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Contribution du secteur primaire à  l'économie nationale de 1995 à  2004

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par Wilner DURE
Universite d'Etat d'Haiti - Ingenieur-Agronome 2008
  

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Les sigles

1- ASTM  : Action Solidarité Ticas Monde

2- FAO  : Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

3- OMC  : Organisation Mondiale du Commerce

4- BRH  : Banque de la République d'Haïti

5- IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique

6- UE : Union Européenne

7- PAPDA : Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif

8- PIB : Produit Intérieur Brut

9- BM  : Banque Mondiale

10- ONG : Organisation non gouvernementale

11- FARM : Fondation pour l'agriculture et la Ruralité dans le Monde

CHAPITRE I : Introduction

Le mot "Agriculture" désigne la culture des sols, et plus généralement l'ensemble des travaux qui transforment le milieu naturel dans l'intérêt de l'homme. On distingue deux formes d'agriculture : la culture des sols, ayant pour but de produire des végétaux et la culture des animaux plus généralement appelée élevage, ayant pour but de produire des animaux.

Au cours de l'histoire, l'agriculture s'est développée pour le progrès des cultures. Par exemple, de nos jours la phytogénétique permet de mettre au point des variétés à très haut rendement et avec un cycle cultural plus court. L'homme a su aussi s'adapter aux conditions géographiques plus ou moins difficiles; par exemple, il a inventé les rizières en escalier, les serres... De nos jours, l'homme peut améliorer ses récoltes grâce à des  techniques qui s'affranchissent des contraintes des sols (engrais, irrigation, etc.).

L'agriculture fait partie du secteur dit primaire. Elle produit des denrées alimentaires qui peuvent être consommées directement ou après transformation. Elle produit également des matières premières pour l'industrie qui elle fait partie du secteur secondaire. Son importance réside dans le fait qu'elle produit des biens de consommation, car pour vivre, il faut manger et ce que l'on mangue provient des travaux des agriculteurs. Depuis des années Haïti a connu des modifications de certains paramètres dans le secteur primaire, principalement la baisse de la pluviosité et un taux de croissance démographique élevé, induisant une forte réduction des superficies cultivées par actif rural. Depuis des décennies, on constate en Haïti l'absence de dynamisme du secteur agricole qui est montrée clairement par certains indicateurs comme la part de l'agriculture dans le produit intérieur brut du pays (áa) et la part de l'agriculture dans les exportations totales du pays (Xa).

Ainsi, l'étude de la contribution du secteur primaire dans l'économie nationale au cours de la période de l'étude permettra d'avoir des idées plus approfondies sur le dynamisme du secteur.

1.1- Problématique

Avant l'indépendance, l'agriculture remplissait très bien son rôle principal de l'époque qui était de produire les denrées agricoles que la métropole ne pouvait pas produire. A ce titre Haïti était surnommée `La perle des Antilles' car elle était le premier pays exportateur de sucre du nouveau monde.

Après l'indépendance, l'agriculture haïtienne devait comme toute autre agriculture remplir une triple fonction. Premièrement, elle devait produire les principales denrées qui entrent dans l'alimentation de la population et ceci constitue un rôle stratégique, tenant compte que tout pays qui se veut réellement indépendant doit pouvoir au moins satisfaire les besoins alimentaires de ses ressortissants. Deuxièmement, elle devait jouer son rôle de source de revenu surtout par le biais des taxes provenant de l'exportation de certaines denrées comme le café, le cacao, le coton, la figue-banane, les huiles essentielles et certaines fibres, il faut dire que les chiffres montrent que l'agriculture remplissait fort bien ce rôle après l'indépendance bien que quand on compare les performances de l'agriculture coloniale et celles d'après l'indépendance on puisse remarquer qu'il y a eu diminution mais cela n'empêchait pas à l'agriculture de jouer son rôle. Troisièmement, l'agriculture était fournisseuse d'emplois en absorbant une partie de la main-d'oeuvre. Pour ce qui s'agit de cette fonction, l'agriculture le jouait très bien depuis même avant l'indépendance puisque la plus grande partie des habitants de l'île était toujours des employés du secteur primaire et plus précisément de la branche agricole. Aujourd'hui encore plus de 60% de la population haïtienne gagne leur pain quotidien à partir de l'agriculture.

Au fil des ans, les principales denrées d'exportation ont commencé à perdre de leur valeur en termes de quantité produite. Cette situation était surtout due au fait qu'il n'y a pas eu assez d'investissements dans le secteur qui était donc rongé par un manque ou même de l'absence de technologie et d'encadrement aux agriculteurs. De plus, les profits provenant des exportations étaient très mal répartis. L'Etat et un petit groupe d'exportateurs jouissaient des profits sans se pencher sur le sort des producteurs qui devenaient plus pauvres au jour le jour, leur faisant préférer ainsi la culture des vivres au lieu des cultures de rente qui permettaient à l'agriculture de remplir son rôle de grossir les caisses de l'Etat via les taxes sur l'exportation mieux que de jouer son rôle de nourrir la population.

Actuellement, l'agriculture haïtienne se trouve en plein milieu d'une crise sans précédent et cette crise est d'abord au niveau de la paysannerie haïtienne. Cette situation est due à la complexité des difficultés qui frappent de plein fouet nos principales denrées d'exportation et qui sont liés à des problèmes d'archaïcité des techniques, la baisse croissante de la productivité des sols par suite de la répétition séculaire des façons culturales inadéquates, l'exiguïté des parcelles cultivées qui, à chaque génération successorale, s'émiettent de plus en plus, donnant lieu à la prolifération de minifundia qui gênent la culture extensive, la modernisation de l'agriculture et contribuant à la persistance d'un système anarchique de tenure de sol. Il faut ajouter à tout cela le peu de souci accordé par les pouvoirs publics au développement agricole.

Enfin, on constate qu'il y a actuellement en Haïti une agriculture de grappillage due au faite qu'il existe différentes catégories de problèmes : les problèmes de type agricole et les problèmes de type agraire. Les problèmes de type agricole les plus courants sont :

- Les problèmes de fertilité des sols

- Les problèmes environnementaux. (déboisement)

- Les problèmes d'eau, jusqu'à aujourd'hui, la grande majorité des cultures se font sous régime pluvial. Les rares structures d'irrigation qui existent sont désuètes et par conséquent font face à de sérieux problèmes de maintenance et de gestion.

- Les problèmes d'intrants, il n'y a pas de semences préparées aux fins de mise en place des cultures

- Les problèmes d'encadrement, une fois la culture mise en place, les agriculteurs sont livrés à eux-mêmes

- Les problèmes d'élevage, il est pratiqué sur petite échelle, on retrouve quelques têtes de bétail et des animaux de basse-cour majoritairement élevés à la corde en saison de culture et libre pendant la période sèche. Ces animaux ne reçoivent presque pas de soins. De plus une fois la culture en place, les agriculteurs sont livrés à eux-mêmes. L'élevage n'est pas dans une meilleure situation, il est pratiqué sur petite échelle, on retrouve quelques têtes de bétail et des animaux de basse-cour majoritairement élevés à la corde en saison de culture et libre pendant la période sèche. Ces animaux ne reçoivent presque pas de soins sanitaires.

Les problèmes agraires datent depuis le lendemain de l'indépendance. Ces problèmes concernent principalement la possession de la terre associée d'une part à la sécurité foncière qui est un élément qui influence fortement les types d'investissement et risques qu'on peut accepter dans l'exploitation de la terre et d'autre part le type de tenure. Comme on le sait l'exploitation haïtienne est constituée de petites parcelles éparpillées çà et là, ce qui donne lieu à une agriculture inhibée et rachitique. Déjà, le recensement de 1950 affirmait que près de 40% des familles paysannes mettaient en valeur moins de 1 carreau (Cx) de terre, que 70% des familles exploitaient moins de 2 carreaux et 6% possédaient plus de 5 carreaux. Plus d'un demi siècle plus tard, la situation foncière s'est davantage détériorée car le père qui avait 1 cx et qui a cinq enfants doit diviser son carreau de terre en cinq parts et les descendants en feront autant, cette habitude successorale a contribué à rendre encore plus infime l'exploitation haïtienne. Cette situation est une des causes fondamentales de la décadence de l'agriculture haïtienne.

Comme nous l'avons déjà fait remarquer, l'agriculture faisant partie du secteur primaire est une branche de très grande importance dans l'économie, avec ses principales responsabilités de nourrir la population, de constituer une source de revenu et d'employer une partie de la population active.

Malgré leurs problèmes, les agriculteurs avec leurs travaux, leurs stratégies et leurs productions parviennent tant bien que mal à prendre soin de leur famille et dans une certaine mesure à assurer une partie de l'alimentation du pays. Ainsi, ces constats nous poussent à poser cette question : l'agriculture a-t-elle encore un poids considérable dans l'économie haïtienne ?

Dans ce contexte, une analyse séquentielle de la part agricole dans le PIB total et la part agricole des exportations totales du pays au cours de la période allant de 1995 à 2004, nous permettra d'apporter des éléments de recommandations en ce qui a trait aux différentes interrogations et rendra du même coup disponible des données statistiques analysées concernant cette branche du secteur primaire.

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