Les
sigles
1- ASTM : Action
Solidarité Ticas Monde
2- FAO : Organisation des
Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation
3- OMC : Organisation Mondiale
du Commerce
4- BRH : Banque de la
République d'Haïti
5- IHSI : Institut Haïtien de
Statistiques et d'Informatique
6- UE : Union Européenne
7- PAPDA : Plateforme Haïtienne de
Plaidoyer pour un Développement Alternatif
8- PIB : Produit Intérieur
Brut
9- BM : Banque Mondiale
10- ONG : Organisation non
gouvernementale
11- FARM : Fondation pour
l'agriculture et la Ruralité dans le Monde
CHAPITRE I : Introduction
Le mot "Agriculture" désigne la culture
des sols, et plus généralement l'ensemble des travaux qui
transforment le milieu naturel dans l'intérêt de l'homme. On
distingue deux formes d'agriculture : la culture des sols, ayant pour but
de produire des végétaux et la culture des animaux plus
généralement appelée élevage, ayant pour but de
produire des animaux.
Au cours de l'histoire, l'agriculture s'est
développée pour le progrès des cultures. Par exemple, de
nos jours la phytogénétique permet de mettre au point des
variétés à très haut rendement et avec un cycle
cultural plus court. L'homme a su aussi s'adapter aux conditions
géographiques plus ou moins difficiles; par exemple, il a inventé
les rizières en escalier, les serres... De nos jours, l'homme peut
améliorer ses récoltes grâce à des techniques
qui s'affranchissent des contraintes des sols (engrais, irrigation, etc.).
L'agriculture fait partie
du secteur dit primaire. Elle produit des denrées alimentaires qui
peuvent être consommées directement ou après
transformation. Elle produit également des matières
premières pour l'industrie qui elle fait partie du secteur secondaire.
Son importance réside dans le fait qu'elle produit des biens de
consommation, car pour vivre, il faut manger et ce que l'on mangue provient des
travaux des agriculteurs. Depuis des années Haïti a connu des
modifications de certains paramètres dans le secteur primaire,
principalement la baisse de la pluviosité et un taux de croissance
démographique élevé, induisant une forte réduction
des superficies cultivées par actif rural. Depuis des décennies,
on constate en Haïti l'absence de dynamisme du secteur agricole qui est
montrée clairement par certains indicateurs comme la part de
l'agriculture dans le produit intérieur brut du pays (áa) et la
part de l'agriculture dans les exportations totales du pays (Xa).
Ainsi, l'étude de la contribution du secteur primaire
dans l'économie nationale au cours de la période de
l'étude permettra d'avoir des idées plus approfondies sur le
dynamisme du secteur.
1.1- Problématique
Avant l'indépendance, l'agriculture remplissait
très bien son rôle principal de l'époque qui était
de produire les denrées agricoles que la métropole ne pouvait pas
produire. A ce titre Haïti était surnommée `La perle des
Antilles' car elle était le premier pays exportateur de sucre du nouveau
monde.
Après l'indépendance, l'agriculture
haïtienne devait comme toute autre agriculture remplir une triple
fonction. Premièrement, elle devait produire les principales
denrées qui entrent dans l'alimentation de la population et ceci
constitue un rôle stratégique, tenant compte que tout pays qui se
veut réellement indépendant doit pouvoir au moins satisfaire les
besoins alimentaires de ses ressortissants. Deuxièmement, elle devait
jouer son rôle de source de revenu surtout par le biais des taxes
provenant de l'exportation de certaines denrées comme le café, le
cacao, le coton, la figue-banane, les huiles essentielles et certaines fibres,
il faut dire que les chiffres montrent que l'agriculture remplissait fort bien
ce rôle après l'indépendance bien que quand on compare les
performances de l'agriculture coloniale et celles d'après
l'indépendance on puisse remarquer qu'il y a eu diminution mais cela
n'empêchait pas à l'agriculture de jouer son rôle.
Troisièmement, l'agriculture était fournisseuse d'emplois en
absorbant une partie de la main-d'oeuvre. Pour ce qui s'agit de cette
fonction, l'agriculture le jouait très bien depuis même avant
l'indépendance puisque la plus grande partie des habitants de
l'île était toujours des employés du secteur primaire et
plus précisément de la branche agricole. Aujourd'hui encore plus
de 60% de la population haïtienne gagne leur pain quotidien à
partir de l'agriculture.
Au fil des ans, les principales denrées d'exportation
ont commencé à perdre de leur valeur en termes de quantité
produite. Cette situation était surtout due au fait qu'il n'y a pas eu
assez d'investissements dans le secteur qui était donc rongé par
un manque ou même de l'absence de technologie et d'encadrement aux
agriculteurs. De plus, les profits provenant des exportations étaient
très mal répartis. L'Etat et un petit groupe d'exportateurs
jouissaient des profits sans se pencher sur le sort des producteurs qui
devenaient plus pauvres au jour le jour, leur faisant préférer
ainsi la culture des vivres au lieu des cultures de rente qui permettaient
à l'agriculture de remplir son rôle de grossir les caisses de
l'Etat via les taxes sur l'exportation mieux que de jouer son rôle de
nourrir la population.
Actuellement, l'agriculture haïtienne se trouve en plein
milieu d'une crise sans précédent et cette crise est d'abord au
niveau de la paysannerie haïtienne. Cette situation est due à la
complexité des difficultés qui frappent de plein fouet nos
principales denrées d'exportation et qui sont liés à des
problèmes d'archaïcité des techniques, la baisse croissante
de la productivité des sols par suite de la répétition
séculaire des façons culturales inadéquates,
l'exiguïté des parcelles cultivées qui, à chaque
génération successorale, s'émiettent de plus en plus,
donnant lieu à la prolifération de minifundia qui gênent la
culture extensive, la modernisation de l'agriculture et contribuant à la
persistance d'un système anarchique de tenure de sol. Il faut ajouter
à tout cela le peu de souci accordé par les pouvoirs publics au
développement agricole.
Enfin, on constate qu'il y a actuellement en Haïti une
agriculture de grappillage due au faite qu'il existe différentes
catégories de problèmes : les problèmes de type
agricole et les problèmes de type agraire. Les problèmes de type
agricole les plus courants sont :
- Les problèmes de fertilité des sols
- Les problèmes environnementaux.
(déboisement)
- Les problèmes d'eau, jusqu'à aujourd'hui, la
grande majorité des cultures se font sous régime pluvial. Les
rares structures d'irrigation qui existent sont désuètes et par
conséquent font face à de sérieux problèmes de
maintenance et de gestion.
- Les problèmes d'intrants, il n'y a pas de semences
préparées aux fins de mise en place des cultures
- Les problèmes d'encadrement, une fois la culture
mise en place, les agriculteurs sont livrés à eux-mêmes
- Les problèmes d'élevage, il est
pratiqué sur petite échelle, on retrouve quelques têtes de
bétail et des animaux de basse-cour majoritairement élevés
à la corde en saison de culture et libre pendant la période
sèche. Ces animaux ne reçoivent presque pas de soins. De plus une
fois la culture en place, les agriculteurs sont livrés à
eux-mêmes. L'élevage n'est pas dans une meilleure situation, il
est pratiqué sur petite échelle, on retrouve quelques
têtes de bétail et des animaux de basse-cour majoritairement
élevés à la corde en saison de culture et libre pendant la
période sèche. Ces animaux ne reçoivent presque pas de
soins sanitaires.
Les problèmes agraires datent depuis le lendemain de
l'indépendance. Ces problèmes concernent principalement la
possession de la terre associée d'une part à la
sécurité foncière qui est un élément qui
influence fortement les types d'investissement et risques qu'on peut accepter
dans l'exploitation de la terre et d'autre part le type de tenure. Comme on le
sait l'exploitation haïtienne est constituée de petites parcelles
éparpillées çà et là, ce qui donne lieu
à une agriculture inhibée et rachitique. Déjà, le
recensement de 1950 affirmait que près de 40% des familles paysannes
mettaient en valeur moins de 1 carreau (Cx) de terre, que 70% des familles
exploitaient moins de 2 carreaux et 6% possédaient plus de 5 carreaux.
Plus d'un demi siècle plus tard, la situation foncière s'est
davantage détériorée car le père qui avait 1 cx et
qui a cinq enfants doit diviser son carreau de terre en cinq parts et les
descendants en feront autant, cette habitude successorale a contribué
à rendre encore plus infime l'exploitation haïtienne. Cette
situation est une des causes fondamentales de la décadence de
l'agriculture haïtienne.
Comme nous l'avons déjà fait remarquer,
l'agriculture faisant partie du secteur primaire est une branche de très
grande importance dans l'économie, avec ses principales
responsabilités de nourrir la population, de constituer une source de
revenu et d'employer une partie de la population active.
Malgré leurs problèmes, les agriculteurs avec
leurs travaux, leurs stratégies et leurs productions parviennent tant
bien que mal à prendre soin de leur famille et dans une certaine mesure
à assurer une partie de l'alimentation du pays. Ainsi, ces constats nous
poussent à poser cette question : l'agriculture a-t-elle encore un
poids considérable dans l'économie haïtienne ?
Dans ce contexte, une analyse séquentielle de la part
agricole dans le PIB total et la part agricole des exportations totales du pays
au cours de la période allant de 1995 à 2004, nous permettra
d'apporter des éléments de recommandations en ce qui a trait aux
différentes interrogations et rendra du même coup disponible des
données statistiques analysées concernant cette branche du
secteur primaire.
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