Chapitre 8
VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES
8.1.- VÉRIFICATION DE L'HYPOTHÈSE
PRINCIPALE
« L'adoption d'un comportement sexuel non autonome
constitue un facteur de risque à l'infection au VIH/SIDA ».
En fonction de cette hypothèse, le pourcentage des gens
qui courent un risque élevé à l'infection au VIH/SIDA
serait plus faible parmi ceux qui adoptent un comportement sexuel très
autonome par rapport à ceux qui adoptent un comportement sexuel non
autonome. Les données de la figure 1 nous permettront de vérifier
cette hypothèse.
Figure 1 -Pourcentage de risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA par rapport au degré de l'autonomie
sexuelle
Avec un pourcentage de 17.4% de risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA chez les jeunes sexuellement actifs qui font
preuve d'un comportement sexuel très autonome contre 40% chez ceux qui
font preuve d'un comportement sexuel non autonome, l'hypothèse selon
laquelle « L'adoption d'un comportement sexuel non autonome constitue
un facteur de risque à l'infection au VIH/SIDA » est
confirmée pour l'échantillon des jeunes sexuellement actifs. Mais
elle est infirmée pour le cas des PVVIH, car 75% parmi les PVVIH ayant
eu un comportement sexuel très autonome préalablement à
leur séropositivité couraient un risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA contre 60% de celles qui ont eu un
comportement sexuel non autonome.
Ces données nous permettent de constater que le niveau
de risque à l'infection au VIH/SIDA n'est pas vraiment dû au
degré de l'autonomie sexuelle d'un individu. Car quelqu'un peut se
révéler très autonome dans son comportement sexuel tout en
courant un risque élevé à l'infection au VIH. D'où
on devrait éviter l'utopie qu'un comportement sexuel autonome ou
responsable serait synonyme d'un comportement sexuel sécuritaire.
8.2.- VÉRIFICATION DE LA PREMIÈRE
HYPOTHÈSE SPÉCIFIQUE
« Les jeunes filles courent un risque plus
élevé à l'infection au VIH/SIDA que les jeunes
garçons ».
La confirmation de cette hypothèse impliquerait que le
pourcentage des sujets de sexe féminin qui courent un risque
élevé à l'infection au VIH soit supérieur à
celui des sujets de sexe masculin de cette même réalité.
Les données de la figure 2 nous permettront de vérifier cette
hypothèse.
Figure 2- Pourcentage de risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA par rapport au sexe
Les données de la figure 2 prouvent que 40.7% des
jeunes sexuellement actifs de sexe masculin courent un risque
élevé à l'infection au VIH contre 20% des jeunes
sexuellement actifs de sexe féminin; 85.7% des PVVIH de sexe masculin
contre 67.7% de celles de sexe féminin couraient un risque
élevé à l'infection au VIH.
En fonction de ces données, nous réalisons que
les jeunes de sexe masculin courent un plus grand risque à l'infection
au VIH que les jeunes de sexe féminin. Par conséquent
l'hypothèse selon laquelle « Les jeunes filles courent un
risque plus élevé à l'infection au VIH/SIDA que les jeunes
garçons » est infirmée pour nos deux
échantillons.
8.3.- VÉRIFICATION DE LA DEUXIÈME
HYPOTHÈSE SPÉCIFIQUE
« Les adhérents au protestantisme courent un
risque plus élevé à l'infection VIH/SIDA que les autres
groupes ».
Les données de la figure 3 nous permettront de
confirmer cette hypothèse pour nos deux échantillons. La
confirmation de cette hypothèse impliquerait que les sujets de nos
échantillons qui adhèrent au protestantisme présentent un
plus grand pourcentage de niveau de risque élevé à
l'infection au VIH/SIDA que les autres sujets. En raison de la
sous-représentativité des autres pratiques religieuses, pour
vérifier cette hypothèse, nous ne tiendrons compte que des
adhérents au protestantisme et des adhérents au catholicisme.
Figure 3 - Pourcentage de risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA par rapport aux pratiques
religieuses
Pour l'échantillon constitué des jeunes
sexuellement actifs, nous avons réalisé que 36.4% des
adhérents au protestantisme courent un risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA contre 27.3% de ceux qui déclarent
être des adhérents au catholicisme.
75% de l'échantillon des PVVIH pratiquant le
protestantisme couraient un risque élevé à l'infection au
VIH contre 57.1% qui adhèrent au catholicisme.
En fait l'hypothèse selon « Les
adhérents au protestantisme courent un risque plus élevé
à l'infection VIH/SIDA que les autres groupes » est
confirmée dans les deux cas.
8.4.- VÉRIFICATION DE LA TROISIÈME
HYPOTHÈSE SPÉCIFIQUE
«Les jeunes vivant dans une famille sans la
présence des deux parents courent un risque plus élevé
à l'infections au VIH/SIDA».
La confirmation de cette hypothèse sous-entend que le
pourcentage de jeunes provenant des familles biparentales qui courent un risque
élevé à l'infection au VIH/SIDA serait plus faible que
celui des jeunes provenant des autres structures. En fonction de la
sous-représentativité des familles irrégulières, la
vérification de cette hypothèse se fera à partir des
données relatives aux familles biparentales et aux familles
monoparentales. Les données de la figure 4 nous permettront de
vérifier cette hypothèse.
Figure 4-Pourcentage de risque élevé
à l'infection au VIH par rapport à la structuration de la famille
de provenance.
Les données de la figure 4 prouvent que
l'hypothèse selon laquelle « Les jeunes vivant dans une
famille sans la présence des deux parents courent un risque plus
élevé à l'infections au VIH/SIDA » est
infirmée. Car selon les résultats obtenus, les jeunes qui
évoluaient dans des familles biparentales courent un risque plus
élevé à l'infection au VIH que ceux évoluant dans
d'autres structures familiales. Ainsi, 37.5% de jeunes sexuellement actifs qui
proviennent des familles biparentales courent un risque élevé
à l'infection au VIH contre 23.8% chez ceux qui proviennent des
familles monoparentales.
C'est encore le même cas de figure pour les PVVIH, car
81.8% de ces sujets qui provenaient des familles biparentales étaient
l'objet d'un risque élevé à l'infection au VIH/SIDA
préalablement à leur séropositivité contre 50% qui
provenaient des familles monoparentales.
En outre les données recueillies nous
révèlent qu'une éducation familiale à la
sexualité n'est pas vraiment un indicateur d'un comportement
sécuritaire en matière de la sexualité.
Car 40% des jeunes sexuellement actifs qui ont eu la chance
d'aborder des sujets d'ordre sexuel à leurs parents contre 30.8% pour
l'ensemble de cet échantillon courent un risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA. Pour ce qui concerne les PVVIH, le
pourcentage de 75% de risque élevé à l'infection au
VIH/SIDA préalablement à leur séropositivité est
constant pour la population générale de cet échantillon et
pour celles qui ont eu la possibilité d'aborder des sujets d'ordre
sexuel à leurs parents.
D'où, le fait pour les jeunes d'avoir la
possibilité d'aborder des sujets relatifs à la sexualité
à leurs parents n'est pas une garantie excluant la possibilité de
leur risque à l'infection au VIH/SIDA.
8.5.- VÉRIFICATION DE LA QUATRIÈME
HYPOTHÈSE SPÉCIFIQUE
« Autant que l'individu a eu des relations sexuelles
avec un partenaire de niveau d'étude supérieur au sien autant
qu'il court un risque plus élevé à l'infection au
VIH/SIDA».
Cette hypothèse sera vérifiée à
partir des données de la figure 5. Nous ne tenons pas compte du niveau
d'étude réel du sujet. Il n'est pas question ici qu'un
universitaire encourrait un plus faible risque à l'infection au VIH/SIDA
qu'une personne de niveau d'étude secondaire ou fondamental. Pour nous,
l'écart entre le niveau d'étude de l'individu et de son
partenaire sexuel serait un facteur déterminant du niveau de risque
à l'infection au VIH/SIDA. Voyons les données de la figure 5 afin
de pouvoir tirer une conclusion. Faute des données
représentatives se rapportant au niveau d'étude inférieur
du partenaire sexuel, la vérification de cette hypothèse se fera
à partir des données relatives au même niveau
d'étude et au niveau d'étude supérieur.
Figure 5 - Pourcentage de risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA par rapport au niveau d'étude
Figure 5 - Pourcentage de risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA par rapport au niveau d'étude
Cette hypothèse est confirmée pour
l'échantillon des jeunes sexuellement actifs et infirmée pour
l'échantillon des PVVIH. Nous réalisons que 25% des jeunes
sexuellement actifs qui ont eu des relations sexuelles avec des partenaires de
niveau d'étude supérieur au leur courent un risque
élevé à l'infection au VIH/SIDA contre 28.6% de
ceux-là qui ont eu un partenaire de même niveau d'étude.
Pour ce qui concerne les PVVIH, 75% de celles qui ont eu des partenaires de
niveau d'étude supérieur au leur couraient un risque
élevé à l'infection au VIH/SIDA contre 62.5% de celles qui
ont des partenaires de même niveau d'étude.
A partir de cette constatation, nous nous rendons compte que
le fait d'avoir un niveau d'étude supérieur à celui de son
partenaire sexuel n'est pas toujours une garantie d'être à l'abri
de l'infection au VIH/SIDA.
8.6.- VÉRIFICATION DE LA CINQUIÈME
HYPOTHÈSE SPÉCIFIQUE
« Autant que l'individu a eu des relations sexuelles
avec une personne de niveau économique supérieur au sien autant
qu'il court un risque plus élevé à l'infection au
VIH/SIDA ».
Nous ne tenons pas compte ici de la situation
économique réelle de nos sujets. Nous tenons compte seulement de
l'écart qui existe entre leur situation économique et celle de
leurs partenaires sexuels. La vérification de cette hypothèse
sous-entend que le pourcentage des sujets qui courent un risque
élevé à l'infection au VIH est plus élevé
pour les sujets qui ont des relations avec des partenaires de situation
économique plus favorisée qu'eux. Le rapport sera établi
à partir des données relatives au même niveau
économique et au niveau économique supérieur du partenaire
sexuel. La vérification de cette hypothèse se fera à
partir des données de la figure 6.
Figure 6-Pourcentage de risque élevé
à l'infection au VIH/SIDA par rapport au niveau économique
Au niveau de l'échantillon de la population des jeunes
sexuellement actifs, 36.4% des jeunes qui ont eu des relations sexuelles avec
des partenaires de même niveau économique qu'eux courent un risque
élevé à l'infection au VIH/SIDA contre 27.6 de ceux qui
ont eu des relations sexuelles avec des partenaires de niveau économique
supérieur au leur.
La tendance est renversée au niveau de la population
des PVVIH, car 62.5% de ces sujets qui ont eu des relations sexuelles avec des
partenaires de même niveau économique qu'eux couraient un risque
élevé à l'infection au VIH contre 75% de celles qui ont eu
des relations sexuelles avec des partenaires de niveau économique
supérieur au leur.
En fonction de ces données l'hypothèse selon
laquelle « Autant que l'individu a eu des relations sexuelles avec
une personne de niveau économique supérieur au sien autant qu'il
court un risques plus élevé à l'infection au
VIH/SIDA » est infirmée pour l'échantillon des jeunes
sexuellement actifs et confirmée pour l'échantillon des PVVIH.
Toutefois, notre recherche a confirmée
l'évidence selon laquelle les jeunes qui ont des relations sexuelles qui
s'expliquent par des motifs économiques courent de sérieux
risques à l'infection au VIH/SIDA. Car le risque élevé
à l'infection au VIH est à 42.8% pour les jeunes sexuellement
actifs qui ont eu des relations sexuelles qui s'expliquent à partir des
motifs économiques contre 30.8% pour l'ensemble de cet
échantillon.
Pour ce qui concerne les PVVIH, il est à 75% dans les
deux cas pour ceux qui couraient un risque élevé à
l'infection au VIH, ce qui revient à dire que le fait d'avoir eu des
relations sexuelles pour des motifs économique avait vivement
exposé ces sujet au risque à l'infection au VIH/SIDA. D'ailleurs,
il faut rappeler que 50% des PVVIH ont eu des relations avec un partenaire
sexuel qui s'explique par des motifs économiques.
8.1.- LIMITES ET REMARQUES
Tenant compte des divers obstacles rencontrés, nous
nous rendons compte que notre recherche ne nous a pas nous permis de faire des
généralisations. Les limites de notre recherche s'expliquent
à plusieurs niveaux. D'abord le fait de donner à des sujets un
questionnaire à remplir ne nous garantit pas la fiabilité des
données recueillies. De plus, il serait important pour que l'on ait eu
certaines entrevues avec les sujets. Malheureusement le dispositif que nous
avons prévu ne nous a pas permis de procéder ainsi. En dernier
lieu, nous devons souligner que la complexité de notre sujet nous a
rendu le travail de terrain un peu ardu. Car la sexualité revêt
encore un aspect tabou dans notre société. Aborder des sujets
d'ordre sexuel avec des jeunes sexuellement actifs n'a pas été
une chose aussi facile, voire de chercher à comprendre le comportement
sexuel des PVVIH préalablement à leur infection. Voilà
pourquoi nous avons choisi d'administrer des questionnaires anonymes, ce qui
à notre avis pourrait mieux nous permettre de compiler les
données qui nous seraient utiles dans le cadre de notre recherche.
Nous estimons que les résultats de cette recherche ne
serviront qu'à titre indicatif pour d'autres recherches qui devraient se
réaliser dans le domaine de la sexualité, notamment sur les
facteurs liés au risque à l'infection au VIH/SIDA. Ce qui nous a
orienté tout au cours du cheminement de notre travail c'était
d'arriver à vérifier empiriquement certaines évidences par
rapport au comportement sexuel de manière globale, au risque à
l'infection au VIH/SIDA de manière particulière.
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