Section 2 : Revue de littérature
Paragraphe 1 : Définition de quelques concepts
A- Modélisation
En économie, la modélisation est une
démarche qui consiste en une représentation formalisée
d'un phénomène sous forme d'équations dont les variables
sont des grandeurs économiques. Son objectif est de représenter
les traits les plus marquants d'une réalité afin de comprendre et
d'expliquer les phénomènes qui la caractérisent. Pour ce
faire, le chercheur émet des hypothèses et explicite les
relations.
B- Consommation finale des ménages
La consommation, au sens économique du terme, c'est
l'action d'utiliser ou de détruire, immédiatement ou
progressivement, des biens ou des services, dans le but de satisfaire un
besoin. La consommation est donc motivée par les besoins qu'un individu
cherche à satisfaire, à l'aide d'un bien ou d'un service
prévu à cet effet.
On distingue généralement deux formes de
consommation : la consommation intermédiaire et la consommation
finale.
La consommation intermédiaire, qui est le fait des
entreprises, concerne les matières premières ou les produits
semi-finis qui sont détruits, transformés ou incorporés,
au cours du processus de production, pour réaliser le produit final
(l'énergie et la farine utilisées pour fabriquer une baguette de
pain).
La consommation finale, qui est majoritairement le fait des
ménages, est composée des biens et des services destinés
à la satisfaction directe des besoins, ainsi que de l'autoconsommation,
c'est-à-dire de la consommation que les
Thème : « Analyse des déterminants de
la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
individus font de leur propre production (produits des jardins,
utilisation des logements dont ils sont propriétaires...).
Les biens de consommation finale peuvent être
classés notamment en fonction de leur durée de vie :
· biens non durables (produits
alimentaires, cosmétiques, carburants, papeterie, café
instantané, ...) ;
· biens durables (automobiles,
électroménager, télévision, informatique,
ameublement, décoration, livres, jouets, vêtements, ...).
Dans la suite de ce travail, le terme consommation désigne
la consommation finale des ménages.
Paragraphe 2 : Revue critique de littérature
Plusieurs auteurs se sont intéressés à
l'agrégat consommation en élaborant des modèles
explicatifs de son évolution. Les références ci-dessous
présentent quelques travaux sur la modélisation de la
consommation.
KEYNES (1936) a développé dans la théorie
générale le concept de fonction de consommation afin d'argumenter
son rejet de la loi de SAY, d'après laquelle « toute offre
crée ses propres débouchés ». Son idée
fondamentale, connue sous le nom de loi psychologique, est que lorsque le
revenu (Y) s'accroît, la consommation (C) s'accroît mais dans une
moindre mesure. Constatant que certains ménages consomment quand bien
même ceux-ci ne disposent pas de revenus, KEYNES conclut qu'il existe une
consommation incompressible C0 qui ne dépend pas du revenu. Cette loi se
formule par :
C = C0 + cY (0 < c < 1) ; avec c la propension marginale
à consommation.
Des critiques ont été avancées à
l'encontre de cette formulation. Notamment, BROWN4 a montré
que la consommation des ménages dépend des
4 Cité par DJINKPO dans « Prévision
de la consommation des ménages au TOGO », octobre 2002
Thème : « Analyse des déterminants de
la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
habitudes en introduisant dans sa fonction de consommation le
retard d'une période pour tenir compte de ces habitudes de
consommation.
FRIEDMAN (1957) va approfondir l'approche introduite par BROWN
de la consommation à court terme. Selon cet auteur, la consommation
n'est pas déterminée par le revenu courant mais par le revenu
moyen anticipé, appelé revenu permanent. Ce revenu permanent,
économiquement pertinent pour analyser les décisions de
consommation, n'est pas observable statistiquement. Il diffère notamment
du revenu courant observable et est soumis à des fluctuations
conjoncturelles sans grande importance pour les décisions de
consommation. FRIEDMAN va montrer que la véritable fonction de
consommation est
avec C la consommation, Yp le revenu permanent et k un
coefficient
positif.
Pour MODIGLIANI (1963), la consommation d'un individu est
étudiée en fonction de son âge. D'où l'approche du
cycle de vie selon laquelle le revenu est élevé en début
d'activité et diminue lorsque l'individu prend sa retraite ou ne peut
plus travailler physiquement. Ainsi, DEATON (1982), a montré que la
consommation est essentiellement fonction croissante d'une variable «
active » qui est la proportion de la population âgée de 15
à 64 ans.
De nos jours, des estimations de la consommation sont faites
à partir de la théorie moderne des déséquilibres
sous forme de modèle à correction d'erreur permettant de
spécifier certaines équations structurelles de comportement, qui
peuvent à court terme être non vérifiées du fait de
coûts d'ajustement.
En 2002, dans le cadre de l'élaboration d'un
modèle de prévision pour la Direction de l'Economie du Togo,
DJINKPO a construit un modèle à correction d'erreur de la
consommation finale des ménages qui accorde un intérêt aux
différents biens en incluant dans la fonction, toutes les variables qui
influencent la consommation de chaque catégorie de biens. Partant du
fait que les biens durables sont plus sensibles aux variables monétaires
que les biens non durables
Thème : « Analyse des déterminants de
la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
et que leur consommation exige la constitution d'une
épargne assez consistante ou un emprunt, il ajoute le taux
d'intérêt créditeur aux autres variables exogènes
que sont le revenu réel des ménages, le niveau
général des prix.
BEFFY, BONNET et al (2003), à partir des comptes
trimestriels pour la zone euro construits par Eurostat, ont
élaboré un modèle macroéconométrique dans le
but d'enrichir les outils de prévision et d'analyse de l'économie
de la zone. L'équation de la consommation est estimée sous forme
d'un modèle à correction d'erreur. À long terme, la
consommation est indexée de manière unitaire sur le revenu auquel
s'ajoutent le taux d'intérêt réel à long terme et
l'inflation qui ont des effets négatifs. A court terme, on trouve dans
la dynamique les déterminants de long terme des dépenses de
consommation des ménages ainsi que le taux de chômage qui a une
influence négative.
La Direction de la Prévision et de l'Analyse Economique
du Ministère français de l'Économie, des Finances et de
l'Industrie a effectué en avril 2004 une estimation des comportements de
dépense des ménages américains. Le modèle à
correction d'erreur estimé, sous forme logarithmique, relie la
consommation au revenu, à la richesse nette (richesses financière
et immobilière), au taux d'intérêt de long terme et au taux
de chômage. Les deux premières variables ont un effet positif
tandis les deux autres ont une influence contraire. Cette modélisation
tout en ignorant la variable inflation intègre la richesse nette dans
l'explication de la consommation.
Il ressort de cette revue que les variables explicatives de la
consommation utilisées sont : le revenu réel des ménages,
l'inflation qui est appréhendée à partir du niveau
général des prix, le taux d'intérêt créditeur
et le taux de chômage. Le dernier n'étant pas disponible
annuellement au Bénin, nous retenons seulement les trois premiers.
Thème : « Analyse des déterminants de
la consommation des ménages au Bénin : une approche par le
modèle à correction d'erreur »
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