaut de pouvoir apporter une réponse sans équivoque à ces préoccupations, notons, dans la perspective d'une réponse positive, que cette alternative, en même temps qu'elle confirmerait le lien prévention des conflits/intégration, nous donnerait une preuve suffisante de la faiblesse de l'apport du COPAX dans le processus d'intégration.

Après observation du tableau ainsi dépeint, force est de convenir que la question de la prévention des conflits en Afrique centrale, en étant un point fédérateur des ambitions des Etats de la sous-région, constitue déjà un motif visible d'intégration et y participe. Seulement, il demeure que cette intégration des volontés peine à se traduire par une implication active et actante dans le cadre d'une approche concertée de la prévention et de la gestion des conflits. Après près de huit années de vie gestative, l'action du COPAX dans le processus d'intégration sous-régionale reste encore mitigée et bien que le COPAX continue à fédérer les voeux de paix et de sécurité en Afrique centrale CEEAC, il ne demeure pas moins vrai qu'il ne le fait pas encore pleinement dans les actes.

Nous retiendrons donc que le COPAX, par sa création et sa mise en place, a été un motif d'intégration des initiatives. Seulement, étant donné sa faiblesse relative en tant qu'instance de prévention et de gestion des conflits dans la sous-région, le COPAX n'agit encore que très faiblement sur la situation sécuritaire de l'Afrique centrale, et ne peut pas encore prétendre, jusque là, avoir eu une influence décisive sur le processus d'intégration dans la sous-région Afrique centrale.

En dernière analyse, disons que la faiblesse du COPAX est expliquée par des facteurs de divers ordres, facteurs rendus perceptibles par l'analyse systémique complétée par l'approche stratégique. Ainsi, la faiblesse établie du COPAX s'explique par la faiblesse et l'inadéquation des soutiens qu'il reçoit de l'environnement et par le l'inadaptabilité qualitative et quantitative des outputs du système, inadaptabilité traduite aussi par une quasi-permanence de la courbe de rétroaction. En y regardant plus clair, c'est-à-dire à l'intérieur même du COPAX, on comprend, grâce à l'approche stratégique, que la faiblesse du COPAX s'explique par les différentes influences des Etats-membres auxquelles l'action du COPAX est sujette. Tout comme les causes, les conséquences de la faiblesse du COPAX sont assez déplorables et consistent en une persistance de l'insécurité dans la sous-région et en une influence presque imperceptible sur le processus d'intégration sous-régionale. Mais, cette faiblesse ne nous semble-t-elle pas être la faiblesse d'un temps ? Devrait-on pour autant occulter les dispositions potentielles du COPAX, qui du reste, sont considérable dans la gestion des crises sécuritaires dans la sous-région ? Doit-on pour autant oublier tout rêve de construction et de rentabilisation de l'identité sécuritaire de la CEEAC ? N'existe-il pas des voies et moyens d'une rentabilisation par la rationalisation du COPAX ?

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery