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Contribution du secteur primaire à  l'économie nationale de 1995 à  2004

( Télécharger le fichier original )
par Wilner DURE
Universite d'Etat d'Haiti - Ingenieur-Agronome 2008
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAITI

(UEH)

FACULTÉ D'AGRONOMIE ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE

(FAMV)

DÉPARTEMENT D'ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT RURAL

(DEDR)

« CONTRIBUTION DU SECTEUR PRIMAIRE À L'ÉCONOMIE NATIONALE

DE 1995 á 2004 »

MÉMOIRE DE FIN D'ETUDES

Présenté par : Wilner DURÉ

Pour l'obtention du titre d'Ingénieur-Agronome.

Option : Économie et Développement Rural (EDR)

Juin 2008

Dédicaces

Ce mémoire de fin d'études est dédié à :

1- Ma maman, madame JEAN Jacqueline qui, après Dieu, a tout fait pour m'aider dans cette vocation.

2- La promotion K_talòg 2002-2007, particulièrement : Charles Philippe Barthélemy, Pierre David, Portilus Icenel, Pierre Jean Rold, Charles Pierre Jerry et Estimé Carl Édouard.

3- Mon oncle SIDOR Emmanuel, pour tous les supports financiers qu'il m'a donnés durant toutes mes années d'études.

4- À Eglanise LOUIS qui m'a élevé durant les sept premières années de ma vie.

5- À mon ami d'enfance, ROMELUS Johnny, pour son encouragement et ses conseils.

Avant-propos

Le présent document est le résultat de cinq années d'études assidues en agronomie avec une spécialisation en Économie et Développement rural. Le choix de ce sujet d'étude m'est venu dans la tête lors de ma participation à une émission radiophonique organisée par des étudiants de l'Université d'État d'Haïti (UEH) alors que des camarades de la faculté et moi devions parler de l'agriculture. La préparation de ce mémoire a été pour moi une véritable expérience, vu que d'une part je devais passer auprès de certaines institutions pour recueillir certaines informations et d'autre part surfer sur des dizaines de sites Internet afin de compiler des informations additionnelles. En Haïti les chiffres concernant l'agriculture et les statistiques sont le plus souvent introuvables et parfois très estimatifs, donc ils peuvent prêter à confusion et ce fait constitue une limitation assez sévère pour l'étude.

Par ailleurs, vu l'importance de l'agriculture en Haïti (environ 25% du PIB, plus de 60% de la population active, selon IHSI 2000) les conclusions de cette étude permettront de comprendre et d'apprécier les facteurs déterminants et explicatifs du comportement de l'agriculture dans l'économie haïtienne et permettront de proposer certains éléments de solution.

Remerciements

Ce travail est réalisé dans le cadre de mon mémoire de fin d'études en Agronomie à la Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) avec le soutien d'un très grand nombre de personnes. Je remercie tous ceux et toutes celles qui ont d'une façon ou d'une autre contribué à rendre cette étude possible, spécialement :

- Dieu, le créateur de l'univers pour toute sa grâce.

- Mon conseiller scientifique l'Agronome VINCENT Nemours, pour ses remarques pertinentes et pour sa rigueur scientifique.

- Le professeur Jean Glody Jean-Baptiste pour ses remarques pertinentes.

- Les dirigeants du Décanat de la Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire pour leurs efforts assidus afin de garder haut la bannière de la Faculté dans le pays.

- Tout le corps professoral de la FAMV qui a consenti beaucoup de sacrifices en vue de notre formation et en particulier je remercie de façon spéciale les professeurs du Département d'Économie et Développement Rural.

- Le directeur du Département d'Économie et Développement Rural, Dr. Alix DAMEUS, pour l'amour qu'il montre pour le département et pour ses efforts afin de son bon fonctionnement.

- A mon ami Patrick et son cousin Marckendy pour les supports logistiques qu'ils m'ont accordés en vue de réaliser cette étude.

Résumé

Avant l'indépendance, l'économie haïtienne a toujours été prédominée par les activités du secteur primaire. Vers les années 1789, un peu avant l'indépendance, Haïti surnommée « La Perle des Antilles » était le plus grand producteur de sucre dans le nouveau monde (71 000 tonnes), elle exportait 68 millions de livres de café, 6 millions de livres de coton, 1 million de livres d'indigo, 150 000 livres de cacao et 1,5 millions de livres de gaïac et d'acajou (FRANCISQUE, 1986).

Après l'indépendance en 1804, la principale activité économique restait et demeurait toujours l'agriculture avec comme principales denrées d'exportation : le sucre, le café, le cacao et les huiles essentielles qui représentaient environ 35% du revenu national

(FRANCISQUE, 1986).

Ces denrées dont les revenus assuraient le fonctionnement financier du pays allaient connaître des régressions spectaculaires au cours des années qui ont suivi l'indépendance, et le pays est même devenu importateur de sucre.

Ces régressions ont à leur base les causes les plus variées. Pour certaines denrées, c'est la mauvaise redistribution des profits provenant des exportations, pour d'autres c'est le manque d'investissement, la quasi-absence de technologie et de soins adaptés. Certaines fois, ces régressions sont dues aux problèmes environnementaux principalement la coupe d'arbres, ceci surtout dans le cas du café qui a besoin de plantes d'ombre.

Malgré tout, l'agriculture haïtienne continuait à jouer son rôle qui consistait à produire les principales denrées de consommation locale; ceci constituait un rôle stratégique car tout pays qui se veut ou qui se dit indépendant et souverain politiquement doit pouvoir nourrir ses ressortissants. En plus de nourrir la population, l'agriculture constituait également une source de revenu pour le pays, la dette de l'indépendance par exemple a été payée par les fonds provenant d'exportations de denrées agricoles.

L'agriculture constituait aussi en Haïti la plus grande source d'emploi, aujourd'hui encore plus de 60% de la population y gagnent leur pain quotidien.

De nos jours, la dégradation de l'agriculture atteint son apogée, Haïti importe plus de 40% de ce qui se sert dans nos assiettes.

Le présent travail se donne pour objectif principal d'apporter des éléments de réponse à cette interrogation.

Pour réaliser le travail, des données ont été recueillies auprès d'institutions spécialisées dans les statistiques nationales et internationales (FAO, IHSI, BRH, AGD). Une fois ces données recueillies, nous avons calculé deux indicateurs qui permettent d'évaluer le poids de l'agriculture dans l'économie.

Le premier indicateur est le coefficient représentant la part du produit intérieur brut agricole dans le produit intérieur brut total (áa= PIB A / PIB tot), il permet d'évaluer le pourcentage du PIB global provenant de l'agriculture, le calcul de cet indicateur montre qu'au cours de la décennie 1995-2004 le pourcentage agricole du PIB global ne fait que diminuer passant de 31.01% en 1995 a 25.6% en 2004 soit une baisse de

5.41% en dix ans.

L'autre indicateur calculé est la part des exportations agricoles dans les exportations totales (Xa = Xagr / Xtot). Son calcul a permis de constater la tendance à la baisse des exportations d'origine agricole alors que les exportations totales affichent le comportement contraire; les calculs montrent une baisse d'environ 25% des exportations d'origine agricole au cours de la décennie, ces exportations représentaient 35% des exportations totales pour l'année 1995 contre 10% en 2004. Cette situation est probablement due aux divers problèmes confrontés par les agriculteurs provoquant une diminution des quantités produites et jointe à tout cela la chute des prix des produits agricoles au cours de la décennie sur le marché international. Cette étude a permis de remarquer la baisse tendancielle fortement croissante de la balance commerciale agricole c'est-à-dire que les importations agricoles dépassent de très loin les exportations; ceci, et en quantités de produits échangées et en valeur monétaire.

Enfin, des recommandations en vue d'un redressement de la situation sont faites, s'adressant aux deux principales catégories d'acteurs intervenant dans le secteur à savoir les producteurs et l'état. On a vu que des mesures devraient être prises pour stopper en un premier temps la dégradation environnementale qui a un effet très néfaste sur les performances de l'agriculture et dans un deuxième temps d'investir dans le secteur et d'encadrer les agriculteurs pour provoquer l'envol du secteur afin que celui-ci reprenne l'importance qu'il avait dans l'économie nationale depuis l'indépendance.

Tables des Matières

DÉDICACES I

AVANT-PROPOS II

REMERCIEMENTS III

RÉSUMÉ IV

TABLES DES MATIÈRES VI

LISTE DES TABLEAUX VIII

LES SIGLES IX

CHAPITRE I 1

INTRODUCTION 1

1.1- Problématique 2

1.2- Cadre théorique 5

1.3- OBJECTIFS 6

1.3.1-Objectif général 6

1.3.2-Objectifs spécifiques 6

1.3.3- Hypothèses de l'étude 6

CHAPITRE II 7

MÉTHODOLOGIE 7

2.1- Enquête formelle 7

2.2- Grille de collecte des données 7

2.3- MÉTHODES D'ANALYSE DES DONNÉES 7

2.3.1-Présentation des procédés de calcul 7

2.3.2-Analyse comparative des principaux indicateurs calculés 8

CHAPITRE III 9

REVUE DE LITTÉRATURE 9

3.1- Agriculture haïtienne en crise 9

3.2- satisfaction des besoins alimentaires nationaux 9

3.3- conséquences des politiques de marché libre sur l'agriculture 10

3.4- évolution des denrées d'exportation 10

3.5- Structure agraire et tenures foncières en Haïti 11

3.6- La production animale 12

3.7-COMMERCE INTERNATIONAL DES PRODUITS AGRICOLES 12

3.7.1-Balance commerciale 12

3.7.2-Commerce international des produits agricoles (cultures) 13

3.7.3-Commerce international des produits de l'élevage 14

CHAPITRE IV 15

PRÉSENTATIONS ET ANALYSES DES DONNÉES RECUEILLIES 15

4.1- Analyse de l'Évolution du Coefficient agricole áa de 1995-2004 15

4.2- PART AGRICOLE DES EXPORTATIONS TOTALES DU PAYS 17

CHAPITRE V 20

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 20

5.1- conclusion 20

5.2- Recommandations 21

BIBLIOGRAPHIE 22

7-Wébographie 23

ANNEXE 1

GLOSSAIRE 2

Liste des tableaux

Tableau 1 : Taux de croissance PIB total et taux de croissance du PIB agricole

Tableau 2 : Évolution du Taux de croissance du PIB total et du PIB agricole.

Tableau 3 : Part agricole des exportations totales du pays

Tableau 4 : Balance commerciale agricole d'Haïti

Les sigles

1- ASTM  : Action Solidarité Ticas Monde

2- FAO  : Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

3- OMC  : Organisation Mondiale du Commerce

4- BRH  : Banque de la République d'Haïti

5- IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique

6- UE : Union Européenne

7- PAPDA : Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif

8- PIB : Produit Intérieur Brut

9- BM  : Banque Mondiale

10- ONG : Organisation non gouvernementale

11- FARM : Fondation pour l'agriculture et la Ruralité dans le Monde

CHAPITRE I : Introduction

Le mot "Agriculture" désigne la culture des sols, et plus généralement l'ensemble des travaux qui transforment le milieu naturel dans l'intérêt de l'homme. On distingue deux formes d'agriculture : la culture des sols, ayant pour but de produire des végétaux et la culture des animaux plus généralement appelée élevage, ayant pour but de produire des animaux.

Au cours de l'histoire, l'agriculture s'est développée pour le progrès des cultures. Par exemple, de nos jours la phytogénétique permet de mettre au point des variétés à très haut rendement et avec un cycle cultural plus court. L'homme a su aussi s'adapter aux conditions géographiques plus ou moins difficiles; par exemple, il a inventé les rizières en escalier, les serres... De nos jours, l'homme peut améliorer ses récoltes grâce à des  techniques qui s'affranchissent des contraintes des sols (engrais, irrigation, etc.).

L'agriculture fait partie du secteur dit primaire. Elle produit des denrées alimentaires qui peuvent être consommées directement ou après transformation. Elle produit également des matières premières pour l'industrie qui elle fait partie du secteur secondaire. Son importance réside dans le fait qu'elle produit des biens de consommation, car pour vivre, il faut manger et ce que l'on mangue provient des travaux des agriculteurs. Depuis des années Haïti a connu des modifications de certains paramètres dans le secteur primaire, principalement la baisse de la pluviosité et un taux de croissance démographique élevé, induisant une forte réduction des superficies cultivées par actif rural. Depuis des décennies, on constate en Haïti l'absence de dynamisme du secteur agricole qui est montrée clairement par certains indicateurs comme la part de l'agriculture dans le produit intérieur brut du pays (áa) et la part de l'agriculture dans les exportations totales du pays (Xa).

Ainsi, l'étude de la contribution du secteur primaire dans l'économie nationale au cours de la période de l'étude permettra d'avoir des idées plus approfondies sur le dynamisme du secteur.

1.1- Problématique

Avant l'indépendance, l'agriculture remplissait très bien son rôle principal de l'époque qui était de produire les denrées agricoles que la métropole ne pouvait pas produire. A ce titre Haïti était surnommée `La perle des Antilles' car elle était le premier pays exportateur de sucre du nouveau monde.

Après l'indépendance, l'agriculture haïtienne devait comme toute autre agriculture remplir une triple fonction. Premièrement, elle devait produire les principales denrées qui entrent dans l'alimentation de la population et ceci constitue un rôle stratégique, tenant compte que tout pays qui se veut réellement indépendant doit pouvoir au moins satisfaire les besoins alimentaires de ses ressortissants. Deuxièmement, elle devait jouer son rôle de source de revenu surtout par le biais des taxes provenant de l'exportation de certaines denrées comme le café, le cacao, le coton, la figue-banane, les huiles essentielles et certaines fibres, il faut dire que les chiffres montrent que l'agriculture remplissait fort bien ce rôle après l'indépendance bien que quand on compare les performances de l'agriculture coloniale et celles d'après l'indépendance on puisse remarquer qu'il y a eu diminution mais cela n'empêchait pas à l'agriculture de jouer son rôle. Troisièmement, l'agriculture était fournisseuse d'emplois en absorbant une partie de la main-d'oeuvre. Pour ce qui s'agit de cette fonction, l'agriculture le jouait très bien depuis même avant l'indépendance puisque la plus grande partie des habitants de l'île était toujours des employés du secteur primaire et plus précisément de la branche agricole. Aujourd'hui encore plus de 60% de la population haïtienne gagne leur pain quotidien à partir de l'agriculture.

Au fil des ans, les principales denrées d'exportation ont commencé à perdre de leur valeur en termes de quantité produite. Cette situation était surtout due au fait qu'il n'y a pas eu assez d'investissements dans le secteur qui était donc rongé par un manque ou même de l'absence de technologie et d'encadrement aux agriculteurs. De plus, les profits provenant des exportations étaient très mal répartis. L'Etat et un petit groupe d'exportateurs jouissaient des profits sans se pencher sur le sort des producteurs qui devenaient plus pauvres au jour le jour, leur faisant préférer ainsi la culture des vivres au lieu des cultures de rente qui permettaient à l'agriculture de remplir son rôle de grossir les caisses de l'Etat via les taxes sur l'exportation mieux que de jouer son rôle de nourrir la population.

Actuellement, l'agriculture haïtienne se trouve en plein milieu d'une crise sans précédent et cette crise est d'abord au niveau de la paysannerie haïtienne. Cette situation est due à la complexité des difficultés qui frappent de plein fouet nos principales denrées d'exportation et qui sont liés à des problèmes d'archaïcité des techniques, la baisse croissante de la productivité des sols par suite de la répétition séculaire des façons culturales inadéquates, l'exiguïté des parcelles cultivées qui, à chaque génération successorale, s'émiettent de plus en plus, donnant lieu à la prolifération de minifundia qui gênent la culture extensive, la modernisation de l'agriculture et contribuant à la persistance d'un système anarchique de tenure de sol. Il faut ajouter à tout cela le peu de souci accordé par les pouvoirs publics au développement agricole.

Enfin, on constate qu'il y a actuellement en Haïti une agriculture de grappillage due au faite qu'il existe différentes catégories de problèmes : les problèmes de type agricole et les problèmes de type agraire. Les problèmes de type agricole les plus courants sont :

- Les problèmes de fertilité des sols

- Les problèmes environnementaux. (déboisement)

- Les problèmes d'eau, jusqu'à aujourd'hui, la grande majorité des cultures se font sous régime pluvial. Les rares structures d'irrigation qui existent sont désuètes et par conséquent font face à de sérieux problèmes de maintenance et de gestion.

- Les problèmes d'intrants, il n'y a pas de semences préparées aux fins de mise en place des cultures

- Les problèmes d'encadrement, une fois la culture mise en place, les agriculteurs sont livrés à eux-mêmes

- Les problèmes d'élevage, il est pratiqué sur petite échelle, on retrouve quelques têtes de bétail et des animaux de basse-cour majoritairement élevés à la corde en saison de culture et libre pendant la période sèche. Ces animaux ne reçoivent presque pas de soins. De plus une fois la culture en place, les agriculteurs sont livrés à eux-mêmes. L'élevage n'est pas dans une meilleure situation, il est pratiqué sur petite échelle, on retrouve quelques têtes de bétail et des animaux de basse-cour majoritairement élevés à la corde en saison de culture et libre pendant la période sèche. Ces animaux ne reçoivent presque pas de soins sanitaires.

Les problèmes agraires datent depuis le lendemain de l'indépendance. Ces problèmes concernent principalement la possession de la terre associée d'une part à la sécurité foncière qui est un élément qui influence fortement les types d'investissement et risques qu'on peut accepter dans l'exploitation de la terre et d'autre part le type de tenure. Comme on le sait l'exploitation haïtienne est constituée de petites parcelles éparpillées çà et là, ce qui donne lieu à une agriculture inhibée et rachitique. Déjà, le recensement de 1950 affirmait que près de 40% des familles paysannes mettaient en valeur moins de 1 carreau (Cx) de terre, que 70% des familles exploitaient moins de 2 carreaux et 6% possédaient plus de 5 carreaux. Plus d'un demi siècle plus tard, la situation foncière s'est davantage détériorée car le père qui avait 1 cx et qui a cinq enfants doit diviser son carreau de terre en cinq parts et les descendants en feront autant, cette habitude successorale a contribué à rendre encore plus infime l'exploitation haïtienne. Cette situation est une des causes fondamentales de la décadence de l'agriculture haïtienne.

Comme nous l'avons déjà fait remarquer, l'agriculture faisant partie du secteur primaire est une branche de très grande importance dans l'économie, avec ses principales responsabilités de nourrir la population, de constituer une source de revenu et d'employer une partie de la population active.

Malgré leurs problèmes, les agriculteurs avec leurs travaux, leurs stratégies et leurs productions parviennent tant bien que mal à prendre soin de leur famille et dans une certaine mesure à assurer une partie de l'alimentation du pays. Ainsi, ces constats nous poussent à poser cette question : l'agriculture a-t-elle encore un poids considérable dans l'économie haïtienne ?

Dans ce contexte, une analyse séquentielle de la part agricole dans le PIB total et la part agricole des exportations totales du pays au cours de la période allant de 1995 à 2004, nous permettra d'apporter des éléments de recommandations en ce qui a trait aux différentes interrogations et rendra du même coup disponible des données statistiques analysées concernant cette branche du secteur primaire.

1.2- Cadre théorique

Le travail s'appuie sur les énoncés de la théorie de la croissance équilibrée. Cette théorie soutient qu'il existe un déséquilibre structurel dans les pays pauvres où la ressource « capital » est très rare et le facteur « travail » très abondant. D'après cette théorie, le niveau de productivité doit croître non seulement dans le secteur moderne (industrie et services) mais aussi dans le secteur de subsistance (agriculture); ce qui aura pour conséquence de maintenir les prix agricoles assez bas d'où une augmentation de salaires réels dans le secteur moderne et une absorption de la productivité de ce secteur, vu qu'il existe une offre de main-d'oeuvre illimitée dans le secteur de subsistance (postulat de cette théorie). Le surplus de main-d'oeuvre peut-être absorbée sans une augmentation des salaires dans le secteur moderne jusqu'à une limite avant que les salaires réels ne commencent à s'élever.

Cette théorie s'applique au cas d'Haïti, quand on sait qu' ici en Haïti, on fait face depuis la naissance même de cette nation à un manque de ressources « capital » comme il est énoncé dans la théorie; la situation est ainsi parce qu'Haïti est un pays pauvre, même le budget national dépend en grande partie de la communauté internationale mais nous avons un avantage encore cité dans la théorie c'est la disponibilité du facteur « travail » qui est très abondant car non seulement il y a une population constituée majoritairement de jeunes mais il n'y a pas assez de boulot pour tout le monde donc la main-d'oeuvre disponible est utilisée. La principale contrainte au développement réside dans le fait que comme le préconise la théorie, il n'y a pas vraiment une croissance de la productivité dans le secteur moderne, d'ailleurs c'est un secteur qui n'est pas clairement spécifié avec une faiblesse considérable de l'industrie haïtienne due principalement à une carence énergétique et un manque de matières premières. Comme le secteur primaire (le secteur de subsistance) fait face à de sérieuses difficultés, les ruraux laissent la campagne et viennent s'installer en ville mais il n'y a pas d'emplois qui les attendent ce qui aggravent davantage la situation socio-économique globale du pays. Comme il est montré dans cette théorie, le développement qui doit passer obligatoirement par la croissance exige pour sa réalisation que le secteur moderne se développe d'abord et offre un meilleur salaire par rapport au secteur de subsistance ce qui aurait pour finalité d'attirer un nombre assez important d'entre ceux qui évoluent dans ce secteur; ainsi, il y aurait plus de terre par actif agricole et le secteur moderne surtout les services continuerait à se développer, jusqu' à ce que le pays prenne véritablement la route du développement.

1.3- Objectifs

1.3.1-Objectif général 

D'un point de vue général, le travail vise à analyser le poids du secteur agricole dans l'économie globale.

1.3.2-Objectifs spécifiques

D'un point de vue spécifique, ce travail devra permettre d'analyser par année:

1- le taux annuel de participation de l'agriculture dans la formation du PIB global;

2- le taux annuel de participation de l'agriculture dans les exportations totales

3- la balance agricole dans la balance commerciale globale

4- les importations agricoles dans les importations totales.

1.3.3- Hypothèses de l'étude

Il y a une baisse tendancielle du poids de l'agriculture dans l'économie nationale au cours de la période allant de 1995 à 2004.

CHAPITRE II : Méthodologie

Puisque le travail consiste à analyser des séries temporelles de données, la méthodologie utilisée comporte une enquête formelle à travers laquelle les données sont collectées aux fins d'analyses.

2.1- Enquête formelle

Pour obtenir les données qui ont permis de procéder aux analyses de l'étude, d'une part une enquête formelle a été réalisée auprès des institutions précédemment citées en vue de recueillir les données qui nous permettraient d'effectuer aisément les calculs. Des visites ont été rendues aux locaux de ces institutions en vue de consulter les différents brochures et ouvrages contenant les informations recherchées; des recherches furent également effectuées sur l'Internet et spécifiquement sur les sites web des grandes institutions internationales comme la FAO et l'OMC spécialisées dans les statistiques internationales.

2.2- Grille de collecte des données

Pour recueillir les données, des tableaux succincts étaient dressés, contenant les années et les différentes données nécessaires afin d'effectuer les calculs des différents indicateurs.

2.3- Méthodes d'analyse des données

Une fois les données collectées, différentes variables ont été calculées à partir de certaines formules afin de faire les analyses prévues.

2.3.1-Présentation des procédés de calcul

Les variables sont calculées à partir des formules suivantes et devraient permettre d'évaluer la part agricole dans l'économie. Parmi ces coefficients cherchés il y eut :

1- Le taux de croissance annuel du PIB global

Tc.a PIB = PIB (année) - PIB (année précédente)/ PIB (année précédente)

2- Le taux de croissance du PIB agricole

Tc.PIBa = PIB (année) - PIB agricole (année précédente) / PIB agricole

(Année précédente)

3- Part agricole annuelle du PIB global annuel

áa = PIB agricole (année) / PIB total (année)

4- Part agricole des exportations totales

Xa= Exportations agricoles / exportations totales

5- Balance commerciale annuelle (pour les produits agricoles)

B a.p = Exportations agricoles totales - Importations agricoles totales (année)

2.3.2-Analyse comparative des principaux indicateurs calculés

Une fois les principaux indicateurs calculés, des tableaux et des graphes permettant de suivre leur évolution dans le temps ont été construits et à partir desquels des commentaires sont effectués.

CHAPITRE III : Revue de littérature

3.1- Agriculture haïtienne en crise

Depuis quelques années Haïti a vu des modifications pas sans conséquences de certains paramètres assez importants pour le secteur agricole, principalement la baisse de la pluviosité et un taux de croissance démographique élevé, induisant une forte réduction des superficies cultivées par actif agricole. Depuis la seconde guerre mondiale, les taux de croissance de la production agricole sont situés entre 2,5% et 4% par an pour les économies les plus appauvries, entre 2,5% et 3,5% pour les économies à revenu intermédiaire et à 2,5% pour les pays capitalistes industrialisés du centre. En Haïti, le niveau du taux moyen de croissance de la production agricole reflète l'absence de dynamisme du secteur.

En effet, le taux de croissance annuel moyen de croissance globale de la production nationale agricole a été négatif, soit -0,5% de 1979 à 1989 et très fortement négatif de

-3,2% pour la période de 1989 à 1999 (Banque Mondiale, 2000).

3.2- satisfaction des besoins alimentaires nationaux

Sur le long terme al production agricole n'a pu répondre qu'en partie a la demande alimentaire de la population haïtienne, qui croit au rythme annuel d'environ 2%. Seulement 50%, (BM, 1997 :1), des besoins alimentaires sont couverts par la production nationale à la fin des années quatre-vingt-dix. Haïti est classé par la FAO comme le pays a fort déficit alimentaire et elle affiche l'un des indices globaux de sécurité alimentaire les plus faibles au monde soit 28,6% sur une échelle de 0 à 100 (Dupont, 1998 :54).

Dans une année normale, la production nationale fournit 59%, les importations 34% et l'aide alimentaire 7% des besoins caloriques d'Haïti (BM, 1998 : 14). Cette insuffisance de la production nationale, malgré un faible surplus orienté vers l'exportation, s'est traduite par une augmentation continue des importations de produits alimentaires.

Selon le rapport de la banque mondiale de l'année 1998, Haïti produisait 55% de ses besoins alimentaires, les aides alimentaires en couvrent 6%, les importations étaient de 32% et le pays accusait un déficit alimentaire de 7%. Ce déséquilibre oblige Haïti a importer de grande quantités de denrées alimentaires environ 235 millions de dollars américains en moyenne par année de 1995 à 2000, ce qui représente près de 40% des importations globales du pays.

3.3- conséquences des politiques de marché libre sur l'agriculture

En Haïti, les cultures de subsistance sont prédominantes avec 84% des terres cultivées sur pente dans des petites exploitations de moins de 0,5 carreau. Si l'industrialisation peut améliorer des indicateurs fondamentaux du développement socio-économique, une forte croissance de la production agricole est une condition nécessaire incontournable pour dégager un surplus. Or l'État haïtien mène des politiques agricoles plutôt chaotiques; c'est pourquoi l'agriculture haïtienne démontre sa tendance structurelle à une diminution de la production alimentaire par habitant et par hectare. En même temps, Haïti est envahie par des produits alimentaires subventionnés, provenant des pays capitalistes du centre à productivité très élevée, sans aucune protection tarifaire. Elle subit ainsi, dans les faits, le dumping des produits agricoles des pays capitalistes qui subventionnent leurs agriculteurs, en achetant leurs productions a des prix qui sont supérieurs à ceux qui prévalent sur le marché mondial et en les bradant à des prix plus faibles à l'exportation. Ce qui est néfaste pour toute stratégie de développement et d'investissement à long terme, visant la sécurité alimentaire de la population.

Ce dumping des pays du centre se manifeste de différentes façons, soit par :

* L'exportation fortement subventionnée des produits agricoles;

* L'exportation des produits agricoles qui bénéficient d'aide à la production ou à la transformation les rendant compétitifs a l'exportation;

* L'exportation à bas prix de produits ne correspondant pas aux normes de commercialisation sur le marché américain ou européen ou ne correspondant pas aux modèles de consommation (ailes de poulet venant de Miami vendu partout en Haïti etc.).

3.4- évolution des denrées d'exportation

La production agricole destinée en grande partie à l'exportation tels le café, le cacao, le sucre, la pite et les ficelles, les huiles essentielles, les mangues etc., connaît une relative stagnation avec des fluctuations en volume assez importantes d'une année à l'autre. Le café jadis la principale culture d'exportation avait constitué une production qui s'est stabilisée aux environs de 34 800 tonnes sur une période de trente ans de 1950 à 1981 mais a contribué en moyenne pour 35,2% de 1970 à 1977 aux exportations totales du pays. Les ventes de café ont totalisé en moyenne 19,5 millions de dollars de 1996 à 1998, soit 7,2% des exportations totales par année (Sogebank, 2000). Au cours de la période 1996-2000 l'évolution des principales denrées agricoles d'exportation d'Haïti, permet de constater la quasi disparition du sucre dans les exportations. L'essentiel de la production sucrière, en baisse constante, est consommée localement.

3.5- Structure agraire et tenures foncières en Haïti

La structure agraire est un système de rapport de force, donc de lutte pour la captation du surproduit. Elle est caractérisée actuellement en Haïti par quelques 700 000 propriétés petites et dispersées, donc environ 89% ont entre 0,01 hectare et 2 hectares. Plus de 48% de ces exploitations disposent de moins d'un demi-carreau (0,65 hectare), généralement de mauvaise terre incapable d'assurer l'essentiel des moyens de subsistance pour faire vivre une famille paysanne. C'est pourquoi le paysan non propriétaire se préoccupe très peu ou pas du tout de protéger la terre ou d'accroître les rendements. L'absence de cadastre et l'incertitude dans laquelle vit le paysan non propriétaire constituent des obstacles au développement de la production agricole. Ainsi son statut foncier et l'échange inégal qu'il subit lui laissent une fraction insuffisante du revenu pour nourrir sa famille ou pour procéder à des investissements de modernisation des exploitations. La taille des exploitations a tendance a diminuer encore davantage en raison d'une part de la croissance démographique et de l'achat de petites parcelles a la mesure du pouvoir d'achat des petits paysans qui ne peuvent trouver du travail dans un secteur de l'économie, et d'autre part, en raison des « partages successoraux répétées »basés sur des droits qui accordent la distribution égalitaire de l'héritage entre l'ensemble des héritiers. Ce système a favorisé la petite propriété rurale, une structure foncière qui a retardé grandement la modernisation de l'agriculture et a handicapé lourdement l'industrialisation d'Haïti.

3.6- La production animale

La production agricole d'Haïti reste essentiellement végétale, car la plus grande partie de la valeur ajoutée agricole provient de la production végétale, seulement une faible partie de la production est animale. En se référant aux activités de la branche « sylviculture, élevage et pêche », (22,2% de la valeur ajoutée du secteur primaire en 1999), selon la BRH, l'élevage constitue une activité marginale de la petite exploitation familiale. Il est l'image des rapports de production précapitalistes du pays. Il constitue une forme d'épargne qui a permis aux paysans de faire face a des dépenses exceptionnelles (maladie, mariage, frais scolaires...).

Cependant, il y a une distinction à faire entre l'élevage bovin et l'élevage du petit bétail. L'élevage bovin suppose déjà une certaine aisance de ceux qui possèdent quelques têtes de bétail que nous retrouvons en moyennes propriétés (entre 2 et 4 carreaux) et sur les grandes propriétés (plus de 4 carreaux).

Néanmoins, le petit bétail (caprins, porcins, volailles....) a joué et joue encore un rôle appréciable pour les petits paysans appauvris sur la petite parcelle familiale.

3.7-COMMERCE INTERNATIONAL DES PRODUITS AGRICOLES

3.7.1-Balance commerciale

En 2004, les exportations de produits agricoles, animaux et forestiers de l'Amérique latine et des Caraïbes ont atteint 81 milliards de dollars, ce qui a représenté un accroissement de 18,2 % par rapport à l'année antérieure, durant laquelle elles avaient déjà progressé de 16,2 %. La croissance cumulée de ces deux années est ainsi l'une des plus fortes jamais enregistrées sur plusieurs années consécutives.

Malgré la forte progression des exportations sectorielles observée ces dernières années, leur contribution au total des produits exportés est en rapide régression du fait de l'accélération des exportations de produits industriels et miniers. En 2004, la part des produits agricoles, animaux et forestiers dans le total des biens exportés a atteint 17,4 % (en comptant les exportations de produits de la pêche, cette contribution se situerait aux alentours de 19 %). En 1980, elle avait représenté 34 % et en 1990, 28 %. Toutefois, l'importance de l'agriculture dans le commerce extérieur de la région se traduit à la fois par une contribution encore importante des exportations agricoles et par l'utilisation intensive d'intrants d'origine agricole, animale et forestière dans une grande partie des exportations de produits manufacturés.

Les importations agricoles, animales et forestières ont atteint un total de 41 milliards de dollars, ce qui représentent une progression de 9,1 % par rapport à l'année précédente et une contribution de 9,3 % au total des biens importés par la région. En comptant les importations de produits de la pêche, cette contribution représenterait environ 9,5 % du total des produits importés.

En 2004, la balance commerciale des produits agricoles, animaux et forestiers a marqué un excédent de 40 milliards de dollars, un résultat très important pour les comptes extérieurs de la région. Tant les exportations que l'excédent commercial tendent toujours plus à se concentrer dans certains pays de la région. Les exportations et le solde positif sont en rapide augmentation au Brésil et dans les pays du Cône Sud, tandis qu'au Mexique et dans les pays des Caraïbes le déficit de la balance sectorielle se creuse de plus en plus (FAOSTAT).

3.7.2-Commerce international des produits agricoles (cultures)

En 2004, les exportations agricoles de la région ont atteint 61 milliards de dollars, soit une croissance de 15,4 % par rapport à 2003, année durant laquelle elles avaient déjà progressé de 17,4 %; l'accroissement cumulé enregistré durant ces deux années a donc été exceptionnel.

Les exportations agricoles représentent 70 % du total des exportations sectorielles. Cette contribution est restée relativement stable en ce début de siècle, bien qu'à un niveau nettement inférieur à celui des décennies précédentes (en 1980, elle était de 81 % et en 1990, de 76 %).

Les importations agricoles ont atteint un total de 26 milliards de dollars en 2004, avec une progression de 10 % par rapport à l'année précédente, pendant laquelle elles avaient déjà augmenté de 11 %. Ces importations représentent 20 % du total sectoriel. La balance excédentaire de ces produits s'établit à 35 milliards de dollars et constitue la plus grande partie de l'excédent commercial du secteur (FAOSTAT).

3.7.3-Commerce international des produits de l'élevage

En 2004, les exportations régionales de ces produits ont atteint 13,5 milliards de dollars, ce qui a représenté un accroissement remarquable de 45,3 % par rapport à l'année précédente, au cours de laquelle la progression avait déjà été de 21,3 %. La valeur des exportations de produits animaux a doublé en 2004 par rapport à l'année 2000 (taux de croissance annuel moyen de 19 %).

Grâce à cette croissance accélérée, la contribution des exportations de produits animaux au total des exportations sectorielles est passée de 10,9 % en 2000 à 15,4 % en 2004. Les importations de produits de l'élevage ont-elles aussi augmenté en 2004, atteignant 8,6 milliards de dollars, soit un accroissement de 13,4 % par rapport à l'année précédente. Toutefois, une partie de cette avancée est allée compenser les fléchissements enregistrés en 2002 et en 2003. Le taux de croissance moyen des importations de produits animaux en ce début de siècle est donc relativement faible, de 3,3 % par an. La région a enregistré pour la première fois, en 2004, un important excédent de 5 milliards de dollars, dans le commerce des produits de l'élevage (FAOSTAT).

CHAPITRE IV :

Présentations et analyses des données recueillies

4.1- Analyse de l'Évolution du Coefficient agricole áa de 1995-2004

Généralement on utilise trois grands indicateurs pour évaluer la contribution de l'agriculture dans l'économie d'une nation. L'un de ces indicateurs est áa qui montre à travers des calculs assez simples la part de l'agriculture dans le PIB total, il est calculé à partir de la formule:

áa= PIB agr / PIB tot; Ce coefficient permet d'évaluer l'importance de l'agriculture dans l'économie d'une nation au cours des années.

Tableau 1 : Taux de croissance PIB total et taux de croissance du PIB agricole

Année

PIB total (millions $US constant)

PIB secteur primaire

(millions $US constant)

áa= PIB agr/ PIB tot (En %)

1995

3 346,5

1037,75

31.01

1996

3 484,4

1031,38

29.6

1997

3 578,5

1034,18

28.9

1998

3 657,2

1002,07

27.4

1999

3 756

984,072

26.2

2000

3 770,6

1006,75

26.7

2001

3 738,8

964,61

25.8

2002

3 734,9

959.87

25.7

2003

3 712

942,85

25.4

2004

3 629,3

929,10

25.6

Source : Institut haïtien de statistique et d'informatique et

World Perspective Monde.

Le comportement du coefficient áa dépend de l'évolution de deux variables, PIB total et PIB agr, si PIB agr qui est au numérateur augmente et que le PIB total n'en fait pas autant les autres secteurs de l'économie étant peut être en état de stagnation, on remarquerait alors que le coefficient affiche une tendance à la hausse ce qui voudrait dire que l'agriculture participe de plus en plus à la formation du PIB total et par conséquent qu'elle joue un rôle très important pour l'économie de ce pays. Un autre cas possible est que le PIB agricole diminue et le PIB total affiche la tendance contraire ou qu'il affiche un taux de croissance supérieur par comparaison au taux de croissance du PIB agricole, ce qui signifie que les autres secteurs de l'économie participent plus que l'agriculture dans la formation du PIB total. Le calcul du coefficient au cours de la décennie montre une tendance continue à la baisse, on remarque qu'il y a une baisse de 5% entre le coefficient de 95 et celui de 2004, cela signifie que l'agriculture participe de moins en moins à la formation du PIB et perd par conséquent un peu de sa valeur dans l'économie nationale.

Tableau 2. Évolution du Taux de croissance du PIB total et du PIB agricole.

Année

Taux de croissance PIB tot

Taux de croissance agricole

1995

-3.952

-0.22

1996

4.12

-0.61

1997

2.7

0.27

1998

2.2

-3.10

1999

2.7

-1.80

2000

0.391

2.30

2001

-0.844

-4.18

2002

-0.106

-0.49

2003

-0.612

-1.17

2004

-2.229

-1.46

Source : IHSI, 2005

Le calcul du taux de croissance du PIB total et du PIB agricole est effectué pour qu'on puisse comparer la croissance de la production nationale et celle de la production agricole sur plusieurs années, ainsi le tableau précédent et le graphe suivant nous montrent que durant la première année de la période de l'étude (1995), le PIB total a accusé un taux de croissance assez inquiétant étant fortement négatif, pour cette même année le PIB agricole a enregistré une croissance négative mais un peu moins par comparaison à la croissance du PIB tot ce qui voudrait dire qu'au cours de cette année, la production agricole était meilleure par rapport aux autres secteurs de l'économie nationale. Cependant, au cours des cinq autres années qui ont suivi la 1ère année de l'étude, la tendance du PIB global à la baisse a un peu changé de direction en accusant des taux positifs bien qu'en diminution; c'était pas trop inquiétant puisque les taux de croissance continuaient encore à être positifs jusqu'en 2000, mais de 2001 à 2004 ce taux a évolué en dessous de zéro c'est-à-dire n'a connu que des valeurs négatives donc les productions agricoles de chaque année vaut moins en valeur par rapport à celle de l'année précédente, ce qui est un mauvais signe pour l'économie nationale pour laquelle, l'agriculture devrait occuper une place de choix.

En ce qui a trait à la croissance de la production agricole, elle suivait la tendance à la baisse au cours de la période de l'étude sauf pendant deux années (97 et 2000), avec un taux plus intéressant en 2000 soit 2.30%. Donc, la comparaison de l'évolution des deux taux, montre qu'au cours de la décennie (1995-2004), l'agriculture n'a pas pu jouer le rôle qu'elle aurait du jouer dans la formation du PIB global.

D'après le tableau précédent, on constate que la part agricole suit une sorte de chute permanente passant de plus de 30% durant la première moitié des années 90 à environ 25% durant la deuxième moitie et se stabiliser avec cette tendance continuelle à la baisse mais ça tourne autour de 25%.

4.2- Part agricole des exportations totales du pays

Tableau 3: Part agricole des exportations totales du pays

Année

Exportations totales (Xtot) en millions $us

Exportations agricoles (Xagr) en millions $us

Xa = Xtot / Xagr

(en %)

1995

152.82

55.47

36.30

1996

169.92

42.88

25.23

1997

205.45

43.15

21

1998

294.77

52.66

17.86

1999

343.29

43.09

12.55

2000

331.70

36.55

11.02

2001

305.22

25.11

8.23

2002

274.43

29.49

10.74

2003

333.16

30.02

9.01

2004

377.69

33.18

8.78

Source : FAOSTAT, Statistiques principales du commerce extérieur Agro-alimentaire, L'IHSI.

Comme il est montré dans le tableau précédent et le graphe suivant, les exportations totales ont montré la tendance à croître au cours des ans mais celles d'origine agricole montrent la tendance contraire passant de plus de 35% en 1995 pour chuter à moins de 10% en 2004. Cette situation peut toujours être expliquée par les divers problèmes que confronte l'agriculture nationale, ce qui contribue à diminuer les quantités produites et joint à cela, les prix des produits agricoles continuent de chuter sur le marché international, ce qui rend la concurrence intenable pour l'agriculture haïtienne. Il faut dire que le plus fort pourcentage de produits agricoles exportés est représenté par : le café, la mangue et les huiles essentielles le vétiver haïtien a une part de marché très important au niveau international.

Tableau 4- Balance commerciale agricole d'Haïti

Année

Importations agricoles (M)

Exportations agricoles (X)

Balance commerciale agricole (X-M)

1995

360

55.47

-304.53

1996

330

42.88

-287.12

1997

365

43.15

-321.85

1998

300

52.66

-247.34

1999

325

43.09

-281.91

2000

295

36.55

-258.45

2001

275

25.11

-249.89

2002

345

29.49

-315.51

2003

350

30.02

-319.98

2004

405

33.18

-371.82

Source : IHSI et World Perspective Monde

Le tableau précédant montre l'importance des exportations agricoles par rapport aux importations, tout d'abord nous devons signaler le fait que, la balance entre les deux, c'est-à-dire quand on fait la différence des exportations et des importations agricoles, affiche la tendance à la baisse de façon croissante, la forte différence négative enregistrée en 1995, peut-être en partie expliquée par les trois ans d'embargo.

Cependant, l'année suivante il y a eu une sorte d'arrêt de la décroissance continue de la balance mais l'année suivante ça a recommencé pour ensuite connaître une amélioration au cours des quatre années suivantes (1998, 99,00 et 01) pour reprendre la même tendance et cette balance allait connaître son pire niveau au cours de ces 10 dernières années en atteignant le chiffre critique de 370 millions de dollars US de déficit. Cette baisse est causée par la diminution au niveau local de la production des principales denrées d'exportation surtout le café qui en est le principal, le cacao et les huiles essentielles, bien que la production et la quantité exportée de mangue tend à accroître d'année en année. Cette diminution de quantité produite de ces denrées est due comme nous l'avons déjà fait remarquer à la régression continue des denrées et la diminution des surfaces emblavées avec leur remplacement par les vivres.

D'après la classification de la Banque de la République d'Haïti, les quatre catégories d'importations les plus importantes pour le pays sont actuellement :

· les produits alimentaires

· le carburant

· les produits manufacturés

· les machines et les matériels de transport

Entre 1995 et 2004, l'importation des produits alimentaires a dépassé les autres catégories. Les principaux produits alimentaires importés sont le riz, le blé, l'huile de palme, le sucre, les aliments préparés, la viande de poulet, l'huile de soja, le lait entier évaporé et les haricots secs.

CHAPITRE V

V- Conclusion et recommandations

5.1- conclusion

Cette étude nous a permis de constater chiffre à l'appui que l'agriculture haïtienne est en crise depuis plusieurs décennies, les productions agricoles locales arrivent à peine à satisfaire la demande locale à 50% et le pays accuse un déficit agricole permanent, nous avons vu que cette crise est due à la fois à certains facteurs internes comme l'érosion, l'émiettement des parcelles, les problèmes liés aux techniques culturales, l'absence d'infrastructures de base, les problèmes d'intrants et le manque de souci accordé à ce secteur par les gouvernements, le manque d'investissement fait dans le secteur avec moins de 5% du budget national qui lui sont alloués, le secteur bancaire également accorde très peu d'attention au secteur de production du fait probablement des aléas naturels liés à ce secteur d'activité ; et cette crise résulte également de certains facteurs externes surtout liés aux politiques de libre échange prônées par les bailleurs de fonds internationaux et les politiques de subventions des pays industrialisés à leurs agriculteurs qui étouffent nos petits agriculteurs qui utilisent aujourd'hui encore comme principal outillage, la houe, la serpette ou la machette et dont la superficie travaillée atteint très rarement 1 Cx de terre.

Pour ce qu'il s'agit de l'élevage, la très grande majorité des petits paysans ont quelques porcs

et des têtes de volailles, Certaines fois des gros bétails comme les vaches, l'âne ou le mulet, mais les élevages sur une échelle plus commerciale sont relativement rares en milieux paysans.

Enfin, on a vu que les modes de production, les modes de possession de la terre et les quantités exploitées, le manque de politiques agricoles, le manque de structure et les problèmes environnementaux font que l'agriculture n'arrive plus à jouer son rôle dans l'économie nationale. Ainsi, il se révèle être urgent que des mesures profondes soient prises par les autorités étatiques afin de recadrer le secteur qui aujourd'hui encore représente environ 25% du PIB total du pays, qui nourrit tant bien que mal la population à 50% de ses besoins et qui emploient environ 60% de la population active.

5.2- Recommandations

Nos recommandations sont formulées en fonction des résultats obtenus pour le calcul des différents indicateurs qui nous ont permis d'apprécier la place du secteur primaire dans l'économie nationale. Ainsi, on pense pouvoir recommander aux acteurs de ce secteur de :

1- Adopter des décisions pouvant permettre de remédier à l'érosion continue des mornes, qui en fin de compte provoque une diminution de la productivité de la terre ;

2-Adopter des initiatives de développement du milieu rural, bastion de la production agricole ;

3- Diminuer la coupe des arbres qui augmente l'érosion et ses conséquences ;

4- Aider les exploitants à améliorer leur productivité;

5-  Améliorer la formation technique des exploitants agricoles;

6- Mettre en place là où on le peut des systèmes d'irrigation et rendre fonctionnel les systèmes déjà existants ;

7- contrecarrer les importations, il faut augmenter les niveaux de taxes surtout sur les produits que nous faisons ici en Haïti comme le riz et le sucre ;

8- Imposer des mesures sanitaires très méticuleuses sur les produits animaux, comme les volailles et surtout la viande de porc que nous importons.

Bibliographie

Pour effectuer ce travail les ouvrages et documents de cours suivants ont été consultés :

1- BASTIENNE Joerchel, A quand l'émergence d'un marché agricole mondial équitable et durable; Action Solidarité Ticas Monde (ASTM).

2- CHOPPIN Alain De Janvry, SADOULET Elizabeth, 2008, Rapport sur le développement dans le monde, World Bank.

3- D'AMOURS Stéphane, Haïti 2004, le fruit de cinq siècles d'histoire.

4- Département économique et social de la FAO, Agriculture mondiale; horizon 2015/2030.

5- Département économique et social de la FAO, Le commerce des produits agricoles.

6- DOURA Fred, Économie d'Haïti, Les éditions DAMI, p.251.

7- FRANCISQUE Édouard, 1986, La structure économique et sociale d'Haïti.

8- Le cercle nation et République, Les effets de la mondialisation.

9- Ministère de l'économie et des finances, 2006, Haïti stratégie à moyen terme 2002-2006.

10- MONTAUBAN Jean Gabriel, Les notes économiques du lead et du crédit agricole mutuel de la Guadeloupe (1998).

11- Nouveau rapport de la FAO sur le commerce Agricole et la pauvreté.

12- Oxfam-Solidarité, Rapport sur Commerce Agricole International, 26 septembre 2003.

13- PAPDA, Étude d'impact des négociations dans le cadre des accords de l'OMC sur l'agriculture haïtienne et les alternatives possibles.

14- Rapport de la 6ème conférence ministérielle de l'OMC, Hong Kong 13-18 déc. 2005.

7-Wébographie

1- www. Fao.org

2- www. Coordinationsud.org

3- http://www.wto.org/french/docs_f/gattdocs_f.htm

4- http://www.intracen.org/

5- http://docsonline.wto.org/gen_home.asp

6- http://www.wto.org/french/thewto_f/minist_f/min05_f/min05_f.htm

7- http://www.wto.org/indexfr.htm

8- http://www.coordinationsud.org/rubrique.php3?id_rubrique=161

9- http://www.oxfam.org/fr/index.htm

10- www.rehred-haiti.net/membres/papda/ancien

11- www.geocities.com/aycribb

ANNEXE

Glossaire

Quelques concepts clés et leur définition

1- Croissance économique

La croissance économique traduit la variation quantitative, durable, autoentretenue

et non réversible de la production de biens et services.

2- LIBERALISME

Du latin "liberalis", généreux, noble, digne d'une personne libre.

En matière économique, le libéralisme est une doctrine qui défend la libre entreprise et la liberté du marché. Le principe fondamental du libéralisme est qu'il existe un ordre naturel qui tend à conduire le système économique vers l'équilibre. La loi de l'offre et de la demande, par exemple, conduit à l'équilibre entre la production et la consommation sous réserve de liberté des marchés et de libre concurrence, seules censées garantir l'ajustement optimum des ressources disponibles (offre) à la demande.

3- Marché

Du latin mercatus, commerce, marché. Dans le sens premier, le marché désigne le lieu où des producteurs (commerçants, artisans, paysans) se rassemblent pour proposer directement leurs produits aux consommateurs.
En économie, par extension, le marché est un système d'échanges où se rencontrent l'offre (les vendeurs) et la demande (les acheteurs). C'est aussi l'ensemble des règles, juridiques ou informelles, par lesquelles ce type d'opérations économiques peut se réaliser. Le marché, qui concerne aussi bien les échanges de biens, de services que les échanges actifs financiers et immobiliers, est l'un des concepts fondamentaux de l' économie.

4- Produit intérieur brut (PIB)

  Le Produit intérieur brut (PIB) est l'indicateur le plus retenu pour évaluer la production de biens et services d'un pays pendant une année. Il illustre l'importance de l'activité économique d'un pays ou encore la grandeur de sa richesse générée. Quand il est formulé en dollars constants, on peut procéder plus adéquatement à des comparaisons à travers les années puisqu'on tient alors compte de l'inflation ou de la déflation.

5- Concurrence

Du latin "concurrere", courir avec. La concurrence est une compétition, une rivalité entre des personnes, des entreprises, etc., qui ont le même objectif, qui recherche le même avantage.
En matière d' économie, la concurrence est une forme d'organisation sociale des relations où domine un souci d' égalité des positions dans la relation économique entre celui qui offre (vendeur) et celui qui demande (acheteur).
La libre concurrence est un système économique où chacun dispose de la liberté d'exercer une activité, de produire et de vendre aux conditions qu'il souhaite et où l'État n'intervient que pour garantir le libre jeu des règles de l'économie (interdiction des abus de position dominante et des ententes).

6-Libre-échange

Du latin liber, libre, et excambiare, échanger, troquer. Le libre-échange est un système économique qui prône la libre circulation des produits et services au sein d'une même zone géographique par la suppression des barrières douanières (droits et taxes) et de tout ce qui peut entraver le commerce.
Le libre-échangisme a été développé par les physiocrates du XVIIIe siècle qui faisaient de l'agriculture la principale source de richesse, comme François Quesnay (1694-1774) et les économistes libéraux du XIXe, qui défendaient la liberté du commerce et de l'entreprise comme David Ricardo (1772-1823) et John Stuart Mill (1806-1873).

7- Mondialisation

Du latin "mundus", univers. La mondialisation (ou globalization pour les anglo-saxons) est le processus d'ouverture de toutes les économies nationales sur un marché devenu planétaire. La mondialisation est favorisée par l'interdépendance entre les hommes, la déréglementation, la libéralisation des échanges, la délocalisation de l'activité, la fluidité des mouvements financiers, le développement des moyens de transport, de télécommunication.

8-Croissance annuelle du PIB (en%)

La croissance annuelle du Produit intérieur brut (PIB) représente la variation relative d'une période à une autre du volume du PIB en dollars constants d'une année de référence. Elle reflète l'augmentation (ou la baisse dans le cas d'une croissance négative) du niveau d'activité économique dans un pays. Il s'agit d'un indicateur souvent retenu lorsque l'on veut faire des prévisions à court et à moyen terme sur la situation économique d'un pays. Normalement, une croissance économique équivaut à un enrichissement. Cependant, cet indicateur pourrait s'avérer trompeur dans la mesure où la croissance du PIB serait redevable d'une croissance démographique et non d'une amélioration de l'économie. Il importe alors de considérer la croissance du PIB par habitant.

9- Balance commerciale

La balance commerciale des biens et services retrace la différence entre les exportations de biens et services et les importations de biens et services, exprimée en pourcentage du PIB. Une balance positive indique que les exportations dépassent en valeur les importations (excédent commercial). Une balance négative indique au contraire que les importations dépassent en valeur les exportations (déficit commercial). La statistique met en relation ce solde avec la taille de l'activité économique (PIB).

Annexe II- Les graphes

Graphe 1- Evolution de la part agricole dans le PIB global de 1995 à 2004

Graphe 2- Comparaison taux de croissance du PIBtotal et taux de croissance du

PIB agricole

Graphe 3- Evolution de la Part agricole dans les exportations totales

Graphe 4 : Comparaison Exportations-Importations agricoles annuelles






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld