Comportement sexuel non autonome et risque à l'infection au VIH/sidapar Joseph Delouis Dutreuil Université D'Etat D'Haà¯ti / Faculté des Sciences Humaines (FASCH) - Licence en Psychologie 2007 |
Capitre 6DISPOSITIFS ET CONDITIONS DE LA RECHERCHE6.1.-RAPPEL DU THÈME DE TRAVAIL Comportement sexuel non autonome et risque à l'infection au VIH/SIDA. 6.2.-JUSTIFICATIONS Le SIDA, étant un grave problème qui entrave le développement de notre pays, retient notre attention. Nous estimons que l'approche du VIH/SIDA doit être beaucoup plus psychologique, du moins psychosociale, que médicale. D'ailleurs, transmis à plus de 80% par voie sexuelle, nous considérons le SIDA avant tout comme une maladie du comportement. Par conséquent, elle doit retenir davantage l'attention du psychologue. Vu qu'on ne peut pas agir de manière à contrer la propagation d'un phénomène sans agir sur ses causes, il devient important pour nous de chercher à comprendre ce qui, sur le plan comportemental, peut expliquer la propagation du VIH/SIDA. Cette préoccupation majeure se joint à notre intérêt pour la question de l'autonomie. C'est ce qui nous amène finalement à cette formulation : « Comportement sexuel non autonome et risque à l'infection au VIH/SIDA ». Il faut préciser qu'à travers notre parcours académique en Psychologie, nous avons déjà réalisé plusieurs travaux relatifs à la question de l'autonomie, notamment dans le cadre des cours Psychologie génétique, Développement psychosocial de l'individu, Méthodologie II et Ateliers de mémoire. De plus, dans le cadre de notre stage clinique nous avons essayé dans la pratique d'effleurer cette question en dirigeant des Focus-groupes autour du thème ``Comportement sexuel autonome'' au centre Jeunes - FOSREF de Pétion-ville. Les données recueillies ont été très pertinentes. L'appréciation que le responsable du Département de Psychologie qui est en même temps le responsable de Stage de ce même département à la FASCH nous a permis de nous rendre compte que nous devons approfondir beaucoup plus ce thème. 6.3.-OBJECTIFS Notre principal objectif à travers ce travail consiste à cerner les différentes variables qui rentrent en ligne de compte dans la propagation du VIH/SIDA. Cela nous permettra de contribuer tout au moins à la lutte contre le VIH/SIDA en Haïti. De ce fait, nous poursuivons les objectifs spécifiques suivants : 1- Identifier les différents facteurs liés au risque à l'infection au VIH/SIDA. 2- Tenir compte des circonstances dues à l'infection au VIH des PVVIH afin de voir dans quelle mesure le comportement sexuel des jeunes de la population générale les rendrait vulnérables à cette pandémie. 3- A partir des données recueillies sur le terrain, parvenir à des recommandations visant à réduire le taux de séroprévalence par des programmes de sensibilisation beaucoup plus systématiques. 6.4.-QUESTION DE RECHERCHE Notre question de recherche s'articule ainsi : « quelle relation peut-on établir entre l'adoption d'un comportement sexuel non autonome et le risque à l'infection au VIH/SIDA ? » 6.5.-HYPOTHÈSES DE TRAVAIL Pour pouvoir atteindre ces objectifs, dans le cadre de notre travail, nous avons élaboré six (6) hypothèses qui se répartissent en une hypothèse générale et cinq (5) hypothèses spécifiques. 6.5.1.- Hypothèse générale L'adoption d'un comportement sexuel non autonome constitue un facteur de risque à l'infection au VIH/SIDA. 6.5.2.- Hypothèses spécifiques 1- Les jeunes filles courent un risque plus élevé à l'infection au VIH/SIDA que les jeunes garçons. 2- Les adhérents au protestantisme courent un risque plus élevé à l'infection au VIH/SIDA que les autres groupes. 3- Les jeunes vivant dans une famille sans la présence des deux parents courent un risque plus élevé à l'infection par le VIH/SIDA. 4- Autant que l'individu a eu des relations sexuelles avec un partenaire de niveau d'étude supérieur au sien autant qu'il court un risque plus élevé à l'infection au VIH/SIDA. 5- Autant que l'individu a eu des relations sexuelles avec une personne de niveau économique supérieur au sien autant qu'il court un risque plus élevé à l'infection au VIH/SIDA. 6.6.-OPÉRATIONNALISATION DES VARIABLES L'hypothèse générale permet de repérer ces deux principales variables dans le cadre de ce travail. Il s'agit du risque à l'infection au VIH/SIDA et de l'autonomie sexuelle. 6.6.1.- Variable dépendante Risque à l'infection au VIH/SIDA Sens de la variable dépendante Le risque à l'infection au VIH/SIDA se définit par l'adoption d'un comportement sexuel non sécuritaire de telle sorte que la personne devient exposée au VIH. Indicateurs du risque à l'infection au VIH/SIDA 1- Avoir des rapports sexuels avec plusieurs partenaires ; 2- Avoir des rapports sexuels avec un partenaire ayant d'autres partenaires sexuels ; 3- Ne pas faire usage du préservatif lors des relations sexuelles ; 4- Usage des outils tranchants non stérilisés ; 5- Injection intraveineuse de drogue ; 6- Issue d'une grossesse dont la mère a été infectée par le virus. N.B.- Seuls les trois premiers indicateurs seront considérés dans le cadre de notre travail. Modalités de la variable dépendante 1- Risque élevé à l'infection au VIH/SIDA : le fait d'avoir des rapports sexuels sans toujours faire usage du préservatif avec plusieurs partenaires et avec des partenaires qui à leur tour ont des rapports sexuels avec d'autres partenaires ou d'avoir des rapports sexuels sans jamais faire usage du préservatifs avec plusieurs partenaires ou du moins avec des partenaires ayant d'autres partenaires sexuels; 2- Risque moyen à l'infection au VIH/SIDA : le fait d'avoir des rapports sexuels sans toujours faire usage du préservatif avec plusieurs partenaires ou avec des partenaires qui à leur tour ont des rapports sexuels avec d'autres partenaires ou le fait d'avoir des rapports sexuels avec plusieurs partenaires et avec des partenaires qui à leur tour ont des rapports sexuels avec d'autres partenaires même en faisant toujours usage du préservatif ou encore le fait d'avoir des rapports sexuels avec un seul partenaire en ne faisant jamais usage du préservatif; 3- Faible risque à l'infection au VIH/SIDA : le fait d'avoir des rapports sexuels sans toujours faire usage du préservatif avec un seul partenaire n'ayant pas d'autres partenaires. 4- Aucun risque à l'infection au VIH/SIDA : le fait d'avoir des rapports sexuels avec un seul partenaire en faisant toujours usage du préservatif même lorsque son partenaire sexuel n'a pas d'autres partenaires. 6.6.2.- Variable indépendante Autonomie sexuelle Sens de la variable indépendante L'autonomie sexuelle se rapporte au degré d'implication de l'individu en matière de la sexualité. Par conséquent, l'autonomie sexuelle sous-entend qu'un individu adopte un comportement sexuel qu'il peut assumer. En ce sens l'autonomie sexuelle se réfère au degré de responsabilité de l'individu à travers son comportement sexuel. Modalités de la variable indépendante 1- Comportement sexuel très autonome : Le comportement sexuel adopté à travers lequel l'individu s'implique totalement sans qu'il ait été objet d'aucune contrainte. De plus, il ne se laisse aller à aucun sentiment de honte et de culpabilité après avoir posé un acte sexuel. Il éprouve toujours un sentiment de totale satisfaction au point qu'il serait prêt à adopter à nouveau le même comportement sexuel en question. 2- Comportement sexuel peu autonome : C'est un comportement sexuel à travers lequel l'individu ne s'implique pas totalement. Toutefois, dans certaines circonstances l'individu fait montre d'un peu de responsabilité. 3- Comportement sexuel non autonome : C'est un comportement sexuel à travers lequel l'individu se révèle totalement irresponsable. Non seulement il agit juste pour faire plaisir aux autres, il éprouve surtout un sentiment de culpabilité et de honte après avoir posé certains actes sexuels. C'est bien la négation d'un comportement sexuel autonome. Indicateurs de l'autonomie sexuelle 1- Capacité de l'individu à s'investir à travers une relation sexuelle; 2- Capacité de l'individu à pouvoir choisir son comportement sexuel en fonction de ses attentes et de ses idéaux. 3- Capacité de l'individu à assumer sa position en matière de la sexualité. 4- Capacité de l'individu à prendre ses distances par rapport à diverses pressions auxquelles il fait face en matière de sexualité. 5- Le fait pour l'individu de n'éprouver aucun regret après avoir posé un acte sexuel quelconque. 6- Le fait pour l'individu de se sentir fier d'un acte sexuel qu'il a posé. 6.6.3.- Autres variables à l'étude 1- Structuration de la famille de provenance de l'individu : famille biparentale, famille monoparentale avec la présence d'un seul parent ou famille irrégulière qui se traduit par l'absence des deux parents ; 2- Niveau d'étude : parcours académique de l'individu; 3- Niveau économique : capacité de l'individu pour pouvoir combler ses besoins; 4- Sexe : homme ou femme; 5- Pratique religieuse : le fait d'adhérer à un groupement religieux quelconque qui est régi par des principes bien spécifiques ; 6.7.- CHOIX DE L'ÉCHANTILLON Dans le cadre du travail empirique, nos sujets ont été choisis suivant deux modalités. Un premier groupe a été choisi à travers les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). En fait cet échantillon est composé de 23 PVVIH. Ces sujets ont été sélectionnés à travers les PVVIH fréquentant la fondation Esther Boucicault Stanislas située à Saint Marc, dans la région du Bas-Artibonite. Un second groupe d'un échantillon de 59 sujets non infectés dont 32 jeunes hommes et 27 jeunes filles célibataires de moins de 15 ans à 30 ans et plus a été sélectionné à Nérette, un quartier de Pétion-Ville, une commune de la zone métropolitaine. Cet échantillon est composé des jeunes de tous les niveaux d'étude, à savoir fondamental, secondaire et universitaire. Ce protocole nous a permis tout au moins, non seulement de mettre de l'accent sur les différents événements de vie ayant occasionné l'infection au VIH/SIDA, mais aussi de tenir compte du risque à l'infection que courent les jeunes qui ne se déclarent pas être porteurs du VIH. 6.8.- INSTRUMENT D'ENQUÊTE Dans le cadre méthodologique, nous avons procédé à la passation de questionnaires. A travers le questionnaire, l'accent a été surtout mis sur le degré d'autonomie du comportement sexuel de tous les sujets à l'étude. Il est à signaler que nous avons tenu compte d'un ensemble de facteurs ayant abouti à l'adoption d'un comportement sexuel donné, notamment du comportement sexuel non autonome. C'est en ce sens que les questionnaires se construisent dans une perspective d'histoire de vie. Certains principes directeurs nous ont orienté dans l'élaboration du questionnaire. L'ensemble des questions posées aux sujets sains ont été aussi posées aux PVVIH. Toutefois, le questionnaire destiné aux PVVIH a été renforcé par des questions relatives au vécu des sujets infectés par VIH/SIDA. 6.8.1.- Détails concernant l'élaboration des questionnaires Par rapport à nos échantillons, nous avons construit deux questionnaires, l'un destiné aux PVVIH et l'autre aux jeunes sexuellement actifs. Ces questionnaires comportent respectivement 37 et 33 questions. Les dix-sept (17) premières questions des deux questionnaires visaient à compiler des données qui peuvent nous permettre d'établir un profil personnel de chaque sujet faisant l'objet de notre étude. Il s'agit donc des questions d'ordre socio-démographique à travers lesquelles nous visons à recueillir des informations qui concernent les sujets de notre étude, leurs parents (père et mère) et leurs partenaires sexuels. Ces questions revêtent une très grande importance pour nous. D'ailleurs elles nous permettront de vérifier certaines de nos hypothèses spécifiques. Ces questions englobent en outre ces différentes variables : structuration de la famille, niveau d'étude, niveau économique et pratique religieuse. Les autres questions portent sur la vie sexuelle des sujets de notre étude. A partir de la question no 18, il y a une certaine variation au niveau des deux questionnaires. Ainsi, prenons le questionnaire destiné aux PVVIH (K.I), les questions 18, 19, 24 et 37 se rapportent uniquement à leur infection au VIH/SIDA. Par conséquent, ces questions ont été exclues du questionnaire destiné aux jeunes célibataires sexuellement actifs. Pour le cas du K.I, les questions 18, 19 et 24 visent à établir l'historique de l'infection au VIH/SIDA des sujets de notre échantillon de la population PVVIH ; la question no 38 vise à réaliser dans quelle mesure le comportement sexuel adopté par l'individu en terme de comportement sexuel sécuritaire, après être informé de sa séropositivité, contribue à diminuer ou non la propagation du VIH/SIDA. Vu que le questionnaire destiné aux jeunes sexuellement actifs (K.J.) est inclu au questionnaire K.I, nous continuerons à analyser la structure de ce dernier, ceci permettra d'avoir une vue d'ensemble du protocole établi dans le cadre de l'élaboration de nos questionnaires. Pour ce qui concerne nos deux principales variables, soit le comportement sexuel non autonome (variable indépendante) et risque à l'infection au VIH/SIDA (variable dépendante), nous avons conçu ces questions 21 à 23, 26, 30 à 36 (autonomie sexuelle) et 23, 26, 30 (risque à l'infection au VIH/SIDA). Il convient de préciser que les réponses aux questions 23, 26 et 30 peuvent nous aider à comprendre dans quelle mesure l'individu se révèle non autonome à travers son comportement sexuel, tout comme elles peuvent nous aider à saisir le degré de son risque à l'infection au VIH/SIDA. Ce qui est important à comprendre à ce niveau, en dépit du degré d'autonomie dont un individu peut faire montre à travers son comportement sexuel, il peut courir des risques à l'infection au VIH/SIDA. 6.9.- RÉALITÉ DU TRAVAIL DE TERRAIN ET OBSTACLES RENCONTRÉS Le travail empirique a été réalisé au cours du mois de mars 2007. Pour les PVVIH, les questionnaires ont été administrés à travers l'espace de l'institution choisie. Nous nous sommes rendu à la FEBS juste pour pouvoir coordonner l'administration des questionnaires. Ces questionnaires ont été administrés par le psychologue de l'institution lors de ses entretiens avec l'appui de son accompagnateur. Pour les jeunes célibataires sexuellement actifs, nous nous faisons aider d'un ami de la zone pour pouvoir administrer les questionnaires. Pour cela, nous avons effectué des visites domiciliaires. Nous avons aussi rencontré des jeunes par l'intermédiaire de leur pair. La réalité de terrain n'a pas été comme nous l'avons prévu. Nous avons donc rencontré certaines difficultés qui ont réclamé de nous une certaine capacité d'accommodation. Dans les deux cas, nous avons prévu d'administrer nos questionnaires à un échantillon à parité homme/femme, malheureusement, il était difficile pour nous d'agir en conséquence. Pour le cas de l'échantillon pris à partir de la population des jeunes célibataires sexuellement actifs de Nérette, l'écart n'est pas aussi élevé. L'écart est beaucoup plus grand pour le cas de la population des PVVIH fréquentant la FEBS. Tout comme pour le sexe, nous avons souhaité avoir des échantillons répartis proportionnellement par rapport à l'âge, au niveau d'étude, structuration de la famille de provenance, situation économique et aux pratiques religieuses. Respecter de telles paramètres dans le cadre de notre travail s'avère très difficile, ceci pour plusieurs raisons. Le premier obstacle rencontré réside dans le fait qu'il est beaucoup plus difficile d'obtenir l'accord des jeunes filles que celui des jeunes garçons. Le second obstacle s'explique par les tabous qui sont liés à la sexualité. Par conséquent autant que les jeunes ont eu un niveau d'étude élevé c'est autant qu'ils ont manifesté leur volonté de participer à notre recherche et de répondre en conséquence à notre questionnaire. Pour ce qui concerne les jeunes de situation économique très aisée, il n'a pas été facile pour nous de les joindre. D'ailleurs, la recherche qui se porte sur la population des jeunes sexuellement actifs a été réalisée dans un quartier plus ou moins défavorisé. A ce niveau, il serait important de réaliser aussi une recherche dans un quartier réputé favorisé, malheureusement nous ne pouvons pas étendre notre recherche à ce niveau, car il nous faudrait avoir au moins une personne ressource habitant de tel endroit, ce qui nous a fait défaut. Même pour ce qui concerne les sujets de la population des PVVIH, pris dans un cadre institutionnel, nous n'avons pas pu tenir à une telle rigueur. En dépit du fait que la FEBS soit une institution de référence pour la prise en charge des PVVIH dans la région du Bas-Artibonite, il faut comprendre qu'elle ne pourrait pas fréquenter selon la même fréquence par toutes les catégories sociales. L'observation faite lors d'une journée de consultation nous a permis par exemple de nous rendre compte que la FEBS est largement beaucoup plus fréquentée par les femmes que les hommes. Enfin, tenir à respecter toutes ces paramètre demanderait d'avoir des échantillons très étendus, ce qui réclamerait de nous d'énormes investissements en argent et en temps et pour la collecte des données et pour leur traitement. 6.10.- PRÉSENTATION DES LIEUX DE LA RECHERCHE 6.10.1.- Nérette Nérette c'est une localité de Pétion-ville qui se trouve à la Rue Narcisse à l'intersection de la Rue Léon Nau, non loin de l'ambassade de Taïwan. Cette zone est répartie en deux endroits qui présentent deux réalités différentes. Il y a d'abord le Haut-Nérette qui présente l'aspect d'un quartier plus ou moins favorisé. D'ailleurs c'est dans cette zone qu'est logée l'une des plus prestigieuses écoles de Pétion-ville et même de la région métropolitaine. Il s'agit du collège Antillais qui reçoit dans sa quasi-totalité des enfants de familles les plus favorisées. A quelques centaines de mètres, on est au Bas-Nérette, un quartier dont l'architecture est tout à fait différente de la zone voisine. Il présente toutes les caractéristiques de bidonville. Contrairement au Haut-Nérette où les constructions se font selon les normes d'urbanisme, au Bas-Nérette, les maisons se rapprochent les unes des autres. Il n'y a pas vraiment d'infrastructures dans cette zone. La Téléco et le CAMEP sont totalement absents. Pour avoir accès au Bas-Nérette, des taxis motos assurent le transport des riverains à partir de la gare qui se trouve à l'intersection de la rue panaméricaine et Léon Nau, au prix de 10 gourdes (mars 2007). L'approvisionnement en eau se fait grâce à des citernes creusées par les riverains. Il faudrait cinq (5) gourdes pour en avoir un récipient de cinq (5) gallons. Sur le plan religieux, il y a cinq églises de confessions chrétiennes, au nombre desquelles figure une église adventiste. Il faut signaler qu'aucune congrégation catholique n'est présente dans la zone. De plus, la présence d'un temple du vodou (péristyle) se fait remarquer. Sur le plan socio-éducatif, le bas-Nérette est pourvu de deux institutions scolaires qui sont fréquentées par des enfants de parents de petites bourses de la zone et d'autres endroits de Pétion-ville. Il s'agit du collège Evangélique La Promesse qui fonctionnent de la maternelle à la philo et de l'institution mixte Dieumêne Véillard qui fonctionne de 1e A.F à la 5e A.F. En dépit du fait qu'il n'y a aucun centre universitaire dans cette zone, on y dénombre une quantité considérable de jeunes qui s'engagent dans des études universitaires. Au Bas-Nérette, il n'y a pas vraiment de lieux de distractions. Il y a une absence totale d'activités culturelles. Il n'y a qu'un terrain de football qui fonctionne de façon sporadique. Car il est utilisé surtout au cours des vacances d'été. Il faut signaler qu'il y a dans la zone un club sportif, mais ses activités se limitent à la musculation. A l'instar des autres quartiers défavorisés, il y a une grande quantité de lieux du jeu de hasard (Bank borlette).
Le bas de Nérette constitue l'endroit où nous avons sélectionné notre échantillon de la population des jeunes célibataires sexuellement actifs. 6.10.2.- Fondation Esther Boucicault Stanislas (FEBS) La FEBS c'est une organisation haïtienne à but non lucratif dont la mission consiste en la prise en charge des PVVIH. Elle intervient aussi dans le domaine de la prévention des IST et du VIH/SIDA. Elle commence avec ses activités en 1995. Elle a son siège à Saint - Marc dans le Bas - Artibonite à l'avenue Flérenceau, 2e ruelle Désir # 8. . Avant même de présenter la FEBS en profondeur, il est important pour nous de donner certaines précisions sur la Ville de Saint - Marc, vu qu'elle constitue l'espace géographique où se trouve cette institution qui a été ciblée par notre recherche. 6.10.2.1.- La ville de Saint - Marc Deuxième ville du département de l'Artibonite, la Ville de Saint - Marc fut Fondée le 25 Avril 1695. Elle est une ville coloniale qui a une importance historique. Car elle a servi de siège pour le premier organe consultatif que le pays a connu dans son histoire, ce qu'on appelle en histoire l'Assemblé de Saint-Marc, assemblée constituée exclusivement par des planteurs blancs dans le cadre de leur mouvement autonomiste. La ville de Saint- Marc constitue l'un des points d'intérêt du Bas-Artibonite. Stratégiquement, elle est située au coeur même de la région. La ville relie le Grand Nord à la capitale du pays, ce qui fait qu'elle est très fréquentée par les automobilistes. Elle se trouve à environ 100 Km de Port-au-prince sur la route nationale #1. Elle sert de lieu d'accueil pour des touristes qui viennent directement visiter la ville ou en transit vers d'autres régions du pays. Plusieurs institutions étatiques et internationales sont présentes dans cette ville. C'est l'une des rares villes de province ayant un port ouvert qui fonctionne à travers le pays. L'un des plus grands organismes qui travaille dans le domaine de la lutte contre le VIH/SIDA a son siège social à saint - Marc, il s'agit du PALIH (Projet d'Appui à la Lutte contre les IST/SIDA en Haïti).
Il faut préciser que les normes d'urbanisme ne sont pas respectées dans cette ville, ce qui fait qu'elle est très exposée à l'inondation aux moindres averses de pluie. Des stations de radio et de télévision contribuent à informer et à former les saint-marcois. Actuellement, elle a un site Internet qui sert d'organe de transmission de certaines informations, notamment sur les grandes festivités de la ville, il s'agit de http://www.stmarchaiti.com. Sur le plan éducatif, le système permet aux saint-marcois d'accéder à l'éducation fondamentale et secondaire. Elle est privée de centres de formation universitaire. Toutefois, on y retrouve des lieux permettant aux jeunes d'apprendre certaines professions. Toutes les confessions religieuses y sont représentées. Un hôpital public, Hôpital Saint - Nicolas, dessert la population saint-marcoise et les habitants de certaines communes limitrophes. C'est une ville de grandes festivités. Dans le domaine sportif, les saint-marcois brillent surtout au niveau du basket et du football. D'ailleurs cette ville est connue par ce dernier sport, surtout avec ses trois principaux clubs qui s'imposent dans le championnat national, il s'agit du Baltimore, de Tempête et de Dynamite. Cette ville est regorgée de lieux de divertissement, notamment les night-clubs qui créent de l'animation nocturne. Des hôtels et des motels sont en nombre considérable dans cette ville. 6.10.2.2.- Organigramme de la FEBS La FEBS a un personnel de 83 membres qui se répartissent ainsi : 1- La direction qui est constituée avec la directrice, madame Esther Boucicault Stanislas et le responsable des relations humaines ; 2- L'administration est constituée avec l'administrateur, le comptable en chef, le comptable adjoint, l'assistante administrative et la secrétaire ; 3- La coordination regroupe la coordonnatrice, le responsable de projet et le travailleur social ; 4- Le personnel de prise en charge psychosociale est constitué avec 2 psychologues, 1 médecin et 1 infirmière. 5- Le personnel de terrain est formé de 4 promoteurs qui ont pour tâche la sensibilisation à la prévention des IST et du VIH/SIDA, 63 accompagnatrices dont la mission consiste à accompagner les PVVIH inscrits comme patients de la FEBS dans le suivi du traitement. Elles procèdent donc à des visites chez ses patients. Il faut préciser que les accompagnatrices ont eu une formation de base en nursing. 6- En dernier lieu, on a 1 chauffeur et 1 gardien. 6.10.2.3.-Axes d'intervention de la FEBS L'action de la FEBS repose sur trois axes d'intervention principaux, il s'agit de : 1- De donner un encadrement psychosocial aux PVVIH ; 2- Plaidoyer en faveur des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) auprès des instances nationales et internationales ; 3- Contribuer à la réduction du taux de séroprévalence par des campagnes de mobilisation et sensibilisation pour la prévention des IST et du VIH/SIDA. Les actions de la FEBS s'étendent largement dans toutes les communes du Bas-Artibonite, avec une certaine extension dans les communes du Haut-Artibonite. 6.10.2.4.- Prise en charge des PVVIH A la FEBS, on ne fait pas le dépistage. Par conséquent les PVVIH qui fréquentent la FEBS ont été référencées par des institutions de santé de la région de l'Artibonite. Ces patients proviennent notamment de la FOSREF, Hôpital Saint - Nicolas de Saint - Marc, Hôpital Petite Rivière de l'Artibonite, Hôpital Albert Sweitzer de La Chapelle et centre de santé de Cange. Les consultations médicales se font deux fois par semaine, soit les lundi et les vendredi. La prise en charge psychologique est assurée 4 jours par semaine, du lundi au jeudi. A la FEBS les PVVIH sont l'objet d'une approche particulière. A côté des soins de santé qu'on leur prodigue, on leur donne un appui incontestable qui leur permet de mieux vivre avec le VIH. Des activités de divertissement sont organisées régulièrement à leur intention. Ceux qui ont des compétences pour exercer une profession obtiennent un appui en ce sens. Bref, à la FEBS les PVVIH sont l'objet d'une intégration sociale. Il faut souligner certaines particularités observées à la FEBS. D'abord, on a défini à leur manière, en fonction de leur philosophie le SIDA. Il est défini ainsi : Solidarité - Intégration - Divertissement - Amour. Cette définition du VIH est inscrite au dos du T-shirt de certains employés de la FEBS, surtout lors des campagnes de sensibilisation. Autre chose, à la réception, il est écrit en grandes lettres cette pensée que l'on retrouve aussi dans les pamphlets qui présentent la FEBS : « Le SIDA n'est pas une fin en soi, mais le commencement d'une nouvelle façon de vivre ». Cette pensée est de la directrice de la FEBS, madame Esther Boucicault Stanislas, une PVVIH qui s'est assumée et qui consacre le reste de sa vie à travailler à la prévention du VIH/SIDA et à aider les PVVIH à trouver les moyens qu'il faut pour vivre avec le VIH. On doit souligner que les bénéficiaires du service de la FEBS ne sont pas tous des saint-marcois, ce qui fait que l'échantillon des PVVIH que nous avons n'est pas forcément constitué de gens qui habitent Saint-Marc. 6.10.2.5.- Partenariat Pour pouvoir exercer ses activités, la FEBS a trouvé le support financier des institutions publiques, des agences et organismes des Nations - Unies, des Missions de coopération internationales en Haïti, des ONG haïtiennes et internationales. Depuis le démarrage de ses activités, la FEBS a reçu, à travers sa présidente-directrice, plusieurs distinctions et décorations parmi lesquelles figure le Prix des Droits de l'Homme de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique en Haïti de l'année 2003. |