Paragraphe 2 : La
prévention des conflits
a ) Ontologie de
la prévention des conflits
De prime abord, relevons qu'il n'existe pas à
proprement parler, une théorie de la prévention des conflits. Non
seulement le concept de prévention des conflits n'est pas
rattaché à une terminologie unique mais encore le concept renvoie
à une diversité de significations. En effet, l'opération
de maintien de la paix répond aujourd'hui à un concept
éclaté perçu différemment selon les pays, les
organisations internationales et les théâtres d'intervention
(Tardy T, 2000 :397). Ce flou conceptuel est déjà
perceptible dans la terminologie utilisée pour se référer
aux opérations de prévention des conflits. On parle selon les cas
d'Opérations de maintien de la paix à l'ONU, de
Peace support operations à l'OTAN, Peace
operations aux Etats-Unis, d'opérations de soutien de la
paix en France (Op. Cit. : 398). Nous retiendrons donc dans le
cadre de nos travaux une seule terminologie à savoir
prévention des conflits dont nous allons au
préalable préciser le contenu en la confrontant aux autres
terminologies recensées.
L'expression peace operations usitée aux
Etats-Unis semble certes pertinente en ceci qu'elle réfère
à des initiatives menées dans le cadre de la pacification
seulement nous pensons que cette expression, dans un autre sens nous semble
tellement éclatée qu'il devient difficile d'en préciser le
contenu exact. Il serait ainsi difficile de ne pas retrouver sous le label
peace operations tout un ensemble d'actions telles les guerre
préemptive qui, bien qu'elles aient pour objectif la pax et la
sécurité internationale, vont à l'encontre des principes
de la prévention des conflits. Nous pensons à propos que l'on
peut recourir à la force pour prévenir le conflit mais que l'on
ne peut faire la guerre pour prévenir la guerre.
Les concepts Opérations de maintien de la paix,
Peace support operations, opérations de soutien de la paix dont les
significations sont voisines, nous semblent plus proche de notre entendement
car ils supposent des actions visant à conforter la paix et la
sécurité au sein d'une communauté. Seulement, le maintien
ou le soutien à la paix supposent l'existence préalable d'un
minimum de paix et ne concordent pas avec les contextes de guerres ouvertes qui
ne sont pourtant pas hors de notre cadre de réflexion et qui, pour nous,
appellent plutôt des initiatives en vue de la restauration de la paix
préalablement à son maintien.
A notre sens donc, la prévention des conflits n'inclut
pas seulement les mesures visant à empêcher la survenue des
conflits mais intègrent aussi toutes les initiatives visant à en
limiter l'extension ou à en permettre la résolution. (Commission
Carnegie, Op. Cit. : ix). La prévention des conflits englobe donc
pour nous, l'ensemble des questions inclues dans le triptyque peacekeeping,
peacebuilding et peace enforcement. Nous retiendrons, à la suite de
Tardy qu' « action préventive, maintien de la paix
stricto sensu (peacekeeping), assistance humanitaire, imposition de la paix
(peace enforcement), supervision électorale, consolidation de la paix
(peacebuilding) sont autant d'activités qui, mises en oeuvre
simultanément ou séparément appartiennent
dorénavant au maintien de la paix pris au sens large »
(Tardy T, 2000 : 390) En d'autres termes, notre acception de la
prévention des conflit englobera le large spectre qui part des mesures
prises et actions menées avant, pendant et après le conflit afin
d'en prévenir l'éclatement, de limiter son évolution ou
alors d'en conforter la résolution. Ce spectre inclura donc les actions
de diplomatie préventive entendue comme la prévention par
l'action ou l'influence sur les acteurs d'un conflit potentiel (Bertrand,
1997 : 111) et les mesures de prévention factuelle
c'est-à-dire celles envisageant la prévention par l'action sur
les faits, les circonstances et les contextes propices à la survenue de
la violence et de l'insécurité.
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