UNIVERSITE DE YAOUNDE II
FACULTE
ECOLE DOCTORALE DISCIPLINAIRE
DES SCIENCES ECONOMIQUES
« ECONOMIE et DEMOGRAPHIE »
ET DE GESTION
UNITE DE FORMATION DOCTORALE
PROGRAMME DE DESS DE
PROFESSIONNELLE DE GESTION
GESTION URBAINE
URBAINE
1ère promotion
LA PROBLEMATIQUE DU FINANCEMENT DE LA
DECENTRALISATION TERRITORIALE AU CAMEROUN
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées (DESS) en gestion urbaine, option
Administration Urbaine.
Par
JEAN RAOUL NKOUDOU BENGONO
Maître ès
sciences économiques
Sous la supervision de :
Pr. ETIENNE MODESTE ASSIGA
ATEBA,
Agrégé des
facultés des sciences économiques
Assisté par :
M. LUC ROGER
MBARGA ASSEMBE,
Inspecteur Principal des Régies Financières
(Trésor),
Enseignant à l'ENAM et à l'Université de
Yaoundé II.
Yaoundé, Mars 200
AVANT PROPOS
Bien qu'en Afrique, l'intérêt des pouvoirs
publics pour la décentralisation remonte au début du
vingtième siècle, au Cameroun cette préoccupation ne se
fait sentir que dans la première moitié des années 70.
Depuis lors, malgré les progrès importants réalisés
dans ce domaine au niveau de la réflexion scientifique, il n'y a pas
longtemps de cela, il était difficile (dans nos universités) de
faire carrière en gestion urbaine avec l'administration urbaine comme
spécialité. Aujourd'hui ce n'est plus qu'un fait, avec la
création, à l'université de Yaoundé II d'un DESS en
Gestion urbaine.
L'étudiant, économiste, qui s'intéresse
à ce champ de recherche applique à l'objet
décentralisation des concepts et des instruments analytiques appartenant
à la science économique. Ainsi en s'intéressant au domaine
de gestion urbaine, il s'agit pour nous, à partir de notre formation
reçue en sciences économiques, option économie publique,
d'apporter notre savoir économique aux politiques de gestion de nos
villes en général, et en particulier à la mise en oeuvre
de la décentralisation territoriale au Cameroun.
En abordant ce travail sur la problématique du
financement de la décentralisation territoriale, nous nous sommes
engagés de manière consciente dans un champ de recherche
systématique peu exploré au Cameroun.
Notre statut de pionnier aura donc constitué le premier
handicap de cette entreprise. Le second viendra de ce qu'il n'existe pas de
base de données sur le financement des CTD, tant au niveau des CTD
elles-mêmes qu'au niveau des organes de tutelle.
Il convient d'ajouter l'ignorance, voire la réticence
de certains dirigeants locaux lorsqu'on les interroge sur les problèmes
de la décentralisation et sur l'utilisation des fonds mis à leur
disposition.
Néanmoins, les difficultés n'ont rien
enlevé à notre intérêt pour cette étude dont
les résultats constitueront, osons-nous espérer, une contribution
à la recherche des voies et moyens au financement des
collectivités locales dans la perspective de la décentralisation
au Cameroun.
Sur un plan plus pratique enfin, ce travail entre en droite
ligne de nos préoccupations professionnelles. En effet,
spécialisé dans l'option administration urbaine, nous avons,
pendant plus de 10 mois, reçu des enseignements théoriques et
pratiques en finances locales. Cet aspect aura donc déterminé le
choix du sujet dans la mesure où les politiques actuelles de financement
des CTD créent des disparités entre collectivités et
surtout dans la mesure où l'Etat voudrait transférer de nouvelles
compétences aux CTD. Nous pensons ainsi qu'il est urgent de poser les
bases fiables pour une efficacité des politiques de financement des
CTD.
Cela dit, comme on peut aisément le percevoir, les
personnes grâce à qui ce travail a pris corps sont bien
nombreuses. Parmi elles, il en est certains dont l'apport fut
déterminant.
Nous tenons d'abord à remercier spécialement le
Ministre d'Etat, Ministre du développement urbain et de l'habitat
le Professeur LEKENE DONFACK
pour le partenariat apporté à notre programme de formation ;
ensuite à nos Directeurs de recherche le Professeur ASSIGA
ATEBA Etienne Modeste et Monsieur MBARGA ASSEMBE Luc
Roger dont les conseils, les critiques et les suggestions ont
conféré à ce travail un niveau de qualité que nous
n'aurions pu atteindre par nos seules forces.
Nous souhaitons également exprimer notre
appréciation aux encouragements et à l'assistance du Dr
NGOA TABI et M. ETOUNDI Joseph
Désiré. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre
gratitude.
Une dette de reconnaissance non moins considérable nous
lie aux dirigeants de l'Université de Yaoundé II en
général, et en particulier à ceux de la faculté des
sciences économiques et de gestion, sans qui nous n'aurions jamais
acquis cette formation.
Par ailleurs, il nous revient de remercier également
tous nos camarades de DESS-Gestion urbaine qui, sur tel ou tel point
particulier, nous ont apporté l'appui de leurs connaissances.
Il en est de même de nos parents, nos frères et
soeurs, de nos amis, pour l'encadrement humain qui a caractérisé
nos débats.
Nous ne saurions enfin taire l'aide efficace et combien
précieuse de nos grand- frères MBIDA TSINGA
et ENGOULOU Victor Maxime, pour tout le soutien
apporté pendant notre formation.
Que tous trouvent ici, le témoignage renouvelé
de notre profonde gratitude.
Jean Raoul
NKOUDOU BENGONO
Sommaire
Dédicace
Avant-propos
Sommaire
Liste des abréviations
Liste des tableaux et figures
Résumé
Abstract
Introduction générale
Chapitre 1 : le processus de décentralisation
territoriale au Cameroun : le cadre institutionnel
Introduction du chapitre
Section 1 : les généralités sur le
concept de décentralisation
I- La définition et les fondements théoriques de la
Décentralisation
A- La définition du concept de décentralisation
B- Les fondements théoriques de la
décentralisation
II- L'administration municipale au Cameroun : un cadre
institutionnel en voie de réforme
A- L'administration municipale actuelle
B- La « nouvelle décentralisation
territoriale » au Cameroun
Section 2 : les problèmes liés à la
mise en oeuvre de
la décentralisation
I- Les problèmes institutionnels
A- Le problème du renforcement des capacités
locales
B- Le problème modernisation de la gestion locale
C- La prépondérance de la tutelle sur les CTD
D- Le problème de réorganisation des services
communaux
II- Les problèmes dus à la situation
économique très défavorable
A- L'accroissement de la pauvreté
B- Le désengagement de l'Etat des secteurs
d'activités de base
Conclusion du chapitre
Chapitre 2 : le financement des collectivités
territoriales décentralisées : la clé de voûte
du succès de la décentralisation
Introduction du chapitre
Section 1 : l'importance du financement dans le processus
de décentralisation
I- Garantir les principes fondamentaux de la
décentralisation
A- Les principes de base
B- Les principes de finances locales
II- l'extension du pouvoir local
A- L'extension du pouvoir décisionnel
B- La maîtrise de la fiscalité locale
C-Le relâchement de la connexité de ses
relations avec l'Etat
Section 2 : Les risques dus au mauvais financement des
collectivités territoriales décentralisées
I- Les risques politiques
A- Le risque de sécession
B- Le risque de reproduction du pouvoir autoritaire au
niveau local
C-Le risque de corruption au niveau local
II- Les risques économiques
A- Le risque d'inadéquation compétence
transférées et moyens alloués.
B- Le risque de marginalisation de certaines
collectivités locales
Conclusion du chapitre
Chapitre 3 : Les différentes sources de
financement des collectivités territoriales
décentralisées : les déséquilibres
intercommunaux
Introduction
Section 1 : La méthodologie de l'analyse
statistique
I- Les généralités sur la méthode
des sondages
A- La définition de la méthode des
sondages
B- Les enjeux de l'enquête par sondage
C-Les étapes de l'enquête par sondage
II- La technique de sondage : la méthode des
quotas
A- Le principe de la méthode des quotas
B- Les avantages et les inconvénients de la
méthode des quotas
C-La mise en oeuvre de la méthode des quotas
III- L'application de la méthode des quotas :
détermination de l'échantillon et ses caractéristiques
A- La détermination de l'échantillon
B- Les caractéristiques de l'échantillon
Section 2 : Les différentes sources de financement
des CTD : les déséquilibres intercommunaux
I- Les recettes de fonctionnement
A- Les produits des recettes fiscales, centimes
additionnels et les taxes communales directes et indirectes
B- Les produits de l'exploitation du domaine et services
communaux
C-Les autres recettes de fonctionnement
II- Les recettes d'investissement
A- Les fonds de dotation
B- Les réserves et subventions affectées
à l'investissement
C-Les emprunts à long et à moyen termes
Conclusion du chapitre
Chapitre 4 : Les recommandations et les perspectives pour
un financement adéquat du processus de décentralisation
territoriale au Cameroun
Introduction
Section 1 : la nécessité de réformer
le modèle de décentralisation et le renforcement de
fiscalité locale
I-la nécessité de reformer le modèle de
décentralisation
A- La détermination de
l' « unité territoriale optimale »
B- La dynamisation de la coopération
décentralisée
C-Le renforcement de la solidarité intercommunale
II- Le renforcement de la fiscalité locale
A- La mise en place des services d'assiette et de
recouvrement dans toutes les CTD
B- Le reversement total de la fiscalité
partagée
C-Le transfert de fiscalité aux CTD
Section 2 : La redéfinition de la contribution de
l'Etat et la promotion de l'emprunt communal
I- La redéfinition de la contribution de l'Etat
A-la péréquation volontaire
B-la péréquation obligatoire
II- La promotion de l'emprunt communal
A-les avantages de l'emprunt pour les collectivités
locales
B- les limites de l'emprunt communal
C-les conditions d'accès à l'emprunt
Conclusion du chapitre
Conclusion générale
Bibliographie
Table des matières
LISTE DES ABREVIATIONS
ATD : Administration territoriale
décentralisée.
CA : Compte administratif.
CAC : Centimes additionnels
communaux.
CEFAM : Centre de formation pour
l'administration municipale.
CM : Conseil municipal.
CR : Commune rurale.
CTD : Collectivité territoriale
décentralisée.
Cté.U : Communauté
urbaine.
CUA : Commune urbaine
d'arrondissement.
DGE : Dotation générale
d'équipement.
DGF : Dotation générale de
fonctionnement.
FEICOM : Fond spécial
d'équipement et d'intervention intercommunale.
MINATD : Ministère de
l'administration territoriale et de la décentralisation.
MINDAF : Ministère des domaines
et des affaires foncières.
MIDUH : Ministère du
développement urbain et de l'habitat.
MINEFI : Ministère de
l'économie et des finances.
PACDDU : Programme d'appui aux
capacités décentralisées de développement
urbain.
PEDSC : Produits de l'exploitation du
domaine et services communaux.
PNG : Programme national de
gouvernance.
PR : Président de la
République
PM : Premier ministre
RF : Recette fiscale
TC : Taxe communale
TPU : Taxe professionnelle unique.
LISTE DES TABLEAUX ET
FIGURES.
Chapitre 1
Tableau 1-1 : Etat de la
coopération entre collectivités camerounaises et
collectivités étrangères.
Tableau 1-2 : répartition des
personnels de la commune par catégorie.
Chapitre 2
Tableau :2-1 contribution de la
fiscalité locale dans quelques CTD au cours de l'exercice 2004.
Tableau 2-2 : répartition de
l'assiette publicitaire par type de CTD.
Chapitre 3
Tableau 3-1 : la structure des CTD
dans la province du centre.
Tableau 3-2 : pourcentage de
population par types de CTD.
Tableau 3-3 : échantillon et
sa réalisation.
Tableau 3-4 : pourcentage de
représentation par catégorie de commune.
Tableau 3-5 : récapitulatif
des caractéristiques de l'échantillon par catégorie de
commune.
Tableau 3-6 : contribution des
recettes fiscales au financement des CTD.
Tableau 3-7 : contribution des CAC
au financement des CTD.
Tableau 3-8 : contribution des taxes
communales au financement des CTD.
Tableau 3-9 : contribution des
produits de l'exploitation du domaine et des services communaux au financement
des CTD.
Tableau 3-10 : contribution des
autres recettes de fonctionnement au financement des CTD.
Tableau 3-11 : répartition
des recettes de fonctionnement par catégorie de commune.
Tableau 3-12 : contribution des
fonds de dotation au financement des CTD.
Tableau 3-13 : contribution des
réserves et subventions au financement des CTD.
Tableau 3-14 : contribution des
emprunts au financement des CTD.
Tableau 1-15 : répartition
des recettes d'investissement par catégorie de commune.
Tableau 3-16 : synthèse des
contributions des différentes recettes pour le financement des CTD.
Figure 3-1 : répartition des
recettes fiscales par catégorie de commune au cours de l'exercice
2004.
Figure 3-2 : répartition des
CAC entre catégories de commune, pour l'exercice 2004.
Figure 3-3 : représentation
catégorielle des recettes de fonctionnement pour l'exercice 2004.
Figure 3-4 : représentation
catégorielle des recettes d'investissement pour l'exercice 2004.
Figure 3-5 : structure des
différentes recettes par catégorie de commune.
RESUME
Ce travail a pour objet de montrer l'inefficacité de
la politique de financement des collectivités territoriales
décentralisés, car elle s'appuie sur des ressources fiscales
difficilement recouvrables dans certaines communes du fait de leur
marginalisation économique, une mauvaise répartition des
ressources issues des transferts de l'Etat et sur la faible rentabilité
des ressources propres locales.
Prenant acte qu'il existe plusieurs niveaux de
collectivités territoriales décentralisées, nous arrivons
à présenter les ressources de financement de ces CTD et leurs
déséquilibres. Au traitement statistique des données
financières que nous avons effectuées, à travers les
tableaux et figures, nous avons associé la consultation documentaire et
l'analyse des avis recueillis auprès des responsables des
administrations centrales et locales pour valider notre hypothèse.
Ainsi il ressort de ces analyses que le financement des CTD
constitue la clé de voûte du succès du processus de
décentralisation au Cameroun. Mais il existe des
déséquilibres entre d'un côté, les Communes riches
(communautés urbaines, essentiellement) et les communes moyennement
riches (les CUA, les communes urbaines et les communes rurales où
l'activité d'exploitation forestière est très
développée) ; et de l'autre côté les communes
pauvres, essentiellement composées des communes rurales où
l'activité économique est faible ou presque inexistante.
Ainsi un financement adéquat du processus de
décentralisation territoriale au Cameroun, qui limiterait les
déséquilibres entre communes pauvres et communes riches,
passerait donc par la promotion de la solidarité intercommunale ;
la définition de l' « unité territoriale
optimale » comme base à toute création des
CTD ; le renforcement de la fiscalité locale ; la
redéfinition de la contribution de l'Etat et la promotion de l'emprunt
communal.
ABSTRACT
This work aims at showing ineffectiveness of the policy of
financing of decentralized territorial collectivities. Because it relies on
financial resources which are hardly collectable in some councils due to their
economical setting aside, uneven assessment of funds derived from the state's
assignment and on the weak profitability of council's speculiar funds.
Making note of the fact that there are various levels of
decentralized territorial collectivities, we are therefore able to show the
financing resort of these DTC and their maladjustment. According to the
processing of financial figures that we made through sketches and views, we
have added books references and analysis of opinion collected from the head and
locals administration to validate our point of view.
Thus it follows from these analysis that the financing of DTC
is the keystone of the process of decentralization in Cameroon. But there are
maladjustment between wealthy councils (town councils mostly ) on one hand, the
councils fairly wealthy (SUC, the urban council, and rural council where forest
working is expatiated) and on the other hand poor councils mostly made up of
rural councils where the economical activities are very low or non-existent.
Thus a good financing of process of territorial
decentralization in Cameroon which would restrict the maladjustment between
councils and wealthy councils will be possible only through the move of
solidarity among councils. The understanding of the «optimal territorial
unity» as a base of many DTC creation, the strengthening of the local
taxation, the revision of the state's participation and the raise of councils
loans.
INTRODUCTION GENERALE
I -Contexte
Jusqu'à la fin de la première moitié des
années 80, le Cameroun a connu une hausse continue de son taux de
croissance réelle, qui est passé de 4,5% entre 1970 et 1978
à 8% entre 1979 et 1985(PNUD, 1993). Le secteur agro-industriel,
bénéficiaire d'importants volumes d'investissements publics et le
secteur pétrolier furent les principaux moteurs de cette croissance.
Pendant cette période, la politique économique du Cameroun fut
principalement gouvernée par deux impératifs : d'une part,
développer au maximum la production sous toutes ses formes, en
exploitant les ressources naturelles et en créant des industries de
substitution ; d'autre part, veiller au strict équilibre du budget
de l'Etat pour ne pas être contraint des manipulations monétaires
qui pourraient avoir de fâcheuses répercussions sur l'ensemble de
l'économie.
Ainsi, à la veille de la crise, l'économie
camerounaise alignait les atouts de l'autosuffisance alimentaire et de
l'indépendance énergétique, de la bonne santé des
finances publiques et du faible niveau d'endettement extérieur.
Grâce aux revenus tirés des exportations agricoles et
pétrolières, le pays entretenait par ailleurs d'importants avoirs
extérieurs. Mais à partir de 1985/86 intervint un retournement
de tendance de grande ampleur, qui se traduisit par une croissance moyenne
négative de l'ordre de 4% sur la période 1986/87-1990/91(PNUD,
1993).
Face à cette tendance déclinante, le
gouvernement camerounais mit en oeuvre un ensemble de mesures de politique
économique visant à assainir les finances publiques et à
remettre l'économie sur le sentier de la croissance. En dépit de
ces réformes, la situation économique continua à se
dégrader et les taux de croissance du PIB restèrent
négatifs jusqu'en 1994(Touna et Kamgnia, 2000). Pour faire face à
cette situation et compte tenu des exigences des bailleurs de fonds
internationaux, les pouvoirs publics s'engagèrent dans un vaste
programme de réformes structurelles parmi lesquelles la poursuite des
réformes institutionnelles. C'est dans cette optique que, au cours des
années 90, le gouvernement camerounais a entrepris de promouvoir dans le
pays le renforcement de la bonne gouvernance, plus de démocratie dans le
fonctionnement de la société politique et des institutions de la
république et d'organiser avec efficacité la mise en oeuvre de la
stratégie de réduction de la pauvreté. A cet effet
plusieurs actions ont été entreprises et parmi lesquelles la
promulgation en janvier 1996, de la loi portant révision de la
constitution. Cette loi légitime ainsi le point de départ d'une
nouvelle réforme de l'administration publique camerounaise en
général et de l'administration territoriale en particulier, car
la réalisation du voeu collectif qu'est la décentralisation
appelle un bouleversement profond de toutes les structures du pouvoir de
l'Etat. Plus récemment, dans sa composante
« décentralisation », le programme national de
gouvernance(PNG), approuvé et rendu exécutoire par le
Président de la République le 29 juin 2000, a retenu cinq
grands objectifs parmi lesquels :
- le renforcement des libertés des collectivités
locales ;
- la conception d'un programme de réformes,
basé sur le principe de subsidiarité et adapté au
progrès de la décentralisation.
Pour sa part, le document de stratégie de
réduction de la pauvreté (DSRP) réaffirme l'engagement du
gouvernement :
- à assurer une meilleure participation des citoyens
à la gestion quotidienne des affaires publiques au niveau des
collectivités territoriales décentralisées ;
- à accélérer la mise en oeuvre de la
décentralisation.
Le document de stratégie globale de mise en oeuvre du
PNG et de lutte contre la corruption, quant à lui, rappelle que la
décentralisation est une option politique majeure. Après avoir
déploré que « les pratiques actuelles comportent
quelques aspects contradictoires et réducteurs qu'il apparaît
nécessaire de corriger », ce document
annonce « la mise en oeuvre des mesures novatrices, mais
réalistes, susceptibles d'assurer le fonctionnement harmonieux des
structures décentralisées de l'Etat. »
La décentralisation est donc un processus qui touche
à priori tous les aspects de la gestion de l'action publique. Il
s'agit cependant d'un processus qui doit prendre corps avec la
société au rythme de l'évolution des mentalités.
Ainsi, au-delà de la définition d'un cadre législatif et
réglementaire susceptible de favoriser la mise en oeuvre effective de la
décentralisation, il paraît indispensable d'inscrire dans la
durée et de manière progressive les aménagements
nécessaires à la construction d'un équilibre durable et
cohérent entre l'Etat et les collectivités territoriales
décentralisées.
Une bonne mise en oeuvre de cette politique nécessite
une étude préalable de la situation actuelle, une
évaluation des coûts de nouveaux transferts des compétences
et la détermination des modalités pratiques de ces transferts et
si possible la définition de quelques mesures d'accompagnement à
l'effet de garantir le succès de la réforme. Ainsi face aux
difficultés de l'Etat centralisé à répondre aux
besoins sans cesse croissants des populations, il est admis qu'une
décentralisation bien pensée et efficacement mise en oeuvre sera
porteuse d'une plus value démocratique et de développement. Pour
ce faire le financement est la condition sine qua non pour atteindre les
résultats escomptés à travers la décentralisation.
C'est fort de cette réalité que le thème de la
présente recherche est orienté vers la
problématique du financement de la décentralisation territoriale
au Cameroun.
II- Problématique
En focalisant l'attention sur la problématique du
financement de la décentralisation territoriale, on observe aujourd'hui
que les principales sources de financement des communes sont constituées
du produit de la fiscalité locale et du transfert par l'Etat de
certaines ressources par le biais du FEICOM. Ainsi les budgets locaux sont
modiques au regard des besoins énormes à satisfaire. Bien que
fortement grevées par des charges de fonctionnement qui ne leur
permettent pas un quelconque investissement, les recettes budgétaires
des collectivités locales restent encore, dans une grande partie,
recouvrées par l'Etat central.
Cette situation résulte-t-elle de la difficulté,
pour l'Etat, à satisfaire lui-même ses missions ?
Assurément non ! La question ainsi posée est d'autant plus
pertinente que l'observateur du processus de décentralisation
territoriale comprend difficilement l'écart entre la hauteur du
discours, les enjeux de la décentralisation et la réalité
concrète, traduite entre autres par le retrait1(*) des ressources aux
collectivités locales et les dysfonctionnements entre les communes.
La question majeure qui se pose est celle de savoir quels sont
les mécanismes de financement des CTD qui peuvent être
envisagés de manière à combler les
déséquilibres intercommunaux ?
Cette interrogation principale donne lieu aux questions
subsidiaires qui suivent :
- quelles sont les sources de financement des CTD ?
- quelle est la contribution de la fiscalité locale
au financement des CTD ?
- peut-on améliorer la contribution de cette
fiscalité locale ?
- quels sont les différents transferts de ressources
que l'Etat peut opérer au bénéfice des CTD, au vu des
nouvelles compétences à transférer ?
Il s'agit, à travers cet ensemble de questions,
d'inventorier les diverses origines des ressources de financement des CTD, de
relever les différents déséquilibres au regard de la
marginalisation économique de certaines CTD, et de proposer un
système de redistribution de ressources capables de combler les
déséquilibres constatés.
III- Hypothèse d'analyse
La politique actuelle de financement des CTD n'est pas
efficace ; car elle s'appuie sur des ressources fiscales difficilement
recouvrables dans certaines communes du fait de leur marginalisation
économique, une mauvaise répartition des ressources issues des
transferts de l'Etat et sur la faible rentabilité des ressources
propres locales. Ce qui a pour conséquence la création des
déséquilibres entre niveaux de collectivités locales,
l'inefficacité dans l'accomplissement des missions et une faible
contribution au processus de développement national.
IV- Revue de la littérature
Traiter de la problématique du financement de la
décentralisation territoriale au Cameroun aujourd'hui peut
paraître à première vue s'engager sur un sentier confus,
compte tenu de la rareté d'études et d'articles relatifs à
ce sujet. Cependant l'importance et l'actualité du sujet impliquent que
l'on s'investisse davantage, voire que l'on accélère la
réflexion, eu égard aux exigences des bailleurs de fonds
internationaux pour l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative en
faveur des pays pauvres très endettés.
Toutefois, la rareté des études n'implique pas
l'inexistence totale.
Au plan institutionnel, l'étude des finances locales
s'appuierait sans doute sur l'ordonnance n°62/0F/4 du 7 février
1962 portant régime financier de l'Etat du Cameroun et sur l'ensemble
des décrets et lois sur le processus de décentralisation
territoriale au Cameroun.
Sur le plan de la recherche scientifique nationale,
très peu de travaux sont consacrés aux finances locales. Finken
Martin (1996), donne une explication du concept et des paramètres de
la décentralisation, sujet au centre des préoccupations
politiques de l'heure. Il analyse l'aspect historique de l'institution
municipale avant de passer au crible les finances communales. A cet effet,
outre les principes régissant les finances publiques, l'auteur
procède à un examen en profondeur des ressources des communes,
des procédures budgétaires et des problèmes liés au
financement des équipements communaux. Il examine les
différents autres aspects de la gestion municipale, notamment la gestion
du domaine et des services publics communaux.
Par ailleurs, un groupe d'experts camerounais a publié
en 2004 un livre intitulé « Comptabilité
Communale au Cameroun ». Ce document de référence,
à la fois pour les élus locaux et cadres des administrations
locales, expose un ensemble de techniques visant à améliorer la
gestion et l'assainissement des finances locales.
En revanche, plusieurs études sont consacrées
à ce sujet au plan international. Ainsi dans la documentation
française de 2004, on retrouve des études relatives aux
différentes ressources des collectivités locales. Blanc.J (1997),
a publié une étude sur les finances locales des quinze pays de
l'Union Européenne. Dans cette étude, l'auteur expose les
apparences et les réalités de la décentralisation
financière dans les Etats de l'Union européenne. Ce document de
283 pages recense les différentes sources de financement du
développement local dans l'union européenne et relève
surtout les difficultés que les magistrats municipaux rencontrent sur le
terrain. On retrouve aussi plusieurs articles des chercheurs occidentaux dans
ce domaine de recherche. Pierre Hamel, professeur à l'INRS-URBANISATION,
a publié en 2002 un article sur la situation des finances locales au
Québec. Dans cet article l'auteur analyse le « pacte
fiscal » entre le gouvernement du Québec et les
municipalités, conclu en juin 2000. Il arrive à la conclusion
que « la raison du plus fort est toujours la
meilleure » car le gouvernement du Québec, après
multiples réformes, a su retirer un à un la plupart des outils
fiscaux que les municipalités avaient elles -mêmes
développés pour les confier graduellement à l'impôt
foncier, à très peu de choses près.
Outre ces travaux consacrés directement aux finances
locales, on retrouve plus des thèmes généraux qui traitent
du concept même de la décentralisation. Il s'agit entre autre,
des travaux de Charles Nanga (1999) relatifs à la réforme de
l'administration territoriale au Cameroun. L'auteur décrit le besoin de
renouvellement à court terme des structures territoriales de l'Etat au
moyen d'une présentation du dispositif opérant au cours des
années 99. Dans la même décennie, on retrouve le livre de
Kom Tchuente intitulé « Développement Communal et
Gestion Urbaine au Cameroun ». Les enjeux de la gestion
municipale dans un système décentralisé paru en 1994 dans
les éditions clé. Plus récemment, on retrouve la
publication de Nach Mback intitulée « Démocratisation
et Décentralisation » parue en 2003.
C'est donc avec ce noyau de points de vue et bien d'autres
que découle le thème de notre étude, envisagé sous
forme de problématique, car il est question d'une étude
prospective et critique, le Cameroun ne disposant pas encore d'un
régime financier local tel que prévu par la loi portant
orientation de décentralisation.
Sous l'éclairage des ouvrages spécifiques de
finances locales et nous appuyant sur la situation actuelle de ces finances,
notre étude trouvera une réponse à sa
problématique à travers la méthodologie suivante.
V- Méthodologie
Par rapport à nos éléments de
problématique, la présente étude se propose de partir de
l'observation indirecte. De ce fait, il s'agit de l'analyse statistique
opérée à partir des finances des collectivités
locales. Ainsi les dépenses publiques locales nous permettent de
disposer d'une idée sur le financement du développement local.
De manière plus concrète, notre étude
procèdera à :
- une recherche documentaire qui nous permettra
d'acquérir des outils théoriques indispensables à une
meilleure appréhension de notre sujet.
- une analyse des avis recueillis auprès des
responsables des administrations centrales et locales
- une analyse statistique des données
budgétaires recueillies à partir d'un échantillon
tiré de l'ensemble des CTD de la province du centre qui nous permettra
d'étayer nos affirmations et conclusions
VI -Délimitation spatio-temporelle
L'espace de notre étude est l'ensemble des CTD de la
province du centre, constituant ainsi notre univers statistique ; car
nous estimons que l'ensemble des collectivités locales, de par leur
diversité, reflète l'ensemble des problèmes liés au
financement de la décentralisation au Cameroun.
Sur le plan temporel, vu l'inexistence des données sur
plus de deux ans successifs nous nous proposons de travailler sur la
période 2004, car elle nous permet d'avoir des données sur
l'ensemble des CTD choisies.
VI- Résultats attendus
En se penchant sur le financement de la
décentralisation territoriale au Cameroun, plusieurs résultats
sont attendus. Il s'agit principalement de faire l'état des lieux
des finances locales, d'identifier les dysfonctionnements nés de la
marginalisation économique de certaines collectivités
territoriales décentralisées afin de pouvoir proposer, aux
décideurs publics, des mesures concrètes à prendre en vue
d'un financement plus autonome, et comblant les disparités entre
communes, du processus de décentralisation territoriale.
Le mémoire est composé de quatre chapitres
en dehors de l'introduction et la conclusion. Le premier est
essentiellement théorique. Il élucide le cadre institutionnel
du processus de la décentralisation territoriale au Cameroun. Le
deuxième chapitre présente le financement des CTD comme la
clé de voûte du succès de la décentralisation. Le
troisième chapitre analyse les différentes sources de financement
et les déséquilibres intercommunaux. Le quatrième, enfin,
pose les réformes et recommandations envisageables pour un financement
adéquat de la décentralisation.
D'où le plan ci-après
Chapitre 1 : Le processus de
décentralisation territoriale au Cameroun : le cadre
institutionnel.
Chapitre 2 : Le
financement des collectivités territoriales
décentralisées : la clé de voûte du
succès de la décentralisation.
Chapitre 3 : Les
différentes sources de financement des collectivités
territoriales décentralisées : les
déséquilibres intercommunaux.
Chapitre
4 : Les recommandations et perspectives pour un
financement adéquat du processus de décentralisation
territoriale au Cameroun
CHAPITRE I : LE PROCESSUS DE
DECENTRALISATION TERRITORIALE AU CAMEROUN : LE CADRE
INSTITUTIONNEL
« Il n'existe bien évidemment pas de
« prêt-à-poter » en matière de
décentralisation. Il serait absurde de chercher à transposer
à notre pays l'un des systèmes développés par nos
voisins ... l'héritage culturel des nations, l'histoire jouent un
rôle capital...» Frank DEMAILLE et Loïc AMANS
INTRODUCTION
La mise en place d'un appareil organisé est
indispensable pour que soient assurées effectivement et efficacement les
fonctions administratives au sein d'une société. Dans
l'organisation, les CTD constituent, avec l'Etat, les personnes publiques
à compétence générale qui assurent un ensemble de
fonctions sur le territoire qu'elles ont pour mission d'administrer.
L'administration se structure donc sur un double plan territorial en deux
pôles principaux : celui de l'Etat et celui des collectivités
locales. Ces dernières sont conçues dans le cadre de la
décentralisation dont le cadre institutionnel s'appuie sur un ensemble
de textes publiés depuis l'époque de da république
fédérale. Depuis cette époque, l'institution
municipale1(*) a connu de
profondes modifications de sorte que l'étude de celle-ci risquerait nous
amener à l'étude de l'histoire des institutions et faits sociaux
du Cameroun. Il nous semble donc important de mettre en marge
l'évolution historique de l'institution municipale et de nous consacrer
au cadre institutionnel tel qu'il se présente aujourd'hui.
Ainsi, ce chapitre se subdivise en deux sections : la
première porte sur les généralités du concept de
décentralisation et la seconde sur les différents
problèmes liés à la mise en oeuvre de la
décentralisation au Cameroun.
SECTION 1 : LES
GENERALITES SUR LE CONCEPT DE DECENTRALISATION
L'étude des généralités sur le
concept de décentralisation commande d'évoquer non seulement la
définition et les fondements théoriques de la
décentralisation en tant que base théorique de la
décentralisation, ensuite l'administration Municipale telle qu'elle se
vit au Cameroun actuellement.
I-LA DEFINITION ET LES FONDEMENTS THEORIQUES DE LA
DECENTRALISATION.
Il semble nécessaire de
définir d'abord le concept de décentralisation et ses concepts
concomitants avant d'examiner les fondements théoriques de la
décentralisation territoriale, objet de notre étude.
A- la définition du concept de
décentralisation
Pour une bonne définition du concept de
décentralisation, nous allons d'abord procéder à la
distinction entre décentralisation et déconcentration, notions
voisines ; ensuite donner les différentes formes de
décentralisation et enfin les logiques de la décentralisation
territoriale.
1- la distinction entre décentralisation et
déconcentration
La déconcentration fait appel à une double
réalité spatiale et autoritaire. Au plan géographique, il
y déconcentration administrative lorsque les problèmes
administratifs qui se posent dans l'état sont résolus dans la
cadre géographique autre que la capitale par des autorités
administratives différentes de celles qui décident à
partir de la capitale en y résidant. Par contre décentraliser,
c'est favoriser l'émergence des centres autonomes qui cependant,
convient-il de le préciser, restent sous le contrôle de la
personne morale de droit public qu'est l'Etat.
Dans la décentralisation l'Etat central n'a pas de
pouvoir hiérarchique sur les autorités locales. Tandis que la
déconcentration suppose l'existence d'un pouvoir hiérarchique
entre la capitale, la province ; le département,
l'arrondissement ; et le district.
2- les différentes formes de
décentralisation
En droit administratif Français,2(*) on distingue habituellement la
décentralisation
territoriale de la décentralisation par
service.
La décentralisation par service consiste à
confier à une personne morale la gestion d'un
établissement public ou certains services publics. L'exemple
régulièrement cité est celui des Universités d'Etat
spécialisées dans les missions d'enseignement et de recherche. La
décentralisation territoriale quant à elle repose sur des bases
géographiques. L'autorité centrale reconnaît aux CTD
l'autonomie administrative dans une catégorie d'affaires dites locales.
Pour le législateur Camerounais la décentralisation consiste
« en un transfert par l'Etat, aux collectivités territoriales
décentralisées, de compétences particulières et de
moyens appropriés. ».3(*) Cette définition, à l'évidence
apparaît incomplète. Cependant elle est davantage
étayée par l'article 4 de la loi d'orientation de la
décentralisation qui précise les logiques de la
décentralisation territoriale.
3- les logiques de la décentralisation
territoriale
La décentralisation territoriale présente quatre
(04) logiques fondamentales :
· elle est la source d'une meilleure prise en
considération des demandes sociales, les centres de décision
étant désormais proches des conditions spécifiques de
chaque localité sur le plan économique et social ;
· elle permet de mieux gérer les services publics
en adaptant les réponses aux besoins ressentis et en rendant leur
fonctionnement plus transparent. A condition, bien entendu, que ce
raccourcissement de la distance à l'administration ne se traduise pas
par le clientélisme, voire la corruption ;
· elle rend possible une participation plus directe des
citoyens à la prise de décision comme à la gestion des
services ;
· elle permet un meilleur contrôle des
représentants élus, et elle est à ce titre un levier de la
démocratie. A condition, bien entendu, que cela ne se retourne pas
contre la cohérence de la nation et des principes de service public qui
servent à la forger.
.
B- Les fondements théoriques de la
décentralisation territoriale
Sur le plan théorique, la décentralisation
territoriale peut s'appuyer sur trois (03) bases : la théorie des
choix publics (public choice), l'approche par l'analyse des institutions et
l'approche pragmatique.
1- la théorie des choix publics
Elle est soutenue par les économistes de l'école
néoclassique ; en effet, les économistes
néoclassiques privilégient le rôle du marché dans la
détermination de l'équilibre économique. Ils
s'intéressent particulièrement au problème d'affectation
des ressources rares à travers les mécanismes du marché.
Cependant la défense du marché n'exclut pas la mise en
évidence de ses limites qui justifient l'intervention corrective de
l'Etat (Stiglitz, 2002). Mais cette intervention peut devenir nuisible à
la recherche de l'efficacité économique et sociale. D'ailleurs
les ultralibéraux de l'école du « public
choice » doutent de la capacité de l'Etat à
défendre l'intérêt général. D'après
eux le comportement bureautique des agents de l'Etat les amène à
rechercher leurs intérêts personnels. Dans ces conditions,
encourager les individus à s'organisation pour se prendre en charge et
pour ainsi dire, se protéger contre l'Etat prédateur devient une
préoccupation pertinente. Autrement dit l'adage populaire selon lequel
« nul n'est mieux servi que par soi-même » justifie
la politique de décentralisation.
C'est sur cette base que Prud'homme (1995) propose un
modèle théorique de décentralisation qu'il qualifie de
modèle pure de décentralisation. D'après ce modèle,
la décentralisation est un système dans lequel les CTD
prélèvent les impôts pour entreprendre les projets de
développement au niveau local. Ici les autorités locales sont
totalement responsabilisées.
Ce modèle assez irréaliste suppose que ce sont
les différences de goût ou de préférence qui font la
différence entre les régions décentralisées. Mais
dans la réalité les différences ne se limitent pas au
niveau des préférences ou des goûts. Les régions
d'un même pays ne sont pas toutes dotées en ressources
naturelles. On aura ainsi des régions riches et des régions
pauvres. D'où le risque de la décentralisation qui est celui de
la marginalisation des régions pauvres. Une autre hypothèse
à la base du modèle pur de décentralisation est que les
citoyens contribuables de chaque région participent au choix4(*) des décideurs locaux
à travers un processus électoral libre transparent et
honnête.
2- l'approche par l'analyse des
institutions
Cette approche s'est développée sur la base de
la théorie de l'administration et des finances publiques. Les
théories consacrées à ce courant se situent dans une
perspective différente de celles des tenants des choix publics. C'est
une approche qui va au delà des considérations purement
économiques pour retenir les facteurs politiques, les comportements des
acteurs et tous les facteurs qui affectent la mise en oeuvre de la politique de
décentralisation.
Elle est essentiellement empirique et s'appuie sur les
études du terrain pour suggérer les espaces géographiques
d'intérêt. Cette approche essaie d'édifier les sources de
recettes locales, leur pérennité et leur équité
avant de décrire les mécanismes de leur recouvrement.
A partir de cette approche on identifie souvent plusieurs
formes d'organisation de la décentralisation : la privatisation, la
déréglementation, la dévolution et la
déconcentration.
Enfin de compte, l'approche par l'analyse de la politique de
l'administration et des finances publiques semble s'intéresser à
la génération des ressources sans se préoccuper
réellement de leurs utilisations au niveau local et de leur
contrôle.
3- l'approche pragmatique
D'une manière générale la capacité
des gouvernements à mettre en oeuvre des programmes de
décentralisation efficaces dépend des facteurs sociaux,
politiques et économiques. L'approche pragmatique semble dont
l'indiquer.
En résumé on peut distinguer cinq (05)
caractéristiques d'une décentralisation démocratique
basée sur le volontarisme c'est-à-dire la volonté
politique du gouvernement central :
- la mise en oeuvre des réformes constitutionnelles et
juridiques qui définissent les pouvoirs effectifs à
transférer aux CTD ;
- mesurer les capacités d'action des acteurs au suivi
de chaque collectivité locale ;
- au sein de chaque collectivité, créer les
conditions de transparence et de responsabilisation qui permettent aux
populations de réagir en cas de nécessité.
- évaluer l'importance de la société
civile et proposer les méthodes adéquates de collaboration.
- et enfin, définir les conditions
d'amélioration de la qualité et des conditions de vie des
populations locales.
Plusieurs politiques de décentralisation territoriale
tirent leur fondement théorique de ces trois approches. Tel est le cas
de la politique de décentralisation menée au Cameroun qui
constitue, selon notre analyse, un regroupement des critères de ces
différentes approches.
**
II-L'ADMINISTRATION MUNICIPALE AU CAMEROUN :
Un cadre institutionnel en voie de
réforme
Il s'agit pour nous de présenter l'administration
municipale telle qu'elle se vit aujourd'hui avant d'analyser ce qu'on pourrait
appeler la « nouvelle décentralisation » au
Cameroun.
A- l'administration municipale actuelle
Nous examinerons les types de CTD, la coopération
intercommunale et décentralisée et enfin la tutelle sur les
CTD.
1-les types de collectivités
territoriales décentralisées
Il nous semble objectif de regrouper les CTD en deux (02)
types à savoir : Les collectivités à statut
dérogatoire d'une part, les communes urbaines et rurales d'autre
part.
a- les collectivités territoriales à
statut dérogatoire
Elles sont de deux (02) types : les communautés
urbaines de Douala et Yaoundé et les communes urbaines à
régime spécial.
L'introduction de la notion de communauté urbaine dans
la typologie communale date de 1987. La loi du 15 Juillet 1987 spécifie
que la communauté urbaine est une collectivité publique
décentralisée. Les deux communautés urbaines sont
subdivisées en onze (11) CUA en raison de cinq (05) à Douala et
six (06) à Yaoundé. Les organes de la communauté urbaine
sont le conseil de communauté, organe délibérant et le
Délégué du gouvernement5(*) assurant les fonctions dévolues au Maire dans
les autres types de communes. Le conseil de communauté est
composé des Maires des CUA et des conseillés municipaux
élus en sein par les CM des CUA à raison de cinq (05)
délégués par CM. Le délégué du
gouvernement est assisté d'un ou de plusieurs adjoints nommés
respectivement par décret du PR et par arrêté du PM. La loi
N° 87/015 du 15 Juillet 1987 portant création des
communautés urbaines attribue à la communauté urbaine et
aux CUA des compétences dans les domaines économique, social,
culturel et sportif.
Quant aux communes urbaines à régime
spécial, elles ont été introduites par la loi du
1er Mars 1967, modifiant le statut de la commune de plein et de
moyen exercice. De nos jours, neuf (09) au total sont administrées
suivant ce mode. Le CM de ces collectivités est présidé
par un président assisté de vice-présidents, tous
élus dans les mêmes conditions que les Maires et les adjoints des
CUA. L'exécutif est assuré par un délégué du
gouvernement assisté d'adjoints, nommé respectivement par le PR
et le PM.
b- les communes urbaines et
rurales
Nous distinguons ici les communes urbaines dites
« simples » et les communes rurales.
Le terme « simple », dans communes
urbaines simples, est employé pour faire la différence entre ces
communes et les communes urbaines à régime spécial sus
évoquées. Toutefois, la différence au plan institutionnel
vient du fait que de nombreuses communes urbaines simples possèdent un
noyau urbanisé comparable au centre urbain de certaines communes
urbaines à régime spécial ; à l'inverse ces
communes urbaines simples ne se limitent pas au périmètre urbain
mais vont au delà en y incluant une vaste couronne rurale. A la
différence avec les communes urbaines à régime
spécial, les communes urbaines simples ont à leurs têtes un
exécutif communal composé d'un Maire et des adjoints. Ceux-ci
sont élus au sein du CM et fonctionnent comme les CUA. Onze (11)
communes au total sont administrées suivant ce mode.
Quant aux communes rurales, leur ressort territorial
s'étend à la fois sur les agglomérations urbaines ou non
et sur les zones rurales. Les CR recouvrent le plus souvent un noyau urbain
plus ou moins important et une large couronne rurale. Depuis le décret
de 1977, définissant les limites territoriales des communes, plusieurs
communes de ce type ont été créées mais très
peu ont été érigées en commune urbaine. Pourtant le
phénomène d'urbanisation a pris beaucoup d'ampleur ces
dernières années tel que le noyau urbain de nombreuses CR
mérite aujourd'hui d'être érigé en commune urbaine.
Toutefois les organes et modes de fonctionnement restant les mêmes que
dans les communes urbaines dites simples.
Aujourd'hui, l'administration municipale compte trois cent dix
sept (317) communes rurales réparties sur toute l'étendu du
territoire national. Cette catégorie de CTD représente à
elle seule 93,5% de l'ensemble des CTD du Cameroun. Toutefois, la distinction
entre CUA, communes urbaines simples et CR ne tient plus qu'a la
présence ou non d'une zone rurale ou d'une zone urbaine ; les
attributions et les modes de désignation des responsables étant
désormais uniformes.
2- la coopération intercommunale et
décentralisée
La coopération transnationale est fondée sur la
disposition transfrontalière du décret 77/25 du 25 Mars 1977
déterminant les pouvoirs de tutelle, qui précise en son article
29 que « le Ministre de l'administration territoriale décide
des missions à accomplir hors du territoire national par les
délégués du gouvernement, les maires et les
administrateurs municipaux ainsi que de l'opportunité de jumelage des
communes avec celles des pays étrangers .» les associations
des communes, le champ de coopération internationale et la
coopération Etat-CTD sont les trois points que l'on peut relever dans le
domaine de la coopération internationale et décentralisée
au Cameroun.
a- les associations des communes
Le retour à une vie démocratique a permis de
noter la volonté des villes et communes de se regrouper sous forme
d'associations. Seulement l'absence d'objectifs précis et l'inexistence
d'actions concertées permet de douter de l'efficacité de cette
ambition de solidarité limitée au demeurant par le poids des
rivalités politiques nées du clivage pouvoir/opposition.
On dénombre ainsi deux associations antagonistes qui se
partagent le champ de la solidarité intercommunale. Il s'agit de
l'association des maires des villes et communes du Cameroun (AMVC) qui regroupe
l'ensemble des communes contrôlées par les conseillés issus
du rassemblement démocratique du peuple camerounais, parti politique au
pouvoir et de la majorité présidentielle ; et l'union des
Mairies et villes du Cameroun (UMVC) qui regroupe quant à elle le reste
des communes contrôlées par diverses formations politiques de
l'opposition.
b- le champ de la coopération
internationale
Pour l'essentiel, l'ensemble des deux associations sus
évoquées s'essaie sur le terrain de la coopération
internationale décentralisé. Celle-ci apparaît plus comme
un mode de captation de nombreux financement plutôt comme moyen
véritable de relancer la coopération intercommunale.
Certes, de nombreux CTD sont en partenariat avec les
collectivités territoriales étrangères dans le cadre des
politiques de jumelage mais l'absence des objectifs précis sous-tendus
par de véritables projets de développement ne permet pas une
évaluation objective de ce mode de coopération qui s'apparente
plus comme l'arrimage à des tuteurs nantis dans le but d'obtenir les
moyens de subsistance institutionnelle qu'il ne constitue en
réalité un véritable procédé
d'échanges.
L'Etat de la coopération internationale des CTD du
Cameroun peut se récapituler dans le tableau ci après :
Tableau 1-1 : Etat de la
coopération entre collectivités Camerounaises et
collectivités étrangères
CTD
Camerounaises
|
Province
|
CTD Etrangères
|
Pays
|
Communauté urbaine de Yaoundé
|
Centre
|
Shenyang
|
Chine
|
Communauté urbaine de Douala
|
Littoral
|
- Philadelphie
- Casablanca
- Trieste
- Stans burg
- Dakar
|
- USA
- Maroc
- Italie
- France
- Sénégal
|
C.U Garoua
|
Nord
|
- Edmonton
- Sale - bery -de - valley
|
Canada
|
C.U Limbe
|
Sud-Ouest
|
Seattle
|
USA
|
CU.Edéa
|
Littoral
|
pierre fonds
|
Canada
|
CU.Ebolowa
|
Sud
|
Lugano
|
Italie
|
CR Buéa
|
Sud-ouest
|
Tuskegee
|
USA
|
CR Kribi
|
Sud
|
- Saint Nazaire
- Lugano
|
France Italie
|
CR Bokito
|
Centre
|
Granby
|
Canada
|
CR Ngambé
|
Littoral
|
Château- Goutier
|
France
|
CR Bandjoun
|
Ouest
|
Aubignan
|
France
|
CU Eseka
|
centre
|
Hauskesburg
|
Canada
|
CR Rey-bouba
|
Nord
|
Saint - Gobi
|
France
|
CR Garoua
|
Nord
|
- Chartres
- Varèse
|
- France
- Italie
|
CR Mankom
|
Nord-ouest
|
Easton ville
|
USA
|
Source : MINATD/DCTD.
Cette distribution de la coopération internationale des
CTD apparaît très marginale vu le nombre très
élevé de collectivités locales au Cameroun. En effet sur
un total de trois cent trente neuf (339) CTD, seul quinze (15) sont en
coopération internationale. Ce qui justifie l'inertie de cette forme de
coopération qui pourtant pourrait fournir aux élus locaux de
nouvelles sources de financement pour leurs projets de développement.
c- La coopération Etat - CTD
Elle s'analyse à travers deux (02) institutions :
le fond spécial d'équipement et l'intervention intercommunal
(FEICOM) et le centre de formation pour l'administration municipale (CEFAM).
La création du FEICOM remonte au décret 77/85 du
22 Mai 97 fixant les modalités de fonctionnement et de gestion de cette
institution. Il s'agit d'un établissement public et administratif
placé sous l'autorité d'un comité de gestion et
doté de l'autonomie financière. Les missions assignées
à cet organisme visent : la promotion de l'entraide aux communes
par les avances de trésorerie notamment le financement des travaux
d'investissements communaux et intercommunaux ; et la couverture des frais
relatifs à la formation du personnel communal et du personnel
d'état civil. Donc la coopération Etat-CTD, à travers le
FEICOM est une coopération financière.
Quant au CEFAM, c'est un établissement public
créé par le décret du 07 décembre 1977. Doté
de la personnalité juridique et de l'autonomie financière, le
CEFAM est placé sous l'autorité du MINATD et a pour mission
d'assurer la formation, le perfectionnement et le recyclage des personnels
administratifs et techniques de la commune, des syndicats des communes et des
établissements communaux, des personnels chargés de la tutelle
des communes et des personnels chargés de l'état civil.D'une
manière générale la coopération Etat-CTD est une
coopération de formation des acteurs locaux et de financement des
collectivités locales.
3- la tutelle de l'Etat sur les collectivités
locales
Au Cameroun, l'appellation tutelle est utilisée pour
désigner l'ensemble des contrôles exercés par les
représentants de l'Etat sur les organes et les actes des CTD en vue
de :
- faire respecter la légalité ;
- préserver l'intérêt de l'Etat face aux
intérêts particuliers ou locaux ;
- éviter les abus de toute sorte.
L'examen de la tutelle de l'Etat sur les CTD nous amène
à distinguer les autorités de tutelle, les modalités
d'exercice de la tutelle et les autres contrôles.
a- les autorités de tutelle
En principe, la tutelle de l'Etat sur les CTD appartient au
Ministre de l'ATD, mais de larges prérogatives sont dévolues dans
ce domaine aux autorités déconcentrées, dans l'esprit des
dispositions de la loi du 18 Janvier 1996, une intervention du PR est toujours
possible.
Les pouvoirs de tutelle sont exercés par le MINATD et,
sous son contrôle, par les gouverneurs et les préfets6(*) . A cet effet, tout acte pris
par les gouverneurs ou les préfets dans le cadre de l'exercice de la
tutelle est immédiatement adressé au MINATD. Celui-ci dispose,
à l'échelle centrale, pour l'assister dans l'exercice de cette
mission, d'une direction des CTD. Au niveau des Provinces, la
compétence échoit au gouverneur qui est assisté pour ce
faire d'un service provincial des communes.
A l'échelon du département, le préfet est
éventuellement compétant et dispose d'un bureau qui suit les
activités des communes tout en précédant à
l'étude technique des dossiers qui en émanent.
Les autorités de tutelle d'une manière
générale sont investies en plus d'une mission permanente
d'assistance, de coordination, d'information et de contrôle auprès
des CTD et établissements communaux.
b- les modalités d'exercice de la
tutelle.
D'une manière générale, la tutelle porte
en même temps sur les personnes et sur les actes.
A l'égard des personnes, les autorités de
tutelle disposent réellement d'un pouvoir de sanction sur les magistrats
municipaux. Le Ministre de l'ATD constate l'élection du CM, du Maire et
de ses adjoints.
Il détient en outre le pouvoir d'annuler une
élection en cas l'irrégularité dans le déroulement
du scrutin et de désigner un intérimaire, parmi les cinq (05)
conseillés les plus âgés jusqu'à l'élection
du nouveau maire.
Le délégué du gouvernement est
nommé par le décret du PR, les adjoints par arrêté
du PM. Le Ministre de l'ATD nomme et met fin aux fonctions de secrétaire
général de mairie et de comptable matières (sur
proposition du magistrat municipal intéressé) et de receveur
municipal (conjointement avec le MINEFI). Le gouverneur détient le
pouvoir de désigner un intérimaire parmi les adjoints en cas de
décès, de démission ou de tout autre empêchement du
Maire. Pour des fautes mineures, le préfet a qualité d'adresser
un avertissement ou d'infliger un blâme au président du CM, au
délégué du gouvernement ou au Maire.
Quant à la tutelle sur les actes, elle consiste en
l'approbation préalable, la substitution ou l'annulation des actes des
magistrats et des CM suivant un régime également
déterminé par la loi.
c- les autres contrôles
La loi n°90 /057 du 19 décembre 1990 modifiant et
complétant les dispositions de la loi n°74/23 du 05 décembre
1974 portant organisation communale stipule à son article 90 que
l'ensemble de la comptabilité des communes est tenue à la
disposition des organismes de contrôle de l'Etat.
Ces contrôles revêtent plusieurs formes :
- le contrôle des commissaires aux comptes ;
- le contrôle des audits indépendants ;
- les contrôles réciproques ordonnateur
comptable
- les contrôles juridictionnels.
Toutefois de nombreux actes des organes de la commune
subissent un contrôle à priori ou à posteriori des
différentes administrations.
On peut citer dans ce cas :
- les interventions du MINDUH ;
- les autorisations préalables à obtenir du
MINDAF avant tout aliénation du domaine privé communal et
l'utilisation du domaine public communal ;
- Les contrôles des administrations chargées des
forêts sur les initiatives des municipalités pour se doter d'un
patrimoine forestier.
En définitive la rigidité du régime
actuel constitue un aspect négatif pour l'autonomie des CTD et ne cadre
pas avec l'esprit de libre administration et d'autonomie financière
consacré par les textes. L'une des raisons de la publication de
nouvelles lois sur le processus de décentralisation réside bel et
bien dans le souci de clarification de la chose. Il s'est agi pour le
législateur de donner une vision plus claire du processus de
décentralisation territorial en votant un ensemble de textes qui
définissent ce que nous appelons la « nouvelle
décentralisation territoriale » au Cameroun. C'est ce qui fait
l'objet de notre examen dans la suite.
B- la « nouvelle décentralisation
territoriale » au Cameroun
Les lois du 22 Juin 2004 marquent une rupture par rapport
à la situation actuelle. Elles seront complétées par de
nombreuses lois et inaugurent une politique nouvelle que l'on dénomme
ici la « nouvelle décentralisation
territoriale ».
L'examen de ces nouvelles lois nous conduit à la mise
en exergue de deux (02) éléments qui constituent la
nouveauté par rapport aux anciennes lois. Ces éléments
sont : les types de CTD et les compétences à
transférer.
1- les types de collectivités territoriales
décentralisées
D'après la constitution du 18 Janvier 1996 et la loi
n°2004/017 du 22 Juillet 2004 portant orientation de la
décentralisation, les CTD de la république sont les
régions et les communes. Toutefois le statut de communauté
urbaine, en raison de la particularité de certaines villes, reste
maintenu.
Selon l'article 61, alinéa 1, de la constitution, les
dix provinces du Cameroun constituent les régions à l'heure
actuelle. La région dispose deux (02) organes pour son fonctionnement,
le conseil régional et le président du conseil régional.
Le conseil régional est l'organe délibérant de la
région. Il est composé des conseillés régionaux
élus pour un mandat de cinq (05) ans. Les conseillés
régionaux représentent les départements et le commandement
traditionnel.
Quant au président du conseil régional, il
assure l'exécutif de la région et est assisté par un
bureau régional élu en même temps que lui au sein du
conseil. Le bureau régional doit refléter la composition
sociologique de la région. Il est composé d'un premier
vice-président, d'un deuxième vice-président de deux (02)
questeurs et deux secrétaires. Les modalités de fonctionnement,
les attributions sont définies par la loi7(*)
En ce qui concerne les communes, les nouvelles lois sur la
décentralisation marquent une rupture dans la distinction communes
rurales/communes urbaines simples/et communes urbaines à régime
spécial. Ainsi en dehors des régions qui se situent au niveau
provincial, les départements les arrondissements et les districts seront
tous dotés en CTD appelées tout simplement
« communes ».
Toutefois les lois ont maintenu le statut de communauté
urbaine et CUA attribués aux deux villes (Yaoundé Douala) et
à leurs subdivisions ; en raison de leur particularité et de
leur situation stratégique. Mais la reconnaissance de ce statut n'a pas
été confirmée pour le cas de ces deux villes capitales.
Il est aussi important de souligner que les organes de
fonctionnement, les attributions, que ce soit dans les communes que dans les
communautés urbaines et CUA, restent les mêmes que ceux
prévus dans les anciennes lois.
2- les compétences à
transférer8
Selon l'article 15 alinéa 1 de la loi n°2004/017
portant orientation de la décentralisation, « l'état
transfère aux CTD, dans les conditions fixées par la loi, des
compétences dans les matières nécessaires à leur
développement économique, social, sanitaire, éducatif,
culturel et sportif. » Ces compétences ne sont pas exclusives,
elles sont exercées de manière concurrente par l'état et
les CTD.
Au terme de l'analyse des nouvelles lois sur le processus de
décentralisation territoriale au Cameroun, nous constatons que, vu les
multiples difficultés rencontrées par les organes locaux, la
mise en oeuvre de cette nouvelle politique heurtera à des
problèmes dont il est important d'examiner dans la deuxième
section de ce chapitre.
Section 2 : LES PROBLEMES LIES A LA MISE
EN OEUVRE DE LA DECENTRALISATION AU CAMEROUN.
Les problèmes liés à la mise en oeuvre de
la décentralisation territoriale au Cameroun intègrent non
seulement les problèmes typiquement institutionnels, mais aussi ceux
liés à la situation économique très
défavorable.
I. LES PROBLEMES INSTITUTIONNELS
Nous examinerons tour à tour le problème de
renforcement des capacités locales, le problème de modernisation
de la gestion locale, la prépondérance de la tutelle sur les CTD
et le problème de réorganisation des services communaux.
A. le problème de renforcement des
capacités locales
Le renforcement des capacités locales passe par trois
éléments primordiaux à savoir : les ressources
humaines, les ressources matérielles et les ressources
financières.
1. Les ressources humaines
Le problème de la qualité et la quantité
des ressources humaines dans les collectivités locales est un
problème crucial de nos jours. Il se caractérise par le manque de
cadres compétents capables de définir et de concevoir des
stratégies de gestion de CTD ; l'insuffisance en nombre des
personnels communaux et l'incapacité de certains magistrats municipaux
à comprendre les outils de gestion commerciale et à impulser une
politique efficace et efficiente de gestion des affaires locales.
Or le cadre réglementaire définit clairement les
différentes catégories de personnels que la collectivité
locale peut employer. Il ressort de ce cadre que les ingénieurs, les
docteurs, les professeurs agrégés peuvent être
employés dans les collectivités locales. Or il n'en est pas le
cas dans l'état actuel des personnels communaux. Ainsi les
collectivités locales font face à un paradoxe, l'insuffisance des
ressources financières et le besoin en personnels compétents et
hautement qualifiés.
L'exception est faite ici par les communautés urbaines
où des ingénieurs et des personnels titulaires des diplômes
universitaires sont employés. Mais dans les autres communes,
caractérisées par la faiblesse en ressources financières,
le personnel est en majorité formé des agents titulaire du CEPE,
du Brevet ou sortis du CEFAM.
Fort de ce constat, il est clair que la mise en oeuvre de la
décentralisation se heurte au problème de manque de
capacité en ressources humaines, surtout au vu des
compétences énormes à transférer aux CTD. Il
apparaît urgent que la politique de renforcement des CTD en
capacités humaines soit accélérée pour leur bonne
intégration dans le processus de décentralisation. Selon une
étude réalisée par le PACDDU, les personnels de la commune
se regroupent en quatre (04) classes reparties dans le tableau
ci-après.
Tableau 1-2: répartition des
personnels de la commune par catégorie socioprofessionnelle.
Classes
|
Postes et empois
|
Classe 1
|
Secrétaire général
|
Inspecteur des services communaux
|
Chefs de service
|
Classe 2
|
Chef de cellule et assimilés
|
Fondé de pouvoir
|
Classe 3
|
Chef de bureau
|
Secrétaire particulier
|
Secrétaire de direction
|
Classe 4
|
Responsables de fonctions à l'intérieur des
bureaux
|
Chefs d'équipes
|
Source : PACDDU- Union
Européenne.
Selon nos enquêtes et comparaisons effectuées
sur le terrain, seules les communautés urbaines de Douala et
Yaoundé disposent effectivement des personnels de classes 1 et 2. Les
autres CTD recrutent dans les catégories 3 et 4. Cette expérience
du PACDDU peut être enrichissante pour les CTD, surtout quelle a
été réalisée en tenant compte des
potentialités financières des communes les plus pauvres.
2. les ressources matérielles
Beaucoup de CTD aujourd'hui éprouve des besoins
énormes en ressources matérielles. Ceci est d'autant plus
important que certaines collectivités locales ne disposent même
pas de siège abritant leurs différents services.
Une évaluation des principaux biens matériels
dont peuvent avoir besoin les CTD fait ressortir :
-les abattoirs -immeubles bâtis
-les boutiques -immeuble bâtis
-calculatrices, photocopieurs -kiosques
-centres de santé -logements
-écoles, -marchés
-engins lourds -matériels informatiques
-foyers culturels -motos et engins à deux
roues
-groupe électrogène/tronçonneuse
-mobiliers
-garages -véhicules de transport
-hôtels, bureau, magasin, atelier - etc.
L'insuffisance ou l'inexistence de ces biens dans les CTD
est une preuve que la mise en oeuvre de décentralisation
nécessite de dépenses énormes en ressources
matérielles. L'une des solutions est que le transfert de
compétences par l'Etat, aux CTD s'accompagne d'un transfert des
ressources matérielles.
3. Les ressources financières
Le problème des ressources financières est un
problème qui n'est pas seulement l'apanage des CTD, car l'Etat central
même en éprouve d'énormes difficultés. Ce
problème est beaucoup plus accentué dans des économies
locales où il est difficile de recouvrer une quelconque taxe communale.
Ce problème ne peut d'ailleurs être résolu
que par l'Etat Central par la définition des modalités de
financement des CTD et en prévoyant des cas d'intervention lorsque la
nécessité s'impose.
B. Le problème de modernisation de la gestion
locale
Malgré les exigences de modernisation définies
dans les lois et règlements en matière de gestion des finances
publiques, plusieurs maires se contentent encore d'une gestion traditionnelle
et archaïque des deniers de la commune. Pourtant les autorités
locales doivent se conformer à la nomenclature budgétaire lors de
l'élaboration, du vote, de l'exécution et de la production du
compte administratif et du compte de gestion enfin d'exerce.
Selon le nouveau plan comptable sectoriel communal, la
gestion locale doit être caractérisée par la distinction
entre les opérations comptables du magistrat municipal,
regroupées dans la comptabilité de l'ordonnateur et les
opérations comptables du receveur municipal, regroupées quant
à elles dans la comptabilité du comptable des derniers. A chaque
fin d'exercice budgétaire, le magistrat municipal doit tenir un compte
administratif, qui retrace l'ensemble des recettes et leurs utilisations
réelles au cours de l'année. Ce compte doit être
approuvé par la tutelle. Par contre, le receveur municipal tient le
compte de gestion qui doit avoir le même résultat que le compte
administratif. Cette distinction de procédures a été
conçue dans l'optique de permettre une gestion honnête des
recettes locales à travers les contrôles réciproques
ordonnateur/ comptable.
Force est donc de constater que dans bon nombre de CTD
aujourd'hui cette procédure de gestion n'est pas encore
réellement mise en oeuvre, et dans les CTD où elle est
déjà appliquée, les procédures connaissent
toujours des débordements . Malgré les différents
séminaires de formation organisés par le PACDDU sur toute
l'étendue du territoire nationale, les responsables des services locaux
ne maîtrisent pas encore les outils de gestion des ressources locales.
Ceci est d'autant vrai que dans presque toutes des collectivités
territoriales, à l'exception des communautés urbaines, les
receveurs municipaux n`élaborent jamais leurs comptes de gestion.
Le caractère archaïque de la gestion locale ainsi
présentée ne garantit pas la bonne gestion des ressources
énormes qui seront transférées aux CTD, après
transfert de compétences. L'Etat central, acteur principal dans la mise
en oeuvre de la décentralisation, devrait donc insister sur la
modernisation des circuits de gestion locale, par exemple par la
multiplication des séminaires de formation des gestionnaires locaux et
la définition des critères de recrutement à certains
postes de responsabilité au niveau local.
C- La prépondérance de la tutelle sur les
collectivités territoriales décentralisées.
De toute évidence, la tutelle sur les CTD
semble avoir été conçue dès le départ
dans le louable dessein de remédier aux insuffisances des organes
municipaux. Aujourd'hui, elle constitue une menace qui pèse sur
l'idée même de décentralisation et apparaît à
l'analyse comme la cause majeure des carences que l'on peut relever
ça et là. On relève ainsi par exemple des situations
où des actions menées par les autorités de
tutelle sont entreprises pour le compte des collectivités sans que
les organes compétents de ces dernières aient eu à en
débattre. Et même dans les cas où elles sont
informées, leur volonté n'est généralement pas
prise en compte, les autorités de tutelle décidant parfois contre
leur gré. La rigidité du régime actuel de la tutelle
constitue un aspect négatif pour l'autonomie des CTD et ne cadre pas
avec l'esprit de libre administration et d'autonomie financière
consacré par les textes. Ceci est d'autant vrai qu'à regarder les
choses de prêt, on peut s'apercevoir que le pouvoir exécutif
dispose d'une gamme très large des moyens propres à redresser un
fonctionnement défectueux des collectivités locales. L'un de ces
moyens est la responsabilité juridique des gestionnaires locaux au
détriment d'une responsabilité administrative.
La tutelle de l'Etat pourra porter sur les capacités
d'analyse, l'appui technique, les aides à la décision, la
garantie des emprunts jusqu'à des seuils bien définis, la mise
en place de cadres institutionnels adéquats et incitatifs, ainsi que des
processus stimulants. Elle pourra également porter sur l'aide à
la définition des objectifs, une information adéquate, ou encore
une définition claire des cadres de coopération et des
modalités de leur utilisation.
L'élimination des pratiques d'approbation
préalable, de substitution d'annulation ou de nomination au
bénéfice de la responsabilité juridique des organes et
agents locaux et d'une consolidation de la démocratie, favoriserait la
mise en oeuvre très accélérée du processus de
décentralisation territoriale.
D- Le problème de réorganisation des
services communaux.
Le transfert de nouvelles compétences aux CTD implique
la réorganisation voire la création des services nouveaux au sein
de chaque collectivité locale.
Dans l'organisation actuelle des services communaux, les
constats se dégagent :
- La faible ou mauvaise structuration des services,
caractérisée par ailleurs par la couverture partielle des
missions dévolues aux communes ;
- Le fonctionnement de la majorité des CTD repose sur
une organisation embryonnaire, floue et généralement non
formalisée même lorsque les organigrammes existent, ceux-ci sont
très partiellement appliqués ;
- Aucune CTD ne dispose d'une définition écrite
des attributions des postes de travail ;
- Les délégations de pouvoirs au profit des
responsables de services sont rarement formalisées par un acte
écrit du chef de l'exécutif. Par ailleurs on note dans
l'ensemble, une forte concentration des pouvoirs entre les mains de celui-ci,
ce qui laisse très peu d'initiatives à ses
collaborateurs ;
- Plusieurs communes ne disposent pas d'un manuel
régissant son fonctionnement en matière administrative, technique
et financière ;
Tous ces problèmes constituent des freins à la
mise en oeuvre de la décentralisation. Selon une étude
réalisé par le PACDDU, pour l'exécution des ses missions,
la commune dispose :
- de service rattachés au Maire/
Délégué du gouvernement ;
- d'un secrétariat général ;
- d'un service de l'état civil, des affaires juridiques
et de la documentation ;
d'un service
technique, de l'aménagement et du développement urbains ;
- d'un service d'hygiène, de la salubrité et de
la protection civile et de l'environnement ;
- de services extérieures rattachés ;
Ainsi toute réorganisation des CTD, en ces
différents services, exige les ressources financières et humaines
énormes. Or l'état des finances locales actuel ne permet pas aux
CTD de procéder à une quelconque augmentation des charges.
Donc le problème de réorganisation des services
communaux est totalement tributaire de la santé financière de la
collectivité et de son étendue territoriale.
En dehors de ces problèmes typiquement institutionnels,
nous distinguons aussi ceux dus à la situation économique
très défavorable.
II-LES PROBLEMES DUS A LA SITUATION
ECONOMIQUE TRES DEFAVORABLE.
Nous relevons deux (02) problèmes fondamentaux :
l'accroissement de la pauvreté et le désengagement de l'Etat des
secteurs d'activités de base.
A- L'accroissement de la pauvreté.
Plusieurs rapports officiels ont montré que la
pauvreté s'est accrue au Cameroun, comme du reste dans presque tous les
autres Etats d'Afrique Le phénomène a été notamment
marqué par la faible valeur ajoutée des activités,
l'insuffisance voire la rareté des moyens financiers, la baisse et la
faiblesse des revenus, l'accroissement du chômage, surtout celui des
jeunes, et singulièrement des jeunes diplômés.
La conjonction de toutes ces données (et bien d'autres
non énumérées ici) a comme corollaire la faiblesse des
ressources fiscales, et par conséquent une baisse importante des revenus
des communes. Ceci signifie donc que les CTD attendent plus des dotations de
l'Etat que de leurs propres revenus pour faire face aux nouveaux défis
qui les interpellent dans le cadre de la décentralisation. Le challenge
consiste donc à mettre en place une véritable politique de
mobilisation de toutes les ressources. Une telle mobilisation ne peut
réussir qu'à partir de la base. C'est là que les citoyens
ont la possibilité d'exprimer leurs préoccupations, de modeler
leur avenir, et d'oeuvrer eux-mêmes à leur développement.
Or ce sont ces mêmes populations à la base qui éprouvent
d'énormes problèmes de pauvreté aujourd'hui. Face à
ce paradoxe on ne pose des questions sur les capacités de ces
populations à financer leur développement local, condition sine
que non de l'autonomie financière des CTD et voire de la
réussite du processus de décentralisation dans un Etat où
le centre est déjà lui-même absorbé par des
problèmes.
B- Le désengagement de l'Etat des secteurs
d'activités de base.
L'Etat du Cameroun s'est engagé dans une politique
résolue de déréglementation et de libéralisation.
Cette politique a entraîné son désengagement de plusieurs
secteurs d'activités considérés comme les plus
nécessiteux pour les populations à la base. Parmi ces services
nous Pouvons citer : l'eau et l'électricité.
Malheureusement, se désengagement de l'état , qui est une
bonne chose en soit, s'est effectué sans que d'autres acteurs aient
été suffisamment préparés à prendre
efficacement la relève, alors que l'on assiste à une demande
grandissante de ces services à la base. On se demande ainsi si les CTD
les plus pauvres seront à mesure de fournir les services comme l'eau et
l'électricité à leurs populations, profondément
affaiblies par la pauvreté.
Cette section nous a ainsi permis de déchiffrer les
différents problèmes qui peuvent freiner la mise en oeuvre du
processus de décentralisation. Nous avons distingué les
problèmes institutionnels et ceux dus à la situation
économique. Du premier point, il ressort que le renforcement des
capacités locales en ressources humaines, matérielles et
financières ; le renforcement de la gestion locale,
l'aménagement de la tutelle et la mise en oeuvre des institutions
paraissent nécessaires à la mise en oeuvre de la
décentralisation. Le deuxième point, quant à lui, nous a
conduit à relever que la montée de la pauvreté et le
désengagement de l'état des secteurs d'activité de base
constituent des freins au processus de décentralisation.
CONCLUSION DU CHAPITRE
L'objet du chapitre était de présenter le cadre
institutionnel du processus de décentralisation territoriale au
Cameroun.
Notre démarche a donc consisté dans un premier
temps à examiner les différentes conceptions de la
décentralisation et à présenter l'administration
municipale telle qu'elle se vit et telle qu'elle est prévue par les
textes.
Ainsi par rapport au thème de notre mémoire il
s'avère que la décentralisation qui nous intéresse est la
décentralisation territoriale. Celle-ci présente des logiques et
repose sur un cadre théorique bien précis. L'étude de ce
processus au Cameroun nous révèle l'existence de deux cadres
institutionnels. Toutefois en attendant les textes d'application relatifs au
second cadre, le Cameroun continue de fonctionner sur l'égide des
anciennes lois.
Il s'est agi dans un second temps, et cela à la
lumière des nouvelles orientations de la décentralisation
prévues dans les lois du 22 juillet 2004, de relever les
différents problèmes qui pourraient retarder la mise en oeuvre du
processus. Il s'agit en effet du manque des capacités locales, de la
mauvaise gestion des élus locaux, de la prépondérance de
la tutelle sur les CTD, de l'organisation embryonnaire des services communaux
et de la mauvaise conjoncture économique, caractérisée
essentiellement par la pauvreté et le désengagement de l'Etat des
secteurs prépondérants à savoir l'eau et
l'électricité.
Ainsi après une trentaine d'années d'application
des textes législatifs sur la réforme de l'administration
municipale, il est possible de porter un regard sur l'expérience de la
décentralisation et procéder à un bilan exhaustif de ses
succès comme de ses échecs serait plus complexe et risquerait
surtout de conduire à des erreurs de perception : la mise en oeuvre
de la décentralisation ne se ramène pas à l'application
des lois, mais à l'apparition de nouveaux comportements et de nouvelles
demandes9(*). Mieux vaut
donc tirer de l'observation des expériences quelques enseignements et
formuler des prévisions alternatives sur ce type de
société à laquelle la décentralisation peut nous
conduire.
Toutefois, la réussite de tout projet de
décentralisation repose sur la capacité des CTD à
satisfaire leurs missions. C'est pourquoi l'examen au chapitre suivant, de
l'importance du financement des CTD nous parait nécessaire.
CHAPITRE 2 : LE
FINANCEMENT DES COLLECTIVITES TERRITORIALES DECENTRALISEES : LA CLE DE
VOUTE DU SUCCES DE LA
DECENTRALISATION
Introduction
Le problème du financement des CTD est depuis toujours
posé et n'a jamais été résolu de façon
satisfaisante, alors qu'il est au coeur de la décentralisation. Il faut
reconnaître que, dans la plupart des pays occidentaux à l'exemple
de la France contemporaine, sa solution est particulièrement
délicate pour trois (03) raisons qui sont les suivantes 1(*)0:
- le nombre et l'inégalité des
collectivités de même niveau ; il est facile de comprendre
que la fiscalité directe ne peut pas être raisonnablement assise
sur les mêmes bases pour une commune rurale de cinq cent (500) habitants
et pour une grande ville, centre d'agglomération ;
- la multiplicité des objectifs poursuivis qui peuvent
se révéler à l'expérience incompatibles;
- la décentralisation rend à la fois plus
urgente et plus malaisée la refonte totale du système, ainsi,
elle crée de nouvelles charges pour les communes et les régions,
et il semble juste que l'Etat en assure l'exacte compensation par les
dotations.
C'est fort de cette réalité que le financement
des CTD apparaît comme la pierre angulaire de tout processus de
décentralisation. Ainsi sans réponse adéquate au
problème de financement des collectivités locales, il faudra
craindre des conséquences graves pour le développement
économique national, l'évolution sociale et la vie quotidienne
des populations.
Notre ambition dans ce chapitre est donc, après avoir
présenté le cadre institutionnel du processus de
décentralisation territoriale, d'apprécier l'importance du
financement pour le succès de ladite politique.
Il s'agira en fait de montrer en quoi le financement
apparaît important dans le processus de décentralisation
au Cameroun, ensuite présenter les
différents risques qui pourraient survenir dans le cas où cette
politique de financement connaîtrait un échec.
Section 1. L'IMPORTANCE DU FINANCEMENT DANS LE
PROCESSUS DE DECENTRALISATION
Le financement des collectivités locales apparaît
comme la clé de voûte du succès du processus de
décentralisation, car la réussite de celui-ci permet de
garantir les principes fondamentaux de la décentralisation et
d'étendre le pouvoir des autorités locales.
I- GARANTIR LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA
DECENTRLISATION
La décentralisation territoriale
repose sur un ensemble de principes que nous pouvons regrouper en deux grands
groupes : les principes de base et les principes de finances locales.
A- Les principes de base
Il s'agit en fait des principes politico- juridiques qui
doivent gouverner l'action des autorités locales. Nous distinguons,
à cet effet, trois (03) grands principes de base à savoir :
le principe de libre administration, le principe de subsidiarité et le
principe de démocratie locale.
1- Le principe de libre administration
Le principe de libre administration est énoncé
dans la constitution du 18 janvier 1996 et réaffirmé par la loi
n°2004/017 portant orientation de la décentralisation au
Cameroun ;
Selon cette loi, les CTD sont des personnes morales de droit
public. A ce titre, elles jouissent de l'autonomie, c'est-à-dire
s'administrent librement par des conseils élus et dans les conditions
fixées par la loi. Par « libre administration », il
faut entendre : l'existence d'une sphère de compétences
locales délimitées et garanties par la loi à
l'intérieur de laquelle la collectivité décide seule, sauf
à subir la censure de la juridiction administrative
éventuellement actionnée par le représentant du pouvoir
central. Ainsi, aucune liberté politique n'est reconnue aux
collectivités locales, de telle sorte que l'unité de la nation
n'est pas mise en cause conformément à l'article 1er,
alinéa 2 de la constitution 1(*)1.
Il est donc important de noter qu'aucune liberté
d'administration ne peut être reconnue aux CTD, si elles dépendent
financièrement de l'Etat central. Bien évidemment, la
contribution de l'Etat au financement de la décentralisation reste
nécessaire pour assurer un certain équilibre dans le
développement locale, mais cette contribution ne doit pas être
plus importante que les recettes propres des CTD. C'est à cette
hypothèse que le financement des CTD peut compromettre le principe de
libre administration des collectivités locales.
2- Le principe de subsidiarité
La répartition de compétences entre
différents niveaux de collectivités et d'administrations
constitue aussi un problème fondamental de la décentralisation.
Le principe fondamental est ici, celui d'efficience : un palier de
collectivités doit assurer le type de compétence pour
lequel il est le plus compétent, c'est-à-dire, celui
pour lequel il satisfait le mieux les besoins de la population. Ainsi les CTD
les plus proches du citoyen notamment les communes, sont-elles en position de
répondre aux besoins immédiats de la population et d'assurer les
services dits de proximité : état civil, police, incendies
et protection civile, enseignement primaire, etc.
A l'inverse, l'Etat Central devra assurer les fonctions
dites régaliennes : sécurité intérieure et
justice, affaires étrangères, défense nationale etc.
Cela signifie donc que les collectivités territoriales
les plus proches du citoyen devraient prendre en charge des services qui les
intéressent directement, et que l'on devrait garder, pour les niveaux de
collectivités plus élevés, les services qui ne peuvent
être gérés à ce premier niveau compte tenu de leurs
implications. A ce niveau on se pose la question de savoir, si les populations
sont prêtes à financer les services qui leur sont plus
nécessiteux ? Assurément non ! Car plus de 80% de
ces services sont encore fournis par l'Etat Central.
A ce principe d'efficience, il convient d'ajouter un principe
d'efficacité, qui éclaire d'ailleurs la mise en oeuvre ; la
gestion de certains services peut se heurter à des effets de
débordement, et il convient alors de veiller à ce que chaque
niveau assume des services en prenant en considération l'ensemble des
effets qu'il peut induire sur d'autres niveaux d'administration.
3- Le principe de démocratie
locale.
12. confère, première partie du 5e
Chapitre de son ouvrage intitulé de la Démocratie en
Amérique, paru en 1835
C'est un principe qui renvoie aux modes de
désignation des organes locaux. Pour Alexis DE TOCQUEVILLE,
« c'est dans la commune que réside la force des peuples
libres. Les institutions communales sont à la liberté ce que les
écoles primaires sont à la science ; elles la mettent
à la portée du peuple, elles lui en font goûter
l'usage paisible et l'habituent à s'en servir. Sans
institutions communales, une nation ne peut se donner un gouvernement libre,
mais elle n'a pas l'esprit de la liberté 1(*)2». Cet auteur affirme la nécessité
de garantir une indépendance des organes locaux vis-à-vis du
pouvoir central. A cet effet, l'élection par les habitants de la
collectivité est sans conteste le meilleur système à
même de répondre à cette exigence. Si la commune est
considérée comme la cellule de base de la démocratie, la
région prend un relais en le confirmant. C'est dans leur cadre que les
populations locales apprennent à concrétiser le principe de la
souveraineté qui postule que le pouvoir appartient au peuple, qui le
confie seulement à des représentants pour l'exercer en son nom et
dans son intérêt. La commune et la région deviennent
à ce titre, un véritable champ d'apprentissage et d'expression de
la participation des populations locales à leur propre
développement et partant, de la manifestation de leur liberté.
Ainsi la consolidation du principe de démocratie locale permet au
conseil municipal, représentant le peuple, de définir les
procédures de financement de sa commune, sans toutefois que celles-ci
soient rejetées par les populations.
En dehors de ces principes, dits de base, nous distinguons de
manière plus particulière les principes de finances locales.
B- les Principes de finances locales
Il s'agit ici des principes qui doivent
gouverner le financement des activités locales. Nous distinguons :
le principe d'autonomie financière, le principe de transfert et le
principe de péréquation des ressources.
1- Le principe d'autonomie financière
C'est un principe qui consacre l'indépendance
financière des collectivités locales vis-à-vis de l'Etat
central. Il s'agit d'un principe déjà énoncé
par les textes relatifs à la décentralisation mais qui aura du
mal à être mis en exergue du fait même de la faiblesse
des économies locales mais aussi des difficultés
financières que l'Etat éprouve lui-même.
L'autonomie financière pour les municipalités
est une voie à privilégier pour l'amélioration de
l'efficacité locale ; elle a plusieurs avantages. Le premier est
qu'elle responsabilise et incite à la transparence dans la gestion. Cela
peut aussi motiver les autorités municipales à faire un effort
pour élargir l'assiette et améliorer le recouvrement des
impôts et taxes. Elle permet également de réduire la
dépendance par rapport à des Etats aux prises avec les
difficultés de trésorerie. Ce qui engendre des délais dans
le versement des transferts et des taxes perçues au nom des
collectivités locales. Il arrive même que ces versements soient
reportés indéfiniment. Autrement dit, il s'agit d'une
véritable décentralisation financière, après
transfert des pouvoirs, aux CTD. Il s'agit pour l'Etat, de définir un
champ de ressources propres aux CTD, de définir de manière
claire le champ de ressources partagées entre l'Etat et les
collectivités et enfin de définir les mécanismes de
transfert des ressources du budget de l'Etat à celui des CTD.
2- Le principe de transfert
Toute décentralisation suppose qu'au
transfert de compétences corresponde un transfert à due
concurrence des ressources matérielles, humaines et financières.
Si ce principe n'est pas respecté tout est faussé et la situation
à laquelle on arrivera risque d'être pire que le point de
départ. A partir d'un tel principe, plusieurs cas de figure sont
possibles, notamment en matière de ressources financières.
Il peut s'agir d'un transfert de budget, l'Etat remettant
à la collectivité locale bénéficiaire les moyens
qu'il dépensait pendant l'exercice précédent la date de
transfert. C'est à priori une garantie de qualité, mais
l'évolution peut ne pas la confirmer. L'Etat ne revalorisant pas
toujours le budget transféré en fonction de l'inflation,
comme il l'aurait fait s'il en avait conservé le bénéfice.
Il peut s'agir d'un transfert de ressources fiscales. L'Etat
transfère alors directement, au bénéfice, de la
collectivité territoriale concernée l'organisation et le
prélèvement de certains impôts. Là encore, les
garanties n'existent pas toujours, même si la collectivité
maîtrise ici les assiettes et les taux d'imposition :
l'évolution de la conjoncture comme des structures économiques
peut réduire les recettes attendues de certains impôts.
C'est donc un principe fondamental en matière de
finances locales. Pour sa réussite, il suppose une bonne
évaluation des charges liées à l'exercice des
compétences avant tout transfert. Dans le meilleur des cas, on aimerait
voir la quantité de ressources financières
transférées supérieure à celle requise à
l'accomplissement de la compétence concernée
3- Le principe de
péréquation
C'est un principe qui se justifie par la faiblesse de
certaines économies locales à générer
elles-mêmes leurs propres ressources. Le principe de
péréquation est destiné à pallier une
conséquence possible de la décentralisation : le creusement
des inégalités territoriales.
Quoi qu'il en soit, garantir les principes fondamentaux
apparaît comme un résultat positif au bon financement des CTD,
toutefois l'extension du pouvoir local est aussi l'un des résultats
positifs à la réussite du processus de financement de la
décentralisation.
II- L'EXTENSION DU POUVOIR LOCAL.
Le principe de libre administration des
collectivités locales qui a valeur constitutionnelle a des
répercussions dans le domaine financier. Parmi ces
répercussions nous distinguons : l'extension d'un pouvoir
décisionnel, la maîtrise de la fiscalité locale et le
relâchement de la connexité de ses relations avec l'Etat.
A- L'extension d'un pouvoir
décisionnel
Elle résulte de trois (3) faits
à savoir : la détention d'un pouvoir fiscal, l'extension du
domaine d'intervention et l'attribution de la qualité d'ordonnateur aux
exécutifs élus.
1- La détention d'un pouvoir fiscal
L'existence d'un pouvoir fiscal des
collectivités locales dépend de la confrontation du principe de
libre administration des CTD et du principe de fixation par la loi de
l'assiette, du taux et des modalités de recouvrement des impositions de
toutes natures.
Au Cameroun, la détermination de l'assiette fiscale
échappe presque totalement aux collectivités territoriales. Le
monopole du législateur national est entièrement
sauvegardé : la loi 1(*)3 détermine les principes fondamentaux des
ressources locales. Elle précise la base d'imposition, fixe les taux et
modalités de recouvrement de certaines taxes communales. C'est donc le
code général des impôts et la loi de finances votée
par le parlement qui définissent la nomenclature et les plafonds des
ressources autorisées aux CTD. De plus, c'est le fisc qui établit
l'assiette, émet les rôles et assure le recouvrement.
Tout cet état de choses ne garantit pas l'autonomie
financière des CTD et surtout détériore le lien fiscal
entre la collectivité locale et les contribuables locaux par le fait que
l'Etat supprime et paie certains impôts que la collectivité
pouvait elle- même collecter.
2. L'extension du domaine d'intervention par
l'élargissement de l'intervention traditionnelle et le
développement d'activités nouvelles.
Depuis longtemps, les collectivités locales
intervenaient parfois illégalement dans le domaine économique et
social. Les lois du 22 juillet 2004 ont accrue leurs compétences.
Communes et régions pourront désormais assurer le maintien des
services nécessaires à la satisfaction des besoins de la
population. Ceci se justifie par les multiples compétences à
transférer aux CTD à travers les lois du 22 juillet 20041(*)4.
13. confère arrêté conjoint
n°0036/MINATD/MINEFI et decrét n°2002/2175/PM du 20/12/2002
fixant les taux maxima et les modalités de recouvrement de certaines
taxes communales indirectes
Quant au développement d'activités nouvelles,
il s'agit notamment des trois fonctions économiques reconnues aux CTD
à savoir l'allocation des ressources, la redistribution des richesses et
la régulation de l'activité économique locale.
3- L'attribution de la qualité d'ordonnateur
aux exécutifs élus.
Bien que cette qualité soit
déjà reconnue aux magistrats municipaux, il est important de
relever les limites qui existent quant à l'intervention de la tutelle en
matière d'exécution des dépenses locales. Ainsi, la loi
prévoit qu'en cas de refus de paiement d'une dépense jugée
non nécessaire par le magistrat municipal, le préfet ou le
gouverneur peut ordonner, en l'encontre de la volonté du magistrat
municipal et même du CM, le paiement de ladite dépense selon des
délais fixés par la loi. Une telle pratique n'est pas conforme
aux principes de libre administration et d'autonomie financière reconnus
aux CTD et surtout contribue à limiter les pouvoirs des décideurs
locaux.
B- La maîtrise de la fiscalité
locale.
Sans doute parce que la fiscalité
locale représente une part importante des ressources des
collectivités locales, elle a bénéficié, plus
que d'autres ressources, d'un effort d'adaptation. Il reste que
celle-ci est loin d'être achevée. Néanmoins, si on
considère qu'un bon système fiscal doit être
économiquement supportable, financièrement rentable et
socialement équitable, des progrès limités ont
été accomplis.
1- Une fiscalité locale économiquement
peu supportable.
Lorsque nous analysons les bases
d'imposition de certaines taxes et impôts locaux, nous nous rendons
compte que certains impôts ne sont recouvrables que dans les centres
urbains. Il s'agit par exemple de la taxe d'enlèvement des ordures
ménagères, de la taxe sur l'éclairage public, de la taxe
sur les lots urbains non mis en valeur, des produits de la taxe d'eau, etc.
Ces différentes taxes sus évoquées
n'existent pas dans la plupart des communes rurales et sont
économiquement peu supportables dans les communes où elles sont
levées du fait de la pauvreté des populations et de leur mauvaise
interprétation du paiement de l'impôt.
Donc il est important de définir une fiscalité
locale qui puisse être économiquement supportable par les
populations à la base afin d'assurer un certain équilibre entre
le niveau de vie des populations et les impôts payés1(*)5.
2- Une fiscalité locale financièrement
peu rentable
Les économistes distinguent
traditionnellement d'une part, les impôts assis sur une richesse en
mouvement (salaires, recettes) qui évolue en fonction de
l'activité économique, et d'autre part, les impôts assis
sur une richesse immobile (bâtiment, terrains...) qui implique une
réévaluation périodique. La fiscalité locale, en
général, et en particulier, la fiscalité directe locale se
rattache à ce second type, ceci explique les difficultés de son
évaluation et son évolution. Si la fiscalité directe
locale (taxe foncière, taxe sur les lots urbains non mis en valeur, taxe
d'habitation...) est peu rentable, c'est parce que la valeur, sur
laquelle elle est basée (valeur locative cadastrale des immeubles) est
difficile à déterminer. Au niveau rural, la majorité des
maisons est construite en matériaux locaux. C'est ce qui justifie la
faible rentabilité de la fiscalité locale, telle que l'illustre
le tableau suivant :
Tableau 2-1 :
contribution de la fiscalité locale dans quelques CTD au cours
de l'exercice 2004.
CTD (CR)
|
Recettes fiscales
|
Taxes communales
directes
|
Taxes communales
indirectes
|
Nsem
|
17%
|
0%
|
0%
|
Nguibassal
|
24%
|
0%
|
3,4%
|
Ngomedzap
|
5,02%
|
0%
|
1,96%
|
Okola
|
10,2%
|
0%
|
1,4%
|
Nkoteng
|
14,6%
|
0,67%
|
3,5%
|
Source : nous-mêmes à
partir des CA 2004.
3- Une fiscalité locale socialement moins
équitable
L'injustice de la fiscalité locale
s'est installée essentiellement sur les CAC destinés aux communes
dont la répartition connaît une certaine marginalisation des
communes rurales et urbaines.
D'après l'article 3 du Décret n°98/263/PM
du 12 août 1998 fixant les modalités de répartition du
produit des CAC, la quotte - part destinée aux communes et
communauté urbaine (70% du total des CAC recouvrés) est repartie
ainsi qu'il suit :
- 20% pour la Communauté Urbaine de Douala
- 40% pour la Communauté Urbaine de Yaoundé
- 36% pour les autres Communes.
Il en ressort que plus de 99% de communes (communes rurales +
communes urbaines) se répartissent 36% des CAC recouvrés, et
seules 02 communes perçoivent 60% des CAC. Une telle
répartition se trouve aux yeux de tous inéquitable, car c'est
dans ces 99% des communes que les autres recettes, les recettes fiscales
directes et indirectes, sont peu rentables.
En outre la base imposable de certaines taxes se trouve
inégalement répartie entre communes riches et communes pauvres.
Telle est le cas de l'assiette publicitaire répartie ainsi qu'il
suit :
Tableau 2-2 : répartition de
l'assiette publicitaire par type de CTD.
CTD
|
Calicots, enseignes
Lumineuses, panneaux-
Réclames.
|
Véhicule avec diffuseur pour
-non- résidents
-résidents
|
Véhicule sans diffuseur pour
- non-résidents
- résidents
|
Sonorisation des magasins
|
Cté et
Commune
Urbaines
|
1500/m2/an/face
|
- 1000/jour/véhicule
- 30000/an/véhicule
|
-100/jour/véhicule
-10000/an/véhicule
|
500/jour
|
Communes
rurales
|
1000/m2/an/face
|
- 200/jour/véhicule
-20000/jour/véhicule
|
- 50/jour/véhicule
- 5000/an/véhicule
|
200/jour
|
Source : MINATD/DCTD
C- Le relâchement de la
connexité de ses relations avec l'Etat.
On peut faire apparaître trois (03)
facettes des relations croisées entre l'Etat et les CTD à
savoir : l'Etat prescripteur, l'Etat serviteur et l'Etat
régulateur.
1- L'Etat prescripteur
Par le biais de la loi, l'Etat exerce une
triple influence sur les finances locales.
- l'entrée des flux : l'Etat conditionne les flux
fiscaux puisque la loi fixe les règles concernant l'assiette, le taux et
les modalités de recouvrement de taxes et impositions de toutes natures.
Par ailleurs, la loi fixe aussi l'évolution de différents
transferts versés aux collectivités locales.
- La gestion des flux : l'obligation du
dépôts des fonds des collectivités locales au trésor
résulte de l'ordonnance n°62/OF/4 du 7 février 1962 portant
régime financier de l'Etat du Cameroun ;
- La sortie des flux : la loi impose des dépenses
(dépenses de personnel, entretien des bâtiments, participation
obligatoire des CTD au financement de certaines activités). Elle
réglemente aussi les dépenses en précisant les aides
directes et indirectes accordées.
2- l'Etat serviteur
Ce rôle vient de la nature des
prestations et du coût de ces prestations :
- la nature des prestations. Ici l'Etat supporte l'assiette et
recouvre les impôts destinés aux CTD à l'exemple des
patentes et licences ;
- le coût de ces prestations. En contre partie, l'Etat
perçoit un pourcentage du montant des impôts recouvrés et
conserve le produit des pénalités infligées parles
comptables aux contribuables retardataires.
3- L'Etat régulateur
L'Etat reste le garant des grands équilibres nationaux.
Aussi est-il conduit à intervenir pour atténuer le poids de la
pression fiscale, soit au profit de certaines catégories des agents
économiques (les agriculteurs qui supportent la taxe foncière sur
les propriétés non bâties) soit au profit des entreprises
qui paient la patente ou l'impôt libératoire. Il peut aussi
décider des allègements fiscaux ou du retrait de certains
impôts 1(*)6 pour
assurer le succès de sa politique économique et sociale.
Dans cette section, nous nous sommes attelés à
monter à quel point le financement des CTD est tributaire à la
réussite du processus de décentralisation. A cet effet, nous
avons relevé qu'il permet non seulement de garantir le principes
fondamentaux de la décentralisation mais aussi contribue à
l'extension de l'autorité des élus locaux. Il ressort donc qu'une
mauvaise définition des mécanismes de financement des CTD peut
entraîner des risques que nous allons à présent
examiner.
Section 2.- LES RISQUES DUS AU MAUVAIS FINANCEMENT
DES COLLECTIVITES TERRITORIALES DECENTRALISEES.
Les risques dus au mauvais financement des CTD dans la
perspective de la décentralisation intègrent non seulement
l'aspect politique mais aussi l'aspect économique.
I- LES RISQUES POLITIQUES
On les regroupe en trois (3)
catégories : le risque de sécession, le risque de
reproduction du pouvoir autoritaire au niveau local, et le risque de corruption
au niveau local
A- Le risque de sécession
Selon l'article 1er de la
constitution du 18 janvier 1996, « le Cameroun est un état
unitaire décentralisé ». Ce qui veut dire qu'il existe
un seul centre d'impulsion politique, un seul président de la
république, un seul gouvernement et une seule nation à
l'intérieur de laquelle les collectivités territoriales disposent
des compétences en matières économique, sociale et
culturelle et sportive. Autrement dit, aucune collectivité territoriale
ne peut se prévaloir les compétences qui ne sont pas
définies par l'Etat central, garant du sacro- saint principe
d'unité nationale.
Toutefois, une mauvaise définition des
règles de partage des ressources entre les CTD et l'Etat Central, peut
pousser une partie de la population, bien lotie en ressources naturelles,
à réclamer son indépendance.
Donc l'Etat central a intérêt, en vue de
garantir l'unité nationale et le développement harmonieux de
toutes les CTD, à définir de manière rationnelle les
règles de partage des ressources entre les CTD et l'Etat central, et
entre les CTD elles-mêmes.
B- Le risque de reproduction du pouvoir autoritaire au
niveau local
Ce risque est dû à la longévité de
certains dirigeants à la tête de collectivités locales. Il
peut aussi être dû à l'adoption, par les personnes au
pouvoir, des procédés non démocratiques tels que la
cooptation et la succession lors de l'accession aux postes de
responsabilité au niveau local. Ainsi ces différentes formes
d'accession au pouvoir local ont pour conséquence la détention du
pouvoir par une minorité de personnes qui dictent leurs lois en adoptant
des décisions qui ne satisfont pas à la majorité.
Un tel risque ne peut être évité qu'en
consolidant la démocratie au niveau local, par des changements
fréquents à la tête des organes locaux. Les instruments
tels que le multipartisme, l'élection au suffrage universel et des
élections libres et transparentes sont de nature à abroger un tel
risque mettant en péril le principe de démocratie locale.
C- Le risque de corruption au niveau local.
La corruption est un fléau qui connaît une
ascension fulgurante dans la société camerounaise.
Au niveau local la corruption peut se manifester par :
- l'attribution illégale des marchés publics
à des amis ;
- l'exonération de certaines personnes et entreprises
du paiement de l'impôt ;
- le détournement des deniers publics ;
- etc.
Ceci est d'autant plus plausible que la CTD est un
regroupement de familles ou d'ethnies. L'on comprend pourquoi le risque de
confusions entre affaires de la commune et affaires de la famille est
élevé.
Tous ces risques sus évoqués devraient trouver
des solutions au niveau central par le renforcement des institutions de la
nation et le définition de manière rationnelle des
mécanismes de financement qui ne favorisent pas trop certaines CTD tout
en laissant certaines démunies.
En dehors de ces risques de nature politique nous distinguons
aussi des risques économiques que nous allons à présent
examiner.
II- LES RISQUES ECONOMIQUES.
Il s'agit du risque d'inadéquation compétences
transférées et moyens alloués, et du risque de
marginalisation de certaines CTD.
A- Le risque d'inadéquation compétences
transférées et moyen alloués.
Le transfert de compétences, par l'Etat, aux CTD doit
s'accompagner d'un transfert équivalent en moyen humain, matériel
et financier. Tel est le contenu du principe de transfert recommandé par
la théorie scientifique en matière de décentralisation
territoriale.
Le risque d'inadéquation, compétences
transférées et les moyens alloués proviendrait d'une
mauvaise évaluation des charges liées à l'exercice d'une
compétence à transférer. Cela signifie donc qu'avant tout
transfert de compétence, l'Etat Central doit s'assurer de la bonne
évaluation de charges liées à l'exercice de cette
compétence. La prise en compte des facteurs économiques
tels que l'inflation, la dévaluation et autres dans l'évaluation
des charges est un indicateur d'efficacité.
Dans les pays occidentaux en général, et plus
particulièrement en France, ce risque a fait l'objet d'une
actualité brûlante. Les enseignants du primaire et du secondaire
ont émis le voeu de voir la gestion de leurs salaires par l'Etat
Central. Car pour les enseignants, les CTD font déjà face
à beaucoup de problèmes financiers, et cette situation
n'était pas de nature à leur rassurer sur le paiement effectif de
leurs salaires mensuels par ces CTD. Ils ont donc obligés l'Etat
central, par des manifestations de rues, à conserver la gestion
financière des personnels de l'enseignement primaire et secondaire, au
risque de voir un jour la collectivité locale dans l'incapacité
de payer les salaires de ces personnels.
Donc il est important, pour la réussite du processus
de décentralisations, que l'Etat assure une bonne équivalence
entre les ressources allouées aux CTD et les compétences
transférées.
B- Le risque de marginalisation de certaines
collectivités territoriales décentralisées.
Sans toutefois évoquer tel ou tel
critère, nous remarquons d'emblée qu'il existe une distinction
entre les collectivités urbaines, centres d'agglomération, et les
collectivités rurales retirées des villes que l'on qualifie
vulgairement de « communes de brousse ». Cette
différence naît des différences de développement
économique par catégorie de collectivités locales.
Certaines collectivités, disposent déjà d'un potentiel
économique important(les écoles, les hôpitaux, les routes,
les services offerts par les entreprises...) alors que d'autres connaissent des
problèmes très sérieux dans ce domaine. Ceci se justifie
d'autant plus que les habitudes de localisation1(*)7 des activités
économiques dans une zone convergent toujours vers les centres urbains,
centres des affaires, bien lotis en infrastructures de base.
Il est donc nécessaire que l'Etat prenne en
compte cet aspect de la chose dans la définition des règles de
partage des ressources entre les collectivités, en distinguant d'un
côté les communes riches et de l'autre côté les
communes pauvres. Cette distinction contribuerait à la prise en compte
de la situation très défavorable des communes rurales, et
permettrait de lutter contre leur marginalisation.
L'étude des différents risques dus au mauvais
financement des CTD nous a conduit à distinguer d'un côté
les risques ayant un aspect politique à savoir : le risque de
sécession, le risque de reproduction du pouvoir autoritaire au niveau
local et le risque de corruption au niveau local ; et de l'autre
côté les risques économiques à savoir : le
risque d'inadéquation compétences transférées et
moyens alloués et le risque de marginalisation de certaines CTD.
Au terme de cette distinction, le rôle de l'Etat central
apparaît primordial. Il s'attellera notamment, au renforcement des
institutions de la nation, à la restauration de l'autorité de
l'Etat en cas de sécession et à la définition de
manière rationnelle les règles de partage des ressources entre
les collectivités territoriales.
Conclusion du Chapitre
Nous nous sommes attelés dans ce chapitre, à
l'aide de la littérature sur le financement des CTD, à
présenter l'importance du financement des CTD dans le processus de
décentralisation. Ce qui nous a permis de suggérer les
différents risques qui pourraient subvenir si les mécanismes de
financement des CTD étaient mal élaborés.
En considérant le premier point, il nous a
été permis de constater que la réussite du processus de
décentralisation passe par une définition claire de la politique
de financement des CTD ; car elle permet non seulement de garantir les
principes fondamentaux de la décentralisation mais aussi
d'étendre les pouvoirs des élus locaux de manière à
les rendre plus indépendants vis-à-vis de l'Etat
Central ;
Dans le même ordre d'idées, le second
point, traitant des risques qui pourraient subvenir dans le cas d'une mauvaise
politique de financement des CTD, a permis de mettre en relief des risques
politiques et économiques auxquels l'Etat central devra apporter des
solutions concordantes. Il s'agira par exemple de renforcer les institutions de
l'Etat à travers plus de démocratie et de justice sociale, de
restaurer l'autorité de l'Etat sur toute l'étendue du territoire
national et enfin de définir les règles de partage rationnel des
ressources entre l'Etat et les CTD.
Il est donc important de définir un certain
équilibre dans le financement des CTD, en vue de lutter contre tous ces
désarrois pouvant compromettre l'unité nationale. Ainsi
l'étude des différentes sources de financement des CTD
apparaît importante afin d'apporter un jugement sur la politique de
financement actuelle des CTD. C'est ce qui fait l'objet de notre
troisième chapitre.
CHAPITRE 3 : LES DIFFÉRENTES SOURCES
DE FINANCEMENT DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
DÉCENTRALISÉES : LES DÉSÉQUILIBRES
INTERCOMMUNAUX.
INTRODUCTION
La question du financement des CTD se pose de façon
critique en raison du développement des compétences locales dans
un conteste marqué par la décentralisation.
L'évolution des institutions due à la
décentralisation se traduit par des transferts de compétences
lourdes à assurer qui doivent néanmoins s'accompagner des
ressources correspondantes. Cette évolution institutionnelle oblige les
collectivités locales à organiser l'environnement en
matière de sources de financement et à jouer un rôle
incitatif dans le développement économique local.
Il est donc question, dans ce chapitre, de vérifier
notre hypothèse sur les déséquilibres de financement entre
niveaux de collectivités locales. En d'autres termes, il s'agit pour
nous de présenter les sources de financement des CTD et leurs
déséquilibres. Mais auparavant, on présentera la
méthodologie qui guidera notre analyse.
Section 1 : LA METHODOLOGIE DE LA
METHODE STATISTIQUE
La statistique descriptive est l'activité qui
consiste à rassembler de façon cohérente les statistiques,
c'est-à-dire, l'ensemble des données que l'on possède sur
un sujet déterminé. En d'autres termes, c'est une méthode
mathématique d'analyse quantitative des ensembles comportant de nombreux
éléments .Ces éléments peuvent être
présentés en données collectées dans divers sources
secondaires que sont les ouvrages, les revues, les journaux , les CD.Rom des
organismes internationaux. La collecte des données
considérée ici est celle dite données de base. Trois
approches courantes de la collecte des données de base sont :
l'observation, l'expérimentation en laboratoire, et le sondage. La
collecte de données par sondage fait l'objet de notre étude dans
cette section. Nous exposerons tour à tour les
généralités sur la méthode des sondages, la
méthode des quotas comme notre technique de sondage devant nous conduire
à la détermination de l'échantillon sur lequel portera
notre analyse.
I- LES GÉNÉRALITÉS SUR LA
MÉTHODE DES SONDAGES.1(*)8
On procèdera à l'examen de trois (03)
éléments : la définition de la méthode, les
enjeux de l'enquête par sondage et les étapes de l'enquête
par sondage.
A- La définition de la méthode des
sondages.
La collecte d'information relative à une population
statistique peut être effectuée soit sur une base exhaustive, soit
sur une fraction seulement de la population. Les enquêtes exhaustives, ou
recensement, consistent dans l'observation de la totalité des individus
composant la population. Naturellement, lorsque la taille de celle-ci est
élevée, de telles enquêtes sont entièrement
coûteuses. Quant aux enquêtes ne portant que sur une partie de la
population étudiée, elles n'ont d'intérêt que si
cette fraction est choisie de telle sorte qu'elle soit représentative,
autrement dit de façon que les informations collectées puissent
être étendues à l'ensemble de la population. On donne le
nom d'enquêtes par sondage à ce procédé.
Une enquête par sondage ou plus simplement un sondage,
est une enquête portant sur une fraction représentative de la
population étudiée, dite population de référence.
Cette fraction constitue l'échantillon. Le rapport t= n/N de l'effectif
n de l'échantillon à celui de N de la population est
appelé taux de sondage.
En raison du caractère représentatif de
celui-ci, les observations effectuées sur l'échantillon
permettent d'estimer la distribution et les caractéristiques de la
population de référence.
B - Les enjeux de l'enquête par
sondage.
On reconnaît à l'enquête par sondage trois
principaux avantages : le coût et la rapidité, la souplesse
dans le choix des concepts, la précision et la richesse des
observations.
1- Le coût et la rapidité.
Supposons que le MINDUH se propose s'étudier la
possibilité de développer un vaste programme d'habitation
à bon marché. Il lui serait évidemment utile de
connaître au préalable les besoins, les goûts et les
possibilités de financement de la population en matière de
logement. Deux solutions peuvent être envisagées : on bien
effectuer une enquête exhaustive en interrogeant tous des ménages
du Cameroun, ou bien procéder par sondage, en interrogeant, par exemple,
qu'un ménage sur trois mille.
Vu le nombre élevé de ménages au
Cameroun, on imagine quels moyens matériels et quels délais
seraient nécessaires pour mettre en oeuvre la première solution.
En précédant par sondage, au contraire, le nombre d'interviews
à réaliser devient relativement faible, ainsi que l'intervention
d'un enquêteur de métier diminuera le prix de l'enquête.
Donc une enquête sans difficulté
particulière, effectuée sur un petit échantillon, peut
être lancée rapidement et fournir de premiers résultats
dans de courts délais.
2- La souplesse dans le choix des concepts
Cet avantage est surtout sensible par rapport aux informations
obtenues
Comme sous-produit d'une activité administrative ou de
gestion. De telles opérations, en effet, lorsqu'elles ne sont pas
régies par des dispositions impératives de nature
législative ou réglementaire, sont en tout cas soumises à
un ensemble de règles : définition, nomenclatures,
procédures d'enregistrement ou de contrôle, etc., qui ne sont pas
toujours satisfaisantes du point de vue statistique. En outre, ces
règles sont susceptibles de varier dans le temps ou dans l'espace, d'une
entreprise ou d'un pays à l'autre, rendant difficile
l'interprétation des résultats.
3- La précision et la richesse des
observations.
Grâce à sa taille, l'enquête par sondage
permet l'intervention d'un enquêteur de métier (enquête
socio-économique, enquête de marché) ou de personnel de
mesure qualifié (contrôle de fabrication) et rend possible
l'observation précise et simultanée de nombreux
caractères.
Toutefois, la méthode des sondages n'est pas parfaite.
Elle présente des limites dues aux problèmes d'erreurs
d'échantillonnage et aux difficultés liées à la
désignation de l'échantillon.
C- Les étapes de l'enquête par
sondage.
Le déroulement de l'enquête sondage se fait
suivant un certain nombre d'étapes. Certaines de ces étapes sont
les suivantes :
- la définition des objectifs et de la population
à enquêter.
- La précision de l'information et les choix de
l'échantillon.
- La mise en oeuvre pratique du sondage
- Le dépouillement des données
- Et enfin, l'analyse des données et implication de
l'enquête.
II- LA TECHNIQUE DE SONDAGE : LA MÉTHODE
DES QUOTAS.
Nous en exposerons ici le principe de la méthode des
quotas, les avantages et inconvénients, et sa mise en oeuvre.
A- Le principe de la méthode des
quotas.
La méthode des quotas, très fréquemment
employée dans les enquêtes socio-économiques repose sur
l'hypothèse de la corrélation des différents
caractères d'une population. Si cette hypothèse est
justifiée, un échantillon de certains caractères
sélectionnés à dessein, identique à celle de la
population dans la- quelle il est prélevé, aura aussi de grandes
chances d'être très proche de cette population en ce qui concerne
la distinction des autres caractères. Les caractères retenus pour
assurer la conformité de l'échantillon à l'ensemble de la
population sont appelés variable de contrôle.
Pour être en mesure d'appliquer la méthode des
quotas, il faut connaître la distribution de la population suivant les
variables de contrôle. On obtient les quotas devant être
respectés par les enquêteurs, en multipliant par le taux de
sondage les effectifs correspondant aux diverses modalités des variables
de contrôle. On s'assure ainsi que l'échantillon aura bien, par
rapport aux variables de contrôle, la même structure que la
population. Dans les limites des quotas, le choix des
individus-échantillons est laissé à la discussion de
l'enquêteur.
B- Les avantages et les inconvénients de la
méthode des quotas.
1-Les avantages
Deux principaux avantages sont reconnus à la
méthode des quotas :
- la méthode n'exige pas, à la différence
des enquêtes aléatoires, l'existence d'une base de sondage. C'est
là un avantage tout à fait déterminant dans de nombreux
cas où il n'existe pas de base de sondage ou dans lesquels celle-ci,
pour des raisons de secret statistique, ne peut être utilisée par
l'organisme qui réalise l'enquête ;
- le coût des sondages par quotas est nettement moins
élevé que celui des sondages probabilistes. Du fait de la
réduction des déplacements, un enquêteur a un rendement
environ deux fois plus élevé lorsque le choix des individus
à interroger est laissé à sa discrétion, et non
imposé par une liste d'adresses.
2-Les inconvénients
Ils sont de deux ordres :
- la méthode de quotas n'a pas de fondements
théoriques suffisants. Elle repose sur la pétition du principe
suivant : une distribution correcte des caractères
contrôlés assure la représentativité de la
distribution des caractères étudiés ;
- la méthode de quotas ne permet pas de calculer la
précision des estimations obtenues à partir de
l'échantillon.
C- La mise en oeuvre de la méthode des
quotas
Elle débute par le choix des variables de
contrôle et termine par l'organisation pratique de l'enquête. Pour
être retenu comme variable de contrôle, un caractère
statistique doit remplir les conditions suivantes :
- être en corrélation étroite avec les
variables étudiées ;
- avoir une distribution statistique comme pour l'ensemble de
la population ;
- se prêter à l'observation sur le terrain par
les enquêteurs sans risques d'erreurs excessifs.
Le premier de ces préceptes exprime la condition
même de l'efficacité de la méthode. Les deux autres
énoncent les conditions qui rendent possible sa mise en application. Ces
conditions limitent considérablement le choix des variables de
contrôle. On peut citer comme les plus souvent utilisés :
- Pour un échantillon de personnes : le sexe,
l'âge, la catégorie socioprofessionnelle, la région, la
catégorie de commune (commune urbaine ou rurale).
- Par un échantillon de ménages : la
catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage, l'effectif du
chef de ménage, la région, la catégorie de
commune ;
Bien entendu, en vertu du premier précepte, le choix
des variables de contrôle doit être fait en fonction de l'objet de
l'étude.
III- L'APPLICATION DE LA MÉTHODE DES
QUOTAS : DÉTERMINATION DE L'ÉCHANTILLON ET SES
CARACTÉRISTIQUES
Tableau 3-1 : la structure des CTD dans la
Province du Centre.
N°
|
COMMUNES
|
TYPES
|
N°
|
COMMUNES
|
N°
|
1
|
Afouloum
|
CR
|
36
|
Mengang
|
CU
|
2
|
Akoeman
|
CR
|
37
|
Mengueme
|
CR
|
3
|
Akono
|
CR
|
38
|
Messondo
|
CR
|
4
|
Akonolinga
|
CR
|
39
|
Mfou
|
CR
|
5
|
Awae
|
CR
|
40
|
Minta
|
CR
|
6
|
Ayos
|
CR
|
41
|
Monatélé
|
CR
|
7
|
Bafia Urbaine
|
CU
|
42
|
Nanga-Eboko
|
CR
|
8
|
Bafia Rurale
|
CR
|
43
|
Ndikinimeki
|
CR
|
9
|
Batchenga
|
CR
|
44
|
Ngambé-Tikar
|
CR
|
10
|
Bibez
|
CR
|
45
|
Ngog-Mapubi
|
CR
|
11
|
Bikok
|
CR
|
46
|
Ngomedzap
|
CR
|
12
|
Biyonka
|
CR
|
47
|
Ngoumou
|
CR
|
13
|
Bokito
|
CR
|
48
|
Ngui-Bassal
|
CR
|
14
|
Bondjock
|
CR
|
49
|
Nitoukou
|
CR
|
15
|
Bot-makak
|
CR
|
50
|
Ngoro
|
CR
|
16
|
Deuk
|
CR
|
51
|
Nkolafamba
|
CR
|
17
|
Dibang
|
CR
|
52
|
Nkolmetet
|
CR
|
18
|
Dzeng
|
CR
|
53
|
Nkoteng
|
CR
|
19
|
Ebebda
|
CR
|
54
|
Nseus
|
CR
|
20
|
Edzeudonan
|
CR
|
55
|
Ntui
|
CR
|
21
|
Elig-Mfomo
|
CR
|
56
|
Obala
|
CR
|
22
|
Endom
|
CR
|
57
|
Okola
|
CR
|
23
|
Eséka
|
CU
|
58
|
Olanguina
|
CR
|
24
|
Essé
|
CR
|
59
|
Ombessa
|
CR
|
25
|
Evodoula
|
CR
|
60
|
Sa'a
|
CR
|
26
|
Kobdombo
|
CR
|
61
|
Soa
|
CR
|
27
|
Lembe
|
CR
|
62
|
Ville de Yaoundé
|
Cté U
|
28
|
Lobo
|
CR
|
63
|
Yaoundé 1er
|
CUA
|
29
|
Makak
|
CR
|
64
|
Yaoundé 2ème
|
CUA
|
30
|
Makénéné
|
CR
|
65
|
Yaoundé 3éme
|
CUA
|
31
|
Matomb
|
CR
|
66
|
Yaoundé 4ème
|
CUA
|
32
|
Mbalmayo
|
CU
|
67
|
Yaoundé 5ème
|
CUA
|
33
|
Mbadjock
|
CR
|
68
|
Yaoundé 6éme
|
CUA
|
34
|
Mbangassina
|
CR
|
69
|
Yoko
|
CR
|
35
|
Mbankomo
|
CR
|
|
|
|
Source : service provincial des communes
du centre.
A partir de cette population, nous allons déterminer
par la méthode des quotas sus-évoquée l'échantillon
disposant certaines caractéristiques sur lequel portera notre
analyse.
A-la détermination de
l'échantillon
Connaissant les pourcentages des communes rurales, des
communes urbaines d'arrondissement, des communes urbaines et de la
communauté urbaine, nous allons déterminer un échantillon
de taille dix (10) qui répond aux caractéristiques de la
population. La liste de cet échantillon sera descendue à cet
effet. Les pourcentages sont les suivants :
Tableau 3-2 : pourcentage de population par
type de CTD
Type
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Commune Rurale
|
59
|
85,5
|
Commune Urbaine
|
03
|
04,3
|
Commune Urbaine d'Arrondissement
|
06
|
08,7
|
Communauté Urbaine
|
01
|
01,5
|
Total
|
69
|
100
|
Source : nous-mêmes.
Sur un échantillon de dix (10) communes, on
aura :
- 0,855 x 10 = 8,55 Communes Rurales.
- 0,043 x 10 = 0,43 Communes Urbaines.
- 0,087 x 10 = 0,87 Commune Urbaine d'Arrondissement.
- 0,015 x 10 = 0,15 Communauté Urbaine.
Partant du principe de la méthode des quotas, celui de
s'assurer que l'échantillon aura bien, par rapport aux variables de
contrôle, la même structure que la population, nous retenons les
quantités suivantes :
- Sept (07) Communes Rurales.
- Une (01) Commune Urbaine.
- Une (01) Commune Urbaine d'Arrondissement.
- Une (01) Communauté Urbaine.
Soit donc l'échantillon et sa réalisation en ce
qui concerne le type de communes.
Tableau 3-3 : Echantillon et sa
réalisation
32
|
Mbalmayo
|
CU
|
46
|
Ngomedzap
|
CR
|
48
|
Ngui-Bassal
|
CR
|
53
|
Nkoteng
|
CR
|
54
|
Nsem
|
CR
|
57
|
Okola
|
CR
|
59
|
Ombessa
|
CR
|
62
|
Ville de Yaoundé
|
Communauté Urbaine
|
65
|
Yaoundé 5ème
|
CUA
|
69
|
Yoko
|
CR
|
Source : nous-mêmes.
B- LES CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉCHANTILLON
Vu le développement très poussé de
certaines communes rurales en termes des recettes budgétaires au cours
de l'exercice retenu (2004), nous avons regroupé l'ensemble des communes
en trois (03) catégories et selon les critères suivants :
- catégorie 1 : la communauté urbaine de
Yaoundé en raison de l'ampleur de ses ressources budgétaires
soient 6.171.990.614 au cours de l'exercice2004, comparativement aux autres
communes
- catégorie 2 : la commune urbaine
d'arrondissement de Yaoundé 5e, la commune urbaine de
Mbalmayo et la commune rurale de Yoko dont le montant des recettes
budgétaires en cours de l'exercice est supérieur ou égal
à 300.000.000F CFA
- et enfin, la catégorie 3 qui regroupe les communes
rurales suivantes : Ombessa, Nkoteng, Okola, Ngomedzap, Nsem et
Ngui-bassal, dont le montant des recettes budgétaires est
inférieure ou égal à 100.000.000F CFA.
Le tableau suivant donne les pourcentages de
représentation :
Tableau 3-4: Pourcentage de
représentation par catégorie de commune.
Catégorie
|
Effectif
|
Pourcentage (%)
|
Catégorie 1
Catégorie 2
Catégorie 3
|
01
03
06
|
10
30
60
|
Total
|
10
|
100
|
Source :
nous-mêmes.
En terme de pourcentage de représentation, nous
avons :
- 10% des communes ayant une surface financière
avérée au cours de l'exercice 2004. par rapport à la
population, cette catégorie est représentée à 100%
du total de son effectif.
- 30% des communes1(*)9 ayant une surface financière moyenne au cours
de l'exercice 2004. cette catégorie représente plus de 23% de son
effectif dans la population
- 60% des communes ayant une surface financière faible
au cours de l'exercice 2004. elle représente 11% de son effectif dans la
population.
D'où le récapitulatif des
caractéristiques de notre échantillon par catégorie de
commune.
Tableau 3-5 : Récapitulatif des
caractéristiques de l'échantillon par catégorie de
communes
Catégorie
|
Effectif
|
% par à la taille de
l'échantillon
|
% par rapport à la population
|
Catégorie 1
Catégorie 2
Catégorie 3
|
01
03
06
|
10
30
60
|
100
23
11
|
Source : nous-mêmes.
Il s'est agi, dans cette section, de présenter la
méthodologie qui nous permettra de trier un échantillon à
partir duquel porteront nos analyses. Vu la difficulté qui a
été la notre à regrouper des données sur un plus
grand nombre de communes et sur une période de plusieurs années,
nous nous sommes limités à ce que nous avons trouvé,
c'est-à-dire les données budgétaires de l'exercice 2004.
Ce qui nous a permis sans doute à limiter la taille de notre
échantillon à dix (10) communes à partir desquels des
comparaisons seront faites pour ressortir les déséquilibres de
financement entre catégories de commune. D'où l'objet de notre
deuxième section.
Section 2 : LES DIFFERENTES SOURCES DE
FINANCEMENT DES CTD : LES DESEQUILIBRES INTERCOMMUNAUX.
D'une matière générale, quatre (04)
sources de financement peuvent concourir au financement de la
décentralisation (C & A. Consul.Ting Sarl, 2004). Il s'agit :
- du produit de la fiscalité locale provenant des
impôts locaux ou des centimes additionnels communaux ;
- du financement budgétaire de l'Etat en application
des dispositions de l'article 2320 de la loi portant orientation de
la décentralisation ;
- de l'effet de solidarité intercommunale
géré par le FEICOM ;
- des financements levés à l'extérieur
par les CTD camerounaises au titre de la coopération avec les CTD
étrangères et autres organismes internationaux.
Toutefois les activités des gestionnaires des
collectivités étant régis principalement par les textes
législatifs et réglementaires, et considérant certaines
dispositions 21 de la loi n°2004 / 018 fixant les règles
applicables aux Communes, il parait un peu osé à l'heure actuelle
de faire une étude sur les finances publiques locales au Cameroun. Par
ailleurs, l'étude des finances publiques locales est en passe de devenir
compliquée dès lors que sont abrogées les dispositions et
les modifications de la loi 74 / 23 du 05 Décembre portant organisation
communale et création des communautés urbaines ; tant il est
vrai que l'essentiel des finances publiques locales s' y trouve
renfermé.
Fort heureusement, demeure en vainqueur un texte qui se trouve
dans la vague réformiste de la gestion financière et comptable
des CTD. Ils s'agit du décret 98 / 266 / PM du 21 Août 1998
portant approbation du plan comptable sectoriel communal et adoption de la
nomenclature budgétaire communale les communes vivent cette reforme
depuis le 01 Janvier 2003. A la lumière de cet acte
réglementaire, les dépenses des CTD sont financées
à partir de deux grandes sources :
- Les recettes de fonctionnement, essentiellement faites
d'impôts et des produits de l'exploitation du domaine et des services
communaux ;
- Les recettes directement affectées au financement des
investissements telles que les datations, les subventions, les réserves
et l'emprunt.
Notre ambition dans cette section est, à partir de la
méthodologie sus- évoquée, de confirmer ou d'infirmer
l'hypothèse de travail suivant laquelle : la politique de
financement des CTD n'est pas efficace, car elle s'appuie sur des ressources
fiscales difficilement recouvrables dans certaines communes du fait de leur
marginalisation économique ; une mauvaise répartition des
ressources propres locales. Ce qui a pour conséquence la création
des déséquilibres entre niveaux de CTD, l'inefficacité
dans l'accomplissement des missions et une faible contribution au processus de
développement national.
Autrement dit, il s'agira à partir de
différentes sources de financement de CTD, de faire ressortir à
chaque fois les déséquilibres existants.
I- LES RECETTES DE FONCTIONNEMENT
Elles sont essentiellement regroupées en trois (03)
catégories :
- les produits des recettes fiscales, centimes additionnels et
les taxes communales directes et indirectes ;
- les produits de l'exploitation du domaine et services
communaux ;
- et les autres recettes de fonctionnement.
A- Les produits des recettes
fiscales, centimes additionnels et les taxes communales directes et
indirectes
1- les recettes fiscales
Il s'agit des impôts qui sont levés sur les
revenus issus des activités économiques locales. C'est le cas par
exemple de l'impôt libératoire qui a été introduit
par la loi de finances 95/96. C'est un impôt assis sur les contribuables
exerçant une activité commerciale industrielle ne relevant ni du
régime du bénéfice réel, ni du régime
simplifié d'imposition. Font aussi parti de cette catégorie de
recette : la taxe sur les armes à feu, la redevance
forestière, la taxe foncière et la taxe d'assainissement.
Cette catégorie de recettes constitue la
deuxième source de financement des CTD, après les CAC, et est
caractéristique du niveau de l'activité économique
locale.
Sa contribution par catégorie de communes est
représentée dans le tableau ci-après :
Tableau 3-6 : Contribution des recettes
fiscales au financement des CID, par catégorie de commune.
Recettes fiscales
|
Catégories de communes
|
Catégorie 1
|
%
|
Catégorie 2
|
%
|
Catégorie 3
|
%
|
Contribution des patentes
|
694615407
|
79.9
|
17.699.413
|
2.8
|
8.386.203
|
21.7
|
Contribution des licences
|
175037562
|
20.1
|
6.885.832
|
1.1
|
821.207
|
2.1
|
Taxe sur le bétail
|
-
|
|
-
|
|
|
|
Taxe sur les armes à feu
|
-
|
|
13.000
|
0.002
|
7.500
|
0.02
|
Impôt libératoire
|
-
|
|
175.219.713
|
27.6
|
26.814.826
|
69.4
|
Redevance forestière
|
-
|
|
329.185.325
|
51.898
|
150.000
|
0.389
|
Taxe d'assainissement
|
-
|
|
4.891.000
|
0.7
|
|
|
Taxe foncière
|
-
|
|
1.979.082
|
0.3
|
2.500
|
0.006
|
Autres recettes fiscales
|
-
|
|
99.267.473
|
15.6
|
2.455.345
|
6.375
|
TOTAL
|
869652969
|
100
|
635.100.838
|
100
|
38.635.581
|
100
|
Source : Nous-mêmes
à partir des CA des CTD de l'exercice 2004
La structure générale de ces statistiques,
montre que la contribution des recettes fiscales au financement des CTD
dépend des catégories de communes. Elle est plus forte pour les
communes issues de la catégorie 1, à savoir la communauté
urbaine de Yaoundé, car au niveau de cette commune l'activité
économique est assez développée. Ceci est justifié
par la forte contribution des impôts tels que la patente et les
licences. Par contre, au niveau de la catégorie 2, les recettes fiscales
contribuent moyennement au financement des CTD. Ceci est dû à une
activité économique presque peu développé, car la
plupart des agents économiques sont soumis au paiement de l'impôt
libératoire. Toutefois, les communes ou l'exploitation du bois est
très poussée connaissent une augmentation très
considérable de leurs ressources fiscales par le reversement de la
redevance forestière collectée par l'Etat. Ainsi dans cette
catégorie de communes, la redevance forestière constitue la
première source de financement des CTD en recette fiscale, soit plus de
51% du total des recettes fiscales recouvrées au cours de l'exercice
2004.
Enfin, pour les CTD relevant de la catégorie 3, nous
constatons que la contribution des recettes fiscales est très faible. Ce
qui se justifie par la faiblesse de l'activité économique. La
principale recette fiscale ici étant l'impôt libératoire,
qui représente plus de 69% du total des recettes fiscales dans cette
catégorie de CTD.
Au total, pour un montant de recettes fiscales égal
à 1.543.389.388F CFA, pour l'exercice 2004, 56.3% contribuent au
financement de la seule communauté urbaine de Yaoundé ;
41.1% relèvent des trois (03) communes moyennement
développées et enfin 2,6% pour les six(06) communes rurales
où l'activité économique est presque inexistante. Ce
constat nous permet de confirmer notre hypothèse sur les
déséquilibres dans les sources de financement des
collectivités locales.
La figure ci-dessous nous permet de mieux appréhender
cette situation.
Figure 3-1: Répartition des recettes
fiscales par catégorie de communes, pour l'exercice 2004
Catégorie 1 :?1= 202,68
2001=202.68°
Catégorie 2 :?2=147,96
===========222????02=147.96°
Catégorie 3 :?3 =9.36°
SOURCE : nous-mêmes à partir
des données brutes du tableau 3-6.
A partir de cette figure nous constatons que seule la
communauté urbaine regorge des ressources fiscales importantes,
c'est-à-dire plus de la moitié du total des recettes fiscales de
l'exercice 2004. Les autres communes, à savoir les communes urbaines,
les CUA et les communes rurales sont marginalisées dans cette
catégorie de recettes de financement.
2- Les centimes additionnels communaux
Il s'agit d'un pourcentage prélevé sur certains
impôts de l'Etat et réservé aux CTD.
Les taux sont les mêmes et correspondent aux plafond
prévues par la législation fiscale à savoir.
- impôt sur les
sociétés..............................................10%
- impôts sur le revenu des personne
physique....................10%
- taxa sur le chiffre d'affaire ou la
TVA...........................10%
-
patente.................................................................25%
-
licence.................................................................25%
- taxe
foncière..........................................................25%
Les modalités de répartition du produit des CAC
sont définies ainsi qu'il suit :
- 10% au projet de l'Etat, à titre des frais d'assiette
et de recouvrement
- 20% au profit des communes et des communautés
urbaines
Pour la plupart des CTD, les CAC constituent la principale
source de leur financement et sa répartition est d'une importance
inégale par catégorie de communes tel que l'atteste le tableau
suivant :
Tableau 3-7 : Contribution des CAC au
financement des CTD pour l'exercice 2004.
CAC
|
Catégorie de communes
|
|
Catégorie 1
|
%
|
Catégorie 2
|
%
|
Catégorie 3
|
%
|
Montant
|
1.454.717.055
|
81.4
|
114.128.199
|
6.4
|
218.364.648
|
12.2
|
Total
1.787.209.202
|
Source : nous-mêmes à partir
des CA 2004.
A l'observation de ce tableau, nous constatons que la
communauté urbaine de Yaoundé reçoit à elle seule
plus de 81.4% du total des CAC affectés au financement des dix (10)
communes de notre échantillon, que 12.2% sont répartis entre six
(06) communes rurales ayant une faible surface financière et enfin 6.4%
alloués aux communes de moyenne importance.
La figure ci-dessous représente de manière plus
claire la structure de répartition des CAC entre les dix (10) communes
de notre échantillon
Figure 3-2 : Répartition des CAC
entre catégorie de communes de notre échantillon, pour l'exercice
2004.
81,4% Catégorie 1 1
6,4% catégorie 3
12,2% Catégorie 2
Source : nous-mêmes à partir
des données brutes du tableau 3-7.
3- Les produits des taxes communales
On distingue deux catégories de taxes communales :
les taxes communales directes et les taxes communales indirects.
Les taxes communales directes sont des impôts
institués par le conseil municipal et qui frappent directement les
habitants lors de l'utilisation de certaines infrastructures mises en oeuvre
par la collectivité locale. Ces taxes se présentent sous forme de
redevance forfaitaire et comprennent : la taxe d'eau, la taxe
d'éclairage, la taxe d'enlèvement des ordures
ménagères (TEOM), la taxe d'électrification et la taxe de
fonctionnement de l'ambulance municipale.
Quant aux taxes communales indirectes, elles sont
d'inégale importance et les plus représentatives sont : les
droits de place sur le marché, les droits de permis de bâtir, les
taxes de stationnement, la taxe de publicité, la taxe douanière
municipale.
Leur contribution au financement des CTD est très
faible et dépend des niveaux de collectivités locales tel que
l'atteste le tableau ci-après :
Tableau 3-7 : Contribution des taxes
communales au financement des CTD au cours de l'année 2004.
taxes communales
|
Catégories de communes
|
Catégorie 1
|
%
|
Catégorie 2
|
%
|
Catégorie 3
|
%
|
A- Taxes communales directes
|
115.917.723
|
9,5
|
25435056
|
15,8
|
757.250
|
8,48
|
B- Taxes communales indirectes
|
1.110.112.062
|
90,5
|
136.039.868
|
84,2
|
8.174.095
|
91,52
|
TOTAL (A+B)
|
1.226.029.785
|
100
|
161.474.924
|
100
|
8.931.345
|
100
|
Source : CA 2004
Nous contentons que, que ce soit la catégorie 1, la
catégorie 2, ou la catégorie 3, les taxes communales indirectes
contribuent le plus au financement des CTD par rapport aux taxes communales
directes. Mais cette contribution est fonction de la catégorie de
collectivité prise en compte. Dans la catégorie1, les recettes
issues des taxes communales sont huit (8) fois supérieures à
celles de la catégorie 2, et 135 fois plus que celles issues de la
catégorie 3. Ce qui traduit ainsi les déséquilibres
évoqués dans les différentes sources de financement des
CTD.
B)- les produits de l'exploitation du domaine et
services communaux.
Les produits de l'exploitation du domaine et services
communaux correspondent aux revenus tirés de l'exploitation du domaine
public et du domaine privé de la commune. Il s'agit notamment :
- des loyers des immeubles communaux ;
- des produits de la bibliothèque et des
cimetières ;
- des retenues pour logements occupés par les agents
communaux, des produits des locations des meubles ;
- des concessions des emplacements publicitaires.
La contribution de cette catégorie de recette est
représentée dans ce tableau
suivant :
Tableau 3-8 : contribution des produits de
l'exploitation du domaine et des services communaux au financement des CTD pour
l'exercice 2004.
Produits de l'exploitation du domaine et des services
communaux
|
Catégories de communes
|
Catégorie 1
|
%
|
Catégorie 2
|
%
|
Catégorie 3
|
%
|
Loyers des immeubles communaux
|
54.144.043
|
86,2
|
3.062.000
|
21,9
|
17.202.500
|
74,8
|
Retenues pour logements
|
1.057.474
|
1,7
|
/
|
|
/
|
|
Location des meubles
|
/
|
|
6.011.700
|
41,5
|
721.161
|
3,1
|
Concessions des emplacements publicitaires
|
/
|
|
|
|
5.076.051
|
22,1
|
Produits des services affermés ou
concédés
|
7.620.000
|
12,1
|
|
|
/
|
|
Autres produits d'exploitation du domaine.
|
/
|
|
5.307.895
|
36,6
|
/
|
|
TOTAL
|
62.821.517
|
100
|
14.381.595
|
100
|
22.999.712
|
100
|
Source : CA 2004.
Il ressort de l'observation de ces données que seules
les communes de la catégorie 1 et de la catégorie 2 connaissent
un montant considérable de recettes issues de l'exploitation du domaine
et des services communaux. Ainsi, les loyers des immeubles communaux
constituent la principale source de financement des CTD dans cette
catégorie de recettes. Soit 86,2% pour la seule communauté
urbaine, 74,8% pour les communes urbaines, les communes urbaines
d'arrondissement et les communes rurales connaissant une farte activité
forestière. Toutefois pour les communes relevant de la catégorie
3, les produits de location des meubles, des salles de fêtes, des camions
engins et autres biens meubles et immobiliers, constituent leurs principales
sources de financement du fait du manque d'infrastructures en logements
sociaux.
La contribution des produits de l'exploitation du domaine et
des services communaux est encore très négligeable. Cette
situation se justifie par l'incapacité pour des collectivités
à fourni des services de base aux populations. Mais cette faible
contribution dépend de la catégorie de communes
considérée. Pour la communauté urbaine de Yaoundé
les recettes d'exploitation du domaine et services communaux sont
considérables du fait de l'existence, dans cette collectivité,
des logements communaux et des espaces exploitables. Pour les communes des
catégories 2 et 3, les quelques recettes existantes proviennent de la
location des meubles et salles de fête de la commune.
C-les autres recettes de fonctionnement.
Il s'agit principalement :
- des réserves affectées au fonctionnement des
services communaux et au paiement des salaires et du matériel en
début d'exercice. Ces réserves proviennent
généralement de l'excédent des recettes budgétaires
de l'année précédente ;
- des ristournes et redevances concentrées par
l'Etat ;
- des subventions de fonctionnement reçues de l'Etat,
de la communauté urbaine (pour le cas des CUA) et de tout autre
organisme dispensateur ;
- des divers transferts de l'Etat et autres organismes
nationaux et internationaux dans le cadre de la coopération
décentralisée internationale ;
- et des différents dons et legs.
La contribution de cette catégorie de recette au
financement des CTD est presque nulle tel que le présente le tableau
suivant :
Tableau 3-9 : contribution des autres
recettes de fonctionnement au financement des CTD pour l'exercice
2004.
Autres recettes des fonctionnements
|
Catégories de communes
|
Catégorie 1
|
%
|
Catégorie 2
|
%
|
Catégorie 3
|
%
|
Transferts reçus d l'Etat
|
725.000.000
|
99,8
|
|
|
23.600.000
|
99,6
|
Produits des amendes de simple police
|
1.486.200
|
0,2
|
4.511.000
|
4,3
|
/
|
|
Subventions de fonctionnement reçues de la
communauté urbaine
|
/
|
|
99.789.391
|
95,7
|
/
|
|
Amendes pénales reçues
|
/
|
|
|
|
101.700
|
0,4
|
TOTAL
|
726.486.200
|
100
|
104.300.391
|
100
|
23.701.700
|
100
|
Source : CA 2004.
A l'observation de ces statistiques nous constatons que sur
vingt six (26) sources de financement2(*)0 qui relèvent de cette rubrique, seules quatre
(04) sont exploitée par les collectivités locales. Ce qui
justifie a priori la faible contribution de cette rubrique au financement des
CTD.
Pour la communauté urbaine de Yaoundé, la
principale source de financement exploitée dans cette rubrique est les
transferts reçus de l'Etat. Ceux-ci constituent 99,8% du total des
recettes de cette rubrique.
En ce qui concerne les communes de la catégorie2, nous
constatons que les 95,7% des recettes proviennent des CUA, car celle-ci
perçoit chaque année une subvention de fonctionnement de la
communauté urbaine du fait que les deux CTD partagent le même
ressort territorial. En outre seule la commune urbaine de Mbalmayo
génère des ressources issues des amandes de simple police. La
commune rurale de Yoko, faisant parti de cette catégorie, ne
connaît pas de recettes dans ce domaine. Il en est de même pour les
communes issues de la catégorie 3. Seules la CR de Ngomedzap et la CR
d'Okola connaissent des recettes dans cette rubrique de financement.
Ces différences de sources de financement par
catégorie de communes et par type de communes permettent de justifier
notre hypothèse sur les déséquilibres de financement entre
CTD.
Les différentes sources de financement
regroupées dans les recettes de fonctionnement des CTD connaissent une
sous-exploitation selon que l'on se trouve dans les communes où
l'activité économique est assez développée, que
dans les communes connaissant une activité économique moyennement
développée. Cette sous-exploitation, voire le manque
d'exploitation, de certaines recettes de fonctionnement des CTD justifie les
déséquilibres dans le financement de la décentralisation
territoriale au Cameroun.
Ces déséquilibres dans les recettes de
fonctionnement peuvent être ressortis dans le tableau suivant :
Tableau 3-10 :
répartition des recettes de fonctionnement par catégorie de
CTD.
catégories
de CTD
|
Les recettes additionnelles
|
Les centimes additionnels
|
Les taxes communales
|
Les produits de l'exploitation du domaine et services
communaux
|
Les autres recettes de fonctionnement.
|
Catégorie 1
|
56,3%
|
81,4%
|
87,8%
|
62,7%
|
85%
|
Catégorie 2
|
41,1%
|
6,4%
|
11,6%
|
14,3%
|
12,2%
|
Catégorie 3
|
2,6%
|
12,2%
|
0,6%
|
23%
|
2,8%
|
TOTAL
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
Source : nous-mêmes à partir
des CA 2004.
Les différentes fréquences de recettes par
catégorie de commune nous permettent de représenter les
diagrammes à bandes ou en tuyaux d'orgue suivant :
Figure 3-2 : représentation
catégorielle des recettes de fonctionnement pour l'exercice
2004.
Source : à partir des
données brutes du tableau 3-10.
P.E.D.S.C
T.C
A partir du graphique ci-dessus, les
déséquilibres entre les différentes sources de financement
des CTD apparaissent plus aisément. D'une manière
générale nous constatons que seules les communes de la
catégorie 1, c'est-à-dire la communauté urbaine de
Yaoundé présente un assez bon équilibre entre les
différentes recettes de fonctionnement, le reste des communes
connaît un financement assez faible en recettes de fonctionnement.
En dehors de ces recettes de fonctionnement, les CTD
possèdent d'autres ressources affectées uniquement à
l'investissement. C'est ce à quoi nous allons à présent
nous atteler.
II- LES RECETTES D'INVESTISSEMENT
Selon la nomenclature budgétaire communale, les
recettes d'investissement des CTD peuvent être divisées en trois
(03) grandes catégories :
- les fonds de dotation
- les réserves et subventions affectées à
l'investissement
- et les emprunts à long et moyen termes.
A- Les fonds de dotation.
Il s'agit des divers transferts de ressources que l'Etat peut
opérer en vue de l'accomplissement, par les CTD, des dépenses
d'investissement .On distingue cinq (05) types de dotations à
savoir :
- les fonds de dotation de base
- la dotation d'origine reçue ;
- les affectations en espèces ou en nature
reçue ;
- les dons et legs pour investissement ; les
contributions volontaires aux dépenses d'investissement.
Cette catégorie de ressources ne connaît pas
encore une exploitation réelle du fait de transfert des
compétences par l'Etat aux CTD. Ce qui justifie la faible contribution
de cette catégorie de recettes ou financement de investissements locaux
tel que le présente le tableau ci-après :
Tableau 3-11: répartition des fonds de
dotation par catégorie de communes.
Les fonds de dotation
|
Catégorie de communes
|
Catégorie1
|
%
|
Catégorie2
|
%
|
Catégorie3
|
%
|
Les fonds dotation de base
|
/
|
|
20.000.000
|
64,9
|
/
|
|
La dotation d'origine reçue
|
/
|
|
/
|
|
/
|
|
Les affectations en espèces ou en nature reçue
|
/
|
|
/
|
|
/
|
|
Dons et Legs
|
/
|
|
/
|
|
/
|
|
Contributions volontaires aux dépenses d'investissement
|
/
|
|
10.830.000
|
35,1
|
/
|
|
Total
|
/
|
|
30.830.000
|
100
|
/
|
|
Source : nous-mêmes à partir des
CA de 2004.
Du fait qu'aucun transfert de compétences n'est pas
encore effectué par l'Etat, l'on comprend aisément la faible
contribution de cette catégorie de recettes au financement des
investissements communaux. Toutefois certaines communes, en particulier la
commune urbaine de Mbalmayo et la CUA Yaoundé5 commencent
déjà à exploiter cette rubrique de recette. C'est ainsi
que au cours de l'exercice 2004, la commune urbaine de Mbalmayo a
collecté 10.830.000 Fcfa au titre de contribution volontaire aux
dépenses d'investissement. La CUA de Yaoundé 5 quant à
elle a reçu 20.000.000 Fcfa à titre de fonds de dotation de base.
L'inexploitation de cette catégorie de recette par certaine CTD
contribue à accentuer les déséquilibres dans le
financement du développement local.
B- Les réserves et subventions affectées
à l'investissement.
Cette catégorie regroupe cinq (05) types de recettes
à savoir :
- les réserves affectées pour investissement.
- Les réserves non affectées maintenues à
actif.
- Les subventions d'équipement reçues par
l'Etat.
- Les subventions d'équipement reçues de la
communauté urbaine pour les communes urbaines d'arrondissement.
- Les subventions d `équipement reçues du
FEICOM.
Dans la pratique nous constatons que le financement des
investissements locaux par cette catégorie de commune est fonction de la
surface financière de la collectivité. Ainsi, pour la
communauté urbaine, seules les réserves affectées à
l'investissement et provenant de l'excèdent budgétaire de
l'année précédente, constituaient la seule source de
financement des investissements au cours de l'exercice 2004, par contre, au
niveau des communes urbaines et des communes rurales, en dehors de ces
réserves, les équipements ont aussi été
financés par des financements du FEICOM.
Le tableau ci-après illustre cette distribution des
financements par catégorie de CTD.
Tableau 3-12: répartition des
réserves et subventions par catégorie de communes
Les réserves et subventions d'investissement
|
Catégories de communes
|
Catégorie1
|
%
|
Catégorie2
|
%
|
Catégorie3
|
%
|
Les réserves affectées pour investissement
|
289.226.362
|
100
|
17.745.823
|
100
|
5.078.067
|
83
|
Les réserves non affectées maintenues à
l'actif
|
|
|
|
|
1.030.036
|
17
|
Les subventions reçues de l'Etat
|
|
|
|
|
|
|
Les subventions reçues de la communauté urbaine
|
|
|
|
|
|
|
Les subventions reçues du FEICOM
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
289226362
|
100
|
17745823
|
100
|
61081013
|
100
|
Source : CA 2004.
Les réserves affectées pour investissement, qui
représentent une partie de l'excédent budgétaire de
l'année précédente, constituent la seule source de
financement des communes de catégories 1 et 2. Il en est de même
pour les communes rurales de la catégorie3 : 83% des
réserves de cette rubrique proviennent de l'excédent
budgétaire de l'année précédente.
C- Les emprunts à long et à moyen
termes.
A partir de la nomenclature budgétaire, nous
distinguions cinq (05) types d'emprunts à savoir :
- l'emprunt à long et à moyen termes
remboursable en monnaie nationale.
- l'emprunt à long et à moyen termes
remboursable en devises.
- et l'emprunt à long et à moyen termes
remboursable en nature.
Les CTD disposent aussi la possibilité de contracter
des dettes auprès de institutions financières nationales et
internationales. Mais dans la pratique, cette possibilité est totalement
encadrée voire même prohibée par la tutelle qui en
matière d'un d'empreint communal exerce un contrôle à
prion.
L'emprunt est donc une source de financement pour les CTD
existantes mas non encore exploitées, ce qui justifie sa faible
contribution, représentée dans le tableau suivant , au
financement des investissements communaux.
Tableau 3-13: répartition des emprunts
par catégorie de communes.
Emprunt à long et à moyen
termes.
|
Catégories de communes
|
Catégorie1
|
%
|
Catégorie2
|
%
|
Catégorie3
|
%
|
Emprunt remboursable en monnaie nationale
|
/
|
|
/
|
|
27.875508
|
98,7
|
Emprunt remboursable en devises
|
/
|
|
/
|
|
1.030.036
|
1,7
|
Autres dettes à long à moyen terme
|
/
|
|
/
|
|
|
|
Remboursement des prêts et autres créances à
long et à moyen termes
|
976.000.000
|
100
|
/
|
|
360.230
|
1,3
|
Total
|
976.000.000
|
100
|
/
|
|
28.235.738
|
100
|
Source : CA 2004.
Ainsi, l'observation des statistiques de ce tableau, nous
conduit à dire que la procédure d'emprunt n'a pas
été exploitée par les communes de la catégorie2.
Mais dans leurs différents budgets, des montants d'emprunt ont
été prévus, mais en fin d'exercice, rien n'a pu être
contracté. Ceci est dû aux difficultés financières
dont le FEICOM, principale structure accordant des prêts aux CTD, faisait
preuve et au fort taux d'endettement de certaines collectivités
auprès de cet organisme.
Toutefois l'emprunt communal reste une source de financement
inexploitée par les CTD. Or, au vu des nombreux problèmes de
développement qui ce pose à la base, cette source de financement
devrait contribuer à financer les investissements locaux.
En somme les recettes d'investissement ne contribuent pas de
manière efficace au financement des CTD. Il existe même des
disparités entre sources de financement par catégorie de
communes. Les unes utilisées par certaines communes et les autres
exclusivement réservées à une autre catégorie de
commune. C'est cette situation qui crée les déséquilibres
contactés dans les différentes sources de financement
consacrées à l'investissement communal. Le tableau
ci-après en donne une illustration.
Tableau 3-14 : pourcentage des recettes
d'investissement.
Recettes d'investissement
|
Les fonds de dotation
|
Les réserves et subventions
d'investissement
|
Les emprunts
|
Catégorie 1
|
0 %
|
92,4 %
|
97,2 %
|
Catégorie 2
|
100 %
|
5,7 %
|
0 %
|
Catégorie3
|
0 %
|
1,9 %
|
2,8 %
|
Total
|
100 %
|
100%
|
100 %
|
Source : Nous-même à partir des
CA 2004
A partir des données de ce tableau nous
représentons la figure ci-dessous :
Emprunts
Il ressort de cette figure que :
- Les fonds de dotation constituent la principale source de
financement des dépenses d'investissement pour les communes de la
catégorie 2. mais à l'intérieur de cette catégorie
seule les communes urbaines en reçoivent. Pour les catégories 1
et 3, les fonds de dotation constituent encore une source de financement
d'investissement inexploitée.
- Quant aux réserves et subventions
d'équipement, il ressort que la communauté urbaine de
Yaoundé est la seule disposant d'importantes recettes dans cette
rubrique de ressources. Ceci se justifie par un excédant
budgétaire plus important qu'elle dégage chaque année et
qui est affectée en partie aux dépenses d'investissement de
l'année suivante. Pour cette rubrique de recettes d'investissement, son
montant dépend du montant de l'excédant budgétaire
dégagé au cours de l'exercice ^précédente.
- Et l'observation de la rubrique
« emprunt » laisse constater que cette source de
financement reste inexploitée par toutes les catégories de
communes. Ceci se justifie par le fort taux d'endettement, pour ce qui est des
catégories 2 et 3, auprès de la structure de financement, le
FEICOM et par une certaine inertie des autorités, pour ce qui est de la
catégorie 1, à rechercher d'autres sources de financement de
leurs investissements. Pourtant au vu des multiples défis les
matières d'infrastructures de base qui interpellent les CTD, cette
source de financement devrait être la mieux utilisée.
En définitive, les ressources des collectivités
locales sont divisées en deux (02) groupes : les ressources
affectées au fonctionnement et celles affectées à
l'investissement.
Les ressources de fonctionnement sont composées
essentiellement des recettes fiscales, les centimes additionnels communaux, les
taxes communales directes et indirectes, et enfin des produits de
l'exploitation du domaine des services communes et des dépenses
transferts de l'Etat. Quant aux ressources d'investissement, elles sont faites
des fonds de dotation, des réserves d'investissement, , et des emprunts
à long et à court termes.
L'examen de ces déférentes sources de
financement laisse apparaître des déséquilibres entre
catégorie de collectivités territoriales. Il ressort ainsi que
les communes des catégories 2 et 3 (à savoir les communes
rurales, les communes urbaines et les CUA) sont marginalisées dans
certains domaines de financement. Par contre, bien que présentant aussi
des disparités dans certaines sources de financement, la
communauté urbaine de Yaoundé se trouve à l'heure actuelle
la collectivité la mieux financée tant en ressources de
fonctionnement qu'en recettes d'investissement.
Le tableau suivant en donne une illustration
Tableau 3-15 : Synthèse des
contributions des différentes recettes au financement des
catégories de CTD pour l'exercice 2004
Recettes
Catégories de CTD
|
Recettes de fonctionnement
|
Recettes d'investissement
|
Catégorie 1
|
71.64%
|
63.2%
|
Catégorie 2
|
17.12%
|
35.2%
|
Catégorie 3
|
8.24%
|
1.6%
|
Total
|
100%
|
100%
|
Source : nous-mêmes
à partir des CA de l'exercice 2004
Ces déférents pourcentages nous permettent de
faire la représentation graphique ci-dessus afin de ressortir les
déséquilibres dans le fonctionnement des CTD.
Recettes de fonctionnement
0
17.12
8.24
1.6
35.2
74.64
63.2
Pourcentages
Catégorie 1
Catégorie 2
Catégorie 3
Recettes de d'investissement
Les différentes ressources de financement des CTD
Figure 3-4 : structure des
différentes recettes par catégorie de
CTD.
.
L'interprétation de cette figure nous laisse dire
que :
- 74.64% des recettes de fonctionnement appartiennent à
la seule communauté urbaine, 17.12% aux trois (03) communes (communes
urbaine de Mbalmayo, CUA de Yaoundé 5e et la CR de Yoro)
ayant une surface financière moyenne, et enfin 8.24% reviennent à
six (06) communes marginalisées économiquement (Okola, Nsem,
Ombessa, Ngoumedzap, Ngnibassal et Nkoting)
- 3.2% des recettes d'investissement appartiennent à la
seule communauté urbaine de Yaoundé, 35.2% des recettes aux six
(06) communes rurales de la troisième catégorie.
Ces chiffres nous permettent donc de confirmer notre
hypothèse de travail suivant laquelle la politique de financement des
CTD n'est pas efficace, car elle s'appuie sur des ressources fiscales
difficilement recouvrables dans certaines communes du fait de leur
marginalisation économique, une mauvaise répartition des
ressources issues des transferts de l'Etat et une faible rentabilité des
ressources propres locales.
CONCLUSION DU CHAPITRE
Nous nous sommes attelés dans ce chapitre
à l'aide d'une analyse statistique basée sur la méthode de
sondage à présenter les différents
déséquilibres qui naissent des différentes sources de
financement des CTD.
L'analyse statistique par la méthode de sondage nous a
permis de tirer, de l'ensemble des CTD de la province du Centre, un
échantillon représentatif de dix communes réparties selon
l'importance des recettes réalisées au cours de l'année
2004 en trois catégories. La première catégorie regroupe
les communes ayant un montant de recettes supérieur à un
milliard ; la deuxième catégorie regroupe les communes ayant
une surface financière moyenne, dont un montant de recette
supérieur à 300.000.000Fcfa. Ici nous avons inclus la commune
rurale de Yoko car celle-ci déploie d'importantes recettes dues à
la redevance forestière. Enfin la troisième catégorie qui
regroupe, quant à elle les communes rurales ayant une faible surface
financière, dont un montant de recettes inférieur ou égal
à 100.00.000F CFA.
Sur la base de ce classement l'examen des différentes
sources de financement nous a permis de constater que la première
catégorie de commune, dont la communauté urbaine de
Yaoundé, collecte d'importantes recettes tant en fonctionnement qu'en
investissement pour le financement de ses activités. Toutefois il
existe encore quelques disparités dues au fait que certaines sources
de financement restent inexploités soit du fait qu'elles
nécessitent d'abord un transfert par l'Etat de nouvelles
compétences dans le cadre de la « nouvelle
décentralisation », soit du fait qu'elles relèvent
d'une autre collectivité centrale.
Quant à la deuxième et à la
troisième catégorie, nous constatons qu'elles sont les plus
marginalisées dans cette politique de financement des CTD. Cette forte
marginalisation est due au fait que certaines sources de financement sont
exploitées par certaines communes et inexploitées par d'autres de
même niveau. Ceci peut aussi se justifier par la faiblesse du niveau
d'activités économique dans ces catégories de communes,
car cette faiblesse d'activités ne favorise pas la mise sur pied d'une
politique fiscale efficace.
La lutte contre ces inégalités apparaît
donc importante. C'est ce qui fait l'objet de notre quatrième chapitre.
CHAPITRE 4 : LES RECOMMANDATIONS ET LES
PERSPECTIVES POUR UN FINANCEMENT ADEQUAT DU PROCESSUS DE DECENTRALISATION
TERRITORIALE AU CAMEROUN
INTRODUCTION
La présente étude part d'une constatation :
l'hypothèse suivant laquelle, il existe des déséquilibres
dans le financement des CTD du fait de l'importance inégale des taxes
communales indirectes, l'impossibilité de recouvrement et le rendement
faible de certaines taxes au niveau local, de la mauvaise répartition
des ressources recouvrées par l'Etat au bénéfice des
communes et de la faiblesse des économies locales, est confirmée
dans les développements précédents.
Il s'agit à présent de s'efforcer de trouver des
explications aux divergences observées dans le financement des CTD.
Ainsi, dans un premier temps, nous allons traiter de la nécessité
de la réforme du modèle de décentralisation et du
renforcement de la fiscalité locale ; et dans un second temps,
étudier les voies de redéfinition de la contribution de l'Etat et
la promotion de l'emprunt communal.
Section 1 : La
nécessité de reformer le modèle de décentralisation
et le renforcement de la fiscalité locale.
Il s'agira d'abord de présenter la
nécessité de reformer le modèle de décentralisation
ensuite d'examiner dans quelle perspective la fiscalité locale peut
être renforcée.
I- LA NECESSITE DE REFORMER LE MODELE DE DECENTRALISATION
Nous envisageons une action sur le découpage
territorial par la détermination de l'unité territoriale
optimale, la dynamisation de la coopération décentralisée
et le renforcement de la solidarité intercommunale.
A. La détermination de l' `'unité
territoriale optimale''.
Nous allons définir le concept d' `'unité
territoriale optimale'' ensuite nous donnerons ses caractéristiques.
1. La définition du concept d' `'unité
territoriale optimale''.
Ce concept renvoie au risque de marginalisation
économique de certaines CTD dont pourrait créer une mauvaise
répartition des ressources nationales.
L'unité territoriale optimale désigne ainsi une
portion du territoire national capable de générer des ressources
propres grâce à une activité économique territoriale
vivante. C'est sur la base du critère économique que repose le
concept d'unité territoriale optimale. Or tel que se présente le
modèle de décentralisation actuel, il ressort que la
création des collectivités territoriales repose sur des ambitions
politiques et non sur la base de ce critère 'efficace. Ce qui justifie
l'existence des collectivités territoriales financées à
90% par les centimes additionnels. C'est le cas de la commune rurale
d'Afanloum, dans la Mefou et Afamba, qui sur un total de recettes
budgétaires de 8 420 000 FCFA, 7 200 000 F CFA proviennent des CAC,
soit 85% du total des recettes de l'année 2004.
Ainsi le financement de la décentralisation
territoriale au Cameroun peut être émaillé de deux
débats : faut-il diminuer le nombre de CTD, afin d'élargir
leur champ économique ? Ou, faut-il créer davantage de
collectivités locales, tout en sachant que leur survie dépendra
des ressources transférées par l'Etat ? La première
option semble la meilleure, car c'est elle qui permet de garantir le principe
d'autonomie financière des CTD.
Le diagnostic sur le nombre de collectivités locales
est généralement admis, mais la volonté politique fait
souvent défaut. Le Cameroun possède aujourd'hui 339 CTD
réparties sur toute l'étendue du territoire national. Certaines
de ces collectivités connaissent d'énormes difficultés
dues à une faible quantité de ressources propres capables de
financer les seuls besoins en fonctionnement. Le financement de l'Etat se
faisant ainsi majoritaire.
Il paraît donc nécessaire de partir des bases
économiques fiables lors de la création des CTD.
2. Les caractéristiques
Nous distinguons d'une part les caractéristiques
juridiques et d'autre part, les caractéristiques économiques.
a- les caractéristiques juridiques.
La notion d'unité territoriale optimale satisfait aux
traits juridiques suivants :
- c'est une portion du territoire national, qui suppose
une délimitation
géographique précise ;
- c'est une personne morale de droit public, comme telle
apte à
accomplir des actes de la vie juridique (droits,
obligations, avec les
conséquences patrimoniales, fiscales, contentieuses
qui en résultent) ;
- son fonctionnement implique des organes qui lui sont
propres : conseil
élu, exécutif élu ;
-son fonctionnement doit rester subordonné à
l'ordre juridique étatique.
Ce qui rend nécessaire un contrôle
administratif par le pouvoir central (la
tutelle) ;
- son existence repose sur la reconnaissance
d'intérêts locaux spécifiques,
distincts des intérêts nationaux.
b- les caractéristiques
économiques
La caractéristique de l'activité
économique locale repose essentiellement sur l'étude des
statistiques fiscales. Elle ressort des déclarations fiscales
agrégées au niveau de chaque commune. Il est aussi possible de
disposer d'informations précises, fiables et significatives sur les
entreprises installées sur le territoire d'une commune ou d'une
agglomération.
L'appréciation des activités économiques
au sein d'un territoire n'est toutefois pas très facile. L'idée
la plus simple serait de pouvoir disposer d'un indicateur de valeur
ajoutée localisée au niveau d'un territoire. Un tel indicateur,
idéal en théorie, se révèle indisponible en
pratique.
Ainsi certaines informations socio-économiques
permettent de contrecarrer les difficultés liées à
l'absence d'indicateurs de flux financiers au niveau local. Ces informations
peuvent être considérées comme les caractéristiques
socio-économiques de l'unité territoriale optimale. Il s'agit
:
- du nombre d'établissement ventilé par
activité ;
- de la taille de ces établissements (nombre de
salariés ou chiffre d'affaire) ;
- des équipements scolaires et sanitaires
disponibles ;
- des ressources naturelles disponibles ;
- etc.
Sur la base de ces critères, les autorités
centrales doivent revoir le ressort territorial de certaines
collectivités locales, ou procéder à une autre division du
territoire national.
B. La dynamisation de la coopération
décentralisée
La coopération décentralisée permet le
recourir à un mode de coopération généralement
nord-sud, qui repose sur la recherche de collectivités territoriales
partenaires susceptibles d'appuyer la mise en oeuvre d'un ou plusieurs services
ou de réaliser une ou plusieurs activités dans leur domaine de
compétences et dans le respect des engagements internationaux. C'est une
coopération qu'on pourrait qualifiée de coopération entre
collectivités étrangères à capacité de
financement et collectivités nationales a besoin de financement.
Comme on peut le constater, la coopération
décentralisée telle que menée par les collectivités
nationales manque d'efficacité et d'objectivité. Nous constatons
que les élus locaux exploitent ce cadre de coopération pour se
faire des "amis" à l'étranger et non des partenaires au
développement de la commune.
Or pour l'union européenne, la coopération
décentralisée est un moyen de sortir du système de
coopération « centralisée » avec les Etats et
de s'engager vers « une autre façon de faire de la
coopération ». La démarche européenne de
coopération décentralisée repose sur quelques idées
maîtresses qui tournent autour de la participation active, la
responsabilisation de l'ensemble des acteurs de la société
civile. Pour la commission européenne, il s'agit de
« transformer les bénéficiaires en véritables
acteurs et/ou partenaires, capables de prendre en charge leur propre
développement ».
En d'autres termes, la coopération
décentralisée est un cadre qui permet aux CTD de trouver d'autres
sources de financement étrangères à leurs multiples
investissements. Elle ouvre aussi la possibilité aux CTD de passer des
conventions avec des CTD étrangères.
C'est donc un cadre bénéfique pour les CTD qui
font face à une pénurie de ressources financières. Elle
devrait être bien exploitée par nos dirigeants locaux, et cela
contribuerait à générer d'autres recettes dans les
rubriques telles que les dons et legs, les transferts reçus dans le
cadre de la coopération internationale décentralisée ou
des subventions de fonctionnement reçues des autres organismes
dispensateurs.
C. Le renforcement de la solidarité
intercommunale.
Nous examinons ici la nécessité de
l'intercommunalité, ses objectifs, les formes adaptées de
l'intercommunalité et son mode de financement.
1. La nécessité de
l'intercommunalité
Aujourd'hui, le constat est fait que bien de services publics
à la population (eau, électricité, infrastructures
scolaires etc.) ne peuvent être fournis par une commune seule, soit que
le service en question répond à une population dont le bassin
dépasse le cadre d'une seule commune, soit que les coûts de
production sont supérieurs aux moyens d'une seule commune, soit que
l'interdépendance des communes exige une mise en cohérence des
investissements et les politiques de développement, la mise en oeuvre de
certaines compétences locales nécessitent une mise en commun des
énergies par plusieurs communes.
L'intercommunalité s'impose ainsi comme une
nécessité. Elle peut être un moyen de renforcement de
l'efficacité des services de base et de la crédibilité des
communes. Comme on peut le constater au Cameroun en général, et
dans la Province du centre en particulier, la seule solidarité
intercommunale qui existe, est celle entre la communauté urbaine de
Yaoundé et ses six (06) CUA. Ainsi, chaque CUA reçoit, au cours
de l'année, une subvention de fonctionnement et une subvention
d'équipement de l'ordre de 150 millions par an.
Donc l'intercommunalité se présente, de nos
jours comme une nécessité en ce sens qu'elle permet de trouver
des solutions aux questions pertinentes en matière de
décentralisation : quel est le territoire pertinent d'exercice des
compétences, le meilleur niveau d'administration des communes ?
Comment optimiser la gestion des services publics locaux ou le
développement local ?comment les CTD riches peuvent aider les CTD
pauvres ?
L'intercommunalité est un regroupement de communes dans
une structure supra communale pour réaliser certains travaux ou
tâches d'intérêt commun. C'est donc une association de
communes qui vise la réalisation efficiente d'objectifs
déterminés.
2. Les objectifs de
l'intercommunalité
L'intercommunalité répond d'une part à la
nécessité de rationaliser la gestion, d'optimiser l'organisation
des services urbains ; et d'autre part à la nécessité
de maintenir une participation, une démocratie de proximité.
Quel que soit le système communal, il est en effet
toujours souhaitable, voir nécessaire de :
- produire à moindre coût des services de
qualité ;
- traiter les problèmes à l'échelle
territoriale pertinente ;
- partager l'information ;
- rechercher de la valeur ajoutée qui
procède d'une mise en commun des énergies, avec notamment des
économies d'échelle ;
- éviter de trop grandes disparités
entre les territoires notamment sur le plan du développement
économique ;
- diminuer les conflits pouvant résulter de la
compétition ou de l'opposition entre territoires voisins ;
- améliorer le financement des services.
Cette exigence de production efficiente des services qui
pousse à la centralisation à une échelle territoriale
suffisante, doit être confrontée à l'exigence de
participation démocratique locale qui suppose des unités plus
réduites permettant le rapprochement entre la gestion des services et
les populations.
Mais la réalité n'est que rarement dans une
compétence exclusive donnée d'un niveau ou à un
autre ; elle est souvent dans une compétence partagée entre
différents niveaux ; compétence partagée par la loi
qui a défini différents niveaux de CTD en leur attribuant chacune
une compétence ou partie de cette compétence. Tout ceci ne doit
pas rester vague : une compétence partagée, c'est un cahier
des charges qui explique qui fait quoi ; à la fois pour une
transparence en évitant le rejet de responsabilités, pour qu'on
sache à quoi sont affectés les financements et que l'on sache
rendre compte à la foi à la tutelle et à la population qui
élit et donne mandat aux responsables de ces collectivités.
3. Les formes adaptées de
l'intercommunalité
Les formes d'intercommunalité dépendent du
découpage territorial existant et des compétences visées.
L'intercommunalité conduit toujours à un transfert de
compétences des communes vers une structure de coopération
intercommunale qui peut prendre deux formes : une forme
intégrée allant jusqu'à la création d'un nouveau
niveau de collectivité locale. C'est le cas des communautés
urbaines, qui disposent d'un niveau de compétences exclusives et
partagées mais sur la base d'un cahier de charge précis et des
ressources propres de type fiscal. Au regard des expériences qui ont
été définies précédemment, la
communauté urbaine se présente incontestablement comme la
structure la mieux adaptée à l'intercommunalité en milieu
urbain. Elle représente une structure intégrée de
coordination et de rationalisation des services des différentes
interventions publiques, mais laisse aux communes la possibilité de la
gestion des compétences de proximité.
L'autre forme d'intercommunalité est une forme
associative, l'exemple en est le syndicat intercommunal (le syndicat des
communes, à vocation unique ou multiple avec activité à la
carte et financement par contribution des budgets de chacune des communes).
Cette formule apparaît la mieux adaptée pour les zones rurales.
Cette forme est la plus modeste et plus respectueuse de l'autonomie communale.
De plus, la clarté de ses règles de fonctionnement et sa
souplesse lui permettent d'être opérationnelle aussi bien pour la
gestion d'un service unique que de plusieurs services. Cependant, même en
milieu rural, il ne saurait être question de se regrouper sans projet
précis, comme on le vit trop souvent uniquement parce qu'on se situe
dans la même zone géographique ou pour succomber à la mode
de constitution de syndicats de communes.
Seul le souci d'un développement
équilibré dans la zone syndicale devait être la motivation
principale de l'institution des syndicats de communes. Plus encore que la
question : comment regrouper ? Il y a lieu de répondre la
question : Comment faire pour que la structure de regroupement soit
adaptée aux services à gérer ou aux équipements
à implanter ? Plus qu'un cadre élargi de gestion, la
structure intercommunale doit devenir un mode de gestion adapté aux
services à gérer. La logique fonctionnelle doit prévaloir
sur la seule logique de regroupement territorial.
4- Le financement de
l'intercommunalité
L'intercommunalité n'est viable qu'autant qu'elle
possède les moyens financiers d'assurer matériellement la
poursuite des objectifs qu'elle s'est fixée. L'intercommunalité
ne change pas fondamentalement les mécanismes de financement des
services qui reposent toujours sur l'impôt et la tarification. Mais
l'intercommunalité permet de gérer ces services dans un cadre
financier plus large : ce qui donne plus de poids dans la
négociation et le contrôle vis-à-vis de l'Etat et
vis-à-vis des prestataires.
Il faut que les structures intercommunales aient un budget
propre. Celui-ci peut être alimenté par les cotisations des
communes associées au risque de faire apparaître la
prééminence de la contribution de la commune centrale, ce qui
déséquilibre les relations de pouvoir et même parfois
l'application des programmes entre les communes associées.
Dans le cas du Cameroun, il se pose déjà le
problème de l'impossibilité de communes à satisfaire aux
besoins les plus élémentaires tels que le paiement des
personnels. Cette situation ne favorise pas le financement de la structure
intercommunale, basé sur le principe de cotisations. Ainsi
l'efficacité d'une telle structure apparaît à priori
limitée. Il est donc question que l'Etat participe au financement de ces
structures en reversant les transferts alloués aux CTD de cette zone
à la structure intercommunale ainsi créée.
Il apparaît essentiel, pour assurer non seulement la
survie mais aussi et surtout la crédibilité et
l'efficacité de l'intercommunalité, de la doter de ressources
propres de nature à assurer une autonomie par rapport aux
collectivités locales qui la composent mais aussi vis-à-vis de
l'Etat. La disponibilité d'une fiscalité directe et des taxes
pour services rendus (ordures ménagères, assainissement) en est
la seule garantie véritable.
II- LE RENFORCEMENT DE LA FISCALITE LOCALE
Il s'agit de mettre en place les services d'assiette et de
recouvrement dans toutes les CTD, de reverser totalement la fiscalité
partagée aux CTD et de transférer certains impôts au CTD
ayant purement un caractère local.
A-la mise en place des services
d'assiette et de recouvrement dans toutes les CTD.
Les opérations d'assiette portent essentiellement sur
les recettes fiscales. Elles constituent la phase administrative et consistent
à déterminer le montant de la matière imposable qui est
imputable à chaque contribuable. Pour le moment l'intervention des
communes en matière d'assiette fiscale et de recouvrement est
limitée. Dans la plupart des pays africains en général et
au Cameroun en particulier les lois prédéterminent les listes des
impôts et taxes ainsi que les plafonds pour leur tarification pour toutes
les collectivités locales. Dans certains pays, comme c'est le cas au
Cameroun, le fisc va jusqu'à émettre les titres et à
recouvrer certains impôts locaux. Cet état des choses ne favorise
non seulement pas l'autonomie financière des CTD mais aussi limite la
quantité des recettes fiscales locales, car la part revenant aux CTD est
très souvent résiduelle.
Nous recommandons donc que les services d'assiette et de
recouvrement soient étendus dans toutes les collectivités
locales. Ceci permettrait de connaître le potentiel fiscal local par un
système d'identification des contribuables locaux. Cela devrait aussi
permettre d'accroître le rendement de la fiscalité locale et
partant les recettes des CTD.
B- Le reversement total de la fiscalité
partagée
Par fiscalité partagée nous entendons :
- les impôts levés par l'Etat pour le compte
des collectivités locales. Les
autorités locales déterminent les tarifs,
soit librement soit à l'intérieur
des limites fixées par l'Etat : c'est le cas
des taxes communales directes ;
- les impôts levés et administrés par
les gouvernements centraux mais
dont les produits sont, soit cédés aux
collectivités locales, soit supportent
un pourcentage additionnel qui leur est
destiné : les centimes additionnels
communaux, la patente, la licence relèvent de cette
classe.
Pour ces deux (02) catégories d'impôts, l'Etat
dispose d'un certain pourcentage (10% des CAC appartiennent à
l'Etat) ou conserve un certain montant au titre des frais d'assiette, de
recouvrement et les diverses pénalités dues au retard ou à
la l'incivisme fiscal.
Donc nous recommandons que ces frais et divers pourcentages
soient reversés aux CTD, car celles-ci, avec leurs propres services
d'assiette et de recouvrement, pourraient remplir les fonctions
jusque-là accomplies par l'Etat au titre des services liés
à la fiscalité locale.
C- Le transfert de fiscalité aux CTD
L'idée paraît judicieux de compenser, au moins en
partie, les charges résultant des transferts de compétences, par
un transfert d'impôts, précédemment levés par
l'Etat, qui pourront être désormais perçus au
bénéfice des collectivités locales. Cette solution semble
même préférable au système des dotations, en ce
qu'elle laisse aux collectivités bénéficiaires la
maîtrise du taux de ces impôts et que par conséquent elle
ménage parfaitement l'autonomie des collectivités
décentralisées.
Toutefois, cette solution suppose que trois conditions
2(*)1 soient remplies pour
qu'elle fonctionne correctement.
Premièrement le nombre de collectivités
bénéficiaires ne soit pas trop élevé, sinon chacune
de ces dernières n'aurait droit qu'à un montant de ressources
ridiculement faible. En France, le transfert de fiscalité est
réservé uniquement aux régions et aux
départements.
Deuxièmement les impôts transférés
doivent être bien choisis, c'est-à-dire qu'ils évoluent
parallèlement à la courbe de dépenses nouvelles qu'ils
sont destinés à compenser.
Troisièmement, il est indispensable que les transferts
d'impôts et la maîtrise des taux qu'il entraîne -
immédiatement ou à court terme - ne créent pas des
distorsions insupportables entre les collectivités
bénéficiaires, sinon les inégalités
engendrées provoqueraient des « effets pervers »
faciles à deviner.
Au Cameroun, l'Etat conserve les impôts les plus
dynamiques et les plus rentables y compris sur les matières locales par
nature telles que le foncier et certaines activités
économiques.
L'impôt foncier apporte un revenu stable car il ne subit
pas comme l'impôt sur les activités les aléas de la
conjoncture économique. Il se révèle être aussi un
impôt à fort potentiel d'assiette et qui est équitable,
lorsqu'il traduit la valeur réelle de l'immeuble ou du terrain.
Comparé à d'autres taxes, son recouvrement est simple et
présente un rapport coût bénéfice
intéressant. Mais l'établissement de son assiette est
coûteux lorsqu'on a recours à l'établissement d'une
cartographie des parcelles et de leur mise en valeur, qu'il faut de plus mettre
à jour périodiquement.
En dehors de cet impôt foncier, nous recommandons aussi
que l'Etat transfère aux CTD des impôts plus rentables tels que la
vignette automobile, la carte grise, l'IRPP collecté sur les revenus des
agents employés dans les CTD.
Donc la définition de l'unité territoriale
optimale avant toute création de collectivité locale et le
renforcement de la fiscalité locale constituent des solutions
envisageables pour le renforcement de la politique de financement des CTD.
En dehors de ces deux solutions, nous distinguons deux autres
à savoir : la redéfinition de la contribution de l'Etat et
la promotion de l'emprunt communal.
Section 2 : La
redéfinition de la contribution de l'Etat et la promotion de l'emprunt
communal.
Nous examinerons dans un premier temps la redéfinition
de la contribution de l'Etat, et dans un second temps la promotion de l'emprunt
communal.
I- LA REDEFINITION DE LA CONTRIBUTION DE
L'ETAT
Lorsque nous analysons la nomenclature budgétaire
communale telle que définie par les lois, nous relevons que
l'intervention financière de l'Etat, sur les CTD, se fait à
travers les subventions, les dotations et les transferts. La nature de ces
différentes recettes n'est pas bien précisée ainsi que
leurs utilisations.
Il paraît donc nécessaire de redéfinir la
contribution de l'Etat sur les CTD, surtout lorsque l'on sait que les CTD
seront dotées de nouvelles compétences plus importantes.
La théorie financière des collectivités
locales prévoit que l'Etat peut intervenir en affectant aux CTD des
dotations budgétaires pour l'accomplissement de leurs missions. C'est le
principe de péréquation qui est ici mis en valeur.
On entend par péréquation, la répartition
équitable par l'Etat des charges, des impôts, des dépenses,
entre les différents niveaux de collectivités qui doivent les
supporter.
Ainsi pour venir en aide aux CTD l'Etat dispose de deux
techniques : la péréquation volontaire et la
péréquation obligatoire.
A. La péréquation volontaire
Il s'agit plus d'une forme d'intercommunalité urbaine
que d'une véritable péréquation. En effet, l'Etat peut
redéfinir certaines taxes locales et les affecter au financement d'un
ensemble de CTD d'un même ressort territorial. En d'autres termes, les
communes, d'une même ville par exemple, peuvent décider de mettre
en commun le produit des impôts basés sur l'activité
économique tels que la patente, la licence, l'impôt
libératoire etc. C'est une politique favorable au milieu urbain par le
biais des communautés urbaines. Le mécanisme retenu à cet
effet est la taxe professionnelle unique (c'est un impôt qui remplace la
patente dans les pays développés). Percevoir la TPU à la
place de la patente ou l'impôt libératoire favorise
l'harmonisation des taxes. Ceci limite la concurrence entre les communes riches
et les communes pauvres d'une même zone et permet aux communes riches de
participer au financement des communes pauvres. L'Etat fixant par ailleurs les
modalités de répartition de cette taxe.
B. La péréquation
obligatoire
Elle est tantôt verticale, tantôt horizontale
1- La péréquation verticale
Elle repose sur les critères de
péréquation 2(*)2 pour la répartition des concours financiers
de l'Etat aux collectivités territoriales. Il s'agit des dotations et
des compensations.
a- Les dotations
On distingue généralement deux (02) types de
dotation : la dotation générale de fonctionnement et la
dotation générale d'équipement.
- la dotation générale de fonctionnement (DGF).
C'est un concours financier de l'Etat aux collectivités
territoriales décentralisées. Il se décompose en quatre
(04) éléments :
o la dotation de base qui varie en fonction de la population.
Chaque commune est rattachée à une strate démographique,
affectée d'un coefficient et de multiples correctifs pour éviter
les brusques modifications.
o la dotation de péréquation qui prend en compte
l'effort fiscal des ménages et l'insuffisance du revenu par habitant.
o la dotation de compensation qui est commandé par un
jeu de critères multiples, tels que le nombre d'enfants
scolarisés, le nombre de km2 de voirie et l'importance du parc de
logements sociaux.
o Et enfin les concours particuliers sont souvent
prévus au profit des communes ou groupement à vocation
balnéaire ou thermale, des communes centres d'agglomération, des
groupements de communes à fiscalité propre. Il s'agit par exemple
de la dotation de solidarité urbaine, pour les communes de plus de 10
000 habitants et de la dotation de solidarité rurale allouée aux
bourgs et aux autres communes de la ville sur la base du potentiel et de
l'effort fiscal.
Au Cameroun la DGF reste une notion différente du cas
français. Elle représente les transferts de revenus
effectués chaque année par les communautés urbaines en
faveur des CUA. Ainsi, chaque année, les communautés urbaines de
Douala et de Yaoundé transfèrent respectivement 240 et 150
millions à leurs différentes CUA. C'est une sorte de dotation qui
ne profite qu'aux seules CUA.
Ainsi, nous proposons l'adoption de la conception
française au Cameroun, car elle profite à toutes les CTD.
- la dotation générale d'équipement.
Elle est destinée au financement des équipements
communaux et dépend du nombre d'équipements par
collectivité locale. Les collectivités pauvres en
équipements reçoivent plus, tandis que les collectivités
riches reçoivent moins.
b- Les compensations
Il peut s'agir des compensations régionales
alimentées par des grandes entreprises statiques situées dans
certaines régions et non dans les autres. On relève ici les
centres hydrauliques, nucléaires ou électriques.
Il peut aussi s'agir des compensations nationales qui sont
alimentés par des entreprises moyennes et destinées au
développement des communes rurales en difficulté.
2- La péréquation
horizontale
Cette forme de péréquation est assurée
par des "fonds de péréquation" qui sont des organismes
chargés de la redistribution des revenus aux collectivités
territoriales. Le FEICOM est un exemple de fonds, car il est destiné
à la péréquation des centimes additionnels aux communes.
Toutefois l'Etat peut encore en créer au niveau régional ou
élargir les missions du FEICOM. On peut distinguer d'un
côté, un fonds de correction des déséquilibres
communaux et de l'autre côté, un fonds de correction des
déséquilibres régionaux, pour alléger les missions
du FEICOM et limiter les dérapages dans la gestion des fonds
alloués au CTD.
L'importance de la péréquation horizontale
dépend en réalité de quelques facteurs dont les
importances relatives ne sont pas toujours faciles à
déterminer :
- En premier lieu on trouve le degré
d'intégration fiscale, c'est-à-dire, le poids des impôts
communautaires dans le total des impôts. Plus le degré
d'intégration est important, plus grand est le potentiel de
péréquation.
- En deuxième lieu, on trouve le niveau de revenu moyen
par habitant. Les communes qui bénéficient le plus de la
péréquation sont celles dont les habitants ont un revenu moyen
faible.
- En troisième lieu enfin, on trouve le nombre
d'habitants par commune. Les communes les plus résidentielles sont
celles qui bénéficient le plus de la
péréquation.
Ce dernier critère est celui pris en compte par les
lois de répartition des CAC au Cameroun. L'on comprend pourquoi ce sont
les grandes collectivités qui bénéficient plus de ces CAC.
Ainsi la prise en compte d'autres critères tels que : le niveau de
revenu moyen par habitant, le potentiel fiscal le plus faible..., permettrait
une redistribution en faveur des communes pauvres. La péréquation
étant, par nature, faite pour les communes pauvres.
Toutefois, en dehors de ces différentes contributions
de l'Etat, l'emprunt communal reste nécessaire.
II- LA PROMOTION DE L'EMPRUNT COMMUNAL.
Les CTD doivent avoir la faculté d'emprunter, car il
leur sera impossible autrement de réaliser leur politique massive
d'investissement, faute de fonds propres suffisants.
L'emprunt communal reste un mode de financement à
promouvoir par les collectivités locales, car il reste la seule
réponse appropriée à terme aux besoins d'investissement
communaux. Nous examinons ainsi les avantages de l'emprunt pour les
collectivités locales, les limites de l'emprunt communal et les
conditions d'accès à l'emprunt.
A. Les avantages de l'emprunt pour les
collectivités locales.
L'emprunt présente plusieurs avantages :
- la disponibilité immédiate des
liquidités.
- la répartition dans le temps, c'est-à-dire sur
plusieurs générations, des charges d'intérêts.
- La garantie de l'affectation des fonds au financement d'un
besoin précis.
Face aux problèmes que connaissent les investissements
communaux, les institutions de financement ne veulent pas courir le risque
communal, car les investissements au niveau local ne sont pas toujours
rentables. Cette incertitude est aussi due au fort taux d'endettement des CTD
vis-à-vis des grandes institutions telles que SNEC, AES-Sonel et le
FEICOM.
B. Les limites de l'emprunt communal
On distingue trois limites principales à l'emprunt
communal :
- Il y a un seuil d'endettement à ne pas
dépasser. Les CTD voulant recourir à l'emprunt doivent se
rassurer que la charge de la dette est inférieure à 30% des
recettes annuelles. Ceci est en effet une sorte de garantie de remboursement de
la dette.
- Le ratio d'intérêt sur les recettes annuelles
doit être supérieur à 10%, donc faible.
- Enfin, les recettes de fonctionnement doivent couvrir
entièrement la charge de dette, c'est-à-dire le rapport
dépenses de fonctionnement sur remboursement de dette doit être
inférieur ou égal à l'unité.
En plus, le recours à l'emprunt exige
l'élaboration d'un tableau d'amortissement qui indique le montant du
remboursement annuel et, d'échéance de remboursement.
C. Les conditions d'accès à
l'emprunt
L'accès à l'emprunt, par les CTD, suppose le
respect de certaines conditionnalités. On distingue des conditions
organisationnelles et les conditions de gestion.
1- Les conditions organisationnelles
Il s'agit en effet :
- de l'établissement d'un programme
d'investissement prioritaire ;
- de l'identification des indicateurs sur
l'économie locale ;
- de l'usage des outils modernes pour l'organisation des
opérations
d'assiette et de recouvrement des recettes
fiscales ;
- de la constitution d'un fichier des contribuables
locaux.
2- Les conditions de gestion
Il s'agit de l'obligation de transparence et de
fiabilité dans la gestion de la collectivité locale. En cela, la
production des comptes administratifs et des comptes de gestion fiables devient
indispensable, pour rendre compte de la réalité de la gestion et
fournir aux organismes auprès desquels la collectivité locale
veut contracter l'emprunt des informations utiles sur leur
solvabilité.
Les collectivités locales pourraient garantir leurs
emprunts sur leur patrimoine notamment immobilier, mais aussi sur certaines
recettes propres permanentes et garanties telles que les CAC (c'est sur cette
garantie que l'emprunt obligatoire contracté par la communauté
urbaine de Douala a été effectué.)
L'emprunt communal constitue donc une autre source de
financement des CTD qui contribuerait à améliorer la politique de
financement des investissements communaux.
Conclusion du chapitre
Ce chapitre nous a permis de faire des recommandations et
d'ouvrir des perspectives sur la politique de financement actuelle des
collectivités territoriales. Ainsi l'amélioration des
procédures de financement des collectivités locales, dans la
perspective de la décentralisation, passe principalement par la
définition de l'unité territoriale optimale avant toute division
du territoire en collectivités locales, le renforcement de la
fiscalité locale, la redéfinition de la contribution de l'Etat
ainsi que la promotion de l'emprunt communal. Ce qui aura pour effet
d'améliorer la quantité de ressources locales et la
qualité des services offerts par les collectivités locales aux
populations bénéficiaires.
CONCLUSION GENERALE
L'objet de cette étude était de mettre en
évidence les déséquilibres dans le financement des CTD.
Notre démarche a donc consisté dans un premier
temps à examiner le cadre institutionnel de la décentralisation
territoriale au Cameroun. Cet examen nous a permis de définir d'abord la
notion de décentralisation et en particulier celle de
décentralisation territoriale, à présenter ensuite les
différentes logiques et approches théoriques de ce concept et
à montrer enfin que sa mise en oeuvre se heurte à divers
problèmes à la fois institutionnels, économiques et
sociaux.
Ainsi au sens qui nous intéresse ici, la
décentralisation territoriale représente le transfert par l'Etat,
aux CTD, des compétences et des moyens correspondants. Il s'agit donc de
la décentralisation territoriale qui se distingue de la
décentralisation par services en ce sens que cette dernière
consiste à confier à une personne morale la gestion d'un service
ou d'un établissement public.
Il nous a été permis de constater que
l'administration municipale au Cameroun fonctionne encore sous l'égide
des anciennes lois promulguées vers les années 70 et 80. Ces lois
distinguent plusieurs niveaux de décentralisation territoriale à
savoir la communauté urbaine et les CUA, dans les grandes
métropoles Douala et Yaoundé ; les communes urbaines
à régime spécial ; les communes urbaines simples et
les communes rurales. Les disfonctionnements nés de cette structuration
ont entraîné les pouvoirs publics à rédiger de
nouvelles lois que nous avons appelées, dans notre étude, la
"nouvelle décentralisation territoriale".
Ces nouvelles lois, en attendant leur entrée en
application, viennent ainsi marquer une certaine rupture avec ce que nous
vivons actuellement, en ce sens qu'elles créent un autre type de CTD
(région) et définissent de manière précise les
compétences des collectivités locales.
Il s'est agi dans un second temps, cela à la
lumière de nouvelles lois, d'étudier la pierre angulaire de tout
processus de décentralisation, à savoir son financement. Ainsi
nous avons constaté que le financement des CTD apparaît comme la
clé de voûte du processus de décentralisation au Cameroun,
car sa réussite permet de garantir le respect des principes fondamentaux
de la décentralisation et d'étendre les pouvoirs des élus
locaux. Toutefois une mauvaise répartition des ressources entre l'Etat
et les CTD, et entre CTD elles-mêmes est sujette à des risques dus
principalement à la marginalisation économique de certaines
CTD.
Aussi, dans un troisième temps, nous nous sommes
préoccupés à l'examen des différentes sources de
financement des CTD. A partir de la méthode des sondages, nous avons
tiré un échantillon de dix communes réparties en trois
catégories : la catégorie 1 regroupant les communes riches
(la communauté urbaine de Yaoundé) ; la catégorie 2
faite des communes moyennement riches (communes urbaines, CUA et communes
rurales des zones d'exploitation forestière), et la catégorie 3
constituée des communes pauvres (les communes rurales
marginalisées économiquement). Cet échantillon nous a
permis de confirmer l'hypothèse de notre étude suivant
laquelle : la politique de financement des CTD n'est pas efficace. Car
elle s'appuie sur des ressources fiscales difficilement recouvrables dans
certaines communes du fait de leur marginalisation économique ; une
mauvaise répartition des ressources issues des transferts de l'Etat et
une faible rentabilité des ressources propres locales. Ce qui justifie
l'existence des déséquilibres entre ces catégories
communales.
Et à la question enfin de savoir comment lutter contre
ces inégalités, nous disons qu'il faut renforcer la
fiscalité locale en mettant en oeuvre les services
d'assiette et de recouvrement dans toutes les CTD, en reversant aux CTD la
totalité de la fiscalité partagée avec l'Etat et en
transférant d'autres impôts plus rentables aux CTD. Il faut aussi
renforcer, du moins, redéfinir la contribution de l'Etat face aux
multiples transferts de compétences à opérer en faveur des
collectivités locales, et enfin promouvoir l'emprunt communal qui
demeure la source fiable et appropriée au financement des
investissements communaux. Toutefois, avant toute création des CTD, ou
du moins pour reformer celles déjà existantes, l'Etat devrait
prendre en compte certains indicateurs économiques qui garantissent un
certain potentiel fiscal aux diverses collectivités locales. Il s'agit
en effet de la création des unités territoriales optimales comme
base de toute collectivité territoriale.
Toutes ces recommandations, pour être bien connues et
avoir pouvoir libératoire national, doivent être
élucidées dans ce qu'il est convenu d'appeler le régime
financier des CTD, en projet de rédaction.
Toutefois, l'efficacité des CTD reste dépendante
des performances économiques de l'économie locale. Pour que les
collectivités locales puissent effectivement jouer leur rôle dans
le processus de développement national, il faut que les acteurs et
décideurs locaux maîtrisent les techniques de développement
économique et de gestion. C'est cette maîtrise du
développement local qui permettrait à la fiscalité locale
d'atteindre sa contribution de 60% au titre du financement du processus de
décentralisation.2(*)
Références Bibliographiques
I- Lois et règlements
- Constitution du 18 janvier 1996.
-Ordonnance n°62/OF/4 du 7 février 1962
portant régime financier de l'Etat du Cameroun
-Décret n°74-23 du 23 décembre 1974 portant
organisation municipale, ensembles ses divers modificatifs,
-Décret n°77-85 du 22 mars 1977 fixant les
modalités de fonctionnement et de gestion du FEICOM, ensembles ses
diverses modifications,
-Décret n°77-91 du 25 mars 1977 déterminant
les pouvoirs de tutelle sur les communes, les syndicats de communes et les
établissements intercommunaux,
-Décret n°78-484 du 9 novembre 1978 fixant les
attributions des chefs de circonscriptions administratives et des organismes
et personnes chargés de les assister dans l'exercice de leurs
fonctions,
-Décret n°79-189 réglementant les
délimitations des centres urbains,
-Loi n°87-015 du 15 juillet 1987 portant création
des communautés urbaines,
-Loi n°92-002 DU 14 août 1992 fixant conditions
d'élections des conseillers municipaux,
- Décret n°94-232 du 5 septembre 1994
précisant le statut et les attributions des receveurs municipaux,
-Décret n°95-690/PM du 26 décembre 1995
fixant les modalités de répartition des centimes additionnels
communaux,
-Décret n°96-098/PM du 7 mai 1996 modifiant
certaines dispositions du décret n°77-87 du 22 mars 1977 fixant les
modalités de fonctionnement du FEICOM,
-Loi n°96-6 du 18 janvier 1996 portant
révision de la constitution du 2 juin 1972.
-Décret n°98/266/PM du 21 août 1998 portant
application du plan comptable sectoriel communal et nomenclature
budgétaire.
-Loi n°2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de
la décentralisation au Cameroun
-Loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 portant règles
applicables aux communes
- Loi n°2004/019 du 22 juillet 2004 portant
règles applicables aux régions
II- Circulaires et instructions diverses.
- Lettre circulaire n°213/LC/MINAT/DCTD du 12 janvier
1999
- Instruction n°1681/LC/MINAT/DCTD du 12 janvier 1999.
- Instruction98/n°01/I/FEICOM/AC du 22 décembre
1998.
- Instruction n°41/MINEFI/DT/SDER du08
décembre1998
- Instruction n°003/005/I/MINFI/DI/SDER du 22 avril
2003
- Instruction n°2489/I/MINFI/DI/CCE du 27 mai 2003
III- Ouvrages.
- Finkin, M.1996.Communes et gestion communale au
Cameroun. Presses du groupe ST François, Yaoundé.348
pages.
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IV- Articles
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-Prud'homme, R.1995. The dangers of decentralization. The
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Table des matières
Dédicace............................................................................ii
Avant-propos......................................................................iii
Sommaire...........................................................................vi
Liste des
abréviations..............................................................x
Liste des tableaux et
figures......................................................xi
Résumé
..........................................................................xiii
Abstract
..........................................................................xv
Introduction
générale...............................................................1
Chapitre 1 : le processus de décentralisation
territoriale au Cameroun : le cadre
institutionnel...............................................................10
Introduction du
chapitre.........................................................10
Section 1 : les généralités sur le
concept de décentralisation...............11
III- La définition et les fondements théoriques de
la
Décentralisation................................................................11
C- La définition du concept de
décentralisation...........................11
1- la distinction entre décentralisation et
déconcentration..............11
2- les différentes formes de
décentralisation..............................12
3- les logiques de la décentralisation
territoriale........................13
D- Les fondements théoriques de la
décentralisation.....................13
1- la théorie des choix
publics..............................................13
2- l'approche par l'analyse des
institutions...............................15
3- l'approche
pragmatique..................................................15
IV- L'administration municipale au Cameroun : un cadre
institutionnel en voie de
réforme...................................16.
C- L'administration municipale
actuelle..................................16.
1- les types de collectivités territoriales
décentralisées.................17
a- les collectivités territoriales à statut
dérogatoire......................17
b- les communes urbaines et
rurales.......................................18
2- la coopération intercommunale
décentralisée.........................19
a- les associations de
communes...........................................19
b- le champ de la coopération
internationale..............................20
c- la coopération
Etat-CTD..................................................22
3- la tutelle de l'Etat sur les collectivités
territoriales
décentralisées.................................................................23
a- les autorités de
tutelle.....................................................23
b- les modalités d'exercice de la
tutelle....................................24
c- les autres
contrôles.........................................................25
D- La « nouvelle décentralisation
territoriale » au Cameroun.........26
1-les types de collectivités territoriales
décentralisées..................26
2- les compétences à
transférer.............................................27
Section 2 : les problèmes liés à la
mise en oeuvre de
la
décentralisation................................................................28
III- Les problèmes
institutionnels........................................28
E- Le problème du renforcement des capacités
locales.................28.
1- les ressources
humaines..................................................28
2- les ressources
matérielles................................................30
3- les ressources
financières................................................31
F- Le problème modernisation de la gestion
locale......................32
G- La prépondérance de la tutelle sur les
CTD...........................33
H- Le problème de réorganisation des services
communaux.................................................................34
IV- Les problèmes dus à la situation
économique très
défavorable............................................................36
C- L'accroissement de la
pauvreté.........................................36.
D- Le désengagement de l'Etat des secteurs
d'activités de base......37
Conclusion du
chapitre.........................................................38.
Chapitre 2 : le financement des collectivités
territoriales décentralisées : la clé de voûte
du succès de la
décentralisation..............................40
Introduction du
chapitre.........................................................40
Section 1 : l'importance du financement dans le processus
de
décentralisation....................................................................41
I- Garantir les principes fondamentaux de la
décentralisation..........41
A- Les principes de
base......................................................41
1- le principe de libre
administration..........................................42
2- le principe de
subsidiarité....................................................42
3- le principe de démocratie
locale.............................................43
B- Les principes de finances
locales.........................................44.
1- le principe d'autonomie
financière..........................................44
2- le principe de transfert
.......................................................45
3- le principe de
péréquation...................................................46
II- l'extension du pouvoir
local.............................................46.
A- L'extension du pouvoir
décisionnel.....................................47
1- la détention d'un pouvoir
fiscal............................................47
2- l'extension du domaine d'intervention par
l'élargissement de l'intervention traditionnelle et le
développement d'activités
nouvelles.........................................................................48
3- l'attribution de qualité d'ordonnateur aux
exécutifs élus..............48
B- La maîtrise de la fiscalité
locale..........................................48
1- une fiscalité locale économiquement peu
supportable..................49
2- une fiscalité locale financièrement peu
rentable.........................49
3- une fiscalité locale socialement moins
équitable........................50
C-Le relâchement de la connexité de ses
relations avec l'Etat...........51.
1- l'Etat
prescripteur............................................................51
2- l'Etat
serviteur................................................................52
3- l'Etat
régulateur...............................................................52
Section 2 : Les risques dus au mauvais financement des
collectivités territoriales
décentralisées........................................................53
I- Les risques
politiques......................................................53
A- Le risque de
sécession....................................................53
B- Le risque de reproduction du pouvoir autoritaire
au niveau
local...................................................................54
C-Le risque de corruption au niveau
local................................ 54
II- Les risques
économiques................................................55
A- Le risque d'inadéquation compétence
transférées et moyens
alloués.............................................................................55.
B- Le risque de marginalisation de certaines
collectivités locales
..................................................................................................................56
Conclusion du chapitre
.......................................................58
Chapitre 3 : Les différentes sources de
financement des collectivités territoriales
décentralisées : les déséquilibres
intercommunaux...........59.
Introduction.......................................................................59
Section 1 : La méthodologie de l'analyse
statistique.......................59.
I- Les généralités sur la méthode
des sondages .........................60
A- La définition de la méthode des
sondages............................60.
B- Les enjeux de l'enquête par
sondage..................................61.
1- le coût et la
rapidité..........................................................61
2- la souplesse dans le choix des
concepts..................................62
3- la précision et la richesse des
observations..............................62
C-Les étapes de l'enquête par
sondage................................... .62
II- La technique de sondage : la méthode des
quotas ......................63
A- Le principe de la méthode des quotas
..................................63
B- Les avantages et les inconvénients de la
méthode des
quotas..............................................................................63
1- les
avantages..................................................................63
2- les
inconvénients............................................................64
C-La mise en oeuvre de la méthode des
quotas...........................64.
III- L'application de la méthode des quotas :
détermination de l'échantillon et ses
caractéristiques.........................................65
A- La détermination de
l'échantillon........................................67
B- Les caractéristiques de
l'échantillon.....................................68
Section 2 : Les différentes sources de financement
des CTD : les déséquilibres
intercommunaux................................................70.
I- Les recettes de
fonctionnement..........................................72
A- Les produits des recettes fiscales, centimes
additionnels et les taxes communales directes et
indirectes.............................................72
1- les recettes
fiscales............................................................72
2- les centimes additionnels
communaux.....................................75
3- les taxes communales directes et
indirectes...............................77
B- Les produits de l'exploitation du domaine et
services
communaux............................................................78
C-Les autres recettes de
fonctionnement...................................80
II- Les recettes
d'investissement...........................................85.
A- Les fonds de
dotation......................................................85
B- Les réserves et subventions affectées
à l'investissement .............87.
C-Les emprunts à long et à moyen
termes..................................89.
Conclusion du
chapitre...........................................................96
Chapitre 4 : Les recommandations et les perspectives pour
un financement adéquat du processus de décentralisation
territoriale au
Cameroun...........................................................................98
Introduction........................................................................98
Section 1 : la nécessité de réformer
le modèle de décentralisation et le renforcement de
fiscalité locale.................................................98
I-la nécessité de reformer le modèle de
décentralisation ...............99
A- La détermination de
l' « unité territoriale optimale »
................99.
1- la définition du concept
d' « unité territoriale
optimale »...............99
2- les
caractéristiques...........................................................100
a- les caractéristiques
juridiques..............................................100
b- les caractéristiques
socio-économiques...................................101
B- La dynamisation de la coopération
décentralisée.....................101
C-Le renforcement de la solidarité
intercommunale.....................103
1- la nécessité de
l'intercommunalité........................................103
2- les objectifs de
l'intercommunalité.......................................104
3- les formes adaptées de
l'intercommunalité..............................105
4- le financement de
l'intercommunalité....................................106
II- Le renforcement de la fiscalité
locale.................................107
A- La mise en place des services d'assiette et de
recouvrement dans toutes les
CTD..................................................................107.
B- Le reversement total de la fiscalité
partagée..........................108
C-Le transfert de fiscalité aux
CTD........................................109
Section 2 : La redéfinition de la contribution de
l'Etat et la promotion de l'emprunt
communal...........................................................110.
I- La redéfinition de la contribution de l'Etat
..........................110.
A-la péréquation
volontaire..................................................111
B-la péréquation
obligatoire.................................................112
1- la péréquation
verticale.....................................................112
a- les
dotations..................................................................112
b- les
compensations...........................................................113
2- la péréquation
horizontale..................................................113
II- La promotion de l'emprunt
communal...............................115
A-les avantages de l'emprunt pour les collectivités
locales............................................................................115
B- les limites de l'emprunt
communal......................................115
C-les conditions d'accès à
l'emprunt.......................................116
1- les conditions
organisationnelles..........................................116
2- les conditions de
gestion...................................................116
Conclusion du
chapitre.........................................................117
Conclusion
générale............................................................118
Bibliographie
....................................................................121
Table des
matières.............................................................125
* 1 La loi de finances 2005
retirait 25% de CAC alloués aux communes pour le compte de l'Etat.
* 1 Lire Martin Finken,
Commune et gestion municipale au Cameroun. 1996. pp26-71
* 2 Voir - R. CHAPAS, droit
administrative général Tome I 15ème
édition, Paris Montchrestien, 2001
- M. HAURIOU, précis de droit administratif et de
droit public Paris 9ème édition Sirey 1919
- J. RIVERO, Droit administratif Paris 4ème
édition Dalloz 1970
* 3Voir l'article
1er, à alinéa 1 de la loi N° 2004/017 du 22
Juillet 2004 portant orientation de la décentralisation.
* 4 Pour G.TULLOCK et J.
BUCHAMAU dans le marché politique les auteurs préconisent de
revoir les règles de la majorité pour eux un décideur
capable de défendre réellement les intérêts des
populations doit être élu à la majorité absolue.
* 5 cette fonction est
réservée aux non élus ; suivant l'article 18 de la
loi du 15 Juillet 1987 portant création des communautés urbaines,
nul ne peut être nommé aux fonctions de
délégué du gouvernement ou d'adjoint au
délégué s'il est CM ou Maire de la CUA
* 6 D'après le
décret N°77/91 du 25 Mars 1977 déterminant les pouvoirs de
tutelle sur les communes, syndicat de commune et établissement
communaux
* 7 Voir section 3 Chapitre1 de
la loi n°2004/019 du 22 Juillet 2004 fixant les règles applicables
aux régions
8 lire, MINATD, Recueil des lois de
décentralisation.pp56-61.
* 9 Lire à, cet effet
Xavier Greffe : la décentralisation
* 10 Voir Jaques Moreau,
Administration régionale, Départemental et municipal
11ème édition
* 11 selon cet article, le
Cameroun est un Etat unitaire décentralisé
* 12 Confère,
première partie du 5ème chapitre de son ouvrage
intitulé de la démocratie en Amérique, 1835.
* 13 Confère
arrêté conjoint n°0036 MINATD/MINEFI et l'article
1er du décret 2002/2175/PM du 20 Décembre 2002 fixant
les taux maxima de recouvrement de certaines taxes communales indirectes.
* 14 Voir loi n°2004/017
et portant orientation de la décentralisation, loi n°2004/018
fixant les règles applicables aux communes et la loi n°2004/019
fixant les règles applicables aux régions
* 15 Confère courbe de
Laffer.
* 16 Voir le cas de la loi de
finances 2005 l'Etat a retiré 50% des C.A.C réservés aux
communes issus de la T.V.A et 25% dans la loi de finances 2006.
* 17 selon Johann Heinrich Von
Thünen et Dunn, la théorie de localisation des activités
économiques suppose qu'au centre ville on retrouve les bureaux et les
services, au fur et à mesure que l'on s'éloigne du centre, les
manufactures légères les entrepôts les habitats, les
manufactures lourdes l'agriculture et enfin la chasse.
* 18Lire à cet effet,
Bernard Grais. Statistique descriptive 1ère
édition 1974 et Philipe, Tassi : méthode statistique,
Economica. 359 PP
* 19 Le nombre de commune ayant
une surface financière moyenne est de treize au total de a
population ; soit 23,076% de sa représentation sur
l'échantillon
* 20 Confère
nomenclature budgétaire communale.
* 21 Lire à cet effet,
Administration régionale, départementale et provinciale
11e édition Jacques Moreau
* 22 Critères qui
sont : le niveau de l'offre de services publics locaux, la
démographie, l'effort local de mobilisation des ressources locales, le
revenu par tête d'habitant dans la collectivité, la protection de
l'environnement.
* 2 Selon C&A Consul.Ting
Sarl, dans l'étude sur l'approfondissement du processus de
décentralisation au Cameroun, les contributions des différentes
de financement des CTD sont :
- 60% pour la fiscalité locale ;
- 25% au titre de dotation générale de
décentralisation ;
- 10% issue de la solidarité FEICOM ;
- et 5% au titre de la coopération
décentralisée.
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